Couverture de DHA_452

Article de revue

Esclavage et dépendance

Chronique 2019

Pages 309 à 333

Notes

  • [1]
    Braudel F. (1961), « Stockholm 1960 », Annales ESC, 16/3, p. 497-500.
  • [2]
    Dans Corbino A., Humbert M., Negri G. (éds) (2010), “Homo, caput, persona”: la costruzione giuridica dell’identità nell’esperienza romana dall’epoca di Plauto a Ulpiano, Pavia, p. 435-490.
  • [3]
    Veyne P., Ramin J. (1981), « Droit romain et société : les hommes libres qui passent pour esclaves et l’esclavage volontaire », Historia. Zeitschrift für Alte Geschichte, 30/4, p. 472-497.
  • [4]
    Silver M. (2011), « Contractual Slavery in the Roman Economy », AHB, 25, p. 73-132.
  • [5]
    Dondin-Payre M., Tran N. (éds), Esclaves et maîtres dans le monde romain. Expressions épigraphiques de leurs relations, Rome (collection de l’École Française de Rome, 527), 2016.
  • [6]
    Tacite, Histoires, II, 10, 2-6.
  • [7]
    Caldelli M. L., Ricci C., “Monumentum familiae Statiliorum”, un riesame, Roma, 1999 ; Penner L., « Gender, Household, Structure, and Slavery. Re-Interpreting the Aristocratic Columbaria of Early Imperial Rome », dans R. Laurence, A. Stromberg (dir.), Families in the Greco-Roman World, London, 2012, p. 143-158.
  • [8]
    Versnel H. S., « Κόλαςαι τοὺς ἡμᾶς τοιούς ἡδέως βλέποντες – Punish those Who Rejoice in our Misery: on Curse Texts and Schadenfreude », dans D. R. Jordan, H. Montgomery, E. Thomassen (éd.), The World of Ancient Magic. Papers from the First International Samson Eitrem Seminar at the Norwegian Institute at Athens, Bergen, 1999, p. 125-162.
  • [9]
    G. L. Gregori, G. Bianchini, « Tra epigrafia, Letteratura e filologia. Due inedite meditazioni sulla vita e sulla morte incise sull’ossario di Cresto », dans M. Dondin-Payre, N. Tran (éds), Esclaves et maîtres dans le monde romain, Rome (collection de l’École Française de Rome, 527), 2016, p. 141-159.
  • [10]
    H. Solin, Die stadtrömischen Sklavennamen: ein Namenbuch, Stuttgart, 1996.
  • [11]
    A. Buonopane, G. Cresci Marrone, « Patrone e liberti nella Transpadana Romana », dans M. Dondin-Payre, N. Tran (éds), Esclaves et maîtres dans le monde romain, Rome (collection de l’École Française de Rome, 527), 2016, p. 163-184.
  • [12]
    1991, 811 et 2001, 1060.
  • [13]
    CIL V, 3590 : V(iua) f(ecit) // Dis Manib(us) : Curtiae C(ai) f(iliae) / Procillae/ patronaeoptimae / P(ublio) Alfio Alennio Maximo / Curtio Valeriano / filio Procillae / Curtia Callipolis lib(erta) / et sibi et lib(ertis) suis / utriusq(ue) sexus.
  • [14]
    Gaius, Institutions, I, 17-21.
  • [15]
    Digeste, XXXVIII, 4, 1 pr.
  • [16]
    Gaius, Institutions, III, 47 ; Ulpien, XXIX, 3. C. Mai Doria, “Bona libertorum”. Regimi giuridici e realtà sociali, Napoli, 1994, p. 446-449.
  • [17]
    CIL V, 5861 : C(aius) Geminio / Leandro : VIuir(o) sen(iori) patron(o) / et Geminiae Priuatae / Leandri patronae / et Geminiae / Tyches uxori suae / [et] Victori lib(erto) [suo ?] / [et] Chares li[b(erto)].
  • [18]
    InscrAq, 601 : Fabriciae / Seuerinae / ann(orum) XVI mens(ium) X / Hermes August(alium) / et VIuirorum ark(arius) / et Sentia Seuera parent(es) / l(ocus) d(atus) a Statiis.
  • [19]
    CIL V, 36.
  • [20]
    InscrAq 104.
  • [21]
    InscrAq 463.
  • [22]
    M. Béraud, Esclaves d’esclaves. « Vicarii » et « uicariae » dans le monde romain (iiie av. J.-C.–ive siècle apr. J.-C.), thèse sous la direction de N. Mathieu et J.-P. Guilhembet soutenue à Grenoble le 1er décembre 2018, notamment p. 171 ; F. Reduzzi Merola, “Servo parere”: studi sulla condizione giuridica degli schiavi vicari e dei sottoposti a schiavi nelle esperienze greca e romana, Napoli, 1990.
  • [23]
    CIL V, 878 ; InscrAq 518.
  • [24]
    CIL V, 1035 ; InscrAq 3269.
  • [25]
    Sénèque, Ad Lucilium, 47, 1.
  • [26]
    Tableau 9.10. CIL V, 1233 ; InscrAq, 1151 : Gauia Arche /u(iua) f(ecit) sibi et suis, /Q(uintus) Gauio Q(uinti) l(iberto) Ceriali, / fratri, / et Corinthiae, f(iliae), / et Corinnae, f(iliae), / Gauiae Iucundae, / matri, / Macedoni, patri.
  • [27]
    Gaius, Institutions, I, 84.
  • [28]
    CIL V, 6785.
  • [29]
    G. Corradi, InscrIt 1931, n. 10 (Eporedia).
  • [30]
    E. Schallmayer, Corpus des griechischen und lateinischen Beneficiarier-Inschriften des Rômischen Reiches, Stuttgart, 1990, p. 689, n. 896.
  • [31]
    G. Mennela, « Liberi, Liberti e schiavi in un dossier epigrafico da Eporedia (CIL V, 6785) », dans M. Dondin-Payre, N. Tran (éds), Esclaves et maîtres dans le monde romain, Rome (collection de l’École Française de Rome, 527), 2016, p. 215-225.
  • [32]
    E. Schallmayer, Corpus des griechischen und lateinischen Beneficiarier-Inschriften des Rômischen Reiches, Stuttgart, 1990, p. 822 recense près de 90 attestations d’inscriptions ayant pour destinataire le Genius loci.
  • [33]
    F. Cenerini, « La rappresentazione epigrafica dell’infanzia servile nella Regio ottava: alcuni esempi », dans M. Dondin-Payre, N. Tran (éds), Esclaves et maîtres dans le monde romain, Rome (collection de l’École Française de Rome, 527), 2016, p. 227-240.
  • [34]
    CIL XI, 178.
  • [35]
    G. L. Gregori, « Domnulo optimo et carissimo. La dedica funeraria di un tata per il suo pupillo (Roma, via Flaminia) », dans M. Dondin-Payre, N. Tran (éds), Esclaves et maîtres dans le monde romain, Rome (collection de l’École Française de Rome, 527), 2016, p. 243-252.
  • [36]
    H. S. Nielsen, « On the Use of the Terms of Relation Mamma and Tata in the Epitaphs of CIL VI », Classica & Mediaevalia, 40, 1989, p. 191-223 ; A. Sparreboom, « Wet-Nursing in the Roman Empire », dans M. Carroll, E. J. Graham (éds), Infant Health and Death in Roman Italy and Beyond, Portsmouth (JRA Supplementary series, 96), 2014, p. 145-158.
  • [37]
    CIL VI, 11395 ; 16578 ; 22802
  • [38]
    CIL VI, 16854.
  • [39]
    CIL VI, 5642 ; 10873 ; 15009 ; 16316.
  • [40]
    CIL VI, 16926.
  • [41]
    CIL VI, 9834.
  • [42]
    CIL VI, 10170.
  • [43]
    Servius, Commentaire sur l’Éneide de Virgile, II, 11.
  • [44]
    M. L. Caldelli, « Schiavi e padroni ad Ostia. Alcune riflessioni su un rapporto sociale ambivalente », dans M. Dondin-Payre, N. Tran (éds), Esclaves et maîtres dans le monde romain, Rome (collection de l’École Française de Rome, 527), 2016, p. 253-267.
  • [45]
    IPO A222.
  • [46]
    L. Chioffi, « Amans domini, opseq(u)ens amicis: vita da schiavi a Capua », dans M. Dondin-Payre, N. Tran (éds), Esclaves et maîtres dans le monde romain, Rome (collection de l’École Française de Rome, 527), 2016, p. 269-277.
  • [47]
    CIL I2, 1593 ; X, 4167.
  • [48]
    Cicéron, Philippiques, XI, 12-13 ; XII, 20 ; XIII, 2, 26, 37. Cf. R. Syme, « Who Was Decidius Saxa? », JRS, 27, 1937, p. 127-137.
  • [49]
    César, Bellum ciuile, III, 4, 4.
  • [50]
    M. B. Cocco, « La schiavitù nelle Sardinia. Sintesi dei dati alla luce della documentazione letteraria ed epigrafica », dans M. Dondin-Payre, N. Tran (éds), Esclaves et maîtres dans le monde romain, Rome (collection de l’École Française de Rome, 527), 2016, p. 297-318.
  • [51]
    Sinnius Capiton apud Festus, s. u. « Sardi uenales », 322M = 428-430L. Outre Sinnius Capiton on trouve le syntagme Sardi uenales également chez Cicéron, Ad Familiares, VII, 24, 2.
  • [52]
    Aurelius Victor, De uiris illustribus, LVII, 1-2.
English version

[XLIIe congrès du GIREA : Lectures contemporaines de l’esclavage : problématiques, méthodologies et analyses depuis les années 1990]

1Avec ce numéro, la chronique esclavage change de responsable. À bientôt quatre-vingts ans, Jacques Annequin a souhaité se retirer de cette responsabilité pour des raisons personnelles, après avoir nourri une réflexion continue, et quarantenaire sur la production historiographique relative à l’esclavage et aux différentes formes de dépendance. Depuis 1974 sous la forme de comptes rendus, de dossiers et enfin d’une chronique annuelle, il a analysé des ouvrages, des articles, des colloques et toute forme de réflexion sur l’esclavage antique et postérieur à l’Antiquité pour rendre compte des débats, proposer des lectures alternatives et rappeler sans cesse que l’étude de l’esclavage ne doit pas oublier que ce dernier est l’exploitation de l’homme par l’homme et non une identité abstraite dont les sociétés modernes pourraient faire l’économie de son étude pour mieux lutter contre. Modestement, je vais tenter de poursuivre avec le même esprit l’œuvre engagée par Jacques.

2Wroklaw a accueilli les 4 et 5 septembre 2019 le XLIIe congrès du GIREA sur le thème des Lectures contemporaines de l’esclavage : problématiques, méthodologies et analyses depuis les années 1990. Avec ce retour en Pologne après la tenue des colloques de Nieborow en 1975 sur L’esclavage dans l’Antiquité, de Kasimiertz (Cracovie), en 1980, sur L’influence de l’esclavage sur les comportements et les mentalités des hommes libres et celui de Jablona, organisé par l’université de Varsovie, en 1987, sur les Problèmes sociaux de l’Antiquité vus par les écrivains anciens, ce retour du GIREA en Pologne a été l’occasion, pour Wlodzimierz Lengauer et Francesca Reduzzi Merola, de rappeler l’histoire de ce réseau cinquantenaire – le premier colloque sur l’esclavage eut lieu à Besançon en 1970 – et le rôle que joua Isa Biezunska Malowitz dans la construction de ce réseau scientifique aux côtés de Pierre et de Monique Lévêque (Besançon) et d’Ettore Lepore (Naples) dans l'ouverture aux chercheurs de l’Europe centrale et orientale qui trouvèrent avec le GIREA la possibilité de diffuser leurs travaux et leurs méthodologies en Occident avec une perspective heuristique que Fernand Braudel appelait de ses vœux et souhaitait voir s’amplifier après les congrès du Comité International des Sciences Historiques (CISH) de Rome en 1955 et de Stockholm en 1960 [1] qui souleva dans le monde des antiquistes de vifs débats notamment sur les postulats et hypothèses de Moses Finley.

3Le thème choisi par l’organisateur de cette rencontre, Adam Paluchowski, avait pour objectif de s’interroger sur les lectures contemporaines de l’esclavage. À la fin du colloque, on pouvait dresser un bilan des interventions mettant en évidence trois ensembles de communications qui s’articulaient globalement à l’âge des intervenants ; les plus anciens traitant essentiellement de problématiques historiographiques, les plus jeunes réinterrogeant des corpus connus et la « classe » intermédiaire ouvrant de nouvelles pistes de recherche.

4Parmi les communications relevant du premier groupe, David Lewis s’est attaché à dresser un état de la question en classant une bibliographie essentiellement anglo-saxonne en trois grands groupes méthodologiques. Il détache d’emblée un groupe qu’il qualifie de « méthodologies comparatives » au sein duquel on va trouver des études sur les parallèles entre formes d’esclavage et ou de dépendance aux échelles diachroniques, synchroniques et géographiques. On trouve également des publications qui insistent sur des contextes contrastés dont son livre sur Greek Slave Systems in their Eastern Mediterranean Context (800-146 BC) fait état. La méthode comparative s’appuie également sur des analyses macro-causales où l’idée de système est centrale. Le propos s’est voulu libre de toute lecture a priori tout en remettant en question la lecture finléenne de l’esclavage en Grèce. Une comparaison avec les comptes rendus et chroniques de Jacques Annequin parus dans la revue Dialogues d’Histoire Ancienne (DHA) apporterait beaucoup au modèle interprétatif que David Lewis propose. Les constructions structurelles appliquées aux esclavages anciens permettent d’envisager une spécificité des études sur l’esclavage moderne où la comparaison verticale, c’est-à-dire chronologique, est délaissée pour une lecture culturelle par zones géographiques. Enfin, David Lewis s’interroge sur les enjeux épistémiques dans le champ des études sur l’esclavage. De fait de quoi parle-t-on aujourd’hui lorsque l’on s’intéresse à l’esclavage, d’approches globales, d’études comparatives, de cas spécifiques et comment peut-on associer ces trois démarches dans une perspective interactive ?

5Francesca Reduzzi Merola s’est interrogée quant à elle sur l’historiographie italienne contemporaine de l’esclave antique en soulignant qu’un panorama était impossible. Bien que pour rendre compte du dynamisme de la recherche italienne, essentiellement accessible à travers l’édition d’actes de colloques thématiques, elle a proposé de s’appuyer sur le volume collectif d’histoire juridique “Homo caput, persona”: la costruzione giuridica dell’identità nell’esperienza romana dall’epoca di Plauto a Ulpiano sous la direction d’Alessandro Corbino, de Michel Humbert et de Giovanni Negri, publié en 2010 dans le cadre du CEDANT de Pavie, pour souligner les questions nouvelles soulevées depuis plus de vingt ans désormais qui font dire aux spécialistes du droit romain qu’on ne peut rien écrire sans s’intéresser à l’esclavage. Dans cet ouvrage collectif, les différentes communications ont eu pour objectif de montrer les problématiques liées à l’identité d’un individu mais aussi à sa définition comme persona juridique qui ne recouvre pas totalement le premier aspect. L’esclave représente de ce point de vue un bon objet d’étude dans la mesure où le droit l’inscrit dans des catégories juridiques qui peuvent s’avérer contradictoires et voir l’esclave soumis à des injonctions paradoxales. Le statut de la personne pose aujourd’hui aussi la question du corps et sa prise en compte par l’historiographie contemporaine sur l’esclavage. Pour autant, une telle place du corps a-t-elle existé dans l’Antiquité et a fortiori lorsqu’il s’agissait de l’esclave ? Afin de montrer comment les problématiques contemporaines peuvent réinterroger les sources anciennes, Francesca Reduzzi Merola a choisi de discuter les hypothèses de Leo Pepe exposées dans son article « Fra corpo e patrimonio: obligatus, addictus, ductus, persona in causa mancipi[2] » dans le volume cité ci-dessus. Leo Pepe met en évidence l’existence du corps du sujet comme centre des manifestations de domination à l’instar du pouvoir exercé du corps du condamné, du corps de la femme, etc. Cette démarche semble mettre au second plan les rapports de dépendance et permet de reprendre des dossiers qui furent en leurs temps polémiques. C’est ainsi que Pepe reprend la question de l’esclavage volontaire à partir de l’article de Paul Veyne et de Jacques Ramin, « Droit romain et société : les hommes libres qui passent pour esclaves et l’esclavage volontaire » paru dans Historia en 1981 [3]. Si cette dernière hypothèse n’a pas rencontré un franc succès pendant une trentaine d’années, désormais, grâce à l’article de Pepe, on sait qu’il faut relire les sources tant littéraires que juridiques et prendre toutes les occurrences qui parlent de cette forme d’esclavage pour reconsidérer une hypothèse sans doute un peu maximaliste qui est celle de Morris Silver sur le nombre d’esclaves volontaires à Rome [4]. L’esclave est aussi intégré dans les réflexions d’historiens qui portent aujourd’hui sur le travail et le salariat urbain et agricole. L’ouvrage collectif, Storia del lavoro in Italia, paru en 2016 sous la direction d’Arnaldo Marcone synthétise notre connaissance sur le travail des esclaves, mais pose aussi de nouvelles interrogations sur l’identité sociale, sur les « grèves » dans le monde romain, sur le statut social des mercatores esclaves ou affranchis. Ces études historiques menées par des historiens se mènent en dehors d’une collaboration avec des juristes. Si le colloque de Pavie, note Francesca Reduzzi Merola, était un colloque de juristes, le livre sur le travail antique en Italie est l’œuvre d’historiens seuls. Est-ce le signe d’une rupture épistémologique entre historiens et juristes dans les études sur l’esclave antique alors qu’une collaboration féconde a toujours été à la source de notre compréhension de la complexité de la société romaine ? Il est sans doute trop tôt pour tirer une quelconque conclusion, mais la très forte et pointilleuse spécialisation des études historiques et juridiques complique toute tentative de synthèse.

6Domingo Placido Suarez s’est attaché à souligner la renaissance d’une pensée critique face à l’illusion d’une fin de l’histoire qu’aurait précipité la chute du bloc soviétique et la généralisation de l’économie de marché y compris en Chine. L’idée d’une fin de l’histoire, formalisée par Francis Fukuyama dans son livre La fin de l’histoire et le dernier homme paru en 1992 était déjà une idée partagée par les Anciens à l’instar de Tacite et de biens d’autres historiens antiques qui voyaient dans l’avènement du système impérial romain l’aboutissement de l’évolution politique de l’humanité. Chez les Modernes, cette idée fut féconde et des chercheurs comme Milton Friedmann ou Leo Strauss s’empressèrent de souligner que l’économie libérale libérait aussi les hommes. L’effondrement du « communisme » fut donc bien vite envisagé comme une libération des hommes soumis à une exploitation autoritaire. En libérant l’énergie économique les hommes accepteront la nouvelle société. Pour ce courant libéral il existe cependant une contrainte qui est celle d’accepter les élections démocratiques comme limitation de l’autoproduction néo-libérale. Cette contrainte est facilement contournée par le sentiment de la supériorité occidentale théorisée par Strauss et recyclée par Hanson lorsqu’il évoque la supériorité de la démocratie grecque sur les autres systèmes politiques du Bassin méditerranéen. Cette supériorité politique légitime chez les « faucons » néo-conservateurs américains, dès la présidence de Reagan, le sentiment d’une nécessité impérialiste pour libérer le monde en le contrôlant. Athènes devient ainsi le miroir des États-Unis au point qu’aujourd’hui le politiste Graham Allison qualifie de « piège de Thucydide » l’antagonisme qui oppose une puissance dominante à une puissance ascendante en prenant comme exemple la guerre du Péloponnèse. La montée en puissance de Sparte fit craindre une perte d’hégémonie d’Athènes qui précipita le conflit entre les deux coalitions. Ce modèle est parfois utilisé pour expliquer les tensions actuelles entre les États-Unis et la Chine. Graham Allison intègre donc des facteurs économiques que Hanson n’utilisait pas. L’effondrement du communisme et le triomphe actuel de la révolution conservatrice ont profondément modifié les rapports de force au sein du monde du travail. Si les individus sont « libérés » le travail l’est aussi. Or le travail est régi par des rapports de force qui font régresser les droits des « travailleurs ». Dans l’Antiquité ces rapports de force étaient contaminés par l’exploitation servile. L’« uberisation » du travail dans certains secteurs de l’économie conduit à un rapprochement des conditions sociales des plus pauvres et des plus fragiles socialement. Ce rapprochement se fait toujours au détriment de l’équité sociale et conduit à une perte de liberté pour les groupes les plus fragiles (classes populaires, auto-entrepreneurs, femmes, étrangers, jeunes, vieux…). Pour éviter que les classes moyennes ne soient affectées par ce processus de paupérisation et d’intérêt pour les idéologies anti-néo-libérales, les penseurs néo-conservateurs ont tenté de raccrocher ces classes moyennes aux intérêts des groupes dominants. Cette supposée conjonction d’intérêt entre les élites et le groupe médian au sein de la société était perceptible à Athènes avec l’instauration du misthos qui permettait aux citoyens d’être défrayés pour assister aux assemblées. La question du misthos comme salaire a été posée sur la base d’un travail qui ne peut pas être effectué en raison de l’activité politique. Mais le misthos c’est aussi une forme de libération vis-à-vis du travail qui est toujours perçu comme servile. Pour le citoyen, ne pas travailler c’est être libéré et que la richesse des riches profitaient aux pauvres comme une sorte de ruissellement comme le pensait Isocrate et comme le pensent encore certains de nos dirigeants. Au groupe des dominants et de leurs soutiens, on oppose les plus pauvres et les étrangers qui sont présentés comme des profiteurs, des concurrents, alors que le capitalisme moderne s’appuie sur la fragilisation de ces groupes pour affaiblir l’ensemble de la société tout en renvoyant l’idée de l’esclavage dans le passé. Pourtant, la baisse continue des salaires aux États-Unis et en Europe à partir de 1979 et la hausse du travail précaire ont entraîné une baisse de la consommation et des profits qui a conduit à une baisse de la qualité et des prix pour augmenter la consommation et les profits. Or ceci n’est possible que si l’on dérégule l’économie et ses constituants. Les États ayant de moins en moins de capacité à contrôler les mécanismes de l’économie, la globalisation et la dérégulation ont rapproché la valeur du travail de celle du travail servile. La précarisation du travail, en expansion depuis les années 1990, fait souvent croire à l’intérêt commun des entrepreneurs en introduisant une ambiguïté sur les rapports de dépendance et le lexique qui est associé. Domingo Placido Suarez note que ces nouveaux rapports de force se développent alors que les études sur l’esclavage antique semblent intéresser moins de chercheurs. Un des enjeux actuels et futurs est de réfléchir aux nouvelles formes de dépendances et à la contamination du travail libre par le travail servile. Ces questions doivent rendre les études sur l’esclavage transversales, comparatistes et diachroniques.

7Avec une perspective légèrement différente, mais avec de nombreux points de convergence, Adam Paluchowski rappelle combien, dans nos sociétés contemporaines, les formes de dépendance se sont développées, diversifiées et complexifiées au point qu’une nouvelle épistémologie quoiqu’encore embryonnaire est nécessaire. La déclaration des droits de l’homme de 1948 stipule en son article 4 que nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude, que la traite, l’esclavage pour dette, la traite des femmes et des enfants sont interdits. L’esprit sinon le texte de la déclaration fait de fait référence au contexte des sociétés agraires et ne pose la question de l’esclavage dans les sociétés industrielles auxquelles vont accéder bon nombre des sociétés encore rurales au sortir de la seconde Guerre mondiale. Cet article, fossilisé en quelque sorte, va rester rédigé et utilisé avec le même esprit depuis. Par ailleurs, l’effondrement du bloc soviétique à la fin des années 1980 a contribué à ne pas modifier les choses, l’ONU, sans doute touchée elle aussi par le syndrome de la « fin de l’histoire », continuant à utiliser un référentiel qui n’intègre que depuis récemment de nouvelles formes de dépendance (exploitation sexuelle, travail forcé, mariage forcé, etc.) qui touchent aujourd’hui plus de 40 millions de personnes à travers le monde dont 71 % de femmes selon le Global Slavery Index (https://www.minderoo.com.au/walk-free/ ; https://www.esclavagemoderne.org/2019/03/17/le-global-slavery-index-2018-la-fondation-australienne-walk-free-a-publie-son-global-slavery-index-2018/) qui est alimenté par les données de Walk Free et du BIT notamment. Une idée prégnante est que l’esclavage marchandise est éradiqué, bien que cette réalité ait refait surface avec la vente filmée par CNN de jeunes hommes africains en Libye en 2017. La complexité des situations et la multiplication des formes de dépendance créent un vide conceptuel sur lequel il faut réfléchir non pour bouleverser les définitions puisqu’elles restent globalement pertinentes mais pour les préciser. De ce point de vue les comparaisons entre mondes anciens et modernes peuvent révéler des convergences dynamiques, mais comparaison n’étant pas raison nous devons nous interroger sur la permanence de l’esclavage et des formes de dépendance au sein d’un système économique qui s’est justifié historiquement contre l’esclavage. En vérité, l’esclave est utile à son maître quel qu’il soit.

8Alberto Prieto Arciniega s’interroge quant à lui sur la contradiction apparente qu’il peut y avoir à voir le capitalisme actuel afficher son rejet de l’esclavage tout en acceptant son existence dans certains pays (Asie du Sud-Est, Inde, etc.) et pour certaines activités (prostitution, mines…) ; la prostitution, par exemple, pouvant se pratiquer en Occident avec des esclaves sexuelles amenées de force. La réalité de l’existence de formes de dépendance dans les pays les plus développés économiquement démontre qu’il n’y a pas incompatibilité entre une économie de marché et esclavage. Cette idée qui s’était pourtant largement répandue dans les combats anti-esclavagistes du xixe siècle a vite nourri, dès le milieu du siècle, une déception démocratique quant à l’espoir global de libération de l’individu, puisque les abolitions de l’esclavage ont vite été suivies par l’instauration du travail forcé au sein des empires coloniaux. De la même manière, on voit des figures de la révolte telles Pedro Blanco (1795-1854) passer de pirate à marchand d’esclave sur les côtes de Sierra Leone entre 1822 et 1838 pour alimenter le marché servile de Cuba pour les plantations. Ici aussi l’appât du gain aura le plus fort et aura eu raison de l’idéalisme de certains historiens et, comme disait Marx, de l’illusion du siècle. Un deuxième groupe d’interventions a permis de mettre en perspective des hypothèses nouvelles sur des réalités connues par ailleurs mais parfois non marquées par une approche anthropologique ou d’histoire globale. Rudy Chaulet montre que la question de l’esclavage en Amérique doit être posée non pas seulement au prisme de l’esclavage noir, mais doit intégrer celui des Indiens. En effet, il semble que l’esclavage des Indiens soit moins polémique dans l’historiographie anglo-saxonne puisqu’il renvoie à une pratique organisée par les Portugais et les Espagnols, ces derniers confiant la traite aux premiers depuis l’interdiction de l’esclavage par Charles Quint. Un ouvrage récent s’attache à décrire cet esclavage indien. Il est l’œuvre d’un historien américain aux origines hispaniques, Andrés Resendes qui publie The Other Slavery: the Uncovered Story of Indian Enslavement in America en 2016. Le livre connaît d’emblée un véritable succès aux États-Unis avec la mise en exergue des notions d’« Indian Slave », de « Mass Murder », d’« Hidden History » par Peter Nabokov dans la New York Review of Books ou encore celle où il parle d’« American Genocide » à propos de An American Genocide: The United States and the California Indian Catastrophe, 1846–1873 publié par Benjamin Madley. L’ouvrage de Resendes a ceci d’intéressant qu’il pose face à face la traite négrière et la réduction en esclavage des Indiens. Si la traite a donné lieu à une quinzaine de milliers d’études, l’esclavage indien n’a été abordé qu’à travers une vingtaine de monographies. Une idée intéressante quoique difficile à démontrer chez Resendes tient à l’hypothèse de l’auteur sur le lien modélisant qui existerait entre esclavage des Indiens et esclavage moderne.

9Deborah Kamen et Sarah Levin-Richardson ont quant à elles relu méthodologiquement les récits et témoignages sur l’expérience de l’asservissement en s’appuyant sur l’histoire des émotions et les théories de l’« agency ». Cette intervention a permis de s’interroger sur les perceptions, les interprétations et les restitutions testimoniales de ces expériences et notamment celles de la prostitution dans les sociétés modernes et antiques. Les lectures proposées lors de cette intervention ont permis de lire différemment les témoignages littéraires antiques et offert des pistes d’analyse où genre, fiction, auto-fiction, histoire, document et bien d’autres formes de collation de l’information peuvent être mobilisées pour essayer de comprendre au plus près et de manière renouvelée ce que furent les expériences serviles. Si les rares témoignages antiques nous sont parvenus par le truchement d’auteurs libres qui mettent en scène l’esclavage à l’exception notable d’Épictète, l’esclavage afro-américain et certains cas de procès par l’inquisition permettent d’accéder à des témoignages qui nous font mieux comprendre les ressorts de l’« agency » servile et de l’émotion d’individus que nos sources ont généralement réifiés. De ce point de vue, la lecture du Satiricon de Pétrone ou de l’Âne d’or d’Apulée reste fondamentale pour approcher, certes de façon médiatisée, les sentiments des esclaves.

10Le troisième groupe de communications s’est particulièrement penché sur des problématiques onomastiques et épigraphiques en lien avec la relecture des conclusions ou des hypothèses formulées sur des corpus partiellement ou largement connus, ainsi que sur l’émergence de nouvelles interrogations thématiques où la sociologie et l’anthropologie historiques trouvent une place plus centrale dans l’exploitation des corpora. Joanna Porucznik a ainsi proposé une réflexion onomastique sur les termes Σκύθης et Σκύθας. La première forme n’est attestée que 48 fois du vie siècle avant notre ère au iie siècle de notre ère. Quant au terme Σκύθας seules 24 occurrences onomastiques sont attestées du ve-ive siècle avant notre ère au iie siècle de notre ère. Au-delà de la constatation de la faible présence des termes désignant les Scythes dans l’épigraphie grecque et de leur association aux registres des mariages mixtes, de l’habillement et des xenia. Wojciech Pietruska s’est intéressé aux affranchis dans les inscriptions de Campanie à partir du iie siècle de notre ère en partant de l’hypothèse de Peter Garnsey sur les homines noui, sur la place et le rôle des affranchis dans la société campanienne. Il concentre son étude sur la diffusion des cognomina grecs et latins, sur les Augustales et sur les ornamenta decurionalia décernés à des affranchis (65 % contre 17 % à des ingenui) en dessinant une géographie influencée par l’activité commerciale, mais aussi par la prise d’intérêts des grandes familles aristocratiques et la famille impériale qui permettrait de comprendre la diffusion de certains gentilices dont ceux des familles impériales.

11Dominica Grzesik, pour l’analyse statistique des actes delphiques d’affranchissement, opère un calcul qui conduit à recenser 1 200 textes du iie avant notre ère jusqu’à la fin du ier après pour établir que 65 % des individus sont des affranchis (63 % de femmes et 37 % d’hommes dont 17 % sont des enfants des deux sexes) au iie siècle avant notre ère et qu’ils sont majoritairement originaires de Thessalie. Ces données posent de nombreuses questions sur le déclin des affranchissements, sur la répartition par sexe et sur l’origine géographique des affranchis. Lukasz Szelag, s’est intéressé aux inscriptions relatives aux actes d’affranchissement béotiens qui atteignent leur plus grand nombre entre le iiie et le ier siècle avant notre ère avant de connaître un déclin du moins en tant que témoignages épigraphiques. Un autre élément intéressant réside dans la distribution géographique de ces inscriptions au sein du koinon béotien qui est dissous au iie siècle avant notre ère, moment qui est marqué par le début d’une crise agricole et démographique et la disparition du dialecte béotien. Pour Lukasz Szelag, il existe un décalage dans l’impact de cette évolution. Les activités privées semblent être moins touchées. Globalement, les données épigraphiques posent plus de questions qu’elles n’apportent de réponses sur les mutations des sociétés de cette zone de la Grèce. L’arrivée des Romains joue sans doute un rôle qu’il faudra interroger.

12Antonio Gonzales note qu’il est toujours difficile de définir une école de pensée à partir des productions qui la constituent, car une étude peut s’avérer être un point de vue ponctuel sur tel ou tel phénomène sans pour autant faire système. Or, lorsque nous observons la multiplication d’un certain nombre d’études sur l’esclavage antique depuis la fin des années 1980, il faut bien convenir que malgré l’absence de revendication de méthodologie particulièrement renouvelée ou d’objectifs heuristiques affichés ces études s’intéressent d’abord à des individus pris dans leurs relations sociales interindividuelles et notamment, dans le cas des esclaves, dans des relations hiérarchisées qui n’excluent pas une certaine proximité affective. Les esclaves ou les affranchis développent des rapports d’affection envers leurs maîtres ou leurs patrons et vice et versa dans une perspective d’échange symbolique que célèbrent notamment les inscriptions funéraires. L’épigraphie a d’ailleurs investi cette problématique et a concouru d’une certaine manière à renouveler les études individuelles sur les liens entre maîtres et esclaves évitant de poser la question des textes formulaires et des rapports verticaux qui commandaient la réalisation d’une inscription vantant les mérites d’un esclave ou l’affection quasi paternelle d’un maître pour son ou ses esclaves. La floraison d’études ponctuelles sur des inscriptions isolées ou des corpus restreints et sur les formulaires épigraphiques a généré une impression descriptive qui semblait échapper à toute lecture méthodologique autre que celle que dicte une position néopositiviste qui ne voulait tirer de sens que de ce que le document nous disait. Une telle méthode s’est imposée contre les lectures marxistes et structuralistes qui étaient accusées d’avoir enfermé l’interprétation dans une grille analytique où le sens découlait du présupposé méthodologique qui fondait la démonstration. Du coup le caractère formulaire est passé au second plan, puisque ce qui retient désormais l’attention c’est ce que le texte nous montre et non pas ce que le texte nous dit réellement sur les rapports sociaux.

13En s'inscrivant dans cette perspective, les dix-huit études rassemblées dans le volume dirigé par Monique Dondin-Payre et Nicolas Tran, Esclaves et maîtres dans le monde romain. Expressions épigraphiques de leurs relations[5], analysent de manière descriptive des corpora épigraphiques pour tenter de dégager non une explication des relations mais des typologies. François Chausson insiste sur les questions quantitatives, sur celles de la proximité entre maîtres et esclaves avec un excursus sur le cas russe du xixe siècle et sur la spécificité des inscriptions qui « présentent un caractère direct, de première main, puisqu’il s’agit de documents qui émanent des acteurs et qui n’ont pas été déformés par un filtre littéraire : ce qui transparaît du texte épigraphique, c’est ce que l’esclave dit du maître, ce que le maître dit de l’esclave » (p. 9), mais pas forcément ce qu’il pense. Il est, bien entendu, impossible de lire l’état d’esprit du dédicant (dedicatus/a) dans une inscription qui obéit tout de même souvent à un registre formulaire qui masque sous une « rhétorique convenue » la réalité des relations sociales et affectives que portait aussi bien le maître à son esclave qu’inversement, même si, comme le rappelle fort à propos François Chausson (p. 9), la longueur de l’inscription, la qualité du support et de la gravure, le lieu d’affichage de cette inscription, etc. représentent un coût qui, à défaut de révéler les sentiments réels, montrent le lien que le dédicant veut maintenir dans le temps et d’un certain point de vue pour l’éternité avec le destinataire de l’inscription.

14La place des rapports d’esclavage du point de vue juridique est abordée à travers quatre études qui portent sur « la loi, la norme et l’usage dans les relations entre maîtres et esclaves à travers la documentation delphique (200 av. J.-C.-100 apr. J.-C.) », « le rapport maître-esclave et les modalités de manumission dans l’Empire romain », « Cittadini come domini, cittadini come patroni. Rapporti tra serui publici e città prima e dopo la manomissione » et « La désignation de la postérité. Autour de la formule libertis libertabusque posterisque eorum dans les inscriptions funéraires romaines ». Dominique Mulliez rappelle qu’il n’y a pas d’unité du monde grec dans le domaine de l’affranchissement et donc pas de formalisation juridique au sens romain. En apparence, les procédures d’affranchissement ne semblent pas affectées par l’intégration provinciale romaine, à l’instar de ce que Julien Fournier constate pour la petite cité phocidienne de Tithorée. Toutefois, Dominique Mulliez fait remarquer que si le poids de la tradition est attesté dans les transactions par le maintien de la mention d’une vente effectuée en mines, dès les années 20 du premier siècle de notre ère les textes mentionnent le denier et donc son utilisation pour certaines clauses liées à des obligations dues par l’esclave. Avec l’intégration romaine, on observe une diminution des esclaves étrangers au profit des esclaves « nés à la maison » (οἰκογενεῖς, ἐνδογενεῖς) et une augmentation des affranchissements imposant une paramona – Dominique Mulliez utilise la forme dialectale en usage à Delphes – qui oblige l’affranchi à rester auprès de son ancien maître jusqu’à sa mort puis de fournir un ou plusieurs de ses enfants pour le remplacer auprès des héritiers de son ancien maître. La condition du nouvel affranchi se définit donc avec un dosage de libertés et d’obligations « professionnelles », de liberté de mouvement et de résidence, voire avec l’imposition de clauses financières contraignantes (remboursement des dettes de son ancien maître dans le cas d’un prêt à intérêts ou non (eranos) ; dévolution de l’héritage de l’affranchi s’il n’a pas d’enfant à son ancien maître ; interdiction de la donation inter uiuos et de l’adoption ; obligation d’assurer les soins dus par les enfants à leurs parents ou γηροτροφία) qui prolongent la sujétion que plusieurs affranchissements, dans le cas de la paramona notamment, désigne par le verbe δουλεύω qui permet l’utilisation des châtiments pour l’affranchi qui ne respecterait pas les obligations fixées par son ancien maître. Les liens esclavagistes ne sont donc pas totalement effacés et peuvent rejaillir violemment avec les clauses qui maintiennent le droit de vente par l’ancien maître des enfants de l’affranchi dans le cadre de sa paramona. En fait, la réalité de l’esclavage et de l’affranchissement à Delphes comme ailleurs dans le monde des cités grecques ou au sein de l’empire romain est soumise à une tension entre l’esclavage comme institution et les liens qui régissent au final les relations entre un maître et ses esclaves ou ses affranchi(e)s. Si la loi existe et si elle demeure prescriptive, la réalité quotidienne montre qu’elle est aussi indicative et qu’au final c’est le maître qui décide, ce que le droit romain à travers la dominica potestas a parfaitement formalisé.

15Dans « le rapport maître-esclave et les modalités de manumission dans l’Empire romain » Egidio Incelli insiste sur l’apport de l’épigraphie qu’il envisage sous la forme d’une lecture appropriée d’un corpus déjà bien connu et étudié mais pas recensé sous cet angle. Si, sur les inscriptions, les maîtres comme les esclaves n’ont pas intérêt à révéler pour les premiers la procédure d’affranchissement suivie et pour les seconds leur statut, les papyri seraient d’un grand recours car maîtres comme esclaves ont ici tout intérêt à consigner la procédure adoptée et les engagements de l’affranchissement. Pour l’auteur, face à une augmentation « inquiétante » du nombre de manumissions, les réformes de l’affranchissement par Auguste et ses successeurs ont conduit au confinement des affranchis dans les tribus urbaines et à leur désactivation politique en lien avec la perte d’influence des assemblées. Dès lors, « le choix d’une procédure d’affranchissement plutôt que d’une autre se fonde donc, à partir de cette époque, sur deux critères seulement : le profit et le sentiment » (p. 32).

16Franco Luciani quant à lui propose une synthèse s’appuyant sur les travaux les plus récents qui mettent en évidence les liens entre les serui publici et l’administration des cités dont ils dépendent avant et après leur affranchissement. Dans le municipe d’Irni, la lex municipalis stipule que l’affranchissement d’un esclave public se fait dans le cadre de l’assemblée des décurions dont les deux tiers des membres doivent être présents sous la direction des principaux magistrats de la cité, ici les duouiri iure dicundo. Cette manumission n’est effective qu’après que l’esclave a versé le montant de la somme décidée par l’assemblée des décurions. L’esclave, liber et Latinus devient municeps municipi Flaui Irnitani et continue à servir sa cité sous le statut de libertus publicus. Ce processus devait être celui en cours dans la plupart des cités et permet de mieux comprendre comment le passage du statut de seruus publicus à libertus publicus s’opérait. Pourtant, les liberti publici devaient accepter leur maintien dans des activités serviles parce qu’elles leur permettaient de bénéficier d’une certaine reconnaissance professionnelle. Les autorités municipales devaient de même favoriser ce maintien afin d’assurer la continuité gestionnaire avec des compétences déjà connues. Cet « intérêt mutuel » permettait le maintien d’une tutelle de la cité sur ses anciens esclaves comme le montre l’obligation de l’obsequium dû par le libertus ciuitatis envers la res publica ou comme l’atteste également, sur le modèle de celles réalisées pour l’empereur ou la famille impériale, les dédicaces faites par des serui ou des liberti publici à titre privé ou collectif au genius de la cité, du populus (ou municipes) ou de l’ordo decurionum désignés comme dominus ou domini. Les serui publici pouvaient de la même manière avec l’autorisation de leur dominus, en l’occurrence les decuriones, pratiquer des actes évergétiques avec dédicace pro salute ordinis et populi. À la différence d’Alexander Weiss qui voit dans ces pratiques évergétiques un acte de loyauté, mais aussi un acte d’auto-représentation et d’adhésion des serui et des liberti publici aux modèles défendus par les élites municipales, Franco Luciani émet l’hypothèse, sans doute plus concrète, d’une stratégie qui vise à échapper au pecuniam dare ou soluere qui oblige les affranchis de la familia publica à verser une certaine somme, fixée par l’ordo decurionum au titre des operae et de l’obsequium, en échange de leur liberté.

17Nicolas Laubry aborde la question du droit au tombeau et des relations entre patrons et affranchis en dehors des grandes gentes et des columbaria urbains. En s’appuyant sur la formule libertis libertabusque posterisque eorum (aux affranchis et affranchies ainsi qu’à leurs descendants) dont plus de 2 600 mentions ont été découvertes à Rome dont les plus anciennes remontent au milieu du ier siècle avant notre ère. L’existence de clauses d’exclusion envers les ingrati confère au droit au tombeau une importance qui ne relève pas que du symbolique. Les patrons fondateurs de ces tombeaux désignaient plus ou moins explicitement les destinataires. Contrairement à ce qui se pratiquait en matière de transmission de la propriété et du patrimoine qui obligeait les affranchis à restituer à la famille du patron tout ou partie de leur héritage, les affranchis se voyaient ouvrir la possibilité d’intégrer leur descendance mâle directe de génération en génération dans ce droit au tombeau, droit équivalent à celui que le patronus pouvait accorder lorsqu’il léguait la propriété ou l’usufruit de terres ou de biens immobiliers constituant les alimenta. Les affranchis pouvaient se voir délivrer un iter ad sepulcrum qui leur permettait soit de se substituer, soit d’effectuer, parallèlement aux descendants du fondateur du tombeau, les sacra nécessaires en échange de quoi ils percevaient des alimenta. Pour autant, ces droits n’empêchaient pas les liens de dépendance qui unissaient l’affranchi à son ancien maître. D’ailleurs, si les alimenta constituent un effet du beneficium, en échange, l’affranchi pouvait se voir retenu à proximité du tombeau afin d’assurer des sacra que les descendants du pater familias ne pouvaient pas assurer. C’était pour le défunt un moyen de rappeler le statut de dépendance avec l’obsequium et les operae qui vont avec.

18Dans une deuxième partie consacrée au « monde servile face aux hommes, aux dieux, à la mort », Christine Hamdoune s’intéresse à « l’épitaphe versifiée d’un esclave de la familia de Juba II », un dénommé Salvius dont l’épitaphe appartient au genre des carmina en distiques notamment ceux de Cherchell de la même époque (ier siècle de notre ère). Les deux premiers distiques concernent le défunt et le dernier est relatif aux conserui qui ont prononcé les formules rituelles. Les épitaphes d’esclaves pour des esclaves sont rares et l’auteur n’en recense que six exemples en Afrique à côté des épitaphes où le dédicant est un libre qui dédie pour un défunt esclave. Ainsi, à Césarée, on trouve l’épitaphe d’un uerna de la gens des Vibii, Philo, dédiée par son père, affranchi de Lucius Vibius Secundus, sans doute le procurateur accusé de concussion [6]. À Carthage, quatre poèmes probablement du début du iie siècle de notre ère mettent en scène les épitaphes d’esclaves par leurs compagnons esclaves ou affranchis impériaux. L’auteur relève six poèmes en distiques. Bien que ces épitaphes ne contiennent ni praescriptum ni subscriptum, elles concernent sans aucun doute des esclaves. L’auteur relève également dans la familia impériale cinq inscriptions d’épitaphes avec distiques. Le columbarium des Statilii livre quant lui six poèmes parmi les 428 épitaphes d’esclaves ou d’affranchis. Si l’essentiel de ces épitaphes concerne des esclaves de la familia impériale ou des grandes gentes, elles sont le fait de dédicants proches du défunt familialement (frater, soror) ou par communauté de destin (conseruus, amicus) et sont rarement le fait d’une dédicace collective ce qui souligne néanmoins la possibilité de l’existence de collèges funéraires (collegium commorientium des esclaves et affranchis des Statilii).

19Cyrielle Landrea étudie les esclaves de la gens patricienne des Valerii Messalae entre le ier siècle avant et le ier siècle après J.-C. et montre qu’en dépit de l’importance de cette gens et de ses liens avec la domus Augusta les informations sont rares. C’est dans le matériel épigraphique du monumentum des Claudii Marcelli puisque Claudia Marcella minor fut l’épouse de Marcus Valerius Messala Barbatus Appianus (cos. -12) et dans le columbarium des Statilii[7] puisque cet ensemble funéraire a été utilisé jusqu’à Statilia Messalina dernière épouse de Néron que l’on va trouver des informations sur la gens des Valerii Messalae et de certains de leurs esclaves. Si de nombreux témoignages funéraires nous montrent qu’esclaves et affranchis sont actifs dans l’entourage des maîtres et de la familia comme l’esclave Tyrannus, nomenclator (huissier) de Potitus Valerius Messala, les affranchis peuvent avoir des fonctions officielles à l’extérieur de la domus comme Marcus Valerius Philargurus, Messalae libertus, qui a été viator (appariteur) du collège des augures auquel appartenait Marcus Valerius Messala Corvinus (cos. -31). La multiplication des exemples puisés dans les inscriptions des columbaria où les Messalae sont présents montre que leur entourage servile et affranchi, hommes et femmes confondus, occupe une place importante dans des secteurs d’activité privée (paedagogus) et publique (a commentariis), urbaine (pedisequa) ou rurale (dispensator, uillicus). Les liens qu’entretiennent certaines branches de la gens des Messalae comme celle des Messalae Barbati avec la domusAugusta entraînent pour les dépendants des destins particuliers comme celui d’intégrer le columbarium Marcellae après avoir pu, pour certaines esclaves affranchies, être uni à des affranchis impériaux par exemple mais pas obligatoirement. Cyrielle Landréa montre que les relations entre ancien maître et ancien esclave, entre patron et affranchi, ne sont pas toujours des relations de domination. Lorsqu’Aurelius Cotta dédie à son affranchi un monument il n’oublie pas de rappeler que c’est lui qui a fait de Zosimus ce qu’il était devenu, il loue sa propre dignitas.

20Antón Alvar Nuño place d’emblée son étude dans une perspective de renouvellement des conclusions que l’historiographie traditionnelle a portées sur les defixiones. Parmi les apports de cette étude, il faut noter que les defixiones, un peu plus de 600 conservées pour la partie occidentale du monde romain, d’esclaves contre leurs maîtres sont peu nombreuses eu égard au nombre global des textes de malédictions retrouvés [8]. Or, si l’« imaginaire » a voulu faire de cette relation verticale inversée (de l’esclave vers le maître) une constante de la pratique magique antique, il semble bien que les defixiones étaient d’abord et principalement effectuées dans une relation sociale horizontale. L’auteur ne recense que deux cas de defixio d’un esclave envers son maître dont le cas de Politoria pour la partie occidentale de l’empire. Cette rareté s’explique en partie par le fait que le defigens – celui qui réalise ou commande la defixio – est rarement mentionné et lorsqu’il est on ne peut pas toujours donner son statut juridique et social. Une partie des interrogations peut être résolue en recourant à l’observation de pratiques identiques dans des contextes similaires mais en des lieux et des époques différents. Longtemps rattachées à l’expression biologique d’une émotion, la defixio apparaît désormais comme une expression ritualisée, médiatisée et rhétorique qui l’éloigne de la spontanéité émotionnelle et la place sous le contrôle du réalisateur de la defixio qui exclut les pratiques d’envoûtement des maîtres par des esclaves.

21S’attachant aux dédicaces serviles pour le genius des maîtres, Simona Antolini et Silvia Maria Marengo cherchent à montrer que le lien traditionnel, dans le mos maiorum, entre dominus et seruus quant à la dévotion due au genius du maître obéit à une structuration très forte des relations sociales au sein de la domus. Cette dévotion qui se traduit par des offrandes (baumes, encens, fleurs, miel) et des prières devait obéir à un rituel scrupuleux dont la transgression conduisait à une condamnation certaine, renforçant ainsi le caractère sacré et juridique de la dépendance de l’esclave vis-à-vis de son maître. 26 dédicaces personnelles à des maîtres privés ou des empereurs sont recensées entre le milieu du ier siècle et le iiie siècle de notre ère réparties en Italie et en Narbonnaise. La dédicace est le plus souvent individuelle mais il y a des cas de dédicaces collectives. De même, si le dédicataire est unique, il peut être collectif comme dans le cadre des serui communes où tous les maîtres sont nommés. Les serui publici offrent également des dédicaces au genius decurionum et populi, à celui des colonies ou des municipes, des uici et des pagi dont ils dépendent, mais aussi dans le cadre de la familia Caesaris, par exemple, au genius de la familia ou encore au genius collegi Augustalium… Les dédicaces indirectes sont peut-être le signe d’un déplacement du dédicataire principal qui est le dominus vers la sphère d’activité représentée par le genius alicuius rei pro salute domini qui ouvre la voie à une abstraction dont les affranchis useront pour continuer à honorer leur patron. Gian Luca Gregori et Gianmarco Bianchini [9] soulignent que les dédicataires – Chrestus, Primigenius et Arescusa – portent des cognomina fréquemment donnés à Rome aux esclaves et aux affranchis à partir de l’époque augustéenne [10]. En l’absence de données biographiques si ce n’est le décès de Chrestus que le texte D mentionne dans l’adprecatio Dis Manibus, Haue Chreste et uale Chreste, les auteurs conjecturent un possible lien familial de ces conserui : Chrestus serait le père, Arescusa la mère et Primigenius le fils. La dédicace proprement funéraire est très réduite. Le développement sans doute inspiré par Chrestus insiste plutôt sur la nécessité de se réunir pour boire et banqueter (texte B et C) en glorifiant la beauté de la vie (texte E) et donc la mémoire du défunt.

22Dans une troisième partie qui comporte des études régionales, Alfredo Buonopane et Giovannella Creci Marrone portent leur attention sur les relations entre patronnes et affranchis en Transpadane romaine (regiones augustéennes X Venetia et Histria et XI Transpadana) en s’appuyant sur l’étude de l’épigraphie lapidaire [11]. Le patronage féminin touche toutes les couches de la société y compris les plus élevées comme le montre la dédicace qu’offre Curtia Callipolis à Vérone pour sa patronne Curtia Procilla [12], sacerdos de la Diua Plotina qui reçut pour cela une statue sur le Capitolium véronais, pour son fils sénateur, mais aussi pour elle-même et pour ses affranchis des deux sexes [13]. L’inscription montre la dynamique sociale à l’œuvre dans cette partie septentrionale de l’Italie où des esclaves peuvent être affranchis et avoir des esclaves qu’ils affranchissent à leur tour avec un rythme qui paraît s’accélérer durant les deux premiers siècles de l’Empire, bien qu’il faille nuancer ici en fonction du nombre d’inscriptions permettant de défendre une telle hypothèse entre la regio X (303 inscriptions sur près de 12 500) et la regio XI (38 sur près de 3 000). Si les hommes pouvaient se voir concéder la possibilité, selon les dispositions de la lex Aelia Sentia[14], d’accorder la liberté à leur esclave concubine grâce à la manumissio matrimoni causa, les femmes ne pouvaient pas épouser leur esclave mais pouvaient transmettre leur nom et leur succession par l’adoptio à condition qu’elles soient suis iuris. En effet, si les femmes peuvent hériter dans le cadre ab intestato et si elles sont filles ou petites-filles en ligne masculine ou épouse in manu elles pouvaient participer en tant qu’heredes suae à la succession des biens du pater familias, mais elles ne pouvaient disposer des esclaves sans une tutelle agnatique qu’un senatus consultum d’époque claudienne avait renforcé en stipulant que le pater familias pouvait transmettre son droit de patronage à un ou plusieurs de ses fils légitimes [15]. De même, si l’époux avait, selon les dispositions de la lex Iulia Papia, le droit de propriété sur tous les biens de son épouse, l’origine dotale permettait aux femmes de pouvoir affranchir leurs seruae personnelles. Les dispositions du ius trium ou quattuor liberorum ont dû favoriser l’émancipation de la patronne de la tutelle masculine familiale [16]. Le patronage féminin peut s’inscrire ainsi dans une chaîne d’obligations qui peut conduire un ou une affranchi(e) à honorer et accueillir sa patronne ou la patronne de son patron comme l’atteste une inscription de Mediolanum dans laquelle Caius Geminius Elegans accueille dans la sépulture familiale la patronne de son patron [17]. Pour autant, les patronae ne reçoivent pas encore directement l’obsequium ou la reuerentia, mais elles peuvent être honorées dans le cadre des honneurs rendus à une autre personne, bien que les affranchis doivent également assurer les operae fabriles ou les operae officiales pour leur ex domina. Enfin, certaines inscriptions montrent que lorsque l’on célèbre les patronae on le fait en célébrant leur environnement masculin (grand-père, père, mari), ce qui limite sans aucun doute le cadre de leur autonomie tant à titre posthume que lors de leur vivant.

23Claudio Zaccaria s’attache à analyser les rapports entre l’esclave et son maître à partir de témoignages épigraphiques de la région d’Aquilée. Aujourd’hui, sur près de 4 300 inscriptions pour cette région ce sont près de 1 500 inscriptions qui concernent des esclaves ou d’anciens esclaves que l’auteur répertorie dans un tableau organisé autour de grandes catégories (p. 185-186) qui s’interpénètrent dans la réalisation de certaines activités administratives ou gestionnaires parmi lesquelles on peut distinguer ici les activités des serui rei publicae Aquileiensium (tableau 2, p. 188-189), celles des serui sociorum et conductorum publici portorii, des serui conductorum ferrariarum Noricum et des serui libertatis (tableau 3, p. 191-192), celles de certains serui de la familia Caesaris (tableau 4, p. 193), mais aussi de serui domestici (tableau 8, p. 204-206), de serui privati (tableau 9, p. 208-211), etc. L’analyse de ces inscriptions fait apparaître que dans le domaine public les Augustales et les seuiri sont organisés sur la base d’un véritable ordo à l’instar d’un ordo decuriorum avec des esclaves dédiés comme on peut le noter dans la mention d’un arkarius Augustalium et seuiriorum dans une inscription par ailleurs complexe quant aux liens familiaux qui y sont exposés [18]. On trouve parmi les différentes fonctions occupées par des esclaves au service de l’administration romaine un uicesimae libertais seruus chargé de la perception de la taxe due au moment de l’affranchissement [19]. Les esclaves de la familia Caesaris, à l’exception de ceux qui furent attachés à la présence de Marc Aurèle et de Lucius Verus lors des campagnes contre les Quades et les Marcomans (un unctor et un medicus), sont très majoritairement des esclaves liés à la gestion des domaines impériaux dans la région comme l’atteste la présence d’un esclave d’affranchi impérial avec la fonction de tabularius[20] et d’un adiutor tabulariorum rationis patrimoni[21], mais aussi de nombreux uicarii[22]. Le recensement des inscriptions fait également apparaître des esclaves au service des grandes familles de rang sénatorial ou équestre (tableau 5.1) [23]. Globalement, si les inscriptions font apparaître une certaine diversité professionnelle parmi les membres des familles serviles, ce sont surtout les fonctions de dispensator et d’actor dont un actor bonae fidei[24] qui se détache. Celles-ci traduisent aussi le rôle de ces esclaves qui assurent pour leurs maîtres la gestion et/ou la comptabilité des activités générées par les propriétés, ce qui a pu conduire à des rapports d’une certaine confiance pour que le maître qualifie son esclave de fidelissimus seruus ou de seruus rarissimus. Si les esclaves et les affranchis partagent des collèges religieux et financent des autels ou des dépôts votifs, il arrive aussi que des esclaves fassent des dédicaces votives pour leurs maîtres ou qu’inversement les maîtres fassent des offrandes votives pour leurs esclaves voire qu’esclaves ou affranchis et maîtres s’unissent pour des offrandes communes qui traduiraient le familariter cum seruis uiuere[25]. Cette familiarité est soulignée lorsque les esclaves sont des uernae (tableau 8.1), des favoris (delicati/ae, puer, tableaux 8.2 ; 5.13) qui sont parfois considérés comme des membres de la famille (alumni/ae, tableau 8.3) et sont inhumés dans le tombeau familial. Ces liens « familiaux » peuvent parfois être complexes comme dans le cas de la généalogie servile sur trois générations présentée par le monument funéraire (stèle pseudo-architectonique avec fronton triangulaire décoré d’un gorgonéion et de lionceaux acrotères) élevé par Gavia Arche de son vivant pour elle et les siens [26]. L’épouse est fille d’une ingenua, Gavia Iucunda dont elle porte le gentilice et d’un esclave nommé Macedo. Elle-même comme les deux filles connues sous leur seul cognomen semblent être ingénues, alors que le frère Q. Gavius Q. L. Cerialis est clairement un ex-esclave affranchi par un certain Q. Gavius, père ou parent de Gavia la mère des trois enfants mentionnés dans cette inscription. La différence initiale de statut est peut-être due à une pactio entre Iucunda et le maître de Macedo, à la suite de quoi elle est restée ingénue et ses filles ont reçu l’ingenuitas alors que le fils a conservé avant son affranchissement le statut servile du père [27]. Finalement, ce que les maîtres aiment chez leurs esclaves c’est leur frugalitas, leur capacité à sine crimine seruire.

24Giovanni Mennela reprend, avec une grande rigueur méthodologique qu’il expose continûment, l’étude d’une inscription publiée par Mommsen en 1858 [28], par Giuseppe Corradi en 1931 [29] et Egon Schallmayer en 1990 [30] et nous offre une nouvelle réflexion sur la place des esclaves et des affranchis à Eporedia (Ivrea, CIL V, 6785) [31]. Il distingue quatre sections dans l’inscription où les individus portent dans l’ensemble les tria nomina les définissant comme des libres ou des affranchis. La présence de libres et d’esclaves mais aussi d’un beneficiarius legati Augusti encore en activité hors d’Italie dans une même dédicace remet en question le possible vœu d’une sodalité, mais n’empêche pas de penser à un regroupement de donateurs dont nous aurions ici la liste autour d’un personnage important pour rendre hommage à un Genius loci ou municipi[32] qui mettra en valeur le commanditaire.

25Francesca Cenerini étudie la représentation épigraphique des enfants de moins de sept ans dans la VIIIe région augustéenne [33], bien qu’il soit difficile de les identifier y compris iconographiquement puisque si les enfants esclaves ne pouvaient porter la bulla tous les enfants libres ne sont pas forcément représentés avec celle-ci. Ces jeunes enfants dont certains bénéficient d’un carmen funebris alors qu’ils ont à peine un an sont certes choyés par leurs parents auxquels le maître accorde la possibilité de les qualifier de parentes sur l’inscription, mais ils deviennent, comme sur une stèle de Modène dédiée par un affranchi à son delicatus, l’objet d’une revendication de statut social, phénomène assez répandu semble-t-il à partir du premier siècle de notre ère. Parmi les documents analysés la stèle monumentale des Firmii, divisée en quatre registres iconographiques et épigraphiques, constitue un objet d’étude intéressant. Sur le tympan de la stèle à pseudo-édicule on trouve une niche abritant un caput puellae[34] identifié avec Firmia L. l. Prima. Sous elle on trouve une niche accueillant un couple (L. Firmius L. l. Princeps, Firmia L. l. Apollonia) avec une petite fille. Le texte s’étend sur deux lignes pour bien respecter le lien entre onomastique et figuration. Sous ces inscriptions court, sur une seule ligne, le nom de la petite fille que porte sa mère, Lezbiae filiae puis sibi et suis de pecun(ia) s(ua) u(iua) f(ecit). Firma Prima et Firma Apollonia sont deux affranchies. Il semble que l’habitus épigraphique permette de dire que Firma Apollonia est la commanditaire du monument qu’elle dédie également à une colliberta et à un collibertus, car tous les trois sont L. l. Si le collibertus est dit maritus, le simplex nomen de Lezbiae la qualifie peut-être d’esclave, car elle a dû naître non d’un iustum matrimonium mais d’une union alors que la mère était encore esclave. Nous avons ensuite une troisième niche avec les portraits de deux iuuenes nés libres, deux frères sans doute, M. Latronius Sal. F. Secundus et Sal. Latronius Sal. F. Saturninus, encore vivant comme le stipule le double V gravé sur les bustes nus des deux portraits. Enfin, nous trouvons à la base de la stèle une niche abritant le portrait d’un puer u(iuus), Speratus qualifié de uerna qui est accueilli dans sa future sépulture en vertu du ius mortuum inferendi permettant à un « étranger » à la famille de bénéficier de la sépulture familiale.

26À l’occasion des fouilles qui ont été menées à Rome entre le ve et le vie milliaire de l’antique via Flaminia et qui ont permis de restituer la monumentale inscription du mausolée de Marcus Nonius Macrinus ainsi que la mise au jour de nombreuses stèles avec des inscriptions funéraires de soldats prétoriens de la milice urbaine, la dédicace d’un tata – Lucius Modius Urbanus – pour son protégé – Lucius Modius Nicephorus – a attiré l’attention de Gian Luca Gregori [35]. L’inscription – L. Modio / Nicephoro / domnulo optimo et / carissimo / uix(it) ann(is) VI, / mensib(us) IX, dieb(us) XXII ; / L. Modius Vrbanus / tata fecit – laisse supposer que la dédicace a été effectuée sans doute par un affranchi pour son protégé, fils de son ancien maître, puisque l’enfant comme le dédicant portent le même gentilice, Modius, qui est rarement associé à Lucius à Rome (p. 245). Les termes tata et mamma[36] peuvent cacher des liens de quasi-parenté entre des parents adoptifs ou un patron qui se porte tata dans le cadre d’une union illégitime entre esclaves par exemple. Si l’on trouve aussi de nombreuses inscriptions où le père et le tata, rôle tenu ici par le maître ou le patron, dédient ensemble le tombeau d’un enfant [37], on trouve aussi des inscriptions où le rôle du tata est tenu par un affranchi [38]. Il arrive même que le tata soit un membre extérieur à la familia[39] ou que l’on ait une dédicace faisant mention du père, de la mère, du frère, du tata, de la mamma et du tatula[40]. La possibilité d’associations complexes de dédicants unissant famille génitrice et famille large rend la dédicace à Lucius Modius Nicephorus plus intéressante encore puisque nous avons ici la dédicace par le seul tata. Cette inscription permet, par ailleurs, de s’intéresser aux liens connus entre nutricius (tuteur), nutritor (précepteur) et tata bien que les témoignages épigraphiques urbains soient moins nombreux que pour nutrix, mais soulignent la possibilité pour un affranchi [41] ou un libre [42] de jouer le rôle de tuteur d’un alumnus[43] au sein d’une famille équestre ou sénatoriale, ce qui ne se rencontre pas dans le cas du rôle de tata. Gian Luca Gregori précise que si l’on peut trouver dans une inscription la mention d’un tata et d’un nutricius, jamais on ne trouve conjointement celles d’un tata et d’un nutritor. Hormis quelques exceptions, ces trois fonctions sont occupées soit par des esclaves, soit par des affranchis. Si la première mention de tata remonte à Varron, celle de nutricius n’est pas antérieure à l’époque césarienne et nutritor est connu dès le début du Haut Empire. Seule la fonction de nutritor sera encore attestée dans l’épigraphie tardo-antique et chrétienne.

27Maria Letizia Caldelli s’appuie sur un corpus de 80 inscriptions funéraires mettant en relation des maîtres et des esclaves à Ostie pour analyser la complexité des relations sociales dans la société du Haut Empire [44]. D’emblée elle souligne le faible pourcentage que représente ce type d’inscriptions (1,68 % du total) dans une cité qui a dû avoir 10 000 habitants vers la fin de l’époque républicaine et entre 27 000 et 50/60 000 habitants à l’époque postérieure à Trajan. Un point saillant est représenté par les 57 inscriptions sur 80 citant des uernae dont 28 sont des dédicaces de domini pour des uernae morts pendant l’enfance avant l’anniversaire des 10 ans pour 18 cas sur 28. Le uerna est qualifié de dulcissimus/-a, benemerens, pientissimus/-a ou carissimus/-a. Les dédicants sont des hommes et des femmes au statut incertain, mais on trouve des affranchi(e)s qui construisent des mausolées familiaux destinés à les accueillir ainsi que certains de leurs esclaves et affranchis. Maria Letizia Caldelli termine son étude par la mention d’une inscription qui marque la tombe héréditaire que Scribonia Attice fait construire, au milieu du iie siècle de notre ère, pour elle-même, son mari, M. Ulpius Amerimnus, sa mère, Scribonia Callityche, un esclave, Diocles, des affranchi(e)s et leurs descendants, mais qui exclut expressément les esclaves Panaratus et Prosdocia parce qu’ils ne le méritent sans doute pas [45].

28Si l’esclave est une res animée et pensante pour Laura Chioffi [46], il faut l’entendre plutôt comme un individu que l’on a réifié et non une chose. Ce lien, grâce à l’affranchissement, renforcerait le lien entre dominus et seruus et bénéficierait non seulement aux intéressés, mais aussi à l’ensemble de la collectivité en incitant la productivité et la cohésion de catégories sociales diverses. En s’appuyant sur un certain nombre d’inscriptions capouanes, l’auteur offre une typologie axée autour de l’esclave idéal comme Hilari Clodi / M(arci) s(erui) o(ssa) h(ic) s(ita) s(unt). / Vixsit ( !) annos / XXII amans / domini, opse/quens (!) amicis[47] dont l’épitaphe cherche à placer sur un pied d’égalité les liens d’obsequium et les liens d’amicitia qui sont le moyen d’obtenir des avantages dans une relation pourtant asymétrique.

29Le poids des héritages culturels et de l’histoire romaine est bien présent dans l’onomastique funéraire du sud de l’Italie. Marina Silvestrini étudie plusieurs inscriptions du ier siècle concernant des affranchis et des esclaves portant des noms hellénisants ou étrusques comme dans le cas du gentilice Caesennius dont le premier porteur connu fut le sénateur Lucius Caesennius Lento, partisan de César et légat en Espagne en 45 avant notre ère. Si le gentilice est rare dans cette région, l’auteur émet l’hypothèse que cette présence est peut-être due à l’activité de Caesennius comme septemuir dans la commission qui attribua en 44 avant notre ère des terres disponibles de l’ager publicus pour les vétérans et des citoyens pauvres dont certains étaient peut-être des clients de Caesennius [48]. César, dans le Bellum ciuile, note que Pompée avant de s’embarquer à Brindes pour Pharsale avait recruté 800 esclaves et pasteurs provenant de ses propriétés pour intégrer sa cavalerie [49].

30Maria Bastiana Cocco [50] souligne que pour Aurelius Victor les marchés d’esclaves de Rome s’étaient abondamment approvisionnés en Sardi uenales[51] sous la République [52]. Avant la présence romaine, l’esclavage occupait déjà une place importante avec la pratique, sous la domination phénicienne, de hiérodulie et de la prostitution sacrée. Carthage utilisera également une abondante main-d’œuvre servile d’origine locale ou importée d’Afrique pour assurer une culture extensive de céréales à destination du marché punique et des troupes mercenaires. Du iie siècle avant notre ère au ier siècle de notre ère, l’installation massive de colons romano-italiens s’accompagna d’un afflux de main-d’œuvre servile qui favorisa la croissance de la production agricole dans le cadre d’un réseau lâche de petites et moyennes uillae couvrant les zones les plus fertiles (Campidano di Cagliari, Oristanese, Olbia, Nurra) sous la direction essentiellement de possessores italiens, de uilici ou de dispensatores. Bien que la Sardaigne soit une province faiblement représentative du point de vue épigraphique, la période impériale offre un certain nombre d’inscriptions intéressantes quant au patrimonium Caesaris (saltus, latifundia, metalla) julio-claudien géré et exploité par des serui, des uernae ou des liberti de la familia Caesaris qui dirigeaient les praedia et une main-d’œuvre servile vivant dans des conditions difficiles. Ces regionarii, procuratores metallorum et praediorum, dispensatores ou arcarii occupaient parfois les fonctions de procurator ripae, de procurator calendarii, de tabularius perticae, etc. qui trahissaient des attributions qui mélangeaient gestion patrimoniale et service de l’État.

31Les contributions qui constituent ce volume soulignent les liens d’affection et parfois de stratégie sociale que pouvaient mener réciproquement maîtres, patrons, affranchis et esclaves dans une société où l’expression épigraphique ne semble pas remettre en question la réalité de l’esclavage qui a la lecture des communications réunies dans ces Actes pourraient laisser croire en une société à l’esclavage domestique. Or, n’oublions pas qu’à Rome l’esclavage est un système si bien rodé qu’il permet cette soupape de sécurité qu’est l'illusion d’une certaine identité commune face à la mort. Le christianisme en fera d’ailleurs un argument pour que chacun accepte sa situation terrestre. Cette illusion fonctionne par le biais de l’imitation qui fait utiliser la rhétorique funéraire des libres par les affranchis et les esclaves. Le caractère formulaire peut nous inciter à relativiser la réalité des sentiments, mais il n’en demeure pas moins que libres comme esclaves souhaitaient manifester de manière durable et peut-être pérenne la manifestation de sentiments dont la sincérité nous échappe à jamais.


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Date de mise en ligne : 17/01/2020

https://doi.org/10.3917/dha.452.0309

Notes

  • [1]
    Braudel F. (1961), « Stockholm 1960 », Annales ESC, 16/3, p. 497-500.
  • [2]
    Dans Corbino A., Humbert M., Negri G. (éds) (2010), “Homo, caput, persona”: la costruzione giuridica dell’identità nell’esperienza romana dall’epoca di Plauto a Ulpiano, Pavia, p. 435-490.
  • [3]
    Veyne P., Ramin J. (1981), « Droit romain et société : les hommes libres qui passent pour esclaves et l’esclavage volontaire », Historia. Zeitschrift für Alte Geschichte, 30/4, p. 472-497.
  • [4]
    Silver M. (2011), « Contractual Slavery in the Roman Economy », AHB, 25, p. 73-132.
  • [5]
    Dondin-Payre M., Tran N. (éds), Esclaves et maîtres dans le monde romain. Expressions épigraphiques de leurs relations, Rome (collection de l’École Française de Rome, 527), 2016.
  • [6]
    Tacite, Histoires, II, 10, 2-6.
  • [7]
    Caldelli M. L., Ricci C., “Monumentum familiae Statiliorum”, un riesame, Roma, 1999 ; Penner L., « Gender, Household, Structure, and Slavery. Re-Interpreting the Aristocratic Columbaria of Early Imperial Rome », dans R. Laurence, A. Stromberg (dir.), Families in the Greco-Roman World, London, 2012, p. 143-158.
  • [8]
    Versnel H. S., « Κόλαςαι τοὺς ἡμᾶς τοιούς ἡδέως βλέποντες – Punish those Who Rejoice in our Misery: on Curse Texts and Schadenfreude », dans D. R. Jordan, H. Montgomery, E. Thomassen (éd.), The World of Ancient Magic. Papers from the First International Samson Eitrem Seminar at the Norwegian Institute at Athens, Bergen, 1999, p. 125-162.
  • [9]
    G. L. Gregori, G. Bianchini, « Tra epigrafia, Letteratura e filologia. Due inedite meditazioni sulla vita e sulla morte incise sull’ossario di Cresto », dans M. Dondin-Payre, N. Tran (éds), Esclaves et maîtres dans le monde romain, Rome (collection de l’École Française de Rome, 527), 2016, p. 141-159.
  • [10]
    H. Solin, Die stadtrömischen Sklavennamen: ein Namenbuch, Stuttgart, 1996.
  • [11]
    A. Buonopane, G. Cresci Marrone, « Patrone e liberti nella Transpadana Romana », dans M. Dondin-Payre, N. Tran (éds), Esclaves et maîtres dans le monde romain, Rome (collection de l’École Française de Rome, 527), 2016, p. 163-184.
  • [12]
    1991, 811 et 2001, 1060.
  • [13]
    CIL V, 3590 : V(iua) f(ecit) // Dis Manib(us) : Curtiae C(ai) f(iliae) / Procillae/ patronaeoptimae / P(ublio) Alfio Alennio Maximo / Curtio Valeriano / filio Procillae / Curtia Callipolis lib(erta) / et sibi et lib(ertis) suis / utriusq(ue) sexus.
  • [14]
    Gaius, Institutions, I, 17-21.
  • [15]
    Digeste, XXXVIII, 4, 1 pr.
  • [16]
    Gaius, Institutions, III, 47 ; Ulpien, XXIX, 3. C. Mai Doria, “Bona libertorum”. Regimi giuridici e realtà sociali, Napoli, 1994, p. 446-449.
  • [17]
    CIL V, 5861 : C(aius) Geminio / Leandro : VIuir(o) sen(iori) patron(o) / et Geminiae Priuatae / Leandri patronae / et Geminiae / Tyches uxori suae / [et] Victori lib(erto) [suo ?] / [et] Chares li[b(erto)].
  • [18]
    InscrAq, 601 : Fabriciae / Seuerinae / ann(orum) XVI mens(ium) X / Hermes August(alium) / et VIuirorum ark(arius) / et Sentia Seuera parent(es) / l(ocus) d(atus) a Statiis.
  • [19]
    CIL V, 36.
  • [20]
    InscrAq 104.
  • [21]
    InscrAq 463.
  • [22]
    M. Béraud, Esclaves d’esclaves. « Vicarii » et « uicariae » dans le monde romain (iiie av. J.-C.–ive siècle apr. J.-C.), thèse sous la direction de N. Mathieu et J.-P. Guilhembet soutenue à Grenoble le 1er décembre 2018, notamment p. 171 ; F. Reduzzi Merola, “Servo parere”: studi sulla condizione giuridica degli schiavi vicari e dei sottoposti a schiavi nelle esperienze greca e romana, Napoli, 1990.
  • [23]
    CIL V, 878 ; InscrAq 518.
  • [24]
    CIL V, 1035 ; InscrAq 3269.
  • [25]
    Sénèque, Ad Lucilium, 47, 1.
  • [26]
    Tableau 9.10. CIL V, 1233 ; InscrAq, 1151 : Gauia Arche /u(iua) f(ecit) sibi et suis, /Q(uintus) Gauio Q(uinti) l(iberto) Ceriali, / fratri, / et Corinthiae, f(iliae), / et Corinnae, f(iliae), / Gauiae Iucundae, / matri, / Macedoni, patri.
  • [27]
    Gaius, Institutions, I, 84.
  • [28]
    CIL V, 6785.
  • [29]
    G. Corradi, InscrIt 1931, n. 10 (Eporedia).
  • [30]
    E. Schallmayer, Corpus des griechischen und lateinischen Beneficiarier-Inschriften des Rômischen Reiches, Stuttgart, 1990, p. 689, n. 896.
  • [31]
    G. Mennela, « Liberi, Liberti e schiavi in un dossier epigrafico da Eporedia (CIL V, 6785) », dans M. Dondin-Payre, N. Tran (éds), Esclaves et maîtres dans le monde romain, Rome (collection de l’École Française de Rome, 527), 2016, p. 215-225.
  • [32]
    E. Schallmayer, Corpus des griechischen und lateinischen Beneficiarier-Inschriften des Rômischen Reiches, Stuttgart, 1990, p. 822 recense près de 90 attestations d’inscriptions ayant pour destinataire le Genius loci.
  • [33]
    F. Cenerini, « La rappresentazione epigrafica dell’infanzia servile nella Regio ottava: alcuni esempi », dans M. Dondin-Payre, N. Tran (éds), Esclaves et maîtres dans le monde romain, Rome (collection de l’École Française de Rome, 527), 2016, p. 227-240.
  • [34]
    CIL XI, 178.
  • [35]
    G. L. Gregori, « Domnulo optimo et carissimo. La dedica funeraria di un tata per il suo pupillo (Roma, via Flaminia) », dans M. Dondin-Payre, N. Tran (éds), Esclaves et maîtres dans le monde romain, Rome (collection de l’École Française de Rome, 527), 2016, p. 243-252.
  • [36]
    H. S. Nielsen, « On the Use of the Terms of Relation Mamma and Tata in the Epitaphs of CIL VI », Classica & Mediaevalia, 40, 1989, p. 191-223 ; A. Sparreboom, « Wet-Nursing in the Roman Empire », dans M. Carroll, E. J. Graham (éds), Infant Health and Death in Roman Italy and Beyond, Portsmouth (JRA Supplementary series, 96), 2014, p. 145-158.
  • [37]
    CIL VI, 11395 ; 16578 ; 22802
  • [38]
    CIL VI, 16854.
  • [39]
    CIL VI, 5642 ; 10873 ; 15009 ; 16316.
  • [40]
    CIL VI, 16926.
  • [41]
    CIL VI, 9834.
  • [42]
    CIL VI, 10170.
  • [43]
    Servius, Commentaire sur l’Éneide de Virgile, II, 11.
  • [44]
    M. L. Caldelli, « Schiavi e padroni ad Ostia. Alcune riflessioni su un rapporto sociale ambivalente », dans M. Dondin-Payre, N. Tran (éds), Esclaves et maîtres dans le monde romain, Rome (collection de l’École Française de Rome, 527), 2016, p. 253-267.
  • [45]
    IPO A222.
  • [46]
    L. Chioffi, « Amans domini, opseq(u)ens amicis: vita da schiavi a Capua », dans M. Dondin-Payre, N. Tran (éds), Esclaves et maîtres dans le monde romain, Rome (collection de l’École Française de Rome, 527), 2016, p. 269-277.
  • [47]
    CIL I2, 1593 ; X, 4167.
  • [48]
    Cicéron, Philippiques, XI, 12-13 ; XII, 20 ; XIII, 2, 26, 37. Cf. R. Syme, « Who Was Decidius Saxa? », JRS, 27, 1937, p. 127-137.
  • [49]
    César, Bellum ciuile, III, 4, 4.
  • [50]
    M. B. Cocco, « La schiavitù nelle Sardinia. Sintesi dei dati alla luce della documentazione letteraria ed epigrafica », dans M. Dondin-Payre, N. Tran (éds), Esclaves et maîtres dans le monde romain, Rome (collection de l’École Française de Rome, 527), 2016, p. 297-318.
  • [51]
    Sinnius Capiton apud Festus, s. u. « Sardi uenales », 322M = 428-430L. Outre Sinnius Capiton on trouve le syntagme Sardi uenales également chez Cicéron, Ad Familiares, VII, 24, 2.
  • [52]
    Aurelius Victor, De uiris illustribus, LVII, 1-2.

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