Notes
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[1]
Henri Grégoire (attr. à), Réclamations des fidèles catholiques de France en faveur de l’usage primitif de la langue vulgaire, Brajeux, 1801, p. 31.
-
[2]
Pour la période tridentine, il faut se référer aux travaux de Herman Schmidt, Liturgie et langue vulgaire : le problème de la langue liturgique chez les premiers réformateurs et au Concile de Trente, Rome, Universitatis Gregorianæ, 1950 et d’Alain Tallon, La France et le Concile de Trente, Rome/Paris, École française de Rome, 2000.
-
[3]
Xavier Bisaro, Chanter toujours : plain-chant et religion villageoise dans la France moderne, 16e-19e siècle, Rennes, PUR, 2010.
-
[4]
En premier lieu, on fera référence aux Heures de Port-Royal de Lemaistre de Sacy (1653) ou au Bréviaire latin-français de Le Tourneux (1688).
-
[5]
22 janvier 1775 : Voltaire, Collection complette des œuvres de M. de Voltaire. Correspondance générale, Paris, Bastien, 1796, lettre LXXIV, p. 105.
-
[6]
Voltaire, Œuvres complètes, Siècle de Louis XIV, Paris, Baudouin frères, 1825, p. 380-381.
-
[7]
« Que le culte public soit fait en langue française. Il est raisonnable que l'homme qui rend à Dieu le culte qu'il lui doit se joigne d’esprit et de cœur aux prières qu'il lui adresse. » (Paris hors les murs) : éd. Mavidal et Laurent, Archives parlementaires de 1787 à 1860, t. I, p. 532 ; également p. 565.
-
[8]
La Feuille villageoise, t. IV, no 36 du 31 mai 1792, p. 229.
-
[9]
Lettre d’un pédagogue citée dans Ferdinand Brunot, Histoire de la langue française, des origines à 1900, Paris, Armand Colin, 1927, t. 9, 1-2, p. 131.
-
[10]
Antoine de Rivarol, De l’universalité de la langue française, Paris, Bailly et Dessenne, 1784.
-
[11]
Carré, Culte public en langue française. Adresse à l’Assemblée nationale, Auxerre, L. Fournier, 1790.
-
[12]
Les Révolutions de Paris de Prudhomme en font un long éloge (no 51 du 26 juin au 3 juillet 1790, p. 707). Elle est saluée encore en 1792 par la Feuille villageoise, t. II, no 27 du 29 mars 1792, p. 13.
-
[13]
Jean-Marie Roland de La Platière, Aux pasteurs des villes et des campagnes, Paris, Imprimerie Nationale, 1792, p. 2.
-
[14]
Ghislain Waterlot, « Superstition, religion naturelle, religions historiques dans l’Émile », Archives de Philosophie, t. 72 (1), 2009, p. 55-73.
-
[15]
Marie-Clémence Perrot, « La politique linguistique pendant la Révolution française », Mots, no 52 (1), 1997, p. 158-167.
-
[16]
« Ce seul changement changerait en mieux les mœurs du peuple français. […] alors les Français auront l’esprit de la République. » (Jean-Henri Bancal des Issarts, Du nouvel ordre social fondé sur la religion, Paris, Baudouin, 1797, p. 512).
-
[17]
La Feuille villageoise, t. IV, no 27 du 29 mars 1792, p. 9-10.
-
[18]
Lettre du 13 prairial an II : Alphonse Aulard, La Société des Jacobins, Paris, Quantin, 1897, vol. VI, p. 164, no XXXIX.
-
[19]
Ferdinand Brunot, Histoire de la langue française…, ouvr. cité, t. 9, 1-2, p. 180-181.
-
[20]
Rita Hermon-Belot, L’abbé Grégoire : la politique et la vérité, Paris, Seuil, 2000, p. 79 et suiv.
-
[21]
Michel de Certeau, Dominique Julia et Jacques Revel, Une politique de la langue, la Révolution française et les patois : l’enquête de Grégoire, Paris, Gallimard, 1975 ; Lettres à Grégoire sur les patois de France 1790-1794, éd. Augustin Gazier [1880], rééd. anastatique, Genève, Slatkine, 1969.
-
[22]
Jean Dubray, Les fondements anthropologiques et l’art social dans l’œuvre de l’Abbé Grégoire, thèse, Université de Provence, 2004, p. 534.
-
[23]
Ibid., p. 539.
-
[24]
Ibid., p. 534.
-
[25]
Henri Grégoire, Discours du citoyen Grégoire sur l’éducation commune, Paris, Imprimerie nationale, 1793, p. 8-9.
-
[26]
Bibliothèque de la Société de Port-Royal (BSPR) GR 1432, 1433 et 1434.
-
[27]
Henri Grégoire, Traité de l’uniformité et de l’amélioration de la liturgie présenté au Concile national, Paris, Imprimerie-librairie chrétienne, 1801. Une nouvelle édition annotée est en cours de préparation.
-
[28]
Lettre encyclique de plusieurs évêques de France à leurs frères les autres évêques et aux églises vacantes, 1795, p. 13.
-
[29]
Ibid., p. 139 et suiv.
-
[30]
Jean Dubray, Les fondements anthropologiques…, ouvr. cité, 2004, p. 550.
-
[31]
Ibid., p. 551.
-
[32]
Henri Grégoire, Histoire des sectes religieuses, Paris, Baudoin frères, 1828, vol. I, p. 419.
-
[33]
François Rozier, Vêpres du dimanche, traduites en françois, avec quelques cantiques à chanter dans le cours de la messe et à la bénédiction du Saint-Sacrement, 1793.
-
[34]
Pierre Brugière, Mémoire apologétique de Pierre Brugière, curé de Saint-Paul, Paris, 1804, p. vii-viii.
-
[35]
Annales de la Religion, t. I, no 9 du 27 juin 1795, p. 208-209.
-
[36]
Abbé François Jacquemont, Avis aux fidèles sur la conduite qu'ils doivent tenir dans les disputes qui affligent l'Église, 1796 ; Jh L. N., Réformes à faire dans l’extérieur du culte catholique : substituer le français au latin pour la prière publique, Paris, Renaudière, 1797 et Bancal des Issarts, Du nouvel ordre social…, ouvr. cité, 1797.
-
[37]
François Jacquemont, Avis aux fidèles…, ouvr. cité, p. 183-184.
-
[38]
BSPR GR4052, lettre de dom Dufeÿ.
-
[39]
Isaac Louis Lemaître de Sacy, Le Nouveau Testament de Nostre Seigneur Jesus Christ, traduit en françois, Mons, Gaspard Migeot, 1667 ; La sainte Bible traduite sur les textes originaux, Cologne, aux dépens de la Compagnie, 1739 ; François-Philippe Mésenguy, Le Nouveau Testament de Notre Seigneur Jésus-Christ traduit en françois, Paris, Lottin et Desaint, 1729.
-
[40]
Réformes à faire dans l’extérieur…, ouvr. cité, p. 5.
-
[41]
Jean-Baptiste Rousseau, Œuvres diverses, Soleure, Heuberger, 1712.
-
[42]
Jean Racine, Cantiques spirituels, Paris, Thierry, 1694.
-
[43]
Antoine Godeau, Œuvres chrétiennes, Paris, Camusat, 1633.
-
[44]
On trouve quelques cantiques de cet abbé dans des publications pieuses des 18e et 19e siècles.
-
[45]
Gabriel-Charles de Lattaignant, Poésies, Paris, Duchesne, 1756.
-
[46]
Il faut citer également les Cantiques sur les points principaux de la religion et de la morale chrétienne, 1765 et les Cantiques spirituels à l'usage des petits Catéchismes de la paroisse de Saint-Sulpice, 1766 par l'abbé sulpicien Henri de Doncourt.
-
[47]
BSPR GR 2308. Ces pièces ont malheureusement disparu.
-
[48]
BSPR GR 5135 et RV 185, fo 31 v.
-
[49]
BSPR RV 185, fo 110 r.-v.
-
[50]
« qui tient le milieu entre le catéchisme et la prédication » dit Richelet, Prosne, Dictionnaire de la langue françoise, Lyon, Jean-Marie Bruyset, 1759.
-
[51]
Rituale parisiense, 1697, p. 486-487.
-
[52]
Claude Le Coz, Correspondance, Paris, A. Picard et fils, 1900, p. 308-310.
-
[53]
Henri Grégoire, Mémoires, vol. 2, Paris, J. Yonet, 1840, p. 88. Le texte a disparu. Voir également sa Réclamation des fidèles catholiques de France au prochain Concile national, en faveur de l’usage primitif de la langue vulgaire dans l’administration des sacremens contre l’avis motivé publié dans les Annales de la Religion, 1801.
-
[54]
Pierre Brugière, Appel au peuple chrétien, de la réclamation de M. Royer, évêque de Paris, contre l’admission de la langue française, dans l’administration des sacremens, Paris, Brajeux, 1800, p. 90 ; Henri Grégoire, Réclamation des fidèles catholiques, ouvr. cité, p. 115, 139, etc.
-
[55]
« [Vêpres en français à Gentilly] », dans Annales de la Religion, t. VII, no 2, 1798, p. 182-183.
-
[56]
Jean-Marie Duplan, Essai pour le dimanche, des hymnes, pseaumes et cantique, en français, notés pour être chantés sur les mêmes tons des hymnes, pseaumes et cantiques latins auxquels ils correspondent dans les usages de Paris, Paris, Imprimerie-Librairie chrétienne, 1798.
-
[57]
[Essai] en Français des prières et cérémonies dont l’Église se sert pour l’administration des sacrements de baptême, extrême-onction et le Saint Viatique publié à la suite de l’Essai pour le dimanche des hymnes, pseaumes et cantiques, et Autre essai de la messe du jour de l’Épiphanie en Français, notée d’après les tons marqués dans le Graduel, 1798 pour les deux.
-
[58]
Rozier, Vêpres du dimanche, traduites en françois, avec quelques cantiques à chanter dans le cours de la messe et à la bénédiction du Saint-Sacrement, ouvr. cité, 1793 ; Louis Renaud, Dissertation sur la célébration de l’office divin en langue vulgaire, suivie des règles de psalmodie française suivant la traduction du bréviaire de Paris, Paris, imprimerie librairie chrétienne, 1799 ; Anonyme, Formule abrégée pour faire le prône, à l’usage du diocèse du Doubs, Besançon, 1799.
-
[59]
Annales de la Religion, t. VIII, 1798, p. 68.
-
[60]
Archives de la Compagnie de Saint-Sulpice, ms. 1305 et 1305bis. Il s’agit d’un ensemble de fiches de travail sur lesquelles Clément propose des corrections et des modifications, notamment au bréviaire et au missel.
-
[61]
BSPR GR 2670, lettre de Desbois de Rochefort, évêque de la Somme, 12 août 1798.
-
[62]
BSPR GR 1012 et 5230, légués par Ponsignon à Grégoire en 1809.
-
[63]
Annales de la Religion, t. VIII, 1798, p. 68.
-
[64]
BSPR GR 1012 2 ms. publié dans les Annales de la Religion, t. IX, 1799, p. 318-328.
-
[65]
On peut supposer que c’est l’édition de 1752 qui fut utilisée.
-
[66]
Antoine-Éléonore-Léon Leclerc de Juigné, Pastorale Parisiense, Paris, Simon, 1786.
-
[67]
I. L. Lemaître de Sacy, Le Nouveau Testament de Nostre Seigneur Jésus-Christ…, ouvr. cité.
-
[68]
Louis de Carrières, Commentaire littéral sur la Sainte-Bible contenant l’Ancien et le Nouveau Testament, 9 vol., Paris, Moreau, 1741.
-
[69]
Le texte concernant le mariage, qui a existé, ne nous est pas parvenu.
-
[70]
Par exemple, il conserve scrupuleusement les paroles latines de la communion des fidèles.
-
[71]
« D'après l'état actuel de la religion en France, il est facile de conjecturer qu'il se présentera de fréquentes occasions d'administrer le sacrement de baptême aux adultes qui ne l'auraient point reçu dans leur enfance. » : BSPR GR 1012, p. 13.
-
[72]
Élu évêque de Paris en 1798.
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[73]
Voir le portrait qu’en donne Rodney J. Dean : L’Église constitutionnelle, Napoléon et le concordat de 1801, Paris, Picard, 2004.
-
[74]
Ibid., p. 98-99.
-
[75]
Concordat de 1801, articles organiques du 26 messidor an IX, article XXXIX.
-
[76]
Profession de foi de l’Église française catholique et apostolique de Clichy, 15 janvier 1833, p. 7. Voir le Nouvel eucologe à l’usage de l’Église Catholique Française : Réforme radicale, Paris, Prévot, 1836.
1D’une naïveté toute rhétorique, cette interrogation d’Henri Grégoire, évêque constitutionnel du Loir-et-Cher, est loin d’être une question oiseuse pour clercs désorientés par les bouleversements révolutionnaires. Le monopole du latin dans la liturgie, ici mis en cause en ce qu’il cèle la compréhension des mystères divins, alimenta un débat qui agita durablement l’Église de France entre 1789 et 1801.
2Historiographiquement, la question de la langue liturgique en France après le Concile de Trente reste une piste à approfondir [2]. La formidable imprégnation tridentine durant les 17e-18e siècles, puis la romanisation triomphante du 19e siècle, sanctionnant toutes deux l’usage exclusif du latin, ont jeté dans l’obscurité les tentatives de promotion du français dans la liturgie. Les conciles de Trente et de Vatican II, le premier verrouillant l’usage du latin, le second libéralisant l’emploi du vernaculaire, sont deux pôles circonscrivant la question de la langue liturgique, mais n’apportant, ni l’un ni l’autre, de réponse définitive.
3Le Concile de Trente décréta qu’il fallait certes expliquer, mais sans traduire. Le décorum de la messe tridentine, véritable enseignement par les sens, compléterait suffisamment, pensait-on, celui du prône et du catéchisme. Paraphraser, voir et écouter devaient satisfaire une dévotion plus affective qu’intellectuelle. En France, l’application des décrets tridentins suscita une remarquable multiplicité de réponses, mais le principe d’intangibilité du latin, signe historique de légitimité de la liturgie romaine, ciment d’unité du corps christique et symbole sacré, demeura ferme. La prière publique, qui matérialisait le dogme et encadrait la vie des croyants, demeura exclusivement en latin. Les instructions pastorales se contentèrent de mettre en avant l’importance du prône, moment didactique où la langue vulgaire trouvait sa place, et celle du chant choral, participation active et en latin à l’office [3]. Néanmoins, il devint indispensable de trouver comment permettre aux fidèles une participation active qui n’interfère pas avec le prêtre. C’est l’origine des missels et heures bilingues qui se multiplièrent à partir de la Régence. Parallèlement, le débat théorique prenait de l’ampleur et mobilisait les plus éminents liturgistes.
4En 1789, c’est donc un champ déjà bien labouré que celui du latin comme langue unique de la prière. Les innovations révolutionnaires ouvrent toutefois le débat sur de nouvelles perspectives. La question de substituer le français au latin croise désormais enjeux ecclésiologiques (place du prêtre par rapport aux fidèles, relation entre l’Église gallicane et Rome), sociaux (rôle de la religion dans la régénération du peuple français) et politiques (des citoyens éclairés peuvent-ils prier sans comprendre ? l’Église nationale peut-elle user du latin ?). Ces dimensions nouvelles données à un sujet de prime abord strictement liturgique méritent donc d’être observées.
De la sacristie à l’agora
5Dans une société où religion et sphère laïque s’interpénètrent, les bouleversements politiques et sociaux qui naissent de 1789 atteignent la culture religieuse. La place du latin, agitée dans le milieu ecclésiastique depuis plus d’un siècle, est enfin portée en place publique. Si le courant janséniste, en initiant l’édition de missels et bréviaires bilingues [4], avait permis une meilleure intelligence des prières par les laïcs alphabétisés, la participation active des fidèles aux cérémonies – qui supposait un passage oral aux langues vernaculaires – se cantonnait à l’introduction de cantiques ou de paraphrases et il restait exclu d’envisager que l’on pût traduire tout ou partie du culte public. Voltaire évoque une parente qui « va rarement à la messe, parce qu’elle s’y ennuie, et qu’elle n’entend pas le latin [5] » ou rapporte avec délectation que Louis XIV, pour avoir entendu le mot dans un motet de Lully, se demande naïvement qui est le prince Quemadmodum [6]. Le latin apparaît désormais comme une langue hermétique qui exclut la majorité des fidèles. Les cahiers de doléances s’expriment timidement sur la question, mais certains demandent cependant que le peuple puisse s’adresser à Dieu dans son idiome [7]. L’abbé Dupuis se plaint que le peuple s’ennuie à la messe [8] ; le maintien d’un culte inintelligible à la plupart est facteur d’indiscipline et d’impiété [9]. En cela, on touche à l’ordre public.
6Mais la suppression du latin devient surtout une condition de l’épuration de la religion par le creuset de la raison, afin d’être l’expression d’un peuple libre et éclairé. Or, le français n’a-t-il pas été promu langue universelle de la raison par Rivarol en 1784 [10] ? L’époque est aux pétitions : celle de l’abbé Carré [11] fait grand bruit [12]. Le curé bourguignon souhaite en effet que l’Assemblée nationale impose la langue française dans la liturgie. La liturgie devient un sujet public. Des hommes politiques rallient le débat, tel Roland de La Platière [13] qui dénonce un culte déshumanisé, éloigné de cette religion naturelle, expurgée de toute superstition, qu’en bon rousseauiste il promeut [14]. C’est un anticléricalisme positif qui ne rejette pas le clergé – fonctionnarisé par la Constitution civile – mais dénonce son obscurantiste attachement au latin, aberration dans une Révolution qui marque la fin de « l’enfance de la raison et de la vieillesse des préjugés » (Grégoire). La presse n’est pas en reste qui relaie volontiers les revendications en faveur de la langue vulgaire, comme la Feuille villageoise, organe du clergé progressiste. Parallèlement, la promotion du français dans le domaine administratif, politique et éducatif condamne incidemment le latin liturgique [15] : ce qui touche aux lois humaines touche à celles de la religion. Les cérémonies catholiques sont – à l’instar des cérémonies civiques – des lieux de construction de la Nation. Un peuple utilisant une même langue pour ses lois et pour son culte réformerait inévitablement ses mœurs dans le sens du progrès. Ainsi raisonne en 1795, Bancal des Issarts, député aux Cinq-Cents [16].
7Sur le terrain, voici le curé d’Orville, qui a introduit le français à la messe : « Mes paroissiens prient en hommes libres. […] Plus de Libera, de De profundis hurlés [17]. » La Société jacobine de Châlons pourfend « ces charlatans […] ennemis du peuple qui ne faisaient consister leur culte que dans des cérémonies bizarres et dans un jargon inintelligible [18]. » Le latin est plus que jamais la marque de l’obscurantisme, du fanatisme et de l’oppression, ainsi que le déclare Barère en pluviôse an II [19]. Une portée politique, sociale et morale est donc donnée par les événements à l’introduction du français dans le culte catholique. Des laïques se sont saisis du débat, mais qu’en est-il au sein du clergé ?
En latin ou en français ? Une question cruciale pour l’Église constitutionnelle
8Dans une Église scindée par la Constitution civile, choisir de réformer le culte peut être tout autant une marque d’attachement à la République qu’un signe de distanciation avec Rome. On touche là au drame des Constitutionnels : la difficile conciliation entre une adhésion sincère aux principes de la Déclaration des Droits de l’Homme et au serment à la Constitution civile, l’une reléguant la religion dans la sphère privée, l’autre subordonnant les prêtres à l’État au nom de leur utilité sociale. Pour ces prêtres patriotes, religion, nation et État sont indissolublement liés ; la Révolution française est donc avant tout une révolution religieuse : de la réforme de l’Église naîtra une société régénérée [20].
9Le dessein d’émancipation et de progrès conçu par Grégoire passe par une « politique de la langue » (Jean Dubray) qu’initie en 1794 sa vaste enquête sur les patois [21]. Le français est la source d’une conscience nationale [22]. Plus prosaïquement, son emploi généralisé favorise la diffusion administrative, les échanges économiques et crée la solidarité nationale [23]. Langue de l’unité, le français est aussi émancipateur [24] chassant préjugés et superstitions [25]. C’est le pivot central d’une structure politique basée sur une égalité parfaite entre des citoyens soudés par une religion assainie de ses archaïsmes et une éducation ouverte au plus grand nombre. Tout naturellement, cela implique la promotion du français dans la liturgie. Grégoire est proche de ce courant janséniste qui a été un laboratoire liturgique actif en la matière. Ses relations avec des pasteurs protestants ne sont pas, non plus, sans nourrir sa pensée [26]. L’évêque de Blois synthétise le tout dans un petit ouvrage présenté au Concile national de 1801 [27]. Son postulat est qu’on ne peut maintenir « l’usage de célébrer les saints mystères sans ce qui constitue vraiment la communion [28] » : le prêtre célèbre pour et avec le peuple [29]. Grégoire envisage donc des mesures concrètes pour uniformiser et épurer la liturgie catholique et rétablir une participation active du peuple aux offices. Bien qu’il ne fasse qu’aborder la question, c’est la justification de l’introduction du français dans la liturgie. S’il y a une seule langue liturgique, la cohésion de l’Église, partant de la communauté nationale – qui est aussi la communauté des fidèle – s’en trouvera renforcée [30] et soudera perpétuellement la relation Église-État. Cette préoccupation unitaire relève ainsi d’une logique rationnelle au service d’une vision politique et religieuse cohérente. Grégoire fait appel à l’Histoire, mais aussi à Port-Royal, modèle positif qu’il veut porter à sa perfection. En d’autres termes, sa réforme s’inscrirait dans une suite logique de progrès et rétablirait l’ordre voulu par Dieu en rendant aux fidèles une relation directe avec lui.
10Fidèle à l’esprit de Trente, l’évêque Grégoire n’oublie pas qu’il a charge d’âmes et que la liturgie est enseignante. Aussi donne-t-il à sa réflexion un aspect pratique. Celer par l’emploi d’une langue incomprise les mystères les plus essentiels de la foi chrétienne c’est dévier la vocation catéchétique de l’Église. À quoi sert une liturgie qui ne nourrit pas l’âme ? À ceux qui lui opposent que l’usage des langues nationales viendrait rompre l’unité de l’Église universelle [31], Grégoire répond que l’utilité prime sur l’unité. L’Église gallicane se pose non comme une Église séparée, mais comme une Église nationale ayant ses libertés et identité propres.
11Simultanément à cette admirable construction intellectuelle, les revendications pour l’usage du français s’amplifient au sein du clergé constitutionnel tandis que d’autres formes religieuses aux cérémonies en français, comme la théophilanthropie et le culte décadaire, se posent en concurrentes directes du culte catholique [32]. Certains prêtres sautent dès lors le pas : dans l’office [33] ou les sacrements, tel Brugière, curé de Saint-Paul à Paris, qui administre l’extrême-onction en français [34]. D’autres exemples semblables sont complaisamment rapportés par les Annales de la Religion comme répondant à un souhait populaire [35]. Le sujet est donc à nouveau étudié [36]. Jacquemont, prêtre janséniste et convulsionnaire, s’interroge : « Le sacrifice de la Messe n’est-il pas le sacrifice du peuple, aussi bien que du prêtre ? […] et il leur sera défendu de prier comme lui et avec lui ? […] [37] ». Un autre, anonyme, invoquant saint Paul, compare ces fidèles ignorants à des cymbales retentissantes. Les persécutions contre l’Église y trouvent leur cause : prier sans comprendre, c’est offenser Dieu. « Le seul remède à ces grands inconvéniens seroit de permettre de faire la liturgie et l’office divin en langue vulgaire [38]. » Il faut donc traduire ou recomposer le culte en français. La tâche sera aisée, car les 150 dernières années ont fourni des traductions de qualité [39], déjà utilisées par les bréviaire et missel de Paris [40], adoptés par de nombreux diocèses. Pour les hymnes et cantiques, le terrain a déjà été investi depuis longtemps par des auteurs pour la plupart jansénistes : Rousseau [41], Racine [42], Godeau [43], Latour [44], Lattaignant [45] et La Pérouse [46].
12Le sujet de l’introduction du français dans la liturgie paraît suffisamment mûr pour être pris en compte par le Concile national qui se réunit en août 1797. La liste des brochures et des lettres adressées sur ce sujet au Concile montre combien la réforme est espérée [47].
13La congrégation de liturgie présidée par Grégoire [48] doit aborder la réforme et l’uniformité des livres liturgiques, déterminer l’usage de la langue vulgaire dans la liturgie, la discipline du clergé et des fidèles et la police des cérémonies. Cependant, ce n’est que tardivement que le concile se penche sur le sujet et comme le temps vient à manquer, on décide que ce sera au prochain concile national de définir les détails. Le 9 novembre 1797, le Concile promulgue un décret stipulant que « les prières du prône seront faites en français. […] Dans la rédaction d’un rituel uniforme pour l’Église gallicane, l’administration des sacremens sera en langue française. Les formules sacramentelles seront en latin [49]. » Le contrôle de l’ordinaire sur les prêtres de son diocèse est rappelé afin d’empêcher les initiatives personnelles.
14Point de débat majeur, la question de la langue est donc abordée, mais non tranchée. On notera la distinction entre langue française et langue vernaculaire à propos du prône [50]. Non sacramentel, cet acte peut déjà être fait en langue vernaculaire, autrement dit en patois [51]. Mais le concile impose l’usage du français dans les prières qui le closent. Il s’agit d’infuser progressivement l’usage du français, unique langue de la Nation. Le français fait également son entrée dans le rituel, mais il conviendrait de distinguer clairement l’administration des sacrements – l’acte en général –, des paroles sacramentelles – formules réservées au prêtre. La subtilité du départ entre ces deux aspects crée une brèche dans laquelle certains vont s’engouffrer. Enfin, ces décrets rappellent implicitement qu’on ne saurait toucher au rit de la messe. Le français n’y aura pas sa place en dehors du prône. Les principes définis limitent donc en grande partie les innovations en faveur du français.
15Les déceptions sont nombreuses : « On gémit de ce que le concile n’a point ordonné toutes les prières publiques en langue vulgaire. Vêpres, messe, sacrements, on veut tout en français ; mais les Bretons, les Picards, les Auvergnats, les Gascons, les Biscayens, les Provençaux n’ont-ils pas le droit de vouloir nos liturgies dans leurs langues ou jargons ? » ironise Le Coz [52]. Ce décret tente au final de ménager une position complexe : fidélité à Rome et affirmation d’une Église gallicane avec sa liturgie nationale. Dans ce difficile équilibre, le latin demeure prépondérant.
Tempête dans l’Église constitutionnelle : la bataille du Sacramentaire français
16Sur le terrain, tous ne suivent pas le décret. Grégoire a rédigé un traité sur la liturgie en langue vulgaire [53] et on atteste en nombre d’églises, Notre-Dame de Paris même, d’usage de la langue française, tant dans l’office que dans l’administration des sacrements ou même la messe [54]. Dans le courant de l’année 1798, l’abbé Duplan fait l’essai de vêpres en français dont l’organe constitutionnel se fait l’écho ravi [55]. Encouragé par ce succès, Duplan publie un antiphonaire français [56] et propose des modifications du missel : monitions, oraisons et pièces de l’ordinaire, introduction d’une nouvelle oraison française au début de la messe et un confiteor que le prêtre réciterait selon la paraphrase de l’Imitation de Jésus-Christ tandis que les fidèles réciteraient en français la formule du missel [57]. 1799 voit la parution d’autres brochures touchant l’office des heures [58].
17À Versailles, on est allé plus loin. Les Annales de la Religion nous apprennent que : « dans cette église non seulement on fait le prône en français […], mais les sacremens s’administrent dans la même langue, au grand concours et à la satisfaction des fidèles [59]. » François-Louis Ponsignon, vicaire épiscopal, cornaqué par son évêque Clément – désireux de parvenir à la francisation du rite [60] –, se met à l’œuvre [61]. Il n’existe qu’une version manuscrite de son Sacramentaire français [62] rédigé en partie à l’été 1798 et expérimenté dès l’automne [63]. C’est le 19 juillet 1799 qu’il en annonce l’achèvement [64]. Il a dispensé 400 baptêmes selon ce nouveau rituel. Ponsignon et Clément ont-ils célébré la messe en français, ainsi que certains l’ont dit ? On n’en a aucune preuve.
18Du reste, le Sacramentaire ne concerne pas la messe, c’est avant tout une adaptation du Rituel latin. Ponsignon condense des oraisons, élague, ajoute des monitions ou des indications pratiques. L’auteur s’en justifie en précisant que le concile demandait la rédaction d’un rituel, non une simple traduction. Le Rituale parisiense, modèle de beaucoup d’autres rituels, est sa source principale, avec le Pontifical [65] et le Pastorale parisiense [66]. Les traductions françaises sont de lui-même (pour le rituel proprement dit) ou, pour les citations scripturaires, empruntées aux Bibles de Port-Royal [67] et de Carrières [68]. Pour la traduction des hymnes et proses, il a recouru aux livres de Paris. Le Sacramentaire français donne ainsi l’ensemble des sacrements catholiques tout en français [69]. C’est un travail de remaniement et de recomposition qui se veut accessible entièrement aux fidèles.
19Le premier reproche fait à Ponsignon est de traduire intégralement les paroles sacramentelles – chose formellement interdite à Trente – ce qui n’est pas entièrement vrai [70]. Cependant, de la traduction à la recomposition, il franchit souvent le pas. C’est le second reproche qui lui est fait. Il remanie l’ordre des oraisons, raccourcit des passages, en développe d’autres. Prenons l’exemple du baptême. De nombreux parents, parrains et marraines manifestant des carences catéchétiques, Ponsignon choisit de placer l’exhortation qui les concerne dès le début du rite. Assez différente du Rituel, elle développe un exposé doctrinal sur le baptême comme source du salut. Référence est également faite à la nécessaire cohérence entre le baptême et l’état-civil : la déclaration civile précède le baptême (à l’instar du mariage). Pour les baptêmes d’adultes, Ponsignon prévoit un décorum imposant que taisent le Rituel et le Pontifical : il aura lieu lors des vigiles de Pâques ou Pentecôte, moments liturgiques forts ; le catéchumène sera reçu à la porte de l’église par tout le clergé en ornements violets, puis revêtu de blanc, etc. Pédagogie démonstrative, cette mise en scène affirme l’authenticité du baptême catholique (par opposition aux baptêmes réformé ou théophilanthropique) et rééduque des fidèles ignorants de leur foi. Le Sacramentaire peut ainsi être utilisé avec une population plus ou moins déchristianisée [71]. Il ne s’agit pas pour autant d’assouplir les dogmes ou la discipline. C’est ainsi que les candidats au mariage ne peuvent être divorcés, union civile et religieuse restant étroitement liées. Le rôle du français est, dans cette optique, pragmatique, englobant et crucial : il faut que ces fidèles volontaires comprennent le rite pour l’accepter et lui donner tout son sens.
20Ponsignon pense avoir rempli parfaitement les vœux du Concile national. À son grand étonnement, il s’attire pourtant les foudres d’une partie de l’épiscopat constitutionnel. De juillet 1799 à juin 1801, articles et libelles polémiques vont s’échanger autour du Sacramentaire. Le souci majeur des Évêques réunis est le rétablissement du culte dans toutes les paroisses dévastées. La relative rapidité avec laquelle le Sacramentaire est mis à l’essai participe pourtant de cette préoccupation. L’enjeu d’une réforme liturgique qui consacre la légitimité et le monopole constitutionnel sur le culte catholique, partant sa reconnaissance par l’État et par Rome, est grave. Mais, au-delà d’un conservatisme frileux, l’opposition au Sacramentaire révèle les tensions qui parcourent les constitutionnels. Tout d’abord, les querelles de personnes parmi les Évêques réunis, notamment entre Royer [72] et Clément, l’un gallican très modéré l’autre janséniste et gallican convaincu, qui ne se reconnaissent aucune légitimité [73] et cristallisent leur différend sur le Sacramentaire [74]. Ensuite, la polémique éclaire les divergences sur le degré de réforme souhaité. Innover comme le font Clément et Ponsignon, c’est, pour leurs opposants, bafouer la Tradition, vecteur de la Révélation. En abandonnant le latin, on se comporte, en somme, comme ces vandales dénoncés sur un autre terrain par Grégoire. Enfin, par la liturgie, il s’agit de redéfinir la visibilité de l’Église dans une société en voie de laïcisation. En bouleversant ainsi le rite, ne risque-t-on pas de toucher à l’ordre public et mettre en danger la liberté du culte ? Plusieurs évêques ont connu les affres de la Terreur et du Directoire et en conçoivent une attitude prudente, voire timorée.
21Face à cette majorité hostile, Grégoire, Clément et Ponsignon, raisonnent sur le terrain de la pastorale et posent l’impératif d’une réforme totale. Un peuple qui a goûté à la liberté ne peut plus se satisfaire d’un culte où il n’a qu’une part figurative. Retrouver la pureté de l’Église en revenant à ses fondements antiques et lui donner de s’adapter à une ère nouvelle où le fidèle est aussi un citoyen, c’est là le but ultime de leur réforme. L’Église gallicane est un corps qui n’est pas juxtaposé à la société civile, mais en est une composante inséparable : la langue est le ciment qui les lie.
22Entre théorie et pratique, la question du français révèle également la fracture entre les deux ordres du clergé. À un cadre ritualiste trop étroit et décourageant, le bas clergé oppose une liturgie accueillante, participative et efficace. En donnant linguistiquement l’accès des mystères de la foi à tous, on renoue avec une Antiquité idéalisée, quand clergé et fidèles parlaient d’une seule voix à Dieu. Au nom du sacerdoce universel, les fidèles prient comme et avec le prêtre, non plus par son intermédiaire. L’abandon du latin modifie certes le rôle du clergé voulu par Trente : d’unique enseignant et dispensateur des sacrements, il devient le garant de leur licéité, l’encadrant du peuple de Dieu, comme le stipule sa subordination administrative voulue par la Constitution civile. Quand les opposants craignent l’abandon du contrôle clérical, les partisans leur opposent un clergé qui enseigne et officie sans se constituer en caste séparée, mais plutôt en un corps solidaire dont la mission sacrée (conférée par l’ordination et l’élection) est d’assurer le culte avec et non devant les fidèles, au final une Église démocratique et républicaine.
23À une autre échelle, la crise du Sacramentaire devient la toile de fond des divergences de vue sur le lien des constitutionnels à Rome. En effet, la question de la langue liturgique touche à l’Église universelle. En faisant le choix d’une réforme liturgique aussi radicale, l’Église gallicane reste-t-elle catholique ? Pour les partisans du Sacramentaire, elle est à mettre au nombre de ses spécificités, dans l’esprit des Quatre Articles. Ainsi, son rituel gallican, où la langue française aurait toute la place, est parfaitement licite, car il reste un avatar du rite romain, mais devient nonobstant un rite national. L’unité de l’Église n’est pas brisée. Pour Clément et Grégoire, la hiérarchie ecclésiale constitutionnelle concilie esprit des Écritures et régime républicain. Les fidèles forment un corps d’égaux dans lequel la hiérarchie n’a d’autre justification que l’encadrement : c’est pourquoi le principe électif du clergé par le peuple, la prise de décision par des synodes et conciles diocésains, nationaux et œcuméniques, ne peuvent être remis en cause par le pape qui n’a d’autorité que spirituelle. Le Sacramentaire répondant aux vœux d’un Concile national est donc parfaitement valide. Le Coz comme Saurine ou Royer partagent cette vision républicaine, mais pensent qu’abandonner le latin, ciment de l’universalité catholique, c’est mettre en danger l’unité de l’Église d’Occident. La prise de position pontificale à l’égard de la Constitution civile du clergé, quoiqu’il s’en défende, a mis le clergé constitutionnel dans une position embarrassante : il est reconnu par l’État, mais considéré comme schismatique par Rome. Tant qu’il y a une unité de culte, les constitutionnels peuvent arguer de leur catholicité. En adoptant le français, ils franchiraient une limite irréversible.
24Le second concile national qui devait résoudre la polémique est arrêté net par Bonaparte négociant le Concordat (1801). L’Église constitutionnelle disloquée, un nouvel épiscopat installé, la disparition des ténors constitutionnels et une religion sous ferme contrôle de l’État et de Rome mettent fin aux discussions. Si un article organique du Concordat prévoit qu’« il n’y aura qu’une liturgie et un catéchisme pour toutes les églises catholiques de France [75] », il ne précise nullement que cette liturgie serait autre qu’en latin. Vouloir une liturgie en français reste une marque de dissidence. C’est ainsi le fait de l’abbé Châtel, fondateur de l’Église catholique française (1830) [76], de l’Église gallicane de Loyson ou encore de l’Église Vieille-Catholique, qui francisent intégralement missel et rituel. Mais ces ecclésioles demeurent des cas isolés. L’Église catholique ne rouvrira le débat qu’au tournant du 20e siècle à la faveur du mouvement liturgique qui aboutira au décret Sacrosanctum Concilium libéralisant l’usage des langues vernaculaires sans renoncer au primat du latin. La question est-elle résolue ?
Mots-clés éditeurs : Abbé Grégoire, latin, Église constitutionnelle, Liturgie, langue française, Sacramentaire français
Date de mise en ligne : 02/07/2021
https://doi.org/10.3917/dhs.053.0341Notes
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[1]
Henri Grégoire (attr. à), Réclamations des fidèles catholiques de France en faveur de l’usage primitif de la langue vulgaire, Brajeux, 1801, p. 31.
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[2]
Pour la période tridentine, il faut se référer aux travaux de Herman Schmidt, Liturgie et langue vulgaire : le problème de la langue liturgique chez les premiers réformateurs et au Concile de Trente, Rome, Universitatis Gregorianæ, 1950 et d’Alain Tallon, La France et le Concile de Trente, Rome/Paris, École française de Rome, 2000.
-
[3]
Xavier Bisaro, Chanter toujours : plain-chant et religion villageoise dans la France moderne, 16e-19e siècle, Rennes, PUR, 2010.
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[4]
En premier lieu, on fera référence aux Heures de Port-Royal de Lemaistre de Sacy (1653) ou au Bréviaire latin-français de Le Tourneux (1688).
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[5]
22 janvier 1775 : Voltaire, Collection complette des œuvres de M. de Voltaire. Correspondance générale, Paris, Bastien, 1796, lettre LXXIV, p. 105.
-
[6]
Voltaire, Œuvres complètes, Siècle de Louis XIV, Paris, Baudouin frères, 1825, p. 380-381.
-
[7]
« Que le culte public soit fait en langue française. Il est raisonnable que l'homme qui rend à Dieu le culte qu'il lui doit se joigne d’esprit et de cœur aux prières qu'il lui adresse. » (Paris hors les murs) : éd. Mavidal et Laurent, Archives parlementaires de 1787 à 1860, t. I, p. 532 ; également p. 565.
-
[8]
La Feuille villageoise, t. IV, no 36 du 31 mai 1792, p. 229.
-
[9]
Lettre d’un pédagogue citée dans Ferdinand Brunot, Histoire de la langue française, des origines à 1900, Paris, Armand Colin, 1927, t. 9, 1-2, p. 131.
-
[10]
Antoine de Rivarol, De l’universalité de la langue française, Paris, Bailly et Dessenne, 1784.
-
[11]
Carré, Culte public en langue française. Adresse à l’Assemblée nationale, Auxerre, L. Fournier, 1790.
-
[12]
Les Révolutions de Paris de Prudhomme en font un long éloge (no 51 du 26 juin au 3 juillet 1790, p. 707). Elle est saluée encore en 1792 par la Feuille villageoise, t. II, no 27 du 29 mars 1792, p. 13.
-
[13]
Jean-Marie Roland de La Platière, Aux pasteurs des villes et des campagnes, Paris, Imprimerie Nationale, 1792, p. 2.
-
[14]
Ghislain Waterlot, « Superstition, religion naturelle, religions historiques dans l’Émile », Archives de Philosophie, t. 72 (1), 2009, p. 55-73.
-
[15]
Marie-Clémence Perrot, « La politique linguistique pendant la Révolution française », Mots, no 52 (1), 1997, p. 158-167.
-
[16]
« Ce seul changement changerait en mieux les mœurs du peuple français. […] alors les Français auront l’esprit de la République. » (Jean-Henri Bancal des Issarts, Du nouvel ordre social fondé sur la religion, Paris, Baudouin, 1797, p. 512).
-
[17]
La Feuille villageoise, t. IV, no 27 du 29 mars 1792, p. 9-10.
-
[18]
Lettre du 13 prairial an II : Alphonse Aulard, La Société des Jacobins, Paris, Quantin, 1897, vol. VI, p. 164, no XXXIX.
-
[19]
Ferdinand Brunot, Histoire de la langue française…, ouvr. cité, t. 9, 1-2, p. 180-181.
-
[20]
Rita Hermon-Belot, L’abbé Grégoire : la politique et la vérité, Paris, Seuil, 2000, p. 79 et suiv.
-
[21]
Michel de Certeau, Dominique Julia et Jacques Revel, Une politique de la langue, la Révolution française et les patois : l’enquête de Grégoire, Paris, Gallimard, 1975 ; Lettres à Grégoire sur les patois de France 1790-1794, éd. Augustin Gazier [1880], rééd. anastatique, Genève, Slatkine, 1969.
-
[22]
Jean Dubray, Les fondements anthropologiques et l’art social dans l’œuvre de l’Abbé Grégoire, thèse, Université de Provence, 2004, p. 534.
-
[23]
Ibid., p. 539.
-
[24]
Ibid., p. 534.
-
[25]
Henri Grégoire, Discours du citoyen Grégoire sur l’éducation commune, Paris, Imprimerie nationale, 1793, p. 8-9.
-
[26]
Bibliothèque de la Société de Port-Royal (BSPR) GR 1432, 1433 et 1434.
-
[27]
Henri Grégoire, Traité de l’uniformité et de l’amélioration de la liturgie présenté au Concile national, Paris, Imprimerie-librairie chrétienne, 1801. Une nouvelle édition annotée est en cours de préparation.
-
[28]
Lettre encyclique de plusieurs évêques de France à leurs frères les autres évêques et aux églises vacantes, 1795, p. 13.
-
[29]
Ibid., p. 139 et suiv.
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[30]
Jean Dubray, Les fondements anthropologiques…, ouvr. cité, 2004, p. 550.
-
[31]
Ibid., p. 551.
-
[32]
Henri Grégoire, Histoire des sectes religieuses, Paris, Baudoin frères, 1828, vol. I, p. 419.
-
[33]
François Rozier, Vêpres du dimanche, traduites en françois, avec quelques cantiques à chanter dans le cours de la messe et à la bénédiction du Saint-Sacrement, 1793.
-
[34]
Pierre Brugière, Mémoire apologétique de Pierre Brugière, curé de Saint-Paul, Paris, 1804, p. vii-viii.
-
[35]
Annales de la Religion, t. I, no 9 du 27 juin 1795, p. 208-209.
-
[36]
Abbé François Jacquemont, Avis aux fidèles sur la conduite qu'ils doivent tenir dans les disputes qui affligent l'Église, 1796 ; Jh L. N., Réformes à faire dans l’extérieur du culte catholique : substituer le français au latin pour la prière publique, Paris, Renaudière, 1797 et Bancal des Issarts, Du nouvel ordre social…, ouvr. cité, 1797.
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[37]
François Jacquemont, Avis aux fidèles…, ouvr. cité, p. 183-184.
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[38]
BSPR GR4052, lettre de dom Dufeÿ.
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[39]
Isaac Louis Lemaître de Sacy, Le Nouveau Testament de Nostre Seigneur Jesus Christ, traduit en françois, Mons, Gaspard Migeot, 1667 ; La sainte Bible traduite sur les textes originaux, Cologne, aux dépens de la Compagnie, 1739 ; François-Philippe Mésenguy, Le Nouveau Testament de Notre Seigneur Jésus-Christ traduit en françois, Paris, Lottin et Desaint, 1729.
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[40]
Réformes à faire dans l’extérieur…, ouvr. cité, p. 5.
-
[41]
Jean-Baptiste Rousseau, Œuvres diverses, Soleure, Heuberger, 1712.
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[42]
Jean Racine, Cantiques spirituels, Paris, Thierry, 1694.
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[43]
Antoine Godeau, Œuvres chrétiennes, Paris, Camusat, 1633.
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[44]
On trouve quelques cantiques de cet abbé dans des publications pieuses des 18e et 19e siècles.
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[45]
Gabriel-Charles de Lattaignant, Poésies, Paris, Duchesne, 1756.
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[46]
Il faut citer également les Cantiques sur les points principaux de la religion et de la morale chrétienne, 1765 et les Cantiques spirituels à l'usage des petits Catéchismes de la paroisse de Saint-Sulpice, 1766 par l'abbé sulpicien Henri de Doncourt.
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[47]
BSPR GR 2308. Ces pièces ont malheureusement disparu.
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[48]
BSPR GR 5135 et RV 185, fo 31 v.
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[49]
BSPR RV 185, fo 110 r.-v.
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[50]
« qui tient le milieu entre le catéchisme et la prédication » dit Richelet, Prosne, Dictionnaire de la langue françoise, Lyon, Jean-Marie Bruyset, 1759.
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[51]
Rituale parisiense, 1697, p. 486-487.
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[52]
Claude Le Coz, Correspondance, Paris, A. Picard et fils, 1900, p. 308-310.
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[53]
Henri Grégoire, Mémoires, vol. 2, Paris, J. Yonet, 1840, p. 88. Le texte a disparu. Voir également sa Réclamation des fidèles catholiques de France au prochain Concile national, en faveur de l’usage primitif de la langue vulgaire dans l’administration des sacremens contre l’avis motivé publié dans les Annales de la Religion, 1801.
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[54]
Pierre Brugière, Appel au peuple chrétien, de la réclamation de M. Royer, évêque de Paris, contre l’admission de la langue française, dans l’administration des sacremens, Paris, Brajeux, 1800, p. 90 ; Henri Grégoire, Réclamation des fidèles catholiques, ouvr. cité, p. 115, 139, etc.
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[55]
« [Vêpres en français à Gentilly] », dans Annales de la Religion, t. VII, no 2, 1798, p. 182-183.
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[56]
Jean-Marie Duplan, Essai pour le dimanche, des hymnes, pseaumes et cantique, en français, notés pour être chantés sur les mêmes tons des hymnes, pseaumes et cantiques latins auxquels ils correspondent dans les usages de Paris, Paris, Imprimerie-Librairie chrétienne, 1798.
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[57]
[Essai] en Français des prières et cérémonies dont l’Église se sert pour l’administration des sacrements de baptême, extrême-onction et le Saint Viatique publié à la suite de l’Essai pour le dimanche des hymnes, pseaumes et cantiques, et Autre essai de la messe du jour de l’Épiphanie en Français, notée d’après les tons marqués dans le Graduel, 1798 pour les deux.
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[58]
Rozier, Vêpres du dimanche, traduites en françois, avec quelques cantiques à chanter dans le cours de la messe et à la bénédiction du Saint-Sacrement, ouvr. cité, 1793 ; Louis Renaud, Dissertation sur la célébration de l’office divin en langue vulgaire, suivie des règles de psalmodie française suivant la traduction du bréviaire de Paris, Paris, imprimerie librairie chrétienne, 1799 ; Anonyme, Formule abrégée pour faire le prône, à l’usage du diocèse du Doubs, Besançon, 1799.
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[59]
Annales de la Religion, t. VIII, 1798, p. 68.
-
[60]
Archives de la Compagnie de Saint-Sulpice, ms. 1305 et 1305bis. Il s’agit d’un ensemble de fiches de travail sur lesquelles Clément propose des corrections et des modifications, notamment au bréviaire et au missel.
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[61]
BSPR GR 2670, lettre de Desbois de Rochefort, évêque de la Somme, 12 août 1798.
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[62]
BSPR GR 1012 et 5230, légués par Ponsignon à Grégoire en 1809.
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[63]
Annales de la Religion, t. VIII, 1798, p. 68.
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[64]
BSPR GR 1012 2 ms. publié dans les Annales de la Religion, t. IX, 1799, p. 318-328.
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[65]
On peut supposer que c’est l’édition de 1752 qui fut utilisée.
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[66]
Antoine-Éléonore-Léon Leclerc de Juigné, Pastorale Parisiense, Paris, Simon, 1786.
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[67]
I. L. Lemaître de Sacy, Le Nouveau Testament de Nostre Seigneur Jésus-Christ…, ouvr. cité.
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[68]
Louis de Carrières, Commentaire littéral sur la Sainte-Bible contenant l’Ancien et le Nouveau Testament, 9 vol., Paris, Moreau, 1741.
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[69]
Le texte concernant le mariage, qui a existé, ne nous est pas parvenu.
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[70]
Par exemple, il conserve scrupuleusement les paroles latines de la communion des fidèles.
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[71]
« D'après l'état actuel de la religion en France, il est facile de conjecturer qu'il se présentera de fréquentes occasions d'administrer le sacrement de baptême aux adultes qui ne l'auraient point reçu dans leur enfance. » : BSPR GR 1012, p. 13.
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[72]
Élu évêque de Paris en 1798.
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[73]
Voir le portrait qu’en donne Rodney J. Dean : L’Église constitutionnelle, Napoléon et le concordat de 1801, Paris, Picard, 2004.
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[74]
Ibid., p. 98-99.
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[75]
Concordat de 1801, articles organiques du 26 messidor an IX, article XXXIX.
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[76]
Profession de foi de l’Église française catholique et apostolique de Clichy, 15 janvier 1833, p. 7. Voir le Nouvel eucologe à l’usage de l’Église Catholique Française : Réforme radicale, Paris, Prévot, 1836.