Naguère, avant les débats de l’automne sur l’accès à l’université, l’orientation, la sélection, le tirage au sort, les « prérequis », les « attendus », les « parcours de remise à niveau », googlant « bac sélection université » pour me faire une idée, la première réponse apparut en anglais. Elle émanait d’un guide destiné aux étudiants américains préparant un séjour en France. On les initiait aux coutumes, idiosyncrasies, bizarreries et autres exceptions françaises, dont celle-ci, extravagante pour des jeunes Américains du Nord : « Did you know that… ? In France, there is no selection at all to be admitted to college. Contrary to “grandes écoles”, anybody having passed the “baccalauréat” exam is entitled to be admitted to any university. This is of course absurd and it explains why French universities are overcrowded (at least for the first two years) with a rate of drop-out of 50 % or more. »
Il n’y a pas de sélection à l’entrée de l’université en France ; tout bachelier a le droit de s’inscrire. Pour nous, qui avons grandi sous cette norme, il est difficile d’imaginer qu’un article aussi sacré que s’il était inscrit dans le préambule de la Constitution puisse être révisé. Vu du dehors, pourtant, « this is of course absurd » : le site états-unien ne fait ni une ni deux, et l’absence de sélection est tout de go traitée d’aberration. S’ajoutent à cette énormité le morcellement de notre enseignement supérieur entre le long et le court, le sélectif et le non-sélectif, le public et le privé, etc…