Qu’y a-t-il de commun entre l’introduction de la RCB (rationalisation des choix budgétaires) au ministère de l’Industrie à la fin des années soixante en France, et celle de la riziculture en ligne pour augmenter les rendements agricoles sur les Hauts Plateaux malgaches, du maraîchage au Congo pour accroître les revenus des paysans, des techniques hydrauliques dans le tiers monde en faveur de l’eau potable, de l’assainissement, de l’agriculture ou du SRO (sel de réhydratation par voie orale) pour soigner la diarrhée des nourrissons en Algérie, en Thaïlande, en Égypte ou en Chine ; entre le lancement d’un livre de sciences humaines, et celui d’un produit alimentaire, de la domotique en France ou d’un médicament en Chine ; entre la diffusion de logiciels informatiques en agriculture et celle de Word 6 dans un ministère ou d’Internet et des nouveaux objets de la communication ? Au point de départ, pas grand-chose ! À l’arrivée, après une trentaine d’années de recherches, je constate que toutes ces enquêtes de terrain relèvent d’une logique d’analyse commune simple que je peux ramener à quatre éléments de base : un système d’action pour la structuration du jeu social, des interactions entre acteurs pour la production du jeu, des réseaux pour la circulation dans le jeu et des objets concrets pour ce qui circule dans le jeu.
Mais cette simplicité cache une difficulté. Nous nous sommes chaque fois heurtés à un constat paradoxal : quand nous travaillons sur un changement, sur la production et la réception d’une innovation, ou sur l’introduction d’un objet ou d’un service, d’un côté le résultat final est relativement imprévisible, mais de l’autre nous constaton…