Notes
-
[1]
Le Monde, le 28 février 2017, « Bataille autour de la pertinence de l’étiquetage nutritionnel », Pascale Santi https://www.lemonde.fr/planete/article/2017/02/28/bataille-autour-de-la-pertinence-de-l-etiquetage-nutritionnel_5086803_3244.html
-
[2]
Nutri-Score est un logo de couleurs pour informer le consommateur sur la qualité nutritionnelle globale d’un produit. Il prend en compte la valeur énergétique du produit et les teneurs en matières grasses, en protéines, en glucides et en sel.
-
[3]
Le Monde, le 19 septembre 2018, « La consommation d’aliments mal notés par le Nutri-Score augmente le risque de cancer », Pascale Santi https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/09/19/la-consommation-d-aliments-moins-bien-notes-par-le-nutri-score-augmente-le-risque-de-cancer_5356981_1650684.html.
-
[4]
L’étude a été réalisée dans les locaux de l’Université Paris-Sud/Paris-Saclay à Sceaux (Hauts-de-Seine) sur la Faculté Jean Monnet, l’IUT de Sceaux ainsi qu’au Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) de la Mairie de Chatenay-Malabry (Hauts-de-Seine).
-
[5]
Au moment de l’expérience et selon l’Open Food Facts (2017) pour les céréales vendues en France, 420 paquets étaient classés A ou B avec la couleur verte, 573 paquets étaient classés C avec la couleur jaune et 348 paquets étaient classés D ou E avec la couleur orange foncé.
-
[6]
Pendant les explications de la procédure BDM avec une barre chocolatée, au début de la session, aucune information n’a été révélée aux participants à propos des montants des prix qui seraient tirés au sort pour agir comme le prix du marché qui sera comparé au CAP. Cette absence d’information permet d’éviter l’influence de la borne supérieure du prix du marché sur le CAP (Bohm et al., 1997).
- [7]
-
[8]
La significativité d’une variable est indiquée par les étoiles liées aux coefficients dans le tableau. Pour une variable, l’hypothèse H0 avec un coefficient nul répond à la robustesse de l’influence de cette variable sur le CAP. Si H0 est acceptée, la variable n’a pas d’influence. Si H0 est refusée, la variable a une influence significative indiquée par des étoiles, avec des valeurs de paramètres indiqués par T de Student suivant une loi de Student.
1L’étiquetage nutritionnel en face-avant des produits agroalimentaires est-il efficace pour améliorer les comportements alimentaires des consommateurs ? Cette question a fait l’objet d’une vive controverse en France en 2017 [1]. En effet, pour contrer les problèmes de surpoids et d’obésité, les pouvoirs publics recommandent aux industriels dans le cadre de la loi Santé de 2017 d’apposer sur leurs produits le dispositif d’information nutritionnelle Nutri-Score [2]. En complément des recommandations européennes, ce format synthétique procure aux consommateurs un accès simple et rapide à l’information sur la qualité nutritionnelle des produits parmi lesquels ils effectuent leur choix en magasin. C’est aussi un repère pratique pour comparer la qualité nutritionnelle des produits au sein d’une même catégorie, sans nécessiter leur prise en main et la lecture des informations détaillées sur l’arrière de l’emballage. Les travaux récents montrent que le Nutri-Score est bien compris et qu’il a la capacité de modifier les comportements d’achat des consommateurs les plus vulnérables (Crosetto et al., 2017 ; Ducrot et al., 2015). L’objectif des politiques publiques est ainsi d’offrir aux consommateurs la possibilité d’effectuer des choix informés et de les orienter en magasin vers les produits de meilleure qualité nutritionnelle, préservant leur santé [3]. Cependant, l’efficacité de cette mesure est remise en cause par des industriels du secteur agroalimentaire qui craignent de voir leurs produits de faible qualité nutritionnelle stigmatisés. C’est en particulier le cas des produits ultra-transformés dont le lien avec l’augmentation du risque de cancer fait l’objet de recherche en Europe (Fiolet et al., 2018).
2Dans un environnement d’hyper-information, chercher à améliorer les comportements alimentaires des consommateurs par un étiquetage nutritionnel comporte en effet trois limites principales (Nabec, 2017). Premièrement, au regard de la complexité de l’offre disponible en GMS, de la densité de l’information commerciale, environnementale et nutritionnelle et des fortes contraintes temporelles, les consommateurs ne peuvent utiliser l’ensemble de l’information disponible (Chalamon et Nabec, 2013). Ils sélectionnent uniquement l’information qui est pertinente avec les objectifs alimentaires qu’ils poursuivent. Cette sélection est source de biais d’inférence qui réduit l’efficacité des étiquetages informationnels (Savoie et al., 2013 ; Wansink et Chandon, 2006). Deuxièmement, la lecture de l’étiquetage nutritionnel est limitée à un groupe d’individus privilégiés qui ont conscience des enjeux santé de la nutrition, qu’Andrews et al. (2011) appellent « l’élite nutritionnelle ». Pourtant, la priorité des pouvoirs publics est de cibler les consommateurs à faible revenu qui sont les plus vulnérables en matière de surpoids et d’obésité (Viswanathan, 2009). Troisièmement, le contexte marketing et commercial dense dans lequel évoluent les consommateurs réduit l’efficacité de l’étiquetage nutritionnel (Block et al., 2011), en particulier, face aux actions commerciales des marques et des distributeurs (Newman et al., 2014).
3Afin d’éclairer le débat public, cet article a pour objectif de comprendre dans quelles conditions marketing l’étiquetage nutritionnel synthétique en face-avant des produits agroalimentaires peut être efficace pour améliorer les choix alimentaires des consommateurs en magasin, notamment les plus vulnérables sur le plan économique. Avec cet objectif, nous analysons les effets du dispositif Nutri-Score adopté en France sur le consentement-à-payer (CAP) des consommateurs à faible revenu. Le CAP est communément utilisé pour mesurer le prix maximal que les consommateurs sont prêts à payer pour un produit disposant de caractéristiques particulières (Lusk et Shogren, 2007). En d’autres termes, c’est un indicateur de la valeur financière qu’ils lui accordent. Il permet d’évaluer la volonté du consommateur de se procurer le produit, relativement aux éléments d’informations sur ses caractéristiques spécifiques. Une étude en laboratoire permet d’analyser les effets de la nature de la marque – marques nationales ou marques de distributeur (MDD) – et du niveau de la qualité nutritionnelle du produit – bonne, moyenne ou faible – sur l’efficacité de l’étiquetage nutritionnel en face-avant des produits, auprès des consommateurs à faible revenu. Les résultats montrent que l’étiquetage nutritionnel en face-avant synthétique Nutri-Score améliore le CAP des consommateurs à faible revenu pour des produits de meilleure qualité nutritionnelle. La diffusion d’explications additionnelles sur le dispositif d’information et sur les enjeux santé de la nutrition permet de renforcer significativement son efficacité. Ce sont principalement les MDD qui profitent de cet effet, au détriment des marques nationales. Parallèlement, l’apposition d’un étiquetage indiquant une moins bonne qualité nutritionnelle diminue le CAP des consommateurs pour les produits, et ce d’autant plus pour les marques nationales que pour les MDD.
Améliorer les comportements alimentaires avec un étiquetage nutritionnel en face-avant des produits : enjeux et limites
4De nombreuses recherches ont été menées ces dernières années en santé publique et en marketing pour comprendre les effets de l’étiquetage nutritionnel en face-avant des produits sur les comportements de consommation (Nabec, 2017 ; Wansink et al., 2009).
Un enjeu de l’étiquetage nutritionnel en face-avant des produits : cibler en priorité les consommateurs à faible revenu
5L’efficacité de l’étiquetage nutritionnel varie selon les individus. Ses lecteurs sont principalement les individus les plus éduqués et ceux disposant d’un revenu plus important. A contrario, les consommateurs les plus vulnérables sur le plan économique – les consommateurs à faible revenu – sont moins enclins à consulter l’information nutritionnelle diffusée sur les emballages des produits agroalimentaires (Encadré 1).
Encadré 1 : Les consommateurs à faible revenu : une cible prioritaire pour les pouvoirs publics en matière d’étiquetage nutritionnel
Selon l’INSEE [b], le revenu disponible médian de la France métropolitaine s’établissait en 2015 à 2 503 euros mensuel. Le concept de niveau de vie est utilisé pour rapporter ce revenu disponible au nombre d’unités de consommation qui composent le ménage. La notion de consommateurs « à faible revenu » est utilisée pour considérer les individus dont le niveau de vie appartient aux deux premiers déciles de la répartition, soit, en 2015, un revenu disponible inférieur à 13 670 euros par an par individu ou 1 139 euros par mois par individu.
6Pour anticiper l’effet d’une intervention sur le marché – telle que l’apposition du logo Nutri-Score – sur le comportement des consommateurs, le consentement-à-payer (CAP) est un indicateur utile. Il correspond au jugement ponctuel de l’utilité d’acquisition du produit par un individu. Il se définit comme le prix maximum que celui-ci consent à payer pour une quantité donnée d’un bien ou d’un service (Wertenbroch et Skiera, 2002). Il indique ainsi la valeur qu’accorde ponctuellement le consommateur au produit, en particulier lorsque les données de marché n’existent pas (Le Gall-Ely, 2009). Dans le cas d’un nouvel étiquetage nutritionnel sur les produits, il traduit le sacrifice monétaire maximum que l’individu accepte de faire au regard des bénéfices à recevoir de l’achat du produit, compte tenu des informations fournies sur ces caractéristiques nutritionnelles. Les recherches montrent en effet que le CAP évolue selon les caractéristiques affichées du produit et ce d’autant plus que l’offre est diversifiée (Sevdalis et Harvey, 2006). Ce sacrifice est perçu comme pertinent à étudier dans le processus de décision des consommateurs à faible revenu car il nécessite des arbitrages impliquants entre les produits.
Faciliter l’accès à l’information nutritionnelle avec un format synthétique et des explications additionnelles
7L’effet de l’étiquetage nutritionnel en face-avant sur le comportement des consommateurs dépend en partie de son format. Les formats synthétiques qui indiquent par un code couleurs, une lettre ou un pictogramme unique, le niveau global de la qualité nutritionnelle du produit sont les plus faciles d’accès. Ils améliorent davantage leur attitude envers les produits sains que les formats descriptifs (Andrews et al., 2011 ; Mérigot et Nabec, 2016). Les feux multicolores permettent aux individus qui ont un faible niveau de self-control de réguler leur consommation de sucres et de graisses (Koenigstorfer et al., 2014) et influencent les évaluations des consommateurs les moins experts en nutrition (Ducrot et al., 2015). Cependant, en matière de nutrition, les éléments d’information positifs n’ont pas un effet symétrique à celui des éléments négatifs (Mérigot et Nabec, 2016).
8Selon la théorie du prospect de Kahnman et Tversky (1979), les pertes et les profits sont différemment valorisés dans les décisions des individus : les pertes ont un impact plus fort que les gains. Certains consommateurs cherchent davantage à éviter les risques liés à un produit que d’autres, relativement aux bénéfices qu’il peut leur procurer (Chalamon et Nabec, 2013). Un élément d’information négatif peut alors avoir un effet plus fort qu’un positif :
- H1a : L’étiquetage nutritionnel en face-avant de format synthétique accroît le CAP des consommateurs à faible revenu pour des produits de meilleure qualité nutritionnelle.
- H1b : L’étiquetage nutritionnel en face-avant de format synthétique décroit le CAP des consommateurs à faible revenu pour des produits de moins bonne qualité nutritionnelle.
- H1c : La diminution du CAP des consommateurs à faible revenu pour obtenir un produit de faible qualité nutritionnelle avec un étiquetage en face-avant synthétique est plus forte que son amélioration pour obtenir un produit de meilleur qualité nutritionnelle.
9Des explications additionnelles sont aussi nécessaires pour indiquer aux consommateurs comment mobiliser un nouveau dispositif d’information tel que l’étiquetage Nutri-Score et les sensibiliser aux enjeux de la nutrition sur la santé. Elles permettent d’accroitre la valeur qu’ils accordent à l’information diffusée sur le produit de bonne qualité nutritionnelle. Par exemple, l’usage des mots précis « faible » ou « fort » améliore l’effet des feux multicolores multiples sur leur compréhension par les consommateurs (Julia et al., 2016).
- H2a : La diffusion d’explications additionnelles sur le dispositif d’étiquetage nutritionnel renforce son impact (positif ou négatif) sur le CAP des consommateurs à faible revenu.
- H2b : La diffusion d’explications additionnelles sur les liens nutrition-santé renforce l’impact (positif ou négatif) de l’étiquetage sur le CAP des consommateurs à faible revenu.
Contrer les effets des actions marketing des marques
10Le contexte marketing dans lequel évoluent les consommateurs peut – ou non – leur donner l’opportunité de lire l’étiquetage nutritionnel. En effet, l’emballage du produit, sa taille, son prix et le discours des marques créent un contexte d’achat plus ou moins favorable à la prise en compte de la qualité nutritionnelle dans les choix alimentaires (Chandon et Wansink, 2012). En particulier, le positionnement de la marque influence le risque nutritionnel perçu par les individus associés à la consommation des produits (Laporte et al., 2015). On peut penser que le risque perçu associé aux produits de MDD est plus fort que celui associé aux produits de marque nationale. En effet, le capital-marque associé aux marques nationales est plus fort que celui des MDD : elles capitalisent davantage de valeur sur leur notoriété, leur image et une clientèle fidèle qui sera moins sensibles aux prix et aux caractéristiques intrinsèques des produits. La marque agit alors comme une heuristique de choix qui permet à l’individu d’éviter de considérer le détail de l’évaluation des attributs du produit. L’effet d’un Nutri-Score indiquant une qualité nutritionnelle plus faible (orange foncé / E) surprendra alors les consommateurs qui accordent une valeur à la marque nationale et l’utilisent comme une heuristique de choix. En revanche, un logo Nutri-Score indiquant une meilleure qualité nutritionnelle (vert/A) n’influencera pas la valeur accordée par les consommateurs au produit, car il sera conforme à leurs attentes. Celui-ci renforcera en revanche la valeur accordée aux produits de MDD, positionnés sur un prix plus bas que celui des marques nationales, cela pouvant être perçu au détriment de la qualité du produit.
- H3 : L’effet (positif ou négatif) de l’étiquetage nutritionnel synthétique en face-avant sur le CAP des consommateurs à faible revenu est plus fort pour les MDD que pour les marques nationales.
Les effets d’un étiquetage nutritionnel synthétique en face-avant des produits agroalimentaires sur le consentement-à-payer (CAP) des consommateurs
Les effets d’un étiquetage nutritionnel synthétique en face-avant des produits agroalimentaires sur le consentement-à-payer (CAP) des consommateurs
Méthodologie
11L’effet de l’étiquetage nutritionnel sur le comportement des consommateurs varie selon 1) les caractéristiques des formats de l’étiquetage nutritionnel mobilisé, 2) les individus prioritairement ciblés par ces mesures et 3) le contexte marketing dans lequel les produits sont commercialisés (Nabec, 2017). Afin de contrôler ces paramètres, cette recherche porte sur l’analyse des effets du format synthétique d’étiquetage nutritionnel Nutri-Score préconisé en France par la Loi Santé 2017 dans le contexte d’achat spécifique d’un paquet de céréales pour le petit-déjeuner par les consommateurs à faible revenu. La méthodologie de la recherche est présentée en détaillant successivement le protocole de l’étude empirique, les produits et leur niveau de qualité nutritionnelle, les explications diffusées, l’échantillon, la mesure du CAP et enfin le déroulé de l’étude.
Protocole d’étude en laboratoire
12Nous avons mené une étude en laboratoire en région parisienne au cours du mois de juin 2017 [4]. L’avantage principal d’une étude en laboratoire (appelée également lab experiment en sciences économiques) comparée à une expérience de terrain (field experiment) réside dans le contrôle précis des informations révélées aux participants. Les études de terrain montrent que les consommateurs dans les supermarchés présentent les caractéristiques suivantes (Marette et al., 2011) : une mémorisation imparfaite des informations reçues, un manque de temps avant d’acheter les produits, un grand nombre de produits achetés ou/et la confusion face aux informations complexes. Ceci rend les informations complexes relativement inutiles pour les consommateurs dans un contexte d’achat réel. L’étude en laboratoire était donc pertinente pour mesurer l’impact du dispositif Nutri-Score et celui d’explications complémentaires sur le CAP.
Le choix des produits
13L’étude s’est focalisée sur le choix de paquets de céréales pour le petit déjeuner (Annexe 1). L’offre de céréales pour le petit-déjeuner est variée dans les linéaires des supermarchés et elle se caractérise par une diversité de produits couvrant tous les scores du système de classement Nutri-Score [5]. Nous avons sélectionné trois produits de marque nationale, proposés par des multinationales de l’agroalimentaire et trois produits de marques de distributeur. Nous avons choisi des produits ayant les Nutri-Score A, C et E (en évitant les scores intermédiaires B et D), avec pour chacun, un produit de marque nationale et un produit de MDD (Tableau 1).
Choix des marques sélectionnées
Marque nationale | MDD | |
---|---|---|
Nutri-Score vert/A | Quaker | Carrefour |
Nutri-Score jaune/ C | Jordans | U |
Nutri-Score orange foncé / E | Kellogg’s | Auchan |
Choix des marques sélectionnées
La sélection de l’échantillon
14L’échantillon est constitué de 86 personnes âgées entre 18 et 63 ans. Les participants ont été recrutés parmi les personnels administratifs de la Mairie de Chatenay-Malabry, ceux l’Université Paris-Sud et des étudiants dans des formations en apprentissage de la faculté (disposant ainsi d’un revenu propre). Lors du recrutement, au préalable de l’étude, un entretien court était réalisé avec chaque participant pré-supposé afin de vérifier deux prérequis : le fait qu’il achetait au moins occasionnellement des céréales pour le petit-déjeuner ou qu’il en consommait et le fait que leur niveau de vie individuel mensuel était inférieur à 1 100 €. Les 86 participants répondent ainsi à ces deux critères. Chaque participant a déclaré le revenu net dont disposait son foyer par mois pour vivre (salaires, allocations familiales et autres ressources comprises) en indiquant la tranche parmi les 8 proposées dans laquelle il était inclus (1/ moins de 1 000 € ; 2/ entre 1 000 et 1 500 € ; 3/ entre 1 501 et 2 000 € ; 4/ entre 2 001 et 2 500 € ; 5/ entre 2 501 et 3 000 € ; 6/ entre 3 001 et 3 500 € ; 7/ entre 3 501 et 4 000 € ; 8/ Plus de 4 000 €). Il mentionnait également le nombre total de personnes vivant dans son foyer ainsi que le nombre d’enfants. Au regard de ces informations, nous avons procédé en deux étapes. Tout d’abord, nous nous sommes assurés que les participants avaient déclaré disposer d’un revenu net mensuel pour leur foyer inférieur à 4 000 € (la 8e tranche). Puis nous avons estimé le niveau de vie de chaque participant en rapportant sa classe de revenu mensuel net disponible au nombre d’unités de consommation qui le compose. Nous avons ainsi vérifié que l’échantillon final était constitué de 86 répondants qui, selon leurs déclarations, disposaient d’un revenu faible, c’est-à-dire, dont le niveau de vie est inférieur à 1 139 € mensuel (Encadré 1).
La mesure du consentement-à-payer (CAP) des consommateurs
15Pour mesurer le consentement-à-payer (CAP) des participants, nous avons adopté la méthodologie BDM (Becker, DeGroot et Marschak, 1964) qui permet de déterminer les préférences des participants, en se basant sur un mécanisme incitatif (Becker et al., 1964). Avec ce mécanisme, la question exacte déterminant le CAP et à laquelle devait répondre chaque participant était : « Quel est le prix maximum que vous êtes prêt(e) à payer pour ce produit ? ». Chaque répondant indiquait plusieurs CAP durant les différentes étapes de la séance. Il était précisément expliqué au début de la séance qu’avec la procédure BDM, chacune des CAP pouvait être tirée au hasard et comparé à un prix d’achat tiré au sort entre 0,1 € et 5 € à la fin de la séance. Si le CAP indiqué par le participant était inférieur au prix d’achat tiré au sort, il n’achetait pas le produit mais il repartait avec les 15 € de rétribution. Au contraire, si le CAP était supérieur à ce prix, il devait acheter le produit, et il repartait avec son paquet et les 15 € de rétribution moins le prix d’achat. Il leur a aussi été précisé qu’ils avaient la possibilité de mettre 0 € pour indiquer qu’ils ne souhaitaient pas procéder à l’achat du produit ou 15 € pour être certain de pouvoir acheter le produit.
16Cette procédure incitative est supposée révéler des CAP non-biaisés, car elle repose sur un achat potentiel réel. En dépit de ce mécanisme incitatif, plusieurs auteurs ont montré une certaine variabilité des CAP pour les produits. Par exemple, Ariely et al. (2003) ont montré que les CAP, au lieu d’être stables, sont le plus souvent arbitraires. En d’autres termes, les CAP des produits sont sensibles dans l’absolu à un ensemble d’influences difficiles à contrôler en laboratoire. En revanche, plusieurs contributions ont montré que les variations marginales des CAP, notamment pour la qualité d’un produit, sont stables. Lusk et Schroeter (2007) ont montré que le CAP marginal pour un changement de qualité d’un produit n’est, en général, pas statistiquement différent entre un contexte expérimental et un contexte réel. De plus, les variations de CAP provenant de messages sur la qualité des produits sont également stables, quelle que soit l’organisation des expériences. Cela confère une validité aux études en laboratoire pour la mesure des CAP marginaux liés à des attributs de qualité et à la révélation d’information.
Le déroulé de l’étude
17Préalablement au commencement de chaque séance d’étude, la salle était préparée. Les tables des participants étaient numérotées et espacées pour nous permettre de circuler aisément entre elles. Sur chaque table, nous disposions les six paquets de céréales en tas dans le coin supérieur gauche, un stylo et une pochette permettant la collecte des fichiers de réponse qui seraient successivement remplies par les participants (Annexe 2). Une fois les tables prêtes, les participants entraient et s’installaient à une table de leur choix.
18L’étude pouvait alors commencer. En introduction, nous précisions aux participants que les réponses étaient anonymes (car les participants étaient uniquement identifiés par le numéro de la table) et qu’ils seraient rétribués de 15 € à l’issue de la session. Nous leur avons expliqué le mécanisme BDM de mesure des CAP en prenant l’exemple d’une barre chocolatée [6]. Puis nous leur avons indiqué qu’ils auraient la possibilité d’acheter un seul paquet de céréales tiré au sort. Tous ces éléments étaient écrits sur un document que nous avons distribué aux participants, et qu’ils ont lu et signé. Les quatre étapes de recueil des données de l’étude démarraient alors. A la première étape, les participants pouvaient alors prendre en main et manipuler les six paquets de céréales neufs pendant 2 minutes, sans les ouvrir (la dégustation n’était pas autorisée). Aucune information nutritionnelle additionnelle n’était fournie en dehors du tableau nutritionnel traditionnel à l’arrière du paquet. Les participants indiquaient alors leurs CAP pour chacun des six produits sur un premier document, sur lequel les photos des paquets de céréales étaient présentées sans Nutri-Score. A la fin de l’étape 1, il était demandé aux participants de rester silencieux trois minutes, le temps de préparation de l’étape suivante.
19Au début de l’étape 2, les organisateurs géraient l’apposition des logos Nutri-Score imprimés en couleurs sur des étiquettes Post-it de 5 x 3 cm en les collant de manière systématique en bas à gauche de chaque paquet de céréales (Annexe 1). Afin d’éviter toute erreur, nous affichions successivement les notes A, C puis E. Les participants pouvaient alors reprendre en main les paquets sur lesquels le Nutri-Score était désormais apposé et évaluer leur CAP sur le nouveau document qui leur était distribué, sur lequel étaient présentées les photos des six paquets avec Nutri-Score (étape 2).
20A l’étape 3, puis à l’étape 4, nous donnions, à l’oral et à l’écrit, des explications complémentaires sur le dispositif d’information, puis sur la relation nutrition-santé (Encadré 2). La révélation d’information successives aux étapes 2 (avec les Post-it), et aux étapes 3 et 4 (avec les explications) était progressive. Cet ordre de révélation ne se prêtait pas à des variations d’ordre entre sous-groupes, via une « randomization », car l’étape 2 avec les Post-it devait précéder les étapes d’explications détaillées. Au sein des explications détaillées, les précisions sur Nutri-score à l’étape 3 précédaient logiquement les explications générales sur la nutrition à l’étape 4.
Encadré 2 : Explications additionnelles sur le dispositif d’information nutritionnelle Nutri-Score (étape 3) et sur la relation nutrition-santé (étape 4)
Nutri-Score est un logo destiné à informer le consommateur d’un coup d’œil, sur la qualité nutritionnelle du produit. Il prend en compte la valeur énergétique (calories) du produit et les teneurs en matières grasses (dont les acides gras saturés), en protéines, en glucides (dont les sucres) et en sel.
Nutri-Score permet de répartir les produits alimentaires en cinq classes, avec une note globale (A, B, C, D, E) et une couleur. Les cinq couleurs apparaissent sur l’emballage, avec une « loupe » sur la couleur et la lettre attribuées au produit. Avec les 3 exemples ci-dessous, l’étiquette de gauche (lettre A et couleur verte) signale une meilleure qualité nutritionnelle que l’étiquette du centre (lettre C et couleur jaune). Cette étiquette du centre (lettre C et couleur jaune) signale une meilleure qualité nutritionnelle que l’étiquette de droite (lettre E et couleur orange foncé).
La qualité nutritionnelle des produits alimentaires que vous consommez joue un rôle primordial pour préserver votre capital santé. Bien manger, c’est adopter une alimentation variée et équilibrée, c’est-à-dire manger de tout mais en quantités adaptées. Le logo Nutri-Score contribue à améliorer la qualité de vos choix nutritionnels. Il vous aide notamment à privilégier les aliments bénéfiques à notre santé, et à limiter la consommation de produits sucrés, salés et gras. Associée à une activité physique régulière, une alimentation de bonne qualité nutritionnelle permet de lutter contre le risque de surpoids et réduit un certain nombre de problème de santé, comme l’excès de cholestérol, le diabète de type 2, les cancers et les maladies cardiovasculaires.
21Les participants indiquaient leurs CAP sur les documents spécifiques qui leur étaient distribués. Afin d’éviter un biais de classement dans les réponses, les produits avec le Nutri-Score jaune/C étaient placés dans un tableau sur la ligne du haut, puis, en-dessous, ceux avec le Nutri-Score orange foncé/E et ceux avec le Nutri-Score vert/A. Les participants indiquaient aussi leur profil socio-démographique et leurs connaissances générales en matière de nutrition. A la fin du protocole, nous donnions la rétribution promise de 15 €. Puis, conformément au mécanisme BDM, nous leur donnions individuellement la possibilité d’acheter un produit. Nous effectuions alors le tirage au sort du produit proposé à l’achat et de son prix d’achat compris entre 0,10 € et 5 €. Les participants décidaient au regard de leur CAP pour ce produit de l’acheter ou non (fin de l’étude).
Le choix des explications additionnelles diffusées aux consommateurs
22Nous précisons les informations supplémentaires données aux étapes 3 et 4. D’après Wansink et al. (2004), les messages relativement simples sont plus efficaces que des messages longs comportant des informations complexes. En nous appuyant sur les informations diffusées par le programme national nutrition santé (PNNS) [7] et ses éléments de langage, nous avons donc apporté de brèves explications sur le dispositif d’information nutritionnelle Nutri-Score ainsi que sur la relation nutrition-santé (Encadré 2).
Résultats
23Les analyses des CAP pour les produits ainsi que leur évolution au cours des étapes de l’étude sont présentées ci-après (Tableaux 2 et 3, Figure 2).
CAP moyens des consommateurs à faible revenu pour un paquet de céréales
CAPs moyens des consommateurs à faible revenu selon les étapes de l’étude | ||||
---|---|---|---|---|
Variables explicatives | Sans Nutri-Score Etape #1 | Nutri-Score seul Etape #2 | Nutri-Score + explications sur le dispositif Etape #3 | Nutri-Score + explications sur nutrition-santé Etape #4 |
Marque nationale vert/A | 2,34 | 2,46 | 2,55 | 2,50 |
MDD vert/A | 1,61 | 1,86 | 1,98 | 2,02 |
Marque nationale jaune/C | 2,64 | 2,42 | 2,33 | 2,21 |
MDD jaune/C | 1,70 | 1,73 | 1,66 | 1,65 |
Marque nationale orange foncé/E | 2,27 | 1,85 | 1,53 | 1,48 |
MDD orange foncé/E | 1,69 | 1,44 | 1,22 | 1,20 |
CAP moyens des consommateurs à faible revenu pour un paquet de céréales
Consentement-à-payer (CAP) des consommateurs envers les produits selon le niveau d’information nutritionnelle diffusée
Consentement-à-payer (CAP) des consommateurs envers les produits selon le niveau d’information nutritionnelle diffusée
Note : Le test Wilcoxon compare les échantillons appariés pour chaque produit entre les étapes de diffusion de l’information nutritionnelle aux consommateurs. Δ* : significatif à 5% ; Δ** significatif à 1%.Estimation du CAP des consommateurs à faible revenu pour un paquet de céréales (une seule régression de type Tobit à effets aléatoires)
Variables expliquées CAP des consommateurs à faible revenu et variations selon les étapes de diffusion de l’information | ||||
---|---|---|---|---|
Variables explicatives | Sans Nutri-Score Etape #1 | Nutri-Score seul Etape #2 (1/0) | Nutri-Score + explications sur le dispositif Etape #3 (1/0) | Nutri-Score + explications sur nutrition-santé Etape #4 (1/0) |
Marque nationale vert /A | 2,201** (0,106) | 0,135 (0,146) | 0,239 (0,146) | 0,183 (0,146) |
MDD vert/A | 1,342** (0,111) | 0,290 (0,151) | 0,428** (0,151) | 0,466** (0,151) |
Marque nationale jaune/C | 2,528** (0,106) | –0,249 (0,146) | –0,343** (0,146) | –0,471** (0,146) |
MDD jaune /C | 1,458** (0,034) | 0,038 (0,151) | –0,030 (0,151) | –0,053 (0,151) |
Marque nationale orange foncé/E | 2,105** (0,107) | –0,483** (0,149) | –0,914** (0,151) | –0,973** (0,151) |
MDD orange foncé/E | 1,452** (0,109) | –0,311** (0,152) | –0,591** (0,153) | –0,627** (0,153) |
Stand. devi ε | 0,936** (0,016) | |||
Stand. dev. µ | 0,893** (0,021) | |||
Observations | N=2064 | |||
Log likelihood | –2631,03 |
Estimation du CAP des consommateurs à faible revenu pour un paquet de céréales (une seule régression de type Tobit à effets aléatoires)
Légende : ** : significatif à 1% ; * : significatif à 5%. Ecart type donné entre parenthèses.Les effets du logo Nutri-Score et des informations additionnelles sur le consentement à payer des consommateurs à faible revenu
24Les CAP moyens des consommateurs à faible revenu pour les produits sont analysés selon le niveau spécifique de Nutri-Score à la fois dans le tableau 2 et représentés en trois graphiques de la figure 2. Pour chaque graphique, les étapes sont en abscisses et les CAP moyens en euros sur l’axe des ordonnées. Des tests de Wilcoxon comparant les échantillons appariés pour chaque produit entre deux étapes successives indiquent en complément la significativité de l’effet de l’étiquetage nutritionnel en face-avant sur les CAP des consommateurs à faible revenu. Les CAP moyens évoluent significativement selon le niveau d’information nutritionnelle qui est diffusée. L’apposition d’un logo Nutri-Score vert avec la lettre A (étape 2) augmente significativement le CAP pour les produits de bonne qualité nutritionnelle (relativement à leur CAP sans Nutri-Score dans l’étape 1) (H1a validée). Parallèlement, l’apposition d’un logo Nutri-Score orange foncé associé à la lettre E diminue significativement leur CAP pour des produits de moins bonne qualité nutritionnelle (H1b validée). Il est à noter que l’apposition d’un Nutri-Score jaune associé à la lettre C (qualité moyenne) diminue significativement le CAP des consommateurs à faible revenu pour les produits de marque nationale. Il n’influence pas en revanche significativement celui pour les produits de MDD.
25Les explications additionnelles procurées aux participants sur le dispositif Nutri-Score (étape 3) améliorent significativement l’effet de Nutri-Score vert/A et de Nutri-Score orange foncé/E sur le CAP des participants (H2a validée). L’effet négatif d’un score moyen de Nutri-Score (jaune/C) sur le CAP des participants est significativement renforcé par les explications sur le dispositif d’information pour les produits de marque nationale mais pas pour ceux des MDD. Quant à ces dernières, la diffusion des explications additionnelles sur les enjeux santé de la nutrition (étape 4) n’améliore pas significativement l’effet d’un Nutri-Score positif ou négatif sur le CAP des participants (H2b non-validée). Néanmoins, ces informations viennent significativement renforcer la détérioration du CAP pour les produits de marque nationale étiquetés d’un Nutri-Score jaune/C.
Evolution des consentements à payer des consommateurs selon les niveaux de diffusion de l’information nutritionnelle
26Une estimation économétrique du CAP des consommateurs a été réalisée pour confirmer les résultats précédents (Tableau 3). Elle permet de mesurer précisément, pour chaque participant, les variations du CAP provenant de l’information révélée lors des étapes successives, en regroupant les observations correspondant aux CAP déclarés à chaque étape du protocole. Étant donné que chaque participant a écrit quatre CAP pour un produit (soit 24 CAP pour les 6 produits), les erreurs liées à ces CAP sont potentiellement corrélées pour chaque participant. L’effet aléatoire impose des contraintes sur la structure de la matrice de variance-covariance liée à la régression. De plus, un CAP ne pouvant pas être négatif, nous utilisons l’estimateur Tobit à effets aléatoires (Tobit model with random effects) pour tester l’influence du dispositif Nutri-Score et des explications additionnelles sur les CAP. Ainsi, les produits sont identifiés par une variable « dummy » égale à 1 pour un produit donné et à zéro dans le cas contraire. Les informations révélées à une étape précise sont identifiées par une variable « dummy » égale à 1, pour une étape spécifique (et 0 sinon). Cela conduit à un ensemble de vecteurs constitués de 1 et 0, et qui peuvent être combinés entre eux pour mesurer l’effet des étapes d’information sur un produit particulier. Pour un participant i, la variable expliquée CAPiP,R représente le CAP en € pour un produit P (parmi les 6 paquets de céréales) et pour les étapes R avec R={1,…,4}. XR,i est la matrice des variables explicatives de type « dummy » (1/0) indiquant les niveaux d’informations et les types de produits. Le modèle Tobit à effets aléatoires peut être écrit comme suit :
28avec les paramètres β0 et β1 estimés, et εR,i le terme d’erreur.
29En raison du nombre de variables prises en compte, les coefficients mesurant les interactions entre les différentes étapes et un produit spécifique sont présentés sur une ligne spécifique, mais l’ensemble du tableau ne présente qu’une seule et unique régression. Pour un produit donné, le coefficient lié à un niveau d’information mesure l’impact de cette information sur le CAP de ce produit [8].
30La première colonne indique le CAP pour chaque produit en l’absence de Nutri-Score et en l’absence d’explications additionnelles (étape 1). Par exemple, le premier coefficient en haut à droite (2,201) signifie que le CAP moyen est de 2,201 pour la marque nationale A/vert (1/0). Sur la même ligne, le deuxième coefficient (0,135) estime l’impact de la variable « Marque Nationale A/vert » (1/0) multiplié par la variable « dummy » égale à 1 si le CAP a été déterminé à l’étape 2 et zéro autrement. S’il était significatif, ce coefficient signifierait que l’augmentation du CAP moyen serait de 0,135 pour la marque nationale A/vert, avec le Nutri-Score révélé à l’étape 2 (mais ce coefficient n’est pas significatif, indiquant une absence d’influence du Nutri-Score à l’étape 2 sur ce produit). En regardant la première colonne, on voit que toutes les variables sont statistiquement significatives, indiquant une hiérarchisation des marques. Le CAP pour les marques nationales est plus élevé que celui pour les MDD, ce qui est cohérent avec la hiérarchie des prix de marché. Les autres colonnes indiquent les impacts des étapes 2, 3 et 4 pour lesquelles des informations étaient successivement révélées aux participants. La révélation du Nutri-Score à l’étape 2 (2e colonne) a uniquement un effet statistiquement significatif sur le CAP des produits classés E/orange foncé. Le CAP des autres produits ne change pas significativement avec le Nutri-Score. Cela confirme la sensibilité des consommateurs à l’information à valeur relative négative.
Des effets modérés par le niveau de qualité nutritionnelle du produit et la nature de la marque
31Les effets modérateurs du niveau de qualité nutritionnelle du produit et de la nature de la marque sur les relations entre la diffusion d’information nutritionnelle et les évolutions du CAP des consommateurs à faible revenu, ont été testés par une analyse multi-variée à deux facteurs pour évaluer leurs effets conjoints (Tableau 4) (Tabachnick et Fidell, 2007). Au total, quatre modèles ont été testés : l’évolution du CAP suite à l’apposition du logo Nutri-Score (Modèle 1 : évolution entre les étapes 1 et 2), l’évolution du CAP suite à l’apposition aux explications additionnelles sur le dispositif d’information (Modèle 2 : évolution entre les étapes 3 et 2), l’évolution du CAP suite aux explications additionnelles sur les enjeux santé de la nutrition (Modèle 3 : évolution entre les étapes 4 et 3), l’évolution du CAP suite à la diffusion de l’information nutritionnelle en totalité (du logo Nutri-Score et des explications additionnelles) (Modèle 4 : évolution entre les étapes 4 et 1). Les quatre modèles sont significatifs (Modèle 1 : F = 27,385 ***, R2 = 15,1% ; Modèle 2 : F = 13,006 ***, R2 = 10,7% ; Modèle 3 : F = 1,160 *, R2 = 1,1% ; Modèle 4 : F = 86,076 ***, R2 = 26,2%).
Analyses des effets de la nature de la marque et du niveau de qualité nutritionnelle sur les écarts moyens des CAP entre les étapes de diffusion de l’information (Analyse de variances multivariée)
Variables à expliquer – F (sign) N=518 observations | Modèle 1 (Ecart entre étape 2 et étape 1) | Modèle 2 (Ecart entre étape 3 et étape 2) | Modèle 3 (Ecart entre étape 4 et étape 3) | Modèle 4 (Ecart entre les étapes 4 et 1) |
---|---|---|---|---|
Modèle corrigé | 27,385 *** | 13,006 *** | 1,160 * | 86,076 *** |
Constante | 3,322 (ns) | 3,322 (ns) | 0,708 (ns) | 20,131 (ns) |
Qualité nutritionnelle (QN) | 22,728 *** | 12,476*** | 0,290 (ns) | 73,147 *** |
Marque | 4,369 *** | 0,361 (ns) | 6,726* | 12,552 *** |
QN * marque | 0,288 (ns) | 0,170 (ns) | 0,143 (ns) | 0,376 (ns) |
R2 | 15,1% | 10,7% | 1,1 % | 26,2% |
Analyses des effets de la nature de la marque et du niveau de qualité nutritionnelle sur les écarts moyens des CAP entre les étapes de diffusion de l’information (Analyse de variances multivariée)
Analyses des écarts moyens des CAP entre les étapes de diffusion de l’information
Analyses des écarts moyens des CAP entre les étapes de diffusion de l’information
32Au regard des résultats, on constate que le niveau de qualité nutritionnelle du produit influence significativement l’évolution du CAP des consommateurs à faible revenu suite à l’opposition du logo Nutri-Score (Modèle 1 : F = 22,728 ***) et aux explications additionnelles sur le dispositif d’information (Modèle 2 : F = 12,476 ***). En revanche, il n’a pas d’effet sur l’évolution du CAP suite à la deuxième série d’explications additionnelles relatives aux enjeux santé de la nutrition (Modèle 3 : F = 0,290 ns). De manière globale, l’évolution du CAP pour des produits agroalimentaires suite à la diffusion d’information nutritionnelle dépend de leur niveau de qualité nutritionnelle (Modèle 4 : F = 73,147 ***) : la diffusion d’information n’a pas un impact significatif sur le CAP pour les produits classés A/vert, alors qu’elle a un impact négatif systématique pour les produits classés E/orange foncé. L’étiquetage nutritionnel en face-avant et la diffusion d’explications additionnelles ont un impact négatif sur les produits de faible qualité nutritionnelle, alors qu’ils ont un faible effet positif sur les produits de bonne qualité.
33La nature de la marque du produit agroalimentaire influence également significativement l’évolution du CAP des consommateurs à faible revenu suite à l’apposition du logo Nutri-Score (Modèle 1 : F = 4,369 ***). En revanche, elle n’a pas d’effet sur l’évolution du CAP suite aux explications additionnelles sur le dispositif d’information (Modèle 2 : F = 0.361 ns) ou à la deuxième série d’explications additionnelles relatives aux enjeux nutrition santé (Modèle 3 : F = 0,726 ns). De manière globale, l’évolution du CAP pour des produits suite à la diffusion d’information nutritionnelle dépend de la nature de la marque (Modèle 4 : F = 12,552***) : les effets de l’information ne sont pas significatifs pour les produits classés vert/A, de la marque nationale, alors qu’ils le sont pour ceux des MDD. Cela confirme que l’apposition du Nutri-Score peut contribuer à améliorer le CAP pour les produits des MDD de manière plus importante que pour ceux des marques nationales. En ce qui concerne les produits classés jaune/C, l’apposition du Nutri-Score a un impact significatif et négatif uniquement pour les marques nationales, mais pas pour les MDD. Concernant les produits classés orange foncé/E, les coefficients sont plus élevés en valeur absolue pour la marque nationale que ceux pour la MDD (H3), ce qui confirme un impact plus négatif pour la marque nationale que pour la MDD.
Discussion et conclusion
34Cette recherche permet de comprendre les effets d’un étiquetage nutritionnel synthétique en face-avant des produits agroalimentaires – tel que ceux du dispositif Nutri-Score proposé par la loi santé en 2017 en France – sur le consentement-à-payer (CAP) des consommateurs à faible revenu. Elle montre que l’apposition du Nutri-Score améliore le CAP pour des produits de meilleure qualité nutritionnelle et, réciproquement, détériore le CAP pour des produits de plus faible qualité nutritionnelle. L’effet du logo Nutri-Score est renforcé par la diffusion d’explications additionnelles sur le fonctionnement du dispositif d’information nutritionnelle. En revanche, son efficacité n’est pas augmentée par un autre complément d’information relative aux enjeux de la nutrition sur la santé. Cet effet positif d’un Nutri-Score Vert / A est significativement plus fort pour les MDD que pour les marques nationales. Inversement, l’effet négatif d’un Nutri-Score orange foncé/E est plus fort pour les marques nationales que pour les MDD. Il est à noter que l’apposition d’un logo indiquant une note moyenne jaune/C diminue le CAP pour des produits de marques nationales, mais qu’elle n’affecte pas négativement celui pour des produits de MDD.
35Les étapes de cette étude correspondent en partie à la réalité d’une intervention des politiques publiques d’information nutritionnelle des consommateurs. En effet, les consommateurs font actuellement leur choix en magasin parmi des produits agroalimentaires sans Nutri-Score. La mise en œuvre volontaire de la mesure par les industriels les conduit subitement à se confronter à des produits sur lesquels sont apposés le logo Nutri-Score. Puis, en s’intéressant à ce dispositif, ils découvrent sur Internet, dans la presse ou sur des prospectus qui leur sont distribués, des explications additionnelles sur le fonctionnement du dispositif et sur la relation nutrition-santé. Cette recherche permet ainsi de cerner les effets des mesures d’information successives sur leur comportement de choix et leur CAP pour les produits.
36D’un point de vue managérial, cette recherche montre que l’étiquetage nutritionnel synthétique en face-avant a un impact à la fois sur les MDD et sur les marques nationales. D’un côté, les MDD peuvent bénéficier de l’adoption du dispositif Nutri-Score : celui-ci permet de renforcer la valeur perçue de leurs produits de meilleure qualité nutritionnelle relativement à celle des produits concurrents des marques nationales. Par ailleurs, il détériore la valeur de leurs produits de faible qualité nutritionnelle, mais moins que pour les marques nationales. Et il n’affecte pas le CAP pour des produits de qualité nutritionnelle moyenne. De l’autre côté, en adoptant le dispositif Nutri-Score, les marques nationales prennent le risque de détériorer la valeur perçue de leurs produits de plus faible qualité nutritionnelle ou de qualité moyenne. En revanche, leurs produits de meilleure qualité nutritionnelle bénéficient de l’apposition d’un Nutri-Score positif, mais cet effet est de moindre envergure que celui dont bénéficient les MDD.
37Pour les pouvoirs publics, cette recherche montre que le dispositif Nutri-Score permet d’orienter les consommateurs à faible revenu vers les produits de meilleure qualité nutritionnelle des marques nationales ou des MDD. Il leur permet d’identifier les produits de faible ou moyenne qualité nutritionnelle dont il est recommandé de réduire les quantités consommées. Les explications additionnelles par rapport à l’étiquetage nutritionnel en face-avant (étape 2) sont nécessaires pour renforcer l’efficacité de l’intervention : les seules mesures d’étiquetage nutritionnel en face-avant ne suffisent pas. Ainsi, si la littérature antérieure identifie des limites quant à l’efficacité de l’étiquetage nutritionnel en face-avant quant au format, à la cible de population visée et au contexte marketing, le dispositif Nutri-Score permet de les contourner en renforçant la valeur financière accordée par les consommateurs à faible revenu aux produits de bonne qualité nutritionnelle, et en diminuant celle qu’ils accordent aux produits de plus faible qualité nutritionnelle (ou de qualité moyenne).
38L’efficacité de l’apposition du logo Nutri-Score exprimée par des changements significatifs dans leur CAP explique l’intérêt des consommateurs pour des sites web comme Yuka et leur application mobile française qui offre une évaluation nomade des produits en rayon (voir https://yuka.io/). Ces applications risquent de se multiplier à l’avenir, et il est important de comprendre en détails les motivations des consommateurs. Notre étude a notamment montré la forte sensibilité des consommateurs au logo Nutri-Score orange foncé / E signalant des produits de plus faible qualité nutritionnelle. Cette réaction doit faire l’objet de plus de travail à l’avenir pour comprendre les incitations des consommateurs et des entreprises. Si l’affichage du Nutri-Score sur les produits agroalimentaires était rendu obligatoire, cela permettrait d’informer également les consommateurs de la présence de ces produits avec un score orange foncé/E.
39La méthode conçue dans cette recherche peut être facilement répliquée pour des études en marketing. Les mécanismes BDM ou d’enchères similaires à celui mobilisé dans cette recherche sont utilisés sur Internet pour que des entreprises comme Veylinx (voir https://veylinx.com/) testent de nouveaux produits. Ainsi, les méthodes expérimentales peuvent accompagner l’introduction de nouveaux dispositifs d’information (labels eco-cert, consignes de tri des déchets, application d’information santé, etc.). La recherche en marketing pourrait amplifier son travail dans ce domaine. Cependant, cette recherche présente des limites principalement liées à la mobilisation d’une méthodologie d’étude en laboratoire qui, par définition, ne reproduit pas l’ensemble des conditions réelles de choix des consommateurs en magasin. De ce fait, il existe un biais de focalisation lié à la présence de peu de produits et à la visibilité accrue du Nutri-Score dans le laboratoire par rapport à une situation dans le commerce. Le nombre de participants est limité au vu de la complexité matérielle de l’organisation du recueil de données, notamment pour le financement du protocole BDM et des six produits pour chacun des participants à chaque session. En cohérence avec la problématique de la recherche, l’étude a été réalisée sur un échantillon exclusif de consommateurs à faible revenu. Il serait intéressant à ce stade de reproduire cette étude sur un point de vente – in situ – auprès d’un échantillon plus large de consommateurs présentant des niveaux de revenus variés.
Remerciements
La recherche a été financée par la Maison des Sciences de l’Homme (MSH) de l’Université Paris-Saclay, avec le soutien du centre de recherche en Economie et Gestion Réseau, Innovation, Territoire et Mondialisation (RITM – EA 7360) de l’Université Paris-Sud. Les auteurs remercient particulièrement les personnels du Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) de la Mairie de Chatenay-Malabry (Hauts-de-Seine), ceux de la Faculté Jean Monnet et l’IUT de Sceaux (Hauts-de-Seine) de l’Université Paris-Sud/Paris-Saclay, ainsi que les étudiants des formations en apprentissage qui ont participé à l’étude en laboratoire.Annexe 1 : Les produits sélectionnés
Annexe 2 : Le design de l’étude en laboratoire
Installation des tables pour l’étude
Installation des tables pour l’étude
Faculté Jean Monnet à Sceaux (92), le 13 juin 2017
Faculté Jean Monnet à Sceaux (92), le 13 juin 2017
Centre Communal d’Action Sociale de Chatenay-Malabry (92), le 14 juin 2017
Centre Communal d’Action Sociale de Chatenay-Malabry (92), le 14 juin 2017
Bibliographie
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Notes
-
[1]
Le Monde, le 28 février 2017, « Bataille autour de la pertinence de l’étiquetage nutritionnel », Pascale Santi https://www.lemonde.fr/planete/article/2017/02/28/bataille-autour-de-la-pertinence-de-l-etiquetage-nutritionnel_5086803_3244.html
-
[2]
Nutri-Score est un logo de couleurs pour informer le consommateur sur la qualité nutritionnelle globale d’un produit. Il prend en compte la valeur énergétique du produit et les teneurs en matières grasses, en protéines, en glucides et en sel.
-
[3]
Le Monde, le 19 septembre 2018, « La consommation d’aliments mal notés par le Nutri-Score augmente le risque de cancer », Pascale Santi https://www.lemonde.fr/sciences/article/2018/09/19/la-consommation-d-aliments-moins-bien-notes-par-le-nutri-score-augmente-le-risque-de-cancer_5356981_1650684.html.
-
[4]
L’étude a été réalisée dans les locaux de l’Université Paris-Sud/Paris-Saclay à Sceaux (Hauts-de-Seine) sur la Faculté Jean Monnet, l’IUT de Sceaux ainsi qu’au Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) de la Mairie de Chatenay-Malabry (Hauts-de-Seine).
-
[5]
Au moment de l’expérience et selon l’Open Food Facts (2017) pour les céréales vendues en France, 420 paquets étaient classés A ou B avec la couleur verte, 573 paquets étaient classés C avec la couleur jaune et 348 paquets étaient classés D ou E avec la couleur orange foncé.
-
[6]
Pendant les explications de la procédure BDM avec une barre chocolatée, au début de la session, aucune information n’a été révélée aux participants à propos des montants des prix qui seraient tirés au sort pour agir comme le prix du marché qui sera comparé au CAP. Cette absence d’information permet d’éviter l’influence de la borne supérieure du prix du marché sur le CAP (Bohm et al., 1997).
- [7]
-
[8]
La significativité d’une variable est indiquée par les étoiles liées aux coefficients dans le tableau. Pour une variable, l’hypothèse H0 avec un coefficient nul répond à la robustesse de l’influence de cette variable sur le CAP. Si H0 est acceptée, la variable n’a pas d’influence. Si H0 est refusée, la variable a une influence significative indiquée par des étoiles, avec des valeurs de paramètres indiqués par T de Student suivant une loi de Student.