Face à la montée du pouvoir féminin et des valeurs qui l’accompagnent, Internet constitue-t-il un refuge, une sphère de repos et de solidarité pour les hommes ? Un espace où se cultiveraient des interactions, des projections et des fantasmes proprement masculins ? L’histoire de ce « média ultime », des sous-cultures qui ont fleuri en son sein semble l’attester et, en retour, les protestations des femmes férues d’informatique contre le sexisme geek le confirmeraient. Au sein de l’aventure numérique se seraient jouées et se jouent encore une dynamique et une lutte des rapports de genre : un paradoxe, si l’on songe qu’Internet se pare des plumes de l’égalitarisme et de la neutralité identitaire.
Parmi les multiples biais qui aident à explorer les tréfonds de la révolution numérique, le sujet de l’identité masculine n’est pas des moindres. Le parallélisme historique est saisissant. Pendant les années 1960-1970, aux États-Unis, alors que les mouvements pour les droits civiques battent leur plein et, en leur sein, celui du Women’s Lib, émerge une révolution technologique portée presque exclusivement par les hommes. Alors que les femmes investissent les lycées et les universités, les hommes se prennent de passion pour un outil qui entend émanciper les individus : Internet. Alors que les femmes gagnent leur autonomie par les droits, les hommes promeuvent « l’individu augmenté » grâce à la robotique et à la circulation des flux d’information. Alors que les femmes prennent la tête de la compétition scolair…