Depuis le début de cette année 2019, nombre d’événements ont amené les Français à réfléchir à leur vie économique, sociale, culturelle et politique autrement que de manière routinière, c’est-à-dire en fonction des nouvelles devenues news diffusées, parfois en continu, et calibrées par des médias. En leur montrant que le désordre croissant qu’ils ressentaient dans la vie publique, désordre qu’ils qualifiaient familièrement de « bordel ambiant », avait atteint une acmé, ces événements ont renforcé leur sentiment qu’une crise particulière y présidait et qu’elle révélait ainsi brutalement sa gravité. Trois de ces événements, parmi d’autres, ont retenu leur attention, dans la mesure même où ils s’adressaient directement à leur conscience de citoyen. Ils seront traités ici sous la forme de témoignages directs, dont l’auteur est le même que celui de ce texte, sans passer, donc, par l’intermédiaire normalement obligé d’un informateur devenu média, qui, chacun désormais le sait, fait partie du problème posé au moins autant qu’il permet de le poser.
Samedi 2 mars 2019, dans le XIVe arrondissement de Paris, des manifestants en gilets jaunes sont arrivés place Denfert-Rochereau, terme de leur manifestation, par l’avenue du Général-Leclerc. Certains arboraient les petits drapeaux des régions d’où ils venaient, d’autres quelques grands drapeaux bleu, blanc, rouge. La croix de Lorraine ornait la partie blanche de certains de ces drapeaux nationaux, reformant ainsi le drapeau de la Résistance…