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Article de revue

Des cités sans commerçants ? Échanges et relations commerciales dans les cités des Détroits

Pages 267 à 288

Notes

  • [1]
    Polybe, IV, 38.
  • [2]
    On retrouve la plupart de ces outils chez K. Polanyi, The Great Transformation, 1944. Sur ses idées devenues un modèle d’analyse, voir A. Bresson, « Économie et institution. Bilan critique des thèses polanyiennes et propositions nouvelles », dans J. Joannes, P. Rouillard (dir.), Autour de Polanyi : vocabulaires, théories et modalités des échanges. Actes de la rencontre de Nanterre, 12-14 juin 2004, Paris, 2005, p. 97-111.
  • [3]
    Le célèbre plaidoyer de Démosthène, Contre Lacritos, 13, conserve le texte d’un contrat à la grosse aventure pour un navire partant d’Athènes pour le Pont, chargé de vin de Mendé. Il est précisé « s’ils ne vont pas jusqu’au bout de leur voyage, ils feront dix jours dans l’Hellespont au moment de la canicule et débarqueront les marchandises en un lieu où il n’y a pas de représailles à exercer pour les Athéniens ». Le détroit est alors un débouché par défaut de la route commerciale.
  • [4]
    Voir Fr. Prêteux, « Une économie régionale : économie et société dans les cités des Détroits », dans O. Picard (dir.), Économies et sociétés de 478 à 88 en Grèce ancienne, Paris, 2008.
  • [5]
    Fr. Prêteux, « Le commerce de Cyzique au IVe siècle », dans J. Napoli (dir.), Ressources et activités maritimes des peuples de l'Antiquité, Actes du colloque international de Boulogne-sur-Mer, mai 2005, Les Cahiers du Littoral 2/5, 2008, p. 353-368.
  • [6]
    E. Schönert-Geiss, Die Münzprägung von Bisanthe, Dikaia, Selymbria, Berlin, 1975 ; type daté des dernières années du monnayage de Sélymbria, entre 425 et 410 environ. Le monnayage cesse sans doute lorsque Sélymbria entre dans la sphère de contrôle byzantine.
  • [7]
    Ps.-Aristote, Éc., II, 2, 17 (1348b-1349a).
  • [8]
    Parion, Lampsaque et Priapos auraient les plus riches vignobles au temps de Thémistocle ; selon Thucydide, I, 138, 5, Thémistocle reçoit « pour le vin, Lampsaque, qui était considérée comme le plus riche vignoble de l’époque », Diodore, XI, 57, 7 : « Lampsaque, située dans un grand pays de vignoble, pour le vin » ; Xénophon, Hell., II, 1, 19 : Lysandre prend Lampsaque et la fait piller en 405 car « elle était riche en vin, en blé et pleine de tout autre ressource ».
  • [9]
    J. Dumont, Byzance, cité grecque (ca 660-168 av. J.-C.), thèse de Doctorat de 3e cycle inédite, Poitiers, 1971 ; idem, Halieutika. Recherches sur la pêche dans l’Antiquité grecque, thèse d’État inédite, Paris IV, 1981, 4 vol., voir notamment p. 246-251 ; idem, « La pêche du thon à Byzance à l’époque hellénistique », REA, 78-79, 1976-1977, p. 96-119.
  • [10]
    P. Schlosser, « Pêche et ressources maritimes de la région des Détroits aux époques grecques et romaines », dans J. Napoli, op. cit., n. 5, p. 375-384.
  • [11]
    Athénée, III 116 C : « Parion est une petite ville renommée pour sa ressource en maquereaux ».
  • [12]
    Athénée, III 92 D.
  • [13]
    Polyen, VI, 24, d’après Charon de Lampsaque = I. Parion T 9. Voir Fr. Prêteux, « Parion et son territoire à l'époque hellénistique : un exemple d'organisation de la chôra sur les rivages de la Propontide », dans H. Bru, F. Kirbilher, St. Lebreton (dir.), L’Asie Mineure dans l’Antiquité. Échanges, populations et territoire, Tours, 2007, p. 335-350.
  • [14]
    Fr. Prêteux, « Archéologie et nouvelles approches de la région des Détroits », dans H. Bru, G. Labarre (dir.), L’Anatolie des peuples, des cités et des cultures (IIe millénaire av. J.-C.–Ve siècle apr. J.-C.), colloque international de Besançon 26-27 novembre 2010, I, Besançon, 2013, p. 131-138.
  • [15]
    M. Lazarov, « Les amphores et les timbres amphoriques d’Héraclée Pontique en Thrace », Bulletin du Musée National de Varna, 16, 1980, p. 5-19 ; I. B. Brashinskii, « À propos de la chronologie des timbres céramiques et du développement typologique des amphores d'Héraclée du Pont », Numizmatika i epigrafika, 14, 1984, p. 3-22.
  • [16]
    J. Y. Empereur, Y. Garlan (dir.), Recherches sur les amphores grecques, BCH Suppl. XIII, 1986. J. Y. Empereur, « Les amphores hellénistiques », dans P. Lévêque, J. P. Morel (dir.), Céramiques hellénistiques et romaines, II, Besançon-Paris, 1987, p. 9-54, signale près de trente cités utilisant des timbres amphoriques à partir du IVe siècle.
  • [17]
    La céramique de Byzance grecque est mal connue en raison des rares fouilles de ces niveaux. On a retrouvé à Sarayburnu, actuellement la pointe du Sérail sur l’emplacement de la ville grecque, cinq timbres amphoriques rhodiens, datés entre 210 et 108 av. J.-C. (SEG XLVII 1057).
  • [18]
    N. Günsenin, « Ganos. Centre de production d’amphores à l’époque byzantine », Anatolia Antiqua, 2,1993, p. 193-200 ; idem, « Le vin de Ganos : les amphores et la mer », Eupsychia, Mélanges offerts à Hélène Ahrweiler, Byzantina Sorbonensia, Paris, 1998, p. 281-288.
  • [19]
    V. R. Grace, Standard Pottery Containers of the Ancient Greek World, Hesperia Suppl. VIII, 1949, p. 187, n° 3 et pl. 20 ; V. R. Grace, M. Savvatianou-Petropoulakou, Les timbres amphoriques grecs, Paris, 1970, p. 280.
  • [20]
    J. et L. Robert, , 1958, 31, compte-rendu de V. Canarache, Importul amforelor ştampilate la Istria [L’importation des amphores estampillées à Istros], Bucarest, 1957, n° 793, p. 305. J. Nollé, « Eine Losplakette aus Abydos am Hellespont », Tyche, 13, 1998, p. 191-193, a publié une tablette de vote d’Abydos en bronze (IVe-IIIe siècle av. J.-C.), qui porte les trois lettres ABY. C. Brixhe, , 2006, 331 signale dans un catalogue de vente une tablette de bronze avec ABY dans un monogramme circulaire, au-dessus d’un oiseau d’allure élancée, ailes repliées.
  • [21]
    G. Nachtergael, La collection Marcel Hombert, I. Timbres amphoriques et autres documents écrits acquis en Égypte, Bruxelles, 1978, n° 793.
  • [22]
    J. Vélissaropoulos, Les nauclères grecs. Recherches sur les institutions maritimes en Grèce et dans l’Orient hellénisé, Genève, 1980.
  • [23]
    C. M. Reed, Maritime Traders in the Ancient Greek World, Cambridge, 2003, chap. 1 : « Coming to terms ». L’ouvrage ne tient pas les promesses annoncées par son titre, car l’auteur restreint son étude aux époques archaïque et classique en reprenant à son tour le cas tout à fait particulier de la documentation athénienne sur les échanges.
  • [24]
    A. Avram, Prosopographia Ponti Euxini Externa, Peeters, 2013.
  • [25]
    A. Avram, « The Propontic Coast of Asia Minor », dans M. H. Hansen, T. H. Nielsen (dir.), An Inventory of Archaic and Classical Poleis, Oxford, 2004. Pour les rapports de Byzance avec la côte occidentale du Pont et notamment pour la diffusion des modèles iconographiques byzantins sur cette même côte, voir M. Dana, Culture et mobilité dans le Pont-Euxin. Approche régionale de la vie culturelle des cités grecques, Bordeaux, 2011, p. 162-167.
  • [26]
    A. Bresson, P. Rouillard, L’emporion, Bordeaux, 1993 ; M. H. Hansen, « Emporion. A Study of the Use and Meaning of the Term in the Archaic and Classical Periods », dans T. H. Nielsen (dir.), Yet More Studies in the Ancient Greek Polis, Stuttgart, 1997, p. 83-106.
  • [27]
    L. Robert, À travers l’Asie Mineure, Athènes-Paris, 1980, p. 75.
  • [28]
    Diodore, XIII, 66, 4 ; Xénophon, Helléniques, I, 3, 10 ; Plutarque, Vie d’Alcibiade, 30, 3, 10.
  • [29]
    Syll 3 112 = IG I3 118.
  • [30]
    Ph. Gauthier, Symbola : les étrangers et la justice dans les cités grecques, Université de Nancy, Nancy, 1972, p. 201.
  • [31]
    E. Schönert-Geiss, op. cit., n. 6, p. 62.
  • [32]
    I. Byzantion, S3, B, l. 2.
  • [33]
    Idée de N. Shmueli, I. Malkin, «The “City of the Blind” and the Founding of Byzantium », MHR, 3, 1988, p. 31, s’appuyant sur Polybe, IV, 44.
  • [34]
    Xénophon, Helléniques, II, 1, 20 et 25 : au moment de la bataille d’Aigos Potamos, les Athéniens « faisaient venir leurs vivres de Sestos » ; Helléniques, II, 1, 27 : les Athéniens se dispersent en Chersonèse « parce qu’ils allaient au loin acheter des vivres ».
  • [35]
    C. Habicht, « Eine Urkunde des Akarnanischen Bundes », Hermès, 85, 1957, p. 107, n. 3. L. Robert, « Les Asklépieis dans l’Archipel », REG, 46, 1933, p. 430 = OMS I, 1969, p. 556, n. 8, a cru identifier un règlement très fragmentaire de Cyzique sur l’importation et la taxation des esclaves et du charbon.
  • [36]
    Xénophon, Anabase, IV, 8, 23 : Trapézonte permet l’ouverture du droit d’agora pour ravitailler les mercenaires grecs ; Xénophon, Anabase, V, 7, 13 : à Kérasonte des agoranomes veillent à la vente des produits aux mercenaires à des prix « normaux ». Voir R. Descat, « Les rapports des Dix-Mille avec les cités grecques », Pallas, 43, 1995, notamment p. 106-107.
  • [37]
    Ps.-Aristote, Économique, II, 2, 7.
  • [38]
    Xénophon, Anabase, VI, 6, 38 : « ils arrivèrent à Chrysopolis, en Chalcédonie, et ils y restèrent sept jours à vendre leur butin ». Le passage indique que les Grecs vendent directement le fruit de leurs rapines.
  • [39]
    Xénophon, Anabase, VII, 4, 2.
  • [40]
    Xénophon, Anabase, VII, 8, 6.
  • [41]
    L. De Ligt, P. De Neeve, « Ancient Periodic Markets: Festivals and Fairs », Athenaeum, 66, 1988, p. 391-416.
  • [42]
    Ph. Gauthier, op. cit., n. 30, p. 220.
  • [43]
    L. Robert, Monnaies antiques en Troade, Genève, 1966, p. 24-25 ; Chr. Chandezon, « Foires et panégyries dans le monde grec », REG, 113, 2000, p. 70-100.
  • [44]
    R. Descat, « L’état et les marchés dans le monde grec », dans E. Lo Cascio (dir.), Mercati permanenti e mercati periodici nel mondo romano. Atti degli Incontri capresi di storia dell’economia antica (Capri 13-15 ottobre 1997), Bari, 2000, p. 13-28. L’auteur souligne, avec des exemples (p. 20), que la fixation d’un prix de vente maximum par la cité se retrouve au moment des panégyries.
  • [45]
    I. Ilion 3, l. 11-15 et 16-18 ; trad. Chr. Chandezon.
  • [46]
    R. Bogaert, Banques et banquiers dans les cités grecques, 1968, p. 230-231 et 235-237.
  • [47]
    I. Ilion 52 ; V. Gabrielsen, « Banking and Credit Operations in hellenistic Times », dans Z. H. Archibald, J. K. Davies, V. Gabrielsen (dir.), Making, Moving and Managing. The New World of Ancient Economies, 323-31 BC, Exeter, 2005, p. 136-164, notamment p. 144.
  • [48]
    Syll 3 355 = I. Ilion 24. Sur ce droit, voir B. Bravo, « Sulân. Représailles et justice privée contre les étrangers dans les cités grecques », ASNP, 10, 1980, p. 675-989.
  • [49]
    IG XII 6 2 1224 ; SEG XLIX 1661 (texte) ; A. Matthaiou, « Aus der Arbeit der “Inscriptiones Graecae” V. Zwei Dekrete aus Ikaria », Chiron, 29, 1999, p. 226-228.
  • [50]
    Démosthène, Contre Polyclès, 6 et 17 : en 362, une flotte athénienne doit intervenir pour faire cesser les saisies de navires par Byzance, Chalcédoine et Cyzique. Contre Stéphanos, I, 64 : Stéphanos, au service du banquier Phormion, se rend à Byzance pour négocier la levée de l’embargo mis par les Byzantins sur les navires de Phormion.
  • [51]
    Ps.-Aristote, Économique, II, 2, 3.
  • [52]
    Démosthène, Sur la couronne, 72, s’insurge de la saisie de 180 navires à Hérion, dans le détroit du Bosphore, par Philippe de Macédoine en 340. Voir A. Bresson, « L’attentat d’Hiéron et le commerce grec », La cité marchande, 2000, p. 131-150.
  • [53]
    Syll 3 456, l. 33-44, trad. J. Vélissaropoulos, op. cit., n. 22, p. 164 ; C. B. Welles, Royal Correspondence in the Hellenistic Period, New Haven, 1934, n° 25 p. 118-120.
  • [54]
    La cité de Cos accorde la proxénie à Protomachos de Kios (W. R. Paton, E. L.Hichks, The Inscriptions of Kos, Oxford, 1891, n° 2) et à deux Byzantins, Pythion et Bosporichos (R. Herzog, Koische Forscherungen und Funde, Leipzig, 1899, n° 3).
  • [55]
    P. Debord, « Comment devenir le siège d’une capitale impériale : le “parcours de la Bithynie” », REA, 100, 1998, p. 139-165.
  • [56]
    Voir L. Robert, « Hellenica I : 3. Inscription de Lambèse », Revue de Philologie, 65, 1939, p. 170-171 = Opera Minora Selecta II, 1969, p. 1323-1324 ; idem, « Voyages épigraphiques en Asie Mineure », Revue de Philologie, 69, 1943, p. 187-188 ; idem, « Commerce de Nicomédie », BCH, 102, 1978, p. 423-424, pour une liste des épitaphes de Nicomédéens morts à l’étranger. Plus récemment, voir O. Bounegru, « Trafiquants et armateurs de Nicomédie dans la Méditerranée à l’époque romaine », dans Convegno internazionale di Studi L’Africa romana XVI, 15-19 decembrie 2004, Rabat, 2006, p. 1557-1568 ; idem, « Armateurs et Marchands de Nicomédie dans la Méditerranée à l’époque romaine », Classica et Christiana, 5/2, 2010, p. 287-298 ; H. Güney, « Economic Activities of Nicomedia and Connectivity between the Propontic and the Pontic World », dans V. Cojocaru, A. Coşkun, M. Dana (dir.), Interconnectivity in the Mediterranean and Pontic World during the Hellenistic and Roman Periods, Cluj, 2014.
  • [57]
    SEG XXXVII 1072 : mention de l’emporion dans une épitaphe de Nicomédie du IIIe ou IVe siècle apr. J.-C. S. Şahin, Neufunde von antiken Inschriften in Nikomedeua (Izmit) und in der Umgebung der Stadt, Diss. Münster, 1974, p. 126-136 ; compte-rendu de J. et L. Robert, , 1974, 574. P. Debord, op. cit., n. 55, p. 159-161.
  • [58]
    Deux nouveaux cas : Asklépiadès, emporos de Nicomédie, dans un décret des Aizanoi en Thrace (M. Adak, O. Atvuk, « Das Grabhaus des Zosimas und der Schiffseigner Eudemos aus Olympos », EA, 28, 1997, p. 20, n. 24) ; à Ravenne, épitaphe du nauclère Timocratès fils de Théomnèstos de Nicomédie, datée du IIe ou du IIIe siècle apr. J.-C. (SEG XXXII 1036).
  • [59]
    Pour compléter le seul exemple fourni par L. Robert, d’autres cas sont connus : IG V 1 1190 ; IG IX 2 1327 ; IG XII 9 1240 ; Archeologike Ephemeris, 68, 1929, p. 43, n° 11 ; Praktika Arch. Etair., 1966, p. 21, n° 21 ; E. Schwertheil, S. Şahin, « Neue Inschriften aus Nicomedeia und Umgebungen », ZPE, 24, 1977, p. 262, n° 5.
  • [60]
    OGIS 344 = I. Délos V 1705.
  • [61]
    IGR III 4 ; J. et L. Robert, , 1974, 572 à propos de S. Şahin, op. cit., n. 57, n° 6.
  • [62]
    G. Le Rider, Deux trésors de monnaies grecques de la Propontide, Paris, 1963.
  • [63]
    Sur l’œuvre de Dion Chrysostome, voir A. Gangloff, Dion Chrysostome et les mythes : hellénisme, communication et philosophie politique, Grenoble, 2006.
  • [64]
    Dion Chrysostome, Or., XXXVIII, 22 et 32. Traduction des passages et commentaire sur la signification de ce conflit entre deux cités grecques par A. Heller, Les bêtises des Grecs. Conflits et rivalités entre cités d’Asie et de Bithynie à l’époque romaine (129 a. C.-235 p. C.), Paris, 2006, p. 100-104.
  • [65]
    W. Weiser, Katalog der bithynischen Münzen der sammlung des Instituts für Altertumskunde der Universität Köln. I. Nikaia, Opladen, 1985.
  • [66]
    Pline le Jeune, Correspondance, X, 37-38 et 49-50.
  • [67]
    L. Robert, « La titulature de Nicée et de Nicomédie : la gloire et la haine », HSPh, 81, 1977, p. 1-39 = OMS, VI, p. 211-249. Les deux cités ont frappé des monnaies dont les légendes rappellent leurs néocories.

1La région des Détroits tient une place particulière dans les études consacrées à l’histoire des cités grecques. Les Anciens, tout comme les historiens modernes, incluaient cet espace dans les problématiques égéennes davantage que dans la sphère pontique. Ainsi, c’était tout naturellement que les cités des Détroits ont intégré le district tributaire de la Thrace dans la confédération délienne et que les cités de Byzance et de Chalcédoine constituaient les membres les plus éloignés de cette symmachie. La région des Détroits passait pour une prolongation naturelle de la mer Égée, distincte du Pont-Euxin. On touche ici à une des particularités de la « carte mentale » des Grecs égéens et continentaux, qui projetaient les frontières de l’Égée à Byzance, sans avoir besoin de donner une justification stricte à leur représentation.

2 De l’avis des Anciens, les Détroits étaient un axe de circulation commerciale majeur entre l’Égée et le Pont-Euxin. De la même manière, les Anciens n’ont pas ressenti le besoin d’expliquer en détail le déroulement des échanges commerciaux qui partaient, arrivaient ou transitaient par les Détroits. On pense ici à la description par Polybe de la richesse de Byzance à l’époque hellénistique. Le Péloponnésien a notamment mis en avant la richesse de Byzance à l’époque hellénistique, issue tant de l’exploitation de sa chôra que des droits de passage prélevés sur les navires qui empruntaient le Bosphore et stationnaient dans son port. Les Byzantins organisaient l’exportation des surplus de leur production agricole, vendaient le poisson salé et prélevaient des taxes sur la circulation des navires pontiques [1]. Participaient-ils à ces échanges en tant que navigateurs ou leur suffisait-il de contrôler ces échanges tout en restant chez eux ? Le récit de Polybe suggère la seconde solution. Cette même situation semble se produire dans d’autres lieux de la région des Détroits, dans lesquels les cités perçoivent des taxes sans paraître participer directement aux échanges, et pour lesquelles on a peine à identifier des citoyens ayant pratiqué le commerce.

3 Or, curieusement, le corpus épigraphique des cités du littoral de la région des Détroits a livré peu de cas d’individus qualifiés du titre d’emporos ou de nauclèros. Plus rares encore sont les attestations de citoyens des cités des Détroits ayant exercé ces métiers dans la région ou en dehors. On en est alors réduit à se demander si les cités des Détroits ont joué un rôle passif dans les échanges maritimes et terrestres dans la région.

4 L’histoire de l’économie antique a profondément renouvelé ses perspectives d’analyse ces dernières années. Au-delà de la question d’une approche primitiviste ou moderniste de l’échange, des savants ont porté la réflexion sur les mécanismes de l’échange et la place des institutions civiques dans ce domaine [2]. Indéniablement, la cité, en tant qu’État percepteur de taxes, tout autant que comme collectivité accueillant des étrangers sur son territoire, a eu à se positionner dans ce domaine. Les perspectives d’histoire économique sont fructueuses pour l’étude des cités majeures, comme Athènes, Rhodes et pour des lieux dédiés au commerce comme Délos. Mais nous sommes loin de pouvoir appliquer ces analyses à la région des Détroits, en raison de la faiblesse des sources exploitables actuellement.

5 Nous proposons de réévaluer la place du commerce et des échanges dans le cadre civique régional et l’accueil fait par la cité aux commerçants en nous appuyant sur le dossier épigraphique des activités de taxation et des privilèges concédés aux acteurs des échanges. On posera également la question d’une évolution des relations entre la cité et les commerçants de l’époque hellénistique au début de l’époque impériale, par le biais de la structuration en associations des acteurs des échanges.

I. À propos de la circulation commerciale dans les Détroits

6Le point de départ de notre réflexion est un raisonnement simple. La région des Détroits est présentée communément dans la tradition historique comme un espace de transit du commerce maritime qui reliait le Pont-Euxin et l’Égée. Dans ces conditions, les cités des Détroits n’auraient pas eu besoin d’investir les circuits d’échanges, dont les débouchés se situaient hors de leur territoire. La perception de taxes portuaires sur le transit aurait suffi à assurer une partie de la prospérité civique. Cette hypothèse se heurte à deux difficultés. Les Grecs des Détroits étaient eux aussi des consommateurs de denrées importées et ils avaient également des surplus agricoles et des productions artisanales à exporter hors des Détroits [3].

7 Une présentation exhaustive des ressources économiques des Détroits dépasse le cadre et la problématique de ce travail [4]. Il s’agit plutôt de mettre en avant de manière synthétique les types de productions en surplus. On peut observer une forte inégalité entre les cités de la région, l’examen des sources invitant à opposer trois ensembles régionaux. La partie asiatique du littoral, allant de Cyzique au débouché de l’Hellespont, serait une région riche en productions agricoles, en ressources de la mer et du sous-sol. C’est surtout le cas du territoire de Cyzique et du littoral hellespontin de la Troade [5]. Ailleurs, en Chersonèse et sur la côte européenne, autour de Périnthe, les ressources sont avant tout agricoles. La pêche et l’exploitation du bois y sont peu développées par manque de matières premières. À Sélymbria, entre Périnthe et Byzance, une des deux émissions de drachmes civiques du Ve siècle présente au revers une corne d’abondance [6]. Les céréales sont en effet la ressource principale de Sélymbria, qui en exporte. Le Pseudo-Aristote mentionne une loi des années 360 qui interdit l’exportation du blé par les commerçants, pour que la cité vende le surplus de blé au prix fort au moment d’une famine. Cette mesure est un expédient trouvé pour suppléer au manque d’argent de la cité [7]. Le blé est aussi une denrée vendue par les Chersonésitains. Les sources pour la période grecque ne nous présentent pas la Bithynie et nous devons utiliser des documents de la période impériale pour montrer la prédominance des activités agricoles dans cette région. Certains produits sont exportés hors de la région : c’est le cas notamment du vin, produit au sud-ouest sur la côte asiatique. Il est exporté vers la mer Noire et sans doute aussi en Thrace en suivant une route terrestre, par l’intermédiaire de Parion et des cités de Chersonèse de Thrace. La viticulture fournit un exemple des contraintes de cette analyse. La production de vin a fait la renommée de Lampsaque, de Parion, de Priapos et de Cyzique, quatre cités voisines du nord de la Troade et du littoral de la Mysie [8].

8 En outre, le poisson séché ou mariné est la grande richesse des Détroits. Les pêcheries de Byzance, de Cyzique et de Lampsaque, sont développées pour la vente de leurs productions dans le monde grec, car, après l’agriculture, l’autre grande ressource des Détroits concerne la pêche et plus généralement l’exploitation des ressources halieutiques. Quelques recherches universitaires françaises ont porté sur ce sujet, et nous nous contenterons de présenter une synthèse des conclusions obtenues, en complétant le dossier des testimonia et en livrant quelques remarques personnelles qui serviront, nous l’espérons, à ouvrir d’autres pistes de réflexion. La pêche dans les Détroits est au centre des travaux menés par Jacques Dumont, à partir notamment de l’exemple de Byzance [9]. Plus récemment, Patrice Schlosser a donné un état de nos connaissances sur la pêche et les ressources maritimes dans les Détroits [10]. Au sud de la Propontide, sur la côte asiatique, Parion tire sa réputation de la pêche du maquereau. Un extrait d’Hésiode conservé par Athénée vante le revenu des pêcheries de maquereau de Parion [11]. Les sources ne donnent pas d’autres espèces prises près de Parion et on est tenté de suggérer une spécialisation de Parion dans ce type de pêche. Les autres cités du littoral des Détroits ont laissé moins de traces de leur activité de pêche. On sait qu’Abydos, en Troade, était renommée pour les huîtres de son littoral, mais on ne connaît pas d’activité de pêcheries sur place [12]. À Lampsaque, la présence de groupes de pêcheurs est attestée et la cité exporte du thon et du maquereau. Les pêcheurs de Lampsaque sont les acteurs de la délimitation du territoire avec leurs voisins de Parion, à travers une ruse dont Polyen a relevé les circonstances [13].

9 Il nous reste un dernier moyen d’appréhender les circulations commerciales dans les Détroits : l’examen des contenants. La céramique a de multiples usages dans les cités. Les traces archéologiques d’activités de potiers dans la région des Détroits sont particulièrement ténues à ce jour. L’explication tient au petit nombre de fouilles archéologiques de sites. Ces travaux ont repris depuis les années 2000 à Parion et à Cyzique et donnent les premiers résultats publiés [14]. Il sera sans doute possible d’identifier les caractéristiques céramologiques des ateliers de production d’amphores de transport et de céramique fine. L’étude de Pierre Dupont tend à définir ces groupes de production. Pour l’instant, l’historien ne peut interpréter que des indices isolés de l’activité commerciale. Mais la production d’amphores est liée particulièrement au transport de produits liquides, comme l’huile, le vin, le poisson en saumure, ainsi que les grains, destinés à des marchés lointains. Les amphores estampillées constituent un très faible pourcentage des productions, sans doute moins de 10 %. Si on connaît bien les amphores estampillées de Rhodes, de Chios, de Cnide, de Cos, de Thasos, de Sinope et d’Héraclée du Pont [15], aucune cité des Détroits ne semble a priori avoir estampillé ses amphores [16]. Il est certain que Cyzique et Byzance, pour ne parler que des principaux producteurs de poissons en saumure, disposaient sur leur territoire d’ateliers de fabrication d’amphores [17]. L’absence de fouille ne permet pas de localiser ces ateliers. Les seuls ateliers identifiés clairement dans la région des Détroits se trouvent à Ganos, au nord de la Chersonèse de Thrace et ils correspondent aux périodes byzantine et moderne. Ils produisaient des amphores pour l’exportation du vin issu des monastères des environs [18]. Des timbres amphoriques au type du cheval paissant apposé sur une anse sont connus pour Alexandrie de Troade, au sud de la région qui fait l’objet de notre attention [19]. J. et L. Robert ont proposé d’identifier une amphore d’origine indéterminée retrouvée dans les environs d’Istros avec une production d’Abydos, en Troade. Cette amphore portait un timbre représentant un aigle à droite, et à droite les lettres couchées ABY. Pour eux, c’est le même type que sur les monnaies classiques et hellénistiques d’Abydos et ils en concluaient qu’Abydos produisait des amphores, sans doute pour exporter du vin ou de l’huile [20]. Une autre amphore d’Abydos figure dans la collection Hombert [21].

II. Les acteurs de l’échange dans les Détroits

10Dans les développements précédents, nous avons mis en lumière les productions variées de la région des Détroits et son excellente intégration aux circuits commerciaux allant de l’Égée au Pont-Euxin ou d’Orient en Occident. Tout est réuni pour donner à la région des Détroits un rôle commercial de premier plan. Or, les sources évoquent rarement la réalité des échanges commerciaux dans les Détroits et la part que les habitants de la région ont pu jouer, surtout parce que les auteurs anciens étaient davantage intéressés par l’histoire politique des cités grecques et la lutte pour l’hégémonie à une autre échelle. La documentation épigraphique est notre support principal pour montrer la vitalité du commerce dans les Détroits à partir du Ve siècle.

11 Tenter de donner une traduction d’un terme grec est toujours un exercice périlleux. Les substantifs emporos et nauclèros ne dérogent pas à cet adage. Les historiens s’accordent en général pour traduire en français, à la manière des spécialistes de l’histoire du commerce maritime français de l’ancien régime, le terme emporos par armateur et nauclèros par maître de bord, patron de navire. L’ouvrage qui constitue le point de départ de notre réflexion est une étude des nauclèroi grecs par J. Vélissaropoulos [22]. Pour l’auteur, le nauclère est le patron d’un navire, mais aussi un transporteur de marchandises. La nauclèria prend alors le sens de transport par la mer. À la basse époque hellénistique, apparaît le phortégos, individu qui s’embarque avec un lot de marchandises. Dans un ouvrage récent, l’historien américain C. M. Reed a proposé une autre définition de ces termes en utilisant une grille de lecture [23]. Pour lui, les emporoi peuvent être caractérisés par deux pratiques, leur participation aux échanges entre lieux éloignés à la différence des kapeloi, les vendeurs au détail, et le fait qu’ils consacrent une partie importante de leur vie à ces échanges lointains. Pour Reed, la durée de l’activité commerciale distingue l’emporos de l’individu qui s’adonne à l’échange, à l’achat de marchandises pour la revente à l’étranger, de manière ponctuelle. Reed distingue ensuite rapidement l’emporos du nauclèros, qui serait le propriétaire d’un navire, s’adonnant ponctuellement au commerce en achetant des biens qu’il transporte. Enfin Reed présente les autres acteurs de l’échange dans l’emporion, les particuliers qui achètent des biens à l’étranger pour les revendre chez eux, les marins, la main d’œuvre de l’emporion, les magistrats qui prélèvent les taxes sur le débarquement et la circulation des marchandises.

12 Pour les cités les mieux connues, l’approche prosopographique peut constituer un élément essentiel pour mettre en exergue des groupes familiaux, leur origine et parfois également pour faire connaître les domaines d’activité des individus recensés dans la cité. L’état d’avancement de l’établissement des corpus épigraphiques des cités de la région des Détroits ne permet pas encore une analyse prosopographique de ce type. Nous pouvons cependant nous appuyer sur la publication récente d’un recueil prosopographique consacré aux ressortissants de la région du Pont-Euxin connus hors de leur région [24]. Dans son ouvrage, Alexandru Avram a inclus les cités de Byzance et de Chalcédoine au côté des établissements pontiques. Une telle délimitation géographique de la région pontique peut surprendre dans un premier temps. En effet, Byzance est une fondation mégarienne rattachée au district de la Thrace à l’occasion de la perception du phoros de la Ligue de Délos. La cité a mené une politique égéenne, notamment en envoyant des ambassades en Grèce continentale, en envoyant des ambassades religieuses dans les grands sanctuaires grecs. On considère communément que le Bosphore de Thrace constitue un prolongement de l’Égée avant d’entrer en mer Noire. Le choix d’inclure Byzance et Chalcédoine parmi les établissements pontique fait pourtant sens. La tradition littéraire rapporte la fondation de Mésembria par les Byzantins et leur relation privilégiée avec les établissements du Pont gauche [25]. Les territoires de Byzance et de Chalcédoine avaient une forme de triangle dont la pointe était tournée vers le Bosphore, tandis que les côtés suivaient les côtes de la mer Noire et de la Propontide. Ce n’est qu’à l’époque hellénistique que les Byzantins agrandissent leur contrôle de la partie nord de la mer de Marmara, en plaçant sous leur domination la cité de Sélymbria, qui devient une kômè, et la péninsule de Yalova en Bithynie. Byzance est alors la maîtresse du Bosphore.

13 Il me semble que la mention du statut d’emporos ou de nauclèros est particulièrement rare pour ces cités. Les acteurs du commerce issus des Détroits sont encore plus rares. Sans doute, doit-on considérer ces métiers comme des activités et non comme de véritables statuts officiels. Dès lors, il n’aurait pas été signifiant pour les magistrats de mentionner ces termes dans les inscriptions officielles. De même, la rareté de ces attestations dans les inscriptions funéraires tend à montrer que les individus qui se livraient au commerce ne se définissaient pas ainsi. On note plutôt que ce sont des voyageurs, venus ou morts dans un pays lointain. Finalement, on peut davantage connaître les activités d’échanges que leurs acteurs. Le cadre de l’échange, c’est-à-dire le lieu des transactions, éclaire la relation entre la communauté civique et les commerçants.

14 La présence de places de commerce, en dehors des cités mêmes, et dédiées uniquement aux échanges, pose de nombreuses interrogations. Ces lieux correspondent communément à la définition qu’on donne du terme emporion pour la période grecque [26]. Pour l’époque impériale, L. Robert a proposé une autre définition qui élargit le champ de recherche des emporia : « Ce n’est pas nécessairement une échelle sur la mer. C’est un marché, même dans le plat pays, type de localité au statut particulier et qui n’est pas une ville. […] C’est un établissement avec son nom propre, et qui dépend d’une ville plus ou moins éloignée, une de ces villes de Bithynie ou de Thrace au territoire très étendu » [27].

15 Malheureusement, notre documentation est beaucoup moins précise pour la période hellénistique. Un document de la cité de Sélymbria apporte un éclairage supplémentaire au sujet des emporia. La ville, située sur la côte de Thrace propontique entre Périnthe et Byzance, compte parmi les alliés d’Athènes au sein de la Ligue de Délos. Passée sous la domination des Péloponnésiens entre 411 et 408, elle revient sous le contrôle athénien grâce à Alcibiade [28]. Des Athéniens semblent s’installer sur place car le port est bon et la cité dispose d’un arrière-pays agricole. Un traité est préparé entre Athènes et Sélymbria est accepté par le peuple d’Athènes au retour d’Alcibiade en 407. Le texte est parvenu jusqu’à nous [29]. Il crée des relations privilégiées entre les deux cités. Selon Ph. Gauthier, « on conclura sans peine, ce me semble, que seuls les commerçants de la catégorie des emporoi pouvaient aller et venir régulièrement de Sélymbria, par exemple à Athènes et réciproquement ; et qu’au total le nombre de ces commerçants ne devait pas être très élevé » [30].

16 Il est certain que Sélymbria a le statut de polis à la période classique. Elle frappe un monnayage d’argent autonome au Ve siècle, suivant un étalon qualifié de thraco-macédonien, aux drachmes d’un poids moyen de 4,80 g. Les frappes se composent de deux groupes, vers 492-470 puis vers 425-410, et s’interrompent brusquement au moment où le monnayage autonome de Byzance apparaît [31]. La ville de Sélymbria a cependant perdu son autonomie au point de n’être plus qu’une kômè de Byzance, sans doute vers 340, au moment de la sympolitie entre Byzance et Périnthe contre Philippe II. À l’époque hellénistique, la fonction d’agoranome est attestée par l’épigraphie locale [32] et Polybe considère Sélymbria comme une escale à partir de Chalcédoine, distante de 70 km, en suivant le courant vers la mer Égée [33]. La ville n’a pas perdu ses fonctions commerciales et on pourrait alors y voir un emporion.

17 Les cités de la région des Détroits ont souvent servi de point d’escale et de ravitaillement lors des grandes opérations militaires, comme, par exemple, Sestos et la Chersonèse de Thrace pendant la guerre du Péloponnèse [34]. Le tissu des poleis est assez dense dans la région des Détroits sur la rive asiatique et les meilleurs points d’escales sont également occupés sur la rive thrace. Les possibilités d’installation d’un emporion permanent indépendant d’une cité sur un site favorable, plutôt maritime, étaient de ce fait réduites. Il semble que les habitants des Détroits aient préféré un autre type de place d’échanges : les marchés temporaires. On ne parle pas ici du marché aux esclaves de Cyzique, attesté dès le VIe siècle, pour lequel on demande l’atélie [35]. Dans les récits d’expéditions militaires dans les Détroits, sont mentionnés de tels marchés temporaires, installés pour permettre la vente de denrées alimentaires aux soldats d’une armée en campagne [36]. Le Pseudo-Aristote mentionne un cas très intéressant :

18

On attendait à Lampsaque un grand nombre de trières : les autorités de la cité donnèrent l’ordre aux marchands de vendre six drachmes le médimne de farine dont le prix normal était alors de quatre, de vendre quatre drachmes et trois oboles la mesure d’huile qui ne coûtait normalement que trois drachmes, et d’en faire autant pour le vin et les autres denrées. Les particuliers touchaient ainsi le prix ancien des marchandises, et le surplus était versé à la cité, qui eut à sa disposition beaucoup d’argent [37].

19 Une telle mesure est exceptionnelle puisqu’elle est relevée par Aristote. Lampsaque se dote provisoirement d’une nouvelle structure commerciale. On remarque que tous les produits « surévalués » sont issus de la chôra de Lampsaque et que les marchands évoqués ici sont sans doute des Lampsacéniens. Tout ceci n’est possible que si Lampsaque est un point d’escale incontournable pour les trières qui approchent. L’anecdote n’est pas datée, mais elle pourrait prendre place dans les années 411-405, au moment où les points d’appui des Athéniens dans les Détroits sont peu nombreux.

20 Mais les implantations grecques des Détroits sont aussi des lieux de vente, notamment du butin. En 400, Chrysopolis, sur le territoire de Chalcédoine, a servi de lieu de vente du butin rapporté par les Dix-Mille [38]. Quelques mois après, le roi odryse Seuthès « envoya Héracleidès à Périnthe vendre le butin, pour avoir de quoi payer les soldats » [39]. Héracleidès rejoint les troupes avec le produit du butin au nord de Byzance. Xénophon aurait même vendu personnellement son cheval à Lampsaque contre cinquante dariques. La cité décide plus tard de le racheter aux marchands et de l’offrir à Xénophon en présent d’hospitalité [40]. Tous ces exemples montrent la prospérité des principales cités de la région des Détroits. Bien à l’abri derrière leurs remparts, les habitants ont les moyens de payer comptant le butin qui leur est apporté. Les négociations commerciales sont rapides et les vendeurs sont sûrs de trouver des acheteurs sur place. Aucun des témoignages mentionnés n’indique la présence d’intermédiaires locaux dans les ventes. L’idée est que les habitants des Détroits jouent un rôle passif dans l’afflux des richesses dans leur cité.

21 Pourquoi choisir d’installer des milieux d’échange temporaires plutôt que des emporia permanents, comme dans d’autres régions du monde grec ? En plus de la rareté des sites favorables, soulignons également que le littoral de la Propontide a toujours été soumis à la pression des populations barbares de l’intérieur. Les différentes tribus thraces puis, à partir du début du IIIe siècle, la menace des Galates, font peser un danger sur les cités. Les cités défendues par un rempart ont à souffrir des razzias dans leur chôra, comme Cyzique, après 278. La cité de Lampsaque, qui n’a pas encore de fortifications, est une proie facile pour les pillards. Le roi thrace Seuthès dispose même de cités grecques de la côte de Thrace propontique, qu’il propose à Xénophon en échange de ses services de mercenaire vers 399. À ce moment, même le littoral n’est plus une zone de sécurité pour les Grecs de la région. Aussi, la présence d’emporia peu ou pas du tout défendus va l’encontre de l’intérêt des Grecs. Ces établissements seraient sans cesse sous la menace des convoitises étrangères.

22 Les foires liées aux fêtes religieuses et principalement aux panégyries constituent un deuxième type de marché [41]. Pour la région des Détroits, on ignore si la fête de Korè Sôteira à Cyzique a donné lieu à une foire. On sait que Cyzique a obtenu le privilège d’asylie pour son sanctuaire poliade de l’oracle de Delphes et qu’elle organise des concours ouverts aux Grecs. L’objectif est clairement d’attirer des étrangers à Cyzique et un marché temporaire ne saurait mieux trouver sa place. Ph. Gauthier a fait remarquer que « les décrets d’asylie représentent surtout une sécurité pour les commerçants » [42]. Le seul exemple de panégyrie, c’est-à-dire de foire associée à une fête, dans la région des Détroits est issu d’Ilion [43]. La cité profite de la procession, des sacrifices et des concours sacrés d’Athéna pour prélever des taxes sur les échanges pratiqués sur place. La fête d’Athéna devait prendre modèle sur les Panathénées d’Athènes et comporter des petites et des grandes Panathénées. Pour Chr. Chandezon, la foire devait être annuelle et se situait certainement dans la campagne autour du sanctuaire. Les Iliens formaient un collège d’agoranomes, auquel chaque cité du koinon d’Athéna Ilias fournissait un membre. On connaît l’exemple d’un agoranome de Parion honoré par un décret du synédrion, du IIIe siècle, parce qu’il « s’est occupé de la fourniture de céréales afin que ceux qui étaient là puissent les acheter au meilleur prix et il a pris soin de toutes les autres marchandises » [44]. Le Parien a en outre procuré les services d’un médecin « pour soigner les malades durant la panégyrie » [45].

23 L’activité commerciale est devenue une activité largement monétarisée dans l’antiquité. Les nombreuses opérations de change étaient entre les mains de spécialistes, les trapézites, œuvraient sur l’agora, près du port. On connaît même l’existence de trapeza dépassant la taille d’une activité individuelle. Dans son étude consacrée aux structures bancaires, R. Bogaert a relevé trois attestations pour la région des Détroits [46]. À Lampsaque, une inscription du IIe siècle av. J.-C. évoque la gestion d’un capital de fondation consacré à Asclépios. Bogaert considère que Lampsaque avait une banque d’État, gérée par un collège de trapézites. Pour Cyzique, une trapeza est mentionnée dans une inscription honorifique du IIIe siècle av. J.-C. pour le nésiarque Apollodore, fils d’Apollonios ; Auxanon a exercé le métier de trapézite à Cyzique à l’époque impériale. Une dernière attestation provient d’Ilion, où la fondation d’Hermias (15 000 drachmes d’Alexandre pour l’activité cultuelle) est administrée par une banque publique, qui obtient un intérêt de 10 %, exempté exceptionnellement de la taxe du triakoste[47]. Ces rares exemples ne suffisent pas pour considérer que l’activité commerciale se tenait uniquement dans les cités, qui auraient disposé seules des structures nécessaires aux échanges.

24 Finalement, si on s’en tient aux sources évoquant explicitement des lieux ou des acteurs des relations commerciales, le bilan est maigre. Les historiens sont pourtant certains que la région des Détroits a joué un rôle essentiel dans les échanges entre le Pont-Euxin et l’Égée. On doit donc poursuivre notre analyse des échanges commerciaux en étudiant ce qu’on pourrait appeler avec un vocabulaire moderne les « mesures incitatives » au commerce.

25 Parmi les privilèges accordés par les cités aux étrangers, le plus recherché est certainement l’ateleia, l’exemption des taxes. Cette exemption peut être complète ou partielle. Dans ce cas, on trouve par exemple dans les décrets honorifiques l’exonération des taxes à l’entrée et à la sortie du port, ou le droit d’entrer et de sortir librement du port en temps de paix comme en temps de guerre. Un décret d’Ilion pour quatre citoyens de Ténédos, daté vers 300, leur accorde également l’asylie, c’est-à-dire l’abandon du droit de sylan contre eux, et la proxénie [48]. Dans le courant du IVe siècle, Pausimachos de Byzance reçoit le droit de cité dans la ville d’Oinè, la proxénie et le droit de débarquer et de rembarquer en temps de paix comme en temps de guerre [49]. Ces mesures incitent les commerçants à faire escale dans la cité et à maintenir les échanges quelle que soit la situation internationale.

26 Un autre thème de recherche porte sur le droit de naufrage et sa réglementation. Pour les Grecs, l’espace maritime est une zone libre, sur laquelle les cités ne doivent pas exercer de contraintes. C’est la libre circulation sur les mers. On sait bien que la piraterie est pourtant un phénomène endémique dans les Cyclades et que des cités comme Byzance, Chalcédoine et Cyzique n’ont pas hésité au IVe siècle à arraisonner à plusieurs reprises illégalement des navires circulant dans les Détroits [50]. Les Byzantins détournent des navires venant du Pont par manque de vivres et d’argent : « Ils firent aborder les navires qui venaient du Pont. Au bout d’un certain temps, comme les marchands se fâchaient, ils promirent de leur payer un intérêt supplémentaire de dix pour cent, mais ils obligèrent en même temps les acheteurs à verser, indépendamment du prix, ces suppléments de dix pour cent » [51].

27 Par-delà ces exemples extrêmes, relevés comme des cas graves de non-respect du principe commun par les sources athéniennes de l’époque, notamment par Démosthène [52], les cités de la région des Détroits ont encouragé les échanges commerciaux en offrant des lieux d’escale aux navires de passage. Dans le cas relevé par le Pseudo-Aristote, les Byzantins sont même contraints de céder aux commerçants un intérêt pour ne pas nuire à la circulation commerciale dans le Bosphore à plus long terme.

III. Le déplacement de la puissance commerciale en Propontide de l’époque hellénistique à l’époque impériale

28 Les cas de Nicomédie et de Nicée sont bien différents de celui de Cyzique et de Byzance. Ce sont des fondations assez récentes, de l’époque hellénistique, qui ont profité de la disparition ou de l’effacement de colonies anciennes du golfe d’Astacos. Les Nicomédéens négocient avec les peuples bithyniens de la côte l’application du droit de naufrage. Le roi bithynien Ziaélas adresse vers 246-242 une lettre aux habitants de Cos, garantissant que, « s’il arrive à vos navigateurs d’aborder sur un territoire se trouvant sous notre domination, nous veillerons à ce qu’ils soient en sécurité. De même, pour tous ceux qui, par suite d’une défaillance au cours de la traversée, s’échouent près de nos territoires, nous prendrons les soins indispensables afin que personne ne leur porte préjudice » [53].

29 Nicomédie et plus largement le fond du golfe étaient alors peu fréquentés par les marchands étrangers, qui lui préféraient les escales de Kios et de Byzance [54]. Par un geste de protection, Ziaélas a sans doute voulu attirer sur son territoire les nauclères. Dans son commentaire de ce passage, J. Vélissaropoulos distingue deux types de situations. Tous les navigateurs qui débarquent pour leurs affaires dans le port de Nicomédie bénéficient de la sécurité donnée par Ziaélas. Les habitants de Cos bénéficient d’une garantie élargie à tout le territoire de Zialéas. Pour nous, cela signifie surtout qu’il n’existe pas d’autre emporion officiel que Nicomédie à cette époque, emporion ayant ici le sens de port fermé, dans lequel des droits sont garantis à tous les marchands étrangers.

30 On observe une montée en puissance de Nicée et de Nicomédie pour la partie bithynienne de la Propontide, au détriment notamment de Chalcédoine. Cette dernière subit également l’installation de la nouvelle capitale de l’empire d’Orient à Byzance par Constantin. On a donc l’impression d’un déplacement de la puissance politique et économique vers Nicomédie et Nicée, ce qui constitue une évolution essentielle pour l’équilibre des échanges dans la région des Détroits. Cette évolution a été signalée par P. Debord, qui donne à lire dans l’introduction d’un article sur le « parcours » de la Bithynie : « l’analyse à grands traits mais sur la longue durée de l’évolution de la Bithynie montre que ses atouts étaient évidents dès les origines : ressources naturelles, situation géographique […]. La lente formation d’un état “hellénistique”, le développement ou la création de cités de modèle grec puis l’intégration à l’État romain ont généré des conditions géostratégiques nouvelles. » [55] Je rejoins cette analyse et je voudrais montrer qu’elle est valable non seulement dans un sens politique, mais aussi pour les circulations commerciales dans les Détroits à la fin de la période grecque et à la période romaine.

31 On doit d’abord à L. Robert des listes de Nicomédéens connus à l’étranger et de commerçants étrangers mentionnés sur des documents du territoire bithyniens [56]. C’est pour Nicomédie que nous disposons du plus grand nombre d’attestations de la présence de commerçants dans les Détroits, de même que l’emploi du terme emporion[57]. La grande majorité de ces cas appartient à la période impériale. La présence de Nicomédéens est attestée à Thasos, en Eubée, à Thèbes de Phtiotide, dans la baie de Naples, à Smyrne et en Lycie, ainsi qu’à Tomis et dans d’autres cités du Pont-Euxin [58]. La présence de Nicomédéens à Athènes est également attestée à Athènes, avec leur ethnique ou sous le nom d’Astacéniens [59]. Astacos, cité détruite avant la fondation de Nicomédie, est l’ancêtre poétique de la ville de Nicomédie.

32 Les nauclères se sont regroupés en associations, qui ont souvent pris le nom d’oikos, dont l’apparition se situe au IIe siècle av. J.-C. C’est certainement dans ce cadre que des négociants et des nauclères trafiquant avec la Bithynie rendent hommage à un citoyen de Nicée, dans la seconde moitié du IIe siècle [60]. Un oikos des nauclères a existé à Nicomédie. Les nauclères dédicacent à Vespasien un téménos et oikos des nauclères, et l’oikos apparaît dans une autre inscription de Nicomédie, selon J. et L. Robert [61].

33 Le golfe de Nicomédie, actuellement le golfe d’Izmit, est profond de 48 km et très étroit. Sa largeur varie de 2 à 5 km. Un observateur neutre peut le considérer comme un « cul-de-sac » pour la navigation dans la Propontide. C’est pourtant par le golfe que les Argonautes seraient passés, s’arrêtant à Kios, mais pas à Astacos/Nicomédie. C’est sur le territoire de Kios qu’Héraclès perd Hylas, enlevé par des nymphes. Les cités de la région sont des débouchés naturels sur la Propontide pour les ressources de l’arrière-pays bithynien. Apamée, l’ancienne Myrléa, sert de port à Prousa. Nicée, au bord d’un lac, n’a pas de port immédiatement sur la Propontide. Le commerce était une ressource importante dans la cité de Kios, avant sa destruction par les troupes de Philippe V en 202 ; ses monnaies civiques de la deuxième moitié du IVe siècle portent au droit la tête laurée d’Apollon, la légende KIA, et au revers une proue de navire à gauche, accompagnée d’un nom de magistrat monétaire [62]. Or, la ville de Nicomédie et les cités du golfe se sont considérablement développées grâce au commerce maritime. C’est à l’époque impériale qu’elles prennent leur véritable essor, appuyées par la présence romaine sur place.

34 Le commerce de Nicomédie s’appuie sur sa position au débouché de la route qui relie l’arrière-pays de la Bithynie à la Propontide. Nicomédie est le port de la Propontide le plus facile d’accès pour les marchandises, notamment pour les pondéreux qui transitent par le lac Sapanca et les rivières navigables. Un passage de Dion Chrysostome illustre la politique commerciale de Nicomédie, qui devient à l’époque impériale une des principales cités de Propontide [63]. Il s’agit d’un discours Aux Nicomédéens sur la concorde avec les Nicéens :

35

Nous ne nous battons pas pour une question territoriale ou maritime ; au contraire, les Nicéens ne revendiquent même pas contre vous des droits sur la mer et ils ont accepté avec plaisir un règlement conçu pour éviter un conflit. […] Il y a entre nous des échanges de produits agricoles, des alliances matrimoniales qui ont créé déjà de nombreux liens de parenté.

36Plus loin on lit :

37

Vous [les Nicomédéens] êtes à même de combler les cités de plus grands et de plus nombreux bienfaits que Nicée. Tout d’abord et surtout grâce à la mer. Toutes les marchandises étant encore actuellement importées par mer, les cités s’en procurent par faveur [64].

38 Nicée accepte apparemment la prééminence de la cité voisine de Nicomédie pour le commerce sur mer comme pour les ressources halieutiques. Nicée n’a pas d’accès direct à la mer sur son territoire. Il semble qu’au moment du discours, les Nicomédéens, particulièrement les nauclères de la cité, entravent les approvisionnements par mer des autres cités du golfe par l’instauration de droits de douanes élevés ou l’obligation d’écouler sur place une grande partie des marchandises débarquées à Nicomédie. On peut en conclure qu’ils sont en position de quasi-monopole sur mer dans la région. Pour Dion, les autres cités en sont réduites à se procurer par la contrebande ce que Nicomédie ne veut pas leur faire parvenir.

39 Le conflit ne pourrait pas éclater pour une querelle territoriale. Dans la suite du texte, Dion indique que « les possessions sont bien délimitées », ce qui suppose que le bornage de la frontière entre les chôrai de Nicée et de Nicomédie est clair. L’enjeu d’un conflit possible est plutôt politique. Pour le IVe siècle de notre ère par son inclusion dans le Tarif de Dioclétien comme un des points d’arrivée et de départ des lignes de navigation, en relation avec Alexandrie, Rome, Thessalonique et Éphèse notamment. On est donc certain que le débouché de la grande route terrestre nord-anatolienne se trouvait alors à Nicomédie.

40Le monnayage d’époque impériale de Nicomédie est le reflet de la prospérité issue du commerce. Des images de thons rappellent la place de la pêche dans le golfe, en plus de Cyzique et de Byzance. De nombreuses monnaies présentent des navires de guerre et de commerce et on sait qu’un détachement de la flotte romaine était rattaché à Nicomédie. Sur le plan quantitatif, et en conservant une grande prudence en énonçant ces chiffres, il semble que le monnayage de Nicée représentait près de 40 % des émissions de la Bithynie entre le Ier et le IIIe siècle. Nicomédie aurait représenté entre 20 et 28 % [65]. Voilà un nouvel indice de la prééminence de ces deux cités dans les échanges commerciaux en Propontide après la période grecque. On peut toutefois considérer qu’une partie de ce monnayage a servi au financement des opérations militaires dans le nord de l’Asie Mineure. C’est à Nicomédie que Dioclétien est proclamé empereur en novembre 284 par l’armée, et la ville devient un des centres de l’administration tétrarchique.

41 Des trouvailles épigraphiques montrent la place importante des marins et des nauclères à Nicomédie. La prospérité de Nicomédie se traduit à cette époque par des constructions édilitaires, deux aqueducs, inachevés à cause de malversations des artisans, une nouvelle agora[66]. En plus de son poids économique de plus en plus important dans la région, Nicomédie s’est imposée comme la cité la plus prestigieuse sur le plan politique. Elle est deux fois néocore avant 183 et détient le titre de « métropole » en permanence. Sa position est pourtant remise en question de manière ponctuelle par sa voisine Nicée. On connaît bien la concurrence entre les deux cités pour la mise en avant de leurs néocories au temps de l’empereur Commode, puis sous Septime Sévère [67]. Le soutien de Nicée à Septime Sévère dans la lutte de ce dernier contre Pescennius Niger lui vaut pour un temps court, entre 183 et 193, de gêner sa rivale Nicomédie en revendiquant les mêmes titres qu’elle.

42 Cette réflexion sur la longue durée portant sur les flux d’échanges dans la Propontide et ses Détroits, montre que la région a vu apparaître un décalage interne de ses activités principales vers quelques grandes cités. De l’époque hellénistique à la domination romaine, les grands centres d’échanges et de prestige politique sont avant tout Byzance, Nicomédie et Cyzique. Cela suggère, à grands traits, un affaiblissement des villes de la côte thrace de la Propontide, sauf Byzance, et une réorientation de l’intérêt des Romains vers des cités de la côte asiatique. De plus, cet intérêt se porte sur deux cités littorales, ce qui montre leur importance dans le contrôle d’un arrière-pays vaste en Mysie et en Bithynie à la période romaine.

Conclusion

43Au terme de ce travail, nous pouvons mettre en exergue plusieurs particularités observables dans les Détroits. Il semble tout d’abord apparaître un paradoxe entre l’important dossier littéraire qui présente la vitalité de circulation commerciale maritime à travers les Détroits depuis le début de l’époque classique, et la faiblesse des attestations épigraphiques à ce propos. Les lacunes des corpus civiques expliquent en partie ce fait. On peut s’étonner, en outre, des rares mentions de commerçants actifs dans les Détroits, étrangers ou citoyens de la région. Contrairement aux principales cités de l’Égée ou aux cités du Pont gauche, dans lesquelles le dossier épigraphique attestant la présence de commerçants dans la cité est étoffé, la région des Détroits a livré peu de témoignages. Doit-il évoquer alors une circulation commerciale à travers les Détroits, sans acteurs de l’échange dans les Détroits ? C’est aller trop loin évidemment. Des Byzantins, des Cyzicéniens et plus tard des Bithyniens se sont livrés à des activités commerciales. Nous connaissons surtout les marchands bithyniens de la fin de l’époque hellénistique et de l’époque impériale. Dans l’attente de la mise au jour d’une documentation épigraphique et archéologique suffisante pour reprendre cette question, il nous semble que l’analyse de la circulation et de la distribution des monnayages de cités de la région, comme Parion et les cités de la Chersonèse de Thrace, pourrait apporter un éclairage à l’histoire des circulations commerciales dans la région de Détroits. On observerait mieux en effet la route terrestre à travers la Thrace, que les témoignages littéraires ont gommée au profit de la route maritime entre le Pont-Euxin et la mer Égée.

Tableau 1 : commerçants des Détroits dans les sources grecques

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Tableau 1 : commerçants des Détroits dans les sources grecques

Tableau 2 : les commerçants étrangers connus dans les Détroits

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Tableau 2 : les commerçants étrangers connus dans les Détroits

Abréviations

44 CIRB = V. V. Struve et alii, Corpus Inscriptionum Regni Bosporani (Korpus Bosporskikh nadpisej), Moscou-Léningrad, 1965.

45 I. Byzantion = A. Łajtar, Die Inschriften von Byzantion, Teil I. Die Inschriften, Bonn, 2000 (IK, 58).

46 I. DélosInscriptions de Délos, Paris, I-VII, 1926-1972.

47 IGR = R. Cagnat, Inscriptiones Graecae ad res Romanas pertinentes, I, III-IV, Paris, 1906-1927.

48 I. Ilion = P. Frisch, Die Inschriften von Ilion, Bonn, 1975.

49 I. Parion = P. Frisch, Die Inschriften von Parion, Bonn, 1983 (IK, 25).

50 ISMInscriptiones Scythiae Minoris [D. M. Pippidi, I : Histria şi împrejurimile [Istros et les alentours], Bucarest, 1983 ; I : Stoian, II : Tomis şi teritoriul său [Tomi et son territoire], Bucarest, 1987 ; A. Avram, III : Callatis et son territoire, Bucarest-Paris, 1999].

51 OGISOrientis Graeci Inscriptiones Selectae, I-II, Leipzig, 1903-1905.

52 OMS = L. Robert, Opera Minora Selecta, I-VII, Amsterdam, 1969-1990.

Notes

  • [1]
    Polybe, IV, 38.
  • [2]
    On retrouve la plupart de ces outils chez K. Polanyi, The Great Transformation, 1944. Sur ses idées devenues un modèle d’analyse, voir A. Bresson, « Économie et institution. Bilan critique des thèses polanyiennes et propositions nouvelles », dans J. Joannes, P. Rouillard (dir.), Autour de Polanyi : vocabulaires, théories et modalités des échanges. Actes de la rencontre de Nanterre, 12-14 juin 2004, Paris, 2005, p. 97-111.
  • [3]
    Le célèbre plaidoyer de Démosthène, Contre Lacritos, 13, conserve le texte d’un contrat à la grosse aventure pour un navire partant d’Athènes pour le Pont, chargé de vin de Mendé. Il est précisé « s’ils ne vont pas jusqu’au bout de leur voyage, ils feront dix jours dans l’Hellespont au moment de la canicule et débarqueront les marchandises en un lieu où il n’y a pas de représailles à exercer pour les Athéniens ». Le détroit est alors un débouché par défaut de la route commerciale.
  • [4]
    Voir Fr. Prêteux, « Une économie régionale : économie et société dans les cités des Détroits », dans O. Picard (dir.), Économies et sociétés de 478 à 88 en Grèce ancienne, Paris, 2008.
  • [5]
    Fr. Prêteux, « Le commerce de Cyzique au IVe siècle », dans J. Napoli (dir.), Ressources et activités maritimes des peuples de l'Antiquité, Actes du colloque international de Boulogne-sur-Mer, mai 2005, Les Cahiers du Littoral 2/5, 2008, p. 353-368.
  • [6]
    E. Schönert-Geiss, Die Münzprägung von Bisanthe, Dikaia, Selymbria, Berlin, 1975 ; type daté des dernières années du monnayage de Sélymbria, entre 425 et 410 environ. Le monnayage cesse sans doute lorsque Sélymbria entre dans la sphère de contrôle byzantine.
  • [7]
    Ps.-Aristote, Éc., II, 2, 17 (1348b-1349a).
  • [8]
    Parion, Lampsaque et Priapos auraient les plus riches vignobles au temps de Thémistocle ; selon Thucydide, I, 138, 5, Thémistocle reçoit « pour le vin, Lampsaque, qui était considérée comme le plus riche vignoble de l’époque », Diodore, XI, 57, 7 : « Lampsaque, située dans un grand pays de vignoble, pour le vin » ; Xénophon, Hell., II, 1, 19 : Lysandre prend Lampsaque et la fait piller en 405 car « elle était riche en vin, en blé et pleine de tout autre ressource ».
  • [9]
    J. Dumont, Byzance, cité grecque (ca 660-168 av. J.-C.), thèse de Doctorat de 3e cycle inédite, Poitiers, 1971 ; idem, Halieutika. Recherches sur la pêche dans l’Antiquité grecque, thèse d’État inédite, Paris IV, 1981, 4 vol., voir notamment p. 246-251 ; idem, « La pêche du thon à Byzance à l’époque hellénistique », REA, 78-79, 1976-1977, p. 96-119.
  • [10]
    P. Schlosser, « Pêche et ressources maritimes de la région des Détroits aux époques grecques et romaines », dans J. Napoli, op. cit., n. 5, p. 375-384.
  • [11]
    Athénée, III 116 C : « Parion est une petite ville renommée pour sa ressource en maquereaux ».
  • [12]
    Athénée, III 92 D.
  • [13]
    Polyen, VI, 24, d’après Charon de Lampsaque = I. Parion T 9. Voir Fr. Prêteux, « Parion et son territoire à l'époque hellénistique : un exemple d'organisation de la chôra sur les rivages de la Propontide », dans H. Bru, F. Kirbilher, St. Lebreton (dir.), L’Asie Mineure dans l’Antiquité. Échanges, populations et territoire, Tours, 2007, p. 335-350.
  • [14]
    Fr. Prêteux, « Archéologie et nouvelles approches de la région des Détroits », dans H. Bru, G. Labarre (dir.), L’Anatolie des peuples, des cités et des cultures (IIe millénaire av. J.-C.–Ve siècle apr. J.-C.), colloque international de Besançon 26-27 novembre 2010, I, Besançon, 2013, p. 131-138.
  • [15]
    M. Lazarov, « Les amphores et les timbres amphoriques d’Héraclée Pontique en Thrace », Bulletin du Musée National de Varna, 16, 1980, p. 5-19 ; I. B. Brashinskii, « À propos de la chronologie des timbres céramiques et du développement typologique des amphores d'Héraclée du Pont », Numizmatika i epigrafika, 14, 1984, p. 3-22.
  • [16]
    J. Y. Empereur, Y. Garlan (dir.), Recherches sur les amphores grecques, BCH Suppl. XIII, 1986. J. Y. Empereur, « Les amphores hellénistiques », dans P. Lévêque, J. P. Morel (dir.), Céramiques hellénistiques et romaines, II, Besançon-Paris, 1987, p. 9-54, signale près de trente cités utilisant des timbres amphoriques à partir du IVe siècle.
  • [17]
    La céramique de Byzance grecque est mal connue en raison des rares fouilles de ces niveaux. On a retrouvé à Sarayburnu, actuellement la pointe du Sérail sur l’emplacement de la ville grecque, cinq timbres amphoriques rhodiens, datés entre 210 et 108 av. J.-C. (SEG XLVII 1057).
  • [18]
    N. Günsenin, « Ganos. Centre de production d’amphores à l’époque byzantine », Anatolia Antiqua, 2,1993, p. 193-200 ; idem, « Le vin de Ganos : les amphores et la mer », Eupsychia, Mélanges offerts à Hélène Ahrweiler, Byzantina Sorbonensia, Paris, 1998, p. 281-288.
  • [19]
    V. R. Grace, Standard Pottery Containers of the Ancient Greek World, Hesperia Suppl. VIII, 1949, p. 187, n° 3 et pl. 20 ; V. R. Grace, M. Savvatianou-Petropoulakou, Les timbres amphoriques grecs, Paris, 1970, p. 280.
  • [20]
    J. et L. Robert, , 1958, 31, compte-rendu de V. Canarache, Importul amforelor ştampilate la Istria [L’importation des amphores estampillées à Istros], Bucarest, 1957, n° 793, p. 305. J. Nollé, « Eine Losplakette aus Abydos am Hellespont », Tyche, 13, 1998, p. 191-193, a publié une tablette de vote d’Abydos en bronze (IVe-IIIe siècle av. J.-C.), qui porte les trois lettres ABY. C. Brixhe, , 2006, 331 signale dans un catalogue de vente une tablette de bronze avec ABY dans un monogramme circulaire, au-dessus d’un oiseau d’allure élancée, ailes repliées.
  • [21]
    G. Nachtergael, La collection Marcel Hombert, I. Timbres amphoriques et autres documents écrits acquis en Égypte, Bruxelles, 1978, n° 793.
  • [22]
    J. Vélissaropoulos, Les nauclères grecs. Recherches sur les institutions maritimes en Grèce et dans l’Orient hellénisé, Genève, 1980.
  • [23]
    C. M. Reed, Maritime Traders in the Ancient Greek World, Cambridge, 2003, chap. 1 : « Coming to terms ». L’ouvrage ne tient pas les promesses annoncées par son titre, car l’auteur restreint son étude aux époques archaïque et classique en reprenant à son tour le cas tout à fait particulier de la documentation athénienne sur les échanges.
  • [24]
    A. Avram, Prosopographia Ponti Euxini Externa, Peeters, 2013.
  • [25]
    A. Avram, « The Propontic Coast of Asia Minor », dans M. H. Hansen, T. H. Nielsen (dir.), An Inventory of Archaic and Classical Poleis, Oxford, 2004. Pour les rapports de Byzance avec la côte occidentale du Pont et notamment pour la diffusion des modèles iconographiques byzantins sur cette même côte, voir M. Dana, Culture et mobilité dans le Pont-Euxin. Approche régionale de la vie culturelle des cités grecques, Bordeaux, 2011, p. 162-167.
  • [26]
    A. Bresson, P. Rouillard, L’emporion, Bordeaux, 1993 ; M. H. Hansen, « Emporion. A Study of the Use and Meaning of the Term in the Archaic and Classical Periods », dans T. H. Nielsen (dir.), Yet More Studies in the Ancient Greek Polis, Stuttgart, 1997, p. 83-106.
  • [27]
    L. Robert, À travers l’Asie Mineure, Athènes-Paris, 1980, p. 75.
  • [28]
    Diodore, XIII, 66, 4 ; Xénophon, Helléniques, I, 3, 10 ; Plutarque, Vie d’Alcibiade, 30, 3, 10.
  • [29]
    Syll 3 112 = IG I3 118.
  • [30]
    Ph. Gauthier, Symbola : les étrangers et la justice dans les cités grecques, Université de Nancy, Nancy, 1972, p. 201.
  • [31]
    E. Schönert-Geiss, op. cit., n. 6, p. 62.
  • [32]
    I. Byzantion, S3, B, l. 2.
  • [33]
    Idée de N. Shmueli, I. Malkin, «The “City of the Blind” and the Founding of Byzantium », MHR, 3, 1988, p. 31, s’appuyant sur Polybe, IV, 44.
  • [34]
    Xénophon, Helléniques, II, 1, 20 et 25 : au moment de la bataille d’Aigos Potamos, les Athéniens « faisaient venir leurs vivres de Sestos » ; Helléniques, II, 1, 27 : les Athéniens se dispersent en Chersonèse « parce qu’ils allaient au loin acheter des vivres ».
  • [35]
    C. Habicht, « Eine Urkunde des Akarnanischen Bundes », Hermès, 85, 1957, p. 107, n. 3. L. Robert, « Les Asklépieis dans l’Archipel », REG, 46, 1933, p. 430 = OMS I, 1969, p. 556, n. 8, a cru identifier un règlement très fragmentaire de Cyzique sur l’importation et la taxation des esclaves et du charbon.
  • [36]
    Xénophon, Anabase, IV, 8, 23 : Trapézonte permet l’ouverture du droit d’agora pour ravitailler les mercenaires grecs ; Xénophon, Anabase, V, 7, 13 : à Kérasonte des agoranomes veillent à la vente des produits aux mercenaires à des prix « normaux ». Voir R. Descat, « Les rapports des Dix-Mille avec les cités grecques », Pallas, 43, 1995, notamment p. 106-107.
  • [37]
    Ps.-Aristote, Économique, II, 2, 7.
  • [38]
    Xénophon, Anabase, VI, 6, 38 : « ils arrivèrent à Chrysopolis, en Chalcédonie, et ils y restèrent sept jours à vendre leur butin ». Le passage indique que les Grecs vendent directement le fruit de leurs rapines.
  • [39]
    Xénophon, Anabase, VII, 4, 2.
  • [40]
    Xénophon, Anabase, VII, 8, 6.
  • [41]
    L. De Ligt, P. De Neeve, « Ancient Periodic Markets: Festivals and Fairs », Athenaeum, 66, 1988, p. 391-416.
  • [42]
    Ph. Gauthier, op. cit., n. 30, p. 220.
  • [43]
    L. Robert, Monnaies antiques en Troade, Genève, 1966, p. 24-25 ; Chr. Chandezon, « Foires et panégyries dans le monde grec », REG, 113, 2000, p. 70-100.
  • [44]
    R. Descat, « L’état et les marchés dans le monde grec », dans E. Lo Cascio (dir.), Mercati permanenti e mercati periodici nel mondo romano. Atti degli Incontri capresi di storia dell’economia antica (Capri 13-15 ottobre 1997), Bari, 2000, p. 13-28. L’auteur souligne, avec des exemples (p. 20), que la fixation d’un prix de vente maximum par la cité se retrouve au moment des panégyries.
  • [45]
    I. Ilion 3, l. 11-15 et 16-18 ; trad. Chr. Chandezon.
  • [46]
    R. Bogaert, Banques et banquiers dans les cités grecques, 1968, p. 230-231 et 235-237.
  • [47]
    I. Ilion 52 ; V. Gabrielsen, « Banking and Credit Operations in hellenistic Times », dans Z. H. Archibald, J. K. Davies, V. Gabrielsen (dir.), Making, Moving and Managing. The New World of Ancient Economies, 323-31 BC, Exeter, 2005, p. 136-164, notamment p. 144.
  • [48]
    Syll 3 355 = I. Ilion 24. Sur ce droit, voir B. Bravo, « Sulân. Représailles et justice privée contre les étrangers dans les cités grecques », ASNP, 10, 1980, p. 675-989.
  • [49]
    IG XII 6 2 1224 ; SEG XLIX 1661 (texte) ; A. Matthaiou, « Aus der Arbeit der “Inscriptiones Graecae” V. Zwei Dekrete aus Ikaria », Chiron, 29, 1999, p. 226-228.
  • [50]
    Démosthène, Contre Polyclès, 6 et 17 : en 362, une flotte athénienne doit intervenir pour faire cesser les saisies de navires par Byzance, Chalcédoine et Cyzique. Contre Stéphanos, I, 64 : Stéphanos, au service du banquier Phormion, se rend à Byzance pour négocier la levée de l’embargo mis par les Byzantins sur les navires de Phormion.
  • [51]
    Ps.-Aristote, Économique, II, 2, 3.
  • [52]
    Démosthène, Sur la couronne, 72, s’insurge de la saisie de 180 navires à Hérion, dans le détroit du Bosphore, par Philippe de Macédoine en 340. Voir A. Bresson, « L’attentat d’Hiéron et le commerce grec », La cité marchande, 2000, p. 131-150.
  • [53]
    Syll 3 456, l. 33-44, trad. J. Vélissaropoulos, op. cit., n. 22, p. 164 ; C. B. Welles, Royal Correspondence in the Hellenistic Period, New Haven, 1934, n° 25 p. 118-120.
  • [54]
    La cité de Cos accorde la proxénie à Protomachos de Kios (W. R. Paton, E. L.Hichks, The Inscriptions of Kos, Oxford, 1891, n° 2) et à deux Byzantins, Pythion et Bosporichos (R. Herzog, Koische Forscherungen und Funde, Leipzig, 1899, n° 3).
  • [55]
    P. Debord, « Comment devenir le siège d’une capitale impériale : le “parcours de la Bithynie” », REA, 100, 1998, p. 139-165.
  • [56]
    Voir L. Robert, « Hellenica I : 3. Inscription de Lambèse », Revue de Philologie, 65, 1939, p. 170-171 = Opera Minora Selecta II, 1969, p. 1323-1324 ; idem, « Voyages épigraphiques en Asie Mineure », Revue de Philologie, 69, 1943, p. 187-188 ; idem, « Commerce de Nicomédie », BCH, 102, 1978, p. 423-424, pour une liste des épitaphes de Nicomédéens morts à l’étranger. Plus récemment, voir O. Bounegru, « Trafiquants et armateurs de Nicomédie dans la Méditerranée à l’époque romaine », dans Convegno internazionale di Studi L’Africa romana XVI, 15-19 decembrie 2004, Rabat, 2006, p. 1557-1568 ; idem, « Armateurs et Marchands de Nicomédie dans la Méditerranée à l’époque romaine », Classica et Christiana, 5/2, 2010, p. 287-298 ; H. Güney, « Economic Activities of Nicomedia and Connectivity between the Propontic and the Pontic World », dans V. Cojocaru, A. Coşkun, M. Dana (dir.), Interconnectivity in the Mediterranean and Pontic World during the Hellenistic and Roman Periods, Cluj, 2014.
  • [57]
    SEG XXXVII 1072 : mention de l’emporion dans une épitaphe de Nicomédie du IIIe ou IVe siècle apr. J.-C. S. Şahin, Neufunde von antiken Inschriften in Nikomedeua (Izmit) und in der Umgebung der Stadt, Diss. Münster, 1974, p. 126-136 ; compte-rendu de J. et L. Robert, , 1974, 574. P. Debord, op. cit., n. 55, p. 159-161.
  • [58]
    Deux nouveaux cas : Asklépiadès, emporos de Nicomédie, dans un décret des Aizanoi en Thrace (M. Adak, O. Atvuk, « Das Grabhaus des Zosimas und der Schiffseigner Eudemos aus Olympos », EA, 28, 1997, p. 20, n. 24) ; à Ravenne, épitaphe du nauclère Timocratès fils de Théomnèstos de Nicomédie, datée du IIe ou du IIIe siècle apr. J.-C. (SEG XXXII 1036).
  • [59]
    Pour compléter le seul exemple fourni par L. Robert, d’autres cas sont connus : IG V 1 1190 ; IG IX 2 1327 ; IG XII 9 1240 ; Archeologike Ephemeris, 68, 1929, p. 43, n° 11 ; Praktika Arch. Etair., 1966, p. 21, n° 21 ; E. Schwertheil, S. Şahin, « Neue Inschriften aus Nicomedeia und Umgebungen », ZPE, 24, 1977, p. 262, n° 5.
  • [60]
    OGIS 344 = I. Délos V 1705.
  • [61]
    IGR III 4 ; J. et L. Robert, , 1974, 572 à propos de S. Şahin, op. cit., n. 57, n° 6.
  • [62]
    G. Le Rider, Deux trésors de monnaies grecques de la Propontide, Paris, 1963.
  • [63]
    Sur l’œuvre de Dion Chrysostome, voir A. Gangloff, Dion Chrysostome et les mythes : hellénisme, communication et philosophie politique, Grenoble, 2006.
  • [64]
    Dion Chrysostome, Or., XXXVIII, 22 et 32. Traduction des passages et commentaire sur la signification de ce conflit entre deux cités grecques par A. Heller, Les bêtises des Grecs. Conflits et rivalités entre cités d’Asie et de Bithynie à l’époque romaine (129 a. C.-235 p. C.), Paris, 2006, p. 100-104.
  • [65]
    W. Weiser, Katalog der bithynischen Münzen der sammlung des Instituts für Altertumskunde der Universität Köln. I. Nikaia, Opladen, 1985.
  • [66]
    Pline le Jeune, Correspondance, X, 37-38 et 49-50.
  • [67]
    L. Robert, « La titulature de Nicée et de Nicomédie : la gloire et la haine », HSPh, 81, 1977, p. 1-39 = OMS, VI, p. 211-249. Les deux cités ont frappé des monnaies dont les légendes rappellent leurs néocories.
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