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Article de revue

Les périodiques savants de l'époque de l'Aufklärung, mises en réseau du savoir

Un programme de l'Académie des sciences et lettres de Göttingen

Pages 695 à 708

Notes

  • [1]
    Cité d’après Thomas Habel, Gelehrte Journale und Zeitungen der Aufklärung. Zur Entstehung, Entwicklung und Erschließung deutschsprachiger Rezensionszeitschriften des 18. Jahrhunderts, Brême, Édition Lumière, 2007 (Presse und Geschichte, Neue Beiträge, 17), p. 54-55.
  • [2]
    Les Lumières sont « la sortie de l’homme de sa minorité dont il est lui-même responsable… » (Immanuel Kant, « Beantwortung der Frage : Was ist Aufklärung ? », Berlinische Monatsschrift, éd. Johann Erich Biester et Friedrich Gedike, Berlin, Haude & Spener, décembre 1784, p. 481-494).
  • [3]
    Définie comme « l’aptitude à comprendre et à utiliser l’information écrite dans la vie courante, à la maison, au travail et dans la collectivité en vue d’atteindre des buts personnels et d’étendre ses connaissances et ses capacités » par l’Organisation de Coopération et de développement Économiques, rapport La littératie à l’ère de l’information, 14 juin 2000.
  • [4]
  • [5]
    Index deutschsprachiger Zeitschriften 1750-1815 (IdZ18), Systematischer Index zu deutschsprachigen Rezensionszeitschriften des 18. Jahrhunderts (IdRZ18). Ces deux projets, qui traitèrent le fonds présent à la Bibliothèque d’État et universitaire de Basse Saxe (Göttingen), furent furent dirigés par Klaus Schmidt jusqu’à 2002 puis Thomas Habel (2002-2007). Le nouveau programme est prévu pour une durée de 15 ans (2011-2025) mais soumis à des évaluations régulières desquelles dépend sa prolongation. Il est dirigé par Thomas Kaufmann.
  • [6]
    URL : http://www.ubka.uni-karlsruhe.de/kvk.html. Le KVK est donc plus vaste que le CCFr (Catalogue Collectif de France), un catalogue en ligne qui ne propose que l’accès à trois catalogues français : BnF, catalogue général, catalogue des bibliothèques universitaires, catalogue des fonds anciens (avant 1811) ou locaux de bibliothèques municipales ou spécialisées. URL : http://ccfr.bnf.fr/portailccfr/
  • [7]
    Les bibliothèques allemandes se sont efforcées de dresser une bibliographie nationale des ouvrages imprimés publiés dans l’espace germanophone. Après le 16e et le 17e siècles (VD 16 puis VD 17), elles recensent actuellement tous les ouvrages du 18e siècle (VD 18) et commencent tout juste, en raison de la complexité de leur structure, à aborder les périodiques. La base de données intègre le numéro d’identification VD 18, ce qui permettra de lier les notices de la base de données aux notices bibliothécaires. En vertu de la coopération entre le programme de l’Académie des Sciences et Lettres de Göttingen et le VD 18, les journaux traités pour la base de données sont numérisés en priorité par les bibliothèques et mis à disposition.
  • [8]
    URL : http://www.dnb.de/oai. OAI est une initiative de la Bibliothèque Nationale Allemande pour permettre l’échange de métadonnées et la synchronisation constante de quantités gigantesques de données.
  • [9]
    Chiffres au 1.11.2013, susceptibles de changer, de nouvelles données entrant chaque jour dans la base de données.
  • [10]
    Sur la réception allemande de Diderot, en particulier de son théâtre, voir Anne Saada, Inventer Diderot. Les constructions d’un auteur dans l’Allemagne des Lumières, Paris, Éditions du CNRS, 2003.
  • [11]
    Sur cette affaire, voir Ursula Goldenbaum, « Das Publikum als Garant der Freiheit der Gelehrtenrepublik. Die öffentliche Debatte über den Jugement de l’Académie Royale des Sciences et Belles Lettres sur une Lettre prétendue de M. de Leibnitz 1752-1753 », dans Id. (dir.), Appell an das Publikum. Die öffentliche Debatte in der deutschen Aufklärung 1687-1796, Berlin, Akademie Verlag, 2004, p. 509-651.
  • [12]
    L’Aufklärung radical et la littérature clandestine n’ont été que récemment explorés, avant tout par Martin Mulsow. Voir Martin Mulsow, Moderne aus dem Untergrund. Radikale Frühaufklärung in Deutschland, 1680-1720, Hambourg, Meiner, 2002 ; Id. (dir.), Kriminelle, Freidenker, Alchemisten. Räume des Untergrunds in der Frühen Neuzeit, Vienne u. a., Böhlau, 2013 ; Christine Haug (dir.), Geheimliteratur und Geheimbuchhandel in Europa im 18. Jahrhundert, Wiesbaden, Harrassowitz, Wolfenbütteler Schriften zur Geschichte des Buchwesens, 2011.
  • [13]
    Sur la géographie du livre, voir l’article introductif d’Étienne François, « Géographie du livre et réseau urbain dans l’Allemagne moderne », dans Bernard Lepetit et Jochen Hoock (dir.), La Ville et l’innovation. Relais et réseaux de diffusion en Europe, 14e-19e siècles, Paris, Éditions de l’EHESS, 1987, p. 59-74. Sur le rayonnement local et régional des Strasburgischen gelehrten Nachrichten par exemple, voir Frédéric Barbier, « Entre l’Allemagne et la France : la librairie strasbourgeoise (milieu 18e-début 19e siècle) », dans Marie-Renée Diot (dir.), Gelehrtennetzwerke in Straßburg am Ende des 18. Jahrhunderts. Réseaux savants strasbourgeois à la fin du 18e siècle, Jérémie-Jacques Oberlin – Jean-Baptiste-Gaspar d’Ansse de Villoison, Leipzig, Leipziger Universitätsverlag, 2007, p. 87-103.
  • [14]
    Voir Anne Goldgar, Impolite Learning. Conduct and community in the Republic of Letters, 1680-1750, New Haven, Yale University Press, 1995, et Martin Mulsow, Die unständige Gelehrterepublik. Wissen, Libertinage und Kommunikation in der Frühen Neuzeit, Stuttgart, Metzler, 2007.
  • [15]
    On consultera avec profit les contributions rassemblées par Ulrich Johannes Schneider, Kulturen des Wissens im 18. Jahrhundert, Berlin, de Gruyter, 2008. Sur Hambourg et Altona, voir par exemple Holger Böning, Periodische Presse, Kommunikation und Aufklärung. Hamburg und Altona als Beispiel, Brême, Édition Lumière, 2002 (Presse und Geschichte, Neue Beiträge, 6).
  • [16]
    Voir Par exemple Martin Gierl, « Korrespondenzen, Disputationen, Zeitschriften : Wissensorganisation und die Entwicklung der gelehrten Medienrepublik zwischen 1670 und 1730 », dans Richard van Dülmen, Sina Rauschenbach (dir.), Macht des Wissens. Die Entstehung der modernen Wissensgesellschaft, Cologne et al., Böhlau, 2004, p. 417-438. Sur le cas particulier de la Correspondance littéraire de Grimm, Voir Kirill Abrosimov, « Comment sortir de l’espace public ? fonctions de la forme épistolaire dans la Correspondance littéraire de Grimm 17531773 », dans Anne Baillot, Charlotte Colombeau (dir.), Die Formen der Philosophie in Deutschland und Frankreich – Les formes de la philosophie en Allemagne et en France, 1750-1830, Hanovre, Wehrhahn, 2007 (Aufklärung und Moderne, 6), p. 53-84.
  • [17]
    Sur le journal savant de Göttingen, voir les contributions d’Anne Saada, notamment « Assurer l’excellence d’une communauté universitaire au 18e siècle : l’exemple de Göttingen au 18e siècle », Dix-Huitième Siècle, n° 41, Paris, La Découverte, 2009, p. 302-318. Sur l’Allgemeine deutsche Bibliothek, voir Ute Schneider, Friedrich Nicolais Allgemeine Deutsche Bibliothek als Integrationsmedium der Gelehrtenrepublik, Wiesbaden, Harrassowitz, 1995 (Mainzer Studien zur Buch- wissenschaft, 1). Sur les journaux catholiques d’Allemagne du Sud, voir la présentation dans Ludolf Pelizaeus, Franz Stephan Pelgen (dir.), Kontrolle und Nutzung. Medien in geistlichen Gebieten Europas 1680-1800, Francfort sur le Main et al., Lang, 2011 (Mainzer Studien zur neueren Geschichte, 28) ; Jochen Krenz, Konturen einer oberdeutschen kirchlichen Kommunikationslandschaft des ausgehenden 18. Jahrhunderts, Brême, Edition Lumière, 2012 (Presse und Geschichte, neue Beiträge, 66) ainsi que Claire Gantet, Maja Eilhammer, « Die Toleranz in einigen katholischen Zeitschriften der Spätaufklärung – eine Bestandsaufnahme », dans Claire Gantet, Flemming Schock, Reinhard Spiekermann (dir.), Zeitschriften, gelehrte Kommunikation Journalismus. Festschrift für Thomas Habel, Brême, Édition Lumière, 2014.
  • [18]
    Sur les traductions en allemand de journaux de médecine et de chirurgie français, néerlandais ou italiens, voir Kai Torsten Kanz, « Deutsch-französischer Wissenstransfer in der zweiten Hälfte des 18. Jahrhunderts. Das Beispiel der medizinisch-naturwissenschaftlichen Periodika », Philosophia Scientiae, Kimé, 1998-1999, p. 55-81.
  • [19]
    Voir Martin Gierl, Geschichte als präzisierte Wissenschaft ; Johann Christoph Gatterer und die Historiographie des 18. Jahrhunderts im ganzen Umfang, StuttgartBad Cannstatt, Frommann-Holzboog, 2012 (Fundamenta historica, 4).
  • [20]
    Voir Flemming Schock, Die Text-Kunstkammer. Populäre Wissenssammlungen des Barock am Beispiel der „Relationes Curiosae“von E. W. Happel, Cologne et al., Böhlau, 2011 (Beihefte zum Archiv für Kulturgeschichte, 68).
  • [21]
    M. Mendelssohn, « F. G. Klopstock, Die deutsche Gelehrten-republik. 1. Tl. », Allgemeine deutsche Bibliothek, Berlin, Stettin, Nicolai, t. 28, n° 1, 1776, p. 102-119.
  • [22]
    Gotthold Ephraim Lessing accepta en 1766 à l’invitation de négociants hambourgeois le poste de critique dramaturgique. Ces négociants louèrent un bâtiment et engagèrent une troupe de théâtre jusque-là ambulante. Pour Lessing, le théâtre devait contribuer à forger l’unité nationale. Il rédigea maintes recensions des pièces jouées à Hambourg et publia sous forme périodique sa Hamburgische Dramaturgie, destinée à sensibiliser le public au théâtre et à élever le niveau artistique.
  • [23]
    Voir aussi le poème de Goethe intitulé « Recensent », publié dans le Musen Almanach de Göttingen en 1775 et dirigé contre la recension par Schmidt de son drame Götz von Berlichingen mit der eisernen Hand dans le Teutscher Merkur en septembre 1773. L’un des lettrés les plus décriés comme pédant fut Christian Adolph Klotz (1738-1777), auteur de recensions littéraires très virulentes dans l’Allgemeine deutsche Bibliothek. Ses opinions très partiales l’obligèrent à s’éloigner de ce périodique et le poussèrent à fonder son propre journal littéraire, la Bibliothèque des belles lettres (Bibliothek der schönen Wissenschaften), dans laquelle il poursuivit ses combats littéraires, en particulier contre la poésie de Gotthold Ephraim Lessing.
  • [24]
    Ainsi par exemple, le Magazine de psychologie empirique (Magazin zur Er- fahrungsseelenkunde) eut pour ambition de fonder à terme une science expérimentale de l’âme par l’accumulation de récits de cas rédigés par les lecteurs et les éditeurs de la revue, considérés comme autant de faits scientifiques ; pour les éditeurs, la mise en récit des expériences émotives personnelles permettait de plus au public de contrôler l’activité impudique de son imagination. Voir Karl Philipp Moritz, Karl Friedrich Pockels et Salomon Maimon (dir.), Magazin zur Erfahrungs-Seelenkunde, als ein Lesebuch für Gelehrte und Ungelehrte, 10 t., Berlin, Mylius, 1783-1793.
English version

1Dans l’Allemagne moderne morcelée d’un point de vue politique et universitaire, les périodiques savants connurent un succès inédit. Dès 1668, à peine trois ans après la première parution du Journal des sçavans à Paris et des Philosophical Transactions à Londres, Gottfried Wilhelm Leibniz sollicita auprès de l’empereur Léopold Ier une aide financière et un privilège aptes à permettre l’édition d’un journal semestriel en latin (la langue des universités allemandes) et à l’échelle du Sant-Empire, dénommé le Nucleus librarius semestralis[1]. À l’issue de l’Aufklärung, c’est encore dans un périodique, la Berlinische Monatsschrift (Mensuel berlinois), qu’Immanuel Kant proposa sa définition, restée depuis « canonique », des Lumières [2]. L’organe de prédilection de l’Aufklärung fut le périodique, en particulier savant, avec ses recensions d’ouvrages et ses nouvelles scientifiques personnelles ou institutionnelles. Près de 1 000 journaux savants furent fondés dans l’espace germanophone, certains édités par un homme à tout faire, d’autres reposant sur des équipes éditoriales très étoffées, certains de durée de vie brève, d’autres ancrés sur une solide assiette durant des décennies. Leur périodicité, leur actualité et leur disponibilité permirent pour la première fois le développement d’une discussion publique, ouverte et critique, liée directement ni aux limites linguistiques, ni aux frontières territoriales. Une communication spécifique s’y développa, dans laquelle l’oral précédait et/ou prolongeait l’écrit, les recensions et nouvelles scientifiques se faisant l’écho de conversations dans divers cercles formels ou informels (académies, associations, salons, cercles, coteries), les anti-critiques répondant parfois aux recensions et suscitant une écriture scientifique spécifique. La culture de la recension qui y fut expérimentée entraîna enfin un débat sur cette littératie [3] particulière, apte à permettre à toute personne, y compris féminine, de s’emparer des débats scientifiques, en dehors des institutions consacrées ; elle consacra la nouvelle place acquise par les éditeurs de journaux dans le débat scientifique. C’est de ces fonctions et leurs évolutions que le programme de recherche sur les périodiques savants de l’Académie des Sciences et Lettres de Göttingen vise à rendre compte.

La base de données : les principes directeurs

2Le programme de recherche sur les périodiques savants (Gelehrte Journale und Zeitungen als Netzwerke des Wissens im Zeitalter der Aufklärung) mené depuis 2011 par l’Académie des Sciences et Lettres de Göttingen en coopération avec la Bibliothèque d’État et universitaire de Basse Saxe (Göttingen), la Bibliothèque universitaire de Leipzig et la Bibliothèque d’État de Bavière (Munich), s’assigne pour but non seulement d’exploiter et de numériser les périodiques germanophones les plus importants de cet énorme corpus, mais aussi de rendre visible au moyen d’une base de données interactive leur éminente fonction dans la culture de l’Aufklärung et la dynamique des savoirs [4]. Un simple traitement livresque ne serait en effet pas à même de rendre compte de la dynamique et des usages de ces textes. Inversement et corrélativement, le numérique influe sur le travail quotidien des membres de l’équipe. Le choix numérique est guidé par trois considérations.

3La première contrainte est la masse de la documentation. Le programme renouvelle et élargit considérablement deux programmes précédents de l’Académie des sciences et lettres de Göttingen : l’Index des journaux germanophones 1750-1815 (IdZ18) qui, entre 1975 et 1986 avait dépouillé et exploité 195 périodiques généraux, l’Index systématique des journaux critiques germanophones du 18e siècle (IdRZ18) qui, entre 1987 et 2007 avait établi une base de données restreinte, à partir d’un fonds de 65 journaux parus entre 1700 et 1785 (soit 75 000 recensions [5]). Conçus sur un moule d’érudition livresque – soumis au manque de place, d’où la non-considération de toutes les nouvelles scientifiques contenues dans les périodiques, l’absence d’indexation au moyen de motsclés et de renvois, enfin quantité d’abréviations – ces programmes ne rendaient pas proprement compte de la structure complexe des périodiques savants, avec outre les recensions, leurs nouvelles personnelles et institutionnelles du monde savant, leurs nombreux articles tronqués (en forme de feuilletons), les répliques, renvois, recensions de plusieurs ouvrages, etc. Le nouveau programme a repris les données des deux premiers et s’attache à une exploitation bien plus substantielle d’un fonds de 128 périodiques (environ 1 275 volumes, soit environ 550 000 articles ou 850 000 pages). Outre des contributions originales, des recensions et des nouvelles savantes, il s’efforce de rendre compte de toutes les facettes de la critique et de la réplique.

4Le corpus, deuxièmement, est très dispersé et lacunaire. Les périodiques n’ont pas bien survécu aux aléas du temps. Aussi le programme reconstitue les périodiques incomplets en un exemplaire numérisé unique, « virtuel ». Pour rendre compte de manière appropriée des éphémérides, leur exploitation a été répartie sur trois sites : Göttingen – un centre majeur de l’Aufklärung à partir des années 1730, avec sa nouvelle université, sa bibliothèque-pilote et son académie des sciences et lettres ; Leipzig – avec son université, sa proximité géographique avec Halle, ses nombreux éditeurs et sa grande foire du livre ; enfin Munich, de façon à rendre compte du sud du Saint-Empire et des territoires catholiques, encore largement négligés par la recherche historique. La coopération intense avec les grandes bibliothèques de Göttingen, Leipzig et Munich rend compte des redéfinitions actuelles des bibliothèques, celles de Göttingen et Munich étant les deux grands centres de numérisation en Allemagne. Elle a directement guidé l’organisation du travail.

5Le travail d’équipe est par là décentralisé, les sites de Leipzig et de Munich étant installés dans les bibliothèques respectives. Chaque collaborateur procède à une description physique (catalogage), une description intellectuelle (indexation) et à l’exploitation scientifique de chacun des articles des périodiques. La recherche de standardisation entre les membres du programme a mené à la rédaction d’un manuel « wiki », en ligne, partant rapidement actualisable, extensible et fondé sur une série de liens hypertexte.

6La troisième ligne directrice vise à l’intégration de cet outil de recherche dans le paysage universitaire et scientifique. Aussi l’équipe a-t-elle misé sur une intégration dans le Catalogue collectif des bibliothèques l’Allemagne du Nord et de l’Est (GBV ou Gemeinsamer Bibliotheksverbund, qui centralise les catalogues des bibliothèques de sept Länder et de la Fondation du patrimoine prussien), interrogé par tous les étudiants et universitaires allemands. Par là, elle sera indexée dans tous les grands catalogues collectifs – à commencer par le Catalogue virtuel de Karlsruhe (KVK), qui intègre les grands catalogues de bibliothèques à l’échelle mondiale [6]. Tout lecteur consultant un catalogue du GBV ou du BVB (catalogue collectif de Bavière) trouvera dans un avenir proche un lien aux notices bibliographiques des livres recensés dans les périodiques, renvoyant à la base de données. Parallèlement, la base de données est accessible, avec de plus amples informations, sur le site propre du programme : http://gelehrte-journale.adw-goe.de.

La base de données : informations techniques

7L’intégration au catalogue collectif allemand de bibliothèques a eu pour conséquence l’adoption du logiciel d’entrée de données utilisé par les bibliothécaires, WinIBW, adapté aux besoins spécifiques du programme. Ce choix permet d’assurer la sécurité et la pérennité des données ainsi qu’une saisie contrôlée respectant les catégories et normes stables (quant au type d’ouvrages recensé, à la classification systématique des disciplines, etc.). À chaque périodique sont associées des données génériques auxquelles sont liés tous ses articles et qui intègrent la ressource numérisée ; elles pourront être réutilisées sous forme de métadonnées dans les notices bibliographiques des catalogues de bibliothèque [7].

8L’architecture technique d’ensemble est donc complexe. Chaque membre de l’équipe – à Göttingen, Leipzig et Munich – dépouille tous les jours des articles et entre des données dans le logiciel WinIBW (format PICA3). Elles sont intégrées dans une base de données à part dans le GBV au moyen d’une conversion en format PICA+. Les données des projets précédents IdZ18 et IdRZ18 (en format SAM) y sont elles aussi intégrées au gré d’une conversion en format PICA+. Chaque jour, les nouvelles données arrivées dans le GBV sont importées au moyen d’OAI (Open Archives Initiative[8]) dans la base de données propre du programme de l’Académie des Sciences et Lettres de Göttingen. Elles y sont converties en format XML et traités par un moteur de recherche ad hoc en vue du contrôle des saisies (contrôles de l’index, des synonymes, de la présentation des résultats, des masques de saisie, du thésaurus etc.). Le site internet de modèle TYPO3 est lié à la base de données par une extension et par un programme informatique de la Bibliothèque d’État et universitaire de Göttingen.

La base de données (http://gelehrte-journale.adw-goe.de/startseite/) : mode d’interrogation

9Si le site internet (http://gelehrte-journale.adw-goe.de/) est consultable en allemand, en anglais et en français, la langue de la base de données est l’allemand. Elle permet une recherche intégrale, simple ou élargie au moyen de différents filtres (mots-clés, indexation).

10Les notices de recensions sont divisées en trois parties, renvoyant à la description de l’article et sa place dans le journal (catalogage et lien hypertexte), à l’ouvrage recensé (catalogage et ressource numérique), enfin à son indexation (mots-clés, classification dans la hiérarchie des sciences du 18e siècle, jugement du recenseur – positif, négatif, neutre, ambivalent –, commentaire). Les nouvelles scientifiques ne comportent que les première et dernière parties. Les articles tronqués ou à suite, les renvois internes, les répliques et toutes les formes de l’anti-critique sont munies de liens hypertextes internes.

11La base de données se définit comme un outil pour faciliter la recherche. Elle permet d’interroger les journaux de multiples façons. L’interrogation la plus immédiate consisterait à entrer des motsclés ou des auteurs pour observer le nombre d’occurrences et leur concentration temporelle et/ou géographique. Sur l’ensemble de la période, Voltaire ainsi se voit cité 607 fois, Formey 172 fois, Diderot 145 fois, d’Alembert 122 fois, Montesquieu 95 fois, Maupertuis 94 fois. Voltaire dépasse ainsi largement non seulement Isaac Newton (174 mentions), John Locke (65 mentions) et John Toland (26 mentions), mais aussi Christian Wolff (406 occurrences), Leibniz (351 occurrences), a fortiori Christian Thomasius (66 occurrences [9]). Ces chiffres donnent une première indication sur la réception à la fois très intense et très sélective des Lumières et leurs contacts avec le monde de la presse érudite. La place de Samuel Formey est ainsi à relier à son activité de secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences de Berlin, d’éditeur et collaborateur de nombreux journaux ; elle suggère la puissance des réseaux de la plume. La réception de Voltaire constitue un cas particulier, par son ampleur et pas ses brusques oscillations. Tandis que la réception de Diderot est en grande partie liée au vaste débat suscité en Allemagne par la publication de l’Encyclopédie[10], les articles consacrés à Voltaire dans les périodiques allemands ne peuvent être directement rapportés à des œuvres particulières.

Graphiques

Les réceptions de Diderot et de Voltaire dans les périodiques savants allemands

figure im1
La réception de Voltaire (données du 27 septembre 2013)
figure im2
La réception de Diderot 1740-1815

Les réceptions de Diderot et de Voltaire dans les périodiques savants allemands

12La réception allemande de Voltaire est bien plus à rapporter à son engagement dans l’affaire du Jugement de l’Académie royale des sciences et belles-lettres sur une lettre prétendue de M. de Leibnitz du 13 avril 1752. Ce texte accusait le mathématicien et philosophe Samuel König (1712-1757), membre extérieur de l’Académie des Sciences de Berlin, de contrefaçon délibérée d’une lettre de Leibniz ; König aurait cité cette lettre plagiée dans une contribution parue dans les Acta eruditorum, dans le but de retirer au président de l’Académie des sciences berlinoise, Pierre Moreau de Maupertuis (1698-1759), la gloire de la découverte du principe physique de moindre action et de l’attribuer à Leibniz. Cette controverse qui opposa König d’une part, Maupertuis soutenu par le roi Frédéric II de Prusse d’autre part, fut le théâtre d’une mobilisation et d’une politisation des journaux savants, la grande majorité prenant parti contre Maupertuis et Frédéric II. Le conflit atteignit un cercle plus vaste lorsque Voltaire – alors présent en Allemagne sur l’invitation de Frédéric II – rédigea des pamphlets et publia de façon anonyme une Diatribe du docteur Akakia, médecin du pape. Voltaire alla plus loin que les reproches assez typiques de la littérature pamphlétaire : il inséra dans ce texte une annonce fictive des Acta eruditorum, intitulée – en allemand – « Der Hofmeister » (« Le précepteur »), qui raillait le courtisan pédant Maupertuis. Frédéric II en personne non seulement rédigea une réplique à ce libelle, mais fit détruire et brûler publiquement les exemplaires de l’édition de Potsdam, puis, tandis que les critiques des lettrés continuaient à fuser, incarcérer Voltaire à Francfort. Désormais, les savants ne s’indignèrent plus seulement de l’autorité que s’attribuait le président de l’Académie des Sciences, mais aussi du despotisme du roi de Prusse [11]. Assimilé à l’athéisme (alors qu’il était déiste) et à la morgue face aux princes, Voltaire incarna dorénavant en Allemagne l’une des figures ou des facettes radicales – abhorrées ou respectées [12] – de l’Aufklärung.

13La base de données permet de combiner d’autres catégories : ainsi la réception de périodiques étrangers (réseaux de savoir), la répartition des langues et leur distribution selon les années ; la reprise d’articles étrangers dans des journaux allemands (il y en a plus de 12 000) selon le temps ; le caractère critique des éphémérides et son évolution. Elle rend possible l’établissement de profils précis des périodiques (les disciplines de prédilection d’ouvrages recensés, la répartition des articles selon les disciplines, l’aspect critique des recensions, les éventuelles évolutions lors de changements d’éditeurs, etc.) ; elle nous donne aussi de nombreuses indications sur la réception de toutes les œuvres du 18e siècle (voire des siècles précédents) ou sur le traitement de tel problème alors d’actualité (ainsi le despotisme, le célibat des prêtres, l’éducation des enfants, l’abolition de la torture, l’autonomie vis-à-vis du pape, etc.). La base de données permet non seulement de procéder à des études de cas ou monographies sur tel journal, telle personnalité ou telle ville avec ses différents réseaux savants, mais permet aussi un traitement quantifié – donc cartographique – de phénomènes difficiles à saisir. En quelques « clics », elle donne accès à de vastes données et débats de l’Aufklärung.

La base de données : le questionnaire de recherche

14L’une des originalités du programme de l’Académie des Sciences et Lettres de Göttingen est son articulation directe à la recherche. Tout en dépouillant les périodiques pour enrichir la base de données, l’équipe s’efforce de les exploiter scientifiquement. Le dépouillement est guidé par un questionnaire de recherche. Si, au cours du 18e siècle, une certaine spécialisation disciplinaire se laisse observer, les journaux à vocation universelle, scientifique et/ou littéraire, dominèrent quantitativement jusqu’à la fin du siècle. La base de données s’attache de façon prioritaire (mais non exclusive) au type universel, qu’elle aborde en trois axes programmatiques.

15Le premier ensemble de questions sonde la librairie, la poste, le système de la commission, les prix et la distribution, les souscriptions et prénumérations, la formation de cartels éditoriaux et scientifiques, la circulation des journaux, les censures, plagiats, réimpressions et contrefaçons, les éditions d’extraits et la contrebande. Une géographie éditoriale et scientifique peut être mise à jour, qui ne recouvre que partiellement la géographie du livre [13].

16Le deuxième volet s’attache à la forme périodique, à l’ordonnancement des savoirs et aux discours scientifiques spécifiques développé dans (et contre) les journaux ; il s’attache à la culture de la « dispute [14] », aux techniques critiques et à leur évolution, à l’anonymat des recensions et leur réception, aux vérifications et falsifications de données biographiques, à la place des femmes dans le discours savant, aux usages des journaux par les savants, qu’ils soient hommes de lettres ou de science ; il étudie ensuite les choix de correspondants, les milieux et cercles impliqués dans l’édition de journaux et leurs rôles dans d’autres éléments de réseaux : universités, associations, académies, salons, cercles, etc. [15], et les choix ou stratégies de publication [16]. Les mises en réseau aptes à être cartographiées se révèlent diverses, le cas « classique », incarné par Göttingen, d’une symbiose entre l’université, la bibliothèque universitaire et le périodique savant, devant être enrichi par d’autres modèles, ainsi l’Allgemeine deutsche Bibliothek éditée par Friedrich Nicolai de 1765 à 1806 et dotée d’une équipe de près de 150 collaborateurs très dispersés, ou les journaux d’Allemagne du Sud édités tantôt dans des villes libres non universitaires, tantôt dans des monastères (souvent bénédictins) ou des évêchés, ou émanant de sociétés savantes [17]. Ce volet de recherche passe enfin au crible les reprises de recensions dans d’autres journaux (en particulier dans les suppléments), les réadaptations, les traductions avouées ou non de nouvelles et/ou recensions (ou traductions de journaux étrangers sous forme non périodique) et les transferts de connaissances qu’elles nous donnent à lire [18]. En tant qu’instrument de l’historia literaria (ou histoire raisonnée des lettres et des sciences par l’information sur les publications), les journaux érudits furent un important jalon dans le développement d’une conception cumulative et publique de la science [19].

17Le troisième pan a trait aux lectorats – des lecteurs « galants » aux savants en passant par les amateurs et les « curieux [20] » – et aux pratiques de lecture, à leurs évolutions et à leurs incidences sur le débat scientifique ; la dissémination du débat scientifique induite par la forme périodique et les techniques de recension eut des répercussions directes sur le travail savant, certains choisissant pour des raisons de publicité la publication dans des journaux. Moses Mendelssohn, par exemple, reprocha aux poètes de doubler leur entrée récente dans la République des lettres par le mépris des autres sciences et savoirs, tout en s’appropriant le genre des éphémérides [21]. Pour affirmer leur place sur la scène publique, les poètes avaient en effet fondé des journaux, dans lesquels ils publièrent leurs œuvres avant même de les éditer sur le marché du livre. Ainsi parut en 1767-1769 le grand manifeste en faveur d’un théâtre national, la Hamburgische Dramaturgie de Gotthold Ephraim Lessing (1729-1781), sous la forme d’un périodique, en 104 pièces bihebdomadaires [22]. Investis par les poètes, certains journaux périodiques furent aussi les arènes dans lesquelles les combats littéraires furent portés [23]. Au-delà de la technique de la recension (neutre jusqu’au milieu du 18e siècle puis critique), des formes de courtoisie universitaire (d’où le développement de la note infrapaginale), ce pan de recherche se penche sur les appropriations et redéfinitions des journaux, dans les années 1770, par le public, d’où la naissance de nombreux magazines à vocation scientifique, de revues ouvertes au public et de l’abandon partiel de l’anonymat des contributions [24]. Il analyse enfin la politisation du débat scientifique.

18Le programme de l’Académie des Sciences et Lettres de Göttingen pourra s’avérer très utile pour toute étude de la topographie et des dynamiques des savoirs, pour l’histoire de la réception de certains ouvrages et débats scientifiques, et le développement de disciplines en cours de spécialisation. La base de données se prête aussi aux traitements quantitatifs et à leurs visualisations : topographie du savoir, cartographie des réseaux, etc.

19Dans sa nouvelle intitulée « La bibliothèque de Babel » (Fictions, 1941/1944), Jorge Luis Borges imaginait une bibliothèque contenant tous les livres de 410 pages possibles (chaque page formée de 40 lignes d’environ 80 caractères) et dont toutes les salles hexagonales seraient disposées de façon identique. Les livres seraient placés sur des étagères comprenant toutes le même nombre d’étages et recevant le même nombre de livres ; chaque livre aurait le même nombre de pages et de signes écrits au hasard. Cette bibliothèque contiendrait tous les ouvrages déjà écrits et tous ceux à venir, parmi une immensité de livres sans contenu lisible.

20Peut-on tout écrire ? Outre les données que l’on a indiquées sur la forme périodique dans l’Allemagne des 17e et 18e siècles, ses évolutions, ses relations avec la communication et la production savantes, la base de données de l’Académie des sciences et lettres de Göttingen nous livre les recensions d’ouvrages savants qui n’ont pas survécu aux aléas du temps ; elle nous invite à partir à la recherche des livres perdus.


Date de mise en ligne : 27/10/2014

https://doi.org/10.3917/dhs.046.0695

Notes

  • [1]
    Cité d’après Thomas Habel, Gelehrte Journale und Zeitungen der Aufklärung. Zur Entstehung, Entwicklung und Erschließung deutschsprachiger Rezensionszeitschriften des 18. Jahrhunderts, Brême, Édition Lumière, 2007 (Presse und Geschichte, Neue Beiträge, 17), p. 54-55.
  • [2]
    Les Lumières sont « la sortie de l’homme de sa minorité dont il est lui-même responsable… » (Immanuel Kant, « Beantwortung der Frage : Was ist Aufklärung ? », Berlinische Monatsschrift, éd. Johann Erich Biester et Friedrich Gedike, Berlin, Haude & Spener, décembre 1784, p. 481-494).
  • [3]
    Définie comme « l’aptitude à comprendre et à utiliser l’information écrite dans la vie courante, à la maison, au travail et dans la collectivité en vue d’atteindre des buts personnels et d’étendre ses connaissances et ses capacités » par l’Organisation de Coopération et de développement Économiques, rapport La littératie à l’ère de l’information, 14 juin 2000.
  • [4]
  • [5]
    Index deutschsprachiger Zeitschriften 1750-1815 (IdZ18), Systematischer Index zu deutschsprachigen Rezensionszeitschriften des 18. Jahrhunderts (IdRZ18). Ces deux projets, qui traitèrent le fonds présent à la Bibliothèque d’État et universitaire de Basse Saxe (Göttingen), furent furent dirigés par Klaus Schmidt jusqu’à 2002 puis Thomas Habel (2002-2007). Le nouveau programme est prévu pour une durée de 15 ans (2011-2025) mais soumis à des évaluations régulières desquelles dépend sa prolongation. Il est dirigé par Thomas Kaufmann.
  • [6]
    URL : http://www.ubka.uni-karlsruhe.de/kvk.html. Le KVK est donc plus vaste que le CCFr (Catalogue Collectif de France), un catalogue en ligne qui ne propose que l’accès à trois catalogues français : BnF, catalogue général, catalogue des bibliothèques universitaires, catalogue des fonds anciens (avant 1811) ou locaux de bibliothèques municipales ou spécialisées. URL : http://ccfr.bnf.fr/portailccfr/
  • [7]
    Les bibliothèques allemandes se sont efforcées de dresser une bibliographie nationale des ouvrages imprimés publiés dans l’espace germanophone. Après le 16e et le 17e siècles (VD 16 puis VD 17), elles recensent actuellement tous les ouvrages du 18e siècle (VD 18) et commencent tout juste, en raison de la complexité de leur structure, à aborder les périodiques. La base de données intègre le numéro d’identification VD 18, ce qui permettra de lier les notices de la base de données aux notices bibliothécaires. En vertu de la coopération entre le programme de l’Académie des Sciences et Lettres de Göttingen et le VD 18, les journaux traités pour la base de données sont numérisés en priorité par les bibliothèques et mis à disposition.
  • [8]
    URL : http://www.dnb.de/oai. OAI est une initiative de la Bibliothèque Nationale Allemande pour permettre l’échange de métadonnées et la synchronisation constante de quantités gigantesques de données.
  • [9]
    Chiffres au 1.11.2013, susceptibles de changer, de nouvelles données entrant chaque jour dans la base de données.
  • [10]
    Sur la réception allemande de Diderot, en particulier de son théâtre, voir Anne Saada, Inventer Diderot. Les constructions d’un auteur dans l’Allemagne des Lumières, Paris, Éditions du CNRS, 2003.
  • [11]
    Sur cette affaire, voir Ursula Goldenbaum, « Das Publikum als Garant der Freiheit der Gelehrtenrepublik. Die öffentliche Debatte über den Jugement de l’Académie Royale des Sciences et Belles Lettres sur une Lettre prétendue de M. de Leibnitz 1752-1753 », dans Id. (dir.), Appell an das Publikum. Die öffentliche Debatte in der deutschen Aufklärung 1687-1796, Berlin, Akademie Verlag, 2004, p. 509-651.
  • [12]
    L’Aufklärung radical et la littérature clandestine n’ont été que récemment explorés, avant tout par Martin Mulsow. Voir Martin Mulsow, Moderne aus dem Untergrund. Radikale Frühaufklärung in Deutschland, 1680-1720, Hambourg, Meiner, 2002 ; Id. (dir.), Kriminelle, Freidenker, Alchemisten. Räume des Untergrunds in der Frühen Neuzeit, Vienne u. a., Böhlau, 2013 ; Christine Haug (dir.), Geheimliteratur und Geheimbuchhandel in Europa im 18. Jahrhundert, Wiesbaden, Harrassowitz, Wolfenbütteler Schriften zur Geschichte des Buchwesens, 2011.
  • [13]
    Sur la géographie du livre, voir l’article introductif d’Étienne François, « Géographie du livre et réseau urbain dans l’Allemagne moderne », dans Bernard Lepetit et Jochen Hoock (dir.), La Ville et l’innovation. Relais et réseaux de diffusion en Europe, 14e-19e siècles, Paris, Éditions de l’EHESS, 1987, p. 59-74. Sur le rayonnement local et régional des Strasburgischen gelehrten Nachrichten par exemple, voir Frédéric Barbier, « Entre l’Allemagne et la France : la librairie strasbourgeoise (milieu 18e-début 19e siècle) », dans Marie-Renée Diot (dir.), Gelehrtennetzwerke in Straßburg am Ende des 18. Jahrhunderts. Réseaux savants strasbourgeois à la fin du 18e siècle, Jérémie-Jacques Oberlin – Jean-Baptiste-Gaspar d’Ansse de Villoison, Leipzig, Leipziger Universitätsverlag, 2007, p. 87-103.
  • [14]
    Voir Anne Goldgar, Impolite Learning. Conduct and community in the Republic of Letters, 1680-1750, New Haven, Yale University Press, 1995, et Martin Mulsow, Die unständige Gelehrterepublik. Wissen, Libertinage und Kommunikation in der Frühen Neuzeit, Stuttgart, Metzler, 2007.
  • [15]
    On consultera avec profit les contributions rassemblées par Ulrich Johannes Schneider, Kulturen des Wissens im 18. Jahrhundert, Berlin, de Gruyter, 2008. Sur Hambourg et Altona, voir par exemple Holger Böning, Periodische Presse, Kommunikation und Aufklärung. Hamburg und Altona als Beispiel, Brême, Édition Lumière, 2002 (Presse und Geschichte, Neue Beiträge, 6).
  • [16]
    Voir Par exemple Martin Gierl, « Korrespondenzen, Disputationen, Zeitschriften : Wissensorganisation und die Entwicklung der gelehrten Medienrepublik zwischen 1670 und 1730 », dans Richard van Dülmen, Sina Rauschenbach (dir.), Macht des Wissens. Die Entstehung der modernen Wissensgesellschaft, Cologne et al., Böhlau, 2004, p. 417-438. Sur le cas particulier de la Correspondance littéraire de Grimm, Voir Kirill Abrosimov, « Comment sortir de l’espace public ? fonctions de la forme épistolaire dans la Correspondance littéraire de Grimm 17531773 », dans Anne Baillot, Charlotte Colombeau (dir.), Die Formen der Philosophie in Deutschland und Frankreich – Les formes de la philosophie en Allemagne et en France, 1750-1830, Hanovre, Wehrhahn, 2007 (Aufklärung und Moderne, 6), p. 53-84.
  • [17]
    Sur le journal savant de Göttingen, voir les contributions d’Anne Saada, notamment « Assurer l’excellence d’une communauté universitaire au 18e siècle : l’exemple de Göttingen au 18e siècle », Dix-Huitième Siècle, n° 41, Paris, La Découverte, 2009, p. 302-318. Sur l’Allgemeine deutsche Bibliothek, voir Ute Schneider, Friedrich Nicolais Allgemeine Deutsche Bibliothek als Integrationsmedium der Gelehrtenrepublik, Wiesbaden, Harrassowitz, 1995 (Mainzer Studien zur Buch- wissenschaft, 1). Sur les journaux catholiques d’Allemagne du Sud, voir la présentation dans Ludolf Pelizaeus, Franz Stephan Pelgen (dir.), Kontrolle und Nutzung. Medien in geistlichen Gebieten Europas 1680-1800, Francfort sur le Main et al., Lang, 2011 (Mainzer Studien zur neueren Geschichte, 28) ; Jochen Krenz, Konturen einer oberdeutschen kirchlichen Kommunikationslandschaft des ausgehenden 18. Jahrhunderts, Brême, Edition Lumière, 2012 (Presse und Geschichte, neue Beiträge, 66) ainsi que Claire Gantet, Maja Eilhammer, « Die Toleranz in einigen katholischen Zeitschriften der Spätaufklärung – eine Bestandsaufnahme », dans Claire Gantet, Flemming Schock, Reinhard Spiekermann (dir.), Zeitschriften, gelehrte Kommunikation Journalismus. Festschrift für Thomas Habel, Brême, Édition Lumière, 2014.
  • [18]
    Sur les traductions en allemand de journaux de médecine et de chirurgie français, néerlandais ou italiens, voir Kai Torsten Kanz, « Deutsch-französischer Wissenstransfer in der zweiten Hälfte des 18. Jahrhunderts. Das Beispiel der medizinisch-naturwissenschaftlichen Periodika », Philosophia Scientiae, Kimé, 1998-1999, p. 55-81.
  • [19]
    Voir Martin Gierl, Geschichte als präzisierte Wissenschaft ; Johann Christoph Gatterer und die Historiographie des 18. Jahrhunderts im ganzen Umfang, StuttgartBad Cannstatt, Frommann-Holzboog, 2012 (Fundamenta historica, 4).
  • [20]
    Voir Flemming Schock, Die Text-Kunstkammer. Populäre Wissenssammlungen des Barock am Beispiel der „Relationes Curiosae“von E. W. Happel, Cologne et al., Böhlau, 2011 (Beihefte zum Archiv für Kulturgeschichte, 68).
  • [21]
    M. Mendelssohn, « F. G. Klopstock, Die deutsche Gelehrten-republik. 1. Tl. », Allgemeine deutsche Bibliothek, Berlin, Stettin, Nicolai, t. 28, n° 1, 1776, p. 102-119.
  • [22]
    Gotthold Ephraim Lessing accepta en 1766 à l’invitation de négociants hambourgeois le poste de critique dramaturgique. Ces négociants louèrent un bâtiment et engagèrent une troupe de théâtre jusque-là ambulante. Pour Lessing, le théâtre devait contribuer à forger l’unité nationale. Il rédigea maintes recensions des pièces jouées à Hambourg et publia sous forme périodique sa Hamburgische Dramaturgie, destinée à sensibiliser le public au théâtre et à élever le niveau artistique.
  • [23]
    Voir aussi le poème de Goethe intitulé « Recensent », publié dans le Musen Almanach de Göttingen en 1775 et dirigé contre la recension par Schmidt de son drame Götz von Berlichingen mit der eisernen Hand dans le Teutscher Merkur en septembre 1773. L’un des lettrés les plus décriés comme pédant fut Christian Adolph Klotz (1738-1777), auteur de recensions littéraires très virulentes dans l’Allgemeine deutsche Bibliothek. Ses opinions très partiales l’obligèrent à s’éloigner de ce périodique et le poussèrent à fonder son propre journal littéraire, la Bibliothèque des belles lettres (Bibliothek der schönen Wissenschaften), dans laquelle il poursuivit ses combats littéraires, en particulier contre la poésie de Gotthold Ephraim Lessing.
  • [24]
    Ainsi par exemple, le Magazine de psychologie empirique (Magazin zur Er- fahrungsseelenkunde) eut pour ambition de fonder à terme une science expérimentale de l’âme par l’accumulation de récits de cas rédigés par les lecteurs et les éditeurs de la revue, considérés comme autant de faits scientifiques ; pour les éditeurs, la mise en récit des expériences émotives personnelles permettait de plus au public de contrôler l’activité impudique de son imagination. Voir Karl Philipp Moritz, Karl Friedrich Pockels et Salomon Maimon (dir.), Magazin zur Erfahrungs-Seelenkunde, als ein Lesebuch für Gelehrte und Ungelehrte, 10 t., Berlin, Mylius, 1783-1793.

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