En décembre 2019, un nouveau mouvement social éclate en France. Ces mouvements sont récurrents dans le pays comme, en 1995, face à une précédente réforme des retraites et de l’assurance maladie, en 2003, toujours sur les retraites, en 2006, concernant le Contrat première embauche (cpe), en 2010, encore sur les retraites, en 2016 et 2017, sur le code du travail (loi El Khomri puis ordonnances Macron), sans parler de mobilisations des cheminots concernant les reprofilages successifs de leur entreprise, notamment en 2018. Dans ces divers mouvements, quelques caractéristiques sont repérables : recours privilégié à des manifestations interprofessionnelles (dans lesquelles le secteur public est fortement sur-représenté), grèves dans les transports publics entraînant de sévères perturbations, divisions et concurrences syndicales, difficultés apparentes à négocier, absence de transparence des compromis néanmoins passés. Tous ces mouvements ne peuvent qu’interroger sur un mode de régulation ou de dialogue social, souvent vanté mais manifestement en échec.
Dès son arrivée au pouvoir, Emmanuel Macron a rencontré les leaders syndicaux. De nombreuses concertations ont eu lieu pour la préparation des ordonnances modifiant le code du travail (2017). À l’époque, personne n’a évoqué un rejet des corps intermédiaires de la part du nouveau Président ou du gouvernement. Jean-Claude Mailly, encore secrétaire général de fo, est parvenu à infléchir pour partie la réforme engagée, tandis que l…