Notes
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[1]
Nombreuses explications sur la frappe traditionnelle au marteau, en particulier Amandry 2001, articles concernant la frappe monétaire, et Grierson 1976, p. 125-161.
-
[2]
Dans certaines régions, la fonte est préférée comme en Gaule du Nord. À Alexandrie à l’époque hellénistique, les ateliers adoptent un système mixte pour le bronze : la fonte des flans dans des moules et frappe des monnaies. Cependant, de tels cas particuliers sont assez limités dans le temps et l’espace.
-
[3]
Pour s’en tenir à la bibliographie en langue française, Schroeder 1905, p. 193-252 et Thierry 1986, p. 39.
-
[4]
C’est le cas encore au Vietnam au xixe siècle. Le salaire des fonctionnaires y est versé pour moitié en monnaies, pour moitié en riz. Poisson 2001.
-
[5]
La ligature vietnamienne compte normalement 600 pièces, la ligature chinoise 1 000.
-
[6]
Silvestre 1883, p. 74.
-
[7]
Diderot et d’Alembert 1751, article monnayage. Des compléments dans les livres évoqués plus haut au sujet de la frappe au marteau.
-
[8]
C’est un système par percussion, sur le principe de la guillotine.
-
[9]
Cité par Babelon 1921, p. 305.
-
[10]
Son prénom laisse penser qu’il est issu d’une lignée de monnayeur ou d’orfèvre. Il est pendu à Tyburn en 1569 pour avoir émis clandestinement des monnaies à son profit avec sa propre machine. Grueber 1889, p. XXXVII.
-
[11]
Gadoury 2012, n° 62-63.
-
[12]
Comme le thaler autrichien du comté de Tyrol émis par Léopold Ier (1657-1705) sans date, qui pèse 57,28 grammes ; Davenport 1968, n° 3247.
-
[13]
Traditionnellement, les monnaies ont des reliefs très limités pour ne pas favoriser l’usure mais ces très grands thalers ne sont pas véritablement amenés à circuler, ce qui permet au graveur de profiter de toutes les possibilités de la matrice.
-
[14]
Sur les serments, on lira Le Gentilhomme 1931 ; Fournial 1970, p. 15 ; Coativy 2006, p. 186-196 ou encore Rolland 1956, p. 50.
-
[15]
On rappellera par exemple que le garde des sceaux de Louis XVI, Jérôme Champion de Cicé (1735-1810), descend d’une famille de monnayeurs bretons anoblie à la fin du Moyen Âge.
-
[16]
Éléments de chronologie dans Grierson 1976, p. 153.
-
[17]
Par exemple que le garde des Sceaux de Louis XVI, Jérôme Champion de Cicé (1735-1810), descend d’une famille de monnayeurs bretons anoblie à la fin du Moyen Âge.
-
[18]
Éléments de réflexion et références bibliographiques dans Thierry 2012. D’autres exemples dans Joyaux 2017.
-
[19]
Mazard 1953, p. 86. 10 000 pièces seulement ont été percées à l’arsenal de Saigon.
-
[20]
Sur cet épisode, Thierry 1999, p. 287.
1Il existe deux grandes façons de fabriquer une monnaie : la frappe et la fonte. La frappe est un procédé simple qui a plutôt été l’apanage de l’Occident. La fonte est un procédé encore plus simple qui a eu la faveur de l’Extrême-Orient jusqu’au xixe siècle. Dans les deux cas, les techniques sont connues depuis l’Antiquité mais la première a néanmoins fait l’objet de modifications à certaines époques, en particulier au xvie siècle. Toutefois, en Europe, ces changements n’ont pas toujours eu le succès espéré et ont été un temps délaissés, alors qu’en Orient, l’abandon de la fonte, aléatoire et favorisant la fausse monnaie, n’a pas donné les résultats escomptés. Après avoir rappelé les éléments essentiels de ces deux méthodes et les évolutions qu’elles ont connues, nous expliquerons les raisons du refus momentané, de ces progrès techniques dont ces modifications étaient porteurs.
Deux méthodes traditionnelles
La tradition occidentale : la frappe au marteau [1]
Figure 1 : Jeton des monnayeurs de Châlons. Henri IV, jeton des monnayeurs de l’atelier de Châlons-en-Champagne, refrappe bronze. A/ HENRICVS. IIII. D. G. FRANCIÆ. ET. NAVARRÆ. REX ; buste cuirassé et couronné d’Henri IV à droite. À l’exergue, marque d’atelier : CH R/ + CATHALAVNENSIS* FIDEI* MONVMENTVM ; au-dessous A.A.A.F.F. et 1591. Vue du matériel d’un atelier monétaire : fournaises, creusets, pinces, marteaux, etc. ; Bronze 34,5 mm 14,9 g. Collection privée.
Figure 1 : Jeton des monnayeurs de Châlons. Henri IV, jeton des monnayeurs de l’atelier de Châlons-en-Champagne, refrappe bronze. A/ HENRICVS. IIII. D. G. FRANCIÆ. ET. NAVARRÆ. REX ; buste cuirassé et couronné d’Henri IV à droite. À l’exergue, marque d’atelier : CH R/ + CATHALAVNENSIS* FIDEI* MONVMENTVM ; au-dessous A.A.A.F.F. et 1591. Vue du matériel d’un atelier monétaire : fournaises, creusets, pinces, marteaux, etc. ; Bronze 34,5 mm 14,9 g. Collection privée.
2La frappe monétaire consiste à placer un flan préalablement préparé au poids et à l’aloi voulu par l’autorité monétaire entre deux matrices gravées à l’envers et en creux. Un grand coup de marteau ou de presse et la monnaie est émise. Cette méthode est utilisée en Occident depuis l’Antiquité [2]. En apparence très simple, elle sous-entend d’avoir, tout au long du processus, un personnel très qualifié et compétent. Il faut, en premier lieu, un orfèvre, appelé essayeur, capable d’affiner le métal au titre demandé par l’autorité émettrice. Ensuite des ouvriers qui sachent battre le lingot pour l’amener à l’épaisseur voulue puis y découper les flans avant de les nettoyer, souvent à l’acide, et parfois les recuire pour les rendre un peu plus malléables. En effet, les différentes étapes de la préparation ont tendance à durcir le métal, rendant le travail du monnayeur plus difficile. La préparation des flans pose aussi des questions de productivité et de rendement : il ne faut pas passer trop de temps à la fabrication et s’employer à limiter la masse des déchets qu’il faudra refondre, opération synonyme de perte de matière. Il faut encore un graveur de coins habile à former les lettres et les types dans une matrice en acier, à l’aide ou non d’un patron, et disponible, c’est-à-dire capable de vivre de ce métier en dehors des périodes d’ouverture de l’atelier. Il doit aussi y avoir des monnayeurs, habituellement un pour deux ouvriers, pour frapper les monnaies et un prévôt, contremaître responsable du fonctionnement quotidien de l’officine. S’ajoute à cette liste un maître, qui dirige l’atelier, et des gardes pour prévenir les fraudes.
3Le système est coûteux, assez lourd à mettre en place et n’est donc pas à la portée du premier prince venu. Car, au-delà de la fabrication, il faut aussi assurer la sécurité d’un endroit qui attire les convoitises et il est nécessaire de posséder un système élaboré de contrôle pour éviter la fraude au sein même de l’unité de fabrication. Moyennant quoi, quand tout est réuni, cela fonctionne et un atelier d’envergure moyenne peut émettre plusieurs centaines de milliers de monnaies chaque année et irriguer ainsi la vie économique d’une région.
4La méthode a néanmoins ses limites. Très artisanale, elle n’offre qu’un rendement et une productivité limitée en raison de l’usure rapide des coins, de la fatigue des hommes, des difficultés de la fabrication des alliages, du faible nombre de personnel qualifié ainsi que de leur faible disponibilité, et encore de la lenteur inhérente à la frappe manuelle. Il faut de plus beaucoup de temps entre chaque opération et les risques de ratage sont relativement importants. Toutefois, une variation raisonnable du poids des pièces est admise par les autorités de contrôle selon la formule : « le fort porte le faible ». Si le Moyen Âge, pauvre en métal précieux, peut s’accommoder de ces limites, l’arrivée massive de métal après la découverte de l’Amérique, de ses stocks et de ses mines, appelle à une rationalisation de la production. D’autre part, les pièces sont aussi de qualité inégale. La forme ronde n’est pas assurée car les flans sont souvent taillés aux ciseaux. Les éclatements du métal lors de la frappe sont légion et si, pour un marc de métal ouvré, on doit retrouver le nombre de monnaies attendu par l’ordonnance d’émission, le poids et le titre des pièces ne sont pas réguliers. La taille et l’épaisseur de celles-ci sont d’ailleurs limitées car la masse des pièces est circonscrites par l’énergie nécessaire à la frappe qui est proportionnelle au carré du diamètre de la monnaie. Les grandes et lourdes monnaies sont donc difficiles et coûteuses à produire et les séries sont traditionnellement assez limitées en nombre.
Figure 2 : Quart d’écu au nom de Charles X, roi de la Ligue, Nantes, 1595. A/ + CAROLVS. X. D : G. FRANC. REX. 1595, Croix fleurdelisée. R/ SIT. NOMEN. DOMINI (différent) BENEDICTVM. Écu de France couronné, accosté de II et II ; différent d’atelier T (Nantes) à l’exergue. Point 5e au droit et 17e au revers, fleur ou rose du maître d’atelier Fleuriot. Argent, 28,4 mm, 9,62 g, 7 h, Duplessy 1177. Collection privée.
Figure 2 : Quart d’écu au nom de Charles X, roi de la Ligue, Nantes, 1595. A/ + CAROLVS. X. D : G. FRANC. REX. 1595, Croix fleurdelisée. R/ SIT. NOMEN. DOMINI (différent) BENEDICTVM. Écu de France couronné, accosté de II et II ; différent d’atelier T (Nantes) à l’exergue. Point 5e au droit et 17e au revers, fleur ou rose du maître d’atelier Fleuriot. Argent, 28,4 mm, 9,62 g, 7 h, Duplessy 1177. Collection privée.
5Enfin, la falsification est relativement facile car la technique est facilement imitable. Il ne faut pas être grand clerc pour fabriquer une paire de coins et détourner suffisamment de métal pour fabriquer quelques faux. Le danger est si présent au Moyen Âge, que, dans les cas les plus graves, la sanction est particulièrement forte afin d’être dissuasive : elle consiste à plonger le faussaire dans une marmite d’eau bouillante… Sinon, il risque de perdre une main ou une oreille ou bien encore de faire de la prison ou de payer une forte amende. La fréquence des découvertes de faux médiévaux montre que ces peines n’étaient pas aussi dissuasives qu’on pourrait l’imaginer.
La tradition orientale : la fonte [3]
Figure 3 : Moule monétaire chinois. Deux fragments avers et revers d’un moule monétaire en argile d’une monnaie de l’empereur Wang Mang, dynastie de Xin (9 av. J.-C.–23 apr. J.-C.) au type Daquan wushi (grande monnaie de 50). Collection privée.
Figure 3 : Moule monétaire chinois. Deux fragments avers et revers d’un moule monétaire en argile d’une monnaie de l’empereur Wang Mang, dynastie de Xin (9 av. J.-C.–23 apr. J.-C.) au type Daquan wushi (grande monnaie de 50). Collection privée.
Figure 4 : Sapèque vietnamienne au nom de Minh Mạng. Jolie sapèque de bronze vietnamienne, 3,64 grammes. Exemple caractéristique des monnaies qui circulent en Asie du Sud-Est jusqu’au milieu du xxe siècle. Collection privée.
Figure 4 : Sapèque vietnamienne au nom de Minh Mạng. Jolie sapèque de bronze vietnamienne, 3,64 grammes. Exemple caractéristique des monnaies qui circulent en Asie du Sud-Est jusqu’au milieu du xxe siècle. Collection privée.
6En Extrême-Orient, c’est une autre méthode qui est adoptée dès les débuts de la monnaie, la fonte. La technique, bien maîtrisée pour d’autre métaux, en particulier le fer, est appliquée très précocement à la fabrication monétaire. L’ouvrier se sert d’une monnaie mère ou d’un moule pour imprimer deux masses d’argile. Il les unit l’une à l’autre avant d’y couler le métal monétaire. Les moules sont ensuite cassés et les pièces séparées de l’arbre de coulée. Munies les plus souvent d’un trou carré, elles sont enfichées sur une tige de métal et ébarbées au tour avant d’être réunies en ligatures de plusieurs dizaines ou centaines de monnaies.
Figure 5 : Sapèque vietnamienne non ébarbée au nom de Thành Thái. Monnaie de 10 van fondue au nom de l’empereur vietnamien Thành Thái (1889-1907), bronze, 4,82 g. La pièce n’a pas été ébarbée et garde les traces de la jonction des deux moules. Collection privée.
Figure 5 : Sapèque vietnamienne non ébarbée au nom de Thành Thái. Monnaie de 10 van fondue au nom de l’empereur vietnamien Thành Thái (1889-1907), bronze, 4,82 g. La pièce n’a pas été ébarbée et garde les traces de la jonction des deux moules. Collection privée.
7Cette technique répond à d’autres attentes que la frappe. Il s’agit, en premier lieu, de produire des quantités très importantes de pièces pour répondre aux besoins d’une population pléthorique. En second lieu, de produire des pièces, le plus souvent d’une même valeur monétaire, la sapèque. Il s’agit d’une pièce ronde à trou carré d’un poids de 2,5 à 3,5 grammes en moyenne, de bronze, de cuivre ou de zinc. Elle porte à l’avers le nom d’ère de l’empereur et la formule thong bao, « monnaie courante » alors que le revers est habituellement vide. Les multiples sont rares car souvent remplacés par des billets, du métal précieux, ouvragé ou non, ou bien encore de la soie ou du riz [4]. Ces monnaies sont fabriquées le plus souvent dans des ateliers privés ou faiblement contrôlés par le pouvoir central. La pièce n’a pas de valeur en elle-même mais relève de la monnaie fiduciaire. Dans tout le monde sinisé se trouvent, quand le pouvoir politique est fort, des pièces d’excellente qualité et, à l’inverse, des monnaies émises dans des métaux improbables en période de crise. Au Vietnam, le zinc est fréquemment employé comme métal monétaire car il y est abondant alors que les mines de cuivre sont le plus souvent aux mains des Chinois et que ce métal, du fait du climat humide, donne des pièces fragiles et cassantes. Il est, dès lors, admis que l’on ne compte pas les pièces d’une ligature qui est présumée valoir 600 sapèques. Tant pis pour ceux qui n’en reçoivent pas le nombre espéré !
8On l’aura compris, les autorités ne s’intéressent pas spécialement au poids, au diamètre ni à la qualité du métal des monnaies, ce qui entraine des variations considérables selon les régions et les époques. Lors des périodes fastes et de fort contrôle du pouvoir, les pièces sont régulières, lourdes et d’un bronze de qualité, ainsi en Chine sous les Han ou encore au Vietnam au début du xvie siècle. À l’inverse, les sapèques sont de très mauvaise qualité lorsque le pouvoir central s’étiole comme lors des rebellions vietnamiennes de la fin du xviiie siècle. Mais, anciennes ou récentes, bonnes ou mauvaises, chinoises, coréennes, vietnamiennes ou japonaises, les pièces circulent toutes ensembles
9Ce système, peu coûteux et très pratique, a néanmoins plusieurs limites. Les trois plus importantes sont une circulation presque exclusive de petite monnaie, une grande facilité d’imitation et une qualité souvent très médiocre. Aussi des réponses à ces problèmes ont-elles été proposées. La sapèque étant l’unité de base, à certaines époques, les pouvoirs ont essayé d’introduire des multiples mais ces tentatives n’ont pas toujours été couronnées de succès. En effet, pour qu’un tel système fonctionne, il faut que le pouvoir contrôle étroitement la fabrication des monnaies pour s’assurer qu’avec trois pièces valant un, par exemple, on ne va pas fabriquer une pièce valant dix. Or, c’est rarement le cas et dès que les multiples apparaissent, les faux prolifèrent et les vraies monnaies voient leur valeur s’effondrer à cause de la suspicion qui pèse sur les espèces en circulation. Comme la technique de fabrication est à la portée du premier venu, ces phénomènes prennent très vite des proportions considérables, amenant très rapidement les pouvoir à revenir à la sapèque unitaire.
10Au quotidien, le principal inconvénient du système sans multiple est le poids. Si la sapèque pèse environ 2,6 grammes, le poids des ligatures oscille entre 1,5 et 2,5 kilogrammes aussi sont-elles d’un usage peu pratique [5]. Une autre difficulté vient des ligatures et des métaux utilisés car le zinc ou les monnaies d’alliages improbables sont très fragiles. Comme le rappelle un grand connaisseur du sujet, Jules Silvestre,
il s’en perd chaque jour de grandes quantités : quand le faible lien de jonc qui les réunit en quan vient à se rompre et les répand sur le sol ; quand le possesseur d’une somme un peu considérable l’empile en paquet de dix ligatures, il s’en brise un grand nombre, et d’autant plus aisément que le métal est moins résistant et que l’oxyde le ronge avec cette incroyable puissance de destruction qui n’épargne pas plus l’acier le mieux trempé que l’homme le plus solidement charpenté, sous l’impitoyable climat de l’Indo-Chine [6].
La frappe mécanique et ses avantages [7]
12Les deux méthodes traditionnelles de fabrication monétaire ont leurs qualités, mais aussi, comme nous venons de le voir, leurs défauts. La frappe mécanique, qui est mise au point en Occident au xvie siècle et dont les améliorations suivent celles plus générales de la technique, permet d’apporter des réponses à tous ces inconvénients.
13Plusieurs innovations importantes transforment la fabrication monétaire dans le courant du xvie siècle. Le coupoir ou découpoir mécanique, mis au point à Venise en 1528, permet de découper à l’emporte-pièce des flans bien ronds grâce à un système de percussion appelé bélier ou mouton [8]. Elle permet d’obtenir des rondelles régulières là où les anciens systèmes demandaient de nombreuses retouches et une grande attention des ouvriers. Peu de temps après est mis au point le laminoir. Désormais, le lingot de métal n’est plus aminci au marteau comme auparavant mais par un système de rouleaux de plus en plus serrés. Il est amené ainsi à l’épaisseur voulue. Cela permet d’avoir des pièces de poids régulier car les variations d’épaisseur affectent proportionnellement beaucoup plus le poids des monnaies quand celles-ci sont épaisses. Les monnaies sont bien plus homogènes qu’aux époques précédentes.
Figure 6 : Le balancier de l’Encyclopédie. Planche XV des pages consacrées au monnayage dans L’encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Quatre costauds actionnent le balancier tandis qu’un monnayeur insère le flan entre les deux carrés monétaires.
Figure 6 : Le balancier de l’Encyclopédie. Planche XV des pages consacrées au monnayage dans L’encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Quatre costauds actionnent le balancier tandis qu’un monnayeur insère le flan entre les deux carrés monétaires.
Figure 7a : Carré monétaire rennais du double louis d’or au bandeau de Louis XV, atelier de Rennes, 1741, Musée de Bretagne, numéros d’inventaire 923.0023.3.
Figure 7a : Carré monétaire rennais du double louis d’or au bandeau de Louis XV, atelier de Rennes, 1741, Musée de Bretagne, numéros d’inventaire 923.0023.3.
Figure 7b : Carré monétaire rennais du double louis d’or au bandeau de Louis XV, atelier de Rennes, 1741, Musée de Bretagne, numéros d’inventaire 923.0023.5.
Figure 7b : Carré monétaire rennais du double louis d’or au bandeau de Louis XV, atelier de Rennes, 1741, Musée de Bretagne, numéros d’inventaire 923.0023.5.
14L’autre grande innovation technique est la mise au point du balancier dans l’espace germanique par Max ou Marx Schwab vers 1540. Charles de Marillac, ambassadeur du roi de France à Augsbourg, informe son maître de cette innovation. Elle est introduite à Paris une dizaine d’années plus tard par Aubin Olivier, qui l’améliore au passage. Il s’agit d’une presse agissant par percussion des coins sur les flans au moyen d’une vis munie de deux bras en fer équipées de boules de plomb. Les ouvriers poussent sur les poids qui donnent l’énergie suffisante à la vis pour actionner les matrices, dénommées désormais « carrés monétaires » car plus massifs et mieux adaptés à la machine que les coins médiévaux. Sous l’effet de la pression, le flan est marqué, y compris sur la tranche grâce à la virole brisée, inscrite en relief ou en creux. Elle se compose de trois pièces de métal mobiles qui enserrent le métal et s’ouvrent ensuite pour libérer la pièce. Cette nouveauté, très utile pour compliquer le faux monnayage, est mise au point par Aubin Olivier.
15Toutes ces nouveautés sont mises en œuvre dans un nouvel atelier installé en 1551, à Paris, au bout du jardin du Palais, dans la maison des Étuves. L’énergie est fournie par un moulin qui donne son nom au nouvel atelier, la Monnaie du Moulin. Henri II, mis en présence des pièces d’essai, déclare que
la figure et graveure d’icelles tant reguliere, subtille et excellente que, sans grande apparence de faulceté, il est impossible de la pouvoir contrefaire, rongner ni altérer [9].
17La monarchie est favorable à ces innovations et des lettres patentes du 27 mars 1550, suivies d’édits en 1554, ordonnent l’aménagement d’un atelier, la Monnaie au moulin du Louvre, à l’emplacement de l’actuelle place Dauphine. Aubin Olivier en devient le directeur. Ces nouveautés sont adoptées un peu partout en Europe. Un transfuge français, Éloi Mestrel, employé de la Monnaie de Paris, introduit ces nouveautés en Angleterre en 1561 [10]. Des pièces de très belle qualité sont alors fabriquées à la Tour de Londres.
18D’autres procédés sont mis au point à la même époque, comme la presse à rouleaux et ses variantes dans l’espace germanique. Il s’agit d’un laminoir dans lequel sont insérés les coins monétaires. Quand le flan y passe, il est marqué avers/revers mais garde un aspect bombé dû au procédé. La mécanisation, assez sommaire à ses débuts s’améliore avec le temps. Elle permet d’émettre plus rapidement des espèces de meilleure qualité, plus rapidement et pour une fatigue moindre. Cette nouvelle technique est employée dans l’Empire en 1566, sous l’autorité de l’archiduc Ferdinand, puis en Espagne en 1587 où des machines sont installées par des ouvriers allemands dans l’atelier de Ségovie. Elles servent à fabriquer des monnaies de huit réaux de bien meilleure qualité que celles émises dans les colonies.
19La machine permet de fabriquer des grandes pièces et, entre la fin du Moyen Âge et le début de l’Ancien Régime, la taille de celles-ci augmente considérablement. Alors que le poids des espèces médiévales comme le gros ou l’écu s’établit aux alentours de 5 grammes, en Europe, à partir du xvie siècle, se multiplient les écus d’argent de 28 à 30 grammes et même en France sous le règne de Louis XIII des monnaies d’or de 10 louis de 67,5 grammes [11] ! Au-delà du Rhin, les doubles-thalers d’argent atteignent les même poids [12]. Dans le cas de ces très grandes monnaies, les graveurs se permettent même de creuser les reliefs pour rendre les pièces plus spectaculaires et les rapprocher des médailles [13]. L’ensemble de ces innovations est aussi une bonne parade à la fabrication de fausse monnaie car il est difficile de trouver les machines nécessaires à la frappe et le poids du métal à réunir est plus important, ce qui complique les choses. L’alternative de la fonte ne donne que des résultats médiocres : les reliefs sont mous et le retrait du métal réduit le diamètre des pièces et ne permet pas de réussir les tranches inscrites. La fausse monnaie ne disparaît pas pour autant, mais elle est désormais plus facile à débusquer.
Figure 8 : double thaler. Autriche, Ferdinand-Charles, archiduc, double thaler, s.d. (1646) Hall. A/ (différent) FERDINAND: CAROL: D: G: ARCHIDVX. AVST. Buste cuirassé et orné de la Toison d’or à droite. R/ DVX. BVRGVNDIÆ. COMES. TYROLIS : Aigle impériale éployée et couronnée. Argent, 47,0 mm, 57,20 g, 12 h. Davenport 3363. La pièce est légèrement voilée consécutivement à la frappe aux rouleaux nécessaire pour imprimer cette très grande monnaie. Collection privée.
Figure 8 : double thaler. Autriche, Ferdinand-Charles, archiduc, double thaler, s.d. (1646) Hall. A/ (différent) FERDINAND: CAROL: D: G: ARCHIDVX. AVST. Buste cuirassé et orné de la Toison d’or à droite. R/ DVX. BVRGVNDIÆ. COMES. TYROLIS : Aigle impériale éployée et couronnée. Argent, 47,0 mm, 57,20 g, 12 h. Davenport 3363. La pièce est légèrement voilée consécutivement à la frappe aux rouleaux nécessaire pour imprimer cette très grande monnaie. Collection privée.
Le refus des innovations en Occident
20Malgré des avantages indéniables, la production de la Monnaie du Moulin ralentit en France dès 1556. Victime de la double hostilité des monnayeurs et de la Cour des Monnaies, sa production ne se limite bientôt plus qu’à la seule fabrication des jetons et médailles, de fort belle facture. En 1585, il n’est frappe quasiment plus en France qu’au marteau. L’évolution est la même en Angleterre où le coût élevé de fonctionnement et l’inefficacité relative font abandonner les nouveautés dès 1572. Le mouvement est général et au milieu du xviie siècle cette méthode, à nouveau, s’impose partout pour la monnaie. L’inertie et le poids de la tradition jouent certainement un rôle important dans ce retour à la méthode traditionnelle. Une façon de faire millénaire s’était imposée et le changement semble difficile. Mais plusieurs autres raisons peuvent expliquer le refus de ces nouveautés et il est difficile de les hiérarchiser. Nous pouvons néanmoins les regrouper entre aspects socioprofessionnels, techniques et monétaires.
21Les métiers de la monnaie sont structurés par les Serments. Il en existe plusieurs comme les serments de France et d’Empire, par exemple. Ce sont des groupements corporatifs dont les membres jurent fidélité à l’autorité émettant la monnaie pour laquelle ils travaillent. Ils trouvent leur origine dans le groupement en fédération de monnayeurs exerçant pour des seigneurs différents. S’ils sont divers, leur raison d’être est la même : organiser le temps de travail, définir les responsabilités des uns et des autres au sein de l’atelier ou encore assurer aux hommes et à leur famille un minimum de protection en cas de maladie ou de décès, selon le principe bien connu des guildes médiévales. Il s’agit aussi de défendre les privilèges importants liés à ce métier, en particulier l’exemption fiscale. Leurs délégués se réunissent régulièrement, tous les deux ou trois ans, pour évoquer les problèmes qui se posent et les régler [14]. Les Serments (et les hommes qui les composent) sont, par nature, très hostiles aux changements, toujours suspectés de remettre en cause l’ordre établi. Ils craignent aussi le chômage, la machine remplaçant l’homme, et le déclassement, remplacés par les chevaux qui font tourner le moulin ou des costauds dont la seule qualité est de pouvoir actionner les balanciers.
22Aussi, beaucoup voient dans la mécanisation un risque de rétrécissement du corps de métier et, de fait, la baisse du nombre des privilégiés. Or, les lignages de la Monnaie veillent jalousement sur leurs privilèges, en particulier fiscaux. En effet, si l’exemption de fouage est bonne à prendre, elle offre surtout des possibilités d’accéder discrètement à la noblesse [15]. L’atelier monétaire permet aussi d’intégrer les gendres et de consolider les groupes familiaux. Tout ce qui va dans le sens de la réduction des effectifs du corps est donc très mal perçu par les bénéficiaires. On ne peut non plus négliger, d’autre part, l’opposition de la Cour des monnaies qui craint de perdre ses prérogatives puisque, dans un premier temps, il s’agit d’expériences privées qui relèvent directement du Conseil du roi.
23Ces nouveaux procédés comportent de plus de vraies difficultés techniques, contrairement à ceux des époques précédentes. Plus élaborées, les machines sont plus fragiles et entrainent des accidents du travail plus fréquents qu’avec la frappe au marteau. La virole brisée, excellente idée, apparaît difficile à mettre en œuvre. Le système étant fragile, il exige une grande précision dans la frappe, ce qui ralentit considérablement le travail. C’est pourquoi elle est abandonnée dans le courant du xviie siècle au profit de la machine à marquer qui permet d’inscrire les tranches par un procédé simple de passage de la pièce entre deux rubans métalliques, un fixe, l’autre mobile. Un ouvrier peut grâce à elle imprimer 20 000 flans en une journée. La frappe au balancier exige à la fois du personnel et une grande énergie. Si la machine peut frapper trente monnaies à la minute, elle réclame la rotation d’équipe de huit hommes tous les quarts d’heure. Les hommes de l’art doivent aussi faire face à du travail supplémentaire. Dans le cas des presses à rouleaux adoptées dans l’Empire et en Espagne, des dégâts sur une des matrices obligent à remplacer les rouleaux et le poids des pièces n’est pas régulier, à cause des variations d’écartement des deux presses, ce qui oblige à découper les monnaies après la frappe. L’amortissement de l’investissement en machine est également problématique : les pièces, plus belles, coûtent plus cher à fabriquer et certains États ne voient pas forcément l’intérêt de dépenser plus pour un système qui, malgré ses limites, fonctionne déjà convenablement. Le personnel des ateliers voit aussi d’un mauvais œil la création d’ateliers nouveaux et donc, pour les autres, une baisse de revenus car désormais, il faut partager le travail et donc le bénéfice.
24D’un point de vue monétaire, les monnayeurs remarquent enfin que les effets de ces innovations sont lents à se manifester et que, selon la loi de Gresham, les nouvelles pièces sont plus souvent refondues. Paradoxalement, elles ne laissent dans la circulation monétaire que les espèces anciennes, frappées au marteau. Ce constat est on ne peut plus déprimant et il faut attendre une refonte générale très tardive, en 1643 en France, en 1695 en Angleterre, pour qu’un système mécanisé puisse être sérieusement mis en place [16].
25Les aspects théoriques ne sont pas non plus à négliger. Beaucoup voient dans la mécanisation un risque de rétrécissement du corps de métier et, de fait, la baisse du nombre des privilégiés. Or, les lignages de la Monnaie veillent jalousement sur leurs privilèges, en particulier. En effet, On comprend facilement que si l’exemption de fouage est bonne à prendre, elle offre surtout des possibilités d’accéder discrètement à la noblesse [17]. L’atelier monétaire permet aussi d’intégrer les gendres et de consolider les groupes familiaux. Tout ce qui va dans le sens de la réduction des effectifs du corps est donc très mal perçu par les bénéficiaires. On ne peut non plus négliger l’opposition de la Cour des monnaies qui craint de perdre ses prérogatives puisque, dans un premier temps, il s’agit d’expériences privées qui relèvent directement du Conseil du roi.
26En effet, les nouveautés finissent néanmoins par s’imposer, mais plus tard, un siècle voire un siècle et demi après leur découverte. En France, l’abandon de la frappe au marteau se fait en 1643 sous la pression de gens comme Briot, Varin ou encore Blondeau, neuf ans plus tard en Angleterre. Il a quand même fallu que quatre générations de personnel des Monnaies passent pour que les améliorations s’imposent.
Le refus des innovations en Extrême-Orient
27Il en va de même en Extrême-Orient mais plus tardivement. Les contacts entre l’Europe et l’Asie du Sud-Est se multiplient au xviiie siècle et de nombreux Européens y introduisent des techniques nouvelles [18]. Par exemple, l’empereur du Vietnam Gia Long (1802-1820), père fondateur de la dynastie des Nguyen, doit une partie de son succès aux nouveautés que des Français mettent en œuvre dans son pays tant d’un point de vue administratif que militaire. Il en va de même, avec un peu de retard, dans le domaine monétaire et l’on voit apparaître les presses monétaires de Würden au Laos en 1860 ou de Ühlhorn au Vietnam dix ans plus tard. Les puissances coloniales émettent en Europe des monnaies frappées pour la circulation monétaire dans les colonies ou les protectorats mais les pouvoirs asiatiques continuent à faire fondre des pièces selon la méthode traditionnelle. Il en va ainsi en Chine jusqu’aux règne de l’empereur De Zong (1875-1908) et au Vietnam jusqu’à l’époque de l’empereur Bao Dai (1932-1945). Le phénomène ne concerne que la petite monnaie du quotidien, la sapèque. Si la monnaie d’argent peine dans un premier temps à s’imposer en Indochine, après 1918, la monnaie française et les billets circulent largement à l’exception de la région frontalière avec la Chine.
28Comme en Occident, l’inertie et le poids de la tradition expliquent en partie les phénomènes de refus de l’innovation mais il peut être identifié quelques autres explications. Le contact en matière monétaire commence par une expérience malheureuse. En 1878, peu de temps après le début de la conquête, la France possède un million de pièces de 1 centime frappées à Bordeaux en 1875. La pièce de cuivre est aussi petite (15 millimètres de diamètre) que légère (1 gramme). Il est décidé de la percer d’un trou de 3 millimètres et de la mettre en circulation en Cochinchine. C’est un échec : la pièce est rejetée par la population et retirée de la circulation [19]. Il faut dire que même percée, elle ne ressemble que de loin par l’aspect, la taille et le poids aux sapèques traditionnelles car ces dernières pèsent aux alentours de 2,5 grammes pour un diamètre d’environ 25 millimètres. La métropole décide alors de copier la sapèque traditionnelle pour la Cochinchine en 1879 mais cette nouvelle monnaie ne remporte pas non plus le succès escompté. D’un diamètre de 20 millimètres pour un poids de 2 grammes, elle se différencie encore trop nettement de la monnaie traditionnelle et elle pose un problème de calligraphie. Même si l’essentiel de la population ne comprend pas les idéogrammes chinois qui figurent sur les monnaies, les élites sont à même de relever la mauvaise qualité des symboles et ne doivent pas mieux considérer ces monnaies que de mauvais faux. Cependant, avec le temps, ce type monétaire s’impose mais ne fait pas pour autant disparaître la sapèque fondue.
29La facilité de la méthode de fabrication, son faible coût, le fait qu’elle passe sous les radars des administrations coloniales et que les pièces soient parfaitement adaptées à la circulation quotidienne de la population indigène expliquent certainement le maintien des espèces traditionnelles. Mais il faut aussi y voir un parti-pris anticolonial. Au Vietnam, un fonctionnaire en est la malheureuse victime En janvier 1871, Nguyen Duc Hau, messager du neuvième degré, est bastonné et destitué pour avoir voulu acheter un navire à vapeur mais aussi fait faire des essais de fabrication à l’aide d’une presse monétaire, sans doute celle de Ülhorn [20]. La bureaucratie vietnamienne refuse les nouveautés européennes, contrairement à la Chine qui, à la même époque, teste les premières monnaies frappées sans pour autant renoncer aux monnaies coulées.
Figure 9 : Essai de Uhlhorn, Vietnam, 1870. Cologne. Essai en cuivre au nom de l’empereur du Vietnam Tự Đức (1848-1883) par D. Uhlhorn. A/ Tự Đức thông bao (monnaie courante de l’ère Tự Đức). R/ ECHANTILLON DE D. UHLHORN, étoile et date autour d’un trou carré. Cuivre, 3,90 grammes. La forme des idéogrammes est très « européenne » et très loin de celle attendue par les lettrées asiatiques. Collection privée.
Figure 9 : Essai de Uhlhorn, Vietnam, 1870. Cologne. Essai en cuivre au nom de l’empereur du Vietnam Tự Đức (1848-1883) par D. Uhlhorn. A/ Tự Đức thông bao (monnaie courante de l’ère Tự Đức). R/ ECHANTILLON DE D. UHLHORN, étoile et date autour d’un trou carré. Cuivre, 3,90 grammes. La forme des idéogrammes est très « européenne » et très loin de celle attendue par les lettrées asiatiques. Collection privée.
30La fabrication des monnaies est un phénomène plurimillénaire qui impacte directement ou indirectement sur la vie quotidienne des populations. C’est aussi un point important de doctrine politique à travers les images véhiculées, les légendes, l’aspect, la qualité du métal, etc. La monnaie est donc au cœur des préoccupations des sociétés, quelles que soient l’époque et la région du monde. En Occident, de grandes nouveautés affectent ce domaine au xvie siècle et en Extrême-Orient au xixe siècle. Les nouveautés vont dans le sens d’une standardisation de la production et d’une meilleure qualité formelle. On pourrait donc penser que ces progrès ont été accueillis avec intérêt, à défaut d’enthousiasme. Dans les deux cas évoqués ci-dessus, il n’en est rien et les pouvoirs, monétaires dans un cas, politiques dans le second, freinent des quatre fers, retardant considérablement l’adoption des nouveautés. Plusieurs facteurs explicatifs peuvent être mis en évidence : socioprofessionnels avec l’inertie des hommes des Serments et la défense des intérêts des hommes de métier, techniques à cause des changements et des difficultés, monétaires la bonne monnaie étant souvent refondue ou encore le rejet de nouveautés associées à la colonisation. Le phénomène, loin d’être marginal, se déroule sur une centaine d’années en France comme en Angleterre, de soixante-dix ans environ dans le cas du Vietnam avec des variantes dans les États alentours, ce qui prouve que la réaction de rejet ne concerne pas qu’un petit nombre d’individus. Les freins à l’innovation apparaissent nettement en matière monétaire comme dans de nombreux autres domaines de l’économie.
Bibliographie
Bibliographie
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- Davenport J. (1968), World Crowns and Thalers 1484-1968, Iola.
- Diderot D., d’Alembert J. (1751-1772), L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Paris.
- Fournial E. (1970), Histoire monétaire de l’Occident médiéval, Paris.
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- Le Gentilhomme P. (1931), L’institution des monnoyers du serment d’Empire, Paris.
- Mazard J. (1953), Histoire monétaire et numismatique des colonies et de l’Union française 1670-1952, Paris.
- Poisson E. (2001), « La rémunération réelle des fonctionnaires au Dai Nam dans la première moitié du xixe siècle : un essai d’évaluation », Aséanie, 7, p. 141-159.
- Rolland H. (1956), Monnaies de comtes de Provence, xiiie-xve siècles. Histoire monétaire, économique et corporative, description raisonnée, Paris.
- Schroeder A. (1905), Annam. Études numismatiques, Paris.
- Silvestre J. (1883), Notes pour servir à la recherche et au classement des monnaies et médailles de l’Annam et de la Cochinchine Française, Saigon.
- Thierry F. (2012), « Nouveaux documents sur les essais de frappe de sapèques au Vietnam », Revue Numismatique, p. 427-435.
- Thierry F. (1999), « Monnaies et circulation monétaire au Vietnam dans l’ère Tu’ Đú’c (1848-1883) », RN, p. 267-315.
- Thierry F. (1986), Les collections monétaires. Monnaies d’Extrême-Orient, Chine, Paris.
Mots-clés éditeurs : Europe, Asie, Monnaie, Histoire des sciences et techniques, Numismatique, Innovation technologique, Frappe monétaire
Mise en ligne 11/06/2020
https://doi.org/10.3917/dha.hs20.0125Notes
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[1]
Nombreuses explications sur la frappe traditionnelle au marteau, en particulier Amandry 2001, articles concernant la frappe monétaire, et Grierson 1976, p. 125-161.
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[2]
Dans certaines régions, la fonte est préférée comme en Gaule du Nord. À Alexandrie à l’époque hellénistique, les ateliers adoptent un système mixte pour le bronze : la fonte des flans dans des moules et frappe des monnaies. Cependant, de tels cas particuliers sont assez limités dans le temps et l’espace.
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[3]
Pour s’en tenir à la bibliographie en langue française, Schroeder 1905, p. 193-252 et Thierry 1986, p. 39.
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[4]
C’est le cas encore au Vietnam au xixe siècle. Le salaire des fonctionnaires y est versé pour moitié en monnaies, pour moitié en riz. Poisson 2001.
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[5]
La ligature vietnamienne compte normalement 600 pièces, la ligature chinoise 1 000.
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[6]
Silvestre 1883, p. 74.
-
[7]
Diderot et d’Alembert 1751, article monnayage. Des compléments dans les livres évoqués plus haut au sujet de la frappe au marteau.
-
[8]
C’est un système par percussion, sur le principe de la guillotine.
-
[9]
Cité par Babelon 1921, p. 305.
-
[10]
Son prénom laisse penser qu’il est issu d’une lignée de monnayeur ou d’orfèvre. Il est pendu à Tyburn en 1569 pour avoir émis clandestinement des monnaies à son profit avec sa propre machine. Grueber 1889, p. XXXVII.
-
[11]
Gadoury 2012, n° 62-63.
-
[12]
Comme le thaler autrichien du comté de Tyrol émis par Léopold Ier (1657-1705) sans date, qui pèse 57,28 grammes ; Davenport 1968, n° 3247.
-
[13]
Traditionnellement, les monnaies ont des reliefs très limités pour ne pas favoriser l’usure mais ces très grands thalers ne sont pas véritablement amenés à circuler, ce qui permet au graveur de profiter de toutes les possibilités de la matrice.
-
[14]
Sur les serments, on lira Le Gentilhomme 1931 ; Fournial 1970, p. 15 ; Coativy 2006, p. 186-196 ou encore Rolland 1956, p. 50.
-
[15]
On rappellera par exemple que le garde des sceaux de Louis XVI, Jérôme Champion de Cicé (1735-1810), descend d’une famille de monnayeurs bretons anoblie à la fin du Moyen Âge.
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[16]
Éléments de chronologie dans Grierson 1976, p. 153.
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[17]
Par exemple que le garde des Sceaux de Louis XVI, Jérôme Champion de Cicé (1735-1810), descend d’une famille de monnayeurs bretons anoblie à la fin du Moyen Âge.
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[18]
Éléments de réflexion et références bibliographiques dans Thierry 2012. D’autres exemples dans Joyaux 2017.
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[19]
Mazard 1953, p. 86. 10 000 pièces seulement ont été percées à l’arsenal de Saigon.
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[20]
Sur cet épisode, Thierry 1999, p. 287.