Notes
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[1]
Latronianus, Iulianus, Felicissimus, Armenius, Procula et Eucrotia, voir Piay Augusto 2006, p. 607-608.
-
[2]
Gabriel Sánchez 2009, p. 48. Les fouilles sous la nef de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle entre 1946 et 1959 mirent au jour une nécropole avec des tombeaux des iv e et v e siècles, appartenant à des familles modestes. Les tombeaux sont orientés vers l’est, et semblent se situer autour d’une sépulture plus importante dont les restes ont été pillés durant l’Antiquité. Les inhumations familiales disparaissent vers le vii e siècle. Les indices laissent penser que les chrétiens voulaient être ensevelis auprès d’un saint. Étant donné que nous n’avons pas d’autre manière d’identifier le défunt, Gabriel Sánchez suggère qu’il pourrait s’agir de Priscillien.
-
[3]
Chadwick 1977, p. 302-303.
-
[4]
Après la tenue du deuxième concile de Bracara Augusta en l’an 561 le priscillianime n’est pratiquement pas mentionné dans les sources. Les dernières références connues des priscillianistes sont l’œuvre du pape Grégoire le Grand, Homiliæ in Euangelium, 1, 10, 4 (Fiedrowicz 1997, p. 170-172), en 591 ; Isidore de Séville, Chronica Majora, 5581, 354 ; 5590, 359 (Martín 2003, p. 169 ; p. 173), entre les années 615-616 ; De uiris illustribus, II (Codoñer 1964, p. 135), entre les années 615-620 ; Etymologiae, 8, 5, 54 (Oroc 2009, p. 688-691) entre les années 627-630 ; et Braule de Saragosse, en 651 (Riesco 1975, p. 193-194).
-
[5]
Millán González Pardo 1983. Il faut tenir compte du fait que l’auteur a toujours été un défenseur acharné de la présence du corps de l’apôtre dans la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle ; cependant cela ne devrait pas conditionner l’objectivité de son étude, qui se distingue par sa rigueur.
-
[6]
Montenegro Rúa 2005, p. 107. Parmi les différentes hypothèses interprétatives, Acuña Castroviejo 1976, p. 68-69, 89 ; Arias Vilas 1974- ; Abad Casal 1982 et Ares Vázquez 1980 considèrent le site de Sainte Eulalie de Boveda comme un temple romain consacré au culte des eaux. La thèse de ce dernier se fonde sur l’étude des reliefs – liés aux manifestations des propriétés curatives des eaux – et sur l’interprétation des restes épigraphiques fragmentaires retrouvés dans les années cinquante. Núñez Rodríguez 1978, p. 106, 113-115, 131-139 relève des caractéristiques architecturales liées aux rites de la culture des “castros”. La coïncidence avec les deux théories principales – nymphée ou sanctuaire de culte des eaux salutaires, ou bien mausolée – se manifeste autant par la relation du monument avec un espace rituel d’initiation, où l’immersion dans l’eau serait une composante active, que par son caractère funéraire lié à un crématoire. García Iglesias 1989, p. VIII-32 y voit un temple paléochrétien. Pour Delgado Gómez 1989 c’est un somptueux mausolée romain, rattachant, pour la première fois à Sainte Eulalie de Boveda, l’eau comme élément indispensable tant pour les rites funéraires que pour le nettoyage du bâtiment. Dans une étude plus récente (Blanco Rotea et alii 2009, p. 149-198), fondée sur l’architecture et l’ornementation de la construction, une datation du haut Moyen Âge fut proposée.
-
[7]
Fernández de la Vega 1970.
-
[8]
Hydace, Chronique, 102 (Tranoy 1974, p. 132) : In conventu Lucensi, contra voluntatem Agresti Lucensis episcopi, Pastor et Syagrius episcopi ordinantur. Pour le commentaire d’Alain Tranoy sur le passage voir Tranoy 1974, p. 101-102, où il pense qu’Agrestius était priscillianiste et s’efforce d’éviter la nomination de deux évêques qui mènent une campagne contre l’hérésie. M. Sotomayor y Muro est de la même opinion (Sotomayor y Muro 1979, p. 253). C. Cardelle De Hartmann, (Cardelle De Hartmann 1996, p. 88-93), situe Pastor et Syagrius aux sièges d’Iria et Aquae Celenae, et il suppose qu’Agrestius était orthodoxe mais partisan de la coexistence avec les priscillianistes, et que l’ordination de Pastor et Syagrius, deux adversaires actifs du priscillianisme, représente la tentative d’autres évêques plus fermes pour imposer dans le district d’Agrestius une politique antipriscillianiste plus décidée. Le silence d’Hydace sur les raisons d’Agrestius s’explique si les trois évêques étaient orthodoxes, mais de tendance différente. Pour cet auteur, l’événement prouve l’existence d’une ligne orthodoxe tolérante chez les évêques de Galice. En revanche, M. V. Escribano Paño (Escribano Paño 1996, p. 272) défend l’orthodoxie d’Agrestius, face au priscillianisme de Pastor et Syagrius. D’autres explications possibles sont le désaccord entre les évêques au sujet de la politique qui devait être menée face aux Suèves et les conflits dus à la prolifération anarchique de sièges épiscopaux (Codoñer 2010, p. 15-16).
-
[9]
Gennade de Marseille, De uiris illustribus, LXVI ; LXXVII (Richardson 1896) mentionne un Pastor qui composa un traité dans lequel il condamnait les priscillianistes (Priscillianos cum ipso auctoris nomine damnat) ; et il inclut aussi un Syagrius, qui avait écrit un traité intitulé De fide contre les praesumptuosa haereticorum vocabula. Un Agrestius est mentionné dans les Actas del Concilium Araisicanum, I (441), et son identification avec l’Agrestius d’Hydace semble claire : ex prouincia Gallecia ciuit. Lecentium Agrestius episcopus, Deudatus diaconus (Munier 1963, p. 87, 17-18).
-
[10]
Guerra Campos 1982, p. 559.
-
[11]
L’objectif de ce concile était de soutenir les évêques galiciens pour qu’ils renoncent à leurs sympathies priscillianistes et pour qu’ils dissuadent le clergé et les fidèles de continuer à vénérer les martyrs de Trèves, restaurant ainsi la paix et l’harmonie des Églises dans toutes les provinces ibériques. Les priscillianistes qui se rétractaient pourraient participer à nouveau à la communion. Dix-neuf évêques y ont assisté. Le premier à être appelé fut Patruin, évêque de Mérida, provenant donc de Lusitanie. Seul le siège d’Exupérance est mentionné. Les Actes du Concile de Tolède mettent en plus à notre disposition les extraits des rétractations de Symposius, Dictinius et Comasius. Ils incluent aussi le verdict officiel sur les conditions qui seront faites aux repentis et à ceux qui persévèrent dans leurs croyances.
-
[12]
Fratri autem nostro Ortigio ecclesias, de quibus pulsus fuerat, pronunciavimus esse reddendas (Martínez, Rodriguez 1984, p. 326 ; p. 339).
-
[13]
Hydace, Chronique, 32 (Tranoy 1974, p. 112) : In provincia Carthaginiensi, in civitate Toleto, synodus episcoporum contrahitur, in quo quod gestis continetur, Symphosius et Dictinius et alii cum his Gallaeciae provinciae, episcopi Priscilliani sectatores, haeresem eius blasphemissimam cum adsertore eodem professionis suae subscriptione condemnant. Statuuntur quae dametiam observanda de ecclesiae disciplina communicante, in eodem concilio, Ortygio episcopo, qui Celenis fuerat ordinatus, sedagentibus Priscillianistis pro fide catholica pulsus factionibus exulabat. Sur Ortigius, voir Gabriel Sánchez 2009, p. 484.
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[14]
Tranoy 1974, p. 30 ; Cardelle De Hartmann 1998, p. 276. Ortygius avait affronté les priscillianistes en terre galicienne et avait été expulsé d’Aquae Celenae par ceux-ci suite à son mandat. Dans les Actes du Concile de Tolède il est ordonné explicitement que les églises d’où il avait été expulsé lui soient rendues.
-
[15]
« Nous ne savons pas quelle fut la destination finale du corps du premier évêque historique d’Avila, mais, déplacé en Hispanie, il est évident qu’il a dû être porté en Gallaecia (et concrètement, à Avila) par ses acolytes. Si tel est le cas, la basilique des martyrs Vincent, Sabine et Christèle aurait été l’endroit idéal pour sa sépulture. Il me vient à l’esprit le sépulcre de granit placé sous le revêtement de la basilique et à la hauteur du toit de la crypte sud, à peu de distance des deux tombeaux. Et il vient également à la mémoire la tradition de jurer par Priscillien liée depuis toujours à la basilique et aux sépulcres des martyrs. Y compris celui de Priscillien ? » (Rodríguez Almeida 2002, p. 30).
-
[16]
Si nous acceptons l’année 385 comme date de sa mort et 383 comme la date de sa nomination, Priscillien aurait exercé la charge épiscopale pendant 3 ans. Mais nous ne devons pas oublier qu’à cette période Priscillien voyagea à Rome et, ultérieurement, fut emmené à Bordeaux et à Trèves pour être jugé puis finalement condamné. Pour une proposition de l’itinéraire suivi par les priscillianistes lors de leur voyage à Rome, ainsi que sa chronologie : Piay Augusto 2014.
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[17]
Cf. supra.
-
[18]
Nous suivons essentiellement Tranoy, dont les conclusions nous semblent toujours valides (Tranoy 1981, p. 402-403).
-
[19]
Orose, Histoires contre les Païens, V, 7, 2 (NOM, p. 292) : Numantia autem citerioris Hispaniae, haud procul a Vaccaeis et Cantabria in capite Gallaeciae sita, ultima Celtiberorum fuit.
-
[20]
Orose, Histoires contre les Païens, VI, 21, 2 (NOM, p. 104) : Cantabri et Astures Gallaeciae prouinciae portio sunt, qua extentum Pyrenaei iugum haud procul secundo Oceano sub septentrione deducitur.
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[21]
Hydace, Chronique, 2 (Tranoy 1974, p. 108) : « Teodosio, de nacionalidad hispana, provincia Gallaecia, ciudad de Cauca […] ».
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[22]
Schulten, Maluquer de Motes 1987, p. 127.
-
[23]
Prosper d’Aquitaine, Epitoma Chronicon, 1171 (Mommsen 1892, p. 460). Prospère situe le début de l’hérésie de Priscillien en l’an 379, quand Ausonie et Olybrius étaient consuls.
-
[24]
L’autre possibilité est que Prospère fasse référence au lieu de naissance de Priscillien, et non à son siège.
-
[25]
La plupart des historiens acceptent la tenue du synode de Saragosse en l’an 380 : Chadwick 1977, p. 32 ; Babut 1909, p. 244-247 ; Vollmann 1974, p. 499 ; Ubric Rabaneda 2004, p. 231. Gabriel Sánchez 2009, p. 470 défend 379 apr. J.-C. comme la date du concile de Caesar Augusta. Escribano Paño 1988, p. 220, analyse la possibilité que le concile se soit tenu en l’an 378 apr. J.-C. Son argument se fonde sur deux terminus ante quem, qu’elle-même considère discutables. En premier lieu, Prosper d’Aquitaine dans son Epitoma chronicon mentionne Priscillien en 379 apr. J.-C. comme évêque. Si Priscillien obtint la charge épiscopale après le concile de Saragosse, celui-ci ne put se réunir en 380 apr. J.-C. et devrait remonter à 378 apr. J.-C. D’autre part, si la publication par Gratien du rescrit Contra pseudo episcopos et manichaeos eut lieu en 380 apr. J.-C., comme cet auteur le suppose, les faits racontés par Sulpice Sévère survenus entre le concile et le rescrit obligeraient à retarder la date du synode de Caesar Augusta. Douze évêques représentant les provinces de la Tarraconensis, de la Lusitania, de la Gallaecia et de la Carthaginensis furent présents.
-
[26]
Sotomayor y Muro 1979, p. 242-245. La lettre 67 de saint Cyprien, datée en 254-255 apr. J.-C., est le premier témoignage explicite de l’existence en Hispanie de communautés pleinement organisées avec des diacres, des prêtres et des évêques. Dans cette lettre, sont mentionnées expressément trois communautés : Saragosse, León-Astorga et Mérida.
-
[27]
Vollmann 1974, p. 501. Symposius assiste à la séance du premier jour et signe les huit déclarations qui refusaient certaines formes d’ascétisme, mais surtout cherchaient à soumettre le mouvement ascétique au contrôle hiérarchique.
-
[28]
Liber ad Damasum, 126-127 (Conti 2009, p. 76-77). Nous ne nous arrêterons pas ici sur la question que pose l’auteur au sujet des traités de Würzburg, point qui a suscité un inextricable débat depuis sa publication en 1886 par George Schepps. Cependant, tous les chercheurs sont d’accord sur le fait qu’ils sont l’œuvre de Priscillien ou de ses partisans.
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[29]
Cardelle De Hartmann 1996, p. 93.
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[30]
Malheureusement, non conservée. F. Lezius (Lezius 1898, p. 117) défend la possibilité que Consencius ait envoyé une copie à Augustin de Libra, « die wir bis zu einem gewissen Grade rekonstruiren können ». Pour avancer cela, il s’appuie sur plusieurs arguments. D’une part, il signale intelligemment que l’inclusion d’un exemplaire de cette œuvre à côté de la lettre, aiderait à renforcer la délicate question abordée – c’est à dire, s’il est licite de nier les croyances catholiques afin de démasquer les hérétiques priscillianistes – ; d’autre part, il essaie de trouver un indice documentaire dans les mots d’Augustin dans son Contra mendacium : Consenti frater carissime, multa mihi legenda misisti. À la suite d’une analyse de cette œuvre de l’évêque d’Hippone, Lezius croit pouvoir affirmer que l’auteur disposait d’une copie de Libra, et qu’il l’avait lue : « Blicken wir auf Augustins Schrift contra mendacium zurück, so können wir wohl sagen, dass er die Libra des Dictinius in Händen gehabt und gelesen hat », p. 121. Quant à l’explication du titre, Libra, Lezius croît que nous pouvons trouver un indice dans la Passio Thomae. Cet écrit très apprécié des ascètes hispaniques explique que les veri dei cultores doivent être parfaits, et doivent posséder l’integra libra aequitatis (équité, esprit de justice). Cette integra libra se compose de 12 vertus, à savoir : la foi ; le baptême ; l’abstention de fornication ; la répression de l’avarice ; dominer la gloutonnerie ; la pénitence ; la persévérance dans ces œuvres ; l’hospitalité ; la recherche et l’accomplissement de la volonté de Dieu ; reconnaître et fuir de ce qui déplaît Dieu ; aimer l’ennemi ; la vigilance et le soin dans l’exercice de ces vertus, pour ne pas perdre les richesses éternelles. L’integra libra aequitatis se compose de ces 12 vertus, qui constituent la perfection de tous ceux qui désirent être fidèles au vrai Dieu. Dictinius aurait pensé à ce passage, quand il décida de baptiser son œuvre Libra pour la justification du mensonge, et la diviser en douze questions.
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[31]
Lezius 1898, p. 118-124. Les priscillianistes défendaient l’emploi du mensonge, le iura, periura, secretum prodere noli. Selon Augustin, « les priscillianistes invoquent l’exemple des patriarches, prophètes, apôtres et anges, et n’excluent pas non plus au Seigneur ce mode de mensonge ». Ils argumentent qu’il convient aux chrétiens d’être sincères dans leur cœur, mais que la vérité du monde n’est pas aussi nécessaire que la sincérité de leurs cœurs. Paul lui-même exigeait un devoir d’amour de la vérité plus fort que celui du prochain (Éphésiens 4, 25). Les priscillianistes pensent qu’ils doivent être sincères et ouverts avec les autres membres de la secte, puisque ce sont leurs proches. Avec les catholiques il en allait autrement puisqu’ils ne se considèrent pas comme des proches ; ainsi ce n’était pas pêcher que de leur mentir. L’argument est très persuasif. La défense de ce principe de conduite peut pour le moins éveiller des suspicions concernant les abjurations de Dictinius et Symposius à Tolède (400), et par extension celles des autres priscillianistes.
-
[32]
Sulpice Sévère, Chronique, II, 48, 4 (NOM, p. 104). Jérôme, De uiris illustribus, 122, mentionne aussi un certain Iulianus condamné à Trèves. Pour le texte de Jérôme nous avons employé : Barthold 2010, p. 257 ; Ceresa-Gastaldo 1988 (sur Iulianus, p. 222-223).
-
[33]
[…] per seditionem vulgi lapidibus extincta est, Prosper d’Aquitaine, Epitoma Chronicon, 1187 (Mommsen 1892, p. 462).
-
[34]
En considérant l’an 385 apr. J.-C. comme la date de la mort de Priscillien, et l’an 400 apr. J.-C. comme la date du concile de Tolède. La chronique de Sulpice fut composée vers 403 apr. J.-C. (Chadwick 1977, p. 178-186). S. J. Gabriel Sánchez situe le retour des corps en Hispanie en 396 apr. J.-C. : « Les restes de Priscillien auraient été déposés en Galice vers 396 » (Gabriel Sánchez 2009, p. 47) ; Babut 1909, p. 90, défend l’idée que Priscillien fut enterré en Gallaecia en 388 apr. J.-C. : « Après le supplice de Priscillien et de six de ses amis – fort probablement trois ou quatre ans après, au lendemain de la chute de Maxime – les corps des suppliciés furent rapportés en Espagne ».
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[35]
Cardelle De Hartmann 1998, p. 273. Admettant l’absence de données pour résoudre la question du lieu d’enterrement de Priscillien, cet auteur pense que nous pouvons partir du principe qu’il s’agit d’un endroit en Gallaecia. Pour Babut 1909, p. 90 : « La province où les reliques des condamnés de Trèves furent reçues avec tant d’honneur ne peut être que la Gallécie ».
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[36]
Exim priscilllianistarum haeresis invasit, Hydace, Chronique, 16 (Tranoy 1974, p. 108). Dans le codex Berolinensis du ix e siècle la phrase est incomplète : in Gallaeciam Priscillianistarum… ; Mommsen compléta le texte d’Hydace avec haeresis invasit « à partir de ce moment l’hérésie des priscillianistes envahit Gallaecia » (Mommsen 1894, p. 15), option avec laquelle Tranoy est d’accord, et en général, tous les éditeurs. D’autres options proposées ne modifient pas, globalement, le sens de la citation : Burguess préfère ingreditur heresis « à partir de ce moment, l’hérésie des priscillanistes entra en Gallaecia » (Burguess 1993, p. 76), et Rodríguez Almeida offre directement une traduction du passage : « à partir de ce moment l’hérésie des priscillianistes a acquis plus de force » (Rodríguez Almeida 2002, p. 56).
-
[37]
Sur le culte aux martyrs en Hispanie romaine tardive, voir Castillo Maldonado 1999. Sur la diffusion du culte des martyrs dans l’Antiquité tardive, voir Grig 2004, p. 37-38 où est traité le mode de développement des festivités en l’honneur des martyrs, ainsi que celui des basiliques et autres lieux destinés à la liturgie.
-
[38]
Castillo Maldonado 1999, p. 406. L’œuvre Peristephanon du poète tarragonais Prudence (a 348-ca 405 ou 409) est une source privilégiée pour l’étude du culte des martyrs dans la péninsule. Ses hymnes sont destinés au développement du culte des martyrs, et forment donc une littérature purement hagiographique. Même si Prudence ne mentionne pas Priscillien, les informations contenues dans son œuvre peuvent nous être utiles pour essayer d’élucider la façon dont les adeptes de la victime de Trèves vouaient un culte à leur chef décédé. Dans son ouvrage, à côté des témoignages sur les célébrations de l’anniversaire, les pèlerinages et les processions, il mentionne un autre acte cultuel peu documenté excepté par des sources liturgiques : Plenus est artis modus adnotatas nominum formas recitare Christo, quas tenet caeli liber explicandus tempore iusto (Peristephanon, IV, 169-172). Selon Maldonado, dans les professions de foi du concile de Tolède célébré en 400 il existe une allusion à cet acte cultuel entre les adeptes de Priscillien, puisqu’il est dit que « […] se sabe que Simposio respondió que él había dejado de nombrar a aquellos que llaman mártires […] ». Cette citation pourrait être interprétée comme le développement de la recitatio nominum de la part de Symposius, invoquant les martyrs priscillianistes.
-
[39]
Sevillano, Vidal 2001, p. 28.
-
[40]
Quintana Prieto 1975, p. 212.
-
[41]
Quintana Prieto 1975, p. 213.
Peremptorum corpora ad Hispanias relata magnisque obsequiis celebrata eorum funera : quin et iurare per Priscillianum summa religio putabatur.
Les corps des suppliciés furent rapportés en Espagne, où on leur fit de grandes funérailles, et même jurer par Priscillien fut tenu pour suprêmement religieux.
1Une question qui a suscité un grand intérêt, tant dans le cadre de la recherche hormis le tombeau lui-même, est l’endroit où gisent les restes de Priscillien et de ceux qui périrent à ses côtés à Trèves [1]. L’hypothèse la plus tentante jusqu’à aujourd’hui est sans doute celle d’Henry Chadwick reprenant les idées de Louis Duchesne. Cet auteur énonce la possibilité que les restes de Priscillien puissent se trouver dans le sépulcre de l’apôtre Jacques. L’hypothèse repose, principalement, sur les doutes que suscitent l’apparition du corps de l’apôtre, et la découverte d’une nécropole rassemblant des tombeaux du ive et ve siècle sous la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle (fig. 2) [2]. Par ailleurs, il existe d’innombrables exemples de grands centres orthodoxes de pèlerinage installés sur des sites antérieurement associés au schisme et à l’hérésie. Nous pourrions ajouter à cela que les pèlerinages provenant d’Aquitaine vers le tombeau de l’apôtre, pourraient être liés au voyage des priscillianistes à Rome, ou même au retour des reliques de Priscillien en Gallaecia [3]. Malgré l’attrait de cette hypothèse, nous ne disposons d’aucune référence qui permette d’établir une relation entre Priscillien et la ville de Saint-Jacques-de-Compostelle. La ville n’est pas mentionnée dans la controverse priscillianiste, et nous ne connaissons pas les raisons qui auraient pu pousser les dirigeants priscillianistes de l’époque à choisir ce lieu d’inhumation. À partir du vii e siècle après J.-C., le priscillianisme n’était plus un problème pour l’Église de Galice, c’est du moins ce que l’on peut déduire des sources à notre disposition [4]. Nous savons que le sépulcre de saint Jacques a été bâti au ix e siècle. S’il était nécessaire de passer sous silence le priscillianisme, pourquoi attendre deux siècles pour s’approprier ce lieu ? Et si le priscillianisme était pratiquement éteint, était-il nécessaire de superposer un nouveau culte afin d’effacer les croyances primitives ? Si nous abordons le problème d’un point de vue archéologique, Isidoro Millán González-Pardo croit avoir démontré grâce à une étude exhaustive fondée sur une analyse stylistique et comparative de l’ornement du monument, que la mosaïque qui couvrait le tombeau de l’apôtre doit être datée du ii e siècle [5]. S’il devait en être ainsi, les restes ne pourraient pas appartenir à Priscillien, qui comme nous le savons, fut exécuté à Trèves en 385 après J.-C. En définitive, et de notre point de vue, Priscillien ne lèvera pas les doutes que peut créer la présence de l’apôtre Jacques à la cathédrale de Compostelle.
2 D’autres auteurs ont considéré l’ensemble archéologique de Sainte Eulalie de Boveda (province de Lugo) comme l’emplacement idéal pour héberger la sépulture de Priscillien. Ce site fut l’objet de plusieurs interventions archéologiques depuis sa découverte en 1926. Ces actions manquèrent, très souvent, de la rigueur scientifique nécessaire à l’archéologie. La complexité du site, en plus des déficiences mentionnées, a conduit à une prolifération d’hypothèses et de questions en suspens, et a fait croître le brouillard qui entoure ce site archéologique. Cette situation persiste toujours, et il n’y a pas de consensus sur l’interprétation du monument [6]. C’est sans doute ce qui a favorisé l’émergence de l’hypothèse d’une sépulture de Priscillien. Celestino Fernández de la Vega, fut en 1970, le premier à situer le sépulcre de Priscillien dans le monument de Sainte Eulalie de Boveda (fig. 3) [7]. La théorie de cet auteur est fondée sur les transformations que le monument subit au iv e siècle. Étant à l’origine une enceinte thermale, il fut transformé à la fin du iv e siècle en une église martyriale dotée de trois nefs, où serait vénérée la dépouille de Priscillien. À son avis, les reliefs et les motifs picturaux sont de symbolique priscillianiste. Pour renforcer son hypothèse, il compare la structure et la décoration picturale de Sainte Eulalie de Boveda avec une découverte archéologique réalisée à Isnik (Turquie), où à la fin des années 1960 fut retrouvé un hypogée datant du iv e ou du v e siècle, avec lequel il présente des analogies.
3 Dans le cas de Sainte Eulalie de Boveda, la fonction du site est encore inconnue aujourd’hui. Les chronologies apportées sont également incertaines, et il n’existe pas d’indices qui mettent en relation Priscillien et le monument. Il est certain qu’Hydace mentionne un incident survenu dans le conventus lucensis au v e siècle, qui pourrait prouver la présence de groupes priscillianistes à Lucus, ce qui n’est pas surprenant, si nous tenons compte de l’attachement connu du Nord-Ouest péninsulaire à cette cause. Selon le récit d’Hydace, en l’an 433 eut lieu un conflit pour le siège de Lucus entre Pastor et Syagrius d’une part et Agrestius d’autre part. Plusieurs auteurs pensent que Pastor et Syagrius étaient priscillianistes [8]. Il existe des preuves documentaires qui pourraient situer les trois protagonistes du conflit au sein de l’orthodoxie, cependant les attributions ne sont pas définitives, et nous devons rappeler qu’il existe des précédents où des suspects de priscillianisme retournèrent plus tard à l’orthodoxie (Symposius et Dictinius, évêques d’Astorga, que nous analyserons dans ce travail) [9].
4 Même si l’épisode décrit pourrait faire référence à la présence d’évêques priscillianistes à Lucus dans la première moitié du v e siècle, il s’agit d’une donnée insuffisante, puisqu’à ce moment-là le priscillianisme était très présent en Gallaecia. À vrai dire, nous ne connaissons pas les raisons qui purent conduire les priscillianistes à emmener le corps de leur chef à cet endroit. Et ce qui est plus grave, nous n’arrivons pas à comprendre la relation entre les motifs ornementaux qui décorent les murs de Sainte Eulalie de Boveda et Priscillien.
5 Monseigneur Guerra Campos désigna le site d’Os Mártores, dans la paroisse de San Miguel de Valga dans la province de Pontevedra, comme l’emplacement le plus probable de la sépulture de Priscillien (fig. 4) [10]. Il se fonda sur l’existence de quelques sarcophages anthropomorphes qui pourraient dater du iv e siècle, et sur le nom de l’endroit, Os Mártores, qui serait une réminiscence dans la toponymie de la dénomination « Les Martyrs », par laquelle étaient connus les morts de Trèves. En soutien des thèses de Guerra Campos nous pourrions ajouter un document. Dans la sentence définitive du concile de Tolède célébré en 400 [11], il est dit :
et à notre frère Ortigius, nous décrétons que les églises desquelles il fut expulsé doivent lui être rendues [12].
7 Hydace complète la citation du concile de Tolède, en racontant qu’en l’année 400 :
Dans la ville de Tolède, appartenant à la province Carthaginensis, les évêques se réunirent en synode : selon les actes, Symposius et Dictinius ainsi que les autres évêques galiciens, adeptes de Priscillien, signèrent une déclaration dans laquelle ils condamnaient son infâme hérésie, ainsi que son auteur. De plus, plusieurs mesures qui concernaient la discipline ecclésiastique furent adoptées. À ce même concile, participa l’évêque Ortigius, qui avait été nommé à Celenis, et exilé à cause de sa foi catholique sous la pression des priscillianistes [13].
9Nous n’approfondirons pas la problématique de ces deux citations qui ont été analysées par plusieurs auteurs [14]. Elles nous intéressent parce qu’elles montrent l’importance du priscillianisme pendant les iv e et v e siècles à Aquae Celenae, probablement l’actuelle Caldas de Reis, de laquelle dépendait certainement l’actuelle ville de Valga.
10 Guerra Campos mentionne le site d’Os Mártores comme une possibilité qui doit être examinée, mais il ne cesse de rappeler que la Galice de l’époque priscillianiste comprenait une grande partie du plateau castillan, se demandant ainsi dans quelle Galice fut enterré Priscillien. En fait, il n’existe pas d’autres lieux avec le toponyme « Mártores » sur tout le territoire galicien, mais nous avons constaté la présence de toponymes similaires comme « Os Martices », dans dix communes différentes. Par ailleurs, la chronologie assignée aux sarcophages est hasardeuse, et seule une fouille rigoureuse permettrait d’émettre des considérations plus décisives. À ce jour, seule une chapelle et quelques sarcophages anthropomorphes façonnés en pierre sont visibles, en plus d’une stèle funéraire dédiée à Mercure conservée à l’intérieur de la chapelle.
11 L’historien d’Avila E. Rodríguez Almeida, dans son ouvrage Avila Gallega, énonça la possibilité que les restes de celui qui occupait le siège d’Avila aux alentours de l’an 383, reposent sous l’église romane de Saint-Vincent, située dans l’actuelle Avila (fig. 5). Sans doute victime de cette tendance qui nous conduit tous à relier notre passé à des figures historiques célèbres, Almeida dit :
No sabemos cual fuese el destino final del cuerpo del primer obispo histórico de Avila, pero, trasladado a Hispania, es evidente que debió ser llevado a Gallaecia (y a Avila, en concreto) por sus secuaces. En tal caso, la basílica de los mártires Vicente, Sabina y Cristeta habría sido el lugar ideal para su sepultura. Viene a la mente el sepulcro de granito colocado bajo el pavimento de la basílica y al nivel del techo de la cripta Sur, a poca distancia de ambas tumbas. Y viene igualmente a la memoria la tradición “juradera”, desde siempre ligada a la basílica y a los sepulcros martiriales. ¿Incluido el de Prisciliano? [15]
13 L’hypothèse qui établit que les restes de Priscillien reposent à Avila est possible ; cependant, si nous prenons en compte que le seul lien connu entre Priscillien et Avila est le développement de son évêché dans cette ville, qui, d’autre part, fut éphémère [16], cela nous semble peu probable.
14 Notre tâche en tant qu’historiens est d’analyser les preuves disponibles et d’essayer d’émettre des jugements objectifs à partir des sources parvenues jusqu’à nous. Pour essayer de répondre à la question que nous nous sommes posée, nous devons en outre envisager deux questions inéluctables.
15 Comme l’avait déjà remarqué succinctement Guerra Campos, l’enquête autour du lieu qui accueille les restes de Priscillien doit débuter avec une analyse des limites de la Gallaecia [17]. Cet aspect n’est pas du tout futile, puisqu’avec cela nous obtiendrons une vision plus ou moins précise de l’espace vers lequel nous devons diriger notre recherche. Mais réduire la géographie de notre enquête ne nous mènera pas pour autant jusqu’à Priscillien. Il est nécessaire de répondre à une autre question fondamentale. L’inquiétude et le déracinement spirituel que la mort de Priscillien produisit sur ses adeptes, furent sans doute l’aiguillon qui incita le retour de ses reliques. Mais, après les condamnations de Trèves, qui avait à la fois un pouvoir suffisant et un intérêt à favoriser le retour en Gallaecia du corps non enseveli de Priscillien ?
16 Les limites géographiques de la Gallaecia à l’époque à laquelle naquit et vécut Priscillien ne sont pas tout à fait claires. Lorsqu’il s’agit de préciser les limites de cette province, les chercheurs qui ont abordé cette question ont, en général, une lecture assez traditionnelle qui fait fi des sources disponibles. Pour définir l’espace compris dans la notion de Gallaecia nous pouvons compter sur deux sources littéraires [18]. Il s’agit d’Hydace et d’Orose, originaires tous les deux du conventus de Braga. Les informations apportées par ces auteurs sont en harmonie avec les données extraites de la Notitia Dignitatum, et avec les informations plus succinctes de Pline l’Ancien et de Prosper d’Aquitaine. Orose, dans ses Histoires contre les Païens, fait référence à deux reprises à la géographie de la Gallaecia. Dans la première occurrence, il situe la ville de Numance à proximité des Vaccéens et des Cantabres, in capite Callaeciae sita, ultima Celtiberorum [19]. Dans la deuxième occurrence, il signale que les Cantabres et les Astures font partie de la province de Galice [20]. Cela implique que Numance marque la limite orientale de la Galice du iv e siècle. La Notitia dignitatum corrobore les limites définies par Orose, puisque Iuliobriga, ville cantabre, est incluse dans la Gallaecia. En revanche, Veleia dépendrait, selon ce document, de la Tarraconaise : la partie nord-ouest du conventus Cluniensis passerait donc à la province Tarraconaise.
17 Hydace fait référence au lieu de naissance de l’empereur Théodose : Theodosius natione Spanus de provincia Gallaecia civitate Cauca… [21], une idée aussi exprimée par Zosime. Tout semble indiquer que Cauca correspond à l’actuelle ville de Coca, au nord de Ségovie, et nous pouvons donc supposer qu’à l’époque de la naissance de Théodose (347 apr. J.-C.), cette zone appartenait aussi à la Gallaecia. Ainsi, tout le conventus cluniensis aurait été inclus dans la Galice, à l’exception de la partie nord-ouest, qui serait administrée par la Tarraconaise.
18 Pline l’Ancien, dans son Historia Naturalis, décrit ensemble Lusitania, Asturia et Gallaecia et nous dit qu’« à partir du Durius commence la Lusitania […] » [22]. Ainsi, nous savons avec une certaine probabilité (il ne faut pas oublier que Pline écrit au i er siècle apr. J.-C.) qu’au temps de Priscillien le fleuve Douro constituait la limite naturelle entre la Gallaecia et la Lusitania au sud.
19 Finalement, nous devons faire référence à la citation de Prosper d’Aquitaine : « en ce temps-là, l’évêque Priscillien de Gallecia, du dogme des gnostiques et des manichéens, fonda l’hérésie qui porte son nom » [23].
20 Nous savons que Priscillien fut évêque d’Avila. Une des interprétations plausibles serait que le chroniqueur pensait au siège de Priscillien, quand il faisait référence à Gallecia. S’il en est ainsi, les mots du chroniqueur sont clairs, et la ville ferait partie de la Gallaecia à la suite des réformes introduites par Dioclétien [24].
21 Bien que la question des limites de la Gallaecia au iv e siècle continue de susciter des controverses, si nous prenons les sources disponibles comme des vérités apodictiques, nous devons situer la limite sud de la Gallaecia sur le fleuve Douro jusqu’à la route de l’Argent, qui unissait Emerita Augusta avec Asturica Augusta en passant par Salmantica. À cet endroit, la province s’élargirait vers le sud, en arrivant jusqu’à la sierra de Gredos et la sierra de Guadarrama, qui marque une limite naturelle significative, laquelle ne serait sans doute pas passée inaperçue aux yeux des administrateurs romains. Avila ferait partie de la Gallaecia, et à partir de là, la limite orientale de la province avancerait parallèlement à la sierra de Guadarrama et la sierra de la Demanda, laissant à l’est Numance, déjà en dehors de la Gallaecia. Plus au nord, Iuliobriga marquerait la limite orientale de la province, à la fin de la cordillère cantabrique. L’embouchure du fleuve Pas pourrait être la limite nord-est de la province, ainsi Flaviobriga ferait partie de la province Tarraconaise. Les limites nord et ouest de la province seraient bien définies respectivement par la mer Cantabrique et l’océan Atlantique.
22 Comme il a été dit, les limites de la Gallaecia à l’est et au sud-est, sont hypothétiques. Néanmoins nous avons employé les sources disponibles, ainsi que l’orographie du territoire analysé, pour établir le contour de la province. Sans nouvelles informations à notre disposition, nous offrons à la fin de cet article une carte montrant l’aspect approximatif de la Gallaecia du iv e siècle, sur la base de cette hypothèse. Nous avons de cette façon un cadre bien défini, dans lequel se trouverait le lieu d’enterrement de Priscillien (fig. 1).
23 Nous devons maintenant nous poser la question suivante : qui put avoir la force et le courage suffisants pour impluser le retour du corps de Priscillien en Gallaecia ? Les sources nous informent que Symposius et Dictinius, évêques du siège d’Asturica Augusta, furent les principaux défenseurs du mouvement suite aux condamnations de Trèves.
24 Symposius était évêque d’Astorga au iv e siècle, il apparaît en effet comme tel dans le concile célébré à Saragosse en l’année 380 [25]. Son prestige dut être grand, puisqu’il occupait un des premiers sièges épiscopaux dont nous avons connaissance dans le nord-ouest péninsulaire [26]. Il abandonna les sessions le deuxième jour, alléguant – ce qui était certainement un subterfuge – le caractère fortement tendancieux du concile. Il est probable qu’après avoir mieux connu le mouvement « il ait vécu son propre chemin de Damas » et commencé à fréquenter Priscillien et ses coreligionnaires [27]. Symposius est mentionné dans un des traités priscillianistes, le Liber ad Damasum, où se manifeste l’estime que son auteur avait pour lui [28]. Plus tard, en l’an 400, il assiste au concile de Tolède en tant que chef du mouvement priscillianiste. L’objectif du concile était de faire pression sur les évêques galiciens pour qu’ils renoncent à leurs sympathies priscillianistes et pour qu’ils dissuadent le clergé et les fidèles de continuer à vénérer les martyrs de Trèves, afin de restaurer ainsi la paix et l’harmonie des Églises dans toutes les provinces ibériques. Grâce aux actes du concile nous disposons de la rétractation de Symposius, qui aurait été accepté à nouveau en communion.
25 Dictinius, fils de Symposius, succéda à son père au siège d’Asturica Augusta [29]. Avant sa rétractation, qui eut lieu à Tolède aux alentours de 400, et certainement peu après la mort de Priscillien, dans un temps où le priscillianisme acéphale était victime d’une justice implacable et de persécutions de la part de l’évêché, il écrivit son œuvre célèbre, Libra [30]. Dictinius, inquiet de la situation présente, reposa donc l’ancienne question chrétienne de la légitimité du pieux mensonge. Lui-même, soutenant ses camarades, et par une démonstration écrite détaillée, donna son aval à l’usage du mensonge. Ainsi, Dictinius écrivit Libra, ouvrage où il pressait ses coreligionnaires de se faire passer sans crainte pour catholiques afin de garantir leur sécurité, mais en conservant le priscillianisme dans leur cœur. Le concile de Tolède célébré en l’an 400, met à notre disposition sa rétractation, dans laquelle il abjure la doctrine de Priscillien et rejette ses traités, condamnant aussi son Libra. Mais cet ouvrage survécut. Le Catéchisme du mensonge de Dictinius continua d’être vénéré et très lu par les priscillianistes, et occupa l’attention des autorités ecclésiastiques très longtemps [31].
26 Ayant établi des limites approximatives de la Gallaecia au temps de Priscillien, et après avoir examiné les principaux chefs du mouvement à la suite de sa mort, il semble logique d’en déduire qu’Astorga doit être prise en compte comme destination du corps de Priscillien. Sans aucun doute, faisait-elle partie de la province de Gallaecia au iv e siècle apr. J.-C. et les sources connues montrent que Symposius et Dictinius, évêques d’Astorga, étaient les têtes de file du mouvement.
27 Sulpice Sévère raconte qu’après les jugements de Trèves, Priscillien et ses camarades Felicissimus et Armenius (deux prêtres), Latronianus (un poète) et Eucrotia (une laïque) furent passés au fil de l’épée [32]. Plus tard des tribuns furent envoyés en Hispanie avec pleins pouvoirs. Asarivus et Aurelianus (diacres) furent exécutés. La dernière victime connue est Urbica, qui fut lapidée par la fervente population de Burdigala [33]. Nous considérons, quand Sulpice dit que les corps des martyrs furent rapportés en Hispanie, qu’il fait référence aux sept exécutés de Trèves : Priscillien, Felicissimus, Armenius, Latronianus, Iulianus, Eucrotia et Procula. Le retour des cadavres eut lieu entre 385 et 400 après J.-C. sans qu’on puisse donner davantage de précisions [34].
28 À la fin de son récit, Sulpice nous dit qu’après les exécutions de Trèves les corps des morts furent emportés en Espagne, où des obsèques somptueuses furent célébrées. Les sources mentionnent en outre qu’ils commencèrent à être vénérés comme des martyrs, et le fait de jurer par Priscillien fut tenu pour suprêmement religieux. Comme nous l’avons établi depuis le départ, le problème est que nous ne connaissons pas le locus, l’endroit où se trouve le tombeau des martyrs. Nous savons seulement que le martyr a eu lieu à Trèves, et que les corps ont été rapportés en Espagne. Rien n’est dit sur l’endroit où furent placées les reliques – il se peut que Sulpice lui-même ne connaisse pas leur emplacement exact – l’ampleur du mouvement en Gallaecia à la suite des exécutions de Trèves fait sans aucun doute de cette province un refuge plausible [35]. Et il faut ajouter à cela les mots éloquents d’Hydace, qui décrit comment après l’exécution de Priscillien, « l’hérésie priscillianiste envahit la Galice » [36].
29 D’après le culte offert à d’autres martyrs hispaniques, nous pouvons supposer que les priscillianistes récitaient une passio, où ils rappelaient l’héroïsme et les supplices des martyrs, en se remémorant la figure de Priscillien, et en chantant des hymnes en son honneur. Sulpice raconte que des honneurs funèbres furent rendus au corps du martyr (corpus sancti), connues sous le nom d’honor martyris [37].
30 Cependant nous ne savons pas si la construction d’un monument fut effectuée, soit sur son propre tombeau (cella), soit, ultérieurement, dans une basilique. Et comme nous l’avons vu depuis le début de ce travail, nous ne connaissons pas l’emplacement du locus sanctorum. Le problème s’accroît parce que Sulpice Sévère et les autres sources disponibles ne donnent aucune précision. Furent-ils enterrés dans un monument sépulcral, dans une petite église, dans une église cathédrale ? Nous ne le savons pas.
31 Nous pouvons imaginer le coup dur que la perte de Priscillien fut pour ses malheureux adeptes. Leur douleur ne trouva de consolation qu’avec la présence de ses reliques, auxquelles ils rendirent hommage en déclamant à haute voix son nom et en rappelant ses illustres enseignements, jadis aliment de leur foi. Symposius et son fils Dictinius, en tant qu’évêques du siège d’Astorga, se firent écho des besoins de leurs fidèles et ils agirent ainsi d’une façon similaire à d’autres évêques de la pars occidentis de l’Empire qui renforcèrent leur autorité par la garde des reliques très vénérées des martyrs. Dans la Gallaecia, une province partiellement christianisée, et qui ne comptait pas jusque-là de reliques, se déchaîna sans doute une vague de ferveur populaire avec l’arrivée des restes de ceux qui furent exécutés à Trèves.
32 Si Symposius, saint père de l’insigne siège d’Asturica Augusta fut le responsable du retour du corps sans vie de Priscillien en Gallaecia, pourquoi allait-il l’éloigner de son siège, à une époque où proliféraient les cultes des reliques des martyrs ? Il serait beaucoup plus émouvant de remémorer son nom et l’inclure dans ses litanies, si l’esprit et les restes de Priscillien se trouvaient parmi ceux qui célébraient la liturgie [38]. La direction du mouvement priscillianiste de la main de Symposius et Dictinius serait plus intelligible avec la présence de ces illustres reliques. Quant aux représentants du bras plus orthodoxe de l’Église, après les tragiques événements arrivés à Trèves, et la façon d’agir des accusateurs – qui commençait à être considérée comme discutable – ils ne se seraient pas obstinés à empêcher le déplacement des reliques de Priscillien dans une conjoncture peu favorable. La présence des restes de Priscillien aurait aidé, dans une certaine mesure, à diffuser l’Évangile dans des terres de christianisation récente et très partielle où le rigoureux prosélytisme catholique n’avait pas eu beaucoup de succès.
33 Au vu de tout cela, et en considérant cependant que chacune des hypothèses énoncées précédemment recèle des éléments de plausibilité, nous croyons que les restes de Priscillien furent amenés depuis Augusta Treverorum jusqu’à Asturica Augusta en dernière demeure. Cette affirmation est fondée sur la théorie que Symposius fut le responsable principal du retour des reliques de Priscillien. Son rôle de chef du mouvement à la suite de la mort de son prédécesseur, lié à celui de son fils Dictinius, sans doute l’autorité spirituelle de la secte au v e siècle, nous fait penser au monastère de Saint Dictinius comme l’endroit le plus probable pour le repos éternel de Priscillien. Dictinius fonda un monastère en dehors de l’enceinte fortifiée de la ville dont malheureusement nous ne connaissons pas l’emplacement précis [39]. Néanmoins, sa localisation en dehors des murailles est convaincante, puisqu’elle pourrait indiquer la présence d’un lieu de culte à partir duquel le couvent serait créé. Selon la tradition, saint Dictinius lui-même se fit enterrer dans le monastère qu’il avait fondé, cherchant peut-être à retrouver la paix auprès de celui qu’il avait vénéré en tant que martyr.
34 À vrai dire, nous connaissons l’existence de ce monastère par une restauration et une dotation effectuée sous le parrainage de l’évêque Fortis, en 925, et dont il laissa un témoignage. Dans le document, l’évêque fait une référence imprécise à l’existence de ce monastère jadis vetusta fundamine, si on accepte la réalité de la fondation du monastère au temps de l’évêque Dictinius [40]. L’évêque Don Nuño, qui quelques années plus tard se fit enterrer dans ce monastère, témoigne expressément que les murs de cette église furent édifiés « par les mains mêmes du saint d’Astorga, décédé au v e siècle ». Sans doute, une référence à l’évêque Dictinius. Le texte est si clair que, bien qu’il soit assez tardif – xiii e siècle – il fut accepté sans discussion [41].
35 Seule une découverte de caractère exceptionnel sur le plan documentaire ou archéologique pourrait résoudre de façon définitive la question du lieu de repos des restes de Priscillien. Aujourd’hui la preuve semble se dessiner du côté de cette grande Gallaecia du iv e siècle, et de notre point de vue, en laissant de côté le sentimentalisme et la subjectivité, Asturica Augusta est l’endroit le plus probable de l’enterrement des reliques de Priscillien.
Figure 1 : La Gallaecia au temps de Priscillien. Réalisation de l’ auteur.
Figure 1 : La Gallaecia au temps de Priscillien. Réalisation de l’ auteur.
Figure 2 : Vue générale de la nécropole sous la nef majeure de la cathédrale Saint-Jacques. Source : Suárez Otero 1999.
Figure 2 : Vue générale de la nécropole sous la nef majeure de la cathédrale Saint-Jacques. Source : Suárez Otero 1999.
Figure 3 : Vue de l’ intérieur du monument de Sainte Eulalie de Boveda. Photographie de l’ auteur.
Figure 3 : Vue de l’ intérieur du monument de Sainte Eulalie de Boveda. Photographie de l’ auteur.
Figure 4 : Vue extérieure et détails de la chapelle d’ Os Mártores (San Miguel de Valga, Pontevedra). Photographies de l’ auteur
Figure 4 : Vue extérieure et détails de la chapelle d’ Os Mártores (San Miguel de Valga, Pontevedra). Photographies de l’ auteur
Figure 5 : Réalisation de l’ auteur à partir de Rodríguez Almeida 1965.
Figure 5 : Réalisation de l’ auteur à partir de Rodríguez Almeida 1965.
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Notes
-
[1]
Latronianus, Iulianus, Felicissimus, Armenius, Procula et Eucrotia, voir Piay Augusto 2006, p. 607-608.
-
[2]
Gabriel Sánchez 2009, p. 48. Les fouilles sous la nef de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle entre 1946 et 1959 mirent au jour une nécropole avec des tombeaux des iv e et v e siècles, appartenant à des familles modestes. Les tombeaux sont orientés vers l’est, et semblent se situer autour d’une sépulture plus importante dont les restes ont été pillés durant l’Antiquité. Les inhumations familiales disparaissent vers le vii e siècle. Les indices laissent penser que les chrétiens voulaient être ensevelis auprès d’un saint. Étant donné que nous n’avons pas d’autre manière d’identifier le défunt, Gabriel Sánchez suggère qu’il pourrait s’agir de Priscillien.
-
[3]
Chadwick 1977, p. 302-303.
-
[4]
Après la tenue du deuxième concile de Bracara Augusta en l’an 561 le priscillianime n’est pratiquement pas mentionné dans les sources. Les dernières références connues des priscillianistes sont l’œuvre du pape Grégoire le Grand, Homiliæ in Euangelium, 1, 10, 4 (Fiedrowicz 1997, p. 170-172), en 591 ; Isidore de Séville, Chronica Majora, 5581, 354 ; 5590, 359 (Martín 2003, p. 169 ; p. 173), entre les années 615-616 ; De uiris illustribus, II (Codoñer 1964, p. 135), entre les années 615-620 ; Etymologiae, 8, 5, 54 (Oroc 2009, p. 688-691) entre les années 627-630 ; et Braule de Saragosse, en 651 (Riesco 1975, p. 193-194).
-
[5]
Millán González Pardo 1983. Il faut tenir compte du fait que l’auteur a toujours été un défenseur acharné de la présence du corps de l’apôtre dans la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle ; cependant cela ne devrait pas conditionner l’objectivité de son étude, qui se distingue par sa rigueur.
-
[6]
Montenegro Rúa 2005, p. 107. Parmi les différentes hypothèses interprétatives, Acuña Castroviejo 1976, p. 68-69, 89 ; Arias Vilas 1974- ; Abad Casal 1982 et Ares Vázquez 1980 considèrent le site de Sainte Eulalie de Boveda comme un temple romain consacré au culte des eaux. La thèse de ce dernier se fonde sur l’étude des reliefs – liés aux manifestations des propriétés curatives des eaux – et sur l’interprétation des restes épigraphiques fragmentaires retrouvés dans les années cinquante. Núñez Rodríguez 1978, p. 106, 113-115, 131-139 relève des caractéristiques architecturales liées aux rites de la culture des “castros”. La coïncidence avec les deux théories principales – nymphée ou sanctuaire de culte des eaux salutaires, ou bien mausolée – se manifeste autant par la relation du monument avec un espace rituel d’initiation, où l’immersion dans l’eau serait une composante active, que par son caractère funéraire lié à un crématoire. García Iglesias 1989, p. VIII-32 y voit un temple paléochrétien. Pour Delgado Gómez 1989 c’est un somptueux mausolée romain, rattachant, pour la première fois à Sainte Eulalie de Boveda, l’eau comme élément indispensable tant pour les rites funéraires que pour le nettoyage du bâtiment. Dans une étude plus récente (Blanco Rotea et alii 2009, p. 149-198), fondée sur l’architecture et l’ornementation de la construction, une datation du haut Moyen Âge fut proposée.
-
[7]
Fernández de la Vega 1970.
-
[8]
Hydace, Chronique, 102 (Tranoy 1974, p. 132) : In conventu Lucensi, contra voluntatem Agresti Lucensis episcopi, Pastor et Syagrius episcopi ordinantur. Pour le commentaire d’Alain Tranoy sur le passage voir Tranoy 1974, p. 101-102, où il pense qu’Agrestius était priscillianiste et s’efforce d’éviter la nomination de deux évêques qui mènent une campagne contre l’hérésie. M. Sotomayor y Muro est de la même opinion (Sotomayor y Muro 1979, p. 253). C. Cardelle De Hartmann, (Cardelle De Hartmann 1996, p. 88-93), situe Pastor et Syagrius aux sièges d’Iria et Aquae Celenae, et il suppose qu’Agrestius était orthodoxe mais partisan de la coexistence avec les priscillianistes, et que l’ordination de Pastor et Syagrius, deux adversaires actifs du priscillianisme, représente la tentative d’autres évêques plus fermes pour imposer dans le district d’Agrestius une politique antipriscillianiste plus décidée. Le silence d’Hydace sur les raisons d’Agrestius s’explique si les trois évêques étaient orthodoxes, mais de tendance différente. Pour cet auteur, l’événement prouve l’existence d’une ligne orthodoxe tolérante chez les évêques de Galice. En revanche, M. V. Escribano Paño (Escribano Paño 1996, p. 272) défend l’orthodoxie d’Agrestius, face au priscillianisme de Pastor et Syagrius. D’autres explications possibles sont le désaccord entre les évêques au sujet de la politique qui devait être menée face aux Suèves et les conflits dus à la prolifération anarchique de sièges épiscopaux (Codoñer 2010, p. 15-16).
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[9]
Gennade de Marseille, De uiris illustribus, LXVI ; LXXVII (Richardson 1896) mentionne un Pastor qui composa un traité dans lequel il condamnait les priscillianistes (Priscillianos cum ipso auctoris nomine damnat) ; et il inclut aussi un Syagrius, qui avait écrit un traité intitulé De fide contre les praesumptuosa haereticorum vocabula. Un Agrestius est mentionné dans les Actas del Concilium Araisicanum, I (441), et son identification avec l’Agrestius d’Hydace semble claire : ex prouincia Gallecia ciuit. Lecentium Agrestius episcopus, Deudatus diaconus (Munier 1963, p. 87, 17-18).
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[10]
Guerra Campos 1982, p. 559.
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[11]
L’objectif de ce concile était de soutenir les évêques galiciens pour qu’ils renoncent à leurs sympathies priscillianistes et pour qu’ils dissuadent le clergé et les fidèles de continuer à vénérer les martyrs de Trèves, restaurant ainsi la paix et l’harmonie des Églises dans toutes les provinces ibériques. Les priscillianistes qui se rétractaient pourraient participer à nouveau à la communion. Dix-neuf évêques y ont assisté. Le premier à être appelé fut Patruin, évêque de Mérida, provenant donc de Lusitanie. Seul le siège d’Exupérance est mentionné. Les Actes du Concile de Tolède mettent en plus à notre disposition les extraits des rétractations de Symposius, Dictinius et Comasius. Ils incluent aussi le verdict officiel sur les conditions qui seront faites aux repentis et à ceux qui persévèrent dans leurs croyances.
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[12]
Fratri autem nostro Ortigio ecclesias, de quibus pulsus fuerat, pronunciavimus esse reddendas (Martínez, Rodriguez 1984, p. 326 ; p. 339).
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[13]
Hydace, Chronique, 32 (Tranoy 1974, p. 112) : In provincia Carthaginiensi, in civitate Toleto, synodus episcoporum contrahitur, in quo quod gestis continetur, Symphosius et Dictinius et alii cum his Gallaeciae provinciae, episcopi Priscilliani sectatores, haeresem eius blasphemissimam cum adsertore eodem professionis suae subscriptione condemnant. Statuuntur quae dametiam observanda de ecclesiae disciplina communicante, in eodem concilio, Ortygio episcopo, qui Celenis fuerat ordinatus, sedagentibus Priscillianistis pro fide catholica pulsus factionibus exulabat. Sur Ortigius, voir Gabriel Sánchez 2009, p. 484.
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[14]
Tranoy 1974, p. 30 ; Cardelle De Hartmann 1998, p. 276. Ortygius avait affronté les priscillianistes en terre galicienne et avait été expulsé d’Aquae Celenae par ceux-ci suite à son mandat. Dans les Actes du Concile de Tolède il est ordonné explicitement que les églises d’où il avait été expulsé lui soient rendues.
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[15]
« Nous ne savons pas quelle fut la destination finale du corps du premier évêque historique d’Avila, mais, déplacé en Hispanie, il est évident qu’il a dû être porté en Gallaecia (et concrètement, à Avila) par ses acolytes. Si tel est le cas, la basilique des martyrs Vincent, Sabine et Christèle aurait été l’endroit idéal pour sa sépulture. Il me vient à l’esprit le sépulcre de granit placé sous le revêtement de la basilique et à la hauteur du toit de la crypte sud, à peu de distance des deux tombeaux. Et il vient également à la mémoire la tradition de jurer par Priscillien liée depuis toujours à la basilique et aux sépulcres des martyrs. Y compris celui de Priscillien ? » (Rodríguez Almeida 2002, p. 30).
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[16]
Si nous acceptons l’année 385 comme date de sa mort et 383 comme la date de sa nomination, Priscillien aurait exercé la charge épiscopale pendant 3 ans. Mais nous ne devons pas oublier qu’à cette période Priscillien voyagea à Rome et, ultérieurement, fut emmené à Bordeaux et à Trèves pour être jugé puis finalement condamné. Pour une proposition de l’itinéraire suivi par les priscillianistes lors de leur voyage à Rome, ainsi que sa chronologie : Piay Augusto 2014.
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[17]
Cf. supra.
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[18]
Nous suivons essentiellement Tranoy, dont les conclusions nous semblent toujours valides (Tranoy 1981, p. 402-403).
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[19]
Orose, Histoires contre les Païens, V, 7, 2 (NOM, p. 292) : Numantia autem citerioris Hispaniae, haud procul a Vaccaeis et Cantabria in capite Gallaeciae sita, ultima Celtiberorum fuit.
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[20]
Orose, Histoires contre les Païens, VI, 21, 2 (NOM, p. 104) : Cantabri et Astures Gallaeciae prouinciae portio sunt, qua extentum Pyrenaei iugum haud procul secundo Oceano sub septentrione deducitur.
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[21]
Hydace, Chronique, 2 (Tranoy 1974, p. 108) : « Teodosio, de nacionalidad hispana, provincia Gallaecia, ciudad de Cauca […] ».
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[22]
Schulten, Maluquer de Motes 1987, p. 127.
-
[23]
Prosper d’Aquitaine, Epitoma Chronicon, 1171 (Mommsen 1892, p. 460). Prospère situe le début de l’hérésie de Priscillien en l’an 379, quand Ausonie et Olybrius étaient consuls.
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[24]
L’autre possibilité est que Prospère fasse référence au lieu de naissance de Priscillien, et non à son siège.
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[25]
La plupart des historiens acceptent la tenue du synode de Saragosse en l’an 380 : Chadwick 1977, p. 32 ; Babut 1909, p. 244-247 ; Vollmann 1974, p. 499 ; Ubric Rabaneda 2004, p. 231. Gabriel Sánchez 2009, p. 470 défend 379 apr. J.-C. comme la date du concile de Caesar Augusta. Escribano Paño 1988, p. 220, analyse la possibilité que le concile se soit tenu en l’an 378 apr. J.-C. Son argument se fonde sur deux terminus ante quem, qu’elle-même considère discutables. En premier lieu, Prosper d’Aquitaine dans son Epitoma chronicon mentionne Priscillien en 379 apr. J.-C. comme évêque. Si Priscillien obtint la charge épiscopale après le concile de Saragosse, celui-ci ne put se réunir en 380 apr. J.-C. et devrait remonter à 378 apr. J.-C. D’autre part, si la publication par Gratien du rescrit Contra pseudo episcopos et manichaeos eut lieu en 380 apr. J.-C., comme cet auteur le suppose, les faits racontés par Sulpice Sévère survenus entre le concile et le rescrit obligeraient à retarder la date du synode de Caesar Augusta. Douze évêques représentant les provinces de la Tarraconensis, de la Lusitania, de la Gallaecia et de la Carthaginensis furent présents.
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[26]
Sotomayor y Muro 1979, p. 242-245. La lettre 67 de saint Cyprien, datée en 254-255 apr. J.-C., est le premier témoignage explicite de l’existence en Hispanie de communautés pleinement organisées avec des diacres, des prêtres et des évêques. Dans cette lettre, sont mentionnées expressément trois communautés : Saragosse, León-Astorga et Mérida.
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[27]
Vollmann 1974, p. 501. Symposius assiste à la séance du premier jour et signe les huit déclarations qui refusaient certaines formes d’ascétisme, mais surtout cherchaient à soumettre le mouvement ascétique au contrôle hiérarchique.
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[28]
Liber ad Damasum, 126-127 (Conti 2009, p. 76-77). Nous ne nous arrêterons pas ici sur la question que pose l’auteur au sujet des traités de Würzburg, point qui a suscité un inextricable débat depuis sa publication en 1886 par George Schepps. Cependant, tous les chercheurs sont d’accord sur le fait qu’ils sont l’œuvre de Priscillien ou de ses partisans.
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[29]
Cardelle De Hartmann 1996, p. 93.
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[30]
Malheureusement, non conservée. F. Lezius (Lezius 1898, p. 117) défend la possibilité que Consencius ait envoyé une copie à Augustin de Libra, « die wir bis zu einem gewissen Grade rekonstruiren können ». Pour avancer cela, il s’appuie sur plusieurs arguments. D’une part, il signale intelligemment que l’inclusion d’un exemplaire de cette œuvre à côté de la lettre, aiderait à renforcer la délicate question abordée – c’est à dire, s’il est licite de nier les croyances catholiques afin de démasquer les hérétiques priscillianistes – ; d’autre part, il essaie de trouver un indice documentaire dans les mots d’Augustin dans son Contra mendacium : Consenti frater carissime, multa mihi legenda misisti. À la suite d’une analyse de cette œuvre de l’évêque d’Hippone, Lezius croit pouvoir affirmer que l’auteur disposait d’une copie de Libra, et qu’il l’avait lue : « Blicken wir auf Augustins Schrift contra mendacium zurück, so können wir wohl sagen, dass er die Libra des Dictinius in Händen gehabt und gelesen hat », p. 121. Quant à l’explication du titre, Libra, Lezius croît que nous pouvons trouver un indice dans la Passio Thomae. Cet écrit très apprécié des ascètes hispaniques explique que les veri dei cultores doivent être parfaits, et doivent posséder l’integra libra aequitatis (équité, esprit de justice). Cette integra libra se compose de 12 vertus, à savoir : la foi ; le baptême ; l’abstention de fornication ; la répression de l’avarice ; dominer la gloutonnerie ; la pénitence ; la persévérance dans ces œuvres ; l’hospitalité ; la recherche et l’accomplissement de la volonté de Dieu ; reconnaître et fuir de ce qui déplaît Dieu ; aimer l’ennemi ; la vigilance et le soin dans l’exercice de ces vertus, pour ne pas perdre les richesses éternelles. L’integra libra aequitatis se compose de ces 12 vertus, qui constituent la perfection de tous ceux qui désirent être fidèles au vrai Dieu. Dictinius aurait pensé à ce passage, quand il décida de baptiser son œuvre Libra pour la justification du mensonge, et la diviser en douze questions.
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[31]
Lezius 1898, p. 118-124. Les priscillianistes défendaient l’emploi du mensonge, le iura, periura, secretum prodere noli. Selon Augustin, « les priscillianistes invoquent l’exemple des patriarches, prophètes, apôtres et anges, et n’excluent pas non plus au Seigneur ce mode de mensonge ». Ils argumentent qu’il convient aux chrétiens d’être sincères dans leur cœur, mais que la vérité du monde n’est pas aussi nécessaire que la sincérité de leurs cœurs. Paul lui-même exigeait un devoir d’amour de la vérité plus fort que celui du prochain (Éphésiens 4, 25). Les priscillianistes pensent qu’ils doivent être sincères et ouverts avec les autres membres de la secte, puisque ce sont leurs proches. Avec les catholiques il en allait autrement puisqu’ils ne se considèrent pas comme des proches ; ainsi ce n’était pas pêcher que de leur mentir. L’argument est très persuasif. La défense de ce principe de conduite peut pour le moins éveiller des suspicions concernant les abjurations de Dictinius et Symposius à Tolède (400), et par extension celles des autres priscillianistes.
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[32]
Sulpice Sévère, Chronique, II, 48, 4 (NOM, p. 104). Jérôme, De uiris illustribus, 122, mentionne aussi un certain Iulianus condamné à Trèves. Pour le texte de Jérôme nous avons employé : Barthold 2010, p. 257 ; Ceresa-Gastaldo 1988 (sur Iulianus, p. 222-223).
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[33]
[…] per seditionem vulgi lapidibus extincta est, Prosper d’Aquitaine, Epitoma Chronicon, 1187 (Mommsen 1892, p. 462).
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[34]
En considérant l’an 385 apr. J.-C. comme la date de la mort de Priscillien, et l’an 400 apr. J.-C. comme la date du concile de Tolède. La chronique de Sulpice fut composée vers 403 apr. J.-C. (Chadwick 1977, p. 178-186). S. J. Gabriel Sánchez situe le retour des corps en Hispanie en 396 apr. J.-C. : « Les restes de Priscillien auraient été déposés en Galice vers 396 » (Gabriel Sánchez 2009, p. 47) ; Babut 1909, p. 90, défend l’idée que Priscillien fut enterré en Gallaecia en 388 apr. J.-C. : « Après le supplice de Priscillien et de six de ses amis – fort probablement trois ou quatre ans après, au lendemain de la chute de Maxime – les corps des suppliciés furent rapportés en Espagne ».
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[35]
Cardelle De Hartmann 1998, p. 273. Admettant l’absence de données pour résoudre la question du lieu d’enterrement de Priscillien, cet auteur pense que nous pouvons partir du principe qu’il s’agit d’un endroit en Gallaecia. Pour Babut 1909, p. 90 : « La province où les reliques des condamnés de Trèves furent reçues avec tant d’honneur ne peut être que la Gallécie ».
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[36]
Exim priscilllianistarum haeresis invasit, Hydace, Chronique, 16 (Tranoy 1974, p. 108). Dans le codex Berolinensis du ix e siècle la phrase est incomplète : in Gallaeciam Priscillianistarum… ; Mommsen compléta le texte d’Hydace avec haeresis invasit « à partir de ce moment l’hérésie des priscillianistes envahit Gallaecia » (Mommsen 1894, p. 15), option avec laquelle Tranoy est d’accord, et en général, tous les éditeurs. D’autres options proposées ne modifient pas, globalement, le sens de la citation : Burguess préfère ingreditur heresis « à partir de ce moment, l’hérésie des priscillanistes entra en Gallaecia » (Burguess 1993, p. 76), et Rodríguez Almeida offre directement une traduction du passage : « à partir de ce moment l’hérésie des priscillianistes a acquis plus de force » (Rodríguez Almeida 2002, p. 56).
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[37]
Sur le culte aux martyrs en Hispanie romaine tardive, voir Castillo Maldonado 1999. Sur la diffusion du culte des martyrs dans l’Antiquité tardive, voir Grig 2004, p. 37-38 où est traité le mode de développement des festivités en l’honneur des martyrs, ainsi que celui des basiliques et autres lieux destinés à la liturgie.
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[38]
Castillo Maldonado 1999, p. 406. L’œuvre Peristephanon du poète tarragonais Prudence (a 348-ca 405 ou 409) est une source privilégiée pour l’étude du culte des martyrs dans la péninsule. Ses hymnes sont destinés au développement du culte des martyrs, et forment donc une littérature purement hagiographique. Même si Prudence ne mentionne pas Priscillien, les informations contenues dans son œuvre peuvent nous être utiles pour essayer d’élucider la façon dont les adeptes de la victime de Trèves vouaient un culte à leur chef décédé. Dans son ouvrage, à côté des témoignages sur les célébrations de l’anniversaire, les pèlerinages et les processions, il mentionne un autre acte cultuel peu documenté excepté par des sources liturgiques : Plenus est artis modus adnotatas nominum formas recitare Christo, quas tenet caeli liber explicandus tempore iusto (Peristephanon, IV, 169-172). Selon Maldonado, dans les professions de foi du concile de Tolède célébré en 400 il existe une allusion à cet acte cultuel entre les adeptes de Priscillien, puisqu’il est dit que « […] se sabe que Simposio respondió que él había dejado de nombrar a aquellos que llaman mártires […] ». Cette citation pourrait être interprétée comme le développement de la recitatio nominum de la part de Symposius, invoquant les martyrs priscillianistes.
-
[39]
Sevillano, Vidal 2001, p. 28.
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[40]
Quintana Prieto 1975, p. 212.
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[41]
Quintana Prieto 1975, p. 213.