Notes
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[*]
Université de Franche-Comté – ISTA (EA 4011). guy.labarre@univ-fcomte.fr, hadrien.bru@univ-fcomte.fr
-
[1]
P. Dupont, A. Baralis, « Ateliers céramiques et réseaux d’échanges dans le sud-ouest de la mer Noire à l’époque classique et au début de l’époque hellénistique », BCH (sous presse).
-
[2]
Nous tenons à remercier infiniment M. D. Nedev, Directeur du Musée archéologique de Sozopol, pour cette information, ainsi que pour sa générosité dans les discussions nombreuses que nous avons pu mener. Le matériel du premier âge du fer a également été présenté le 13 septembre 2014 par M. Damyanov lors du XXe congrès de l’Association européenne d’archéologie à Istanbul dans le cadre de sa conférence « First encounters and further developments : Greeks meeting Thracians on the Western Pontic coast ». Les résultats devraient faire l’objet de plusieurs rapports lors des Journées nationales d’archéologie organisées en février-mars 2015 à l’Institut d’archéologie de Sofia et dans l’AOR 2014 (2015). Un premier regard porté par E. Bozhinova sur ce matériel oriente vers la phase la plus ancienne du fer, en dehors de quelques fragments manifestement plus tardifs.
-
[3]
A. Baralis , « Pratiques et rituels funéraires : commentaire général », dans A. Hermary, K. Panayotova, A. Baralis, A. Riapov, M. Damyanov, Apollonia du Pont (Sozopol), La nécropole de Kalfata (Ve-IIIe s. av. J.-C.). Fouilles franco-bulgares (2002-2004), Paris – Aix-en-Provence, 2010, p. 157-161.
-
[1]
Département des Antiquités Grecques, Étrusques et Romaines, Musée du Louvre
-
[2]
Institut et Musée archéologique de Sofia, Bulgarie
-
[3]
Musée archéologique de Bourgas, Bulgarie
-
[4]
Musée National d’Anthropologie, Sofia, Bulgarie
-
[5]
Musée archéologique de Sozopol, Bulgarie
-
[4]
D. B. A. Erciyas, Studies in the Archaeology of Hellenistic Pontus : the Settlements, Monuments and Coinage of Mithridates VI and his Predecessors, PhD, Université de Cincinnati, 2001, p. 35.
-
[5]
Pour la Gaule, voir Fr. de Izarra, Hommes et fleuves en Gaule romaine, Paris, 1993, p. 55-56.
-
[6]
Voir R. J. A. Talbert (éd.), Barrington Atlas of the Greek and Roman world, Princeton, 2000, carte 86-87 ; E. Olshausen, J. Biller, Historisch-geographische Aspekte der Geschichte des Pontischen und Armenischen Reiches, Wiesbaden, 1984.
-
[7]
H. Roelens-Flouneau, « Remarques sur la navigabilité des fleuves d’Asie Mineure dans l’Antiquité », dans A. Dan, St. Lebreton (éds), Études des fleuves d’Asie Mineure. Une première approche (à paraître).
-
[8]
Ce que dit très justement H. Roelens-Flouneau, loc. cit.
-
[9]
Strabon, XII, 3, 30.
-
[10]
Strabon, XII, 3, 30-31 (Cabeira) ; XII, 3, 39 (Amaseia).
-
[11]
Strabon (XII, 3, 30) dit bien que la cité « se trouve au milieu des plaines ». Il est probable également que, lors de la construction de l’agglomération, puis de sa reconstruction, le fleuve ait été mis à contribution. Fr. de Izarra (op. cit., p. 47) rappelle que les « chantiers urbains nécessitaient de grandes quantités de matériaux qu’on devait extraire des rivières », le sable notamment. Draguer le sable, en raclant le lit du fleuve, a pu momentanément modifier le cours du fleuve à cet endroit. Il conviendrait de voir si les conditions géologiques locales pouvaient permettre une telle exploitation. Parallèlement, il était sans doute nécessaire pendant cette période d’édification de transporter des matières premières d’une rive à l’autre. Au moins pour ce temps de travaux, l’Iris a pu être utilisé pour le transport de matériaux.
-
[12]
H. Roelens-Flouneau, art. cit.
-
[13]
Cité en traduction dans L. Robert, À travers l’Asie Mineure. Poètes et prosateurs, monnaies grecques, voyageurs et géographie, Paris, 1980, p. 196. Cependant, H. Roelens-Flouneau nuance cette description, en note infrapaginale, en précisant que P. de Tchihatcheff (Asie Mineure. Description physique, statistique et archéologique de cette contrée. 1. Géographie physique comparée, Paris, 1853, p. 190), « à la fin de l’été (il est à Çarşamba le 22 août 1853 selon le calendrier publié dans Pet. Mitt., 1867), indique pour sa part que “la profondeur ne paraît aller nulle part au-delà d’un mètre, et très souvent elle n’est que de deux à trois décimètres. Aussi est-il guéable sur une foule de points” ». W. J. Hamilton explique dans le même passage que, peu avant son arrivée, le fleuve « avait eu une forte crue, inondant la contrée sur une surface considérable ». Pourtant la visite de W. J. Hamilton a lieu en juillet et non au printemps.
-
[14]
Fr. de Izarra (op. cit., p. 31) apporte pour la Gaule une indication très intéressante sur les limites de navigation en amont : « Il semble qu’on ait reculé le plus en amont possible la limite supérieure de la navigation. Plus on cherche dans le passé, plus elle est haute, tandis qu’elle tend à descendre vers l’aval à mesure que les siècles passent, à moins qu’entretemps des travaux d’aménagement n’aient été réalisés. La taille des bateaux, en augmentant, a contribué à restreindre considérablement les possibilités du réseau navigable ».
-
[15]
Souffrant peut-être de la proximité de Cabeira-Diospolis. D. B. A. Erciyas, op. cit., p. 137 ; D. R. Wilson, s. v. « Eupatoria later Magnopolis », The Princeton Encyclopedia of Classical Sites, Princeton, 1976 ; E. Olshausen, J. Biller, op. cit., p. 128.
-
[16]
D. B. A. Erciyas, op. cit., p. 35.
-
[17]
L. Basch, op. cit., p. 497.
-
[18]
Par exemple : A. Davesne, G. Miroux, L’Anatolie, la Syrie, l’Égypte de la mort d’Alexandre au règlement par Rome des affaires d’Orient (323-55 av. J.-C.), Paris, 2004, p. 63 ; M. Pitassi, The navies of Rome, Woodbridge-Rochester-New York, 2009, p. 84
-
[19]
H. A. Ormerod, Piracy in the Ancient World, Liverpool-Londres, 1924, p. 29 ; M. Pitassi, op. cit., p. 84-87.
-
[20]
Polybe, V, 3, 106.
-
[21]
Par exemple : Polybe, IV, I, 17.
-
[22]
M. Pitassi, op. cit., p. 155. Sur les liburnes dans la marine romaine : M. Reddé, Mare nostrum. Les infrastructures, le dispositif et l’histoire de la marine romaine sous l’Empire romain, Rome, 1986, p. 104-110.
-
[23]
Fr. de Izarra, op. cit., p. 111.
-
[24]
Fr. de Izarra, op. cit., p. 111.
-
[25]
Fr. de Izarra, op. cit., p. 111.
-
[26]
Tacite, Histoires, III, 47.
-
[27]
G. Charachidzé, « Les pirates de la mer Noire », CRAI, 142/1, 1988, p. 265.
-
[28]
Strabon, XI, 2, 12.
-
[29]
Tacite, Histoires, III, 48.
-
[30]
Processus similaire évoqué dans la première chronique : St. Lebreton, « Quelques remarques à propos de la navigation sur les fleuves et les lacs anatoliens », dans G. Labarre, H. Bru (éds) « Chronique d’Orient. Chronique 2012 », DHA, 38/2, 2012, p. 199-201.
-
[31]
Sur ces notions, voir P. Thollard. Barbarie et civilisation chez Strabon, Paris, 1987.
-
[32]
Strabon, XI, 2, 12.
-
[33]
Tacite, Histoires, III, 47.
-
[34]
G. Charachidzé, art. cit., p. 265.
-
[35]
Pour le premier, voir C. Barbier de Meynard, « Un document turc sur la Circassie », dans Mémoire du centenaire de l’École Nationale des langues orientales vivantes, Paris, 1895, p. 45-69, le témoignage sur ces bateaux concernent les p. 64- 65. F. Dubois de Montpéreux, Voyage autour du Caucase, chez les Tcherkesses et les Abkhases, en Colchide, en Géorgie, en Arménie et en Crimée, I, Paris, 1839.
-
[36]
F. Dubois de Montpéreux, op. cit., p. 191-193. Ces embarcations tcherkesses sont décrites comme « plus grandes (que les camares), ce sont des barques longues de cinquante pieds, étroites, avec une quille. Du temps de Strabon, elles portaient de vingt-cinq à trente hommes dont les deux tiers rament. N’ayant pas de mât et étant très basses, elles échappent facilement à tous les regards, se glissent le long des côtes et dès qu’on les poursuit, elles sont si légères que l’équipage peut les tirer sur le rivage et les cacher dans les bois ».
-
[37]
F. Dubois de Montpéreux, op. cit., p. 66-69 ; 191.
-
[38]
G. Charachidzé, art. cit., p. 270.
-
[39]
O. Aurenche, Vous avez dit ethnoarchéologue ? Choix d’articles (1972-2007), Lyon, 2012, p. 43-44.
-
[40]
F. Dubois de Montpéreux, op. cit., p. 184-186. La scène se déroule en mai.
-
[41]
F. Dubois de Montpéreux, op. cit., p. 185-186.
-
[42]
F. Dubois de Montpéreux, op. cit., p. 186.
-
[43]
Fr. Lasserre (éd. et trad.), Strabon, Géographie, VIII (livre XI), Paris (CUF), p. 135.
-
[44]
G. Charachidzé, art. cit., p. 262 ; 265.
-
[45]
Tacite, Germanie, XLIV, à propos des Suiones : « La forme de leurs navires se distingue en ceci qu’aux deux extrémités une proue offre un avant toujours prêt pour aborder. Ils ne manœuvrent pas à la voile et ne fixent pas les rames en rangées sur les bords ; l’appareil en est libre, comme sur certains fleuves, et susceptible d’être tourné, selon les circonstances, d’un côté ou de l’autre » ; Annales, II, 6. Dans les deux cas, la possible navigation sur un fleuve et sur la mer est suggérée.
-
[46]
Strabon, XII, 2, 12.
-
[47]
Sur les transmissions de savoir-faire technique, voir par exemple pour des périodes plus anciennes, mais dont le principe doit rester le même pour le Haut-Empire, P.Arnaud, « La mer, vecteur de la diaspora grecque », dans L. Capdetrey, J. Zurbach, Mouvements, réseaux, contacts en Méditerranée, de l’époque archaïque à l’époque hellénistique, Bordeaux, 2012, p. 126-130.
-
[48]
Tacite, Annales, II, 6.
-
[49]
L. Zgusta, Kleinasiatische Personennamen, Prag, 1964, p. 84, § 66-54.
-
[50]
Les scènes de dexiosis sont régulières sur les stèles funéraires grecques de l’Orient méditerranéen au IIe siècle av. J.-C. (cf. E. Laflı, J. Meischner, « Hellenistische und römische Grabstelen im Archäologischen Museum von Hatay in Antakya », JÖAI, 77, 2008, p. 148, n°4 et p. 154, n°14).
-
[51]
Voir CIG 2656 ; SEG, 15, 636 ; SEG, 16, 701 ; F. Sokolowski, Lois sacrées de l’Asie Mineure, De Boccard, Paris, 1955, p. 170-172, n°73.
-
[52]
Th.Corsten (éd.), LGPN, VA, 2010, p. 342.
-
[53]
P. M. Fraser et E. Matthews (éd.), LGPN, IV, 2005, p. 259.
-
[54]
CIRB 214.
-
[55]
IGB I2,347, 3.
-
[56]
IG I3, 1369.
-
[57]
P. M. Fraser et E. Matthews (éd.), LGPN, IV, 2005, p. 260. Sous cette forme, voir aussi dans le Péloponnèse et en Adriatique aux époques hellénistique et surtout impériale (P. M. Fraser et E. Matthews [éd.], LGPN, IIIA, 1997, p. 337).
-
[58]
IG VII, 1274.
-
[59]
IG VII, 2308.
-
[60]
IG VII, 4210.
-
[61]
IG VII, 2749 ; voir P. M. Fraser et E. Matthews (éd.), LGPN, IIIB, 2000, p. 315.
-
[62]
IG XII, 9, 707 ; voir P. M. Fraser et E. Matthews (éd.), LGPN, I, 1987, p. 342.
-
[63]
M. J. Osborne et S. G. Byrne (éd.), LGPN, II, 1994, p. 345.
-
[64]
IG II2, 10354.
-
[65]
ISM III, 72 ; cf. Th. Corsten (éd.), LGPN, VA, 2010, p. 433.
-
[66]
Cependant, tous les noms de personnes présentant un radical Μην- en Asie Mineure ne sont pas tous des théophores dérivant du nom du dieu lunaire (cf. G. Labarre, Le dieu Mèn et son sanctuaire à Antioche de Pisidie, Bruxelles, 2010, p. 146-154).
-
[67]
Voir A. Avram dans Th. Corsten (éd.), LGPN, VA, 2010, p. 302.
-
[68]
I. Smyrna, 609.
-
[69]
SEG, XLIV, 970.
-
[70]
Voir les attestations dans Th. Corsten (éd.), LGPN, VA, 2010, p. 327.
-
[71]
MAMA, X, 307.
-
[72]
SEG, XXXVII, 1281.
La Mission archéologique franco-bulgare à Apollonia du Pont (Sozopol, Bulgarie) : bilan de la campagne 2014
1 Le cadre administratif entourant la Mission archéologique à Apollonia a évolué cette année par son transfert au Département des Antiquités Grecques, Étrusques et Romaines où elle intègre désormais le nouveau programme de recherche sur la mer Noire lancé par le Musée du Louvre. Celui-ci reposera dès 2015 sur un double ancrage grâce à la réouverture des fouilles franco-roumaines sur les établissements grecs du Bas-Danube (dir. A. Baralis, V. Lungu), conduites de 2010 à 2013 au sein du programme ANR « Pont-Euxin ». La mission à Apollonia du Pont est par ailleurs un des principaux partenaires de l’exposition sur la Thrace antique et le royaume odryse qui se tiendra du 15 avril au 20 juillet 2015 à l’espace Richelieu, sous le commissariat général de Jean-Luc Martinez (co-commissaires : A. Baralis, N. Mathieux, T. Stoyanov, M. Tonkova). Cet évènement est organisé en partenariat avec le Ministère bulgare de la culture et treize musées archéologiques régionaux grâce à l’aide active de l’Ambassade de France et de l’Institut culturel français de Sofia. Il matérialise ainsi le dynamisme de la coopération scientifique franco-bulgare à Apollonia du Pont, tout comme dans l’intérieur du pays.
2 Sur le terrain, nos travaux ont dû tenir compte en 2014 de l’actualité immobilière à Sozopol. La pression exercée sur le littoral ne faiblit pas et gagne désormais les premières hauteurs du relief. Dans ce contexte, un ambitieux programme d’urbanisation, entrepris sous l’égide de la municipalité, impacte au sud de la ville ancienne la première vallée littorale. Ce secteur doit bientôt accueillir plusieurs infrastructures publiques – hôpital, gare routière –, ainsi que divers complexes hôteliers. De par le caractère stratégique de cet espace qui accomplit la transition entre la nécropole classique et hellénistique, et le territoire rural proprement dit, nous avons dû répondre à la demande formulée par le Musée archéologique de Sozopol en exerçant une veille archéologique. Cette dernière s’est soldée par une large campagne de prospections, préalables à la conduite d’un chantier de sauvetage. Cette intervention s’ajoute par ailleurs aux fouilles programmées sur le site de Messarite 4, ainsi que celui de Sv. Marina 1 où elles ont été menées en coopération avec le Musée archéologique de Sozopol (Resp. M. Gyuzelev). Ensemble, ces travaux complètent notre connaissance du territoire proche de l’ancienne colonie milésienne.
1. Le secteur de Gerena-Messarite
3 La municipalité de Sozopol a décidé d’étendre en 2014 la ville moderne par l’urbanisation extensive de la vallée de Gerena-Messarite. Devant la menace directe exercée sur cette zone sensible, nous avons assumé à la demande du Musée archéologique de Sozopol une mission de surveillance durant notre présence sur le terrain au cours des mois de juillet et d’août. Pour répondre à cet objectif, les données Lidar acquises précédemment dans le cadre du programme ANR « Pont-Euxin » ont été exploitées afin de générer de nouvelles images dont l’échelle et la projection soient adaptées aux contraintes particulières du relief (Fig. 1, P. Lebouteiller, IFEA). Ce support, géoréférencé, a permis l’identification de plusieurs anomalies susceptibles de correspondre à des structures archéologiques – terrasses agricoles, édifices. Le transfert de ces données sur le GPS en temps réel de la mission a servi de support pour les prospections de surface qui ont suivi, lesquelles ont bénéficié d’une excellente coordination avec les équipes du chantier. Les tranchées destinées à l’installation du réseau de canalisation nous ont offert par ailleurs un éclairage ponctuel sur les secteurs adjacents au cours d’eau. Au final, les résultats obtenus s’avèrent particulièrement fertiles. Ils confirment tout d’abord la qualité des argiles, étonnamment homogènes, qui encadrent la vallée. Un prélèvement transmis au Laboratoire d’archéométrie de la MOM à Lyon (P. Dupont, UMR 5138) devrait déterminer si ces gisements ont été exploités par les divers ateliers récemment identifiés dans le cadre du programme d’études archéométriques [1]. La découverte durant l’hiver 2013-2014 d’un four localisé en bas de la vallée, en position littorale, plaide en faveur d’une telle hypothèse [2]. En revanche, nous n’avons observé aucun édifice à proximité des berges fluviales. Seuls deux gisements de matériel, composés essentiellement d’amphores, sans structure associée, témoignent de leur fréquentation, tandis que quatre puits, à la chronologie incertaine, accompagnent leur tracé. À l’époque classique et hellénistique, l’habitat se développe de préférence sur les premiers affleurements rocheux qui ponctuent les versants. Cinq ensembles, directement concernés par la proximité du chantier, ont pu être enregistrés (Messarite 20, 25b, 27, 28-28b, 29). Ils reproduisent la configuration reconnue autour du complexe de Messarite 4 où un ensemble de terrasses encadre et consolide les zones de replat où se développe l’habitat. La superposition de plusieurs édifices témoigne sur le versant occidental (Messarite 27, 28-28b, 29) de la formation de complexes ruraux suivant le modèle observé plus haut à Messarite. Parallèlement, de longs murs en pierre sèche, perpendiculaires à la pente, rythment l’ensemble de la vallée et figent dans le paysage d’anciennes limites cadastrales (Messarite 25ter, Messarite 26). Les fragments d’amphores (Thasos, Chersonèse Taurique…), de pithoi, de céramique commune, culinaire ou vernissée récoltés à la surface, orientent vers un essor de ce réseau durant la seconde moitié du Ve siècle et le IVe siècle av. J.-C. En revanche, aucun de ces murs ne semble jouer encore un rôle actif. En effet, le cadastre moderne qui résulte de la restitution partielle des terrains après la période socialiste ne suit guère dans ce secteur leur tracé. Ces murs entretiennent à l’inverse une étroite relation avec le réseau moderne de terrasses, sans qu’il soit possible de déterminer si cette situation constitue le produit d’une résilience dans le paysage de logiques plus anciennes ou d’une simple contingence liée aux contours du relief.
4 Si nous avons pu obtenir provisoirement la protection des édifices Messarite 25b, 27, 28-28b et 29, ce ne fut malheureusement pas le cas de Messarite 20, disposé en milieu de pente au nord-ouest de la vallée. Ce site avait en effet déjà souffert d’un lourd terrassement, lequel s’était soldé par un écrêtage complet du site, ne préservant qu’en de très rares endroits le niveau de circulation. Seule l’abondance de blocs à la surface, accompagnés d’un riche matériel céramique, témoignait encore de la présence ancienne de cet édifice. En raison des menaces supplémentaires que faisait peser sur ce site le creusement programmé de deux nouvelles tranchées, nous avons ouvert cinq sondages. S1 (5 x 1,5 m), S2 (3 x 3,5 m), S3 (1,5 x 5 m) et S5 (3 x 1 m) quadrillent la parcelle cadastrale UPI 414, tandis que S4 (2 x 1,5 m) est localisé 4,91 m à l’ouest de S3, sur le remblai moderne issu du décapage qui recouvre désormais la parcelle voisine UPI 413 (Fig. 2). Tous confirment la destruction complète de l’édifice, dont aucune structure, ni aucun sol, ne sont encore préservés. Le substrat affleure selon les sections entre 0,18 m (S1) et 0,35 m (S5) sous la surface actuelle. La découverte en S2 de fragments de briques crues, associées aux nombreux moellons qui parsèment la surface, permet de déterminer l’usage à Messarite 20 de techniques de construction assez similaires à celles observées à Sv. Marina 1. Messarite 20 disposait d’une élévation en adobe sur un soubassement en pierre sèche associée à une couverture de tuiles corinthiennes. Seul le sondage S2 a livré un foyer relativement imposant (1,80 x 0,80 m), lequel contenait trois chytrai, un bol, une cruche et une lopas, auxquels s’ajoutent un bol et une anse de coupe à vernis noir (Fig. 3). Les sédiments (160 kg) ont été entièrement prélevés, tamisés et échantillonnés par flottaison, et leur analyse confiée à I. Slavova (Univ. St Clément d’Ochrid, Sofia). Un premier diagnostic visuel a permis d’identifier la présence de grains de raisin, lesquels s’ajoutent à ceux reconnus sur le site de Messarite 2, ainsi qu’au couteau à vigne découvert à Messarite 6. Ensemble, ces éléments posent avec acuité la question des activités agricoles pratiquées dans le secteur collinéen de Messarite.
5 Ces résultats, adossés aux fouilles de sauvetage conduites durant l’hiver 2013- 2014 le long de la rue Republikanskata par le Musée archéologique de Sozopol et l’Institut archéologique de Sofia, auxquelles s’ajoutent les observations plus anciennes acquises dans le cadre des travaux de la Mission française sur la nécropole de Kalfata (2002-2004), nous permettent de dresser dans les grandes lignes le paysage antique le long de cette étroite vallée. Le littoral était occupé au début du premier millénaire avant notre ère par la modeste zone deltaïque qui divisait la plage de Kalfata. Celle-ci prit un aspect dunaire à l’issue de la crise sédimentaire d’origine anthropique qui a affecté le littoral durant le dernier quart du Ve siècle av. J.-C. et qui résulte elle-même des défrichements opérés par les colons grecs sur les étages collinéens lors de l’installation du réseau dense d’édifices ruraux. Durant le premier âge du fer, un habitat se développe sur le piémont occidental, dans le secteur moderne de Harmanite. Le matériel issu de l’érosion des niveaux d’occupation a été observé en deux points : en 2010 lors des prospections menées à proximité du stade moderne (Gerena 1) et durant les fouilles conduites cet hiver. L’extension de la nécropole grecque de Harmanite vers le sud, le long du littoral, s’opère ici dès la première moitié du Ve siècle av. J.-C. D’abord limitée aux secteurs occidentaux les plus proches de la ville, elle gagne l’ensemble de la zone, de part et d’autre du delta, au cours du troisième quart de ce siècle en se développant tout d’abord sous forme de nuclei isolés avant de connaître une occupation plus dense de son espace. Son fonctionnement est attesté jusqu’au milieu du IIIe siècle av. J.-C. Cette zone est elle-même traversée au IVe siècle av. J.-C. par une canalisation qui amène l’eau de la source de Raylski Zaliv jusqu’à la cité. À cette dernière succède au Ier siècle av. J.-C. une seconde unité dotée d’un puisard. Aux marges de la nécropole, entre les dernières tombes et l’espace humide du delta, la découverte d’un four du IVe siècle av. J.-C. offre quelques indices sur l’utilisation de cette zone à des fins artisanales. Les premiers édifices ruraux s’installent pour leur part en surplomb de ce secteur, en piémont ou en milieu de pente. Le matériel des remblais modernes entourant plusieurs hôtels récemment construits témoigne de la présence des premiers édifices ruraux disposés à peu de distance de la nécropole. Cette occupation des zones collinéennes s’étend de part et d’autre du cours d’eau jusqu’aux hauteurs de Messarite où se trouvent les sites fouillés depuis 2010 dans le cadre de la mission (Messarite 2, 4 et 6). Couronnant ce réseau, les sommets voisins de Sv. Ilia et Sv. Marina sont coiffés à leur tour par quelques imposants tumuli tardo-classiques.
L’édifice rural de Sv. Marina 1
6 Dans le cadre de la coopération initiée au sein du programme ANR « Pont-Euxin » avec le Musée régional de Bourgas, une équipe a poursuivi les fouilles de l’édifice rural de Sveta Marina 1, entreprises précédemment lors des campagnes de 2010 et 2011. Placée sous la direction de M. Gyuzelev (Musée archéologique de Bourgas), l’équipe comprenait en outre K. Gospodinov (directeur-adjoint) et Ch. Christov (Institut et Musée archéologique de Sofia), assisté de I. Slavova (Université St Clément d’Ochrid) pour l’échantillonnage macrobiologique du site. Les fouilles se sont déroulées en deux campagnes menées du 8 au 17 août et du 7 au 14 septembre avec l’aide de 10 à 15 ouvriers.
7 L’objectif premier était de saisir le plan global de l’édifice. Pour ce faire, les efforts se sont portés sur l’étude de la pièce n° 2. Les fouilles ont permis de mettre à jour sur cet espace l’ensemble du niveau de destruction, constitué par l’imposante toiture qui s’est effondrée sur le niveau de circulation. Deux nouvelles tuiles timbrées (ΛΑ, ΗΜ) sont venues enrichir celles découvertes précédemment en 2010 et 2011. Le dallage reposait à son tour sur un horizon composé de fragments de pithos, de céramique commune et d’amphores, notamment du type Solokha. La couche inférieure qui effectue la jonction avec le substrat contenait pour sa part un col timbré d’amphore héracléote, accompagné de quelques fragments de vases modelés rehaussés de cordons. Plus au sud, le mur méridional du bâtiment a pu être identifié. Préservé sur une longueur de 16,10 m, il présente une largeur de 0,90/95 m. Le tracé de la route moderne en a hélas effacé l’extrémité occidentale. Il fait angle avec le mur oriental avec lequel il s’avère liaisonné. On note avec intérêt l’existence 2,80 mètres au nord de celui-ci d’un second mur parallèle et plus étroit qui confère à l’ensemble de la pièce une forme de Γ. D’une largeur de 0,50 m pour une longueur de 8,30 m, il n’est conservé pour sa part que sur une seule assise. Il s’agit très vraisemblablement d’une cloison intérieure, révélant une articulation du bâtiment plus complexe que prévue. La superficie globale de cet édifice et de sa cour adjacente dépasse désormais les 300 m2 (Fig. 4).
Le complexe rural de Messarite 4
8 Le complexe rural de Messarite 4 a été découvert en 2010 grâce à l’exploitation des données Lidar, laquelle a été suivie par des prospections de surface menées sur ce secteur prometteur en raison de sa localisation sur le sommet le plus proche de l’ancienne colonie. Messarite 4 occupe un secteur terrassé, disposé en haut de pente, en surplomb du cours d’eau de Sv. Marina. Deux autres sites, très proches, encadrent cet ensemble : Messarite 2, distant de 62 m, se développe au Ve siècle av. J.-C. en position sommitale, tandis que Messarite 6 s’inscrit dans le prolongement de sa pente, 50 m plus au sud.
9 Trois campagnes, conduites de 2011 à 2013, ont permis d’étudier un vaste espace de 850 m2, révélant une occupation articulée autour de deux ensembles diachroniques (Fig. 5). Le bâtiment nord (Édifice 1), dont la fondation prend place durant le second quart du Ve siècle av. J.-C., se compose de deux pièces centrales (S3 et S4), dégagées en 2013 respectivement sur 4,3 m x 11,10 m et 12 m x 11,10 m en 2013. S3 borde pour sa part une large cour (8,77 m de longueur), encadrée à l’ouest par deux structures quadrangulaires de 3,54 m de diamètre (S1/S5), et une pièce intermédiaire (S2). Ce vaste complexe disparaît durant le premier quart du IVe siècle av. J.-C. pour laisser place à un second édifice, disposé immédiatement plus au sud (Édifice 2). Long de 21,6 m, son mur septentrional (MR 13/16) se superpose à la pièce S5 dont la tranchée de fondation a provoqué le démantèlement de la moitié méridionale avant qu’il ne soit lui-même recoupé à son tour par le creusement d’une tranchée moderne durant la seconde guerre mondiale. Deux unités, partiellement préservées, ont pu être identifiées en son sein dont une salle de stockage dotée d’une banquette en forme de Π.
10 La campagne de fouilles s’est tenue cette année à Messarite 4 du 28 juillet au 22 août 2014. Placée sous la direction de A. Baralis et K. Panayotova, assistés de T. Bogdanova, elle a associé cinq étudiants bulgares de l’Université St Clément d’Ochrid (Ch. Nikolova, M. Ivanova, I. Ivanova, N. Mladenova, You. Germanov) et 22 ouvriers. Les relevés ont été accomplis en coordination avec A. Kamenarov (géodésiste), tandis que L. Damelet (CNRS, Centre Camille Jullian) a assuré la couverture photographique du chantier et le relevé aérien par drone. La surface étudiée été portée à 1 080 m2, confirmant l’importance toute particulière de cet imposant complexe rural (Fig. 6).
11 Pour pouvoir étudier dans son intégralité le bâtiment nord, nous avons fait appel à des moyens mécaniques afin d’enlever l’horizon stérile et moderne (US 38), épais de 0,90 à 1,35 m, qui le recouvre. Le profil nord, au-dessus de S4, a ainsi été repoussé de 6,8 m et le profil est sur S3/4 de 4,4 m. Trois jours de travail ont été nécessaires pour déplacer les 110 m3 de gravats stériles, lesquels ont été redéposés sur la plate-forme d’artillerie qui borde au sud Messarite 2. Cette opération nous a permis d’élargir notre regard sur cet édifice, tout en précisant la succession serrée des couches d’occupation. La pièce S4, au nord, présente des dimensions tout à fait remarquables, puisqu’elle a été suivie sur un espace de 12 m x 15,60 m, sans qu’il soit possible de déterminer à ce stade s’il s’agissait d’un espace ouvert ou partiellement couvert, malgré la découverte contre le MR 6 d’une quantité notable de tuiles. L’avancée formée par le petit muret 29 se retrouve en effet reproduit au sud de la pièce S3 par les murs MR17 et 18, disposés face à la cour. Il fonctionne donc comme un mur de soutien et s’offre comme la base potentielle d’un auvent. Les niveaux de circulation ne sont pas conservés en raison d’une forte érosion pluviale qui permet au substrat d’affleurer près de la limite ouest de S4. Toutefois, le matériel découvert (amphores de Chios, Milet…) confirme le fonctionnement de cette unité dès le milieu du Ve siècle av. J.-C. Après son abandon, son espace est recouvert par un remblai (US 45a) auquel vient se superposer un mur (MR 19) présentant une orientation divergente (340° N). Large de 1,15 m, il a été suivi sur 8,24 m. Il se compose d’un doublement parement de blocs disposés en carreau, conservés sur une assise, qui encadrent un emplecton relativement fin. La chronologie attachée à cette structure s’avère imprécise car les niveaux observés immédiatement à l’ouest ont eux-aussi été altérés par l’érosion qui a charrié en retour un matériel diachronique, à la fois médiéval et ottoman.
12 Plus au sud, la pièce S3 est désormais dégagée sur 15,60 m de longueur (est/ ouest). Elle est bordée au sud par le mur MR 4. Ce dernier outrepasse S3 et se prolonge jusqu’à l’angle nord-est de S1. À l’est, il s’achève au terme d’une course de 19,90 m sur un alignement imposant de trois blocs posés directement sur le substrat (MR 28) sans que ces derniers ne marquent l’angle de la pièce. À l’inverse, au nord de S3, le mur MR 6 s’achève brutalement. Son orientation est reprise 0,67 m plus au sud par un second mur de dimensions imposantes (MR 27), tandis que l’espace intermédiaire entre les deux structures est comblé par un blocage soigné formé de deux alignements de quatre moellons. Cet aménagement surprend, car il réduit S3 de 3,83 m à 1,93 m. MR 27 dispose en outre d’une épaisseur toute particulière (1,10 m) qui représente le double des autres murs qui encadrent la pièce. C’est cette particularité, associée à la disposition de trois grands blocs le long de sa façade occidentale qui lui conférait en 2013 l’apparence trompeuse d’une plate-forme. Pour surprenant, ce tracé singulier des murs a également été observé en mer Noire sur l’acropole de la cité de Phanagoria, ainsi que dans l’établissement rural de Strelka, dans la péninsule de Taman.
13 L’abondant matériel découvert sur le niveau de circulation (niv. 68,62/68,64 m) s’articule autour de fragments de céramique vernissée ou commune et d’amphores qui orientent vers un fonctionnement de S3 contemporain à S4. Un pithos, dont la base était encore en place, occupait l’angle interne des murs MR 4 et 28. Suite à l’abandon de cette pièce au tournant des Ve et IVe siècles, un nouveau mur (MR 8) divise encore cet espace. Observé une première fois en 2012 près du mur MR 7, celui-ci reprend le tracé du mur MR 27. Il est lié à un second niveau de destruction, accompagné de tuiles corinthiennes et d’amphores datés du milieu du IVe siècle. Ces horizons sont à leur tour recouverts par le remblai US 49b et le niveau de destruction du mur MR 19.
14 L’ouverture cette année d’un sondage au sud-est du site, en carré I5, s’est soldée par la mise au jour d’un troisième bâtiment (Édifice 3). Installé sur un secteur terrassé dont l’élévation est maintenue par le mur de soutènement MR 24, il suit une orientation identique à l’Édifice 2 et légèrement divergente par rapport à celle observée sur l’Édifice 1. Ce bâtiment s’articule autour de deux pièces, divisé par la cloison interne MR 23. La pièce 1, au nord, révèle une destruction de cet édifice par incendie, lequel a rubéfié par endroit le niveau de circulation, ainsi que certains fragments de briques en argile crue. L’élévation du bâtiment utilisait également d’autres techniques, comme en atteste la découverte dans le remplissage de la pièce 2 de fragments de torchis conservant des empreintes de clayonnage. La couverture était assurée par une toiture de tuiles corinthiennes dont 6 exemplaires portaient le timbre A. Une tuile de rive mise au jour cette année comportait une frise d’oves. Elle complète les trois précédents exemplaires découverts en 2012 et 2013 dont les analyses de pâte en ont révélé la fabrication locale. Le matériel récolté au sein de cet édifice s’avère relativement abondant. Il s’articule autour de fragments de pithoi, concentrés pour l’essentiel dans la pièce 2 dont un fragment d’embouchure portait le timbre « ΡΠ » ou « ΠΤΠ » ligaturé (PIN 105. Fig. 7) ; de fragments de vases vernissés et figurés, et de céramique commune ; enfin d’un abondant matériel amphorique, notamment des conteneurs de Thasos, Héraclée du Pont et Mendè. Ils attestent du fonctionnement de cet édifice au cours du second et troisième quart du IVe siècle av. J.-C.
15 Sa destruction violente précède de peu sa réutilisation comme espace funéraire, suivant en cela les exemples voisins de Messarite 2 et 6 où cette pratique a déjà été reconnue. Au sud de cet édifice, dans l’unité 3, bordée par les murets MR 26 et 22, un pithos, long de 1,59 m, couché sur le côté, abritait un individu adulte dont seuls deux fragments des fémurs étaient conservés en place (SP 2). Le mobilier funéraire comprenait une couronne de perles en terre cuite dorées (Fig. 8), un pendentif en terre-cuite en forme de pigne de pin et une monnaie en bronze. L’ensemble reflète donc un contexte plutôt féminin. Cette tombe a été mise en place avant que le mur MR 20 ne s’effondre, soit à un moment où le bâtiment était encore en élévation. Son effondrement (US 44/47) a précédé de peu la déposition de trois urnes cinéraires. SP 1 était en effet disposée au sud de la pièce 1. L’urne était installée dans un blocage de pierres aménagé dans l’US 44. Elle était recouverte d’un plat à poisson. L’analyse anthropologique conduite par B. Galabova et N. Atanasova-Timeva, du Musée national d’anthropologie de Sofia, éclaire la présence en son sein de trois individus : une femme adulte (18-40 ans), un adolescent de 15-18 ans et un enfant de 4-7 ans. Les ossements étaient accompagnés de plusieurs fragments de céramique, d’une perle et d’une tige en bronze, ainsi que d’un lécythe non vernissé. La sépulture était à son tour entourée d’un matériel épars provenant des dépositions rituelles qui ont accompagné ou succédé à sa déposition : deux pots, une cruche et 2 balsamaires. Sans surprise, le fond de la cruche est percé suivant une pratique observée au sein de la nécropole littorale de Kalfata sur les contextes rituels qui accompagnent la déposition du défunt ou lui succèdent de peu [3]. SP 3 était disposée à l’ouest de SP 2, au-dessus de la couche de destruction US 44/47. Elle abritait un individu adulte accompagné d’un balsamaire. Enfin, SP 4 était déposé à l’ouest du bâtiment 3, en contrebas de la terrasse qui le sépare de l’Édifice 2. L’urne à deux anses et engobe noir était déposée dans un coffrage quadrangulaire, recouverte d’un plat à poisson. Elle contenait un vase brisé, un balsamaire entier et des fils de bronze susceptibles d’appartenir à un vêtement. L’absence dans les huit couches qui composent son remplissage de cendres ou de charbons suggère l’application d’un traitement secondaire et le nettoyage des ossements avant leur déposition dans l’urne. L’analyse démontre par ailleurs que ces derniers ont été prélevés de façon méthodique sur le bûcher, car la plus grande partie des fragments de crâne était déposée dans la couche IV ; ceux des os longs des membres supérieurs dans la couche suivante (V), et les membres inférieurs dans les couches VI et VIII. Dans cette dernière couche, un fil en bronze lié à un os démontre la présence d’un objet d’ornement ou d’un vêtement. Enfin, la découverte d’une pierre, dans la couche 3 du remplissage (-0,14 m), sous le plat à poisson et le vase brisé, aux côtés du balsamaire peut tout autant résulter d’une pratique nécrophobique que d’un remplissage secondaire qui aurait emporté avec lui les vestiges d’un dépôt rituel extérieur à la tombe. C’est ce que semble suggérer le bris volontaire du vase découvert au sein du remplissage lequel découle à Apollonia d’un traitement caractéristique des usages rituels qui accompagnent la visite de la tombe. L’urne contenait les ossements d’une jeune fille adulte (20-24 ans). Immédiatement à l’ouest de la sépulture, un petit foyer rituel a livré sous une salière une aiguille en bronze, un bouton en os, un élément en os incisé, des plaques en fer, une fibule, une monnaie et des éléments métalliques non-identifiés.
16 L’installation de ces diverses sépultures explique que le mur MR 21 ait accueilli le long de son parement externe deux grands foyers rituels. Ils composent une vaste zone longue de 4,06 m x 0,97 m (US 50). Ce contexte s’avère particulièrement inhabituel à Apollonia, tant par ses dimensions, que par le nombre de vases concernés (près de 80 identifiés durant les travaux de restauration) ou par sa localisation le long d’un édifice rural. En effet, les foyers rituels prennent place en juin et durant l’automne (octobre-novembre), suivant les analyses carpologiques et anthracologiques des contextes de la nécropole de Kalfata menés dans le cadre de ce programme par Ts. Popova. Ils sont d’habitude localisés le long des terrasses funéraires ou à proximité des couvertures tumulaires qui rythment la nécropole. Leur présence témoigne ici de la transformation de cet habitat en zone funéraire et de l’utilisation de ses murs comme une délimitation de l’espace consacré. Les sédiments ont été échantillonnés et confiés à I. Slavova (Université St Clément d’Ochrid) et à E. Marinova-Wolff (Université de Leuven) pour une étude macrobiologique.
17 Alexandre BARALIS [1], Krastina PANAYOTOVA [2], Martin GYUZELEV [3], Teodora BOGDANOVA [2], Attila RIAPOV, Borislava GALABOVA [4], Nadejda ATANASOVA-TIMEVA [4], Dimitar NEDEV [5]
Illustrations
Localisation du secteur de Messarite-Gerena concerné par le projet d’urbanisation extensive (P. Lebouteiller).
Localisation du secteur de Messarite-Gerena concerné par le projet d’urbanisation extensive (P. Lebouteiller).
Vue aérienne du site de Sv. Marina 1, campagne 2014
Vue aérienne du site de Sv. Marina 1, campagne 2014
Messarite 4, Édifice 3, pièce S2, US 47, PIN 105. Embouchure de pithos
Messarite 4, Édifice 3, pièce S2, US 47, PIN 105. Embouchure de pithos
Messarite 4, Édifice 3, SP 2. Perles en terre cuite dorées de la couronne funéraire PIN 106
Messarite 4, Édifice 3, SP 2. Perles en terre cuite dorées de la couronne funéraire PIN 106
Quelques remarques à propos de la navigation sur les fleuves anatoliens (III)
18 Déplaçons-nous à présent au nord de la péninsule anatolienne, sur sa partie orientale. Dans son étude sur le royaume du Pont à l’époque de Mithridate, D.B.A. Erciyas indique que seuls 40 kilomètres de l’Iris (Yeşil Irmağı) sont utilisables pour le transport de marchandises par voie d’eau [4]. Cette navigation serait habituellement le fait de navires à fond plat (limbo). Bien que l’information soit très intéressante, elle n’est malheureusement pas exploitable. L’auteur ne cite pas ses sources. Nous serions tout de même tentés, dans le cadre de cette chronique, de pousser un peu plus avant la question, en essayant de découvrir l’origine de cette donnée. Il nous importe en particulier de savoir quelle réalité elle peut recouvrir.
19 Si D. B. A. Erciyas n’en dit rien, nous pouvons estimer qu’il évalue logiquement les 40 kilomètres à partir de l’embouchure. On ne sait cependant ce qu’il entend par transport sur l’Iris. S’agit-il de navigationavalante, à la remontéeou dans les deux sens ? Cette indication pose un deuxième problème. En retenant que les 40 kilomètres sont estimés à partir de l’embouchure actuelle du fleuve, où doit-on fixer la limite de navigabilité ? Pourquoi cette distance ? À quoi pourrait-elle correspondre ? Selon la donnée de D.B.A. Erciyas, la limite sud de ce transport se situerait bien loin en aval d’Eupatoria-Magnopolis, la cité la plus importante de cette partie du cours de l’Iris pour le Ier siècle av. n.è., voire pour le début du Haut-Empire. L’auteur se réfère peut-être implicitement à l’actuelle localité de Çarşamba, plus au nord que le site de l’ancienne Eupatoria-Magnopolis. Toutefois, en utilisant l’outil de calcul proposé par Google Maps, même en tenant compte des erreurs d’estimation inévitables que cela suppose, la distance entre l’embouchure et Çarşamba se rapprocherait plus de 30 kilomètres que de 40 kilomètres. L’indication de 40 kilomètres correspondrait plutôt à une localisation proche du barrage le plus en aval de l’actuel Yeşil Irmağı, indiqué sur Google Maps sous le nom de Ak-Eli inşaat Samsun-Çarşamba hes Regülatörü. De fait, les aménagements hydrauliques ont rendu difficile l’évaluation des possibilités de navigabilité du cours d’eau. Cela est encore plus sensible en amont du barrage.
20 On peut prendre le problème à l’envers en se demandant s’il n’était pas possible dans l’Antiquité de remonter l’Iris jusqu’à Eupatoria-Magnopolis, au moins sur une partie de l’année. En effet, la situation géographique de la cité ressemble assez à celle d’un établissement qui souhaite profiter de la section fluvio-maritime d’un fleuve. Ce type de port, à vocation à la fois fluviale et maritime, se tient souvent à la limite de la navigation pour la remontée. Il sert ainsi de lieu de transbordement des marchandises en relation avec une navigation avalante en amont ou avec une circulation routière [5]. Eupatoria-Magnopolis étant située à la confluence de l’Iris et du Lycos, cette navigation hypothétique profiterait de l’apport en eau des deux cours, permettant peut-être d’atteindre régulièrement un débit et un niveau d’eau suffisants. Le choix de l’emplacement de la fondation d’Eupatoria s’expliquerait alors par sa position de carrefour entre un réseau routier, principalement la voie reliant Cabeira à la Paphlagonie, et des possibilités fluviales [6]. La cité se situerait dans une position classique d’un point de rupture de charge. Dans cette logique, si l’Iris – comme l’indique D. B. A. Erciyas – était bien navigable dans l’Antiquité, on s’expliquerait mal pourquoi la fondation de Mithridate Eupator n’aurait pas cherché à en profiter. Et si la limite de la navigabilité avait été plus au nord, comme le laisse entendre D. B. A. Erciyas, l’agglomération aurait pu être établie plus en aval sur l’Iris. Cependant, il est vrai que le choix de l’emplacement devait dépendre de bien d’autres considérations, le relief et le tracé des voies préexistantes notamment, dont certaines nous échappent.
21 Dans son article sur la navigabilité des fleuves en Asie Mineure, H. Roelens-Flouneau estime que si l’Iris « était probablement navigable dans la plaine, le fleuve ne pouvait être remonté dans la gorge commandée par Eupatoria/Magnopolis [7] ». Nous retrouvons ainsi la proposition de D. B. A. Erciyas. Plus ou moins inconsciemment, il est possible que les reliefs, qui dominent le passage au nord de la cité, constituent une barrière mentale dans la représentation actuelle du paysage. Ces montagnes n’inciteraient pas à imaginer que le cours de l’Iris ait pu être navigable de la plaine septentrionale jusqu’à Eupatoria-Magnopolis. Mais encore une fois, il faut bien reconnaître que la construction de plusieurs barrages en aval du site de la ville ancienne ne permet plus de se faire une idée précise de l’ancien lit du fleuve à cet endroit [8]. Cependant, notons que Strabon dit de la Phanarée, au centre de laquelle se tient Eupatoria, se caractérise par « une vallée d’une longueur et d’une largeur considérable, que traversent le cours du Lycos (…) et celui de l’Iris [9] ». Dans cette présentation, le poids du relief ne semble pas être une réelle contrainte. La région paraît largement ouverte, voire être en communication avec la plaine littorale. Mieux, cette représentation mentale proposée par le géographe est structurée par la présence des deux cours d’eau. La description d’Eupatoria-Magnopolis marquée par la présence de la confluence diffère nettement de celle de Cabeira située sur les premières pentes des reliefs, entre chora et montagnes, et de celle d’Amaseia dont le site se partage entre la plaine et les hauteurs [10]. À lire Strabon, on imagine Eupatoria-Magnopolis au cœur de la Phanarée, au milieu de la chora [11].
22 Prudemment, H. Roelens-Flouneau estime que « rien n’indique une quelconque navigation entre Amaseia et Çarşamba, mais si elle a existé elle ne put être qu’avalante [12] ». L’auteur cite alors le témoignage de W. J. Hamilton qui indique en 1836, lors de son passage à Çarşamba, que la « rivière est ici d’une grande largeur et apparemment très profonde, formée par la jonction de l’Iris et du Lycos en aval d’Amaseia [13] ». À regarder la carte actuelle de cette partie de la Turquie, on se rend compte que Çarşamba est la seule agglomération conséquente installée aujourd’hui sur les rives du fleuve pour sa partie fluvio-maritime. A-t-elle bénéficié pour des périodes récentes de cette proximité, en particulier en jouant le rôle de point de rupture de charge ? On pourrait l’imaginer. Il serait tout aussi tentant de penser qu’elle aurait alors rempli la fonction dévolue à Eupatoria-Magnopolis au Ier siècle av. n.è., profitant elle aussi de la « jonction de l’Iris et du Lycos ». Cela supposerait un glissement vers l’aval de l’emplacement de la principale ville en lien avec le cours du fleuve dans sa partie inférieure [14]. Toutefois, les potentialités offertes par le cours d’eau n’étaient peut-être pas suffisantes ou l’établissement d’une agglomération à la confluence n’était pas si intéressant, puisque la cité d’Eupatoria-Magnopolis n’a eu qu’une importance très relative et semble avoir disparu assez tôt [15]. Bien sûr, ce raisonnement n’est que spéculation. Rien ne vient l’étayer. Mais il a le mérite de poser la question de la relation du fleuve dans son cours inférieur avec les principales agglomérations. Çarşamba, Eupatoria-Magnopolis : l’étude des établissements le long de la basse vallée de l’Iris, sur le long terme, serait une piste intéressante à suivre, comme elle pourrait l’être aussi pour d’autres fleuves anatoliens.
23 Revenons aux propos de D. B. A. Erciyas. L’auteur parlait de navires à fond plat, appelés limbo [16]. Sans doute s’agit-il du lembos que L. Basch qualifie de « petits navires destinés à la guerre sur mer [17] ». Dans la plupart des publications traitant de la question, le lembos est considéré comme un navire de guerre de faible tonnage. Il est la plupart du temps associé à la piraterie. Il est souvent évoqué pour la période hellénistique [18]. Pour certains auteurs, ses origines seraient en lien avec la piraterie illyrienne [19]. Polybe raconte que Philippe V de Macédoine fit mettre en chantier des lemboi, navires que construisaient les Illyriens [20]. L’historien les évoque d’ailleurs régulièrement à propos de ce peuple [21]. En raison de leur qualité manœuvrière, ces navires furent incorporés dans les escadres régulières, en particulier par Rome en prenant le nom de « liburnes [22] ». La question devient plus complexe, si on prend en considération le lembos dans un contexte fluvial. En effet, Fr. de Izarra indique que le même mot a pu être utilisé pour deux types différents de navires : « On se trouve avec ce bateau en présence d’une ambiguïté fréquente entre l’univers maritime et le monde fluvial. Le lembus désignait dans un premier temps un bateau de mer de faible tonnage dont Pline attribuait l’origine aux Cyrénéens. Mais des lembi de plus petite taille sont attestés sur des fleuves où, ordinairement, ils marchaient à la rame [23] ». Par la suite, l’auteur cite un certain nombre d’exemples dans lesquels le lembos est bien évoqué dans le cadre d’une navigation fluviale. Il s’agirait à chaque fois d’une petite embarcation manœuvrée à la rame. Ces différents exemples sont néanmoins tardifs, datant pour l’essentiel des IVe-Ve siècles [24]. Fr. de Izarra estime que pour la Gaule, « les lembi fluviaux devaient n’être pas très différents des lenunculi qui désignaient de petits chalands aux usages variés. Ils ont d’ailleurs plusieurs points communs : outre que le second mot est un diminutif du premier, tous deux servaient à la pêche [25] ». On peut ainsi estimer que D. B. A. Erciyas pensait à ce genre de bateau quand il parlait de limbo sur l’Iris. D’ailleurs, Fr. de Izarra indique, en faisant ce rapprochement entre lembos et lenunculus, qu’un « autre auteur parle de piscatorii lenunculi sur le fleuve Mélas ». Malheureusement, on ne sait pas qui est cet auteur. Fr. de Izarra ne cite pas sa source.
24 Nous voudrions terminer notre rapide tour d’horizon par l’évocation des camares, embarcations des populations caucasiennes qui s’adonnent traditionnellement à la piraterie. Ces navires ainsi que leurs usages sont décrits par deux auteurs : Strabon et Tacite. Le premier cite l’existence de ces bateaux dans sa description ethnographique de la péninsule du Caucase :
« Ses habitants (Achéens, Zyges, Hénioques) vivent de piraterie. Ils usent à cet effet de petites embarcations étroites et légères faites pour recevoir au plus vingt-cinq hommes, mais capables d’en accueillir trente en tout dans de rares occasions. Les Grecs les appellent camares (kamaras). (…). Pour en revenir aux camares, ces peuples en équipent des flottilles, et naviguant pour s’attaquer tantôt à des navires marchands, tantôt à un territoire ouvert ou même à une ville, ils détiennent la maîtrise de la mer. (…). Quand ils retournent dans leurs villages, ne pouvant y mettre leurs camares à l’ancre, ils le chargent sur leurs épaules pour les porter dans les forêts, car c’est là qu’ils ont leur habitat, y cultivant un sol misérable. Ils les descendent de nouveau à la mer quand vient le temps de la navigation. Ils procèdent de la même manière également là où ils ne sont pas chez eux, grâce à la connaissance qu’ils ont des lieux boisés. Ils y cachent donc leur camares et partent à pied écumer la région, de nuit comme de jour, pour y faire des esclaves » (Strabon, XI, 2, 12).
26 Tacite s’intéresse à ce type de navire alors qu’il raconte la révolte d’Anicetus, ancien préfet de la flotte royale de Polémon, dernier roi du Pont. Mécontent de la transformation du royaume en province, le personnage aurait soulevé les peuples qui « habitent les bords du Pont-Euxin », au nom de Vitellius contre Vespasien. Ses troupes se seraient alors emparées de Trapézonte [26] :
« Les barbares pratiquaient insolemment la course avec des bateaux construits à la hâte. Ils appellent camarea ces bâtiments aux bords rapprochés, au ventre large, dont l’assemblage ne comporte aucune attache de bronze ou de fer ; par grosse mer, suivant la hauteur des vagues, ils exhaussent avec des planches la partie supérieure du bordage, jusqu’à ce que ces planches forment une sorte de toit qui recouvre le pont. Il roulent ainsi à travers les flots, et grâce à leur double proue et à la mobilité de leur banc de nage, ils peuvent aborder par l’avant ou par l’arrière, indifféremment et sans dommages » (Tacite, Histoires, III, 47).
28 Dans un article consacré aux pirates de la mer Noire, G. Charachidzé a proposé une analyse intéressante de ces deux passages. Il s’est en particulier attaché à définir la particularité de ce type de bateaux : « Ce sont donc de grandes embarcations étroites, à la coque arrondie, très certainement munies d’une quille, vu leur mode d’assemblage. N’ayant, grâce à leur double proue, ni avant ni arrière, et étant menées uniquement à la rame, elles se manient beaucoup plus rapidement que les vaisseaux plus lourds et sont aussi promptes à les aborder qu’à leur échapper [27] ». Bien évidemment, ce genre de navire doit pouvoir remonter facilement un fleuve à partir de son embouchure. C’est certainement là un de leurs intérêts. On peut donc imaginer que, selon les circonstances, les équipages de ces bateaux peuvent trouver refuge en remontant sur quelques kilomètres un cours d’eau.
29 À en croire Strabon et Tacite, les camares sont une embarcation spécifique des peuples caucasiens. Strabon parle de ces navires lors de sa description de la côte des Achéens, des Zyges et des Hénioques [28]. Tacite fait allusion aux Sédochèzes, installés à l’embouchure du Chobus, chez qui Anicetus a trouvé asile [29]. Dans les deux passages, les camares facilitent la pratique traditionnelle de la piraterie. Ainsi, on peut considérer que leurs descriptions constituent une pièce importante dans la déclinaison du stéréotype sur les peuples cruels du fond oriental du Pont-Euxin, qui se livrent encore à l’activité archaïque de la piraterie. En effet, les deux auteurs insistent complaisamment sur le caractère primitif du bateau. Dans le premier texte, l’embarcation est si petite qu’elle peut être portée sur l’épaule et cachée dans la forêt. Elle reçoit tout au plus trente hommes. Dans le deuxième passage, le camare est construit à la hâte. Il ne connaît ni bronze, ni fer. On est loin du travail soigné des charpentiers de navire. On sent par cette présentation la distance que les auteurs cherchent à instaurer avec des navires de guerre digne de ce nom. Le camare est une curiosité du monde barbare, pour cela intéressant à décrire [30]. Dans le même temps, les auteurs ne cachent pas une certaine admiration pour l’ingéniosité de la construction. Cependant, ces prouesses techniques semblent procéder d’un manque originel. Chez Strabon, les peuples caucasiens n’ont pas de ports [31]. Ils sont donc conduits à fabriquer des navires légers qu’ils peuvent ainsi porter facilement afin de les mettre à l’abri. Leur poids est aussi déterminé par leur utilisation : ils sont légers pour pouvoir être cachés dans les lieux boisés pendant les raids. Il ne s’agit donc pas de solides bateaux de commerce ou de navires de guerre, manifestation de la puissance d’un État. Le géographe donne l’impression que la raison d’être de tels navires est ici détournée. Il est le dernier moyen pour vivre dans un milieu hostile marqué par la présence des massifs forestiers et de la montagne. Ne pouvant parfaitement cultiver un « sol misérable [32] », ces populations sont poussées à la piraterie pour subvenir à leurs besoins. De fait, ces bateaux ne sont pas destinés à transporter des marchandises, mais des prisonniers. L’existence des camares et leurs singularités dépendent de ce contexte défavorable. D’ailleurs, ces embarcations se fondent dans la nature omniprésente. Issus du bois des arbres des nombreuses forêts de leur territoire, les camares sont cachés dans ces mêmes massifs forestiers. D’une certaine façon, ils n’ont jamais perdu leur lien organique avec le matériau d’origine. Chez Tacite, les camares sont pourvus d’un « toit » pour affronter la « grosse mer » : « ils roulent ainsi à travers les flots [33] ». Ils ont également une double proue. Ce sont là autant d’anomalies pour un navire.
30 Il est étonnant de constater que cette lecture sur ce type d’embarcation a perduré dans le temps. On la retrouve, par exemple, dans l’article de G. Charachidzé. L’auteur considère que les camares « n’ont jamais cessé de sillonner la mer Noire [34] ». Il veut en retrouver la trace dans un document du XVIIIe siècle témoignage de Hashem Efendi, et dans un autre du XIXe siècle, issu du voyageur suisse F. Dubois de Montépereux [35]. En fait, G. Charachidzé reprend l’ancienne hypothèse de F. Dubois de Montépereux qui voyait déjà, en 1833, dans les bateaux légers des Tcherkesses « avec lesquels ils commettaient jadis de nombreux brigandages » les anciens camares [36]. Érudit, l’explorateur suisse interprète ce qu’il voit à travers le filtre de ses connaissances antiques. Les références à Strabon sont clairement exposées [37]. À partir de ces témoignages, G. Charachidzé retient « l’étonnante rémanence de ce petit univers, au nord-est du Pont-Euxin, comme si tout y était demeuré inchangé depuis deux mille ans : des acteurs, différents, pourtant, s’y livrent aux mêmes jeux (la piraterie) avec des techniques immuables et des équipements strictement identiques [38] ». À cette idée d’héritage direct, nous préférons la notion développée par des études d’ethnoarchéologie selon laquelle il n’existe pas forcément de filiation directe dans les méthodes de construction, mais un faisceau de convergences dans les résultats obtenus à partir de techniques semblables, de matériaux et de contraintes similaires [39]. Cette interprétation permet, dans le cas des camares, de réfléchir différemment sur la constitution de ces embarcations. Ainsi, si on peut reconnaître des analogies entre les camares et les bateaux légers tcherkesses du XIXe siècle, le témoignage de F. Dubois de Montépereux apporte des éléments intéressants sur les possibilités de ce type de navires. Par exemple, le voyageur raconte un accrochage entre une corvette russe et trois navires légers [40]. Informé de la présence de ces navires de contrebande à hauteur de Voulan, l’équipage russe arrivé sur les lieux ne les trouve pas. Ils soupçonnent que ceux-ci ont remonté la rivière. Le capitaine de la corvette russe envoie donc des chaloupes, « mais les chaloupes trouvèrent l’entrée de la Voulan barrée par les sables ; il n’y avait pas moyen d’avancer ». Les Russes découvrent par la suite que les Tcherkesses « s’étaient réunis en embuscade (…) autour d’un joli bassin (…) que produit la Voulan repliée avant d’entrer dans la mer [41] ». Ils y ont amarré leurs trois navires « qu’ils avaient fait entrer en débarrassant la barre de sable [42] ». De fait, on peut estimer qu’en dépit de conditions défavorables, ce type d’embarcation a la potentialité de passer sur des hauts fonds sableux, propres au lit de la plupart des cours d’eau, moyennant quelques travaux rapides. Plus que pour s’adonner systématiquement à la piraterie, ces bateaux doivent constituer un bon compromis technique et économique dans le contexte géographique du Pont-Euxin. Ils doivent répondre aux besoins d’une navigation partagée entre cabotage et remontée fluviale.
31 Enfin, on peut être surpris à la lecture des passages de Strabon et de Tacite de la qualité de leur description. Chez Tacite, en particulier, les connaissances techniques sont remarquables. D’où proviennent leurs sources ? Pour Strabon, Fr. Lasserre estime que ces informations sont tirées de Posidonios [43]. Elles dateraient du règne de Mithridate Eupator. On retrouve la même conclusion chez G. Charachidzé [44]. Malheureusement, il est difficile d’en dire davantage. Nous n’avons rien trouvé sur les sources d’information de Tacite. Il convient cependant de remarquer que ce n’est pas le seul passage de l’auteur dans lequel il s’intéresse dans le détail aux constructions navales. Il le fait en particulier dans deux textes concernant la Germanie. Or, dans les deux cas, il parle d’une forme de bateau symétrique : « aux deux extrémités, une proue offre un avant toujours prêt pour débarquer », comme pour les camares [45]. On a ainsi l’impression que, chez Tacite au moins, cette configuration de navires avec deux extrémités indifférenciées est le propre de barbares, situés aux confins.
32 Parallèlement, alors qu’au moins deux auteurs s’intéressent avec soin à la description de navires caucasiens, nous ne connaissons rien d’équivalent pour des embarcations anatoliennes. Sans doute considérées comme communes, elles ne doivent pas avoir l’intérêt de l’étrangeté barbare et de son altérité. Doit-on comprendre pour autant que ces camares ne croisent jamais au large des côtes anatoliennes ? Le Phase ou le territoire de Trapézonte constitueraient une frontière, à l’ouest de laquelle aucun camare ne circulerait ? C’est peu crédible. Strabon raconte tout d’abord que si des « chefs locaux », sans doute des dynastes-clients de Rome, procèdent à des contre-attaques « en coulant les camares avec tout leur équipage », « les territoires soumis aux Romains sont moins secourus à cause de la négligence des gouverneurs qu’ils y envoient [46] ». Il paraît évident que les pirates caucasiens se sont ainsi aventurés le long du littoral septentrional de l’Asie Mineure au Ier siècle av. n.è. De son côté, Tacite explique que les forces d’Anicetus s’en sont prises à Trapézonte et ont mis le feu à la flotte basée dans le port. On peut ainsi estimer que des camares pouvaient se déplacer au Ier siècle de n.è. au large du Pont. Il est vraisemblable que ces bateaux ont pu aussi être employés pour des activités autres que celles de la piraterie. La présentation tranchée des deux auteurs, induisant que les camares sont limités à la péninsule caucasienne, a certainement quelque chose d’artificiel. Ceux-ci-ci devaient circuler sur une bonne partie de la mer Noire, au-delà de la côte située entre les Achéens et les Hénioques. Et il est probable que leur mode de construction ait intéressé les marins entre Paphlagonie et Pont [47]. Ainsi, dans les Annales, on s’aperçoit que pour préparer l’expédition de Germanicus en Germanie, la flotte qui est construite à cet effet est composée de bateaux à double gouvernail « afin qu’en renversant le mouvement des rameurs on les fit aborder à volonté par l’un ou l’autre bout [48] ». L’armée romaine semble avoir repris un modèle de navires connu chez certains peuples germains. On peut penser qu’il a pu en être de même dans la partie orientale du Pont-Euxin. Par exemple, Tacite écrit qu’après avoir surpris l’armée d’Anicetus, l’officier romain en charge du détachement fait construire « à la hâte des navires liburniens ». La scène doit avoir lieu non loin de Trapézonte. À l’exemple de ce que dit Tacite des camares construits à la hâte, les liburnes sont ici construites hâtivement. Cette analogie pourrait laisser croire que, dans ce cas là au moins, ces bateaux liburniens et les camares pouvaient présenter d’autres points communs.
33 Au final, nous ne sommes pas loin d’imaginer que des camares ont pu remonter quelques fleuves d’Asie Mineure septentrionale.
34 Stéphane LEBRETON Université d’Artois (Arras)
Inscriptions gréco-romaines d’Anatolie III
35 Les inscriptions, souvent inédites, présentées ci-après ont été collectées par Ergün Laflı entre 2013 et 2014, un certain nombre lui ayant été confiées par des cours locales de justice pour expertise. Certaines d’entre elles ont été proposées à l’étude par l’entremise des archives de la Commission du Patrimoine Local de Muğla (Muğla Kültür Varlıklarını Koruma Bölge Kurulu), en Carie, au sein de laquelle E. Laflı fut actif entre 2005 et 2009. L’essentiel des textes épigraphiques qui suivent provient des musées turcs locaux, spécialement du littoral égéen de l’Anatolie (Ionie), mais aussi de régions plus continentales (Pont). Nous souhaitons remercier les autorités locales, particulièrement les cours régionales de justice civile d’Izmir, de Bodrum, djustice civile d’Izmir, de Bodrum, les directeurs et personnels des musées d’Izmir, de Bodrum, de Samsun, ainsi que Melle Berna Oğuz pour l’aimable accès offert à sa collection archéologique privée, en rapport avec le musée d’Izmir auquel nous manifestons notre reconnaissance pour son autorisation d’étude comme pour son assistance. Lorsqu’elles ne sont pas inédites, les inscriptions font l’objet d’une nouvelle lecture, de corrections ou de commentaires particuliers, l’essentiel étant d’abord de faire connaître à la communauté scientifique de nouveaux éléments épigraphiques sans plus de délais. Les photographies ont été réalisées par Ergün Laflı et Hadrien Bru.
Ionie
36 N° 1 – Musée archéologique d’Izmir. Monument découvert à Kemalpaşa. Stèle funéraire de calcaire local à acrotères, ornée de feuilles de lierre dans le pédiment. Inscription grecque : deux lignes sont gravées dans le champ au dessus d’une couronne funéraire, puis sept lignes sous cette dernière. Dimensions : L. 47 cm, H. 134 cm, P. 11 cm ; hauteur des lettres : 2 cm.
νήμου - διʹ
couronne
Ἀσκληπιάδης
Μενεκράτην τὸν
5 ἀδελϕὸνΜενεκρά
της Μόσχειν τὸν
πάτρως
Αϕϕιον τὸν Δέρᾳ
χαῖρε.
37 Le texte est daté de l’an 183, manifestement du 14e jour du mois de Panèmos ; l’ère de référence est probablement ici actiaque, cela nous conduisant à dater le monument de Smyrne en 152-153 apr. J.-C., ce que confirme la gravure soignée du texte avec apices marqués. Ἀσκληπιάδης et Μενεκράτης sont des anthroponymes grecs courants, mais le nom féminin de personne Αϕϕιον est d’origine anatolienne, notamment attesté en Mysie, Lydie, Carie, Lycie et Phrygie [49]. Le dernier anthroponyme grec cité est plus rare, régulièrement attesté en Crète et dans le Péloponnèse au IIe siècle avant notre ère.
Carie
38 N° 2 – Halicarnasse. Musée d’archéologie sous-marine de Bodrum. Une stèle funéraire en marbre avec une inscription grecque de deux lignes. Trois personnages féminins sont représentés : la défunte au centre, avec himation et tête couverte ; deux personnages plus petits lui présentant des objets conventionnels, dont un coffret.
γυνὰ δὲ χαῖρε ἄ(λυπε ?) χαῖρε.
39 Datation : Ier siècle av. J.-C.?
40 N° 3 – Halicarnasse. Musée d’archéologie sous-marine de Bodrum. Stèle funéraire de marbre blanc avec une inscription grecque de deux lignes. Dimensions : L. 41 cm, H. 82 cm, P. 7 cm ; hauteur des lettres : 1-1,3 cm. La défunte est assise à droite, tournée vers la gauche, serrant la main droite à un personnage masculin debout [50] ; un petit buste tourné à gauche semble apparaître au dessus du bras droit de la défunte.
χαῖρε.
41 “Eirènè fille de Zénon” devait être suivi d’un ethnique ou d’un papponyme ; le style de la stèle comme le sigma aux branches légèrement divergentes nous conduit à dater le monument du IIe siècle avant notre ère.
42 N° 4 – Halicarnasse. Musée d’archéologie sous-marine de Bodrum. Autel circulaire funéraire de marbre avec bucranes, guirlandes, corbeille et pampres ; entre ces derniers, une inscription grecque de 3 lignes.
43 D’époque impériale romaine (IIe siècle ?), Decimus Castricius, fils de Decimus (translittéré en grec, avec syncope du i), est honoré au vocatif, avec mention de la tribu Palatina.
44 N°5 – Halicarnasse. Musée d’archéologie sous-marine de Bodrum. Autel circulaire funéraire votif de marbre avec bucranes, guirlandes et hederae. Une inscription grecque de 3 lignes.
45 Époque impériale romaine (IIe siècle ?). Le lapicide semble avoir commencé à graver -της en première ligne, avant de se raviser et de passer à la deuxième.
της
Μοσχίωνος.
46 N° 6 – Halicarnasse. Musée d’archéologie sous-marine de Bodrum. Une colonne funéraire de marbre avec une inscription grecque des deux lignes. Dimensions : L. 38 cm, H. 44 cm, hauteur des lettres : 2 cm.
47 La forme du ôméga avec ses appendices, ainsi que le iota adscrit en fin de première ligne nous conduisent vers une datation hellénistique (IIe-Ier siècles av. J.-C.), ce que confirment les attestations de l’anthroponyme Phosphoros sous la forme de notre texte (datif avec iota adscrit) en Attique, mais rarement en Ionie, sauf à Milet (I. Milet, I/3, 172) pour un parallèle précis.
[Φ]ιλάγρου.
48 N° 7 – Halicarnasse. Musée d’archéologie sous-marine de Bodrum. Stèle funéraire de marbre local figurant un gladiateur (probablement un rétiaire, la hampe d’un trident en main gauche), avec une inscription grecque de 2 lignes qui nous indique son nom :
ϕος.
49 Ce relief endommagé est d’après le style comme par la gravure des lettres à dater du IIe siècle de notre ère. L’anthroponyme en question se trouve régulièrement en Phrygie occidentale (surtout à Aphrodisias), ainsi qu’en Pisidie.
50 N° 8 – Halicarnasse. Musée d’archéologie sous-marine de Bodrum. Un bloc de marbre gravé d’une inscription fragmentaire grecque de 4 lignes. Dimensions : L. 43 cm, H. 42 cm, P. 54 cm ; hauteur des lettres : 4,5 cm.
51 La régularité comme le style du texte feraient opter pour une datation au IIe siècle de notre ère. Il s’agit manifestement d’un texte honorifique pour un personnage qui a exercé une prêtrise ou une grande-prêtrise des Augustes à vie (L. 1-2). L. 3 : en raison de ce qui précède, on penserait à une épiclèse chthonienne (Karpophoros), mais il peut s’agir d’un anthroponyme au génitif. L. 4 : on lit au début de la ligne la fin d’un anthroponyme (sans doute ici patronyme) au génitif.
52 N° 9 – Halicarnasse. Musée d’archéologie sous-marine de Bodrum. Fragment central d’un sarcophage présentant une tabula ansata, laquelle donne à lire 7 lignes en grec :
Μ (ᾶρκος)·Αὐρ(ήλιος) Μηνό
ϕιλος· ἰατρὸς
ἑαυτῷ · κατεσ-
5 κεύασεν ἀνα
παλλοτριώτον
σὺν τῶι κήπωι.
53 Traduction : De son vivant, M(arcus) Au (relius) Mènophilos, médecin, a fait construire pour lui-même (le tombeau) inaliénable avec le jardin.
54 Le mot anapallotriôtos est rare. On ne le trouve qu’employé dans une inscription de Xanthos qui n’est pas funéraire (TAM II 261 b 15). Il fait écho aux inscriptions avec défense, ce que confirme la mention de la somme indiquée dans les anses de la tabula ansata : à gauche le signe du denier ♓ ; à droite, la somme ´Δ. L’inscription prévient donc l’éventuel contrevenant qu’il devra payer 4 000 deniers au trésor.
55 N° 10 – Halicarnasse. Musée d’archéologie sous-marine de Bodrum. Stèle de marbre avec une inscription fragmentaire grecque de 5 lignes :
[---αὐ]τῆς μήτηρ T
[---]MOIC : IZON
[---]KRATIBAL
[---]δῆμος
56 Sigmas lunaire, avec gravure régulière des lettres. Datation : IIe siècle ?
57 N° 11 – Halicarnasse. Musée d’archéologie sous-marine de Bodrum. Stèle (sans doute votive) de marbre fragmentaire représentant un cavalier vers la droite, dont le cheval se cabre légèrement devant un autel. Sur la plinthe, deux lignes de grec :
τέκνον [---]
58 Il est visiblement question de Tryphon fils de Bassus, et de sa descendance.
59 Datation : IIe-IIIe siècles.
60 N° 12 – Halicarnasse. Musée d’archéologie sous-marine de Bodrum. Autel votif à acrotères représentant de manière fruste et schématique une femme debout, vêtue du chiton et s’appuyant du bras gauche sur un bâton. À gauche, une corbeille. Sur le couronnement du monument, quatre lignes endommagées, en grec :
ρος (?) [---]
σὺν τοῖς τέκνοις [---] ΔΕΙΟΝ ΗΙ
εὐχήν.
61 Le style de sculpture comme la graphie (sigmas carrés), nous conduisent à proposer une datation au IIIe siècle de notre ère.
62 N° 13 – Halicarnasse. Musée d’archéologie sous-marine de Bodrum. Inscription honorifique grecque de 13 lignes pour l’empereur Hadrien (117-138), sur une stèle de calcaire :
[νὸς Τραιανὸς Ἁδριανὸς Σεβαστός, ἀρχιερεὺς μέγισ] τος, δημαρχικῆς
[ἐξουσίας τὸ?ʹ... ὁ δῆμος ὁ Ἁλικαρ]νασέων τοῖς ἄρχουσι
[---] τὴν πόλιν τὴν ὑμε-
5 [τέραν... ἱε] ̣ρὰ καὶ τὰ δημόσια
[---]
̣ποιήσων τὴν πόλιν
[---] τὴν ϕιλίαν τὴν
[---]
̣διὰ τὸν ἄνδρα
[---] ἱστορίας οὐκ Ε
10 [---]
̣πολλοῖς καὶ πάθη
[---] καὶ Ἀπόλω ΛΕΝ
[---]ΩΣ καινὴν ποι[ητὴν?]
63 La gravure très soignée du texte confirme son contenu comme sa datation au début du IIe siècle, bien que la pierre soit hélas incomplète et brisée à gauche. Le début du texte (lignes 1-3) donne la titulature classique de l’empereur Hadrien, à qui les habitants de la cité d’Halicarnasse (lignes 3-6) ont rendu hommage (l’amitié est évoquée ligne 7), manifestement pour avoir réalisé quelque chose, historiquement (ligne 9) pour la première fois (ligne 12).
64 N° 14 – Halicarnasse. Musée d’archéologie sous-marine de Bodrum. Loi sacrée du IIIe siècle av. J.-C., gravée sur une stèle de marbre fragmentaire présentant une inscription de 13 lignes en grec.
νὸς Ἀνθεστηριῶνος ἐπὶ πρυτανείας τ[ῆς μετὰ]
γραμματεύοντος Διαγόρου τ[οῦ]
Εὐβούλου, ἔδοξεν τῆι βουλῆι καὶ τ[ῶι δή-]
5 μωι γνώμη πρυτανίων, ἀγαθῆι τύχ[ηι]
[ὁ] πριάμενος τὴν ἱερητείαν Ρ[---]
[ἐκκοπ]τομένας τὸς ἐξ ἀστῶν ἐπὶ [---]
ἐπενηγμένος ἱεράσεται[---]
ΟΣ ΥΟΥ κατὰ τάδε θύσει [τὰ ἱερὰ ?---]
10 [μ]ετὰ τῶν πρυτανίω[ν---]
[τ]ῆς Νίκης μηνὸς [---]
ΑΜΕΝΟΥ ΛΑ
[δρ]αχμὰς [---]
65 La pierre semble quasiment complète à gauche, mais se trouve endommagée à droite, surtout sur sa partie inférieure, largement brisée. Iotas adscrits, branches droites de Π plus courtes que leurs branches gauches indiquent une datation hellénistique, même si les sigmas lunaires pourraient faire penser que le texte a pu être regravé après sa promulgation initiale. Diodotos fils de Philonikos et Diagoras apparaissent déjà dans un décret du IIIe siècle av. J.-C. pris par la boulè et le dèmos d’Halicarnasse concernant une prêtrise d’Artémis Pergaia [51]. Le texte donné ici évoque notamment des questions sacrificielles (ligne 9), à mettre éventuellement en rapport avec une victoire (ligne 11). Une somme en drachmes est mentionnée à la ligne 13.
Pont
66 N° 15 – Musée de Samsun. Liste de noms d’époque hellénistique. La partie supérieure du texte est parfaitement préservée, alors que seulement trois lettres subsistent en sa partie inférieure. E. Laflı, E. Christof, Hadrianopolis I : Inschriften aus Paphlagonia, British Archaeological Reports, International Series 2366, Oxford, 2012, p. 33, fig. 57 ; E. Laflı, « Antik Çağda Amisos », dans M. Aydın, B. Şişman, S. Özyurt, H. Atsız (éds), Samsun Sempozyumu. 13-16 Ekim 2011, Cilt 1, Samsun, 2012, p. 57, fig. 5 (photographie seulement).
Τίμωνος γυνὴ
Μῆνις καὶ Δωρίων
4 οἱ Δωρίωνος
Μύστα Τίμωνος
Δημητρίου γυνὴ
Δημήτριος Θεοδώρου
8 [------] ̣Ν
vacat (6 lignes)
[---------------------]̣ΟΣ
67 Traduction : « Xennô fille d’Apollonios, femme de Timôn ; Mènis et Dôriôn, enfants de Dôriôn ; Mysta fille de Timôn, femme de Demetrios ; Demetrios fils de Théodoros, … n… os »
68 La petite taille de l’ôméga suspendu à ses appendices, le pi à haste droite courte, le sigma aux branches légèrement divergentes et l’alpha à barre brisée concourent à l’identification d’un ductus d’époque hellénistique (IIIe- IIe siècles av. J.-C. ?).
69 L. 1 : Ξένων est fréquemment attesté en Asie Mineure occidentale (Ionie, Éolide, Bithynie, Mysie, Troade, Lydie) [52], Ξέννων est attesté en Macédoine [53], mais l’on retiendra surtout la présence de Ξενώ dans le Bosphore cimmérien à Panticapée au IVe siècle av. J.-C. [54], en Thraceà Mesambria à l’époque impériale [55] et à Salymbria vers 400 av. J.-C. [56],en Chersonèse taurique au IIIe siècle av. J.-C. ou en Macédoine à l’époque hellénistique [57]. Ξεννώ est sous cette graphie un nom féminin très bien attesté en Béotie entre les Ve et IIIe siècles av. J.-C., par exemple à Tanagra [58], à Thisbè [59], à Anthedon [60] ou à Akraiphia [61]. On le trouve en outre sous cette forme en Eubée à Éretrie au IIIe siècle av. J.-C. [62], et à Athènes au Ier siècle av. J.-C. [63]
70 L. 2 et 5 : Τίμων est commun, notamment attesté à Sinope au IIe siècle av. J.-C. [64], et à Héraclée du Pont [65].
71 L. 3 : Μῆνις est un nom féminin théophore (du dieu lunaire Mèn) essentiellement attesté en Pisidie et en Lycie [66]. Il apparaît à plusieurs reprises sur des timbres amphoriques à Sinope et à Héraclée du Pont, sans doute comme une forme abrégée du nom masculin Μηνίσκος [67].
72 L. 5 : Μύστα est un nom féminin attesté en Ionie au IIe siècle av. J.-C. [68], en Lydie à l’époque hellénistique (IIe-Iersiècles av. J.-C.) [69], dans le Pont à Amisos à l’époque hellénistique ou impériale [70].
73 N° 16 – Musée de Samsun. Inscription byzantine de 6 lignes dans une tabula ansata, elle-même appartenant peut-être au parapet d’une église, décoré d’éléments végétaux et d’une croix chrétienne encadrée par deux oiseaux. Calcaire jaune. E. Laflı, E. Christof, Hadrianopolis I : Inschriften aus Paphlagonia, British Archaeological Reports, International Series 2366, Oxford, 2012, p. 44, fig. 10d (photographie).
Χρυσαϕίου
διακόνου
4 καὶ Τρυϕερί
ης θυγατρὸς
αὐτοῦ. ἀμήν.
Traduction : « Ex-voto de Chysaphios, diacre, et de Tryphéria, sa fille. Amen. »
74 Cet ex-voto date manifestement du VIe siècle de notre ère par les nombreux parallèles connus dans la formulation comme pour ce qui concerne le ductus.
75 L. 4-5 : on attendrait le nom féminin Τρυϕέρα, assez répandu, alors que l’on a bien ici Tryphéria au génitif ; on connaissait déjà Tryphérios comme pendant masculin à Kotiaion [71], ainsi qu’à Anemurium au Ve siècle de notre ère [72].
Notes
-
[*]
Université de Franche-Comté – ISTA (EA 4011). guy.labarre@univ-fcomte.fr, hadrien.bru@univ-fcomte.fr
-
[1]
P. Dupont, A. Baralis, « Ateliers céramiques et réseaux d’échanges dans le sud-ouest de la mer Noire à l’époque classique et au début de l’époque hellénistique », BCH (sous presse).
-
[2]
Nous tenons à remercier infiniment M. D. Nedev, Directeur du Musée archéologique de Sozopol, pour cette information, ainsi que pour sa générosité dans les discussions nombreuses que nous avons pu mener. Le matériel du premier âge du fer a également été présenté le 13 septembre 2014 par M. Damyanov lors du XXe congrès de l’Association européenne d’archéologie à Istanbul dans le cadre de sa conférence « First encounters and further developments : Greeks meeting Thracians on the Western Pontic coast ». Les résultats devraient faire l’objet de plusieurs rapports lors des Journées nationales d’archéologie organisées en février-mars 2015 à l’Institut d’archéologie de Sofia et dans l’AOR 2014 (2015). Un premier regard porté par E. Bozhinova sur ce matériel oriente vers la phase la plus ancienne du fer, en dehors de quelques fragments manifestement plus tardifs.
-
[3]
A. Baralis , « Pratiques et rituels funéraires : commentaire général », dans A. Hermary, K. Panayotova, A. Baralis, A. Riapov, M. Damyanov, Apollonia du Pont (Sozopol), La nécropole de Kalfata (Ve-IIIe s. av. J.-C.). Fouilles franco-bulgares (2002-2004), Paris – Aix-en-Provence, 2010, p. 157-161.
-
[1]
Département des Antiquités Grecques, Étrusques et Romaines, Musée du Louvre
-
[2]
Institut et Musée archéologique de Sofia, Bulgarie
-
[3]
Musée archéologique de Bourgas, Bulgarie
-
[4]
Musée National d’Anthropologie, Sofia, Bulgarie
-
[5]
Musée archéologique de Sozopol, Bulgarie
-
[4]
D. B. A. Erciyas, Studies in the Archaeology of Hellenistic Pontus : the Settlements, Monuments and Coinage of Mithridates VI and his Predecessors, PhD, Université de Cincinnati, 2001, p. 35.
-
[5]
Pour la Gaule, voir Fr. de Izarra, Hommes et fleuves en Gaule romaine, Paris, 1993, p. 55-56.
-
[6]
Voir R. J. A. Talbert (éd.), Barrington Atlas of the Greek and Roman world, Princeton, 2000, carte 86-87 ; E. Olshausen, J. Biller, Historisch-geographische Aspekte der Geschichte des Pontischen und Armenischen Reiches, Wiesbaden, 1984.
-
[7]
H. Roelens-Flouneau, « Remarques sur la navigabilité des fleuves d’Asie Mineure dans l’Antiquité », dans A. Dan, St. Lebreton (éds), Études des fleuves d’Asie Mineure. Une première approche (à paraître).
-
[8]
Ce que dit très justement H. Roelens-Flouneau, loc. cit.
-
[9]
Strabon, XII, 3, 30.
-
[10]
Strabon, XII, 3, 30-31 (Cabeira) ; XII, 3, 39 (Amaseia).
-
[11]
Strabon (XII, 3, 30) dit bien que la cité « se trouve au milieu des plaines ». Il est probable également que, lors de la construction de l’agglomération, puis de sa reconstruction, le fleuve ait été mis à contribution. Fr. de Izarra (op. cit., p. 47) rappelle que les « chantiers urbains nécessitaient de grandes quantités de matériaux qu’on devait extraire des rivières », le sable notamment. Draguer le sable, en raclant le lit du fleuve, a pu momentanément modifier le cours du fleuve à cet endroit. Il conviendrait de voir si les conditions géologiques locales pouvaient permettre une telle exploitation. Parallèlement, il était sans doute nécessaire pendant cette période d’édification de transporter des matières premières d’une rive à l’autre. Au moins pour ce temps de travaux, l’Iris a pu être utilisé pour le transport de matériaux.
-
[12]
H. Roelens-Flouneau, art. cit.
-
[13]
Cité en traduction dans L. Robert, À travers l’Asie Mineure. Poètes et prosateurs, monnaies grecques, voyageurs et géographie, Paris, 1980, p. 196. Cependant, H. Roelens-Flouneau nuance cette description, en note infrapaginale, en précisant que P. de Tchihatcheff (Asie Mineure. Description physique, statistique et archéologique de cette contrée. 1. Géographie physique comparée, Paris, 1853, p. 190), « à la fin de l’été (il est à Çarşamba le 22 août 1853 selon le calendrier publié dans Pet. Mitt., 1867), indique pour sa part que “la profondeur ne paraît aller nulle part au-delà d’un mètre, et très souvent elle n’est que de deux à trois décimètres. Aussi est-il guéable sur une foule de points” ». W. J. Hamilton explique dans le même passage que, peu avant son arrivée, le fleuve « avait eu une forte crue, inondant la contrée sur une surface considérable ». Pourtant la visite de W. J. Hamilton a lieu en juillet et non au printemps.
-
[14]
Fr. de Izarra (op. cit., p. 31) apporte pour la Gaule une indication très intéressante sur les limites de navigation en amont : « Il semble qu’on ait reculé le plus en amont possible la limite supérieure de la navigation. Plus on cherche dans le passé, plus elle est haute, tandis qu’elle tend à descendre vers l’aval à mesure que les siècles passent, à moins qu’entretemps des travaux d’aménagement n’aient été réalisés. La taille des bateaux, en augmentant, a contribué à restreindre considérablement les possibilités du réseau navigable ».
-
[15]
Souffrant peut-être de la proximité de Cabeira-Diospolis. D. B. A. Erciyas, op. cit., p. 137 ; D. R. Wilson, s. v. « Eupatoria later Magnopolis », The Princeton Encyclopedia of Classical Sites, Princeton, 1976 ; E. Olshausen, J. Biller, op. cit., p. 128.
-
[16]
D. B. A. Erciyas, op. cit., p. 35.
-
[17]
L. Basch, op. cit., p. 497.
-
[18]
Par exemple : A. Davesne, G. Miroux, L’Anatolie, la Syrie, l’Égypte de la mort d’Alexandre au règlement par Rome des affaires d’Orient (323-55 av. J.-C.), Paris, 2004, p. 63 ; M. Pitassi, The navies of Rome, Woodbridge-Rochester-New York, 2009, p. 84
-
[19]
H. A. Ormerod, Piracy in the Ancient World, Liverpool-Londres, 1924, p. 29 ; M. Pitassi, op. cit., p. 84-87.
-
[20]
Polybe, V, 3, 106.
-
[21]
Par exemple : Polybe, IV, I, 17.
-
[22]
M. Pitassi, op. cit., p. 155. Sur les liburnes dans la marine romaine : M. Reddé, Mare nostrum. Les infrastructures, le dispositif et l’histoire de la marine romaine sous l’Empire romain, Rome, 1986, p. 104-110.
-
[23]
Fr. de Izarra, op. cit., p. 111.
-
[24]
Fr. de Izarra, op. cit., p. 111.
-
[25]
Fr. de Izarra, op. cit., p. 111.
-
[26]
Tacite, Histoires, III, 47.
-
[27]
G. Charachidzé, « Les pirates de la mer Noire », CRAI, 142/1, 1988, p. 265.
-
[28]
Strabon, XI, 2, 12.
-
[29]
Tacite, Histoires, III, 48.
-
[30]
Processus similaire évoqué dans la première chronique : St. Lebreton, « Quelques remarques à propos de la navigation sur les fleuves et les lacs anatoliens », dans G. Labarre, H. Bru (éds) « Chronique d’Orient. Chronique 2012 », DHA, 38/2, 2012, p. 199-201.
-
[31]
Sur ces notions, voir P. Thollard. Barbarie et civilisation chez Strabon, Paris, 1987.
-
[32]
Strabon, XI, 2, 12.
-
[33]
Tacite, Histoires, III, 47.
-
[34]
G. Charachidzé, art. cit., p. 265.
-
[35]
Pour le premier, voir C. Barbier de Meynard, « Un document turc sur la Circassie », dans Mémoire du centenaire de l’École Nationale des langues orientales vivantes, Paris, 1895, p. 45-69, le témoignage sur ces bateaux concernent les p. 64- 65. F. Dubois de Montpéreux, Voyage autour du Caucase, chez les Tcherkesses et les Abkhases, en Colchide, en Géorgie, en Arménie et en Crimée, I, Paris, 1839.
-
[36]
F. Dubois de Montpéreux, op. cit., p. 191-193. Ces embarcations tcherkesses sont décrites comme « plus grandes (que les camares), ce sont des barques longues de cinquante pieds, étroites, avec une quille. Du temps de Strabon, elles portaient de vingt-cinq à trente hommes dont les deux tiers rament. N’ayant pas de mât et étant très basses, elles échappent facilement à tous les regards, se glissent le long des côtes et dès qu’on les poursuit, elles sont si légères que l’équipage peut les tirer sur le rivage et les cacher dans les bois ».
-
[37]
F. Dubois de Montpéreux, op. cit., p. 66-69 ; 191.
-
[38]
G. Charachidzé, art. cit., p. 270.
-
[39]
O. Aurenche, Vous avez dit ethnoarchéologue ? Choix d’articles (1972-2007), Lyon, 2012, p. 43-44.
-
[40]
F. Dubois de Montpéreux, op. cit., p. 184-186. La scène se déroule en mai.
-
[41]
F. Dubois de Montpéreux, op. cit., p. 185-186.
-
[42]
F. Dubois de Montpéreux, op. cit., p. 186.
-
[43]
Fr. Lasserre (éd. et trad.), Strabon, Géographie, VIII (livre XI), Paris (CUF), p. 135.
-
[44]
G. Charachidzé, art. cit., p. 262 ; 265.
-
[45]
Tacite, Germanie, XLIV, à propos des Suiones : « La forme de leurs navires se distingue en ceci qu’aux deux extrémités une proue offre un avant toujours prêt pour aborder. Ils ne manœuvrent pas à la voile et ne fixent pas les rames en rangées sur les bords ; l’appareil en est libre, comme sur certains fleuves, et susceptible d’être tourné, selon les circonstances, d’un côté ou de l’autre » ; Annales, II, 6. Dans les deux cas, la possible navigation sur un fleuve et sur la mer est suggérée.
-
[46]
Strabon, XII, 2, 12.
-
[47]
Sur les transmissions de savoir-faire technique, voir par exemple pour des périodes plus anciennes, mais dont le principe doit rester le même pour le Haut-Empire, P.Arnaud, « La mer, vecteur de la diaspora grecque », dans L. Capdetrey, J. Zurbach, Mouvements, réseaux, contacts en Méditerranée, de l’époque archaïque à l’époque hellénistique, Bordeaux, 2012, p. 126-130.
-
[48]
Tacite, Annales, II, 6.
-
[49]
L. Zgusta, Kleinasiatische Personennamen, Prag, 1964, p. 84, § 66-54.
-
[50]
Les scènes de dexiosis sont régulières sur les stèles funéraires grecques de l’Orient méditerranéen au IIe siècle av. J.-C. (cf. E. Laflı, J. Meischner, « Hellenistische und römische Grabstelen im Archäologischen Museum von Hatay in Antakya », JÖAI, 77, 2008, p. 148, n°4 et p. 154, n°14).
-
[51]
Voir CIG 2656 ; SEG, 15, 636 ; SEG, 16, 701 ; F. Sokolowski, Lois sacrées de l’Asie Mineure, De Boccard, Paris, 1955, p. 170-172, n°73.
-
[52]
Th.Corsten (éd.), LGPN, VA, 2010, p. 342.
-
[53]
P. M. Fraser et E. Matthews (éd.), LGPN, IV, 2005, p. 259.
-
[54]
CIRB 214.
-
[55]
IGB I2,347, 3.
-
[56]
IG I3, 1369.
-
[57]
P. M. Fraser et E. Matthews (éd.), LGPN, IV, 2005, p. 260. Sous cette forme, voir aussi dans le Péloponnèse et en Adriatique aux époques hellénistique et surtout impériale (P. M. Fraser et E. Matthews [éd.], LGPN, IIIA, 1997, p. 337).
-
[58]
IG VII, 1274.
-
[59]
IG VII, 2308.
-
[60]
IG VII, 4210.
-
[61]
IG VII, 2749 ; voir P. M. Fraser et E. Matthews (éd.), LGPN, IIIB, 2000, p. 315.
-
[62]
IG XII, 9, 707 ; voir P. M. Fraser et E. Matthews (éd.), LGPN, I, 1987, p. 342.
-
[63]
M. J. Osborne et S. G. Byrne (éd.), LGPN, II, 1994, p. 345.
-
[64]
IG II2, 10354.
-
[65]
ISM III, 72 ; cf. Th. Corsten (éd.), LGPN, VA, 2010, p. 433.
-
[66]
Cependant, tous les noms de personnes présentant un radical Μην- en Asie Mineure ne sont pas tous des théophores dérivant du nom du dieu lunaire (cf. G. Labarre, Le dieu Mèn et son sanctuaire à Antioche de Pisidie, Bruxelles, 2010, p. 146-154).
-
[67]
Voir A. Avram dans Th. Corsten (éd.), LGPN, VA, 2010, p. 302.
-
[68]
I. Smyrna, 609.
-
[69]
SEG, XLIV, 970.
-
[70]
Voir les attestations dans Th. Corsten (éd.), LGPN, VA, 2010, p. 327.
-
[71]
MAMA, X, 307.
-
[72]
SEG, XXXVII, 1281.