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Article de revue

(Re) découvrir les multiples facettes des usages mobiles

Pages 24 à 25

1L’ordinateur portable n’est pas une idée neuve. On retrouve sa trace dès 1968 dans les travaux d’Alan Kay, alors chercheur au Xerox PARC, lorsqu’il décrivait un «?manipulateur d’information personnel et portable?». Il a fallu toutefois attendre 1975 pour que l’IBM 5100, le premier ordinateur portable commercial, fasse son apparition sur le marché.

2Dès 1945, Vanevar Bush, un autre visionnaire, décrivait déjà dans son article «?As We May Think?», le «?memex?», mot-valise contraction de memory et d’index, un appareil dans lequel une personne pourrait stocker tous ses livres, toutes ses données, ses conversations, et «?mécanisé pour que ces données puissent être consultées vite et de manière flexible?». Le memex devait fournir une «?extension intime pour augmenter sa mémoire?». Le concept du memex a eu une influence notoire sur les premiers systèmes hypertextes (puis sur le Web) et sur les logiciels de bases de données personnelles.

3Il a fallu attendre les années 2000 pour que ces idées, accompagnées par un développement extraordinaire des réseaux mobiles, convergent pour apporter une nouvelle rupture technologique. Il est aujourd’hui possible d’utiliser et de créer de l’information partout et tout le temps, en utilisant des appareils mobiles de plus en plus petits et puissants, en étant connecté en permanence et rapidement à une masse gigantesque d’informations personnelles et partagées.

4Les usages mobiles de l’information suivent un cercle vertueux où les avancées technologiques amènent de nouveaux usages qui, poussés à l’extrême, génèrent à leur tour de nouvelles avancées technologiques. Il est apparu dès lors naturel de présenter deux «?pôles?» dans notre dossier, l’un portant sur les technologies à l’œuvre autour de la mobilité, le deuxième sur les expériences de la mobilité et ses perspectives.

5En ouverture du premier pôle, Claire Lecocq présente les modifications des bases documentaires qu’il a fallu envisager afin que celles-ci soient adaptées aux usages spécifiques induits par la mobilité. Comme fil rouge de son exposé, elle prend l’exemple d’un agent immobilier équipé d’un smartphone, interrogeant et actualisant en permanence les données gérées par son agence. L’occasion d’illustrer l’impact des évolutions technologiques et comportementales sur les bases de données, avec de nouvelles problématiques nécessitant des réponses adéquates, notamment lorsqu’il s’agit de données sensibles.

6Pour rester dans le monde de l’entreprise, Frédéric Créplet et Galadrielle Ulmer présentent l’impact des outils du web 2.0 et de la mobilité sur les habitudes au sein des organisations, en introduisant ainsi le concept d’«?entreprise 2.0?».

7Le W3C (World Wide Web Consortium) est en quelque sorte le «?gardien des normes?» du Web, proposant (et n’imposant pas) toute une série de standards le définissant. Dominique Hazaël- Massieux, responsable de l’activité Web mobile du W3C, expose des standards spécifiques à cette mobilité et les différences entre les applications mobiles et les sites web adaptés à la mobilité.

8Nous poursuivons par un panorama des outils de la mobilité partant des éléments matériels comme les réseaux pour décrire ensuite plusieurs services pour la mobilité, et en complétant cet exposé par une note sur les QR Codes.

9Le foisonnement des applications nouvelles proposées aux utilisateurs cache peut-être une réalité plus inquiétante?: un appauvrissement du Web, bien plus étriqué qu’auparavant et où l’on cherche à nous diriger vers un imaginaire entretenu et commercial. C’est la thèse proposée par Olivier Ertzscheid dans son article indiquant malicieusement qu’un «?internaute appverti en vaut deux?».

10La géolocalisation est l’un des apports majeurs des nouveaux appareils mobiles. Non seulement les utilisateurs peuvent être toujours connectés, mais ils peuvent être également «?localisés?» en permanence. Cet aspect technologique amène de nombreux bouleversements, notamment économiques, qui sont analysés par Olivier Bourhis.

11L’ouverture du deuxième pôle a été confiée à Bernard Benhamou, le délégué aux usages de l’Internet au sein du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, qui présente le portail Proxima Mobile, un projet de politique publique majeur, unique et inédit, à l’origine d’une multitude d’applications de services à destination des citoyens.

12Les nouveaux usages de lecture de documents posent forcément de nouveaux défis aux éditeurs. Fabrice Jaffré opère un retour d’expérience sur la création de services mobiles, ou comment les aspects de nature économique et technique jouent un rôle important et influencent le succès (ou l’insuccès) d’une telle entreprise.

13Gary Anthes parle, quant à lui, du bouleversement au sein des sociétés de développement logiciel, causé par le nouveau modèle de développement et de vente dans les magasins d’applications en ligne (les app stores).

14Est-ce l’usage des informations mobiles qui a favorisé l’émergence de la notion d’informatique dans les nuages ou est-ce l’inverse ? Nul doute que ces deux nouvelles avancées technologiques se sont nourries l’une de l’autre. David Faurio fait le point sur les dangers liés à la perte de contrôle sur ces données et sur les bonnes pratiques à adopter.

15Faisant écho à l’expérience Proxima Mobile, volonté nationale d’offrir des services mobiles aux citoyens, Stéphane Cottin effectue une analyse comparative approfondie des différentes pratiques ayant cours à travers le monde. Les institutions publiques ne sont pas en retard quand il s’agit d’offrir des services utiles à la population.

16Parmi ces services, Légimobile a l’ambition de faciliter l’accès au droit sur des appareils mobiles. Pierre Larrède revient sur la genèse de ce projet et les différents éléments de conception pris en compte dans son développement. Il apparaît que les nouvelles applications mobiles peuvent avoir un effet salutaire sur les applications informatiques en général, en obligeant à repenser les interfaces et les interactions pour remettre l’utilisateur et les usages au centre de la conception.

17Pour clôturer ce dossier, Fabien Girard de Barros livre son analyse en s’intéressant au marché spécifique de l’édition juridique et en décrivant sa lente évolution vers les supports mobiles. Ses arguments peuvent certainement être repris dans de nombreux domaines documentaires.

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