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Article de revue

Avant-propos. La retraite au 18e siècle : désir ou chimère ?

Pages 11 à 25

Notes

  • [1]
    Louis-Antoine Caraccioli, Le Chrétien du temps confondu par les premiers chrétiens, Paris, chez Nyon, 1767, p. 113.
  • [2]
    Dom Philippe Gourdin, L’Homme sociable ou réflexions sur l’esprit de société, Amsterdam, Mercus & Arckstée, 1767, 1re partie, I, « Origine et nécessité de la société », p. 3-4.
  • [3]
    Les Confessions, Livre 8, Œuvres complètes, dir. Bernard Gagnebin et Marcel Raymond, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1959, vol. I, p. 362.
  • [4]
    Voir bien sûr l’article Philosophe de l’Encyclopédie.
  • [5]
    Jean Dumas, Traité du suicide ou Du meurtre volontaire de soi-même, Amsterdam, D. J. Changuion, 1773, chap. VI, p. 353. La mise en italique est de l’auteur. C’est volontairement que nous ne donnons pas de citations, en général bien connues, des auteurs les plus attendus.
  • [6]
    Il s’agit du n° 41 de 2009, en forme de dictionnaire, dirigé par Yves Citton et Laurent Loty.
  • [7]
    Voir notamment les articles Isolement d’Érik Leborgne, p. 155-167, Solitaires d’Antoine Hatzenberger, p. 283-301, et Communion (républicaine) de Pierre Hartmann, p. 43-59.
  • [8]
    Volney, La Loi naturelle, ou Catéchisme du citoyen français, Paris, Chez Sallior, 1793, chap. III, p. 33. Souligné par l’auteur.
  • [9]
    S. Ehmann et S. Borges, Rock the Shack. The architecture of Cabins, Cocoons and the Hide-Outs, Berlin, Gestalten, 2013 et Hide and Seek : The architecture of Cabins and Hide-Outs, dir. S. Borges, Berlin, Gestalten, 2014.
  • [10]
    « Il faut qu’il y ait des maisons de retraite pour la vieillesse, pour l’infirmité, pour la difformité […] » (L’Homme aux quarante écus [1768], dans Romans et contes de Voltaire, éd. René Pomeau, Paris, GF-Flammarion, 1966, p. 421).
  • [11]
    Pensons par exemple à M.-A. Ionescu, Le Sentiment de la solitude chez quelques romancières du dix-huitième siècle : Mme de Tencin, de Graffigny et de Charrière, Thèse, Indiana University, 1997 ; R. G. Bonnel, Éthique et esthétique du retour à la campagne au 18e siècle. L’œuvre littéraire et utopique de Lezay-Marnésia, 1735-1800, New York, Peter Lang, coll. « Eighteenth Century French Intellectual History », 1995 ; L Mall, Origines et retraites dans La Nouvelle Héloïse, ibid., 1997 ; P. Éjarque, Écrire la clôture conventuelle. Réalités féminines, rêveries masculines dans la Vie de Marianne de Marivaux, Paris, Champion, 2010.
  • [12]
    B. Beugnot, Le Discours de la retraite au 17e siècle, Paris, PUF, 1996, p. 166.
  • [13]
    Pierre Naudin, L’Expérience et le sentiment de la solitude, de l’aube des Lumières à la Révolution. Un modèle de vie à l’épreuve de l’histoire, Paris, Klincksieck, 1995, p. 97.
  • [14]
    Mme Bruneau de la Rabattelière, Le Solitaire de Terrasson, Histoire intéressante par Madame de ***, Paris, 1733.
  • [15]
    « Aime-moi, belle Chloé./Vois combien il est doux d’habiter la grotte que j’occupe sur ce coteau […]./Ma grotte est commode, les murs en sont ornés de peaux molles » (dans « Idylles », Œuvres complètes, t. III, Orléans, Rouzeau-Montaut, 1783, p. 9).
  • [16]
    Grâce aux travaux menés depuis une vingtaine d’années. Voir notamment de Didier Masseau : Les Marges des Lumières françaises. 1750-1789, Paris, Droz, 2004 et Les Ennemis des philosophes. L’antiphilosophie au temps des Lumières, Paris, Albin Michel, 2001 ; ainsi que sous sa direction le Dictionnaire des anti-Lumières à paraître chez Champion.
  • [17]
    Voir ses Panégyriques des Saints publiés à la suite d’une réédition des Essais de littérature et de morale en 1755.
  • [18]
    Pour seul exemple, on peut lire dans la préface de l’édition de 1750 de la Retraite spirituelle pour un jour de chaque mois du jésuite Jean Croiset (1656-1738), que celle-ci « est pour le moins la vingt-cinquième […] sans compter la traduction angloise imprimée à Paris, et l’Italienne imprimée à Boulogne et à Rome » (Lyon, t. 1, p. VIII).
  • [19]
    Journal Encyclopédique, Liège-Bouillon, rééd. Slatkine, 1967, p. 11-12.
  • [20]
    Histoire de Gil Blas de Santillane, livre I, chap. IV et VI, éd. Roger Laufer, Paris, GF-Flammarion, 1977, p. 32 et sv.
  • [21]
    Voir Louis-Sébastien Mercier, Tableau de Paris, chap. II : « Les greniers » et chap. VII : « Patrie du vrai philosophe », dir. Jean-Claude Bonnet, Paris, Mercure de France, 1994, vol. I, t. 1, p. 29-30 et 40.
  • [22]
    Mémoires d’un père pour servir à l’instruction de ses enfans, livre 11, dans Œuvres complètes, Genève, Slatkine Reprints, 1968, t. I, p. 335.
  • [23]
    Prologue écrit pour Le Fils Naturel ou les Épreuves de la vertu, dans Diderot, Œuvres, éd. Laurent Versini, Paris, Laffont, coll. « Bouquins », t. IV, p. 1081, cité par H. Cussac (« Réécriture de la retraite dans les Contes et les Mémoires de Marmontel », dans Marmontel. Une rhétorique de l’apaisement, éd. J. Wagner, Louvain/Paris, Peeters, 2003, p. 198). Ce propos de Diderot correspond néanmoins davantage à une mise en scène de soi qu’à une réelle confidence autobiographique.
  • [24]
    Ainsi lit-on dans les Pensées : « Il faut se tenir en silence autant qu’on peut, et ne s’entretenir que de Dieu, qu’on sait être la vérité » (fr. 132, éd. P. Sellier, Paris, Garnier, 1991, p. 199) ; « Ne vous étonnez point, s’il ne raisonne pas bien à présent, une mouche bourdonne à son oreille […] chassez cet animal » (fr. 81, ibid., p. 180).
  • [25]
    Mémoires, éd. citée, p. 346. Le soulignement de la conjonction est nôtre.
  • [26]
    Diderot, Salons, éd. Marie Bukdahl, Michel Delon, Didier Kahn, Annette Lorenceau, Paris, Hermann, 1995, t. III, Ruines et Paysages-Salon de 1767, p. 275 (trad. : « Chère campagne, quand te reverrai-je ? », Horace, Satires, II, vi, 60).
  • [27]
    Lettre du 21 juillet 1765, dans Lettres à Sophie Volland. 1759-1774, éd. Marc Buffat et Odile Richard-Pauchet, Paris, Non Lieu, 2010, p. 407. Voir d’O. Richard-Pauchet, Diderot dans les Lettres à Sophie Volland. Une Esthétique épistolaire, Paris, Champion, 2007, IV, I, 2, « Le Petit château ou l’idylle impossible », p. 362.
  • [28]
    Les Rêveries du promeneur solitaire, « Cinquième promenade », dans OC, éd. cit., t. I, p. 1047. Voir l’article Heureux de l’Encyclopédie.
  • [29]
    Henri Bremont, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, vol. IV, nlle éd. augmentée, dir. François Trémolières, Paris, éd. Jérôme Millon, 2006, t. XI, p. 733.
  • [30]
    Voir Bertrand Westphal, auteur de La Géocritique, réel, fiction, espace, Paris, Minuit, 2007, et du Monde plausible, espace, lieu, carte, Paris, Minuit, 2011.
  • [31]
    Jean Starobinski, L’Invention de la liberté, 1700-1789, Genève, Skira, 1964, rééd. Skira Booking International, 1994, p. 195.
  • [32]
    « Schiller l’a bien vu – le genre traditionnel de l’idylle offrait la forme dans laquelle le rêve de la grande unité pouvait d’abord tenter de s’incarner […] », ibid., p. 159.
  • [33]
    Goethe, Les Affinités électives, dans Romans, éd. et traduction Pierre du Colombier, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1954, p. 293.
English version
« Hélas ! que sont devenus ces jours, où des mères chrétiennes ne recommandaient à leurs filles que l’amour de la retraite et de la pénitence… »
Carraccioli, 1767 [1]
« L’homme est né pour la société. La raison, la réflexion, l’inclination, le besoin, le plaisir, tout prouve qu’il est dans l’essence de l’homme de vivre avec ses semblables. Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; cela n’est même pas possible. »
Dom Philippe Gourdin, 1767 [2]

1Le ton est donné : en ces années 1760, nombre de voix se font entendre dans un long débat au premier rang duquel se trouvent les philosophes, pour proclamer la sociabilité comme première vertu de l’homme et s’élever contre les retraites religieuses et la recherche de la solitude. Après des siècles de perception positive du retrait du monde, les constantes anthropologiques se voient ainsi bouleversées. Celui qui se met à l’écart est vu désormais comme un marginal, un extravagant, un irrationnel ; on sait combien Rousseau souffrit suite à sa décision prise en 1751 de « marcher seul dans une route toute nouvelle [3] ». Tout être humain, qu’il soit homme du peuple, prêtre, ou philosophe, a le devoir de renoncer, si jamais il en avait l’idée, à sa recherche de repos et de participer à la marche du monde, bref, de se rendre utile [4]. Si nous devions raviver le souvenir de ce qui devient un principe, lisons ces quelques lignes du pasteur Jean Dumas datant de 1773 :

2

La principale occupation du sage n’est pas de se concentrer, pour ainsi dire, au fond de son âme, et de s’efforcer d’être mort durant sa vie, comme on le prétend, mais bien de sortir hors de soi pour s’occuper des autres, de travailler à leur bonheur, comme au sien propre, et de se conserver pour eux comme pour lui-même. Sa vie doit être plus active que contemplative, plus communicative que cachée [5].

3Cette brève introduction rappelle l’opposition fondamentale, dont la problématique de la retraite est une des catégories essentielles, entre les philosophes du 18e siècle et les apologistes de la religion chrétienne, mais amorce aussi le sujet de la solitude, incompréhensible à l’esprit des Lumières, sur lequel Pierre Naudin nous a donné naguère une belle somme, souvent rappelée dans ce volume. Était-il par conséquent nécessaire de consacrer aujourd’hui un numéro thématique à l’idée de se retirer du monde ?

4Sociabilité versus Solitude dans la retraite : de ces termes a priori antinomiques qui ont préoccupé les esprits du temps, nous avons davantage conservé le lien des Lumières avec les concepts d’extériorisation, d’énergie, d’action, de conversation, de recherche de bonheur au milieu de ses semblables, de vie en société. Sans remettre aucunement en cause cet héritage qui a fondé notre propre façon de vivre mais surtout de penser la collectivité, il nous a semblé primordial que la revue Dix-Huitième Siècle présente un numéro sur ce qui peut sembler finalement un paradoxe : la retraite. Récemment certes, elle a offert un volume au titre d’Individus et communautés[6] dans lequel quelques articles font le lien avec la notion du retirement [7]. Si la communauté va de pair avec la sociabilité, l’individuation naissante au 18e siècle – et très vite sa dénonciation – finit par mettre malgré lui l’être humain à l’écart. Souvenons de la définition donnée par Volney à la fin du siècle [8] :

5

D – Qu’est-ce que la vertu selon la loi naturelle ?
R – C’est la pratique des actions utiles à l’individu et à la société.
D – Que signifie ce mot individu ?
R – Il signifie un homme considéré isolément de tout autre.

6Aussi ce processus peut-il aller jusqu’à la rupture d’avec ses pairs. Nouveau paradoxe de l’époque des Lumières qui prône la sociabilité de manière, on doit le reconnaître, assez dogmatique.

7Se pencher sur la question, n’est-ce pas aussi mieux entendre notre temps ? Comprendre davantage par exemple d’où nous est venu le goût de la résidence secondaire, dans un lieu (campagne, montagne, bord de mer) que la main de l’homme n’aurait pas trop dénaturé ? Le désir d’habitats intimes, isolés et insolites, nous installant au plus près de la nature : cabane dans les arbres, roulotte, yourte jusqu’à l’invention récente, venue des États-Unis, des tiny houses[9] ? N’est-ce pas l’occasion de réfléchir aussi, comme l’avait fait Voltaire, à nos maisons communautaires dites de retraite [10] ? Sans faire de lien outrancier avec ces problématiques de nos 20e et 21e siècles, les diverses contributions, du fait de leur variété même, nous permettent d’entendre cet héritage. Autre raison : l’avantage que présente justement grâce à cette diversité l’originalité des approches. Chercheurs reconnus de longue date, qui ont été nos maîtres et/ou nos références (P. Chartier, D. Masseau, J.-M. Racault, J.-N. Pascal, H. Krief, P. Pelckmans) mais aussi jeunes (G. Farrugia, A.-F. Grenon, C. Ollagnier, A. Mirlo, F. Moulin, I. Riocreux), voire très jeunes chercheurs (A. Roger), d’horizons disciplinaires variés (Lettres, Histoire, Histoire de l’art spécialité architecture) enrichissent ainsi le sujet de façon singulière mais dans un écho affirmé à l’ensemble des contributions. Enfin, comme le rappelle Bernard Beugnot dans la préface dont il a bien voulu honorer notre volume, hormis l’ouvrage de Pierre Naudin et des travaux monographiques [11], assez peu d’études se sont intéressées à l’idée de s’éloigner du monde au 18e siècle. La pluralité des contributions permet par conséquent de nuancer la question et d’affiner l’évolution de la pensée et du mouvement de la retraite par rapport au siècle précédent pour lequel se retirer « loin du monde et du bruit », comme l’a démontré B. Beugnot, représentait une ascèse bienvenue, qu’elle s’effectue dans un cloître ou quelque lieu profane. Qu’allaient faire les hommes des Lumières d’un tel acquis socio-culturel ?

8L’histoire de la retraite, qui est d’abord celle des premiers anachorètes, avant celle du monachisme, est longue avant de devenir un objet de polémique au 18e siècle. Depuis la fin du 16e siècle, plusieurs styles de retraite dialoguent et s’opposent sans cesse : la retraite religieuse austère du chrétien, la retraite mélancolique ou chagrine du désabusé, et la retraite qui se nourrit d’un épicurisme souvent joyeux [12]. La vie monacale, notamment sous l’influence janséniste, connaît tout au long du 17e siècle un redressement d’une grande vigueur. Tout un renouveau spirituel imprègne donc la pensée classique, et à l’aube du siècle suivant, sont prisées les retraites spirituelles, qui ne sont plus réservées aux seuls résidents des communautés religieuses. Se retirer du monde correspond toutefois non seulement à un mouvement physique, mais aussi et surtout à la recherche d’une solitude intérieure, la plus difficile, permettant de ne penser qu’au divin. C’est ce type de retraite, véritable topos sociétal, qui fait par conséquent partie de l’habitus culturel du 18e siècle naissant, même si une certaine idéalisation de la campagne, dans l’opposition à une vie urbaine corruptrice et dangereuse, dénoncée dans nombre de textes depuis les Satires de Juvénal puis de Boileau (Satire VI), attire les solitaires et s’épanouit dans la littérature.

9Le 18e siècle, qui depuis Pierre Bayle, et malgré le topos romanesque de l’entrée dans une capitale peu amène, a retenu des villes les enrichissements, intellectuels notamment, qu’elles proposent, se souviendra en fait de la retraite profane et exprimera le goût d’un locus amoenus dans la tradition horatienne, allant de pair avec l’otium mondain. La dispute qui l’opposa à l’Église, dont l’enfermement au couvent et le célibat des prêtres constituèrent le cœur, fit retenir de lui son rejet de la retraite et de la solitude. Le conflit entre Rousseau et ses pairs ne fit qu’augmenter la polémique sur l’éventuel souhait de s’éloigner du monde.

10Parallèlement à une réalité de la première moitié du 18e siècle durant laquelle les retraites monastiques restaient nombreuses, il faut se souvenir de l’importante production de textes narrant la vie des premiers solitaires. La constance des rééditions de toute une littérature religieuse exprime le goût des décennies 1700-1740 pour l’histoire de femmes et d’hommes qui fascinent par la façon, rigide et dépouillée, dont ils vouaient leur vie à Dieu en se retirant dans quelque désert. Certes, l’ermite, d’après P. Naudin, « ne connaît plus tout à fait la fortune littéraire qui fut la sienne durant tout le Moyen-Âge et jusqu’au Grand Siècle [13] » ; néanmoins, du roman Le Solitaire de Terrasson publié en 1733 [14] aux solitaires des Contes moraux de Marmontel en 1766 et au vieillard narrateur de Paul et Virginie (1784), la figure de l’ermite interroge l’imaginaire au point que le 18e siècle multipliera grottes et ermitages au cœur de ses jardins anglais, comme l’illustre la gravure choisie pour la couverture de ce numéro de Dix-Huitième Siècle, dessinée par Le Rouge en 1776. Celle-ci souligne particulièrement bien l’évolution de l’idée de retraite au temps des Lumières : il semblerait en effet que l’isolement, de préférence temporaire, rejoignît la sociabilité, et abritât peut-être davantage quelques moments de solitude partagée ou quelque aventure galante – comme le chante Gessner reprenant le topos de la grotte de Calypso dans l’une de ses idylles aux accents pastoraux [15] – plutôt que la ferveur spirituelle.

11Rejet de la solitude, sans doute, mais c’est bien la retraite religieuse, issue de l’augustinisme, avec pourrait-on dire, Rancé et Guez de Balzac comme figures de proue, qui subit les foudres des philosophes du temps. On aurait toutefois tort de croire que malgré la destruction de Port-Royal en 1711, événement d’une grande force symbolique, les milieux jansénistes furent inactifs tout au long du 18e siècle. On commence à reconnaître maintenant [16] l’existence de cet autre 18e siècle, qui n’était pas celui des encyclopédistes – malgré les frontières poreuses entre les deux clans – mais celui composé d’un grand nombre d’ecclésiastiques et de laïcs qui se faisaient les défenseurs actifs de la religion chrétienne tout au long du siècle. En ce même temps donc où Voltaire déclare nécessaire d’« écraser l’infâme », les tenants de la tradition dévote publient nombre d’essais et de romans – sans oublier la parution régulière des Nouvelles ecclésiastiques – et, empruntant la rhétorique philosophique, continuent à louer la retraite. Les prédicateurs, de leur côté – comme l’abbé Trublet par exemple en 1755 [17] – édifient leurs ouailles dans leurs sermons en faisant l’apologie de la retraite solitaire exercée par les saints. Dans ce siècle des Lumières ayant hérité de la spiritualité très forte qui avait imprégné le 17e siècle, les pratiques de la retraite sont légion, certains salons fréquentés par les lettrés n’hésitent pas à faire encore régner l’esprit du Grand Siècle (c’est le cas de Mme de Tencin, à la suite de Mme de Lambert, comme ce sera celui des mardis de Mme Geoffrin), et les lecteurs des textes apologétiques sont assidus devant ce qu’il faut bien appeler des succès éditoriaux [18].

12Néanmoins, à partir des années 1760, l’Église commence à perdre de son pouvoir en raison de plusieurs facteurs qu’il ne s’agit pas de développer ici. Une des conséquences en est, grâce à la Commission des Réguliers (1768), la fermeture de nombreux couvents et monastères, et en raison de la poussée philosophique, un moindre désir des familles d’enfermer leurs enfants au couvent. La première des règles de la vie chrétienne, renoncer à soi-même, selon l’expression consacrée mourir au monde, ne convient plus à une culture qui commence à se soucier du bonheur de l’être humain dans l’espace et le temps où il vit. Mais le dogme implique aussi l’abnégation de toute sensation charnelle, ce qui ne pouvait que choquer nos philosophes chantres de la liberté de l’individu. La recherche du silence, qui en est la première obligation, ne pouvait que les indigner par ce qu’elle signifiait de coupure sensorielle au monde, alors même que Locke puis Condillac avaient mis en exergue le rôle primordial des sens dans la connaissance.

13Par conséquent, à partir de la deuxième moitié du siècle, la retraite commence à s’exprimer à travers un système de pensée où la morale de l’austérité n’est plus défendable – telle que l’entendaient les principes de la vie monacale au Moyen Âge et au 17e siècle. Une retraite sensorielle devient typique de la sensibilité moderne qui est celle des Lumières : « toute privation en général, comme le vide, les ténèbres, la solitude, produit l’étonnement et une espèce de frayeur dans l’âme qui se croit isolée [19] », écrit Pierre Rousseau, directeur du Journal Encyclopédique. Que le mouvement ait des causes spirituelles ou non, se retirer s’établit désormais le plus souvent dans un cadre naturel dont les sens, loin d’être exclus, enrichissent et fondent le mode d’existence. Néanmoins, les philosophes œuvrent à une sévère dénonciation de l’éloignement du monde.

14Sans cesse en fait, le 18e siècle réécrit Le Misanthrope, soit pour en atténuer la folie, c’est le cas de Diderot pour qui seul le méchant vit dans la solitude ; soit pour l’accepter, c’est le cas de Rousseau pour qui Alceste est un homme honnête. La littérature du temps, que ce soit pour la dénoncer et/ou la parodier (Lesage, Challe), ou pour la pervertir (Sade), ne cesse de penser la retraite. Certes, Prévost met encore en scène des retraites à l’image de celles du 17e siècle, mais il n’entre pas sans perplexité ni hésitation dans l’ordre moderne du récit, contrairement à Lesage qui évacue le tragique à partir d’histoires marquées par le style tragique pour préférer l’issue heureuse de la comédie, dans le plus pur style du romanesque moderne que le premier dix-huitième siècle tente d’imposer. On trouve ainsi chez ce dernier différentes formes de retraite – aussi surprenant que cela puisse paraître dans le récit d’aventures qu’est celui de Gil Blas – la plus parodique étant certainement celle que trouvent des hors-la-loi dans un souterrain, à l’origine lieu de retraite pour les chrétiens d’Espagne [20]. Chez Challe, tout autant que chez Lesage ou Marivaux, la retraite, constamment subie par les personnages, est chargée de négativité. Progressivement, les romans, qui immergent les personnages dans un espace sensoriel déterminé par leurs rapports physiques, sensibles et moraux au monde qui les entoure et par une conscience subjective du monde et d’eux-mêmes, les font se rebeller contre les retraites qu’ils subissent et qu’il finissent par quitter pour reprendre le cours du monde, ce qu’on peut lire encore chez Marmontel ou Diderot. Quand il ne s’agit pas de dénoncer le retrait du monde, le roman renouvelle la retraite en infléchissant progressivement l’antithèse monde/retraite. Le retirement se fait temporaire, pour quelques heures, quelques semaines, quelque mois. Il peut avoir lieu dans l’anonymat des villes (un grenier ou une chambre remplace pour l’écrivain la « librairie » d’un Montaigne au cœur de l’anonymat de la capitale [21]), au jardin ou dans quelque campagne, mais surtout il se partage : « Ma maison de campagne avait pour moi, dans la belle saison, encore plus d’agrément que n’avait eu la ville. Une société choisie, composée au gré de ma femme, y venait successivement varier nos loisirs, et jouir avec nous de cette opulence champêtre […] [22] », se souvient Marmontel. Les raisons du retirement sont diverses et celui-ci est de moins en moins conçu comme recherche spirituelle. Émerge même un type de retraite correspondant au souci d’un corps en bonne santé. On le sait : il paraît toujours plus d’ouvrages d’hygiène en même temps qu’une nouvelle culture du corps voit le jour. L’air que l’on respire, l’eau que l’on boit, l’aliment dont on se nourrit, font que se retirer à la campagne ne revêt pas toujours un objectif moral ou spirituel, mais en quelque sorte thérapeutique, comme en témoigne Diderot lorsqu’il séjourne en 1756 durant trois semaines à Massy chez son éditeur Le Breton : « Le sixième volume de l’Encyclopédie venait de paraître et j’étais allé chercher à la campagne du repos et de la santé [23]. »

15Ainsi, au moment où la culture classique vacille, des écrivains donnent une vision moderne de la retraite. La pente rousseauiste se trouve progressivement récusée tandis que la tradition horatienne se voit sauvegardée. Petit à petit, le siècle met fin à l’excès de la retraite silencieuse de Pascal [24], dans un renoncement total au monde, et à celui d’une sociabilité mondaine démesurée, pour préférer une forme adoucie du retirement, sereine, inconcevable sans relations humaines : « Je me voyais […] en état de vivre agréablement à Paris et à la campagne [25] », affirme désormais Marmontel, symbole même du nouvel individu bourgeois qui hérite du matérialisme ayant permis cette modernité qui est aujourd’hui encore la nôtre.

16Une telle forme de retraite, on la rêve, et parfois on la réalise. La thématique en effet ne se déploie pas uniquement dans les romans, si polémiques soient-ils. Si l’auteur de La Religieuse s’élève contre les chaînes du couvent, lors du commentaire du Miracle des Ardents de Doyen, l’idée de la solitude et de la retraite semble le séduire : « Voilà l’avantage de l’homme retiré dans la solitude. Il se parle, il s’interroge, il s’écoute, il s’écoute en silence. Sa sensation secrète se développe peu à peu ; et il trouve les vraies voix qui dessillent les yeux des autres et qui les entraînent. O rus, quando te aspiciam[26] ! » C’est bien ce même Diderot qui soupire dans ses lettres à Sophie après un « azile » [sic], une « niche grande comme la main » où se réfugier « loin de tous ces chagrins qui viennent [l]’assaillir [27] ». Mais dans l’esprit du philosophe, il n’est jamais de retraite sans pensée active des hommes et du monde. Avec une énergie différente, Rousseau ne l’aurait pas totalement contredit. Du lointain de ses retraites, il s’est toujours préoccupé des mouvements du siècle et s’est constamment engagé. Mais ce qu’on retiendra surtout, c’est que son éloge de la solitude – on ne sera pas surpris de voir Rousseau occuper une place centrale dans notre volume – correspond à une retraite où le silence n’est plus conçu comme un idéal seulement chrétien. Le sage n’est plus celui qui se retire dans le silence mais celui qui, au milieu du bruit, sait trouver, en lui-même, le silence dont il a besoin. Le sage, c’est encore celui qui, dans son retrait du monde, jamais total, sait voir, écouter et jouir de la nature. La retraite rousseauiste, si austère soit-elle, n’existe pas sans volupté sensorielle. Au 18e siècle, tout parle, tout vibre, tout frémit : « Un silence absolu porte à la tristesse. Il offre une image de la mort [28]. » Avec Rousseau, il faut donc éviter un repos complet – le repos, quies, étant un des mots les plus saints de la religion chrétienne [29]. Sa démarche existentielle montre de l’originalité en introduisant dans la réflexion morale une idée très souvent refoulée par le classicisme : aucune vertu ne peut exister sans plaisir. L’espace de la retraite est susceptible d’apporter du bonheur, et même s’il en coûte quelques larmes – du fait de quelque réminiscence mélancolique – ce seront des pleurs bienheureux.

17De ces quelques rappels et réflexions découlent logiquement les trois parties proposées dans ce numéro : « Culture et contre-culture de la retraite », « Topographie de la retraite », « La retraite : de l’expérience à l’utopie ».

Culture et contre-culture de la retraite

18Avant toute chose, pour évaluer au 18e siècle ce « désir d’ailleurs » en quoi se résume d’abord l’aspiration à la retraite, il faut s’entendre sur les mots et les concepts. Francesca Piselli nous révèle comment, du Moyen-Âge à l’âge classique, il s’agit d’un terme militaire, qui bascule progressivement du négatif (déroute) au positif (repli stratégique, rusé, sage ou prudent). Preuve que la notion est prête à évoluer encore, au sens spirituel et philosophique cette fois, selon l’idée que l’époque se fait des relations entre l’espace et l’esprit. Didier Masseau évoque surtout le mouvement de balancier qui, d’un camp idéologique à l’autre, suggère tout au long du 18e siècle l’ambiguïté d’un concept désignant pour les uns un idéal de vie austère mais sain et une pratique spirituelle enviable ; pour les autres un abus de pouvoir sur le corps des reclus, une fausse sagesse, une tartufferie. Tandis que l’idée s’infléchit enfin du côté de l’otium classique, renouant avec un épicurisme oublié…

19Pour illustrer cette pratique déjà ancienne, mais à laquelle le siècle veut croire encore, Alexandra Roger s’attarde sur le phénomène historique des vocations religieuses qui reflètent, entre fiction et réalité, l’abus de l’autorité paternelle, tandis que Nicolas Brucker évoque le travail romanesque de Michel-Ange Marin, religieux minime offrant dans ses récits monastiques féminins une image attrayante de la vie retirée.

20Du côté des innovateurs, un certain nombre de groupes humains s’approprient l’ethos de la retraite pour en renouveler, y compris de façon métaphorique, les usages et les vertus : on pense ici aux femmes, aux poètes et aux philosophes. Ainsi l’on observera avec Huguette Krief, dès le début du siècle, la façon dont certaines femmes ont pu récupérer ce mot d’ordre au profit de l’affirmation de soi au sein d’une « immobilité heureuse » (Mme de Lambert, Mme du Châtelet…). À l’autre bout du siècle, de Delille à André Chénier, de La Harpe à Millevoye, Jean-Noël Pascal évoque une série de poètes marqués, à travers leur formation classique, par le cadre poétique qu’inspire le discours sur la retraite, propre à infléchir une production déjà influencée par la Nature. Anne-France Grenon et Pierre Chartier présentent, eux, les deux faces d’une même médaille philosophique : côté pile, Rousseau, côté face, Diderot. Chacun fit à sa façon l’expérience de la retraite – l’un, comme système : l’autre, comme tentation – chacun reprochant à l’autre sa méthode. Ces deux formes, faut-il l’ajouter, sont rigoureusement laïques : avec des nuances, elles interrogent le monde à la fois comme force de corruption et comme public à éduquer ; l’écriture qui en résulte témoigne de cette tension, et de la plus ou moins grande sérénité qui, pour l’auteur, en résulte.

Topographie de la retraite

21La retraite, comme nous l’avons dit, ce sont avant tout des lieux, réels ou imaginaires. Topos ou locus amoenus, la géographie du retirement renvoie à une tradition spatiale (le cloître, l’ermitage, le désert) mais surtout, au 18e siècle, au développement, à l’aménagement du territoire géographique, romanesque et poétique [30]. Dans la continuité et en contrepoint du siècle précédent, qui est celui des grands travaux d’intérêt général (routes et canaux de France, places urbaines, jardins à la française), le siècle qui nous intéresse développe ce que l’on pourrait nommer des lieux d’intérêt particulier, lieux de repli, lieux d’hygiène, lieux intimes. L’espace du bonheur serait-il un périmètre perpétuellement menacé ? Jean Starobinski, dans L’Invention de la liberté, évoque parmi les raisons qui font rechercher aux belles âmes le refuge clos de l’idylle, les débuts du massacre de l’environnement urbain et rural par l’essor industriel (remarque surtout pertinente, d’ailleurs, pour l’Angleterre). « L’on voudrait retrouver, sinon l’âge d’or et l’Arcadie légendaire, du moins une vérité liée aux travaux élémentaires, aux affrontements rugueux, à la sobriété salubre. Peut-être est-ce le moyen de régénérer la société tout entière [31]. » Comme le montrent Claire Ollagnier et Sophie Lefay, on évite donc, ou l’on met à distance, les lieux communs (maisons et jardins ordinaires). On bâtit de petites maisons, des ermitages miniature dans les faubourgs des villes, au fond des parcs et jardins ; on y reconstitue même ces lieux d’horreur et de solitude empruntés à l’espace biblique ou romanesque, dans une version humaine, accessible et reposante. Parfois, il n’est que d’utiliser un matériau existant, la ruine, pour y promener sa mélancolie, y méditer, y trouver le repos – ce lieu même étant capable de superposer le passé et le présent, presque l’avenir (Geneviève Cammagre). Enfin les lieux écartés déjà bâtis (maisons de campagne, châteaux possédant leurs propres espaces de solitude ou de claustration) trouvent parmi le public ou le personnel de la fiction un regain d’intérêt : Martial Poirson, Fabrice Moulin et Audrey Mirlo indiquent comment, au théâtre ou dans le roman, on observe une prédilection des personnages, feinte ou spontanée, pour ce nouvel habitus de l’isolement loin des villes, bénéfique au repos de l’âme, à l’encerclement et au traitement des passions.

La retraite : de l’expérience à l’utopie

22Ce que les particuliers tentent de réaliser dans un espace à trois dimensions, dont certaines œuvres du répertoire littéraire renvoient l’écho, d’autres auteurs en font parfois l’expérience personnelle, bientôt relayée par leurs écrits. De nouvelles formes vont alors foisonner [32] : robinsonnades, lettres, promenades, comédies, maximes… selon le degré de réalisation du projet de retraite. Jean-Michel Racault et Benjamin Hoffmann évoquent le caractère de palimpseste de textes dans lesquels la topique insulaire, ou encore le rêve d’Azile en Amérique – pourtant réalisé une fois en 1791 (Les Lettres écrites des rives de l’Ohio (1792) de Lezay-Marnésia) sont pris et repris inlassablement par leurs auteurs, exprimant la problématique « de la réécriture infinie et de l’impossible remontée à l’origine ». À l’inverse, Guilhem Farrugia et Gabriel Thibault traitent du cas symptomatique de deux auteurs très proches, Rousseau et Bernardin de Saint-Pierre, qui, au terme d’une œuvre largement marquée par l’utopie, ont été capables de donner forme à leurs rêves, l’un à Ermenonville, l’espace de quelques semaines, l’autre, pour quelques années, dans sa maison d’Essonnes.

23Cette littérature de la « mise en acte » pouvait-elle avoir à son tour une influence morale sur le public ? Paul Pelckmans montre comment la thématique de l’Alceste moderne au théâtre, dès le début du siècle, sous la plume de Destouches, est une caisse de résonance bien surprenante : « l’idéal immémorial de la retraite venait à consoner […] avec un individualisme moderne devenu plus insistant ». Ingrid Riocreux, quant à elle, décrit le cas-limite de l’intellectuel aux prises avec une œuvre-vie et montre comment la retraite subie puis choisie par Chamfort finit par exprimer l’idéal misanthropique de l’homme – considéré comme un des beaux-arts.

24Mais alors, notre quête ne semble-t-elle pas s’inverser ? La retraite spirituelle conçue progressivement par l’homme dans un but édifiant, purifiant, roboratif, parfois idyllique, ne serait-elle plus aux confins du siècle que la mise en scène égoïste d’un individualisme en voie d’inflation ? Si l’on en croit la passionnante histoire des jardins et des hommes que constituent Les Affinités électives (1809) de Goethe, il faut concevoir ce que l’idéal ascétique de la retraite doit aux générations qui, au 18e siècle, se sont succédé (et parfois combattues), incapables désormais de partager ne serait-ce que leurs solitudes. Est-ce parce que ces dernières sont devenues désormais synonymes de liberté ?

25

Notre assistant fut conduit à ces réflexions […] alors qu’il était allé se promener à travers l’ancien parc du château, alors qu’il avait admiré les hautes allées de tilleuls, les promenades régulières, qui remontaient au père d’Édouard. Elles avaient admirablement réussi au sens de celui qui les avait plantées, et maintenant qu’on pouvait seulement s’en apercevoir et en jouir, personne n’en parlait plus ; on les visitait à peine ; la fantaisie et la dépense s’étaient tournées d’un autre côté et s’étaient portées vers les espaces libres et le lointain [33].

Notes

  • [1]
    Louis-Antoine Caraccioli, Le Chrétien du temps confondu par les premiers chrétiens, Paris, chez Nyon, 1767, p. 113.
  • [2]
    Dom Philippe Gourdin, L’Homme sociable ou réflexions sur l’esprit de société, Amsterdam, Mercus & Arckstée, 1767, 1re partie, I, « Origine et nécessité de la société », p. 3-4.
  • [3]
    Les Confessions, Livre 8, Œuvres complètes, dir. Bernard Gagnebin et Marcel Raymond, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1959, vol. I, p. 362.
  • [4]
    Voir bien sûr l’article Philosophe de l’Encyclopédie.
  • [5]
    Jean Dumas, Traité du suicide ou Du meurtre volontaire de soi-même, Amsterdam, D. J. Changuion, 1773, chap. VI, p. 353. La mise en italique est de l’auteur. C’est volontairement que nous ne donnons pas de citations, en général bien connues, des auteurs les plus attendus.
  • [6]
    Il s’agit du n° 41 de 2009, en forme de dictionnaire, dirigé par Yves Citton et Laurent Loty.
  • [7]
    Voir notamment les articles Isolement d’Érik Leborgne, p. 155-167, Solitaires d’Antoine Hatzenberger, p. 283-301, et Communion (républicaine) de Pierre Hartmann, p. 43-59.
  • [8]
    Volney, La Loi naturelle, ou Catéchisme du citoyen français, Paris, Chez Sallior, 1793, chap. III, p. 33. Souligné par l’auteur.
  • [9]
    S. Ehmann et S. Borges, Rock the Shack. The architecture of Cabins, Cocoons and the Hide-Outs, Berlin, Gestalten, 2013 et Hide and Seek : The architecture of Cabins and Hide-Outs, dir. S. Borges, Berlin, Gestalten, 2014.
  • [10]
    « Il faut qu’il y ait des maisons de retraite pour la vieillesse, pour l’infirmité, pour la difformité […] » (L’Homme aux quarante écus [1768], dans Romans et contes de Voltaire, éd. René Pomeau, Paris, GF-Flammarion, 1966, p. 421).
  • [11]
    Pensons par exemple à M.-A. Ionescu, Le Sentiment de la solitude chez quelques romancières du dix-huitième siècle : Mme de Tencin, de Graffigny et de Charrière, Thèse, Indiana University, 1997 ; R. G. Bonnel, Éthique et esthétique du retour à la campagne au 18e siècle. L’œuvre littéraire et utopique de Lezay-Marnésia, 1735-1800, New York, Peter Lang, coll. « Eighteenth Century French Intellectual History », 1995 ; L Mall, Origines et retraites dans La Nouvelle Héloïse, ibid., 1997 ; P. Éjarque, Écrire la clôture conventuelle. Réalités féminines, rêveries masculines dans la Vie de Marianne de Marivaux, Paris, Champion, 2010.
  • [12]
    B. Beugnot, Le Discours de la retraite au 17e siècle, Paris, PUF, 1996, p. 166.
  • [13]
    Pierre Naudin, L’Expérience et le sentiment de la solitude, de l’aube des Lumières à la Révolution. Un modèle de vie à l’épreuve de l’histoire, Paris, Klincksieck, 1995, p. 97.
  • [14]
    Mme Bruneau de la Rabattelière, Le Solitaire de Terrasson, Histoire intéressante par Madame de ***, Paris, 1733.
  • [15]
    « Aime-moi, belle Chloé./Vois combien il est doux d’habiter la grotte que j’occupe sur ce coteau […]./Ma grotte est commode, les murs en sont ornés de peaux molles » (dans « Idylles », Œuvres complètes, t. III, Orléans, Rouzeau-Montaut, 1783, p. 9).
  • [16]
    Grâce aux travaux menés depuis une vingtaine d’années. Voir notamment de Didier Masseau : Les Marges des Lumières françaises. 1750-1789, Paris, Droz, 2004 et Les Ennemis des philosophes. L’antiphilosophie au temps des Lumières, Paris, Albin Michel, 2001 ; ainsi que sous sa direction le Dictionnaire des anti-Lumières à paraître chez Champion.
  • [17]
    Voir ses Panégyriques des Saints publiés à la suite d’une réédition des Essais de littérature et de morale en 1755.
  • [18]
    Pour seul exemple, on peut lire dans la préface de l’édition de 1750 de la Retraite spirituelle pour un jour de chaque mois du jésuite Jean Croiset (1656-1738), que celle-ci « est pour le moins la vingt-cinquième […] sans compter la traduction angloise imprimée à Paris, et l’Italienne imprimée à Boulogne et à Rome » (Lyon, t. 1, p. VIII).
  • [19]
    Journal Encyclopédique, Liège-Bouillon, rééd. Slatkine, 1967, p. 11-12.
  • [20]
    Histoire de Gil Blas de Santillane, livre I, chap. IV et VI, éd. Roger Laufer, Paris, GF-Flammarion, 1977, p. 32 et sv.
  • [21]
    Voir Louis-Sébastien Mercier, Tableau de Paris, chap. II : « Les greniers » et chap. VII : « Patrie du vrai philosophe », dir. Jean-Claude Bonnet, Paris, Mercure de France, 1994, vol. I, t. 1, p. 29-30 et 40.
  • [22]
    Mémoires d’un père pour servir à l’instruction de ses enfans, livre 11, dans Œuvres complètes, Genève, Slatkine Reprints, 1968, t. I, p. 335.
  • [23]
    Prologue écrit pour Le Fils Naturel ou les Épreuves de la vertu, dans Diderot, Œuvres, éd. Laurent Versini, Paris, Laffont, coll. « Bouquins », t. IV, p. 1081, cité par H. Cussac (« Réécriture de la retraite dans les Contes et les Mémoires de Marmontel », dans Marmontel. Une rhétorique de l’apaisement, éd. J. Wagner, Louvain/Paris, Peeters, 2003, p. 198). Ce propos de Diderot correspond néanmoins davantage à une mise en scène de soi qu’à une réelle confidence autobiographique.
  • [24]
    Ainsi lit-on dans les Pensées : « Il faut se tenir en silence autant qu’on peut, et ne s’entretenir que de Dieu, qu’on sait être la vérité » (fr. 132, éd. P. Sellier, Paris, Garnier, 1991, p. 199) ; « Ne vous étonnez point, s’il ne raisonne pas bien à présent, une mouche bourdonne à son oreille […] chassez cet animal » (fr. 81, ibid., p. 180).
  • [25]
    Mémoires, éd. citée, p. 346. Le soulignement de la conjonction est nôtre.
  • [26]
    Diderot, Salons, éd. Marie Bukdahl, Michel Delon, Didier Kahn, Annette Lorenceau, Paris, Hermann, 1995, t. III, Ruines et Paysages-Salon de 1767, p. 275 (trad. : « Chère campagne, quand te reverrai-je ? », Horace, Satires, II, vi, 60).
  • [27]
    Lettre du 21 juillet 1765, dans Lettres à Sophie Volland. 1759-1774, éd. Marc Buffat et Odile Richard-Pauchet, Paris, Non Lieu, 2010, p. 407. Voir d’O. Richard-Pauchet, Diderot dans les Lettres à Sophie Volland. Une Esthétique épistolaire, Paris, Champion, 2007, IV, I, 2, « Le Petit château ou l’idylle impossible », p. 362.
  • [28]
    Les Rêveries du promeneur solitaire, « Cinquième promenade », dans OC, éd. cit., t. I, p. 1047. Voir l’article Heureux de l’Encyclopédie.
  • [29]
    Henri Bremont, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, vol. IV, nlle éd. augmentée, dir. François Trémolières, Paris, éd. Jérôme Millon, 2006, t. XI, p. 733.
  • [30]
    Voir Bertrand Westphal, auteur de La Géocritique, réel, fiction, espace, Paris, Minuit, 2007, et du Monde plausible, espace, lieu, carte, Paris, Minuit, 2011.
  • [31]
    Jean Starobinski, L’Invention de la liberté, 1700-1789, Genève, Skira, 1964, rééd. Skira Booking International, 1994, p. 195.
  • [32]
    « Schiller l’a bien vu – le genre traditionnel de l’idylle offrait la forme dans laquelle le rêve de la grande unité pouvait d’abord tenter de s’incarner […] », ibid., p. 159.
  • [33]
    Goethe, Les Affinités électives, dans Romans, éd. et traduction Pierre du Colombier, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1954, p. 293.
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