L’ouvrage de David Bernstein s’annonce sous les meilleurs auspices. Il s’agit d’une thèse soutenue en 2011 sous la codirection de William Cronon et de Ned Blackhawk, publiée sept ans plus tard dans une collection menée par Pekka Hämäläinen. Trois des grands noms de l’histoire de l’Ouest sont donc réunis pour offrir au lecteur la recherche originale de Bernstein dont on attend a priori le plus grand bien. Passons donc tout de suite sur deux éléments qui ne remettent sans doute pas en cause le propos de l’ouvrage mais n’en sont pas moins irritants. D’abord la bibliographie n’a pour ainsi dire pas été mise à jour depuis la soutenance de thèse ; ensuite l’historiographie en langue étrangère est totalement absente. C’est d’autant plus frustrant que Bernstein prend soin en note de signaler l’essor, hors des États-Unis, de l’histoire de la cartographie impériale et coloniale, mais pour n’en donner que quelques exemples anglophones, même pour le cas du Mexique (p. 236-237).
L’essentiel n’est pas là. David Bernstein s’inscrit pleinement dans une histoire de l’Ouest qui considèrerait à parts égales les États-Unis et les entités politiques amérindiennes. Dans cette optique, certains peuvent aller très – trop – loin en postulant un empire comanche, d’autres ont déjà avancé que les frontières, au sens occidental du terme, existaient bien entre ces entités. C’est surtout dans cette dernière optique que se situe Bernstein en offrant une réflexion sur la construction des territoires dans les Plaines Centrales de la première moitié d…