L’historien britannique Malcolm Chase est décédé le 29 février 2020. C’était un artisan brillant de l’histoire sociale britannique. Il avait étudié aux universités de York et du Sussex, à la fin des années 1970 et au début des années 1980. L’université de Sussex, où il fit sa thèse sous la direction de John Fletcher Clews Harrison de 1979 à 1984, était alors un des foyers de l’histoire sociale anglaise « par en bas » (history from below) dans ce qu’elle avait de meilleur, sous l’influence d’Edward et Dorothy Thompson, d’Eric Hobsbawm, de Raphael Samuel et de quelques autres. Malcolm s’était investi dans l’atelier de l’histoire (history workshop), cet effort de démocratisation de la pratique historienne, engagé à Oxford par Raphael Samuel (1934-1996) depuis le milieu des années 1960 et qui s’est diffusé ensuite. Malcolm était d’une autre génération, et assura en quelque sorte, avec d’autres, une transition vers l’histoire sociale, l’histoire ouvrière notamment, telle qu’elle se pratique aujourd’hui, conjurant les prédictions formulées il y a quelques années d’un irrémédiable déclin. Cette histoire des ouvriers et des radicaux ne donnait pas aisément accès à des emplois académiques. À l’université de Leeds, avant d’obtenir un poste en histoire, Malcolm Chase travailla longtemps – entre 1982 et 2005 – au département de l’enseignement pour adultes, comme Edward Thompson avant lui.
Son premier ouvrage, issu de sa thèse, était consacré au radical Thomas Spence (1750-1814) et à ses disciples…