Notes
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[*]
Ngugi wa Thiong’o : né en 1938 à Limuru, Kenya. Écrivain et dramaturge, a quitté son pays pour des raisons politiques dans les année 80. Parmi ses romans : Weep Not, Child, 1965 (Enfant ne pleure pas, Hatier, Paris, 1984) ; The River Between, 1965 ; A Grain of Wheat, 1966 (Et le blé jaillira, 1969) ; Secret Lives, 1975 ; Petals of Blood, 1977 (Pétales de sang, 1985). Essais : Homecoming, 1972 ; Detained : A Writer’s Prison Diary, 1981 ; Barrel of A Pen, 1983. Il est actuellement Distinguished Professor de littérature anglaise et comparée à l’Université Irvine de Californie. Il a été élu récemment Membre Honoraire de l’Académie Américaine des Arts et des Lettres.
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[**]
Eunice Njeri Sahle enseigne au Département d’études africaines et afro-américaines et au Programme d’études internationales de l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill (États-Unis). Politologue, elle a un doctorat de la Queen’s University (Canada). Ses travaux portent sur les relations internationales, les politiques économiques et leurs impacts sur le développement, la théorie politique et l’épistémologie féministe. Elle a écrit sur la relation entre genre et démocratisation en Afrique et co-édité un ouvrage sur l’influence de Julius Nyerere sur le discours et la pratique du développement et prépare à l’heure actuelle une étude de cas sur le processus de démocratisation au Malawi.
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[1]
Ce texte fait partie d’un projet que les deux auteurs développent actuellement sur « L’hégélianisme dans la pensée littéraire et politique de l’Afrique ».
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[2]
Le monde s’effondre, Paris, Présence africaine, 1975.
-
[3]
Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Leçons sur la philosophie de l’histoire (1837), trad. française par J. Gibelin, troisième éd. remaniée par E. Gilson, Paris, Vrin, 1998.
-
[4]
Ibid., p. 76.
-
[5]
Ibid., p. 34.
-
[6]
Ibid., p. 76.
-
[7]
Ibid.
-
[8]
Ibid.
-
[9]
Ibid., p. 28. Qu’est-ce qu’on doit penser des sociétés éthiopienne et érithréenne, dans lesquelles la foi chrétienne a façonné des aménagements culturels et politiques pour des siècles. Dans le monde hégélien, elles se trouvent dans la partie comprise « sous le nom d’Afrique », au sud du Sahara.
-
[10]
Ibid., p. 35, p. 46-47.
-
[11]
1. Ibid., p. 75.
-
[12]
2. Ibid., p. 79-80.
-
[13]
3. Ibid., p. 75.
-
[14]
4. Ibid., p. 80.Hegel déclare que l’Égypte « ne relève pas de l’esprit africain » (ibid.) et le développement historique des autres sociétés dans cette région n’est ni asiatique ni européen et pour le reste du continent qu’il comprend « sous le nom d’Afrique » c’est « ce qui n’a point d’histoire et n’est pas éclos, ce qui est renfermé encore tout à fait dans l’esprit naturel » (ibid.). Ce point de vue continue à courir et il n’est pas nécessaire d’aller plus loin que la littérature qui continue a présenter et rechercher les preuves scientifiques destinées à démontrer les origines non africaines de la civilisation égyptienne.
-
[15]
Francis Fukuyama, The End of History and The Last Man, New York, The Free Press 1992, p. 56 (trad. française La fin de l’histoire et le dernier homme, Paris, Flammarion, 1993).
-
[16]
Leçons sur la philosophie de l’histoire, p. 79.
-
[17]
G. W. F. Hegel, Phénoménologie de l’esprit, présentation, traduction et notes par G. Jarczyk et P.-J. Labarrière, Paris, Gallimard, 1993. Aux paragraphes 13-31, il discute la lutte pour la reconnaissance entre maître et esclave et conclut que c’est à travers ce type de lutte de longue haleine que nous nous sommes constitués comme êtres historiques. L’Okonkwo d’Achebe démontre que les luttes, les contradictions sont les piliers des meilleurs développements historiques.
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[18]
L’œuvre d’Achebe continue à défier la vision hégélienne de l’Afrique dans le réveil de l’indépendance, une période marquée par l’émergence de politiques autoritaires (voir par exemple son Anthills of the Savannah).
1Le projet colonial se compose de trois aspects interdépendants. Il est à la fois une pratique, un corpus de connaissances et une technologie visant à modifier l’esprit – ou plus simplement de l’ingénierie mentale [1].
2La décolonisation est nécessairement une négation du tripartisme de ce processus colonial, destinée à générer une troisième éventualité : indépendance, libération et justice sociale. Le colonialisme comme ingénierie mentale émerge du colonialisme comme doctrine et comme pratique, mais les sert également. L’ingénierie mentale est la conséquence directe du colonialisme comme doctrine puisque la doctrine coloniale est à la fois un ferment pour les esprits colonisateurs et une prison pour ceux des colonisés. Le combat entre la doctrine coloniale et son contraire dialectique, la doctrine anti-coloniale, est au centre du processus de décolonisation. Achebe et Hegel en sont l’exemple.
3Nous ne savons pas si Achebe, à l’époque où il écrit Things Fall Apart [2], avait ou non connaissance du texte de Hegel, mais cela importe peu car la vision hégélienne de l’Afrique et des Africains, elle-même issue des récits des missionnaires et explorateurs du xixe siècle, transparaît dans la doctrine coloniale tout entière.
4Achebe fait partie d’un groupe de diplômés de l’Université d’Ibadan – composé pour le reste de Wole Soyinka, Christopher Okigbo, et J. P. Clark – qui dans les années 50 contribuèrent à étayer les fondements de la tradition littéraire anglophone africaine. Mais ils ne furent pas les premiers Africains à écrire en anglais ou, en la matière, dans une langue européenne. Les précèdent au xixe siècle des textes écrits par des Africains dans le cadre du mouvement anti-esclavagiste. Dans les années 20 et 30, des Africains écrivaient en anglais en Afrique du Sud. Bien avant que Chinua Achebe et d’autres n’en viennent à écrire, le sud-africain Peter Abraham s’était déjà fait connaître avec des titres comme Mine Boy et Tell Freedom. Dans l’Afrique Orientale Française Léopold Sédar Senghor, David Diop et d’autres avaient déjà créé une poétique forte, dans la mouvance de ce qui prit le nom de Négritude.
5Ce qui est significatif chez Achebe et ce groupe d’écrivains qui émergent dans les années 50, c’est qu’ils sont le produit de deux mouvements qui avaient lieu dans les colonies britanniques et, en général, dans les colonies. Le premier était la naissance d’universités africaines comme Ibadan au Nigeria ; Achimota, puis devenue l’Université du Ghana, au Ghana; Makerere en Ouganda; et d’autres du même type aux Antilles et en Malaisie. Elles dépendaient toutes de l’Université de Londres. Au centre, se trouvait le département d’anglais, dont les programmes étaient calqués sur ceux de l’Université de Londres. Ainsi, ils auraient donc tous absorbé la grande tradition de la littérature anglaise, c’est-à-dire les canons qui vont de Shakespeare à T. S. Eliot, ou ce que Abiola Irele a appelé de Spencer à Spender. Bref, ils auraient absorbé la doctrine coloniale, sous une forme ou une autre. Le second mouvement fut l’émergence de l’anti-impérialisme mondial tel qu’on pouvait le voir dans la montée des mouvements anticolonialistes à travers le monde, réclamant l’indépendance en Asie, en Afrique et dans le reste du monde.
6En un sens, chacun de ces deux mouvements faisait partie de l’autre, les deux s’inscrivant dans le mouvement historique de la décolonisation. Les universités étaient destinées à produire une élite imprégnée des valeurs de la classe moyenne britannique, de manière à ce qu’après l’indépendance elles établissent un partenariat basé sur des valeurs communes – des valeurs eurocentriques, bien entendu. Mais l’énergie de la montée anticoloniale fit son chemin dans les salles de classe.
7Le mouvement nationaliste anticolonial qui suivit la Seconde Guerre mondiale – nous dit Achebe dans l’essai Named for Victoria –, avait produit une révolution mentale qui commençait à réconcilier cette génération avec elle-même. Elle n’accepta plus que l’histoire africaine lui soit enseignée par d’autres. Si l’agenda nationaliste rejeta le colonialisme comme pratique, les nouveaux intellectuels du cru le rejetèrent également comme corpus de connaissances. La doctrine coloniale est résumée par le titre du livre que le commissaire de district – le tout premier qui, dans Things Fall Apart, impose le colonialisme comme pratique et devient producteur de connaissances – écrit : La pacification des tribus primitives du Niger inférieur.
8Il est à noter que, alors qu’Achebe consacre un ouvrage entier à la vie et à l’époque d’Okonkwo, le commissaire de district ne parvient pas à décider si l’histoire d’Okonkwo mérite ne serait-ce qu’un paragraphe dans son grand récit colonial. À l’intérieur du roman même, existe une collision des deux textes : le contre-texte qui est le roman lui-même et le texte colonial, récit de l’administrateur colonial devenu producteur de savoir.
9Ce récit colonial possède une histoire intellectuelle ancestrale et dire que l’ouvrage de Georg Wilhelm Friedrich Hegel Leçons sur la philosophie de l’histoire [3] est un texte fondateur est, pour notre propos, un euphémisme. Quoiqu’il en soit, dans ses conférences, Hegel trouve que le continent africain manque des traits fondamentaux de ce qu’il juge être des sociétés historiques.
10Tout d’abord, la région représente l’humanité dans ce qu’elle a de plus irrationnel puisqu’elle « représente l’homme naturel dans toute sa sauvagerie et sa pétulance ». Il conseille ainsi aux « individus historiques » de « faire abstraction de tout respect et de toute moralité, de ce que l’on nomme sentiment, si on veut bien le comprendre ; on ne peut rien trouver dans ce caractère qui rappelle l’homme [4] ». Selon Hegel, les désirs et les passions indomptables imprègnent toutes les sphères de la vie africaine. Pour Hegel, « la simple convoitise, la barbarie et la brutalité du vouloir se trouve en dehors du théâtre et de la sphère de l’histoire universelle [5] ».
11En deuxième lieu, les peuples africains sont marqués par un sous-développement culturel élevé, la preuve en est qu’ils n’ont pas embrassé le principe d’un « Pouvoir Supérieur ». Les croyances religieuses africaines caractérisées essentiellement par la sorcellerie font de l’homme le centre de l’univers [6]. Une telle conception du divin porte en elle les valeurs du monde barbare car il n’est « pas question d’honorer Dieu en esprit, ni d’un règne du droit : Dieu tonne et n’est point reconnu [7] ». Ce phénomène, selon Hegel, limite sérieusement l’aptitude des Africains à développer une « conscience de quelque chose de supérieur [8] ». Il est intéressant de constater que pour Hegel, seules les sociétés pénétrées par la religion chrétienne tiennent leurs promesses historiques en vertu de quoi il proclame que « les nations germaniques sont d’abord arrivées dans le Christianisme, à la conscience que l’homme en tant qu’homme est libre, que la liberté spirituelle constitue vraiment sa nature propre ; cette conscience est apparue d’abord dans la religion, dans la plus intime région de l’esprit [9] ».
12Enfin, l’absence d’États rationnels modernes en Afrique met le continent hors du contexte de progrès historique. Pour Hegel, la création d’états sert de test au développement de l’esprit et de la lutte pour la liberté.
L’État est l’idée morale (geistig) extériorisée dans la volonté humaine et la liberté de celle-ci. (…) Ainsi nous constatons une union, en soi, entre le côté objectif, le concept et le côté subjectif. L’État forme l’existence objective de cette union ; il est donc la base et le centre des autres côtés concrets de la vie d’un peuple, l’art, le droit, les mœurs, la religion, la science [10].
14L’Afrique, pour Hegel, incarne tout le non-civilisé de l’humanité, une région qui reste « fermée, sans lien avec le reste du monde ; c’est le pays de l’or, replié sur lui-même, le pays de l’enfance qui au-delà du jour de l’histoire consciente est enveloppé dans la couleur noire de la nuit [11] ». L’échec du continent à amorcer un mouvement par une amélioration de ses indicateurs de progrès l’amène à conclure que : « là dessus, nous laissons l’Afrique pour n’en plus faire mention par la suite. Car ce n’est pas une partie du monde historique, elle ne montre ni mouvement ni développement [12] ». Bien entendu, il fait une exception partielle pour les sociétés africaines situées dans le Nord, qu’il « fallait, déclare-t-il, rattacher à l’Europe [13] ». Selon lui, ces sociétés sont les seules à avoir témoigné d’un mouvement historique (bien que limité), puisque seuls les Égyptiens ont fait passer « l’esprit humain de l’Est à l’Ouest [14] ».
15Cette conception se retrouve dans bien d’autres récits, en particulier dans la littérature populaire du style Rider Haggard et Joyce Cary, où les Africains apparaissent comme passifs plutôt que comme des acteurs du théâtre de l’humanité. On la retrouve même dans des travaux qui prétendent à un sérieux universitaire. Il est intéressant de constater qu’à peine une année après la publication de Things Fall Apart en 1959, Trevor Roper donnait à Oxford des conférences inspirées par Hegel, reproduisant ces mêmes théories d’un continent qui n’est que ténèbres avant la présence de l’Europe. L’histoire de l’Afrique n’était ainsi que l’histoire de l’Europe en Afrique, car les ténèbres n’ont jamais été un sujet historique. Et la théorie du rôle central du Christianisme dans le développement des sociétés historiques a été reproduite récemment dans le très cité ouvrage d’un des disciples de Hegel, Francis Fukuyama, lequel affirme : « les premières histoires réellement universelles dans la tradition occidentale étaient chrétiennes [15]. »
16L’image hégélienne d’un peuple africain indifférencié de la nature est tout à fait insultante. Car ce qui distingue les êtres humains, c’est qu’ils s’opposent à la nature dont ils font partie et la modifient pour leurs besoins. Ils agissent sur la nature. Cela va de l’acte le plus simple comme faire pousser des plantes comestibles, multiplier les graines si vous préférez, au lieu de ne faire que ramasser celles des plantes sauvages ; à celui du berger qui domestique les animaux au lieu de dépendre de la chasse. À travers leur combat avec la nature, ils créent une nature sociale. Ils créent des nutriments à partir de la nature. Et en réalisant leur nature sociale, ils font l’histoire. Les animaux au contraire ne font que s’adapter à la nature. Ils vivent dans la nature dont ils font partie mais restent une part indifférenciée d’elle. Ils ne font pas l’histoire. Les Africains sont en dehors de l’histoire.
17Ceci est une accusation grave, en particulier dans le contexte du grand projet de Hegel : l’histoire comme liberté en marche. Si l’Africain était en dehors de l’histoire, alors il était esclave. L’esclavage était sa condition naturelle et la mise en esclavage des Africains par les Européens, à des yeux hégéliens, devient un idéal quasi moral : c’est bon pour l’Africain. Pour Hegel, la manière dont l’Europe s’est investie dans l’institution de l’esclavage est justifiée et morale puisqu’il existe dans le cadre d’un État et que sous cette forme il représentait « un moment du progrès à partir de l’existence simplement isolée, matérielle, un degré d’éducation, une sorte de participation à une moralité supérieure et à la culture qui s’y rattache (…) L’abolition graduelle de l’esclavage est donc une chose plus convenable et plus juste que n’en serait la suppression soudaine [16] ».
18Things Fall Apart est une brillante réponse à Hegel. Achebe n’est évidemment pas historien. C’est un écrivain, un artiste, mais parmi les brillantes images que compte son livre, la séquence de combat qui ouvre Things Fall Apart est une image de lutte. Au centre de ce récit de la rencontre entre une société africaine pré-capitaliste et une modernité capitaliste européenne se trouve le drame de Okonkwo luttant avec la nature, luttant avec lui-même, luttant avec sa société, et en dernier lieu, contre la nouvelle force de la politique mondiale, le capital comme impérialisme. La lutte entre Okonkwo et les forces de la nature est quasi épique dans sa force et sa grandeur, ce qui en fait à elle seule une affirmation de la volonté humaine à maîtriser la nature. La lutte intérieure – sa lutte de toute une vie contre le destin en la personne de son père Unoka, pour finir de la même manière – élève Okonkwo au rang des grands héros tragiques de la littérature mondiale, de personnages comme l’Œdipe de Sophocle et le Henchard de Hardy dans Le Maire de Casterbridge. Ce qu’il est, un self-made man, prépare également Okonkwo à identifier la véritable menace que fait peser cette modernité capitaliste coloniale.
19Okonkwo fabrique son propre monde et refuse de vivre dans une société dans laquelle il ne crée plus les valeurs au nom desquelles il doit vivre. Mais cela n’arrive qu’après qu’Okonkwo ait donné un coup de poing à un commissionnaire, le nouveau serf des forces nouvelles, et cet acte a une valeur symbolique. En agissant de la sorte, il rejette tout le fondement de la notion hégélienne d’une Afrique privée de lutte historique. Il rejette également l’une des idées influentes de Hegel dans sa dialectique du maître et de l’esclave, développée dans la Phénoménologie de l’Esprit [17]. Okonkwo refuse d’entrer dans le processus de développement de la dialectique car il désire garder son indépendance d’esprit et ne veut pas nourrir le deuxième stade de la dialectique, celui d’une conscience dépendante. La conscience dépendante sera en fait imprégnée des nouvelles forces sociales qui embrassent le christianisme et tirent bénéfice de leur collaboration avec l’état colonial.
20Ce que nous voyons dans Things fall apart, ce n’est pas seulement l’apparition de l’impérialisme mais la naissance simultanée d’une classe naissante de commissionnaires destinée à servir de plus en plus de tampon entre l’état colonial contrôlé par les blancs et les masses populaires. Cette classe, ou certaines de ses composantes, avait intériorisé les images hégéliennes négatives de l’Afrique, et incarné la conscience de dépendance du serf, décrite dans la dialectique de Hegel. Si l’acte de Okonkwo est un premier coup porté aux pratiques coloniales, l’acte d’Achebe est un premier coup porté au colonialisme en tant que corpus de connaissances. Associés, son acte d’écrivain et celui de son héros résistent au colonialisme comme mécanisme de remodelage de l’esprit, et constituent un pas important dans l’aventure en constante évolution de la décolonisation [18].
21Traduit de l’anglais par Aimée-Catherine Deloche.
Notes
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[*]
Ngugi wa Thiong’o : né en 1938 à Limuru, Kenya. Écrivain et dramaturge, a quitté son pays pour des raisons politiques dans les année 80. Parmi ses romans : Weep Not, Child, 1965 (Enfant ne pleure pas, Hatier, Paris, 1984) ; The River Between, 1965 ; A Grain of Wheat, 1966 (Et le blé jaillira, 1969) ; Secret Lives, 1975 ; Petals of Blood, 1977 (Pétales de sang, 1985). Essais : Homecoming, 1972 ; Detained : A Writer’s Prison Diary, 1981 ; Barrel of A Pen, 1983. Il est actuellement Distinguished Professor de littérature anglaise et comparée à l’Université Irvine de Californie. Il a été élu récemment Membre Honoraire de l’Académie Américaine des Arts et des Lettres.
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[**]
Eunice Njeri Sahle enseigne au Département d’études africaines et afro-américaines et au Programme d’études internationales de l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill (États-Unis). Politologue, elle a un doctorat de la Queen’s University (Canada). Ses travaux portent sur les relations internationales, les politiques économiques et leurs impacts sur le développement, la théorie politique et l’épistémologie féministe. Elle a écrit sur la relation entre genre et démocratisation en Afrique et co-édité un ouvrage sur l’influence de Julius Nyerere sur le discours et la pratique du développement et prépare à l’heure actuelle une étude de cas sur le processus de démocratisation au Malawi.
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[1]
Ce texte fait partie d’un projet que les deux auteurs développent actuellement sur « L’hégélianisme dans la pensée littéraire et politique de l’Afrique ».
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[2]
Le monde s’effondre, Paris, Présence africaine, 1975.
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[3]
Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Leçons sur la philosophie de l’histoire (1837), trad. française par J. Gibelin, troisième éd. remaniée par E. Gilson, Paris, Vrin, 1998.
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[4]
Ibid., p. 76.
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[5]
Ibid., p. 34.
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[6]
Ibid., p. 76.
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[7]
Ibid.
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[8]
Ibid.
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[9]
Ibid., p. 28. Qu’est-ce qu’on doit penser des sociétés éthiopienne et érithréenne, dans lesquelles la foi chrétienne a façonné des aménagements culturels et politiques pour des siècles. Dans le monde hégélien, elles se trouvent dans la partie comprise « sous le nom d’Afrique », au sud du Sahara.
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[10]
Ibid., p. 35, p. 46-47.
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[11]
1. Ibid., p. 75.
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[12]
2. Ibid., p. 79-80.
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[13]
3. Ibid., p. 75.
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[14]
4. Ibid., p. 80.Hegel déclare que l’Égypte « ne relève pas de l’esprit africain » (ibid.) et le développement historique des autres sociétés dans cette région n’est ni asiatique ni européen et pour le reste du continent qu’il comprend « sous le nom d’Afrique » c’est « ce qui n’a point d’histoire et n’est pas éclos, ce qui est renfermé encore tout à fait dans l’esprit naturel » (ibid.). Ce point de vue continue à courir et il n’est pas nécessaire d’aller plus loin que la littérature qui continue a présenter et rechercher les preuves scientifiques destinées à démontrer les origines non africaines de la civilisation égyptienne.
-
[15]
Francis Fukuyama, The End of History and The Last Man, New York, The Free Press 1992, p. 56 (trad. française La fin de l’histoire et le dernier homme, Paris, Flammarion, 1993).
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[16]
Leçons sur la philosophie de l’histoire, p. 79.
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[17]
G. W. F. Hegel, Phénoménologie de l’esprit, présentation, traduction et notes par G. Jarczyk et P.-J. Labarrière, Paris, Gallimard, 1993. Aux paragraphes 13-31, il discute la lutte pour la reconnaissance entre maître et esclave et conclut que c’est à travers ce type de lutte de longue haleine que nous nous sommes constitués comme êtres historiques. L’Okonkwo d’Achebe démontre que les luttes, les contradictions sont les piliers des meilleurs développements historiques.
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[18]
L’œuvre d’Achebe continue à défier la vision hégélienne de l’Afrique dans le réveil de l’indépendance, une période marquée par l’émergence de politiques autoritaires (voir par exemple son Anthills of the Savannah).