Introduction
1Les universités africaines sont confrontées dans les filières non scientifiques à des effectifs pléthoriques à la base de nombreuses grèves, de la baisse du niveau de sortie, des facteurs d’échec. Plusieurs sessions de cours magistraux et de travaux dirigés sont nécessaires, engendrant des coûts d’heures supplémentaires ainsi que des répétitions fastidieuses.
2Les autorités rectorales ont demandé aux praticiens de proposer des alternatives éducatives afin de résoudre cette crise commune à la plupart des anciennes universités africaines. Cependant, de l’intention à la mise en œuvre, il y a un écart qui s’analyse aux niveaux stratégique, pédagogique et technologique même si de prime abord l’idée paraît simple et généreuse.
Problématique
3Suite à l’apparition de l’Internet, du haut-débit et du wifi dans les campus, un projet de web-TV à caractère éducatif est légitime. Tout en postulant l’utilité de la vidéo sur Internet, il s’agit d’implémenter un tel dispositif en adoptant une démarche prudente et balisée car l’enjeu est double : parvenir à donner du sens à des activités éducatives où l’image peut servir à la construction de la connaissance, « dégraisser » les amphithéâtres et la surcharge des enseignants dans une approche participative, sans toucher aux revenus additionnels des heures supplémentaires.
4Cette communication s’appuie sur une année de constats et d’expériences qui se sont développés au cours de la phase d’expérimentation de la plateforme http:// tv. e-ucad. sn. Soucieux de développer un service d’utilité pédagogique pour toutes les communautés de l’université, nous avons effectué des analyses impartiales et étayées et qui portent sur les usagers, leurs attentes et leurs comportements. (Baron et al., 1991)
Etat des lieux de la massification
5Les principales universités ouest africaines ont toutes très largement dépassé le nombre d’étudiants qu’elles devaient accueillir au moment de leur construction. (Romainville, 2001)
6Conçue pour accueillir 15 000 étudiants au moment de son ouverture, l’Université de Ouagadougou a déjà triplé ses effectifs et comptait 45 000 étudiants environ à la rentrée 2007-2008, selon les chiffres officiels. Pour la présente rentrée 2008/2009, les prévisions tablent autour de 50 000 inscrits. A Bamako, l’Université qui comptait 13 000 étudiants au moment de son ouverture prévoyait une capacité maximale de 30 000 étudiants. Aujourd’hui, elle compte 50 000 étudiants. A la rentrée de cette année, certaines estimations projettent des effectifs qui pourraient facilement atteindre les 63 000 étudiants pour 700 enseignants. L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), au départ conçue pour 25 000 étudiants (effectif en 2008 de la seule Faculté des Lettres) en accueille aujourd’hui près de 65 000 (Ndoye, 2006). L’Université de Cocody à Abidjan en Côte d’Ivoire, a enregistré 53 700 inscrits pour l’année académique 2007-2008. En Guinée, l’enseignement supérieur compte 68 000 étudiants dans le public et 8 000 dans le privé. L’Université de Lomé au Togo accueille 30 000 étudiants et ce chiffre devrait augmenter de manière considérable à la prochaine rentrée. Le Cameroun qui compte sept universités publiques, avec 30 000 étudiants chacune et deux privées, n’arrive pas à absorber les bacheliers. En 2015, projette-t-il, le Cameroun comptera environ 250 000 étudiants. Tels se chiffrent les effectifs pléthoriques des Universités africaines.
7Et pourtant, selon les experts de l’éducation, l’Afrique ne compte pas suffisamment d’étudiants. La réalité est que ce sont les structures d’accueil qui ont du mal à suivre le rythme de croissance de la population estudiantine au niveau du continent. (Metzger, 2007)
8La massification intervenue dans les années 1980 a déclenché une crise d’une ampleur inédite, dont le constat est partagé. Les moyens n’ont pas suivi la mutation structurelle. Multiplication des effectifs, filières sans ressources, échec endémique d’une part significative des étudiants : les effets tiennent surtout à la mise en œuvre des réflexions sur les contenus et la pédagogie d’un enseignement pratiqué pour des étudiants et dans un contexte qui a profondément changé depuis leur création.
9C’est dans ce contexte, que notre contribution, loin d’un miracle techno-pédagogique, tout en prenant en compte l’existant, vise à formater l’Université, contre la logique des formules qui accompagnent la massification à moyens constants et sans perspectives nouvelles pour les étudiants. Certes, la gratuité de l’accès à l’enseignement supérieur est légitime, mais, il faudrait encore la garantir.
10Techniquement, la conjugaison des facteurs liés au taux de massification (rapport entre le nombre d’étudiants de première année et l’effectif global de l’établissement), d’une part, et au taux d’encadrement (rapport entre le nombre d’étudiants d’un établissement et celui des professeurs), d’autre part, affecte grandement les conditions matérielles de travail des étudiants et des enseignants de première année.
11Quand les autorités universitaires s’en prennent au sous-financement de l’université, les chercheurs de l’éducation critiquent les méthodes pédagogiques magistrales et l’absence d’accompagnement méthodologique.
L’environnement pédagogique et technologique
12Dans la plupart des universités, les anciens services audiovisuels ont été transformés en Centres Multimédia dotés de studios. Les écoles normales, temple de la pédagogie, dans leur rôle d’accompagnement ont maintenant rang de Facultés des Sciences et Techniques de l’Education et de la Formation.
13Une enquête récente montre qu’une population estudiantine importante dispose de téléphones mobiles de dernière génération, de lecteurs de pods et mp4 et de plus en plus d’ordinateurs portables. Il existe aussi une particularité des universités africaines, de disposer d’espaces d’accessibilité à internet via ADSL, informels certes, de connectivité acceptable, avec des coûts étudiés (3€/h), mais se multipliant à l’intérieur comme aux alentours.
14Depuis 2003, l’UCAD avait été déclaré « zone franche Internet » par son recteur. Aujourd’hui, le signal Internet est disponible dans tous les bureaux de l’UCAD et une connexion sans fil (Wifi) à base de hotspots couvre gratuitement tout l’espace universitaire. De plus, en partenariat avec Microsoft®, 70 000 comptes emails pour ses étudiants, ses enseignants et son personnel administratif et technique ont été créés. Nous avons constaté à l’Université Gaston Berger et à l’UCAD au Sénégal un effort d’équipement important en serveurs et autres ressources pédagogiques. Quelques départements prospères disposent déjà de tableaux blancs interactifs particulièrement intéressants pour exposer et accéder un nombre important de ressources visuelles, vidéo ou sonores, dans un temps très court.
15L’Association des Universités Africaines (AUA) a mené courant 2008 une enquête portant sur 51 institutions d’enseignement supérieur publiques et privées. L’objectif visé était d’évaluer la consommation actuelle et d’anticiper sur les besoins d’ici 5 ans en matière de connectivité et de bande passante. (Barry, 2008)
16Les 51 institutions disposent d’une population de 712 763 acteurs, comprenant 17 374 personnels administratifs et techniques, 638 008 étudiants en formation initiale et 57 381 en formation continue. La bande passante totale a été estimée à 73 690 Mb/s (download) et à 41 834 Mb/s (upload) en 2008, soit un total de 115 524 Mb/s. Les besoins en bande passante estimés par les établissements d’enseignement supérieur pour les années à venir devraient augmenter de 4,31 fois, juste pour satisfaire à la condition minimale 328 780 Mb/s (download) et 168 830 Mb/s (upload), de 8 fois pour atteindre les besoins exprimées de 603 367 Mb/s (download) et 312 228 Mb/s (upload) d’ici à fin 2010, et 15 fois pour atteindre la valeur de 1 156 356 Mb/s (download) et de 593 513 Mb/s (upload) indispensables à la qualité des services internet dans les 5 ans, d’ici 2013.
17Ceci pour dire que l’AUA est dans une dynamique d’impulsion des Etats à créer des Réseaux Nationaux Education et Recherche (NREN), de mutualisation d’infrastructures de d’interconnexion (satellite, fibre optique) et mise en place de point d’échanges pour optimiser la bande passante, sans cesse croissante.
18Localement, un peu partout dans les universités, en 10 ans les Liaisons Spécialisées sont passées en moyenne de 64Kb/s à 1Mb/s, et les coûts ont été divisés par 2 malgré la multiplication par 8 du débit souscrit sur les budgets propres.
19Œuvrant depuis lors pour un câblage en Catégorie 6, une grande part de l’accès à notre dispositif, se déroule dans des réseaux locaux internes à 1 Gb/s autorisant une diffusion de la vidéo avec une bonne Qualité de Service.
La plate forme de web TéléVision
20La web-TV est une plateforme web d’hébergement et de diffusion de vidéos. Elle utilise la technique Adobe Flash® pour afficher toutes sortes de vidéos : des films, des clips, mais aussi des vidéos provenant de blogs par exemple.
21Elle est configurée pour 4 canaux (Institution, Etudiants, Recherche et Formation). Le canal Formation qui concerne cette publication dispose de deux parties : un espace publique accessible par tous, et un espace à accès réglementé pour les étudiants et enseignants inscrits. Les personnes inscrites peuvent soumettre des vidéos de façon illimitée via un schéma à une seule approbation. Les vidéos sont accessibles par catégorie et à l’aide de mots-clés (tags) comme Youtube, Flickr ou Technorati et peuvent être importées sur un blog personnel. Tout étudiant inscrit peut poster des commentaires sur les documents vidéos en ligne. Les vidéos sont initialement en résolution 320 pixels x 240 et depuis récemment à 480 pixels x 360 et 16:9. Après un an d’existence, de nouvelles fonctionnalités ont fait leur apparition comme la possibilité de s’abonner (RSS) pour être informé de nouvelles productions ou de mise à jour.
22Les institutions ou enseignants disposent d’une flexibilité leur permettant prendre le code d’intégration pour chaque vidéo et la placer n’importe où dans leur site web, plateforme elearning ou blog. Contrairement à d’autres solutions, la taille de chaque vidéo est paramétrable.
23Réalisée en technologie ‘Open Source’, avec une batterie d’encodeurs et de convertisseurs ‘libre’, la web-TV de l’UCAD contient aujourd’hui une centaine de ressources vidéos, présélectionnées par le comité d’initiative, classées et validées au niveau pédagogique au sein des départements concernés, prêtes à pour une diffusion dont les règles sont définit par l’enseignant responsable. Ce n’est qu’un début. Mais si l’enjeu est d’apporter une solution à la massification des effectifs dans les filières non scientifiques, il faut penser au delà de l’internet à élargir les canaux de production et de diffusion.
24Disposant ainsi d’un plateau technique, plusieurs questions d’usage se posent. Les observations lors des études de cas vont apporter des éléments de réponse.
- Les étudiants sont-ils disposés à s’impliquer dans ce nouveau schéma pédagogique ?
- Les étudiants disposent t-ils des prérequis nécessaires ?
- Les universités disposent-t-elle, dans l’état actuel des choses, des ressources matérielles nécessaires à la montée en puissance d’un tel environnement de diffusion si l’évaluation de l’initiative s’avère positive ?
- De quel soutien les enseignants des universités devront-ils disposer pour s’impliquer afin de concevoir et piloter un tel environnement techno pédagogique ? Et quelles vont être les conséquences en termes de mobilisation de ressources en temps, et en termes de réorganisation des schémas traditionnels ? (Depover et al., 1996)
Observations des usages de diffusion de cours magistraux
25La première technique utilisée a été celle de l’observation-participante (Hess, 1981). Cette technique, nous a permis de nous immerger dans le groupe pour observer au plus près les comportements des individus et afin de tirer des enseignements sur leurs pratiques. Le recueil de commentaires des étudiants et enseignants pilotes au quotidien a permis de noter les conditions de travail de ces derniers et les évènements susceptibles d’être pris en compte pour l’analyse globale des usages et les demandes émanant des acteurs.
26La réussite de cette expérience pilote a nécessité la conjugaison des efforts des parties prenantes que sont l’enseignant et les étudiants. Nous allons sur la base des enseignements tirés des expériences de chacune des parties prenantes énumérer les recommandations utiles au réglage du dispositif.
Contexte de l’étude
27Nous présentons dans cette publication deux études de cas :
28– La première a pour cadre l’Université de Cocody qui est un établissement public en Côte d’ Ivoire disposant de 53 700 étudiants, 1 355 Enseignants-chercheurs, 81 Chercheurs. Nous avons ciblé particulièrement le cours d’Introduction du droit, de durée 45h pour une cible de 2000 étudiants inscrits en 1ère année du Département de Sociologie de l’UFR Sciences de l’Homme et Société qui compte 14 000 étudiants. (Bahi, 2004)
29Dans le périmètre du campus, on trouve 4 cyber centres équipés d’une douzaine d’ordinateurs appartenant à des opérateurs privés, 11 points d’accès wifi sécurisés, 150 ordinateurs à bibliothèque, un réseau wireless EDGE est disponible (15€ la puce), la clé usb est devenu un support banalisé et 90 % des étudiants disposent d’une adresse email puisque obligatoire dans le formulaire d’inscription. L’utilisation effective de toutes ces technologies est un autre problème, mais on est tenté de croire que l’accès est possible. (Bahi, 2006)
30Pour cette diffusion, nous avons sélectionné et qualifié avec l’enseignant responsable, volontaire, des séquences de cours que nous avons téléchargées de banques de cours libres de tous droits. Les 10 chapitres d’une durée en face à face de 40h, ont été remplacé par 10 séquences vidéo de 20mn chacune.
31– La seconde étude se déroule au Département de Gestion de l’Ecole Supérieure Polytechnique de Dakar, dont la 1re année comporte 240 étudiants. Le campus de l’ESP dispose d’un wifi ouvert, et non sécurisé, à toute la communauté et plus d’une dizaine de cybercafés, bien équipés. On compte aussi plusieurs salles machines gérées par l’administration ou par l’Amicale des étudiants. Malgré le coût élevé des ordinateurs portables par rapport au pouvoir d’achat, une frange de plus en plus importante d’étudiants en dispose. Ces ordinateurs souvent issus de la diaspora, sont généralement un cadeau mutualisé par la famille.
32Ici, nous nous sommes entendus avec le responsable de l’UE « Connaissance de l’entreprise » pour diffuser via la web-TV, trois cours complets filmés en studio sur les matières suivantes : Organisation et Structure de l’entreprise, Sociologie des organisations et Psychologie des organisations. A l’issue de la scénarisation, on constate une réduction de 60 % sur la durée en face à face. Les 40 % restants sont réinjectés en travail personnel pour l’étudiant dans la logique de la réforme LMD. Bien entendu, l’enseignant a manifesté sa volonté d’accompagnement en acceptant recevoir des emails, mais force est de constater que cette interaction souhaitée a été très limitée, les étudiants, dans leur culture, étant « complexés » et ne souhaitant pas avouer leur incompréhension.
33Dans un cas comme dans l’autre, les étudiants ont souvent téléchargé les séquences de cours directement dans leur clé usb pour des relectures libres selon leur rythme sur le média de leur choix.
Le point de vue des étudiants
34Du point de vue des étudiants, les enseignements que nous avons tirés sont très encourageants. S’il est vrai que les étudiants ont massivement adhéré à l’expérience, nous avons constaté que cela a souvent nécessité, de leur part, des efforts financiers que certains n’ont pas été en mesure de fournir. Ils plaident, dans leur très grande majorité, pour un élargissement de l’expérience aux autres enseignements de la section. En termes de prérequis, nous avons constaté que la majorité des étudiants sont dotés du minimum de prérequis pour être en mesure de participer à l’expérience. Toutefois, sur ce plan, nous notons que la situation évolue positivement de jour en jour.
35Sur le plan matériel, l’expérience a montré que les étudiants ont préféré, dans leur très grande majorité, se connecter à partir des points d’accès payants situés hors de l’espace universitaire. C’est donc dire qu’à ce niveau beaucoup de choses restent à faire, essentiellement en termes de mise en place de salles d’accès aux ressources pédagogiques. Dans cette perspective, si tous les cours magistraux des départements disposaient du même environnement de diffusion vidéo, et si le niveau de sollicitation des étudiants était identique pour toutes les matières, l’effort matériel et financier global requis pourrait plomber ce genre de démarche dans un court délai. Nous doutons alors de la capacité matérielle et financière du plus grand nombre d’étudiants à pouvoir profiter convenablement d’un tel dispositif. Cela conduirait probablement à une désaffection, sinon une utilisation sélective voire superficielle du dispositif. Les réponses à ce problème se situent avant tout à un niveau institutionnel.
Le point de vue des enseignants
36Les deux enseignants ayant accepté d’intégrer dans leur pédagogie des situations scénarisées ont le sentiment que les étudiants revisitent les vidéos en ligne plusieurs fois pour mettre leurs notes au propre et clarifier leur compréhension du discours. Fondamentalement, ils n’ont pas changé leur façon d’enseigner, mais le regard des collègues et la quête de qualité des supports libres diffusés, appelle un travail supplémentaire de précision et de vérification avant la mise à disposition sur la plateforme.
37Dans la préparation à intégrer des films pédagogiques dans l’enseignement, les enseignants ont développé de nouvelles compétences, en adoptant de nouvelles approches dans l’organisation du cours. A la recherche de la simplicité et de l’efficacité du dispositif, les enseignants, principaux médiateurs du dispositif, ont souhaité, suite à une formation, se filmer eux-mêmes à l’aide de repères de cadrage, et un montage minimal traduisant engagement, disponibilité et flexibilité.
38Une mauvaise, voire une absence de prise de notes des étudiants a été constatée par tous les enseignants lors de diffusions en ligne de cours magistraux. Les enseignants ont pu mesurer aussi que les performances des étudiants lors de l’évaluation finale ne dépendaient que des travaux dirigés. Cependant, la qualité de la participation des étudiants en travaux dirigés est fonction de l’attention portée au cours magistral par l’étudiant.
Le point de vue de l’institution
39A partir de cette expérimentation, l’Université, consciente de la puissance de la solution, commence à réfléchir à une stratégie d’extension de son utilisation aux autres besoins de filières similaires, d’autant plus que nous disposons d’une expertise pédagogique de diffusion de vidéos de cours au travers d’enseignements à distance.
40Mis en place depuis plus d’un an, l’accès aux diffusions pédagogiques commence à trouver sa marque. L’équipe projet est parvenue à insuffler un esprit de fonctionnement similaire aux TV éducatives d’antan, mais à un coût dérisoire et sans nécessiter d’équipe de tournage, de montage, etc. (Jouët, 1997). L’offre s’inscrit ainsi dans une démarche de fourniture de nouveaux services aux étudiants. Elle donne accès à un nouveau moyen d’apprendre par l’écoute et la prise de notes, et permet à l’Université d’enrichir sa banque de cours numériques.
41Il est encore un peu tôt pour observer une modification des comportements des enseignants et des étudiants dans ce domaine. Il s’agit d’un travail de longue haleine, qui demande un investissement non négligeable. Mais le nombre d’abonnés à la plate forme pédagogique est en augmentation constante. Nous avons démarré l’accompagnement des enseignants pour qu’ils puissent s’offrir la possibilité d’interagir sur leurs contenus et être prescripteurs auprès des étudiants.
42En fait, les contenus numériques donnent un nouvel espoir aux universitaires : ils permettent de rouvrir les différents champs disciplinaires et de mettre en place des passerelles entre des enseignements jusqu’à présent arbitrairement découpés. Les autres universités de la région ne s’y sont d’ailleurs pas trompées : celles de Dakar et Yaoundé se sont laissé convaincre par l’expérience web-TV de l’UCAD.
Conclusion
43Au service de la formation, de la recherche, de la culture et de la vie de la communauté, UCAD-TV est la chaîne de télévision par Internet de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar entièrement réalisée en Open Source. Elle propose la retransmission de colloques, de cours et de manifestations diverses. Elle permet l’accès à des ressources multimédias libres ou produites au sein de l’université. Son audience croissante accorde toute sa légitimité à ce projet.
44Vidéothèque libre aujourd’hui, il reste encore bien du chemin à parcourir, eu égard à l’appropriation de la web-TV par les enseignants eux mêmes pour produire de plus en plus de contenus de formation endogènes.
45Nous concluons que les facteurs qui influent sur l’utilisation de vidéos éducatives sont multiples : ces facteurs sont aussi bien internes quand ils dépendent des particularités des disciplines ou des projets pédagogiques des enseignants, qu’externes lorsqu’il faut gérer les effectifs étudiants grandissants ou le problème du recrutement de nouveaux publics. L’observation des ces nouvelles pratiques enseignantes ne peut pas se limiter à analyser les modèles pédagogiques sous- jacents car les raisons qui poussent les enseignants vers ces technologies ont probablement beaucoup à faire avec des problèmes pratiques de gestion de l’enseignement.
46Notre démarche a néanmoins mis en évidence le besoin de disposer de matériels pédagogiques multimédia comme outil de communication pour soutenir l’étudiant.
47Après les années euphoriques liées aux TICE, l’heure est venue à des discours modestes, en phase avec des préoccupations pédagogiques et la variabilité de la dynamique institutionnelle globale. Il n’en reste pas moins vrai que les résultats nous apparaissent prometteurs eu égard à la prise en compte des échecs du passé et la maturité des communautés d’utilisateurs et praticiens.
Bibliographie
Bibliographie
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- Bahi A., « Les universitaires ivoiriens et Internet », Afrique et Développement, vol. XXXI, n° 3, 2006, p. 154-176, CODESRIA.
- Baron G.L., Glickman V., « Médias, multimédias, technologies et formation à distance », Perspectives documentaires en éducation, n° 24, 1991.
- Barry B., « Connectivité dans les Universités d’Afrique sub-saharienne », 1re journée scientifique, Réseau Technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement et la recherche SIST-AUF, 2008.
- Depover C., Giardina M., Marton P., Les environnements d’apprentissage multimédia. Analyse et conception, Paris, l’Harmattan, 1996.
- Hess R., Sociologie d’intervention, Presses universitaires de France, collection le sociologue, 1981, p. 171-172.
- Jouët J., « Pratiques de communication et figures de la médiation. Des médias de masse aux technologies de l’information et de la communication, Sociologie de la communication », Issy-Moulineaux, CNET Réseaux, 1997, p. 291-312.
- Metzger J.-L., « L’enseignement supérieur dans la mondialisation libérale », Revue « Alfa Maghreb et sciences sociales », 2007.
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