Dans notre « société liquide », les deux derniers mois viennent de nous alerter puissamment sur l’urgence d’aligner la doctrine du maintien de l’ordre sur les paramètres généraux qui permettent de caractériser beaucoup d’autres phénomènes sociaux. Pour être clair, la sécurité publique en général et le rétablissement de l’ordre en particulier doivent faire face aux conséquences multiples d’une société fonctionnant sur le modèle des réseaux, refusant dorénavant toutes les formes d’encadrement du mécontentement populaire.
Jusqu’au début du xxie siècle, les forces de l’ordre devaient garantir la tranquillité de tous en luttant contre les expressions séculaires de la criminalité ainsi qu’en s’opposant au phénomène montant des violences urbaines (dont les émeutes de 2005 furent l’illustration emblématique, néanmoins précédées de multiples épisodes plus localisés et restreints dans les années 1990), des incivilités et – à l’autre bout du spectre – du terrorisme. Mais, concernant les mouvements sociaux, il encadrait le plus souvent des contestations de rue qui s’inscrivaient (la plupart du temps) dans une stratégie politique. Les syndicats et partis de gauche (parfois de droite) utilisaient les mobilisations populaires pour démontrer un potentiel d’action et faire pression sur le gouvernement, Parti communiste et cgt en tête (dans le contexte d’une opposition bloc contre bloc jusqu’en 1991). Cette technique d’influence et de négociation prévalait depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale…