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Article de revue

Peut-on identifier l'auteur de l'Histoire Auguste ?

À propos de... Stéphane Ratti, Antiquus error, Les ultimes feux de la résistance païenne (scripta varia augmentés de cinq études inédites, Turnhout, Brepols [Bibliothèque de l'antiquité tardive n˚14], 2010.

Pages 115 à 135

Notes

  • [*]
    Chercheur rattaché au VECT-Mare Nostrum – Université de Perpignan Via Domitia – olivier.rimbault@wanadoo.fr
  • [1]
    Cameron (Averil), L’Antiquité tardive, trad. fr. M. Pouteau, Mentha [Bibliothèque d’orientation], 1992, p. 7.
  • [2]
    Cf. le fameux ouvrage d’Edward Gibbon, Decline and Fall of the Roman Empire (1776-1788), le célèbre essai presque contemporain de Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (1734), ou la préface de Du Cange à son Glossarium mediae et infimae latinitatis (1678). Héritiers des partis-pris apparus à la Renaissance, les historiens et les philologues de l’époque moderne fixèrent un jugement qui favorisa longtemps le désintérêt pour l’antiquité tardive ou orienta son étude. Le titre de l’ouvrage publié en 1977 par Henri-Irénée Marrou, Décadence romaine ou antiquité tardive ?, est évidemment emblématique de l’abandon de ce jugement simplificateur. L’importance des âges classiques dans l’enseignement traditionnel du latin explique autant que les critères esthétiques l’absence presque totale de l’Histoire Auguste dans les manuels scolaires du XIXe et XXe siècle, jusqu’à ce récent renouveau de l’intérêt porté à l’antiquité tardive et à ses « enseignements ».
  • [3]
    Dans sa préface à l’ouvrage de Stéphane Ratti, Antiquus error…, 2010, p. 8, n. 3.
  • [4]
    Cf. la présentation qu’en fait André Chastagnol dans son édition de l’Histoire Auguste, Paris, Robert Laffont [Bouquins], 1994, p. IX-CLXXXII.
  • [5]
    Surtout dans les biographies des empereurs plus tardifs.
  • [6]
    Dans La littérature latine, Paris, PUF [Que sais-je ?], 3e éd. 1982, p. 117. Malgré les nuances que son jugement opère entre les différentes Vitae de l’HA et même, après H. Dessau, au sein d’une même Vita, Robert Turcan est lui aussi très sévère, globalement, avec le latin et la « façon » de « cette littérature journalistique dont relève l’Histoire Auguste » selon lui (cf. Histoire Auguste, Vies de Macrin, Diaduménien, Héliogabale, texte établi, traduit et commenté par R. Turcan, Paris, Les Belles Lettres, 1993, p. 15-16 ; cf. aussi p. 59 et 76).
  • [7]
    Ratti (S.), « Nicomaque Flavien senior et l’Histoire Auguste : la découverte de nouveaux liens », dans Antiquus error…, 2010, p. 239.
  • [8]
    Ratti (S.), « D’Eutrope et Nicomaque Flavien à l’Histoire Auguste : bilan et propositions » (1999), dans Antiquus error…, 2010, p. 29. On trouvera un index de ces « silences » et de ces « déformations » dans son édition des Vies des deux Valériens et des deux Galliens pour la collection « Budé », Histoire Auguste IV 2, texte établi par O. Desbordes et St. Ratti, introduction, traduction et commentaire par St. Ratti, Paris, Belles Lettres, 2000. Stéphane Ratti reproche à H.-I. Marrou de ne pas avoir vraiment pris en compte cet aspect « idéologique » de toute l’historiographie romaine dans son Histoire de l’éducation dans l’antiquité (cf. Ratti (St.), « La culture du prince entre historiographie et idéologie » (2004), dans Antiquus error…, p. 185-187).
  • [9]
    Cf. Histoire Auguste, édition bilingue établie par André Chastagnol, Paris, Robert Laffont [coll. Bouquins], 1994, p. X.
  • [10]
    Cf. « Flavius Vopiscus est-il Nicomaque Flavien ? », L’Antiquité Classique, t. XXII, 2, Bruxelles, 1953, p. 261-382. Dans la 3e édition de 1982 de La littérature latine (cf. n. 6 ci-dessus), Pierre Grimal témoigne de la longue « résistance » d’une partie des spécialistes à la thèse développée à partir de l’article publié par Hermann Dessau en 1889 (« Über Zeit und Persönlichkeït der Scriptores historiae Augustae », Hermes, 24, 1889, p. 337–392).
  • [11]
    Cf. Histoire Auguste, Paris, Robert Laffont [Bouquins], 1994, p. XXIX.
  • [12]
    Stéphane Ratti fait lui-même un beau résumé de cette double question du genre de l’œuvre, de l’identité et des motivations du « faussaire masqué » qui l’a écrite, dans « L’historiographie latine tardive, 3e-4e siècles. État des recherches 1987-2002 » (2003) (Antiquus error…, 2010, p. 58-61).
  • [13]
    Cf. Lamour (Denis), Revue belge de philologie et d’histoire, 83, 2005, p. 206-207.
  • [14]
    Cf. par exemple la position plus complexe de Robert Turcan, resté partisan d’une rédaction en deux temps : la première, au début du IIIe siècle, selon le modèle et le style de Suétone, faite par celui qu’il appelle l’Ignotus, la seconde rédaction étant celle d’un « réviseur » opérant des insertions visant les empereurs chrétiens de la fin du IVe, début du Ve siècle, également soucieux de répondre à une clientèle de lecteurs friands de détails grivois et distrayants, et écrivant même de nouvelles Vies, avec plus de rhétorique que de matière, puisqu’il ne pouvait s’appuyer sur autant de sources antérieures que l’Ignotus. « Bref, dans le chantier de l’Histoire Auguste, OM [= Vie de Macrin] n’apparaît pas comme un nouveau départ, mais plutôt comme un entre-deux, une sorte de chaos intermédiaire mal colmaté entre la galerie étayée par l’Ignotus et celle des Vies scandaleuses ou apologétiques » (Turcan (R.), Histoire Auguste III, 1, Paris, CUF [coll. Budé], 1993, introduction à OM, p. 15 ; cf. aussi son introd. à Hel., p. 66, p. 75-77, et ci-dessous note 106).
  • [15]
    Les articles réunis dans Antiquus error s’étalent de 1996 à 2010.
  • [16]
    Les doutes, les corrections et les débats dont témoigne l’auteur à plusieurs reprises.
  • [17]
    À l’image du contenu de son article « Réponses de de l’Histoire Auguste aux apologistes Tertullien et Lactance » (2002) dans Antiquus error…, 2010, p. 215 : « Si les rapprochements que nous venons de signaler n’apportent aucun élément nouveau dans le débat sur la datation de l’Histoire Auguste, en revanche ils versent des pièces nouvelles… ».
  • [18]
     « malgré l’énorme dossier bibliographique dont […] s’est lesté depuis plus d’un siècle » le commentaire de cette œuvre, note avec scepticisme et une pointe d’ironie Robert Turcan (op. cit., avant-propos, p. VII).
  • [19]
     « Nicomaque Flavien senior auteur de l’Histoire Auguste » (2007) dans Antiquus error…, 2010, p. 218.
  • [20]
     « Nicomaque Flavien senior et l’Histoire Auguste : la découverte de nouveaux liens », dans Antiquus error…, 2010, p. 240.
  • [21]
     « Nicomaque Flavien senior auteur de l’Histoire Auguste » (2007) dans Antiquus error…, 2010, p. 218.
  • [22]
    Ibid.
  • [23]
    Ibid.
  • [24]
    Ibid.
  • [25]
    Ibid., p. 218-219. Cette argumentation est encore résumée dans « Nicomaque Flavien senior et l’Histoire Auguste : la découverte de nouveaux liens », dans Antiquus error…, 2010, p. 240.
  • [26]
    Ibid., p. 218. C’est nous qui soulignons en italiques.
  • [27]
    Ibid., p. 222.
  • [28]
    Ibid., p. 221.
  • [29]
    Ibid.
  • [30]
    Ibid.
  • [31]
    Ibid.
  • [32]
    Ibid.
  • [33]
    Ibid., p. 222.
  • [34]
    Ibid., p. 221.
  • [35]
    Ibid., p. 220.
  • [36]
    Le symbolisme astrologique (qui veut que Mars soit le « maître » du Bélier, signe du printemps) et les structures anthropologiques de l’imaginaire, telles que Gilbert Durand les a analysées, suffiraient à expliquer l’association des valeurs « masculines » de conquête, de force et d’énergie avec le thème du déclin et du vieillissement tragique du monde, déclin qu’un imaginaire « diurne », selon la terminologie durandienne, associe logiquement avec des valeurs et des symboles « féminins » (cf. l’analyse du Romulus latin à la fois protégé de Jupiter et de Mars et équilibré par Quirinus, la divinité agraire de « l’apport sabin », dans Durand (G.), Les structures anthropologiques de l’imaginaire (1969), 10e éd., Paris, Dunod, 1984, p. 154-155).
  • [37]
    Cf. Ratti (St.), « L’auteur et la date du Miles Marianus (Ps. Quint., decl. 3) » (2010) dans Antiquus error…, 2010, p. 253-260.
  • [38]
    Insultatio vilis storici in tyrannidem Galliae, dans Julien de Tolède, Histoire du roi Wamba, texte latin établi par W. Levison, trad. introd. et notes par O. Rimbault, Clermont-Ferrand, Paléo [L’encyclopédie médiévale], 2011, p. 96-117.
  • [39]
    Cf. Liber Iudiciorum sive lex Visigothorum XII, 2-3 dans MGH, Legum sectio I, Legum nationum Germanicarum t. 1, ed. K. Zeumer, Hanovre / Leipzig, Societas aperiendis fontibus rerum germanicarum medii aevi / Hahn, 1902, p. 410-456, où l’on retrouve, comme dans l’Insultatio, les notions récurrentes de perfidia, malitia, culpa, perversitas, scandalum, la métaphore de la tache (macula, pollutus / munda) ou de la maladie (sana / insana). Ramsay MacMullen donne d’ailleurs l’exemple des lois édictées par le concile de 681, pour leur citation du Deutéronome. Il est intéressant pour notre propos qu’il rapproche ainsi l’error iudaicus chez les Visigoths du VIIe siècle de l’error antiquus dénoncée par Firmicus Maternus au début du IIIe siècle avec les mêmes « versets vengeurs du Deutéronome » (cf. MacMullen (R.), Christianisme et paganisme du IVe au VIIIe siècle (1996), trad. fr. F. Regnot, Paris, Les Belles Lettres, 1998, p. 32 et note 53).
  • [40]
    Cf. Ratti (S.), « Nicomaque Flavien senior et l’Histoire Auguste : la découverte de nouveaux liens », dans Antiquus error…, 2010, p. 241-242.
  • [41]
    Ibid., p. 241.
  • [42]
    Ratti (S.), « Nicomaque Flavien senior et l’Histoire Auguste : la découverte de nouveaux liens », dans Antiquus error…, 2010, p. 239-248.
  • [43]
    Ibid., p. 241.
  • [44]
    Cf. « Nicomaque Flavien démasqué » (2010), dans Antiquus error…, p. 267.
  • [45]
    Cf. Turcan (R.), Histoire Auguste III, 1, Paris, CUF [coll. Budé], 1993, introduction à OM, p. 15.
  • [46]
    On en trouvera une autre preuve, plus inattendue, dans une réflexion faite ex tempore par le philosophe musulman Abdennour Bidar, devant la commission de l’Assemblée Nationale préparant la loi sur le voile islamique (le 8 juillet 2009), quand il se prit à dire que les musulmanes françaises choisissent le voile intégral pour se prémunir en quelque sorte d’une « contamination » par le monde extérieur. Ce professeur de classes préparatoires, auteur de plusieurs ouvrages remarqués, voulait expliquer en quoi ce comportement lui paraissait « pathologique ». Vidéo de l’entretien disponible sur le site de l’Assemblée Nationale : http://www.assemblee-nationale.fr/13/commissions/voile-integral/voile-integral-20090708-2.asp
  • [47]
     « Nicomaque Flavien démasqué » (2010), dans Antiquus error…, p. 261.
  • [48]
    Ibid., p. 262.
  • [49]
    Ibid.
  • [50]
    Cf. ibid., p. 263. L’expression est également l’écho fort probable de l’importance, dans tous les esprits de l’époque, du ??????, qu’on a repéré derrière la pratique de la sorcellerie dont témoignent les defixiones sur plomb (cf. Bernand (André), Sorciers grecs, Paris, Fayard, 1991, p. 85-105). Nous expliquerons dans une autre étude que la « mentalité magique », importante dans tous les milieux sociaux, et chez les chrétiens comme chez les païens, a pu également favoriser, paradoxalement, l’expansion de l’hénothéisme païen et du monothéisme chrétien (cf. infra notes 76 et 77).
  • [51]
    Ratti (St.), « Un nouveau terminus ante quem pour l’Histoire Auguste » (2010), dans Antiquus error…, p. 272.
  • [52]
    Par exemple : « Une lecture […] est possible » (Antiquus error…, p. 242) ; « ce groupe verbal est certes cicéronien » (ibid.) ; « le lien entre Nicomaque Flavien senior et la troisième déclamation est peut-être […] plus étroit qu’il n’y paraît » (ibid., p. 244) ; « admettons un instant que Nicomaque Flavien n’ait été que l’éditeur ou le réviseur du Miles Marianus » (ibid., p. 245) ; « j’ai ainsi pu avancer avec une très forte probabilité que Nicomaque Flavien senior avait rédigé lui-même la troisième déclamation pseudo-quintilienne » ; « on doit désormais prendre en compte qu’il a sans doute aussi été le rédacteur… » (ibid., p. 261), etc. (C’est nous qui soulignons en italiques).
  • [53]
    Cf. la suite de ce paragraphe.
  • [54]
    Ratti (S.), « Nicomaque Flavien senior et l’Histoire Auguste : la découverte de nouveaux liens », dans Antiquus error…, 2010, p. 240.
  • [55]
    Ibid., p. 243.
  • [56]
    Ibid., p. 246.
  • [57]
     « Nicomaque Flavien démasqué » (2010), dans Antiquus error…, p. 261.
  • [58]
     « Nicomaque Flavien senior auteur de l’Histoire Auguste » (2007) dans Antiquus error…, 2010, p. 221.
  • [59]
     « Nicomaque Flavien senior et l’Histoire Auguste : la découverte de nouveaux liens », dans Antiquus error…, 2010, p. 246.
  • [60]
     « Nicomaque Flavien démasqué » (2010), dans Antiquus error…, p. 261.
  • [61]
    Ibid., p. 262.
  • [62]
     « Nicomaque Flavien senior et l’Histoire Auguste : la découverte de nouveaux liens », dans Antiquus error…, 2010, p. 245.
  • [63]
    Parmi ces points de détail : S. Ratti simplifie trop la position prudente de R. Turcan quand il lui impute un « refus plus ou moins explicite de reconnaître la datation tardive de l’Histoire Auguste et donc les conclusions chronologiques d’A. Chastagnol qui place la collection après 397 » (« Réponses de l’Histoire Auguste aux apologistes Tertullien et Lactance » (2002), dans Antiquus error…, p. 211), alors qu’on lit sous la plume du savant en question (avec une réserve qui n’est pas l’expression d’un total désaccord) : « Depuis H. Dessau, on a surtout détecté ou, du moins, l’on s’est efforcé de détecter dans l’Histoire Auguste des anachronismes institutionnels ou prosopographiques, des allusions à l’actualité contemporaine (celle de la fin du IVe siècle ou des premières années du Ve) […]. On a eu raison de le faire » (Turcan (R.), Histoire Auguste III, 1…, 1993, introduction à OM, p. 10). C’est nous qui soulignons en italiques. Sur la position de R. Turcan, cf. supra n. 14.
  • [64]
    Ibid., p. 246.
  • [65]
    Alex. 29, 2 : matutinis horis in larario suo, in quo et diuos principes sed optimos electos et animas sanctiores, in quis Apollonium et, quantum scriptor suorum temporum dicit, Christum, Abraham et Orfeum et huiusmodi ceteros habebat ac maiorum effigies, rem diuinam faciebat.
  • [66]
     « Nicomaque Flavien démasqué » (2010), dans Antiquus error…, p. 264.
  • [67]
    Ibid.
  • [68]
    Jo., 1, 14 in Novum Testamentum Graece et Latine, ed. Nestle-Aland, Stuttgart, Deusche Bibelgesellschaft, Editio XXVIa, 1979.
  • [69]
    Cf. les notes de Marie Nicolas Bouillet à son édition de Plotin, Ennéades, Paris, Hachette, 1857, et sa préface, t. 1, p. xxviii-xxxiii.
  • [70]
    Cf. Héraclite, Fragments [citations et témoignages], trad. et présentation par J.-F. Pradeau, Paris, GF-Flammarion, 2002, fragment 71 (Clément, Stromates, V, 114, 4-115,3), p. 144 et 256 : « L’Un, qui est toute sagesse, veut et ne veut pas être appelé du nom de Zeus » (traduction personnelle. Traduction de J.-F. Pradeau : « le savoir ne consiste qu’en une seule chose, qui ne souhaite pas et souhaite être appelé du nom de Zeus »).
  • [71]
    Par exemple celles, en réalité très anciennes, de « gloire », de « père » divin et donc de « fils » (cf. Festugière (A.-J.), La révélation d’Hermès Trismégiste (1942-1950), Paris, Les Belles Lettres, 2006, t. 1 : L’Astrologie et les sciences occultes, p. 299 ; t. 2 : Le dieu cosmique, p. 67 ; t. 3 : Les doctrines de l’âme, p. 34).
  • [72]
    Auteur d’ailleurs cité par Stéphane Ratti (« La culture du prince entre historiographie et idéologie », dans Antiquus error…, p. 186 et note 7).
  • [73]
    Cf. Firmicus Maternus, Mathesis, texte établi et traduit par P. Monat, Paris, Les Belles Lettres [coll. Budé], 1992 et L’erreur des religions païennes, texte établi, traduit et commenté par R. Turcan, Paris, Les Belles Lettres [coll. Budé], 1982. On a longtemps débattu pour savoir si les deux auteurs n’en étaient qu’un seul. Il n’y a plus de doute à ce sujet, et cette évolution est très révélatrice de la manière dont le syncrétisme païen pouvait préparer un esprit sans doute mondain, apeuré et opportuniste comme le sien à confesser la religion intransigeante des fils de Constantin (cf. L’erreur des religions païennes…, p. 21).
  • [74]
    Mathesis, I, 10, 14-15. C’est justement ce syncrétisme solaire allégorique, développé par Porphyre, que Firmicus Maternus converti fustige dans la diatribe des chapitres VII et VIII du De Errore, comme pour mieux se dédouaner de ses écrits antérieurs…
  • [75]
    La Vie d’Héliogabale (6, 7 et 7, 4), dans l’HA, nous donne un exemple d’hénothéisme païen monarchique et autoritaire, qui fait allusion certainement à la politique de Théodose mais n’en est pas moins conforme à d’autres témoignages, ceux d’Hérodien et Dion Cassius (cf. Turcan (R.), Histoire Auguste III, 1, Paris, CUF [coll. Budé], 1993, introduction à Hel., p. 72). Sur cette notion de « tolérance », dans les deux camps, cf. MacMullen (R.), Christianisme et paganisme…, p. 27 et note 35.
  • [76]
    Cf. Peterson (E.), ??? ????. Epigraphische, formgeschichtliche und religionsgeschichtliche Untersuchungen, Göttingen, Vandenhoeck u. Ruprecht, 1926 ; récemment, Mitchell (Stephen) et Van Nuffelen (Peter) (dir.), One God : Pagan Monotheism in the Roman Empire, Cambridge, Cambridge University Press, 2010.
  • [77]
    Sur les différents types de syncrétismes païens (valorisation d’une divinité sur les autres ou pandémonisme), et leurs liens avec les manifestations de la foi chrétienne (monothéisme théologique et culte des saints), on relira avec profit Turcan (Robert), Les cultes orientaux dans le monde romain (1989), Paris, Les Belles Lettres, 2004, p. 328-329. Cette nuance philosophique nous paraît plus sûre que la confusion des mots employés par Paul Veyne, quand il parle de « monothéisme latent » et « digne de ce nom » dans le culte de Zeus, dès Hésiode, dans L’empire gréco-romain, Paris, Seuil, 2005, p. 458-459. Du point de vue psychologique, l’hénothéisme relève d’un imaginaire englobant (« nocturne » dirait Gilbert Durand), le monothéisme d’un imaginaire exclusif (« diurne » selon l’anthropologie du même auteur).
  • [78]
    Cf. 1 Jean, 4, 8 : « ? ???? ????? ?????. »
  • [79]
    Cf. le mot de saint Augustin : « Immo vero vides trinitatem, si caritatem vides » / « En vérité, tu vois la Trinité si tu vois l’amour » (De Trinitate, VIII, 8, 12).
  • [80]
     « Nicomaque Flavien senior auteur de l’Histoire Auguste » (2007) dans Antiquus error…, 2010, p. 222. C’est nous qui soulignons en italiques.
  • [81]
    Ibid., p. 217.
  • [82]
    Ce que traduit dans la suite de cet article (p. 217) la répétition de la négation « personne », opposée à la première personne du singulier qui rythme ensuite le développement du propos : « je voudrais présenter ici une première objection… ma démonstration… ma deuxième conclusion… je n’ai pas clos encore la série des arguments… ce que je dis de nouveau… mon hypothèse, etc. ».
  • [83]
    Cf. Jung (C.-G.), Types psychologiques (1920), trad. fr. Y. Le Lay, Genève, Georg, 1993, p. 7.
  • [84]
    Selon une expression employée par Jung, le type introverti peut vouloir faire « plier » la réalité (et les autres) à sa vérité (cf. ibid., p. 378).
  • [85]
    Thème central de l’article « Nicomaque Flavien démasqué » (2010), dans Antiquus error…, p. 261-269.
  • [86]
    Cf. Phrase de conclusion de « Nicomaque Flavien senior et l’Histoire Auguste : la découverte de nouveaux liens », dans Antiquus error…, 2010, p. 248 : « Auteur du Miles Marianus et de l’Histoire Auguste, Nicomaque Flavien senior laisse apparaître à qui sait lire son œuvre les différents traits d’une personnalité désormais démasquée et devenue familière. »
  • [87]
    Cf. Jung (C.-G.), Types psychologiques…, 1993, p. 280-291. Jung, confirmant les analyses de Worringer, oppose Abstraktion et Einfühlung.
  • [88]
    Marrou (H.-I.), De la connaissance historique, Paris, Le Seuil [6ème éd., coll. Points], 1954, p. 93.
  • [89]
    Cf. Jung (C.-G.), Types psychologiques…, 1993, p. 265-268.
  • [90]
    Cf. à ce sujet la préface de J.-M. Carrié à Antiquus Error.
  • [91]
    On pourrait suggérer aussi qu’un latiniste de type introverti peut faire un très bon enseignant de thème, tandis que le latiniste extraverti se sentira plus à l’aise avec la version.
  • [92]
    Cf. la conclusion ci-dessous.
  • [93]
     « Nicomaque Flavien démasqué » (2010), dans Antiquus error…, p. 268.
  • [94]
    Cf. les deux dernières pages de « Nicomaque Flavien démasqué » (2010), dans Antiquus error…, p. 268-269.
  • [95]
    Dont fait partie selon nous, pour les raisons que nous avons évoquées, celle que fait le chercheur à partir de la Vita Martini de Sulpice Sévère (« Un nouveau terminus ante quem pour l’Histoire Auguste » (2010), dans Antiquus error…, p. 275-276).
  • [96]
    Cf. par ex. Ratti (S.), « Le De reditu svo de Rutilius Namatianus : un hymne païen à la vie » (2005), dans Antiquus error…, p. 296.
  • [97]
    Cf. l’ouvrage emblématique de cette méthode, Les bonnes leçons (1968), Paris, Les Belles Lettres, 1990.
  • [98]
    Cf. la dédicace de ce même ouvrage.
  • [99]
    Formulation d’André Mandouze au sujet de la seule question de savoir si à cette époque Rome était « encore dans Rome » ou bien « encore Rome quand elle passe au Christ » (« De la christianisation de Rome à l’âge d’or des pères de l’Église », dans Rome et nous (coll.), Paris, Picard, 1977, p. 236). Sur l’aspect stylistique de la question, cf. Ratti (S.), « D’Eutrope et Nicomaque Flavien à l’Histoire Auguste : bilan et propositions » (1999), dans Antiquus error…, 2010, p. 28-29, ou encore « L’historiographie latine tardive, 3e-4e siècles. État des recherches 1987-2002 » (2003), dans Antiquus error…, 2010, p. 55.
  • [100]
    Cf. Cicéron, De legibus, I, 5 : « Historia opus unum oratorium maxime » / « L’Histoire est tout particulièrement une tâche d’orateur ».
  • [101]
    Cf. en particulier le De oratore, par ex. II, 115.
  • [102]
    Ratti (S.), « L’historiographie latine tardive, 3e-4e siècles. État des recherches 1987-2002 » (2003), dans Antiquus error…, 2010, p. 54. Cf. du même auteur (en collaboration avec J.-Y. Guillaumin, P.-M. Martin et E. Wolff), Ecrire l’histoire à Rome, Paris, Les Belles Lettres, 2009.
  • [103]
    Cf. Ratti (S.), « D’Eutrope et Nicomaque Flavien à l’Histoire Auguste : bilan et propositions » (1999), dans Antiquus error…, 2010, p. 32.
  • [104]
    Rappel opportun de J.-M. Carrié, dans son introduction à Antiquus error…, 2010, p. 10.
  • [105]
    Sans doute même ses risques et périls quand elle est trop exclusive.
  • [106]
    L’historien n’a pas changé d’avis depuis 1993. Il l’a redit de manière argumentée en 2006, dans son compte-rendu de l’édition des Vies des deux Valériens et des deux Galliens de S. Ratti et O. Desbordes aux Belles-Lettres (cf. Latomus LXV, 2006, p. 1016-1017), et en 2011, dans un courrier personnel adressé à l’auteur du présent article : « Je m’empresse de vous dire que je n’ai pas changé d’avis et ne crois pas à un auteur unique, même si (à une date incertaine) un éditeur a rassemblé ces vies en partie disparates ».
  • [107]
    Comme celui d’un Robert Turcan justement.
  • [108]
    À la fin de sa préface à Antiquus Error (p. 10) : « Après avoir lu ces études, on ne pourra plus ignorer le rôle joué par « l’arme de la littérature » dans le débat religieux de la fin du IVe siècle. On ne saurait mieux plaider la réhabilitation de la Quellenforschung trop souvent traitée avec condescendance, voire arrogance, par des écoles de pensées peut-être plus brillantes que vaillantes ». Cf. les propres mots de Stéphane Ratti sur « la catégorie des contempteurs de la Quellenforschung au sens strict », dans « La traversée du Danube par les Goths : la subversion d’un modèle héroïque » (2007) (Antiquus error…, p. 280).
  • [109]
    Cf. Ratti (S.), « D’Eutrope et Nicomaque Flavien à l’Histoire Auguste : bilan et propositions » (1999), dans Antiquus error…, 2010, p. 28-29.
  • [110]
    Stéphane Ratti invite à plusieurs reprises le lecteur à débattre des intuitions et des démonstrations qu’il revendique (cf. par exemple, Antiquus error…, 2010, p. 33 et 222), en vertu de sa conviction « que les progrès ont été accomplis dans la compréhension de l’œuvre [Historia Augusta] grâce à ce type d’échanges entre spécialistes » (cf. Ratti (S.), « Nicomaque Flavien senior, auteur de l’Histoire Auguste », dans Antiquus error…, p. 217).
English version

1 En 1992, la spécialiste anglaise de l’antiquité tardive et des études byzantines Averil Cameron notait que « l’étude de l’antiquité tardive (du IVe au VIIe siècle de notre ère) » était à son époque « en plein essor » [1]. De fait, cette période, longtemps négligée dans les études classiques et considérée comme une période de « décadence » [2], offrait la possibilité d’un renouvellement insoupçonné de la philologie classique, tant pour les thèmes, qui la rendent particulièrement intéressante pour nos contemporains, qu’au regard des problèmes méthodologiques qu’elle soulève. Le travail de Stéphane Ratti sur l’Histoire Auguste fournit un exemple parfait de ce double intérêt et s’inscrit dans ce que Jean-Michel Carrié appelle lui-même « l’extraordinaire renouvellement des études historiographiques tardoantiques » [3]. Historia Augusta : comme on sait, tel est le titre que l’on donne depuis le tout début du XVIIe siècle à un recueil anonyme de biographies d’empereurs romains, composé en latin à la fin du IVe siècle [4]. Pendant longtemps, on ne manqua pas de remarquer les erreurs apparentes et les partis-pris de l’auteur ou des auteurs, la trivialité suspecte ou la qualité inégale [5] de cette source importante pour l’histoire de l’Empire tardif, bref de reporter sur cette œuvre en les grossissant les critiques qu’une approche classique et « décadentiste » faisait déjà sur Suétone, dont l’Histoire Auguste pourrait passer pour une continuation. Qu’on relise par exemple le jugement (significatif d’une époque) de Pierre Grimal, sur l’Histoire Auguste et les historiens tardifs en général [6] : « Ce recueil s’était rassemblé peu à peu, plusieurs auteurs […] ayant, au cours du temps, contribué à ce corpus, dont l’inspiration première remonte évidemment à l’œuvre de Suétone. C’est pour nous un document précieux, souvent notre seule source, mais une source fort impure, tant le sens historique fait défaut aux auteurs de ces biographies exsangues ». Or, le travail du professeur Ratti en vue d’identifier précisément et assurément l’auteur de cette œuvre contribue d’abord à un renversement de ce jugement. Si Stéphane Ratti lui-même décrit les différents chapitres comme des « biographies de peu d’aloi » [7], c’est pour expliquer les « silences » de l’auteur et la « déformation historique » comme intentionnels [8]. Le premier de ces « silences » est, comme on le sait maintenant, l’identité véritable de l’auteur de cette œuvre, présentée comme la compilation des écrits de six auteurs de la fin du troisième siècle et du début du quatrième : Aelius Spartianus, Julius Capitolinus, Vulcacius Gallicanus, Aelius Lampridius, Trebellius Pollion et Flavius Vopiscus [9]. Or, le savant allemand Hermann Dessau affirma et prouva le premier que la composition collective de l’œuvre était un canular derrière lequel se cachait un seul auteur anonyme. Il formulait ainsi un problème auquel Stéphane Ratti, au terme de plus d’un siècle de débats, proposa une réponse définitive : l’auteur anonyme de ces biographies tardives serait un des membres les plus illustres de l’aristocratie païenne sous le règne de Théodose, Nicomaque Flavien Senior. L’idée avait déjà été émise par Émilienne Demougeot au sujet d’une partie de l’œuvre, à l’époque où la question même de son unité restait encore débattue [10]. André Chastagnol, dans l’introduction de son édition de l’HA, signale cette idée [11], mais il est significatif que ce spécialiste, en 1994, ne veuille pas prendre parti à ce sujet et se limite à la question de sa datation. Tout le monde est alors d’accord pour voir en son auteur anonyme un lettré païen, et en ce « pastiche » une illustration des relations polémiques entre païens et chrétiens qui marquèrent l’histoire de l’Empire entre 370 et 417 [12]. C’est précisément peu après cette édition que Stéphane Ratti commence à publier ses propres travaux, en s’appuyant surtout sur une Quellenforschung, une étude des sources, érudite et minutieuse, bénéficiant aussi des recherches réalisées par ses collègues après 1994. Et Denis Lamour peut affirmer en 2005 que le commentaire de l’édition des courtes Vitae des deux Valériens et des deux Galliens par Stéphane Ratti, dans la collection Budé, « comble un manque dans la bibliographie francophone récente », par rapport au commentaire donné par André Chastagnol dans son édition de 1994 [13]. Le travail de M. Ratti n’a cependant pas tout à fait tranché le débat qui persiste, et dont il témoigne, tant sur l’auteur que sur la datation de l’Historia Augusta[14]. Dans ce contexte, on comprend l’intérêt d’étudier l’argumentation et la méthodologie du professeur Ratti. Nous ne nous limiterons pas à un examen de ses « preuves » : qu’elles soient convaincantes ou encore discutables, c’est aussi l’exemplarité méthodologique et psychologique, pourrait-on dire, de son cheminement qui peut être source d’enseignement. La publication de ses Scripta varia met en lumière à la fois l’étendue temporelle [15] et la complexité [16] de ce cheminement, mais aussi la remarquable constance de la méthode herméneutique et des traits psychologiques qui le guident d’un bout à l’autre.

2 Stéphane Ratti a achevé vers 2005 sa démonstration sur ce qu’il pense être la véritable identité de l’auteur de l’Histoire Auguste, de sorte qu’il a pu non seulement la présenter à cette date lors du colloque Histoire Auguste de Bamberg, mais aussi la résumer clairement dans plusieurs articles parus depuis. Cette démonstration se présente comme un syllogisme, auquel la plupart des autres articles de M. Ratti sur le sujet apportent seulement de nouvelles « pièces à conviction » [17] :

3 Tout partait, comme il le dit à plusieurs reprises, d’une quaestio vexata vieille de plus d’un siècle [18]. « Le premier point de [sa] démonstration » [19], son « point de départ » [20], fut de démontrer, en s’appuyant sur le témoignage de Jérôme (in Zach. 3, 14), la synonymie pour les Anciens des termes latins annales, historiae et même uitae, « titre donné par Jérôme – Vitae principum – à la réunion des Annales et des Histoires de Tacite » [21]. Telle est la prémisse majeure de son raisonnement syllogistique. La mineure est une « précision [qui] constitue [sa] deuxième conclusion » [22]. Elle s’appuie sur une occurrence du mot Annales dans l’Histoire Auguste, plus précisément la Vita Aureliani (16, 1). Elle prouve que l’auteur « dit très explicitement (ut alios annalium scriptores) qu’il se compte au nombre des auteurs d’annales » [23]. Stéphane Ratti y adjoint une autre mineure, à savoir l’inscription de 431 (CIL 6, 1783) « qui figure sur la base d’une statue de Nicomaque Flavien senior » et confirme que celui-ci fut l’auteur d’Annales qui lui valurent le titre d’historicus disertissimus[24]. La conclusion apparaît alors presque d’elle-même : l’Histoire Auguste et les Annales « perdues » de Nicomaque Flavien senior sont « une seule et même œuvre », ce que confirmerait son architecture originelle en sept livres, mentionnée indirectement par un texte suggestif de Cassiodore et directement par une notice du catalogue de l’abbaye de Murbach rédigée vers 840 [25].

4 On ne peut qu’être frappé par la clarté, la simplicité et la rigueur du raisonnement. C’est ce qui constitue la première « preuve » convaincante de la conclusion de son auteur. Mais une deuxième preuve ressort aussi de la qualité scientifique de sa méthodologie, à savoir la mise à l’épreuve de la fécondité herméneutique, du caractère « opérationnel » de ce qui demeure une « hypothèse très convaincante » [26], faute de preuve plus directe. C’est ce qui justifie tout le travail philologique accompli par Stéphane Ratti « en aval » de son « intuition de départ » [27], tel qu’il se présente dans les articles d’Antiquus error rédigés depuis 2005 : « ce que je dis de nouveau [par rapport à l’argumentation contestée d’Émilienne Demougeot], insiste-t-il, c’est que l’hypothèse de la paternité de Nicomaque Flavien senior résout de nombreuses difficultés » [28]. C’est cet ensemble de preuves qui impose selon lui son hypothèse « comme une évidence » [29]. Mais c’est aussi sur le terrain de ses arguments philologiques seconds, en quelque sorte, qu’on suivra parfois moins facilement le chercheur.

5 Stéphane Ratti maîtrise bien le raisonnement syllogistique et c’est quand il l’associe à l’analyse philologique qu’on se laisse convaincre le plus facilement. On en trouve un autre bon exemple dans sa datation de l’Histoire Auguste, à la lumière de l’identification qu’il propose de son auteur, Nicomaque Flavien. La majeure de ce second raisonnement est que celui-ci « avait choisi le parti de la rébellion en 392, au moment de l’usurpation d’Eugène qu’il soutenait » [30]. Il en meurt d’ailleurs deux ans plus tard, quand il se suicide le soir de la défaite de son camp au Frigidus. Or (mineure), l’« on sait [aussi] de manière sûre que ses Annales avaient été dédicacées à Théodose » [31]. La conclusion convaincante de Stéphane Ratti est que « l’Histoire Auguste avant l’usurpation d’Eugène et la trahison de Nicomaque Flavien ne contenait aucune allusion flatteuse aux tyrans ni sans doute, très vraisemblablement même, aucune vie de tyran » [32]. La tentative de légitimation des empereurs usurpateurs, « une des caractéristiques bien connues de l’Histoire Auguste », constituerait donc un développement ou une réécriture de l’œuvre à partir de 392 [33].

6 Un plus grand doute reste permis quand Stéphane Ratti conclut d’un simple rapprochement lexical que « l’évidence s’impose » [34]. Ainsi dans le même article, lorsqu’il met en parallèle un texte de loi édicté par Théodose en 390, visant à frapper la pédérastie, et un passage de la Vita Cari (16, 1-5) [35]. Les parallèles, comme le dit Stéphane Ratti après André Chastagnol, sont « indiscutables ». Le fait que le questeur de 390 soit Nicomaque Flavien n’en fait pas avec « évidence » le rédacteur de la loi, mais prouve en tout cas l’influence de celle-ci sur le texte de la Vie de Carus, et surtout l’étroite communauté de valeurs et de croyances des deux rédacteurs. La loi et le portrait de l’empereur honteusement efféminé sont en effet inspirés par un même imaginaire bien romain, celui qui associait virilitas et virtus chez les premiers Romains, en même temps que modernité avec décadence morale [36]. C’est le double thème du Miles Marianus, la troisième declamatio pseudo-quintilienne, derrière laquelle Stéphane Ratti voit la plume de Nicomaque Flavien [37]. C’est comme si l’on voulait que Julien de Tolède fût le seul rédacteur des lois antijuives du XIIe concile de Tolède, qu’il présida, au motif qu’il est l’auteur d’une Insultatio Galliae[38] tout aussi représentative, par son lexique, de l’antijudaïsme des derniers rois et de derniers métropolites du royaume wisigoth de Tolède [39]. D’ailleurs, Stéphane Ratti donne lui-même un exemple de cette autre explication (celle d’une influence indirecte), en comparant le lexique moral du Miles Marianus et de l’Histoire Auguste, « commun, précise-t-il, aux historiographes païens prosénatoriaux de la fin du IVe s. » [40] et même à Tite-Live. De telles similitudes sont ce qu’il appelle des « points de contact lexicaux et moraux » [41] dont on ne peut dire le plus souvent s’ils sont directs (personnels) ou indirects (collectifs).

7 C’est en toute logique parmi les « nouveaux liens » proposés par Stéphane Ratti entre Nicomaque Flavien et l’Histoire Auguste[42] qu’on trouvera le plus matière à réserver son jugement ou à opposer d’autres interprétations des textes mis en avant. Ainsi le développement sur la patientia et le sens du mot patior. Que « la proximité idéologique entre l’arrière-plan moral de la troisième déclamation et l’Histoire Auguste » [43] soit grande ne fait aucun doute. Mais il est difficile, même à vouloir que l’auteur de l’Histoire Auguste aimât comme ses lecteurs l’humour plautinien [44], d’extrapoler sur un mot polysémique comme patior, comme dans Claud. 9, 1 et Trig. Tyr. 31, 7. Qu’« une lecture connotée sexuellement [soit] également possible » comme le dit de manière nuancée Stéphane Ratti, on l’admet avec beaucoup d’intérêt, mais qu’elle soit avérée nécessiterait qu’on puisse s’appuyer sur un faisceau de dénotations et de connotations dont les passages proposés nous semblent manquer. On a surtout du mal à croire qu’un homme d’Etat comme Nicomaque Flavien, pour qui la Romana res publica est une idée sacrée et intemporelle au point de se battre et de mourir pour elle, veuille la représenter, même de manière suggestive, comme une courtisane vile et totalement passive. La démonstration est encore plus fragile quand elle se concentre sur un mot d’usage encore plus commun comme pudet, dont le sens est affaibli, à moins d’être appuyé par un adverbe ou un semblable faisceau de sens. Que le mot apparaisse trois fois dans les declamationes du pseudo-Quintilien et dans l’Histoire Auguste n’en fait vraiment pas un mot plus parlant qu’un autre ! Le groupe verbal pudet suivi d’un infinitif est non seulement cicéronien, comme le précise Stéphane Ratti lui-même sous la forme d’une concession, mais il appartient surtout au latin « presque parlé » [45] que plus d’un critique ont repéré dans le style de bien des passages de l’Histoire Auguste. Le doute est même permis avec un terme plus rare et plus précis comme contaminatus/contaminatissimus dans lequel Stéphane Ratti voit un autre « point de contact » entre le Miles Marianus et l’Histoire Auguste. Une explication suffit, qui ne satisfera peut-être pas les tenants de la Quellenforschung : comme nous l’avons déjà dit un peu plus haut en prenant l’exemple de Julien de Tolède, un tel mot s’explique d’abord par l’imaginaire sans doute universel qui sous-tend tout dualisme moral et religieux [46]. D’ailleurs, Stéphane Ratti le dit lui-même ailleurs pour contrer une thèse qu’il n’agrée pas : « la réutilisation d’une formule rare […] ne prouve aucunement l’identité de personne » [47]. Toutes ces convergences lexicales et idéologiques entre la troisième declamatio et l’Historia Augusta ne suffisent donc pas à prouver l’identité de leurs auteurs.

8 On peut encore faire la même observation au sujet des expressions choisies par le chercheur pour mettre en parallèle l’inscription retrouvée à la base d’une effigie de Nicomaque Flavien (CIL 6, 1783) et divers passages de l’Histoire Auguste[48]. Ces « nouveaux liens » constitueraient selon lui une nouvelle « preuve » [49] que les Annales et l’Histoire Auguste ne sont qu’un seul et même ouvrage. Or, ne peut-on pas voir aussi dans les exemples qu’il donne des expressions topiques, décrivant le fonctionnement et les codes idéologiques de la Respublica impériale, en particulier les rapports habituels d’un princeps tout-puissant avec des potentes / illustres viri qui peuvent toujours être l’objet d’une damnatio, approuvent ou désapprouvent le princeps, et subissent comme lui finalement les accidents de l’« humaine condition » ? On peut en dire autant de l’expression livor improborum, rare avant le IVe siècle puisqu’elle reflète bien l’évolution du pouvoir byzantin et la montée en puissance de sa police secrète. Dans cet Etat, l’empereur est devenu moins visible, et paradoxalement, son œil semble plus omniprésent, comme le rappelle le style allusif et prudent de la correspondance des Symmachi-Nicomachi[50]. Stéphane Ratti, dans un article où il propose d’autres parallèles similaires, se dit d’ailleurs « conscient que l’on pourra objecter le caractère topique d’une partie de ces formulations » [51].

9 M. Ratti sent bien lui-même sa difficulté à passer du probable au certain. Ses articles sont traversés par une sorte de tension entre les termes modalisateurs ou concessifs [52], et le lexique de la certitude [53]. Cette tension, c’est-à-dire la limite cognitive qui fragilise malgré lui son travail de recherche, transparaît encore mieux dans la rhétorique utilisée par endroits, et qui ne devrait pas avoir sa place dans une démonstration ou un commentaire scientifique. Admettons le « rebondissement spectaculaire » dont il se dit « responsable » à l’occasion de la présentation de sa thèse « au printemps 2005, lors du colloque Histoire Auguste de Bamberg » [54]. Sa présentation de différentes « pièces de [son] dossier » réserve souvent, de manière naturellement rhétorique, la dernière place à « la plus curieuse » [55]. Il garde « pour la fin un ultime argument afin d’emporter définitivement la conviction » [56]. Mais pourquoi vouloir l’« emporter », serait-on tenté de lui dire ? Quelle motivation plus personnelle, peut-être intime, l’empêche de se contenter de la « très forte probabilité » [57], comme il l’écrit lui-même en 2010 ? Des tournures oratoires telles que « il est inutile de chercher un lien d’influence quand l’évidence s’impose » [58], « bien que je ne croie pas possible que la démonstration que je viens d’exposer laisse encore place au doute » [59], « à cela, je me dois d’opposer plusieurs objections que je crois être de poids » [60], et un peu plus loin « ni plus ni moins », « la preuve est ainsi définitivement faite » [61], de telles tournures, artificiales comme disaient les Romains, ne peuvent convaincre le lecteur à qui les preuves ???????, extérieures à l’art, avancées par le chercheur, ne suffiraient pas. Stéphane Ratti, en vertu du pouvoir de l’art oratoire lui-même, est beaucoup plus convaincant quand il reste nuancé et prudent, comme lorsqu’il écrit :

10

« Quoi qu’il en soit, si Nicomaque Flavien n’a pas écrit la troisième déclamation, il a participé de près à l’entreprise d’édition du corpus, ce qui rend par le fait mon hypothèse nettement moins audacieuse » [62].

11 Encore nous trouvons-nous là sur le terrain de la forme et des nuances imposées par le manque de preuves plus directes. Sans remettre en question l’intérêt de la thèse générale de M. Ratti et l’importance de ses travaux dans ce dossier, on pourra ne pas être d’accord avec lui sur tel ou tel point de sa démonstration, et sur des détails encore plus secondaires [63]. « Quel sens avait ce combat de Nicomaque Flavien contre l’homosexualité masculine ? » demande-t-il par exemple. Et de répondre : « Gardons-nous d’y voir l’obsession personnelle d’un puritain ou d’un maniaque isolé. L’explication est idéologique et doit être recherchée dans le contexte de l’affrontement intellectuel entre les païens et les chrétiens qui marque les deux dernières décennies du quatrième siècle » [64]. Mais l’un n’empêche pas l’autre, serions-nous tenté de lui dire. Une persona de puritain et d’homme d’Etat, pour reprendre la terminologie jungienne, peut fort bien masquer l’obsession des désordres sexuels. L’attachement au personnage de Nicomaque Flavien senior qu’on perçoit chez Stéphane Ratti lui fait faire des analyses de sa psychologie que le manque d’informations n’autorise guère. C’est d’ailleurs sur l’interprétation qu’il faut donner de cet « affrontement » sur le plan religieux que nous nous écarterons aussi de l’auteur. Dans le chapitre 29 de la Vie d’Alexandre Sévère, le biographe fait une description à l’évidence fictive du laraire privé de l’empereur : Apollonios de Tyane, le thaumaturge que les païens de l’Antiquité tardive opposèrent souvent au Christ, y figure aux côtés du Christ, d’Abraham, d’Orphée, et de « tous les autres du même genre », « ces âmes saintes » [65]. Selon son commentateur, cette liste d’images saintes « ne relève [d’]aucun syncrétisme religieux » [66]. Or, l’interprétation du syncrétisme ne trouve pas d’alternative convaincante selon nous dans l’idée que cette liste « n’a d’existence que dans l’imagination du biographe et constitue dans son esprit une tentative littéraire de réponse aux travaux exégétiques des chrétiens qui tentaient, à la même époque, de s’approprier le mythe d’Orphée, […] présenté par exemple déjà par Eusèbe de Césarée comme l’une des formes du Logos divin » [67]. Nous approuvons totalement cette dernière réflexion de l’auteur. Mais, à moins de supposer dans la mention du Christ et d’Abraham une intention moqueuse, possible chez l’auteur de l’HA mais ici invérifiable, on ne voit pas pourquoi un païen aussi instruit que Nicomaque Flavien senior (ou tout autre aristocrate lettré de son temps) ne mènerait pas le combat du paganisme au nom du syncrétisme dont les religions païennes ont été très souvent le cadre ; au nom d’un syncrétisme plutôt païen donc, opposé au syncrétisme plutôt chrétien de cet ami d’Hypatie que fut Synésius, pour ne citer que lui. Qu’est-ce qui distinguait en effet le ????? de saint Jean du ????? de Plotin, si ce n’est toute une palette de prises de positions théologiques ? Même l’expression ?????????? ???? ??????, « fils unique du père », dans le prologue philosophique de Jean [68], pouvait recevoir une interprétation syncrétiste « païenne ». La manière dont Synésius, saint Athanase, saint Basile et tant d’autres reprennent les images de Plotin en témoigne [69]. Un monothéisme apparent du Verbe divin, qu’il convient mieux d’appeler hénothéisme, est déjà énoncé par Héraclite [70]. La littérature hermétique qui fleurit sous l’Empire en même temps que les religions de salut développe les mêmes notions que les premiers théologiens chrétiens [71], et l’on ne sera donc pas étonné de trouver parmi les témoins de ce syncrétisme païen l’auteur de la Mathesis, l’astrologue romain Firmicus Maternus [72], avant sa conversion au christianisme intransigeant et absolu que défend L’erreur des religions païennes[73]. Le culte du Soleil, qui inspire un hymne à l’astrologue [74], est représentatif de la religiosité « ouverte » ou indécise, typique de son époque, et nourrie chez les païens comme chez les chrétiens les plus cultivés d’hénothéisme néoplatonicien. Il y avait donc place, dans l’affrontement final entre païens et chrétiens, pour une opposition entre d’une part un esprit syncrétiste et plus ou moins « tolérant » [75], assimilant dans sa religiosité ou sa théologie toutes les épiphanies divines (esprit auquel se ralliait certainement un grand serviteur de l’État comme Nicomaque Flavien), et d’autre part le christianisme autoritaire et obsédé par les déviances, qu’utilise et nourrit le pouvoir impérial. Sans entrer plus avant dans l’intéressant débat sur le « monothéisme païen » qui s’est développé depuis la thèse d’Erik Peterson [76], on peut voir dans le conflit qui opposa le dernier paganisme et le christianisme impérial une opposition entre hénothéisme et monothéisme [77]. Sachant que l’une des nouveautés du christianisme n’était pas de révéler l’unicité de Dieu, mais un Dieu dont la meilleure définition était l’agapè[78] tout autant que le logos, comme le démontraient la vie du Christ et sa mort sur la croix, et comme cherchait à l’exprimer le dogme trinitaire [79].

12 Au-delà de ces débats, le travail de Stéphane Ratti offre aussi une exemplarité psychologique autant que méthodologique. Lui-même nous invite à cette ultime analyse de ses travaux, tant il décrit les conditions psychologiques de l’apparition et du développement de ses idées :

13 Ainsi, le chercheur décrit sa grande idée (l’identité des Annales de Nicomaque Flavien et de l’Histoire Auguste) comme une « intuition de départ » [80]. Et il juge bon de préciser : « L’hypothèse […] m’a laissé moi-même abasourdi lorsque je me la suis formulée pour la première fois et j’ai été quelque temps balloté entre la conviction que m’apportaient des déductions que je ne pouvais m’empêcher de juger sûres et les objections que je me présentais spontanément à moi-même » [81]. De toute évidence, l’idée a l’apparence d’un phénomène soudain, imprévu, spontané et si personnel qu’il isole le savant du reste de sa communauté et renforce sa conscience du moi [82]. On reconnaît là des expressions caractéristiques de cette forme d’intelligence que Carl-Gustav Jung appelle introvertie. Rappelons qu’il s’agit là d’une tendance dominante chez un individu et non exclusive, comme nous le verrons à la lecture des travaux de M. Ratti lui-même. D’ailleurs, l’intuition de celui-ci est évidemment le fruit d’une induction, c’est-à-dire d’une accumulation d’informations objectives dont la mise en relation fut en partie inconsciente et sembla se manifester d’un coup à sa conscience, avant que celle-ci ne passe en revue ces informations et leurs liens. La tendance introvertie donne une prééminence au sujet et à son monde intérieur sur l’objet. Pour paraphraser Jung, on dira que le chercheur de ce type aura tendance à voir la littérature (celle des sources mais aussi celle de leurs commentateurs savants) comme la « forme sensible d’une idée qui reste l’essentiel » [83]. La force du penseur introverti sera sa faculté de synthèse, comme on peut le voir dans les articles de Stéphane Ratti, mais cette force peut être aussi sa faiblesse, car la pensée introvertie, pour qui l’idée apparaît comme une évidence, cherche sa confirmation dans les faits, s’identifie à elle, et comprend mal que l’évidence ne soit pas partagée, comme il ressort de la rhétorique relevée dans certains passages de ces articles [84]. Il n’est donc pas étonnant que les démonstrations syllogistiques qu’ils contiennent soient leur contenu le plus convaincant. Du coup, l’induction s’avère plus fragile, parce que volontariste, et c’est elle qui réveille le doute et la suspension du jugement chez le lecteur. Ainsi s’explique la mise en exergue de l’argument du « code » [85], qu’il revient à celui « qui sait lire » [86] de décrypter pour les autres… La thèse est évidemment pertinente, surtout pour une œuvre comme l’Histoire Auguste, mais on pourra ne pas vouloir suivre l’historien dans tous les « nouveaux liens » qu’il fait. Il aimerait en effet qu’une accumulation de probabilités et de citations détaillées fasse une preuve, tout en admettant lucidement par moments que son idéal est en l’état inatteignable.

14 Parmi les historiens de l’Antiquité, Henri-Irénée Marrou nous semble être un parfait exemple d’intelligence extravertie. Celle-ci investit volontiers l’objet, se projette en lui, par ce phénomène que Jung analyse derrière le concept d’Einfühlung [87], et que l’historien français décrit parfaitement avec le terme d’« amitié » dans De la connaissance historique :

15

« Si la compréhension est bien cette dialectique du Même avec l’Autre que nous avons décrite, elle suppose l’existence d’une large base de communion fraternelle entre sujet et objet, entre historien et document (disons plus précisément : et l’homme qui se révèle à travers le document, ce signe) : comment comprendre, sans cette disposition d’esprit qui nous rend connaturels à autrui, nous permet de ressentir ses passions, de repenser ses idées sous la lumière même où il les vit, en un mot de communier avec l’autre. Le terme de sympathie est même insuffisant ici : entre l’historien et son objet c’est une amitié qui doit se nouer, si l’historien veut comprendre, car, selon la belle formule de saint Augustin, « on ne peut connaître personne sinon par l’amitié », et nemo nisi per amicitiam cognoscitur.
Non certes qu’une telle conception élimine l’esprit critique : cette tendance à la sympathie qui s’actualise en amitié se développe à l’intérieur de la catégorie fondamentale qui nous a fait définir l’histoire comme connaissance, comme conquête de la connaissance authentique, de la vérité sur le passé. » [88]

16 Pour simplifier, on pourrait penser que la tendance introvertie, qui rend l’individu particulièrement apte à concentrer sa conscience et à persévérer dans ses idées [89], trouve un terrain de prédilection dans la Quellenforschung, quand elle nourrit ses certitudes et son besoin d’« objectivité » [90], tandis qu’une analyse plus littéraire des textes conviendra bien à une intelligence à tendance extravertie [91]. Il est regrettable que les deux tendances ne se comprennent pas toujours [92], et ne comprennent pas leur complémentarité, puisqu’elles sont présentes en tout individu. C’est ainsi que Stéphane Ratti nous donne un grand plaisir intellectuel et emporte sans peine notre conviction quand il abandonne momentanément la recherche des sources et des liens qui lui est si chère pour un commentaire plus traditionnellement littéraire, où il démontre une belle faculté de sympathie, d’amicitia, avec le texte antique. Sa familiarité avec l’Historia Augusta et sa relation très personnelle avec Nicomaque Flavien lui permettent cela. Sa manière de démontrer pourquoi celui-ci « avait pu infléchir l’orientation générale de l’Histoire Auguste après qu’il avait pris fait et cause pour l’usurpateur Eugène, en 392 » [93] est un bel exemple de cette autre approche méthodologique. La mise en parallèle du testament crypté que Pétrone envoie à Néron, le Satiricon, avec une réédition de l’HA considérablement augmentée d’allusions ironiques et polémiques, voire de biographies nouvelles (celles des usurpateurs) [94], nous semble bien plus convaincante que certaines mises en parallèle lexicales [95].

17 Comme on peut maintenant le mesurer, le travail du professeur Ratti est d’abord une démonstration de ce que l’érudition la plus fine peut apporter à la critique des textes et à l’historiographie antique en général, selon l’exemple donné depuis le XIXe siècle par l’école allemande. Le jeune chercheur est à ce titre l’héritier de l’historiographie philologique dont Jérôme Carcopino, qu’il cite et dont il loue la « sagacité » et l’« assurance coutumière » [96], fut en France l’un des plus brillants représentants [97]. Carcopino se disait lui-même l’élève d’Hermann Dessau [98] : une même méthodologie unit les savants de cette tradition européenne. Sa fécondité herméneutique déborde l’histoire proprement dite de la transmission des faits et des textes : elle est aussi une critique littéraire. En effet, à une lecture essentiellement basée sur des comparaisons diachroniques et sur des questions qui, « jusqu’à une date récente, [ont] littéralement « empoisonné » les recherches des savants obsédés par le modèle classique » [99], Stéphane Ratti et les chercheurs de sa génération renouvellent la lecture de l’Histoire Auguste en comparant soigneusement maints passages à des auteurs des IIIe et IVe siècles. Ce faisant, M. Ratti montre à son tour que l’Histoire Auguste s’inscrit parfaitement dans toute la tradition historiographique de l’Antiquité, dont elle illustre le caractère oratoire [100]. Celui-ci signifie que l’historien, selon les canons classiques fixés par Cicéron [101], n’avait pas l’idéal d’objectivité et de rigueur scientifique qu’il assigne de nos jours à son travail. Ses trois fonctions (officia oratoris) était de plaire, d’émouvoir et de convaincre. Stéphane Ratti a pour le dire une formule « brutale », dit-il, mais claire : « L’écriture de l’histoire à Rome est toujours une réécriture » [102]. C’est ce qu’ailleurs il appelle la « solution littéraire » trouvée par l’auteur de ces Vies impériales, pour résoudre les contradictions que les faits pouvaient présenter à sa foi païenne et polémique [103]. Les auteurs chrétiens contemporains n’ont d’ailleurs pas écrit l’histoire romaine autrement [104]. Bien des questions longtemps obscures ont donc été éclairées quand la lecture de l’Histoire Auguste a été faite sous cet angle, et pas seulement celle de son véritable auteur (ce qui, en soi, aurait un intérêt somme toute limité) : au lieu de juger la trivialité ou les « erreurs » de ces biographies de manière axiologique et diachronique, le texte fut « pris au sérieux » et l’on a commencé à se demander ce que tel ou tel passage voulait dire de manière plus ou moins détournée mais explicite au lecteur de son temps. Ce travail passait par un examen minutieux et ardu des sources, et l’un des mérites de Stéphane Ratti fut de tenter d’élargir cet examen à des auteurs contemporains comme saint Jérôme ou Sulpice Sévère. C’était rendre à la Quellenforschung sa place légitime dans toute recherche portant sur les textes antiques.

18 Pour autant, la Quellenforschung a ses limites [105]. Au terme de son impressionnante recherche, Stéphane Ratti aboutit à une « très forte probabilité » que Nicomaque Flavien senior soit, avec ses secrétaires, l’auteur de l’Histoire Auguste, et donc aussi son réviseur tardif plus ou moins négligent ou pressé. Tant qu’il y a probabilité, si grande soit-elle, il reste une petite place pour d’autres hypothèses pouvant légitimement se défendre, comme celle que tenait et tient toujours prudemment Robert Turcan [106]. On aura d’ailleurs remarqué que la lecture de Stéphane Ratti confirme l’idée parfaitement admise d’une rédaction en au moins deux temps. À ce stade de la recherche, la position la plus scientifique nous semble être de présenter honnêtement les différentes voix du débat, comme le faisait André Chastagnol dans son introduction générale à l’HA. Car il est inutile et peu scientifique de céder à la tentation somme toute orgueilleuse d’une pensée dualiste, qui reviendrait à opposer la Quellenforschung, son ambition de résoudre les problèmes et son intérêt indéniable pour la science, à un travail plus littéraire et non moins érudit [107]. C’est la tentation qui perce sous la plume de Jean-Michel Carrié quand il affirme d’abord légitimement qu’« on ne saurait mieux plaider la réhabilitation de la Quellenforschung » qu’avec le travail publié par son collègue, pour préciser aussitôt que cette école est « trop souvent traitée avec condescendance, voire arrogance, par des écoles de pensées peut-être plus brillantes que vaillantes » [108]. Ce type de jugement, qui s’opère toujours comme ici par un effet miroir, n’apporte rien selon nous à la connaissance de l’Antiquité elle-même, mais il rappelle que toute historiographie, comme l’histoire antique et même contemporaine, a nécessairement sa part de subjectivité. N’est-il pas temps d’en finir avec le mythe cartésien de l’objectivité scientifique et d’aller jusqu’au bout des leçons d’Henri-Irénée Marrou, Raymond Aron, Paul Veyne, reprises par Guy Sabbah et Stéphane Ratti lui-même [109] ? Tel est son autre mérite, moins visible et peut-être plus involontaire, que de rappeler ce fait en n’hésitant pas à souvent parler à la première personne du singulier. Cette marque stylistique fut longtemps jugée déplacée dans le style académique. Mais nous sommes entrés dans l’ère d’une reconsidération de la relation entre l’observateur savant et son objet d’étude, entre le « moi » et le « ça ». Cette reconsidération, théorisée par la psychologie, et déjà bien avancée dans des sciences aussi « exactes » que la physique des particules, l’astrophysique ou les mathématiques, ne diminue pas le mérite d’un travail scientifique : elle en souligne seulement les limites et les perspectives précises. Elle rappelle que la science sera toujours un « débat critique » et « ouvert », malgré ou à cause de l’élucidation des problèmes qu’elle opère progressivement. Elle progresse en effet par un travail nécessairement collectif, même si certaines intuitions décisives reviennent à tel ou tel individu [110]. L’analyse psychologique d’une méthodologie rappelle ainsi son intérêt et ses limites : les historiens de la Rome antique et de la basse antiquité se rattachent à des écoles et des traditions différentes en fonction de leurs qualités propres, et il serait vain de vouloir qu’une de ces écoles soit plus importante ou plus féconde qu’une autre, puisque la science avance par leur union, et que l’accomplissement et le plaisir intellectuel de chaque savant dépendent de la personnalité qui lui est propre. Il est banal de le dire, mais toujours utile de le redire, semble-t-il.

Bibliographie

Bibliographie

  • 1) Sources anciennes
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  • 2) Auteurs modernes
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  • Id., Compte-rendu de l’Histoire Auguste IV 2, Vies des deux Valériens et des deux Galliens, édition d’O. Desbordes et S. Ratti (cf. ci-dessus), dans Latomus LXV, 2006, p. 1016-1017.

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Date de mise en ligne : 01/05/2012.

https://doi.org/10.3917/dha.371.0115

Notes

  • [*]
    Chercheur rattaché au VECT-Mare Nostrum – Université de Perpignan Via Domitia – olivier.rimbault@wanadoo.fr
  • [1]
    Cameron (Averil), L’Antiquité tardive, trad. fr. M. Pouteau, Mentha [Bibliothèque d’orientation], 1992, p. 7.
  • [2]
    Cf. le fameux ouvrage d’Edward Gibbon, Decline and Fall of the Roman Empire (1776-1788), le célèbre essai presque contemporain de Montesquieu, Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (1734), ou la préface de Du Cange à son Glossarium mediae et infimae latinitatis (1678). Héritiers des partis-pris apparus à la Renaissance, les historiens et les philologues de l’époque moderne fixèrent un jugement qui favorisa longtemps le désintérêt pour l’antiquité tardive ou orienta son étude. Le titre de l’ouvrage publié en 1977 par Henri-Irénée Marrou, Décadence romaine ou antiquité tardive ?, est évidemment emblématique de l’abandon de ce jugement simplificateur. L’importance des âges classiques dans l’enseignement traditionnel du latin explique autant que les critères esthétiques l’absence presque totale de l’Histoire Auguste dans les manuels scolaires du XIXe et XXe siècle, jusqu’à ce récent renouveau de l’intérêt porté à l’antiquité tardive et à ses « enseignements ».
  • [3]
    Dans sa préface à l’ouvrage de Stéphane Ratti, Antiquus error…, 2010, p. 8, n. 3.
  • [4]
    Cf. la présentation qu’en fait André Chastagnol dans son édition de l’Histoire Auguste, Paris, Robert Laffont [Bouquins], 1994, p. IX-CLXXXII.
  • [5]
    Surtout dans les biographies des empereurs plus tardifs.
  • [6]
    Dans La littérature latine, Paris, PUF [Que sais-je ?], 3e éd. 1982, p. 117. Malgré les nuances que son jugement opère entre les différentes Vitae de l’HA et même, après H. Dessau, au sein d’une même Vita, Robert Turcan est lui aussi très sévère, globalement, avec le latin et la « façon » de « cette littérature journalistique dont relève l’Histoire Auguste » selon lui (cf. Histoire Auguste, Vies de Macrin, Diaduménien, Héliogabale, texte établi, traduit et commenté par R. Turcan, Paris, Les Belles Lettres, 1993, p. 15-16 ; cf. aussi p. 59 et 76).
  • [7]
    Ratti (S.), « Nicomaque Flavien senior et l’Histoire Auguste : la découverte de nouveaux liens », dans Antiquus error…, 2010, p. 239.
  • [8]
    Ratti (S.), « D’Eutrope et Nicomaque Flavien à l’Histoire Auguste : bilan et propositions » (1999), dans Antiquus error…, 2010, p. 29. On trouvera un index de ces « silences » et de ces « déformations » dans son édition des Vies des deux Valériens et des deux Galliens pour la collection « Budé », Histoire Auguste IV 2, texte établi par O. Desbordes et St. Ratti, introduction, traduction et commentaire par St. Ratti, Paris, Belles Lettres, 2000. Stéphane Ratti reproche à H.-I. Marrou de ne pas avoir vraiment pris en compte cet aspect « idéologique » de toute l’historiographie romaine dans son Histoire de l’éducation dans l’antiquité (cf. Ratti (St.), « La culture du prince entre historiographie et idéologie » (2004), dans Antiquus error…, p. 185-187).
  • [9]
    Cf. Histoire Auguste, édition bilingue établie par André Chastagnol, Paris, Robert Laffont [coll. Bouquins], 1994, p. X.
  • [10]
    Cf. « Flavius Vopiscus est-il Nicomaque Flavien ? », L’Antiquité Classique, t. XXII, 2, Bruxelles, 1953, p. 261-382. Dans la 3e édition de 1982 de La littérature latine (cf. n. 6 ci-dessus), Pierre Grimal témoigne de la longue « résistance » d’une partie des spécialistes à la thèse développée à partir de l’article publié par Hermann Dessau en 1889 (« Über Zeit und Persönlichkeït der Scriptores historiae Augustae », Hermes, 24, 1889, p. 337–392).
  • [11]
    Cf. Histoire Auguste, Paris, Robert Laffont [Bouquins], 1994, p. XXIX.
  • [12]
    Stéphane Ratti fait lui-même un beau résumé de cette double question du genre de l’œuvre, de l’identité et des motivations du « faussaire masqué » qui l’a écrite, dans « L’historiographie latine tardive, 3e-4e siècles. État des recherches 1987-2002 » (2003) (Antiquus error…, 2010, p. 58-61).
  • [13]
    Cf. Lamour (Denis), Revue belge de philologie et d’histoire, 83, 2005, p. 206-207.
  • [14]
    Cf. par exemple la position plus complexe de Robert Turcan, resté partisan d’une rédaction en deux temps : la première, au début du IIIe siècle, selon le modèle et le style de Suétone, faite par celui qu’il appelle l’Ignotus, la seconde rédaction étant celle d’un « réviseur » opérant des insertions visant les empereurs chrétiens de la fin du IVe, début du Ve siècle, également soucieux de répondre à une clientèle de lecteurs friands de détails grivois et distrayants, et écrivant même de nouvelles Vies, avec plus de rhétorique que de matière, puisqu’il ne pouvait s’appuyer sur autant de sources antérieures que l’Ignotus. « Bref, dans le chantier de l’Histoire Auguste, OM [= Vie de Macrin] n’apparaît pas comme un nouveau départ, mais plutôt comme un entre-deux, une sorte de chaos intermédiaire mal colmaté entre la galerie étayée par l’Ignotus et celle des Vies scandaleuses ou apologétiques » (Turcan (R.), Histoire Auguste III, 1, Paris, CUF [coll. Budé], 1993, introduction à OM, p. 15 ; cf. aussi son introd. à Hel., p. 66, p. 75-77, et ci-dessous note 106).
  • [15]
    Les articles réunis dans Antiquus error s’étalent de 1996 à 2010.
  • [16]
    Les doutes, les corrections et les débats dont témoigne l’auteur à plusieurs reprises.
  • [17]
    À l’image du contenu de son article « Réponses de de l’Histoire Auguste aux apologistes Tertullien et Lactance » (2002) dans Antiquus error…, 2010, p. 215 : « Si les rapprochements que nous venons de signaler n’apportent aucun élément nouveau dans le débat sur la datation de l’Histoire Auguste, en revanche ils versent des pièces nouvelles… ».
  • [18]
     « malgré l’énorme dossier bibliographique dont […] s’est lesté depuis plus d’un siècle » le commentaire de cette œuvre, note avec scepticisme et une pointe d’ironie Robert Turcan (op. cit., avant-propos, p. VII).
  • [19]
     « Nicomaque Flavien senior auteur de l’Histoire Auguste » (2007) dans Antiquus error…, 2010, p. 218.
  • [20]
     « Nicomaque Flavien senior et l’Histoire Auguste : la découverte de nouveaux liens », dans Antiquus error…, 2010, p. 240.
  • [21]
     « Nicomaque Flavien senior auteur de l’Histoire Auguste » (2007) dans Antiquus error…, 2010, p. 218.
  • [22]
    Ibid.
  • [23]
    Ibid.
  • [24]
    Ibid.
  • [25]
    Ibid., p. 218-219. Cette argumentation est encore résumée dans « Nicomaque Flavien senior et l’Histoire Auguste : la découverte de nouveaux liens », dans Antiquus error…, 2010, p. 240.
  • [26]
    Ibid., p. 218. C’est nous qui soulignons en italiques.
  • [27]
    Ibid., p. 222.
  • [28]
    Ibid., p. 221.
  • [29]
    Ibid.
  • [30]
    Ibid.
  • [31]
    Ibid.
  • [32]
    Ibid.
  • [33]
    Ibid., p. 222.
  • [34]
    Ibid., p. 221.
  • [35]
    Ibid., p. 220.
  • [36]
    Le symbolisme astrologique (qui veut que Mars soit le « maître » du Bélier, signe du printemps) et les structures anthropologiques de l’imaginaire, telles que Gilbert Durand les a analysées, suffiraient à expliquer l’association des valeurs « masculines » de conquête, de force et d’énergie avec le thème du déclin et du vieillissement tragique du monde, déclin qu’un imaginaire « diurne », selon la terminologie durandienne, associe logiquement avec des valeurs et des symboles « féminins » (cf. l’analyse du Romulus latin à la fois protégé de Jupiter et de Mars et équilibré par Quirinus, la divinité agraire de « l’apport sabin », dans Durand (G.), Les structures anthropologiques de l’imaginaire (1969), 10e éd., Paris, Dunod, 1984, p. 154-155).
  • [37]
    Cf. Ratti (St.), « L’auteur et la date du Miles Marianus (Ps. Quint., decl. 3) » (2010) dans Antiquus error…, 2010, p. 253-260.
  • [38]
    Insultatio vilis storici in tyrannidem Galliae, dans Julien de Tolède, Histoire du roi Wamba, texte latin établi par W. Levison, trad. introd. et notes par O. Rimbault, Clermont-Ferrand, Paléo [L’encyclopédie médiévale], 2011, p. 96-117.
  • [39]
    Cf. Liber Iudiciorum sive lex Visigothorum XII, 2-3 dans MGH, Legum sectio I, Legum nationum Germanicarum t. 1, ed. K. Zeumer, Hanovre / Leipzig, Societas aperiendis fontibus rerum germanicarum medii aevi / Hahn, 1902, p. 410-456, où l’on retrouve, comme dans l’Insultatio, les notions récurrentes de perfidia, malitia, culpa, perversitas, scandalum, la métaphore de la tache (macula, pollutus / munda) ou de la maladie (sana / insana). Ramsay MacMullen donne d’ailleurs l’exemple des lois édictées par le concile de 681, pour leur citation du Deutéronome. Il est intéressant pour notre propos qu’il rapproche ainsi l’error iudaicus chez les Visigoths du VIIe siècle de l’error antiquus dénoncée par Firmicus Maternus au début du IIIe siècle avec les mêmes « versets vengeurs du Deutéronome » (cf. MacMullen (R.), Christianisme et paganisme du IVe au VIIIe siècle (1996), trad. fr. F. Regnot, Paris, Les Belles Lettres, 1998, p. 32 et note 53).
  • [40]
    Cf. Ratti (S.), « Nicomaque Flavien senior et l’Histoire Auguste : la découverte de nouveaux liens », dans Antiquus error…, 2010, p. 241-242.
  • [41]
    Ibid., p. 241.
  • [42]
    Ratti (S.), « Nicomaque Flavien senior et l’Histoire Auguste : la découverte de nouveaux liens », dans Antiquus error…, 2010, p. 239-248.
  • [43]
    Ibid., p. 241.
  • [44]
    Cf. « Nicomaque Flavien démasqué » (2010), dans Antiquus error…, p. 267.
  • [45]
    Cf. Turcan (R.), Histoire Auguste III, 1, Paris, CUF [coll. Budé], 1993, introduction à OM, p. 15.
  • [46]
    On en trouvera une autre preuve, plus inattendue, dans une réflexion faite ex tempore par le philosophe musulman Abdennour Bidar, devant la commission de l’Assemblée Nationale préparant la loi sur le voile islamique (le 8 juillet 2009), quand il se prit à dire que les musulmanes françaises choisissent le voile intégral pour se prémunir en quelque sorte d’une « contamination » par le monde extérieur. Ce professeur de classes préparatoires, auteur de plusieurs ouvrages remarqués, voulait expliquer en quoi ce comportement lui paraissait « pathologique ». Vidéo de l’entretien disponible sur le site de l’Assemblée Nationale : http://www.assemblee-nationale.fr/13/commissions/voile-integral/voile-integral-20090708-2.asp
  • [47]
     « Nicomaque Flavien démasqué » (2010), dans Antiquus error…, p. 261.
  • [48]
    Ibid., p. 262.
  • [49]
    Ibid.
  • [50]
    Cf. ibid., p. 263. L’expression est également l’écho fort probable de l’importance, dans tous les esprits de l’époque, du ??????, qu’on a repéré derrière la pratique de la sorcellerie dont témoignent les defixiones sur plomb (cf. Bernand (André), Sorciers grecs, Paris, Fayard, 1991, p. 85-105). Nous expliquerons dans une autre étude que la « mentalité magique », importante dans tous les milieux sociaux, et chez les chrétiens comme chez les païens, a pu également favoriser, paradoxalement, l’expansion de l’hénothéisme païen et du monothéisme chrétien (cf. infra notes 76 et 77).
  • [51]
    Ratti (St.), « Un nouveau terminus ante quem pour l’Histoire Auguste » (2010), dans Antiquus error…, p. 272.
  • [52]
    Par exemple : « Une lecture […] est possible » (Antiquus error…, p. 242) ; « ce groupe verbal est certes cicéronien » (ibid.) ; « le lien entre Nicomaque Flavien senior et la troisième déclamation est peut-être […] plus étroit qu’il n’y paraît » (ibid., p. 244) ; « admettons un instant que Nicomaque Flavien n’ait été que l’éditeur ou le réviseur du Miles Marianus » (ibid., p. 245) ; « j’ai ainsi pu avancer avec une très forte probabilité que Nicomaque Flavien senior avait rédigé lui-même la troisième déclamation pseudo-quintilienne » ; « on doit désormais prendre en compte qu’il a sans doute aussi été le rédacteur… » (ibid., p. 261), etc. (C’est nous qui soulignons en italiques).
  • [53]
    Cf. la suite de ce paragraphe.
  • [54]
    Ratti (S.), « Nicomaque Flavien senior et l’Histoire Auguste : la découverte de nouveaux liens », dans Antiquus error…, 2010, p. 240.
  • [55]
    Ibid., p. 243.
  • [56]
    Ibid., p. 246.
  • [57]
     « Nicomaque Flavien démasqué » (2010), dans Antiquus error…, p. 261.
  • [58]
     « Nicomaque Flavien senior auteur de l’Histoire Auguste » (2007) dans Antiquus error…, 2010, p. 221.
  • [59]
     « Nicomaque Flavien senior et l’Histoire Auguste : la découverte de nouveaux liens », dans Antiquus error…, 2010, p. 246.
  • [60]
     « Nicomaque Flavien démasqué » (2010), dans Antiquus error…, p. 261.
  • [61]
    Ibid., p. 262.
  • [62]
     « Nicomaque Flavien senior et l’Histoire Auguste : la découverte de nouveaux liens », dans Antiquus error…, 2010, p. 245.
  • [63]
    Parmi ces points de détail : S. Ratti simplifie trop la position prudente de R. Turcan quand il lui impute un « refus plus ou moins explicite de reconnaître la datation tardive de l’Histoire Auguste et donc les conclusions chronologiques d’A. Chastagnol qui place la collection après 397 » (« Réponses de l’Histoire Auguste aux apologistes Tertullien et Lactance » (2002), dans Antiquus error…, p. 211), alors qu’on lit sous la plume du savant en question (avec une réserve qui n’est pas l’expression d’un total désaccord) : « Depuis H. Dessau, on a surtout détecté ou, du moins, l’on s’est efforcé de détecter dans l’Histoire Auguste des anachronismes institutionnels ou prosopographiques, des allusions à l’actualité contemporaine (celle de la fin du IVe siècle ou des premières années du Ve) […]. On a eu raison de le faire » (Turcan (R.), Histoire Auguste III, 1…, 1993, introduction à OM, p. 10). C’est nous qui soulignons en italiques. Sur la position de R. Turcan, cf. supra n. 14.
  • [64]
    Ibid., p. 246.
  • [65]
    Alex. 29, 2 : matutinis horis in larario suo, in quo et diuos principes sed optimos electos et animas sanctiores, in quis Apollonium et, quantum scriptor suorum temporum dicit, Christum, Abraham et Orfeum et huiusmodi ceteros habebat ac maiorum effigies, rem diuinam faciebat.
  • [66]
     « Nicomaque Flavien démasqué » (2010), dans Antiquus error…, p. 264.
  • [67]
    Ibid.
  • [68]
    Jo., 1, 14 in Novum Testamentum Graece et Latine, ed. Nestle-Aland, Stuttgart, Deusche Bibelgesellschaft, Editio XXVIa, 1979.
  • [69]
    Cf. les notes de Marie Nicolas Bouillet à son édition de Plotin, Ennéades, Paris, Hachette, 1857, et sa préface, t. 1, p. xxviii-xxxiii.
  • [70]
    Cf. Héraclite, Fragments [citations et témoignages], trad. et présentation par J.-F. Pradeau, Paris, GF-Flammarion, 2002, fragment 71 (Clément, Stromates, V, 114, 4-115,3), p. 144 et 256 : « L’Un, qui est toute sagesse, veut et ne veut pas être appelé du nom de Zeus » (traduction personnelle. Traduction de J.-F. Pradeau : « le savoir ne consiste qu’en une seule chose, qui ne souhaite pas et souhaite être appelé du nom de Zeus »).
  • [71]
    Par exemple celles, en réalité très anciennes, de « gloire », de « père » divin et donc de « fils » (cf. Festugière (A.-J.), La révélation d’Hermès Trismégiste (1942-1950), Paris, Les Belles Lettres, 2006, t. 1 : L’Astrologie et les sciences occultes, p. 299 ; t. 2 : Le dieu cosmique, p. 67 ; t. 3 : Les doctrines de l’âme, p. 34).
  • [72]
    Auteur d’ailleurs cité par Stéphane Ratti (« La culture du prince entre historiographie et idéologie », dans Antiquus error…, p. 186 et note 7).
  • [73]
    Cf. Firmicus Maternus, Mathesis, texte établi et traduit par P. Monat, Paris, Les Belles Lettres [coll. Budé], 1992 et L’erreur des religions païennes, texte établi, traduit et commenté par R. Turcan, Paris, Les Belles Lettres [coll. Budé], 1982. On a longtemps débattu pour savoir si les deux auteurs n’en étaient qu’un seul. Il n’y a plus de doute à ce sujet, et cette évolution est très révélatrice de la manière dont le syncrétisme païen pouvait préparer un esprit sans doute mondain, apeuré et opportuniste comme le sien à confesser la religion intransigeante des fils de Constantin (cf. L’erreur des religions païennes…, p. 21).
  • [74]
    Mathesis, I, 10, 14-15. C’est justement ce syncrétisme solaire allégorique, développé par Porphyre, que Firmicus Maternus converti fustige dans la diatribe des chapitres VII et VIII du De Errore, comme pour mieux se dédouaner de ses écrits antérieurs…
  • [75]
    La Vie d’Héliogabale (6, 7 et 7, 4), dans l’HA, nous donne un exemple d’hénothéisme païen monarchique et autoritaire, qui fait allusion certainement à la politique de Théodose mais n’en est pas moins conforme à d’autres témoignages, ceux d’Hérodien et Dion Cassius (cf. Turcan (R.), Histoire Auguste III, 1, Paris, CUF [coll. Budé], 1993, introduction à Hel., p. 72). Sur cette notion de « tolérance », dans les deux camps, cf. MacMullen (R.), Christianisme et paganisme…, p. 27 et note 35.
  • [76]
    Cf. Peterson (E.), ??? ????. Epigraphische, formgeschichtliche und religionsgeschichtliche Untersuchungen, Göttingen, Vandenhoeck u. Ruprecht, 1926 ; récemment, Mitchell (Stephen) et Van Nuffelen (Peter) (dir.), One God : Pagan Monotheism in the Roman Empire, Cambridge, Cambridge University Press, 2010.
  • [77]
    Sur les différents types de syncrétismes païens (valorisation d’une divinité sur les autres ou pandémonisme), et leurs liens avec les manifestations de la foi chrétienne (monothéisme théologique et culte des saints), on relira avec profit Turcan (Robert), Les cultes orientaux dans le monde romain (1989), Paris, Les Belles Lettres, 2004, p. 328-329. Cette nuance philosophique nous paraît plus sûre que la confusion des mots employés par Paul Veyne, quand il parle de « monothéisme latent » et « digne de ce nom » dans le culte de Zeus, dès Hésiode, dans L’empire gréco-romain, Paris, Seuil, 2005, p. 458-459. Du point de vue psychologique, l’hénothéisme relève d’un imaginaire englobant (« nocturne » dirait Gilbert Durand), le monothéisme d’un imaginaire exclusif (« diurne » selon l’anthropologie du même auteur).
  • [78]
    Cf. 1 Jean, 4, 8 : « ? ???? ????? ?????. »
  • [79]
    Cf. le mot de saint Augustin : « Immo vero vides trinitatem, si caritatem vides » / « En vérité, tu vois la Trinité si tu vois l’amour » (De Trinitate, VIII, 8, 12).
  • [80]
     « Nicomaque Flavien senior auteur de l’Histoire Auguste » (2007) dans Antiquus error…, 2010, p. 222. C’est nous qui soulignons en italiques.
  • [81]
    Ibid., p. 217.
  • [82]
    Ce que traduit dans la suite de cet article (p. 217) la répétition de la négation « personne », opposée à la première personne du singulier qui rythme ensuite le développement du propos : « je voudrais présenter ici une première objection… ma démonstration… ma deuxième conclusion… je n’ai pas clos encore la série des arguments… ce que je dis de nouveau… mon hypothèse, etc. ».
  • [83]
    Cf. Jung (C.-G.), Types psychologiques (1920), trad. fr. Y. Le Lay, Genève, Georg, 1993, p. 7.
  • [84]
    Selon une expression employée par Jung, le type introverti peut vouloir faire « plier » la réalité (et les autres) à sa vérité (cf. ibid., p. 378).
  • [85]
    Thème central de l’article « Nicomaque Flavien démasqué » (2010), dans Antiquus error…, p. 261-269.
  • [86]
    Cf. Phrase de conclusion de « Nicomaque Flavien senior et l’Histoire Auguste : la découverte de nouveaux liens », dans Antiquus error…, 2010, p. 248 : « Auteur du Miles Marianus et de l’Histoire Auguste, Nicomaque Flavien senior laisse apparaître à qui sait lire son œuvre les différents traits d’une personnalité désormais démasquée et devenue familière. »
  • [87]
    Cf. Jung (C.-G.), Types psychologiques…, 1993, p. 280-291. Jung, confirmant les analyses de Worringer, oppose Abstraktion et Einfühlung.
  • [88]
    Marrou (H.-I.), De la connaissance historique, Paris, Le Seuil [6ème éd., coll. Points], 1954, p. 93.
  • [89]
    Cf. Jung (C.-G.), Types psychologiques…, 1993, p. 265-268.
  • [90]
    Cf. à ce sujet la préface de J.-M. Carrié à Antiquus Error.
  • [91]
    On pourrait suggérer aussi qu’un latiniste de type introverti peut faire un très bon enseignant de thème, tandis que le latiniste extraverti se sentira plus à l’aise avec la version.
  • [92]
    Cf. la conclusion ci-dessous.
  • [93]
     « Nicomaque Flavien démasqué » (2010), dans Antiquus error…, p. 268.
  • [94]
    Cf. les deux dernières pages de « Nicomaque Flavien démasqué » (2010), dans Antiquus error…, p. 268-269.
  • [95]
    Dont fait partie selon nous, pour les raisons que nous avons évoquées, celle que fait le chercheur à partir de la Vita Martini de Sulpice Sévère (« Un nouveau terminus ante quem pour l’Histoire Auguste » (2010), dans Antiquus error…, p. 275-276).
  • [96]
    Cf. par ex. Ratti (S.), « Le De reditu svo de Rutilius Namatianus : un hymne païen à la vie » (2005), dans Antiquus error…, p. 296.
  • [97]
    Cf. l’ouvrage emblématique de cette méthode, Les bonnes leçons (1968), Paris, Les Belles Lettres, 1990.
  • [98]
    Cf. la dédicace de ce même ouvrage.
  • [99]
    Formulation d’André Mandouze au sujet de la seule question de savoir si à cette époque Rome était « encore dans Rome » ou bien « encore Rome quand elle passe au Christ » (« De la christianisation de Rome à l’âge d’or des pères de l’Église », dans Rome et nous (coll.), Paris, Picard, 1977, p. 236). Sur l’aspect stylistique de la question, cf. Ratti (S.), « D’Eutrope et Nicomaque Flavien à l’Histoire Auguste : bilan et propositions » (1999), dans Antiquus error…, 2010, p. 28-29, ou encore « L’historiographie latine tardive, 3e-4e siècles. État des recherches 1987-2002 » (2003), dans Antiquus error…, 2010, p. 55.
  • [100]
    Cf. Cicéron, De legibus, I, 5 : « Historia opus unum oratorium maxime » / « L’Histoire est tout particulièrement une tâche d’orateur ».
  • [101]
    Cf. en particulier le De oratore, par ex. II, 115.
  • [102]
    Ratti (S.), « L’historiographie latine tardive, 3e-4e siècles. État des recherches 1987-2002 » (2003), dans Antiquus error…, 2010, p. 54. Cf. du même auteur (en collaboration avec J.-Y. Guillaumin, P.-M. Martin et E. Wolff), Ecrire l’histoire à Rome, Paris, Les Belles Lettres, 2009.
  • [103]
    Cf. Ratti (S.), « D’Eutrope et Nicomaque Flavien à l’Histoire Auguste : bilan et propositions » (1999), dans Antiquus error…, 2010, p. 32.
  • [104]
    Rappel opportun de J.-M. Carrié, dans son introduction à Antiquus error…, 2010, p. 10.
  • [105]
    Sans doute même ses risques et périls quand elle est trop exclusive.
  • [106]
    L’historien n’a pas changé d’avis depuis 1993. Il l’a redit de manière argumentée en 2006, dans son compte-rendu de l’édition des Vies des deux Valériens et des deux Galliens de S. Ratti et O. Desbordes aux Belles-Lettres (cf. Latomus LXV, 2006, p. 1016-1017), et en 2011, dans un courrier personnel adressé à l’auteur du présent article : « Je m’empresse de vous dire que je n’ai pas changé d’avis et ne crois pas à un auteur unique, même si (à une date incertaine) un éditeur a rassemblé ces vies en partie disparates ».
  • [107]
    Comme celui d’un Robert Turcan justement.
  • [108]
    À la fin de sa préface à Antiquus Error (p. 10) : « Après avoir lu ces études, on ne pourra plus ignorer le rôle joué par « l’arme de la littérature » dans le débat religieux de la fin du IVe siècle. On ne saurait mieux plaider la réhabilitation de la Quellenforschung trop souvent traitée avec condescendance, voire arrogance, par des écoles de pensées peut-être plus brillantes que vaillantes ». Cf. les propres mots de Stéphane Ratti sur « la catégorie des contempteurs de la Quellenforschung au sens strict », dans « La traversée du Danube par les Goths : la subversion d’un modèle héroïque » (2007) (Antiquus error…, p. 280).
  • [109]
    Cf. Ratti (S.), « D’Eutrope et Nicomaque Flavien à l’Histoire Auguste : bilan et propositions » (1999), dans Antiquus error…, 2010, p. 28-29.
  • [110]
    Stéphane Ratti invite à plusieurs reprises le lecteur à débattre des intuitions et des démonstrations qu’il revendique (cf. par exemple, Antiquus error…, 2010, p. 33 et 222), en vertu de sa conviction « que les progrès ont été accomplis dans la compréhension de l’œuvre [Historia Augusta] grâce à ce type d’échanges entre spécialistes » (cf. Ratti (S.), « Nicomaque Flavien senior, auteur de l’Histoire Auguste », dans Antiquus error…, p. 217).
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