Notes
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[1]
Phénomène par lequel un jeune animal s’imprègne du premier « objet » qu’il rencontre. Lorsqu’il est dans les premiers mois de sa vie, le jeune animal apprendra à connaître et reconnaître les caractéristiques de sa mère ou de son substitut. A l’âge adulte, il aura tendance à fréquenter des animaux qui présentent les mêmes caractéristiques.
1Depuis 2007, la loi LRU autorise les établissements d’enseignement supérieur et de recherche (ESR) à collecter des fonds auprès des particuliers et des entreprises au travers de la création de fondations. En 2019, trois quarts des universités avaient leur fondation (CPU, 2019). L’argent collecté par les fondations représente un revenu complémentaire intéressant pour l’ESR. Par exemple, le financement de « bourses au mérite » est impossible sur les fonds publics alors qu’il est possible sur les fonds issus d’une fondation. Au-delà de cet exemple, la collecte de fonds privés, ou fundraising, dans les universités permet aujourd’hui de financer des activités de recherches et d’améliorer la qualité de vie des étudiants lors de leurs études. D’un point de vue managérial et académique, il existe cependant très peu d’articles publiés sur le sujet de la collecte de fonds dans le domaine de l’éducation publique. Notamment, la collecte auprès des alumni, c’est-à-dire les anciens élèves de l’université, reste peu explorée en France et en Europe, alors même que ces derniers représentent des volumes importants et pourrait constituer une source potentielle de dons (Bès, 2016). A la différence des grandes écoles, principalement privées, les universités sont financées par l’Etat : la nécessité pour elles de trouver de nouvelles ressources financières, ainsi que le nombre croissant d’étudiants, confirment alors l’intérêt académique et managérial de cette thématique.
2Cet article cherche à mieux comprendre la collecte de fonds dans les universités françaises, et notamment celle menée auprès des alumni – par l’opportunité qu’ils présentent en matière de ressources pour l’université. Plus spécifiquement, cet article vise à répondre aux questions suivantes : quels sont les enseignements de la littérature académique sur le don à l’enseignement supérieur, notamment de la part des alumni ? Quelles sont les variables explicatives de l’attachement des alumni à leur université en France ? De manière exploratoire, existe-t-il un lien positif entre l’attachement des alumni et leur intention de faire un don à leur université ? Afin de répondre à ces questions, une première partie sera consacrée à une synthèse de la littérature académique et managériale publiée sur ce sujet. Puis, une deuxième partie présentera la réalisation d’une étude qualitative réalisée par nos soins auprès de 25 alumni d’universités. Enfin, une dernière partie dressera un agenda de recherche et des recommandations managériales.
Le don dans l’ESR : une revue de la littérature académique et managériale
Une analyse contextuelle du don dans l’ESR en France
3En France, le don dans l’enseignement supérieur a fait l’objet de nombreuses études, principalement commanditées par les grandes écoles de commerce et d’ingénieurs. Nous en proposons une synthèse dans l’encadré 1, afin de mettre en évidence les différences entre les collectes de fonds à l’université et celles des écoles supérieures.
Encadré 1 : Synthèse des publications managériales sur le fundraising dans l’enseignement supérieur Français
La CPU (Conférence des Présidents d’université) et le cabinet KPMG ont publié une première étude sur la collecte à l’université en 2010. Interrogeant 7 fondations, elle a mis en lumière que ces premières fondations fonctionnaient avec un budget proche de 300 000 euros annuels et collectaient avant tout sur le thème de « l’innovation et la recherche » (Durquety et Louradour, 2010). Un baromètre de la collecte dans l’ESR a ensuite vu le jour en 2011 et 2012 à l’initiative de l’agence de conseil Excel. Ce baromètre était très instructif car il interrogeait 600 anciens d’écoles et d’universités sur leurs attitudes face à la collecte. Il apparaît que les anciens des écoles sont beaucoup plus sollicités que les anciens d’universités. Un diplômé sur 2 d’écoles déclare avoir gardé des liens avec l’école, contre 1 sur 3 en université. Les anciens souhaitent avant tout donner pour des bourses pour les étudiants (41 %), puis, pour des projets internationaux (31 %) et enfin, pour des projets de rénovation de locaux (24 %). Cependant, seuls 7 % des anciens diplômés affirment avoir déjà fait un don (Excel, 2012).
Deux autres études quantitatives, menées auprès de 202 écoles, ont été publiées par la Conférence des Grandes Ecoles (CGE) en 2015 et 2017. Elles montrent que la collecte dans les écoles est très concentrée : 97 % du montant global de la collecte en 2015 était réalisé par seulement 13 établissements (CGE, 2017). Cette collecte se réalise à 60,5 % auprès des entreprises, 37,5 % des particuliers et 2 % des fondations d’entreprises hors entreprises (CGE 2015). Le montant total collecté en 2015 par les 30 écoles qui ont répondu s’élevait à 54 millions d’euros, avec une moyenne de 770 euros par ancien étudiant, mais les dons peuvent aller d’une centaine d’euros à plusieurs millions (CGE, 2017).
En 2019, la CPU a réalisé un panorama de la collecte à l’université par le biais d’un questionnaire. Les résultats montrent que ¾ des universités ont aujourd’hui une fondation. Les autres n’en font pas une priorité, ou sont en train d’y songer. Les fondations collectent en moyenne 623 000 euros par an, avec un budget annuel de 303 000 euros (comprenant les salaires). On peut donc constater un rapport de 1 à 2 entre le budget consacré à la fondation et sa collecte. La collecte de fonds se fait auprès de trois sources : 87 % du mécénat « entreprise », 7 % auprès des collectivités locales et 6 % auprès des particuliers. On voit donc bien ici la différence de structure de collecte avec les écoles qui, comme nous l’avons dit plus haut, collectent à hauteur de 37 % auprès des particuliers. Ceci s’explique, selon l’étude CPU, par le manque de fichiers d’anciens à jour au sein des universités et la « relative facilité » d’aller chercher du don auprès des entreprises (qui donnent de gros montants), plutôt qu’auprès des particuliers. Logiquement, les fondations vont donc plus démarcher les entreprises que les anciens.
Enfin, les fondations d’universités collectent toutes sur des projets concrets qui parlent aux entreprises, aux collectivités et aux particuliers. Ces projets sont avant tout des projets de recherche, hébergés ou non par des chaires (62 % collectent via les chaires, 48 % sur des projets de recherche « hors chaires »). Mais aussi, sur l’enseignement (le montage de formations innovantes notamment, avec 52% des fondations qui affirment le faire), et sur l’amélioration des conditions de vie des étudiants au travers des bourses (« égalité des chances », « bourses de mobilité internationale », « bourses au mérite »).
Cette synthèse des études managériales publiées sur notre sujet montre que la collecte auprès des alumni à l’université est en total démarrage mais qu’elle a certainement du potentiel au regard de ce que font les écoles en termes de collecte.
4La littérature académique s’est principalement intéressée à deux thèmes majeurs : les stratégies de collectes de fonds et les variables explicatives du don. Les recherches consacrées aux techniques de collecte sont plutôt du type « études » et aboutissent à la conclusion qu’il faut professionnaliser cette activité en recrutant des fundraisers aguerris et en ayant le support inconditionnel de la gouvernance de l’université. La littérature sur les facteurs explicatifs du don des alumni est plus fournie et plus orientée en recherche académique, mais essentiellement anglo-saxonne, ce qui s’explique par la manière dont cette forme de don est développée aux Etats-Unis. La collecte de fonds y est pratiquée depuis de très nombreuses années et avec des services dédiés. La sélection importante à « l’université », l’investissement financier demandé à chaque étudiant, son insertion dans une ville-campus pendant plusieurs années et la très forte présence de la vie associative contribuent au développement de connexions fortes entre l’université et l’étudiant qui perdurent une fois qu’il devient ancien élève. En Europe, à l’exception du Royaume-Uni qui a une culture mi-américaine mi-européenne, il existe une philosophie d’Etat-Providence qui considère l’université comme un lieu public et accessible à tous (Ebert, Axelsson et Harbor, 2015). Aussi, la collecte de fonds auprès des alumni n’y est que peu développée et donc étudiée par les chercheurs. Le tableau 1 répertorie l’ensemble des recherches académiques publiées sur le sujet et montre bien le manque de recherches sur la collecte alumni en France.
Synthèse des recherches académiques menées sur les alumni
Synthèse des recherches académiques menées sur les alumni
5Faute de travaux français, il nous semble intéressant de synthétiser les publications non francophones sur les facteurs explicatifs du don des alumni dans la mesure où certaines variables explicatives de ce don sont certainement pertinentes dans notre contexte.
Les facteurs explicatifs du don des alumni
6Nous distinguons deux catégories de variables : les facteurs sociodémographiques, liés aux caractéristiques personnelles de l’alumnus, et les attitudes vis-à-vis de l’université, davantage liées à l’expérience et à la perception que les alumni ont de leur institution diplômante.
Les caractéristiques sociodémographiques
7L’âge, la proximité géographique avec l’université ou avec les anciens étudiants et le revenu personnel expliquent et prédisent le comportement de don. Pour le genre, l’ethnie ou les aides financières reçues, les résultats sont plus nuancés.
8Tout d’abord, les plus âgés (60 ans et plus) sont davantage enclins à faire un don à leur institution que les plus jeunes « de 30 ans et moins » (Borden et al., 2014 ; Skari, 2014) qui ont encore des prêts à rembourser et se lancent seulement dans la vie professionnelle (McAlexander et al., 2016 ; Newman et Petrosko, 2011). Également, la proximité géographique avec l’institution ou avec les anciens étudiants, le fait de connaître personnellement d’autres membres de l’association des anciens et/ou de chercher le contact fréquent avec l’université augmentent la probabilité d’être membre de l’association des alumni (Bekkers, 2010 ; Newman et Petrosko, 2011 ; Skari, 2014). Dans la même idée, le fait d’habiter près de l’université facilite le don monétaire (Skari, 2014). Enfin, le revenu personnel compte : la probabilité de donner est 2,1 fois plus élevée lorsque le revenu de l’alumnus est compris entre 95 001 et 105 000$ et 3,5 fois plus élevée lorsqu’il est supérieur à 150 000$ (Skari, 2014).
9En revanche, le genre, l’ethnie et les aides financières reçues sont davantage sources de débats. Les femmes ont tendance à moins promouvoir l’institution que les hommes (Stephenson et Yerger, 2014), qui donnent plus que les femmes (Bekkers, 2010). Cela s’explique certainement par le fait que les hommes ont tendance à participer davantage à des associations d’étudiants que les femmes, ce qui est un facteur explicatif du don. Une autre recherche menée par Freeland, Spenner et McCalmon (2015) montre que ce sont les femmes qui donnent plus d’argent que les hommes, mais cet effet de genre a tendance à disparaître face à la participation à une association étudiante. Ces résultats sont donc divergents et mériteraient d’être de nouveau testés. De plus, l’origine ethnique ne semble pas être une variable explicative du don monétaire, qu’il soit fait par un ancien étudiant employé ou non de l’université (Borden et al., 2014 ; Meer et Rosen, 2012). Enfin, plusieurs études ont analysé l’impact des aides financières sur le don des alumni, en s’appuyant sur la notion de réciprocité directe et sur la théorie du don / contre-don (Molm, Collett et Schaefer, 2007 ; Forrest et al., 2016). De manière générale, recevoir une aide financière diminue la probabilité de donner et le montant du don (Meer et Rosen, 2012). Ce résultat, contre intuitif, est expliqué par le fait que recevoir une bourse n’est pas toujours associé à l’idée de « cadeau » et soulève des émotions plus nuancées que de la gratitude ou de la culpabilité (Forrest et al., 2016). Ceux qui ne donnent pas estiment qu’ils n’ont pas été assez reconnus, soutenus et guidés en tant qu’individu. Ils estiment également que les efforts à fournir pour garder leur bourse ont été trop oppressants, ou encore que leurs bourses correspondaient moins à leurs besoins qu’à ceux de l’université, notamment dans le cas de bourses au mérite (Forrest et al., 2016).
L’attitude par rapport à l’établissement d’enseignement supérieur
10L’identification à l’université, les perspectives professionnelles et le fait d’avoir déjà cotisé pour les associations universitaires contribuent à donner à son institution. En effet, plus un alumnus s’identifie à son université, plus son comportement de soutien envers celle-ci sera favorisé. Cette identification s’explique notamment par le sentiment d’appartenance qu’il peut éprouver envers son institution et par la place de celle-ci dans la définition de soi (Stephenson et Yerger, 2014 ; Desjacques, 2017). Plus elle est importante, plus il donnera de l’argent (Freeland, Spenner et McCalmon, 2015), du temps (Desjacques, 2017), et se positionnera comme ambassadeur (Stephenson et Yerger, 2014). Cela est lié à son intégration durant ses études supérieures : plus il s’est impliqué dans les activités proposées par l’université, plus sa probabilité de donner augmente (Bekkers, 2010 ; Freeland et Spenner, 2015 ; Newman et Petrosko, 2011). Le temps passé dans l’établissement a donc également un impact sur le don (Newman et Petrosko, 2011 ; Skari, 2014) : plus l’ancien étudiant a passé du temps au sein de son université, plus il y aura de probabilité qu’il donne (Newman et Petrosko, 2011 ; Skari, 2014). Cela n’est pas forcément corrélé au niveau de diplôme, puisque la plupart des étudiants changent d’établissements pour effectuer leur master, y restant alors moins longtemps (Newman et Petrosko, 2011). Néanmoins, si l’étudiant a passé toutes ses années d’études supérieures dans la même institution, avec un niveau de diplôme élevé, il donnera davantage que les autres (Skari, 2014). Finalement, plus l’alumnus évalue son expérience comme positive et garde de bons souvenirs envers l’établissement, plus il aura des comportements de soutien envers celui-ci.
11De plus, il existe un lien étroit entre les perspectives professionnelles et le don. Lorsque McDearmon (2013) tente de comprendre pourquoi certains alumni ne donnent pas à leur établissement, ce sont surtout des arguments liés à l’implication de celui-ci dans les carrières professionnelles qui sont mis en avant. En effet, les alumni aimeraient que leur institution valorise davantage la formation reçue auprès des entreprises et qu’elle améliore leur préparation au monde professionnel. S’ils sont déçus de « l’inutilité » de leur formation dans leur carrière actuelle, ils ne donneront pas. Certains vont plus loin et se demandent en quoi le don qui sera fait améliorera leur statut à l’intérieur et à l’extérieur de l’établissement et comment il pourra indirectement (par son nom et sa réputation) les aider dans le futur.
12Enfin, des facteurs liés au comportement de don global et de don passé ont pu être proposés. Tout d’abord, le fait d’avoir déjà effectué des dons à l’établissement en tant qu’étudiant explique le don en tant qu’alumnus. Dans l’étude de Freeland et Spenner (2015), seulement 4,6 % des anciens élèves qui ont effectué un don n’ont pas fait de don en tant qu’étudiants. De même, donner à plusieurs départements et projets plutôt qu’à un projet annuel augmente les chances de donner dans le futur (Khodakarami et al., 2015). De plus, le fait de cotiser pour l’association des anciens étudiants favorise le don à l’établissement. Desjacques (2017) montre que « les “non-donateurs” cotisent moins, et moins régulièrement à l’association des diplômés que les donateurs dont près de 81 % d’entre eux versent leurs contributions tous les ans : 41 % seulement des non-donateurs déclarent cotiser tous les ans » (Desjacques, 2017, p. 329).
13Enfin, de manière plus générale, le fait de donner occasionnellement à des associations type ONG augmente la probabilité de donner à l’université (Newman et Petrosko, 2011 ; Skari, 2014). Cet état de l’art nous permet de proposer un portrait-robot du futur donateur alumnus (Encadré 2), que nous comparerons avec nos résultats.
Encadré 2 : Portrait-robot de l’alumnus donateur vis-à-vis de son université
Caractéristiques socio-démographiques | Attitudes vis-à-vis de l’université |
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Cela fait au moins 20 ans qu’il a eu son diplôme. Il est resté plusieurs années au sein de l’université. Il gagne bien sa vie. Ses parents n’étaient pas nécessairement très riches mais l’ont soutenu financièrement. Il habite non loin de l’université. Il reste en contact avec les anciens élèves. | Il n’a pas reçu de bourse pendant ses études. Il s’identifie à son université et en garde de bons souvenirs. Il a participé à la vie associative et aux activités proposées. Il est satisfait de l’enseignement qu’il a reçu et de son expérience académique. Il a déjà fait un don à l’université en tant qu’étudiant. Il cotise pour l’association des anciens élèves. Il donne à des associations caritatives. |
14Nous remarquons, au terme de cette revue de littérature, que l’identification et la proximité symbolique avec l’université semblent être des facteurs importants du don. L’étude menée en France par Excel (2012) conforte cette idée dans son enquête sur les principales raisons pour lesquelles des anciens étudiants de niveau « bac +3 et plus » donnent à leur institution d’études supérieures. En effet, 41 % des répondants donnent car « ils se sentent proches de leur établissement », 39 % car « ils veulent soutenir l’éducation des jeunes », 30 % pour « les projets proposés », 20 % parce « qu’ils ont été sollicités », 16 % pour « valoriser leur diplôme », 13 % car cela leur permet de « faire des déductions d’impôts » et 9 % car « l’établissement en a besoin » (plusieurs réponses étaient possibles). Lorsqu’une personne s’identifie à son université et considère qu’elle l’a aidée dans la construction de son identité personnelle et professionnelle, alors elle développe une forme d’attachement envers son institution (Belk, 1988). En 2011, 56 % des étudiants issus du monde universitaire se déclaraient attachés à leur université, contre 74 % des étudiants d’écoles de commerce et d’ingénieurs (Excel, 2011). Cela nous conforte dans l’idée de se concentrer sur l’attachement comme facteur explicatif du don. Néanmoins, contrairement aux écoles, l’accès à l’université ne dépend pas d’années de classe préparatoire, l’étudiant ne peut y passer qu’une année (en master 2 par exemple), et les conditions matérielles d’études sont parfois moins bonnes qu’en école. Dans ce cas, comment expliquer l’attachement des anciens étudiants à leur université ? Avant de répondre à cette question par le biais de notre étude qualitative, il semble primordial de revenir sur les fondements théoriques de l’attachement.
Les fondements théoriques de l’attachement
Origine et définitions en psychologie
15Le concept d’attachement tire son origine de la psychologie, et notamment des recherches réalisées dès la fin du XXe siècle sur la nature du lien entre l’enfant et sa mère. Les travaux de Freud (1940) mettaient déjà en évidence le fait que l’attachement se crée à partir d’une dépendance physique d’un enfant envers sa mère : celle-ci satisfait des besoins physiologiques (se nourrir), ce qui entraînerait une dépendance psychologique de l’enfant vers sa mère. L’attachement ne serait motivé que par une pulsion orale c’est-à-dire un besoin fondé sur la faim.
16En désaccord avec cette idée, Bowlby développe la théorie de l’attachement, dans un contexte particulier de deuil, de perte et de séparation, au sortir de la Seconde Guerre mondiale. S’inspirant de la théorie de l’empreinte développée par Lorenz [1] dans les années 1930, Bowlby (1969) estime que l’attachement repose avant tout sur un lien émotionnel et affectif qu’un enfant développe envers la personne qui prend soin de lui. Ce serait donc davantage une relation psychologique volontaire qu’une dépendance physique contrainte. L’attachement est pour lui une forme de recherche de proximité, de sécurité et d’interactions sociales, qui transcende les besoins physiologiques. Si le premier lien d’attachement est souvent construit avec la mère, il évolue au cours du temps et se transpose vers d’autres personnes. Aussi, ce lien d’affection est en général durable et permet de trouver une forme de réconfort, de sécurité et de protection. Ce lien peut être de différentes natures : il peut être fluide, et dans ce cas la personne se sent en confiance et est à l’aise avec les relations d’intimité, ou ambivalent – la personne est attachée mais a du mal à montrer des signes d’affection (Ainsworth et al., 1979).
17La théorie de l’attachement a ensuite été mobilisée en marketing pour étudier la relation aux objets (Belk, 1988 ; Csikszentmihalyi & Halton, 1981 ; Richins, 1994), aux lieux de consommation qu’un individu fréquente (Debenedetti et al., 2014 ; Milligan, 1998) ou aux marques qu’il achète (Heilbrunn, 2001 ; Lacoeuilhe, 2000 ; Thomson et al., 2005). Si, a priori, ces formes d’attachement concernent des « objets » aux caractéristiques différentes, elles sont toujours relatives à un lien d’affection entre une personne et des éléments tangibles ou intangibles.
L’attachement aux possessions, aux marques et aux lieux de consommation
18L’objectif de cette partie est de mettre en évidence les éventuels facteurs explicatifs de l’attachement aux possessions, aux marques et aux lieux de consommation, ainsi que leurs conséquences, dans le but d’observer si ces éléments se retrouvent ou non dans l’attachement à l’université et le don des alumni. Nous avons pu identifier trois grands facteurs explicatifs de l’attachement : l’importance de l’objet dans la définition du Soi, le confort et le sentiment de protection procuré par l’objet, ainsi que la nostalgie. Avant tout, il est important de distinguer l’attachement d’autres notions comme celles de satisfaction ou d’émotions. La satisfaction est un jugement évaluatif : un individu peut être satisfait d’un objet sans y être attaché (Thomson et al., 2005). L’émotion quant à elle est une réaction intense et brève ; l’attachement peut engendrer de l’émotion (Lacoeuilhe, 2000). L’attachement est alors composé d’affection (de sentiments chaleureux envers l’objet d’attachement), de connexion (volonté de créer du lien avec l’objet d’attachement) et de passion – par les émotions positives intenses qui peuvent être ressenties (Thomson et al., 2005). L’attachement se forme alors avec un objet spécifique, quel que soit sa nature, à partir du moment où il existe un lien affectif, émotionnel et identitaire qui est créé avec cet objet (Schultz-Kleine & Baker, 2004).
19Lorsqu’une possession, une marque ou un lieu joue un rôle considérable dans la définition et la construction de son identité, le consommateur s’attache et s’investit psychologiquement dans la connaissance et la maîtrise de l’objet d’attachement (Ahuvia, 2005 ; Belk, 1988). Ce dernier devient un vecteur de communication identitaire, une extension de Soi. Ainsi, que ce soit un objet, une marque ou un lieu, l’attachement désigne d’abord le degré auquel cet élément est intégré dans le concept de Soi. Il peut varier, de faible à fort, est souvent dynamique, et fait intervenir des éléments cognitifs, affectifs et conatifs (Schultz-Kleine & Baker, 2004). Aussi, l’attachement repose sur un lien chargé émotionnellement et sur une relation affective durable envers l’objet d’attachement. Il dépend aussi de l’importance que prend celui-ci dans la définition du Soi. Nous pouvons alors estimer que l’un des premiers facteurs d’attachement est la congruence d’image, c’est-à-dire l’identification de l’individu aux valeurs qu’expriment la marque, l’objet ou le lieu (Thomson et al., 2005).
20Cette connexion à l’identité montre le lien avec les recherches en psychologie : l’objet auquel un individu est attaché lui procure un sentiment de réconfort et de protection (Debenedetti et al., 2014 ; Richins, 1994). Il se sent bien vis-à-vis de cet objet d’attachement et le mobilise dès qu’il ressent un besoin de sécurité. Ainsi, plus un individu estime que l’objet, la marque ou le lieu lui procure un sentiment de confort psychologique, plus il y sera attaché. Un dernier élément commun qui expliquerait l’attachement est la nostalgie. Que ce soit pour la marque, le lieu ou la possession, les personnes semblent s’attacher à ces objets car ils ont un rapport avec une période de vie passée. Ils ont la capacité de faire revivre des évènements ou des personnes du passé, ce qui contribue à l’attachement. Enfin, les recherches sur l’attachement à la marque et au lieu ont montré qu’il était difficile de faire abstraction de l’univers socioculturel dans lequel un individu évolue ; en effet, si les groupes de référence d’un consommateur fréquentent souvent un lieu spécifique ou utilisent une marque en particulier, alors il aura tendance à davantage s’attacher à ce lieu ou cette marque (Heilbrunn, 2001 ; Milligan, 1998).
21Aussi, nous retrouvons plusieurs éléments dans l’attachement, déjà proposés par Debenedetti et al. (2014) : il est à la fois physique (lié aux caractéristiques de l’objet, du lieu ou de la marque), social (lié aux personnes que rappellent l’objet, qui fréquentent le lieu ou qui utilisent la marque) et personnel (lié aux souvenirs et aux symboles identitaires que reflètent l’objet, le lieu ou la marque). Cet attachement a plusieurs conséquences, qui sont finalement assez similaires quel que soit l’objet d’attachement. Un individu attaché aura tendance à être fidèle et engagé envers son objet d’attachement et aura du mal à s’en séparer (à rompre le lien). Il a un rôle d’ambassadeur vis-à-vis de la marque, du lieu ou de l’objet et se sent prêt à le défendre (Belk, 1988 ; Debenedetti et al., 2014 ; Lacoeuilhe, 2000). Certaines spécificités apparaissent tout de même : l’attachement peut justifier une volonté de payer un prix plus important pour la marque, peut engendrer une idéalisation et une durée de visite plus longue pour le lieu, ou des rituels de transmission importants pour l’objet. La Figure 1 propose une synthèse des facteurs et conséquences de l’attachement.
Le modèle de l’attachement aux objets, aux lieux et aux marques
Le modèle de l’attachement aux objets, aux lieux et aux marques
22Cette synthèse nous permet de mieux comprendre la notion d’attachement et quels sont ses antécédents dans le cas d’un lieu, d’un objet et d’une marque. Notre objectif est désormais de mettre en évidence les facteurs d’attachement dans le contexte du don des anciens étudiants à l’université, avant de les comparer à la théorie.
La réalisation d’une étude qualitative sur les facteurs explicatifs de l’attachement des alumni d’université
23Notre recherche vise à mieux comprendre l’attachement des alumni à leur université et son lien avec les comportements de soutien à celle-ci. Plusieurs questions sont alors posées : quels sont les facteurs d’attachement ou de non-attachement à l’université ? Existe-t-il un lien entre l’attachement et le don à l’université ? Si oui, de quel ordre est-il ? Quels sont les autres facteurs explicatifs du don à l’université ? Pour y répondre, une étude qualitative constituée de 25 entretiens avec des alumni a été privilégiée afin de faire ressortir des premiers résultats détaillés.
L’échantillon
24La collecte de données a été réalisée auprès de 25 individus (Annexe 1). Ils ont été recrutés par le biais du réseau professionnel et amical des chercheurs, par la méthode dite « boule de neige ». Les participants ont été recrutés en fonction de leur statut d’alumni, et ont tous réalisé au moins une partie de leurs études supérieures en université. Nous avons eu à cœur de diversifier les régions afin d’obtenir un échantillon varié et de remarquer les éventuelles différences entre chacune. Nous avons donc des anciens étudiants d’universités d’Île-de-France, de Bretagne, de Provence-Alpes-Côte d’Azur, du Grand-Est, de l’Auvergne Rhône-Alpes et de Pyrénées Orientales. Les participants sont âgés de 21 à 68 ans, avec une moyenne de 39 ans, ayant alors suffisamment de recul sur leurs années universitaires. En raison de la population étudiée, les personnes encore en étude, les personnes n’ayant jamais fait d’études supérieures et les personnes ayant réalisé la totalité de leurs études en écoles ont été exclus.
Le déroulement et l’analyse des entretiens
25Les 25 entretiens individuels se sont déroulés soit au domicile des répondants soit par Skype pour ceux ne vivant pas proche du domicile des chercheurs. Ils ont été intégralement enregistrés et retranscrits. Le guide d’entretien (Annexe 2) portait sur 4 thèmes : 1. L’attachement à l’université, 2. Le don à l’université et ses motivations, 3. Les freins du don à l’université et 4. La représentation du don en général. Nous les avons également confrontés au scénario suivant : « Imaginez que le gouvernement décide de fermer votre université et de revendre les locaux, quelle serait votre réaction ? Pourquoi ? ». Cela nous a permis d’obtenir certains sentiments vis-à-vis de l’université qui n’aurait peut-être pas été dit spontanément. Afin d’appréhender les facteurs d’attachement et le comportement de don à l’université, une analyse manuelle de contenu thématique a été menée. Cette analyse nous a permis de faire émerger plusieurs grands résultats que nous présentons ci-après.
Le lien potentiel entre l’attachement à l’université et l’intention de don
26Nos résultats montrent que l’attachement à l’université est lié à la qualité de la vie étudiante et de l’enseignement reçu, aux amitiés créées, à la bonne insertion professionnelle ainsi qu’aux lieux dans lesquels se trouve l’université. Ce sont donc plutôt des facteurs identitaires et nostalgiques qui ressortent. L’insatisfaction de l’expérience universitaire ainsi que le peu d’esprit de cohésion entre étudiants a plutôt contribué à ne pas être attaché à son établissement. L’attachement a pour conséquence des comportements de soutien positifs envers l’université, de même que la volonté de la remercier, de soutenir l’éducation supérieure gratuite et l’insertion professionnelle. Nous présentons de manière plus détaillée ces résultats ci-après.
Les facteurs d’attachement et de non-attachement
27La plupart des participants sont attachés à leur université. S’ils l’expriment plutôt de manière spontanée, d’autres le font savoir en se disant être « tristes » à la perspective que cette dernière ferme ses portes. Lorsque nous les avons mis face à ce scénario, ils ont exprimé leur regret et leur tristesse de la manière suivante : « je pense que ça me toucherait après, est-ce que je serais active et… dans la démarche pour que ça reste ouvert, je ne sais pas… ça me toucherait parce que quelque part, c’est aussi une période déjà révolue mais qui sera vraiment clôturée si ça ferme » (23). Nous retrouvons ici la dimension nostalgique de l’attachement, présente dans la littérature. Globalement, si nous n’avons pas vocation à estimer des fréquences, nous remarquons que le nombre d’années passées à l’université ne semble pas avoir d’impact sur l’attachement. En effet, certains ont pu passer 5 ans dans une université sans y être attachés, quand d’autres n’y ont passé que deux ans et le sont. Néanmoins, pour les anciens qui ont changé d’universités pendant leurs études, il semble qu’ils soient davantage attachés à l’institution dans laquelle ils sont restés le plus longtemps. De plus, il semble que cet attachement à l’université soit lié avant tout à la composante dans laquelle l’étudiant a suivi ses études et obtenu son diplôme : l’IUT, l’IAE, l’UFR d’Economie et Gestion, l’Ecole d’ingénieurs interne, le Master… Néanmoins, cet attachement à la formation contribue à un attachement à l’université.
28Au-delà du temps passé à l’université, ce sont d’autres facteurs davantage subjectifs et émotionnels qui expliquent l’attachement. C’est tout d’abord la qualité de la vie étudiante, et les rencontres et moments de partage avec les autres étudiants qui vont favoriser un certain attachement : « Ha mes années d’études, c’était génial. Ça a été vraiment une super expérience. Il faisait beau, j’étais à Paul Valéry en sciences humaines. On avait une association d’étudiants très active qui organisait un tas de chose. C’était…, j’ai vraiment aimé ces années-là » (15). Les années d’université ont été pour tous un moyen de créer des amitiés fortes de longue durée. Ces rencontres sont favorisées par les travaux de groupes, les associations d’étudiants ou les voyages d’études qui contribuent à instaurer un esprit de cohésion et une intégration positive. La nostalgie de ces années universitaires favorise alors l’attachement.
29De même, les universités qui préparent correctement à l’insertion professionnelle et qui suivent les étudiants dans leur projet professionnel sont davantage susceptibles de favoriser l’attachement : « y a eu un réel encadrement, l’université avait un réseau de professionnels (…) On était vraiment préparés à la vie active. Beaucoup d’entre nous ont réalisé leur projet en cours de ces années-là, qui a également été leur projet de fin d’études » (14). Plus l’université aide l’étudiant à réussir son insertion professionnelle, plus ce dernier semble y être attaché. La qualité de l’enseignement reçu ou dans une moindre mesure les compétences et implications des professeurs ont également été soulignés : « il y a de très bons professeurs là-bas et ils sont très formateurs (…) ça sera toujours des légendes » (11). Si l’ancien étudiant a le sentiment d’avoir été bien encadré, entouré et conduit vers le marché du travail, il peut certainement à son tour avoir envie d’aider les étudiants et de faire partie de cette aventure. Notons enfin que quelques participants ont évoqué le lien avec le quartier ou la ville dans laquelle se trouve l’université. Ici, l’attachement à la ville ou au quartier a favorisé l’attachement à l’université : « pour mon IUT, il y a une vraie attache sentimentale car je l’ai fait dans une ville que j’affectionne particulièrement » (5). Certains voient en l’université une « deuxième maison » (11), et la nostalgie qui se fait sentir à ce moment-là participe à l’attachement. La beauté et/ou l’histoire de l’université joue beaucoup dans le sentiment d’attachement : « moi, j’ai eu la chance de faire mes études à Descartes, dans le quartier st Michel à Paris, en Mai 68. Ça serait dommage pour les jeunes que cette université n’existe plus ou déménage. Ça représente tout ce qu’il y a là d’un peu mythique, c’est aussi ça, c’est tout un prestige ! » (18).
30Si la majorité des participants sont attachés à leur université pour toutes ces raisons, d’autres sont au contraire très en colère contre leur institution. Nous remarquons que le sentiment de non-attachement ressort de manière plus forte que celui d’attachement. Dans ce cas, ce sont surtout les manières d’enseigner (« je dirais la façon d’enseigner (…) c’est vraiment dommageable qu’il n’y ait pas une approche à 360° » (8)) et le manque de suivi et de soutien de l’université, qui est lié aux souvenirs d’une mauvaise expérience (« l’administration de ma fac s’est très mal occupée de moi, et des gens qui ont vécu leur université avec moi » (4)). Certains étudiants qui ont connu aussi les écoles privées estiment qu’il manque un sentiment de cohésion dans les universités, qui passe notamment par les moins nombreux « rites initiatiques et d’intégration » : « Je trouve qu’à l’université, par rapport aux écoles d’ingénieurs, ou de commerce, on fédère pas. Il y a un manque de cohésion. D’ailleurs, ça aussi, c’est un truc que mon directeur de master II voulait faire, c’était vraiment de créer une cohésion. Donc, on avait eu un week-end de trois jours tous ensemble, organisé par l’université. Mais c’est vrai qu’on a pas cette culture d’université comme peuvent l’avoir d’autres élèves d’écoles. Peut-être que ça aussi c’est à changer. » (21). L’université, en créant un sentiment d’appartenance et de cohésion moindre, ne contribue pas à favoriser l’attachement. Ainsi, une tendance semble se dessiner : plus un étudiant est satisfait de l’enseignement reçu, de son insertion professionnelle et de la vie sociale qu’il a vécue à l’université, plus il y sera attaché. Au contraire, une mauvaise expérience et le manque de soutien dans cette expérience peut entraîner un non-attachement définitif.
Conséquences de l’attachement sur le don à l’université
31Nous avons ensuite tenté de comprendre s’il existait un lien entre l’attachement et le comportement de don envers l’université, et si oui, de quel ordre était-il. Un résultat nous a surpris : très peu de participants connaissaient l’existence et le rôle d’une fondation universitaire, alors même que la majorité des universités dont ils sont issus en ont. Cela participe au fait qu’ils n’ont jamais donné à l’université, combiné à la quasi-inexistence de levée de fonds auprès des alumni en France. Néanmoins, à part ceux qui ne sont pas attachés à leur institution, la plupart des participants seraient d’accord pour aider financièrement leur université si elle en avait besoin. Néanmoins, cela reste dans une certaine limite : « à la limite une deux ou trois fois par an mais le montant il serait pas exorbitant ça dépasserait pas les cinquante euros » (11). Le don financier dépend de divers modérateurs : la réussite professionnelle de la personne et donc ses moyens financiers (« s’il y avait une meilleure insertion professionnelle peut-être que j’aurais moyen de donner bien plus et bien plus souvent », 11), le montant demandé (« ça dépend évidemment du montant qui m’est demandé », 3), la transparence de l’utilisation des fonds (« il faudrait qu’il y ait un réel bilan annuel sur les dons émis », 11) ainsi que les types de projets à soutenir (« Ça dépend pour quoi, je ferais selon le besoin et selon le projet », 6). Sur cette question des projets envisagés, il est très important de bien souligner que presque tous les répondants de l’étude qualitative nous ont dit qu’ils ne donneraient pas dans l’absolu à l’université mais qu’ils donneraient sur des « projets concrets ». Ces projets doivent faire sens pour eux, leur sembler importants, innovants, et leur donner vraiment envie de contribuer à quelque chose. Ils évoquent ainsi l’insertion professionnelle et l’entrepreneuriat, la culture pour tous et l’égalité des chances, et, dans une moindre mesure, la recherche – qui doit principalement être « un peu innovante et orientée technologies » (16) ou « visible, comme la recherche pour le cancer ou en biologie ou des choses concrètes quoi » (22). Si le don financier est relatif, d’autres formes de don ressortent de manière importante. En effet, un certain nombre de participants évoquent un intérêt à consacrer un peu de temps à leur université : organiser un évènement réunissant les anciens, donner des cours, recruter des stagiaires de leur formation… « Mais étant encore à l’hôpital, je suis toujours en contact avec certains étudiants. Par exemple, quand je supervise des thèses ou que je relis des trucs, je prends de mon temps, et le temps, c’est de l’argent. C’est une autre façon de faire » (6). Ainsi, si certains anciens ne sont pas très motivés à l’idée de donner de l’argent, ils sont plutôt enclins à donner de leur temps. Notre recherche porte principalement sur le facteur de l’attachement mais d’autres facteurs explicatifs du don ont émergé de notre analyse.
Donner ou non : une question relative à l’expérience vécue
32Au-delà de l’attachement, d’autres facteurs semblent favoriser une intention positive de don. C’est le cas notamment de la volonté de remercier l’université de son investissement dans le parcours de l’étudiant et dans son suivi professionnel : « je ne suis pas opposé à l’idée d’aider l’université qui m’a formé et qui m’a permis de développer tout un réseau autour de moi » (3). D’autres participants évoquent le fait qu’ils pourraient donner s’ils gardaient de bons souvenirs de leurs études supérieures, « si j’avais gardé un bon souvenir, je serais susceptible de donner, ou de promouvoir mon école et de faire tout un tas de choses » (4). De manière plus partielle, la volonté de soutenir l’éducation supérieure gratuite ou et de permettre aux universités d’obtenir autant de prestige et de rayonnement à l’international contribue à l’intention de donner : « je n’ai absolument rien contre le fait que les universités aillent chercher du financement privé ailleurs (…) qu’elles fassent appels à des donateurs, qu’elles lancent des levées de fonds, tant que ces contributions sont volontaires. Plus cette faculté aura de l’argent, mieux ce sera : ça lui permettra de faire face aux grandes écoles privées types HEC » (3). Enfin, tout comme dans d’autres contextes, la défiscalisation favorise l’intention de don, comme le souligne cet ancien étudiant : « [la défiscalisation] ça permet de donner plus, donc grâce à ça, je suis encore plus généreuse » (5).
33Néanmoins, les avis restent mitigés quant au don à l’université. En effet, certains estiment que l’Etat, ainsi que les impôts versés, contribuent déjà à financer l’université, son fonctionnement, ses projets et le matériel nécessaire « Je trouve que le financement de l’éducation et de l’enseignement supérieur, est du devoir de l’État avant tout. Pour moi, si l’on s’oriente vers un financement autre, par des particuliers par exemple, il y a un risque que l’État se désengage (10) ». L’université étant un service public, les répondants estiment qu’elle est financée par les impôts et en conséquence, ils participent de cette façon à son développement. Ils ont une perception plutôt positive du financement des universités, en estimant qu’elles ne semblent pas manquer de moyens quand d’autres associations et/ou structures auraient davantage besoin de leur soutien. De plus, le manque de moyens financiers est un frein important au fait de ne pas donner. Beaucoup déclarent qu’ils ne gagnent pas assez bien leur vie ou n’ont pas assez d’argent pour le donner à l’université. Combiné à un sentiment que l’expérience vécue lors des études supérieures a été négative, les répondants sont encore moins enclins à participer financièrement aux projets de l’université. Certains alumni estiment que le don à l’université n’est pas réellement inscrit dans la culture française, ou que la mission et les valeurs de l’université changent, ce qui freine leur intention de don : « C’est bien qu’il existe des universités, mais j’ai l’impression que leur fond de missions n’est pas …, a nettement changé. C’est plus un lieu où on formate des individus à devenir des profils pour être employables » (13) ou encore « quand on voit que l’université tend à rendre les formations payantes pour les étrangers, ça me gêne. Car moi 3 000 € je n’aurais pas pu verser cette somme pour mes études, c’est un vrai handicap. Pourquoi j’irai soutenir une université qui mène une politique discriminante envers des populations dont je fais partie ? » (14). Pour soutenir son université, il faut rester en accord avec ses valeurs et sa mission ; si les anciens étudiants ont le sentiment qu’elles changent, ils ne donneront pas. Enfin, moins l’université garde de contacts avec ses alumni, moins elle parviendra à obtenir des fonds de leur part : « les universités ne mettent pas en contact les étudiants, elles ne cherchent pas à savoir ce qu’ils sont devenus, me concernant… il n’y a pas eu de démarche de la part de mes anciennes universités pour nous mettre en relation une fois que l’on a intégré le marché du travail… » (9). L’université doit garder un suivi avec ses anciens étudiants si elle veut pouvoir être crédible lorsqu’elle réalise une levée de fonds. En résumé, notre recherche qualitative a permis de mettre au jour plusieurs résultats principaux, présentés dans la Figure 2.
Synthèse des principaux résultats
Synthèse des principaux résultats
Discussion des résultats et apports théoriques
34Notre article offre un double apport théorique puisqu’il permet d’une part, d’enrichir la théorie sur l’attachement en marketing en explorant son rôle dans un nouveau domaine, et d’autre part, de mieux comprendre le comportement de don, dans un contexte spécifique encore très peu exploré. L’étude qualitative permet également de dresser une première esquisse des facteurs explicatifs de l’attachement des alumni à l’université, qui seront à confirmer au travers d’études qualitatives et quantitatives ultérieures. Nous retrouvons, en lien avec la théorie de l’attachement, le facteur de la nostalgie comme source d’attachement à l’université : les anciens étudiants raccrochent leurs études à une période de vie révolue qui était agréable, qui leur rappelle de bons souvenirs. Certains ont aussi la nostalgie de l’insouciance de l’époque et de la vie étudiante, ainsi que des projets réalisés durant cette période. Nous retrouvons également le facteur identitaire : par l’université, beaucoup d’étudiants ont rencontré des personnes qui sont devenus des amis « pour la vie », qui ont contribué à construire leur identité, qui en font partie. De plus, l’identité professionnelle acquise semble être liée aux études et à la formation reçue.
35Plus une personne s’épanouie dans son travail, plus elle est attachée à son université ; d’autant plus si ses études ont un lien avec sa profession. Sa réussite professionnelle compte de manière forte dans l’attachement à l’université. Nous ne retrouvons cependant pas le facteur de confort et de protection que nous avions identifié dans la littérature sur l’attachement aux objets et aux marques. Aucun répondant n’a évoqué l’idée que l’université lui procurait un sentiment de bien-être et/ou de réconfort ; cela s’explique sûrement par les faibles liens que les alumni gardent avec leur université. Cependant, l’attachement à la ville ou au quartier, voire même aux bâtiments de l’université constitue un facteur d’attachement à celle-ci, ainsi que l’appréciation de certains enseignants « passionnants » et investis. Certains répondants gardent un sentiment positif vis-à-vis de « professeurs phares » de leur université, ce qui contribue à favoriser l’attachement. Ainsi, si nous confirmons plusieurs facteurs d’attachement qui apparaissent dans la théorie, notre contribution repose sur l’identification des sous-dimensions de chacun de ses facteurs, ainsi que sur l’objet d’étude, qui est émergent et inédit ; l’attachement a pour conséquence une volonté de donner de l’argent à l’université, mais également de procurer un sentiment de fierté d’appartenance et une forme d’engagement vis-à-vis de l’institution (participer à des évènements, donner des cours, etc.).
36Également, nous mettons en avant des motivations et des freins à donner à l’université. Un alumnus donnera plus facilement à son institution pour la remercier de son investissement et de l’enseignement reçu, pour soutenir l’éducation supérieure gratuite, pour aider les étudiants à s’insérer professionnellement et à bénéficier des meilleures conditions pour réussir, ou encore pour la défiscalisation. Néanmoins, certains alumni se refusent à donner puisqu’ils préfèrent donner à des ONG ou des associations humanitaires, car ils sont insatisfaits de leur expérience vécue au sein de l’université, de la manière dont celle-ci les a préparés à l’insertion professionnelle ou encore du peu d’esprit de cohésion créé par l’établissement. Enfin, certains estiment que c’est le rôle de l’Etat de pourvoir aux universités, au travers des impôts payés. Ces informations permettent de constituer des éléments sur lesquels peuvent s’appuyer les universités pour favoriser les dons. Elles permettent également de montrer que certains éléments constitutifs du portrait-robot du donateur réalisé à la suite de la revue de littérature se confirment dans notre recherche : l’ancien étudiant qui donne est resté plusieurs années au sein de son université, il gagne plutôt bien sa vie – la question du revenu est bien apparue dans nos résultats comme expliqué précédemment –, il reste en contact avec d’autres alumni et il est même très ami avec certains, il s’identifie à son université et en garde de très bons souvenirs, notamment car il a participé à la vie associative, et il est satisfait de son expérience académique. Tout ceci nous permet donc de pouvoir confirmer une partie des résultats des recherches anglo-saxonnes au contexte français.
Conclusion : voies de recherches et implications managériales
37Au regard de nos résultats, de nombreuses voies de recherches peuvent être formulées, encourageant d’autres chercheurs à investiguer ce champ émergeant. Nous présenterons ci-après, les 3 voies de recherches qui nous semblent les plus pertinentes.
Confirmer les résultats de l’étude qualitative par une démarche quantitative
38Nos résultats montrent que l’attachement à l’université semble principalement favorisé par (1) la vie sociale vécue pendant les études supérieures et son expérience positive reliée au cadre plaisant, aux moments de rencontres, de partage et aux amitiés créées, (2) la bonne préparation à l’insertion professionnelle et au suivi après diplôme, (3) la qualité de l’enseignement reçu et les projets collectifs demandés aux étudiants pendant leurs études, (4) la nostalgie ressentie, (5) l’attachement à la ville et au quartier de l’université et (6) l’attachement à certains professeurs. Ils montrent également qu’un alumnus attaché à son université et/ou son diplôme serait prêt à lui donner un peu d’argent et du temps, en fonction de ses moyens financiers (et donc de sa réussite professionnelle), du montant demandé, du type de projets à soutenir ainsi que de la transparence de l’utilisation des dons. Ces résultats qualitatifs devraient être testés au travers d’une étude quantitative afin de confirmer ou non ces éléments, mais également de déterminer l’importance de chacune des dimensions et modérateurs dans le modèle. Il serait en effet intéressant de déterminer quel facteur a le plus d’importance dans l’attachement à l’université ou encore quel modérateur a le plus d’influence dans le lien entre l’attachement et le don. Nous pourrions ainsi ajouter des modérateurs socio-démographiques, comme l’âge, la génération, le genre, ou encore le temps passé à l’université. Nous avons également remarqué que les répondants semblaient souvent déconcertés face à la question d’une éventuelle fermeture de leur université. Nous pourrions donc étudier dans quelle mesure un changement de nom d’universités ou une fusion avec une autre serait de nature à perturber l’attachement des anciens, et donc leur comportement de don.
Creuser les motivations à donner et tester des messages de levée de fonds
39Au-delà de la question de savoir si les alumni sont attachés ou non à l’université, il serait intéressant de comprendre pourquoi ils donnent ou souhaitent donner. Nous avons souligné quelques éléments de réponses comme la volonté de remercier l’université de son investissement, d’améliorer son prestige face aux écoles de commerce, de soutenir l’éducation supérieure gratuite, ou en souvenirs des expériences positives que les alumni y ont vécues. Ainsi, nous identifions plusieurs variables susceptibles de favoriser le don à l’université comme l’envie de donner en retour (le fameux « give back » en anglais) ou encore la nostalgie. Par l’étude de ces motivations dans une étude qualitative plus profonde, il serait possible d’identifier les axes de communication qui leur répondent le mieux pour augmenter la collecte sur les anciens étudiants. Des expérimentations pourraient ensuite tester différents types de messages pour identifier ceux qui fonctionneraient le mieux.
Mieux comprendre le sentiment de « dette » des alumni
40Comme l’a montré Mauss (1923), le don est lié à un sentiment de dette et de réciprocité. Or, nous pouvons nous demander dans quelle mesure les anciens se sentent en dette par rapport à leur université. En effet, le discours des personnes rencontrées lors de notre étude qualitative nous montre que bon nombre d’anciens étudiants ne se sentent pas en « dette » face à l’université dans la mesure où ils estiment que ce sont les impôts de leurs parents (ou les leurs) qui ont financé leurs études. Dès lors, une hypothèse serait de se dire que les boursiers de l’Etat sont particulièrement en dette et devraient constituer le cœur de cible de la collecte. De même, comme nous l’avons souligné dans la revue de la littérature, le fait d’avoir eu une bourse n’explique pas le don, voire même, le freine (Meer et Rosen, 2012). Ce résultat, contre-intuitif, mériterait d’être approfondi : pouvons-nous nous sentir en « dette » face à l’université ? Si « oui » pourquoi ? Une étude qualitative pourrait ainsi être menée. Puis, dans une étude quantitative, le comportement des anciens boursiers serait testé lorsqu’ils sont sollicités pour donner, notamment au travers d’une expérimentation en terrain réel auprès d’alumni « anciens boursiers » versus sans financement.
41D’un point de vue managérial, nous encourageons les universités à favoriser le lien social avec leurs étudiants, en les suivant et les soutenant dans leur insertion professionnelle, en maintenant le contact avec eux et gageant de la bonne qualité de l’enseignement fourni. Il semble également fondamental de mettre en avant une pédagogie par « projets », en lien étroit avec les professeurs. Ces projets sont de nature à développer de l’attachement ultérieur par effet de « nostalgie » et par les liens sociaux développés. Cela permettra de créer un plus fort attachement à l’université, et donc d’améliorer les intentions de don. Enfin, nous encourageons les universités situées au centre-ville ou dans de beaux campus à ne pas être déplacées car l’attachement aux lieux est également un facteur d’attachement à l’université. Avec les fusions récentes d’universités la tentation est grande de déplacer tout le monde en périphérie des villes, à l’instar du pôle de Saclay. Ceci serait sans doute une erreur si elle souhaite développer l’attachement des anciens. A l’issue de cette réflexion, nous encourageons les 24 universités qui n’ont pas encore de fondation à se lancer dans l’aventure. Il existe un vrai potentiel de collecte pour les universités. En effet, la professionnalisation des liens tissés entre les trois parties (Université – Alumni – Entreprises) ne pourra qu’être bénéfique pour nos établissements d’ESR. Ainsi avoir un fichier des entreprises partenaires à jour, développer des liens avec le tissu économique local, réaliser des partenariats gagnants – gagnants ne peut qu’être positif pour nos universités. Du côté des alumni et des personnes physiques, avoir un annuaire des anciens à jour, leur parler, développer et entretenir le lien, les impliquer dans la vie de leur ancienne université, les faire revenir sur le lieu, etc. Ces personnes représentent sans doute une « force vive » pour nos structures qu’il reste encore à ranimer. Gageons que d’ici 10 ans, l’ensemble des universités françaises se seront lancées dans la création de fondations et auront pu bénéficier de ce projet pour enrichir les relations avec leurs différentes parties prenantes.
Annexe 1 : Profil des participants
Numéro entretien | Genre | Age | Profession | Université | Nombre d’années d’études |
---|---|---|---|---|---|
1 | H | 54 | Professeur des universités | Perpignan | 8 |
2 | H | 34 | Professeur des universités | Aix-Marseille | 8 |
3 | H | 47 | Avocat | Paris II – Paris XI | 8 |
4 | F | 26 | Cheffe de projets | Créteil | 4 |
5 | F | 25 | Apprentie en management | Nancy (IUT) | 2 |
6 | F | 53 | Médecin | Créteil | 9 |
7 | F | 26 | Chargée de patrimoine | Paris III | 3 |
8 | F | 48 | Responsable territoriale | Rennes, Saint-Brieuc, Caen | 5 |
9 | F | 48 | Magistrate | Paris Dauphine | 8 |
10 | F | 50 | Psychologue | Rennes, Paris X | 5 |
11 | F | 27 | Animatrice socio-culturelle | Institut catholique Paris | 3 |
12 | F | 36 | Artiste plasticienne | Aix-Marseille | 3 |
13 | H | 40 | / | Paris I, Versailles | 5 |
14 | H | 31 | Psychologue | Montpellier | 5 |
15 | F | 21 | Historienne de l’art | Institut catholique de Paris | 4 |
16 | F | 35 | Médiatrice culturelle | Paris III | 3 |
17 | F | 63 | Retraitée professeur des écoles | Poitiers, Paris Descartes | 4 |
18 | H | 25 | Ingénieur | IAE de Tours | 5 |
19 | F | 44 | Commissaire de police | Nice, Aix, Paris I Sorbonne | 4 |
20 | H | 43 | Enseignant chercheur | Paris XII, Paris IV | 5 |
21 | F | 38 | Responsable juridique | Cergy (Erasmus Islande), Sceaux | 5 |
22 | F | 68 | Retraitée entrepreneuse | Jussieu, Paris IV | 4 |
23 | H | 31 | Ingénieur commercial | Lyon 1, Kedge | 5 |
24 | H | 47 | Délégué général d’une association | Tours, IAE de Paris | 5 |
25 | H | 27 | Contractuel de la fonction publique (cadre A) | Lyon II, Amiens | 5 |
Annexe 2 : Guide d’entretien
42Bonjour,
43Je vous remercie d’avoir répondu favorablement à ma demande pour échanger autour de votre expérience vécue à l’université. Cet entretien est totalement anonyme et il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Afin de ne rien perdre de cet entretien et de pouvoir retranscrire nos discussions, je dois les enregistrer. M’autorisez-vous à le faire ?
44Dans un premier temps, merci de vous présenter et de me parler des études que vous avez faites à l’université.
45ATTACHEMENT A L’UNIVERSITE
- Avez-vous apprécié les années que vous avez passées à l’université ?
Si oui, pourquoi ?
Si non, pourquoi ? - Est-ce que vous vous sentez attaché à votre université ? Pourquoi ?
- Aujourd’hui, avez-vous ou entretenez-vous des liens avec votre université ? Sous quelle forme ?
- Imaginez maintenant que le gouvernement décide de fermer votre ancienne université, quelles seraient vos réactions ?
46MOTIVATIONS AU DON A L’UNIVERSITE
- Connaissez-vous l’existence des fondations d’université, et si oui, quel est leur rôle et fonction ?
- Seriez-vous prêt à soutenir financièrement votre ancienne université si cette fondation vous le demandait ? Pourquoi ?
47FREINS AU DON A L’UNIVERSITE
- Quelles sont les raisons pour lesquelles vous ne souhaiteriez pas financièrement soutenir votre ancienne université ?
- Pourriez-vous l’aider d’une autre manière ? Laquelle ?
48REPRESENTATION DU DON EN GENERAL
- Vous arrive-t-il de faire des dons à d’autres organismes ?
- Lesquels ?
- Pourquoi ?
49En résumé, vous m’avez dit que [compléter]. Avez-vous quelque chose à rajouter sur le sujet ?
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Mots-clés éditeurs : alumni, comportement de don, fondations, attachement
Date de mise en ligne : 29/05/2021
https://doi.org/10.3917/dm.101.0113Notes
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Phénomène par lequel un jeune animal s’imprègne du premier « objet » qu’il rencontre. Lorsqu’il est dans les premiers mois de sa vie, le jeune animal apprendra à connaître et reconnaître les caractéristiques de sa mère ou de son substitut. A l’âge adulte, il aura tendance à fréquenter des animaux qui présentent les mêmes caractéristiques.