“ Dans l’histoire et pour le grand public, René Capitant est d’abord le compagnon et le ministre du général de Gaulle, l’homme d’État. Mais en lui, l’homme d’État était indissolublement aussi un juriste éminent et un grand universitaire. ” Cette opinion de Jean Foyer reflète fidèlement le contraste entre, d’un côté, l’image publique de René Capitant (1901-1970), c’est-à-dire l’homme politique, député et ministre à plusieurs reprises, ou encore l’animateur des “ gaullistes de gauche ”, et l’image, plus confidentielle, du juriste-universitaire, éclipsée par la première. C’est cette hiérarchie que nous voudrions renverser en mettant ici en avant le Capitant juriste.
En procédant ainsi, il ne s’agit pas néanmoins d’être infidèle à sa mémoire et de gommer de son passé l’action politique à laquelle il consacra la majeure partie de sa vie. Mais l’admiration n’interdit pas la lucidité ; or, celle-ci conduit à admettre que, malgré ses talents d’homme d’État et d’orateur, il ne fit pas la carrière politique à laquelle il pouvait prétendre, ce qu’on traduit, quelquefois, en disant de lui qu’il fut “ un franc-tireur, un partisan plus qu’un homme de parti ”. Sa personnalité, entière et passionnée, n’y est pas étrangère. Dans un beau discours d’hommage, Charles Eisenmann, son vieil ami, a rappelé que sa “ trajectoire intellectuelle et politique (...) ne fut que la projection, pour ainsi dire, d’une indomptable et ardente personnalité ; une flamme toujours prête à s’allumer, à s’embraser, parfois en explosions inattendues, imprévisibles pour les autres ; la coexistence, l’association d’une pensée, d’une réflexion patientes, profondes, constantes, et d’une action passionnée, étroitement liées ; un courage et une hardiesse toujours prêts à s’engager…
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