Notes
-
[1]
B. Cyrulnik, Les Nourritures affectives, Paris, Odile Jacob, 1993, p. 133.
-
[2]
Archives départementales du Var, 2U6/23.
-
[3]
K. Lambert, « La société des voisins : un outil du contrôle social ? Témoignages et criminalité féminine à travers les procédures judiciaires provençales (1730-1850) » dans B. Garnot (sld), Les Témoins devant la justice..., ouvr. cité, p. 362.
-
[4]
J. Quéniart, « Sexe et témoignages. Sociabilités et solidarités féminines et masculines dans les témoignages en justice », dans B. Garnot, ouvr. cité, p. 254.
-
[5]
N. Castan, Y. Castan, Vivre ensemble. Ordre et désordre en Languedoc. (17e-18e siècles), Paris, Gallimard/Julliard, collection « Archives », 1981, p. 143-144.
-
[6]
Ce terme signifie déterré.
-
[7]
Le terme de coutriache désigne les parents.
-
[8]
B. Garnot, « Les témoins sont-ils fiables ? », dans B. Garnot, ouvr. cité, p. 431.
-
[9]
Il signe et déclare savoir écrire alors qu'aucun des autres témoins se déclarant travailleur à la terre, cultivateur ou ménager ne sait signer. Seuls paraphent leurs déclarations le ministre du culte, le maire et l'officier de santé.
-
[10]
J. Queniart, art. cité, p. 253.
-
[11]
A. Farge, La Vie fragile, violence, pouvoirs et solidarité à Paris au 18e siècle, Paris, Seuil, collection « Points Histoire », 1992. Et de la même auteure, Le cours ordinaire des choses dans la cité du 18e siècle, Paris, Seuil, collection « La librairie du 20e siècle », 1994, p. 27-45 ; Des lieux pour l'histoire, Seuil, collection « La librairie du 20e siècle », 1997, p. 19-21. Voir également l'article d'A. Farge, « Proximités pensables et inégalités flagrantes. Paris, 18e siècle », dans C. Dauphin, A. Farge (sld), De la violence et des femmes, Paris, Albin Michel, 1997, p. 73-86.
-
[12]
A. Farge, Vivre dans la rue à Paris au 18e siècle, Gallimard, collection « Folio/Histoire », 1992, p. 139.
-
[13]
Ce constat est également dressé par Anne-Marie Sohn dans Chrysalides Femmes dans la vie privée (19e-20e siècles), Paris, Publications de la Sorbonne, 1996, p. 718.
-
[14]
N. Restif de la Bretonne, La Vie de mon père, cité par F. Lebrun, La Vie conjugale sous l'Ancien Régime, Paris, Armand Colin, 1998, p. 80.
-
[15]
P. von Matt, Fils dévoyés, filles fourvoyées. Les désastres familiaux dans la littérature, Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l'Homme, 1998, p. 114.
-
[16]
Sophocle, Antigone, Paris, Les Belles Lettres, 1985, p. 97.
-
[17]
A. Farge, « Histoire, événement, parole », Revue socio-anthropologie, no 2, 1997, p. 1-10.
-
[18]
M. Schneider, « Visages du matricide », Cahiers du GRIEF, 1984, p. 24.
-
[19]
M. Foucault, Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur, et mon frère... Un cas de parricide au 19e siècle, Paris, Gallimard/Julliard, collection « Folio/Histoire », 1994, p. 311-312.
-
[20]
M. Perrot, Les Femmes ou les silences de l'Histoire, Paris, Flammarion, 1998, p. 19.
1Les procédures judiciaires mettent en scène des personnages récurrents, notamment les représentants de la justice, le ou les accusé-e-s, le ou les victime-s, les experts (médecins, pharmaciens, chirurgiens...) et la communauté. Celle-ci s'exprime essentiellement par le biais des témoins. Incontournables, les témoins d'un évènement criminel donnent souvent l'alerte en leur nom propre ou en se fondant dans l'anonyme rumeur. Ils demeurent présents tout au long de la procédure depuis leurs auditions jusqu'au jugement et incarnent la mémoire de l'évènement. Leur vécu intime de l'acte criminel mais également leur proximité avec les parties concernées tissent leurs paroles devant les autorités judiciaires.
2Celles-ci se saisissent régulièrement de cas où l'entité familiale a implosé sous le poids des rivalités de sexe qui émergent brutalement au cœur de l'expérience quotidienne et privée du vivre — ensemble. La violence qui s'exerce dans ce sacro-saint pilier de la société met à jour une intimité dont les codes révèlent en profondeur les relations interpersonnelles ou les interactions s'exerçant entre un individu et son groupe d'appartenance. Premiers spectateurs ou premiers informés du délit, les voisins, parents ou amis, en sont souvent également les premiers juges. Le voisinage prend d'emblée partie en faisant le choix de se taire ou de dénoncer le crime, en prenant fait et cause pour l'un des protagonistes, qu'il s'agisse de l'agresseur ou de la victime.
3Par l'analyse micro-historique d'un matricide commis en février 1803 dans la commune varoise de Gars, nous tenterons de cerner le cheminement de ces diverses réactions et leurs motivations. Ce crime dévoile certains des aspects structurels et fonctionnels des relations communautaires traditionnelles d'Ancien Régime. Pour les juges de la période révolutionnaire comme pour leurs prédécesseurs, l'homicide le plus grave au même titre que l'infanticide est le parricide. Or, si la violence s'exerçant contre les parents ou les beaux-parents âgés ne paraît pas exceptionnelle, en revanche parricides et matricides demeurent des crimes extrêmement rares. Cet homicide soulève la répulsion publique nourrissant ainsi les procès criminels de la litanie des témoignages. Grâce aux récits des témoins, l'historien peut saisir avec plus de justesse l'organisation du nucleus familial ou du couple dans leur environnement communautaire tout en analysant des parcours en rupture avec les rigidités tangibles des rôles sexuels imposés par la coutume sociale, la loi ou un modus vivendi particulier. La perception du meurtre de la mère par la communauté villageoise qui s'incarne dans le discours des témoins éclaire de manière brutale les stratégies de l'individu, du groupe et de la société englobante. Premiers régulateurs de l'ordre qui régit leur vie quotidienne, les témoins apparaissent comme particulièrement touchés par la moindre atteinte au bon fonctionnement des relations interpersonnelles, intrafamiliales ou intra-communautaires qui assurent la pérennité de cette micro-société dans laquelle ils évoluent en fonction d'une morale, de lois sociales tacitement et communément admises dont les structures profondes n'ont pas encore été bouleversées par les évènements révolutionnaires. En aucun cas, les scénarios criminels qui se déroulent tout au long des procédures judiciaires ne se placent en situation de rupture avec le quotidien ; ils se présentent au contraire comme le miroir de cette parenté élargie en exercice et ils puisent, dans les comportements habituels, leur matière. La façon dont le couple incriminé dans l'affaire du matricide de Gars prémédite ou improvise ses discours, sa façon de les présenter puis de justifier ou de dénier son crime face aux témoins et aux juges prend sa source dans le vécu même du groupe et dans l'espace qu'il y occupe. Observatrices attentives de chacun de leurs gestes, en marge du rituel judiciaire tout autant qu'intégrées à ce dernier, les femmes vont se mobiliser pour dénoncer l'intolérable — le meurtre de la mère par son fils et sa bru —, pour dire leur émotion, pour témoigner de leur révolte.
4La présence relativement importante du sexe réputé faible dans les crimes de parricide s'explique certainement par la moindre mobilité des femmes pour lesquelles le foyer demeure un espace réservé d'évolution. Espace dans lequel elles veulent se sentir maîtresses mais où elles se heurtent trop souvent aux parents ou aux beaux-parents assis au coin du feu. Elles subissent ces regards incessants qui suivent tous leurs mouvements, qui pèsent sur tous leurs gestes quand ils ne s'accompagnent pas de critiques ou de remarques acerbes sur leurs manières de faire. Présences oppressantes des ascendants d'autant plus qu'ils sont souvent considérés comme inutiles, l'âge avançant, la mobilité, les capacités physiques et mentales diminuant. Cette promiscuité, certes plus fréquente dans les milieux ruraux, amène à une mise sous tension qui conduit au ressentiment, à l'exécration souvent réciproque et à l'envie irrépressible de supprimer ce qui semble devenu un poids inacceptable du quotidien. « La grande proximité, qui empêche la mise en place d'un rituel, permet de comprendre pourquoi la violence explose sans retenue avec ses proches [...]. Quelle que soit la culture, la famille demeure le lieu de la violence. Ce petit ensemble cimenté par l'affectivité, la sexualité, l'éducation des enfants et les contraintes sociales, organise un champ affectif si proche que le rituel y perd de son efficacité » [1]. L'appât du gain, la cupidité ou simplement l'animosité qui croît jusqu'à l'obsession, jusqu'à l'insupportable, sont autant de préalables au passage à l'acte. Faire disparaître l'autre, raccourcir cette vie qui traîne en longueur, défi permanent de ce temps qui refuse de faire son œuvre, deviennent les conditions de la survie, de la libération, de la liberté. Dans l'affaire suivante, un « couple maudit » est accusé d'avoir assassiné sa mère et belle-mère et la procédure dévoile les fragments de ces relations conflictuelles dont l'épicentre se situe dans la haine féroce que se vouent deux femmes et dans l'arbitrage que tente de proposer le fils et l'époux. Si le dénouement de la crise s'effectue à l'abri des membres de la communauté, il n'en demeure pas moins que tout au long de la procédure les témoins vont se révéler incontournables tour à tour, dénonciateurs, inquisiteurs, informateurs...
5Le onze ventôse an X (2 mars 1803), le juge de paix du canton de Saint-Auban est informé par l'adjoint municipal de Gars « que la citoyenne Margueritte Torcat veuve de Jean-Joseph Buffe, est décédé le quatre du courant [23 février 1803] sur les cinq heures après midi que la rumeur publique, dont on n'a eu connaissance qu'après l'inhumation de la décédée, attribue sa mort à l'empoisonnement attendu que la dite Margueritte Torcat était en bonne santé sur les neuf heures du matin du même jour et que sa mort précipitée a été précédée des symptômes qui annoncent l'empoisonnement » [2]. Alors que l'hiver repousse chacun derrière ses murs, que la surveillance se relâche, chacun se croit à l'abri de l'indiscrétion fatale. Ce voisinage tenu à l'écart, le poison devait faire son œuvre secrètement sur un corps déjà diminué ; le cadavre enterré... aucun soupçon n'aurait dû naître. Margueritte était parvenue à l'heure où la mort peut surprendre soudainement. Mais c'était compter sans la « rumeur publique » [3] qui s'incarne dans le groupe des voisines. Liées avec la défunte par une solidarité générationnelle, informées par les confidences de la situation intime et familiale de chacune, elles veulent punir ces enfants monstrueux qui renient les liens du sang et le respect qui leur est intrinsèquement attaché [4].
6Le corps de Margueritte est exhumé sur-le-champ, le cadavre ouvert par un officier de santé, qui constate sous l'œil vigilant et curieux de nombreuses femmes la présence d'une matière jaunâtre qui lui a paru être de l'arsenic et la couleur bleuâtre des poumons. Les examens s'arrêtent à ces premières constatations sommaires et le corps est rendu à la terre.
7Les premiers témoins entendus sont cinq femmes qui se trouvaient toutes auprès du four communal situé à proximité de la maison de Margueritte le jour de son décès. Elles décrivent toutes les mêmes symptômes de sa maladie : des coliques, une grande soif ainsi que des vomissements de couleur verdâtre ou jaunâtre, autant de signes qu'elles assurent liés à l'ingestion d'arsenic... l'assurance de leurs paroles ayant été confortée par l'examen clinique du cadavre. De leurs déclarations ressortent trois points essentiels :
- la mésentente de la Margueritte Torcat avec sa belle-fille Catherine, épouse de Pierre Buffe. Plusieurs femmes témoignent des disputes violentes qui les opposèrent un an auparavant et des plaintes de Margueritte à propos d'un coup qu'elle disait avoir reçu de sa bru. L'été précédent sa mort, Margueritte avait confié à Suzanne Gras avoir reçu un coup de pierre de cette dernière au jardin ; la violence du choc l'avait renversée par terre. Elle lui montra même la trace laissée par la pierre « qui était à un côté et bien noir ». Une voisine assure les avoir vues se battre dans leur maison, la belle-fille armée d'une pierre et Margueritte d'un couteau qu'elle utilisait pour peler les raves, la première tentant d'étrangler la seconde. Le refus de Margueritte de porter plainte devant les autorités s'explique certainement, comme dans d'autres cas, par la peur des représailles, la crainte de perdre un soutien financier ou tout simplement la honte de livrer sa souffrance publiquement à des étrangers. Aussi endure-t-elle dans une relative discrétion la douleur d'être humiliée par sa bru et son propre fils. Nicole et Yves Castan ont souligné un trait fréquent chez les parents échappant à une tentative de meurtre : ils nient devant la justice l'évidence de l'acte commis tout en clamant haut et fort le refus de tout contact futur avec les agresseurs. « Ce qui compte dans ces extrémités, ce n'est pas une horreur morale et physique du supplice cruellement infligé par le fils, mais le vœu de préserver la famille de l'infamie et d'assurer, malgré l'accident abominable, la continuité de possessions et la sauvegarde de la progéniture. Jamais une condamnation ou un blâme n'est prononcé. L'étonnement douloureux traduit la révolte devant cette mort » [5].
- Le deuxième enseignement des premiers témoignages concerne les menaces de mort répétées à de nombreuses reprises par Catherine à chacun de ses différends avec sa belle-mère et plus précisément cet avertissement : « Vous ne mourrez que de mes mains ». À une autre occasion, Pierre Buffe dit à son épouse « de la jeter par la fenêtre, lui disant si tu ne le fais pas, je le ferai moi-même » et s'adressant à sa mère « mine descaraou [6] maudite mère tu mériterais d'être empoisonnée ».
- Enfin, le dernier apport de ces dépositions traite du refus obstiné de Catherine de secourir la mourante alors qu'elle était au plus mal en arguant aux femmes présentes : « vous devez y aller vous même qui êtes sa commère... ses coutriaches [7] lui ont donné soin et viendront bien lui donner encore [...] avant hier elle était la haut à me mépriser ». Une autre de ces femmes précise encore « avoir entendu dire publiquement dans la commune que Margueritte Torcat avait été empoisonnée par son fils et sa belle fille ».
8Les témoins ancrent l'événement criminel dans l'histoire familiale et communautaire. La procédure judiciaire déclenche le processus mémoriel et met à jour les souvenirs des unes et des autres. Antécédents, préméditation, circonstances aggravantes, menaces préalables surgissent des discours des témoins loin de toute « neutralité prudente » [8]. Les voisines se livrent ici avec délectation à l'autopsie d'une vie arrachée. Les voix se muent en sources d'information pour la justice, l'aperçu ou le vu en su. Au-delà du simple récit événementiel, il s'agit désormais d'attester d'une réalité, certes perçue jadis comme fugace ou banale, sans conséquence, mais qui, désormais, sous l'éclairage du crime commis, se charge d'un nouveau sens et devient promesse de danger mortel. Les témoins sont non seulement du côté du passé, mémoire de la communauté, mais ils entrent au moment de leur audition dans le présent... Présent du crime et de la dramaturgie judiciaire. Le témoin va devenir la figure indispensable et cruciale pour l'émergence, l'établissement et la validation d'une vérité. Par lui, le passage à l'acte criminel prend sa place dans l'histoire de Catherine, Pierre et Margueritte.
9Dès lors, le juge de paix convoque le couple incriminé, non seulement par la rumeur mais également par un faisceau d'accusations directes résultant des premières auditions de témoins qui les placent en tête des suspects. Reste à élucider le mobile d'un tel acte ainsi que les moyens ayant servi à sa réalisation.
10Pierre Buffe, cultivateur de trente-six ans, est marié avec Catherine depuis douze ans ; ils ont trois fillettes. Dès les premières questions, le juge s'intéresse à l'héritage de Pierre et à la composition de ses biens, ce qui tendrait à prouver que l'enquête s'oriente vers la thèse d'un crime crapuleux, l'argent étant à l'origine du matricide. Il faut noter que nombre de ces crimes sont motivés par la cupidité et que l'importance du capital devient souvent l'enjeu de l'homicide. D'autre part, dans l'esprit des magistrats, le parricide demeure fortement identifié à un milieu social et professionnel lié à la possession foncière agricole. La transmission du patrimoine figure au centre de toutes les luttes, de toutes les frustrations, de toutes les haines.
11Lors de son mariage, Pierre reçut de son père une donation « d'une quatrième » et, à la mort de ce dernier, trois ans plus tard, il hérita de la moitié des biens paternels en partage avec son frère aîné. Durant huit ans, le jeune couple partagea la demeure maternelle mais il dut se séparer de Margueritte. Grâce aux témoignages ultérieurs, nous apprenons qu'ils continuent de partager la même maison mais que Margueritte vit dans un appartement séparé du leur. Le juge s'inquiète des conditions dans lesquelles vivait la victime et nourrit son interrogatoire des éléments rapportés par des voisines de la défunte :
Quels étaient les moyens d'existence de votre mère après sa sortie de la maison ?
— Ma mère avait recueilli une succession d'un de ses frères ; je l'avais déterminée avant notre séparation à me faire passer vente à titre de fonds perdu de plusieurs terres dérivantes de cette succession et je m'étais soumis à son égard à une pension viagère payable de six mois en six mois de vingt-quatre panneaux blé, dix-huit francs d'argent et d'un habillement de trois ans en trois ans.
12Cet enfant dévoué assure avoir toujours vécu en bonne intelligence avec sa mère et s'être fait un devoir de ne la faire manquer de rien. Il défend là les archétypes du bon fils qui, selon la coutume, doit assurer le vivre et le coucher à ses ascendants. Par ailleurs, s'il avoue les mésintelligences entre son épouse et sa mère, il indique également avoir « été obligé d'interposer son autorité pour faire cesser son épouse ». C'est aussi un bon chef de famille qui tempère la vivacité de sa femme et protège sa mère en usant de l'autorité naturelle qui lui incombe pour faire régner la paix au foyer. Tout en présentant une image très flatteuse de sa personne et de son rôle au sein du nucleus familial, il rejette tous les torts et donc toutes les accusations sur son épouse. Tactique dont le juge n'est pas dupe puisque après l'avoir laissé présenter sans contraintes ni remarques le contexte et le vécu familial, il lui oppose les différentes dépositions qui mentionnent les menaces auxquelles il se serait lui-même porté contre sa mère.
13Paisiblement, il répond en reconnaissant avoir parfois fait preuve de vivacité à l'égard de sa mère et en validant partiellement les récits des témoins ! Pierre témoigne d'une grande habileté en admettant certaines disputes : « maudite mère, si vous voulez me détruire de ce monde pourquoi m'y placiez vous ! mais jamais je n'ai tenu de propos qu'elle mérita d'être empoisonnée ». Quant aux souffrances que lui infligeait sa mère, il précisa ultérieurement qu'elles consistaient à lui jeter de l'eau et des « balayures » sur lui, ce qui l'inquiétait. Il se pose non comme l'agresseur mais seulement comme la victime d'une mère mauvaise dont il fut apparemment privé de l'affection et qu'il accuse d'œuvrer à sa perte. S'il rejette l'accusation la plus grave, la volonté de la supprimer, son premier aveu concernant leurs rares discussions houleuses renforce le poids de sa dénégation. Face à ce cultivateur, lettré [9], au vocabulaire riche, qui utilise la rouerie autant que la ruse, le juge doit puiser dans toutes ses ressources rhétoriques pour le désarçonner. N'est-ce pas un appel au crime que de reprocher à sa mère de l'avoir conçu alors même qu'il devrait selon la morale des hommes et celle de Dieu l'en remercier ?
14Peine perdue pour le magistrat que ses reproches, puisque Pierre, affichant un calme olympien, assure que ces disputes n'ont jamais eu pour cause le paiement de la pension à sa mère. Il indique encore « qu'à en croire le bruit public, elle est morte sous l'effet du poison que lui a administré Catherine Torcat ». Il affirme ignorer où se trouve son épouse et en faire peu cas.
15Parallèlement aux investigations pour retrouver Catherine, les auditions de témoins se poursuivent, chacune apportant un détail, un récit qui incriminent davantage le couple. La maltraitance, les injures « vieille gueuse, vieille coquine, bougresse » étaient connues de tous dans le village de même qu'il « était public que Pierre Buffe et Catherine son épouse ne voyaient pas avec plaisir la durée de l'existence de Margueritte Torcat ». Il semble que la défunte se soit confiée et plainte à de nombreuses personnes des mauvais traitements qu'elle subissait mais que personne ne soit intervenu en dépit des assurances de plusieurs de ses voisines qui affirment avoir été liées d'amitié avec la défunte. Anne Bertrand « exhortait Margueritte Torcat à la patience et lui conseillait de faire ouvrir une porte particulière pour ne plus être dans le cas d'user de l'escalier qui lui était commun avec son fils et sa belle-fille, pour prévenir par là les discussions que leur trop grande communication faisait naître entre eux, elle s'était même permise dans plus d'une occasion de faire des remontrances à la dite Catherine Torcat sur son manque d'égards pour sa belle mère à quoi la dite Catherine Torcat répondait qu'elle méritait les mauvais traitements qu'elle exerçait contre elle, elle avait aussi parlé à cet égard à Pierre Buffe qui lui avait dit plus d'une fois ma mère est une vieille sorcière ». Quand elle fut appelée par ce dernier au chevet de sa mère pour l'habiller « elle fut si surprise de la mort prompte de cette femme qu'elle ne put s'empêcher de s'écrier je l'avais toujours dit que tu mourais sans secours et sans soin ... en habillant le cadavre elle était frappée de l'air livide qu'il avait ».
16Lorsque sa mère expira, Pierre, à son chevet, poussa quelques soupirs qui ne paraissent pas avoir convaincu les personnes présentes du chagrin qu'il pouvait ressentir devant cette grande perte. Dès la mort de Margueritte, la rumeur enfla, grosse de révolte et de menaces, face à ce crime immoral et odieux à tous.
17Reste à expliquer ce crime. Françoise Ollivier, épouse de Jean Joseph Gras, fournit à ce sujet un témoignage limpide : « l'avant veille de la mort Catherine lui dit : la pension que nous lui faisons nous dévore, elle mange plus du blé elle seule que nous n'en mangeons dans notre famille malgré que nous soyons cinq personnes, elle déclarante répondit : prenez patience, votre devoir est de remplir les obligations que vous avez contractées envers elle puisqu'elle vous a donné son bien ».
18Jean Guérin, le ministre du culte catholique, apporte également quelques éclaircissements sur les difficultés pécuniaires qui opposaient la mère et le fils. En effet, son rôle de médiateur privilégié le plaçait au premier plan pour observer l'évolution de ce conflit aggravé et tenter de l'apaiser. Margueritte lui avait ainsi confié à de nombreuses reprises que son fils la faisait souffrir « du peu nécessaire pour son existence » au point qu'elle fut contrainte de forcer Pierre au versement régulier de sa pension viagère.
19Le maire, autre médiateur traditionnel, informé comme tous de la mésintelligence notoire qui régnait entre le couple et Margueritte Torcat, ne s'en mêla pourtant jamais, ce qui tend à confirmer la thèse de Jean Quéniart : « Entre les familles d'une même village ou d'une même maison, le principe le plus souvent adopté par l'homme est qu'il est maître chez lui, et que les autres sont tout autant maîtres chez eux » [10]. À de nombreuses reprises, Arlette Farge a mentionné les démarches désespérées de ces femmes en quête de réconfort et de protection [11], « la litanie des femmes maltraitées » [12]. Ces dernières, le plus souvent la démarche à peine entreprise, se rétractent et rentrent humblement auprès de leur mari [13] ou fils. Leur sentiment de culpabilité les guide sur le chemin du retour. En prenant la parole, elles rompent la loi du silence qui sied à la tranquillité familiale. En se plaignant, en exposant les altercations qui les opposent au chef de famille, elles restent persuadées de trahir les liens indissolubles du mariage et de la parenté, de jeter en pâture leur vie domestique, de sortir de leur condition. Rétif de la Bretonne rappelle que « le premier moyen d'être heureux en ménage, celui qui donne le prix à tous les autres, c'est que le chef commande et que l'épouse tendrement fasse par amour ce qu'on nommerait dans toute autre qu'une épouse doive obéir » [14]. Il semble que cette règle s'applique également dans le cadre des relations mère/fils.
20Toutefois, alors que la victime rendait ses derniers soupirs, les quelques femmes présentes interpellèrent le maire : « la mort de cette femme a une cause extraordinaire, elle a sûrement été empoisonnée ». Il eut alors cette réflexion savoureuse : « ce propos fut regardé par lui comme un vrai propos de femme et alors il les engagea à se taire ne voyant pas comment il aurait pu être possible qu'elle eut été empoisonnée ». Cet édile local, tel Créon, se pense comme le représentant de « l'État absolument séculier, la loi homogène née du logos, il représente l'ordre viril, utilitaire et rationnel » [15].
21Les femmes lui décrivirent alors les différents symptômes présentés par Margueritte avant sa mort « pouvant bien entrevoir dans ses signes des présomptions de poison, mais la bonne foi dans laquelle il était ne lui permit pas de s'arrêter davantage aux propos de ces femmes ».
22Tel le roi de Thèbes, cet homme de fer soutient que « mieux vaut, si c'est nécessaire, succomber sous le bras d'un homme, de façon qu'on ne dise pas que nous sommes aux ordres des femmes » [16]. Chœur d'Antigone qui ose braver la loi de la retenue, qui remet en cause le monopole dominateur de l'homme dans le champ du politique. Paroles de femmes entachées de suspicion, paroles discréditées, paroles non entendues. Tentative de l'autorité masculine de les emmurer, de les enterrer vivantes dans le sanctuaire domestique, d'effectuer l'ablation définitive de leur capacité à orienter, déterminer un geste, une décision intéressant la communauté dans son entier. Sans céder au mythe de la parole ensorcelée reçue comme pur jaillissement d'un imaginaire féminin fécond et intrinsèquement subversif, le maire, sur l'instant, refuse de voir discuter sa résolution, saper sa capacité à trancher, par quelques vieilles femmes en mal de rumeur. Rumeur qu'elles vont alimenter de leurs mots colportés bruyamment jusqu'à ce que la peur « d'une émeute » [17] fasse reculer le maire.
23Quelques jours plus tard, le témoignage du médecin concorde avec les premiers constats faits sur le cadavre et les soupçons des premiers témoins : il retrouva une grande quantité d'arsenic (plus d'une once) dans le corps de la défunte non encore totalement dissous, arsenic reconnu à sa couleur et à sa texture. L'officier de santé fit remarquer à Pierre Buffe que « s'il avait quelque chose à se reprocher, il était coupable aux yeux de Dieu et de la société, ce à quoi Buffe répondit qu'il n'avait rien à se reprocher mais qu'il ne pouvait pas répondre de sa femme attendu que pour l'ordinaire les femmes sont méchantes ». Avant de parapher sa déclaration, le médecin signale encore que les personnes présentes lors de l'autopsie « dirent spontanément c'est pourquoi on eut le soin de venir enlever la marmite, si on l'avait laissée, on pourrait faire la vérification ».
24Une autre femme ajoute, sibylline, que Pierre et Catherine « ne jouissent pas dans le païs d'une bien bonne réputation ». Nous n'en saurons pas plus quant à la motivation de cette remarque qui illustre ce monde de mesquineries dont tous se délectent, cherchant à interpréter tout signe de désaccords, de complots.
25Lors de tous les interrogatoires, la stratégie de Pierre Buffe demeure inchangée. Il tient à préserver son image de fils et de chef de famille remplissant tous ses devoirs avec application. Pour le reste, il nie les coups, les insultes, le refus de verser la rente viagère à sa mère, la haine à son endroit, l'achat et la préparation de la nourriture empoisonnée, son indifférence devant son cadavre, la tentative de corruption des officiers de santé ou du maire. Au contraire, il affirme : « ma mère avait toujours au dessus de son nécessaire car je me faisais un devoir de ne la faire manquer de rien malgré la pénurie des temps ».
26En outre, il assure que l'annonce de la maladie de sa mère par sa femme « lui fit une vraie peine ». Néanmoins, il ne se rendit pas de suite auprès de sa mère. Il tenta d'abord de convaincre son épouse d'aller la soigner mais devant son refus obstiné, il s'y rendit finalement en dépit du fait « que ce soin là n'est pas d'un homme ».
27À l'occasion d'un autre interrogatoire, le directeur du jury tente de mieux cerner la composition des biens de Pierre Buffe et son emploi du temps entre le décès de sa mère et l'exhumation du cadavre. Durant ces quelques jours, il s'absenta pour régler différentes affaires. Toutes ces créances furent acquittées en numéraire, ce qui intrigue le magistrat. Alors même que Pierre possédait une vingtaine de terres, il céda trois terres ainsi « qu'une maison au milieu du village », celle-là même qu'il habitait avec sa famille et sa mère. Or, pour le juge « il n'est pas naturel qu'un ménager qui a une maison la vende », aussi demande-t-il les raisons qui ont présidé à cette cession pour un montant total de trois mille francs payés comptant.
Pierre : « Cette maison était trop spacieuse pour moi [...] et surtout depuis que ma mère était morte je ne l'habitais plus avec plaisir, puisque je n'y aurais pas couché seul ».
Le juge : « Vous auriez été plus sincère si vous aviez dit que cette maison vous reprochant sans cesse le crime que vous y aviez commis faisait le tourment de votre âme ».
Pierre : « Je nie l'interrogat et j'ajoute qu'un second motif qui me détermina à vendre cette maison, c'est que j'ai excessivement peur des morts ainsi que ma femme et ma famille et que aucun de nous ne pouvait plus habiter cette maison depuis la mort de ma mère ».
28Cette prégnance du monde des morts sur celui des vivants marque, là, une continuité avec les mentalités magiques considérées comme appartenant à l'Ancien Régime.
29Peu convaincu par cette peur des fantômes mais persuadé des remords qui présidèrent à cette attitude, avouée sans pudeur, le directeur du jury lance un mandat d'arrêt à son encontre et le renvoie devant le jury spécial d'accusation ainsi que son épouse. Il est transféré à la maison d'arrêt de l'arrondissement de Grasse où il est rejoint le 7 floréal an X (27 avril 1803) par son épouse. Face au juge, elle se montre peu coopérative, niant avec acharnement toutes les accusations formulées par les témoins, affirmant ne pas comprendre certaines questions. Elle proteste avec virulence des sentiments qu'elle nourrissait pour sa belle mère : « je n'aurai voulu lui faire que toute sorte de bien, je lui aurai donné mon sang si elle me l'eut demandé [...] il peut se faire que j'ai eu quelque querelle avec ma belle mère mais jamais je n'ai porté l'oubli de moi-même au point de lui faire des menaces et d'attirer sur moi l'autorité de mon mari, j'observe que ma belle-mère était très méchante, je crois même qu'elle était folle car sur le plus petit propos, elle m'accablait de toute sorte d'injures ». Ailleurs, elle la juge « capricieuse et décidée à les détruire ». Si Pierre, lors des interrogatoires, avait tenté de reporter les accusations sur son épouse, on ne note rien de tel dans les réponses de cette dernière. En revanche, elle signale insidieusement qu'une voisine, qu'elle soupçonnait de dépouiller sa belle-mère, avait lancé la rumeur. Elle soutient : « que si ma belle-mère a été empoisonnée je crois que ce ne peut être qu'elle ». Tentative désespérée d'orienter les soupçons de la justice vers une autre, volonté délibérée de nuire en se vengeant de la dénonciation... en vain.
30En août 1803, le tribunal condamne le couple à la peine de mort et « quiconque aura été condamné à mort pour crime d'assassinat d'incendie ou de poison sera conduit au lieu de l'exécution revêtu d'une chemise rouge ... la parricide aura la tête et le visage voilés d'une étoffe noire, il ne sera découvert qu'au moment de l'exécution ». Le 20 brumaire an XI (11 novembre 1803), à neuf heures du matin, ils subissent leur châtiment après que Pierre Buffe ait livré une dernière déclaration au greffier en chef du tribunal criminel du Var appelé à cet effet. « À déclaré en faveur de la vérité que la vente de ses biens passés en faveur de son beau-frère n'est qu'une vente simulée, qu'elle n'a été passée que dans la vue de conserver son bien à ses enfants, qu'il n'a pas reçu la moindre obole du prix de la dite vente. Nous a déclaré recommander ses enfants à la clémence du gouvernement s'il voulait bien lui faire grâce des frais de la procédure », ces derniers s'élevant à mille quatre cent un francs quarante centimes.
31Catherine demeure emmurée dans le silence de son crime. Pierre meurt pour avoir dénié à sa mère le droit de vivre et l'avoir refoulée du territoire du féminin, pour ne plus l'avoir perçue que sous les traits déformés d'une sorcière appartenant d'ores et déjà au monde des enfers et des revenants. Il l'imaginait cherchant à lui retirer cette vie qu'elle lui avait donnée, lui suçant son sang comme d'autres mangent l'or. Cette mère dont la seule existence lui donnait l'impression d'une mise en danger permanente. « Le don initial de vie apparaît alors rétrospectivement comme un crime de lèse-majesté inaugural, comme une offense aux droits que revendiquera le futur sujet. La menace de vie — d'une vie reçue — est alors fantasmée comme menace de mort, dans la mesure où la reconnaissance de toute vie reçue casse à la base le mythe d'une existence par soi » [18]. Tuer pour parvenir à s'affirmer, tuer pour trouver enfin la sensation d'être son propre maître au-delà de l'apparence d'un statut de chef de famille conférant l'autorité et le pouvoir que chaque jour et chaque parole de ces femmes lui déniaient. Son attitude fait écho aux paroles d'un autre parricide : « Ainsi, en ce siècle, de nouveau, un tyran a surgi. Cette fois, c'est la femme. La loi qu'elle institue, c'est l'arbitraire. Plus jamais ça ! Dans ma famille, ce tyran, c'est ma mère [...] Je la hais. La tuant je fais un exemple pour que le droit soit restauré, le contrat honoré, la tyrannie renversée » [19].
32Ces auditions mettent en jeu toutes les représentations négatives de la femme à l'œuvre dans l'imaginaire collectif. Femmes enivrées de paroles irrespectueuses et happant le Verbe qui, au commencement, appartenait au patrimoine de l'homme. Femmes qui osent rompre avec leur silence subordonné, avec leur engagement au sein du groupe de la parenté en trahissant la loi du secret, avec leur position qui les situe forcément en marge de l'événement, et de la mise en alerte. Femmes qui se rebiffent contre le mépris et jouent de leurs armes de prédilection, celles que leur réclusion dans l'espace domestique leur a fournies. Cuisiner, soigner les corps, accompagner les mourants, autant de savoir-faire dont elles usent pour modifier ou révolutionner leur état et leur rôle. Elles remuent les ménages par leurs indiscrétions, interpellent ou défient les autorités de l'espace privé ou politique, accusent, enquêtent, condamnent. Nous sommes loin de la vision qu'avait Michelet des femmes : il les vouait au seul sacerdoce des pleurs. Devant le cadavre de Margueritte, nulle larme mais des cris imprécatoires contre l'impunité du fils indigne, contre les crimes indécents et déshonorants de la bru dénaturée. « Dans la remémoration, les femmes sont en somme les porte-parole de la vie privée » constate Michelle Perrot [20]. Femmes en action qui délaissent la cuisson du pain, le soin du ménage, pour venir témoigner en justice de leurs solidarités, de leurs secrets partagés. Femmes qui remplissent leur rôle de gardiennes de la morale et de l'ordre familial et qui poursuivent de leurs malédictions celle qui a déchu.
33L'approche spécifique du discours des témoins dans cette procédure judiciaire nous a permis de partiellement éclairer les stratégies collectives des femmes à l'œuvre dans la communauté. En désignant à la justice les coupables, en construisant leurs discours en fonction des valeurs morales et sociales unanimement reconnues et partagées, les voisines, les parentes orientent l'application de la Loi. Les expertises médicales balbutiantes laissent des interstices de liberté et d'action aux témoins sur le cours ordinaire de la justice. Pour chacune d'entre elles, il s'agit de faire corps contre ce fils et cette bru non pas tant pour le crime que la justice leur impute mais pour avoir rompu les règles communautaires intangibles.
34Analyser au plus près ces discours, les mots utilisés dans les dépositions ouvre à l'historien, ultime témoin, les clefs pour pénétrer dans les entrailles du fonctionnement communautaire.
Notes
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[1]
B. Cyrulnik, Les Nourritures affectives, Paris, Odile Jacob, 1993, p. 133.
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[2]
Archives départementales du Var, 2U6/23.
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[3]
K. Lambert, « La société des voisins : un outil du contrôle social ? Témoignages et criminalité féminine à travers les procédures judiciaires provençales (1730-1850) » dans B. Garnot (sld), Les Témoins devant la justice..., ouvr. cité, p. 362.
-
[4]
J. Quéniart, « Sexe et témoignages. Sociabilités et solidarités féminines et masculines dans les témoignages en justice », dans B. Garnot, ouvr. cité, p. 254.
-
[5]
N. Castan, Y. Castan, Vivre ensemble. Ordre et désordre en Languedoc. (17e-18e siècles), Paris, Gallimard/Julliard, collection « Archives », 1981, p. 143-144.
-
[6]
Ce terme signifie déterré.
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[7]
Le terme de coutriache désigne les parents.
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[8]
B. Garnot, « Les témoins sont-ils fiables ? », dans B. Garnot, ouvr. cité, p. 431.
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[9]
Il signe et déclare savoir écrire alors qu'aucun des autres témoins se déclarant travailleur à la terre, cultivateur ou ménager ne sait signer. Seuls paraphent leurs déclarations le ministre du culte, le maire et l'officier de santé.
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[10]
J. Queniart, art. cité, p. 253.
-
[11]
A. Farge, La Vie fragile, violence, pouvoirs et solidarité à Paris au 18e siècle, Paris, Seuil, collection « Points Histoire », 1992. Et de la même auteure, Le cours ordinaire des choses dans la cité du 18e siècle, Paris, Seuil, collection « La librairie du 20e siècle », 1994, p. 27-45 ; Des lieux pour l'histoire, Seuil, collection « La librairie du 20e siècle », 1997, p. 19-21. Voir également l'article d'A. Farge, « Proximités pensables et inégalités flagrantes. Paris, 18e siècle », dans C. Dauphin, A. Farge (sld), De la violence et des femmes, Paris, Albin Michel, 1997, p. 73-86.
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[12]
A. Farge, Vivre dans la rue à Paris au 18e siècle, Gallimard, collection « Folio/Histoire », 1992, p. 139.
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[13]
Ce constat est également dressé par Anne-Marie Sohn dans Chrysalides Femmes dans la vie privée (19e-20e siècles), Paris, Publications de la Sorbonne, 1996, p. 718.
-
[14]
N. Restif de la Bretonne, La Vie de mon père, cité par F. Lebrun, La Vie conjugale sous l'Ancien Régime, Paris, Armand Colin, 1998, p. 80.
-
[15]
P. von Matt, Fils dévoyés, filles fourvoyées. Les désastres familiaux dans la littérature, Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l'Homme, 1998, p. 114.
-
[16]
Sophocle, Antigone, Paris, Les Belles Lettres, 1985, p. 97.
-
[17]
A. Farge, « Histoire, événement, parole », Revue socio-anthropologie, no 2, 1997, p. 1-10.
-
[18]
M. Schneider, « Visages du matricide », Cahiers du GRIEF, 1984, p. 24.
-
[19]
M. Foucault, Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur, et mon frère... Un cas de parricide au 19e siècle, Paris, Gallimard/Julliard, collection « Folio/Histoire », 1994, p. 311-312.
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[20]
M. Perrot, Les Femmes ou les silences de l'Histoire, Paris, Flammarion, 1998, p. 19.