Encore atomisée à la fin des années 1980, la bande dessinée a connu l’expansion la plus spectaculaire de tous les secteurs du marché du livre. Cette croissance s’explique par le succès des stratégies éditoriales de valorisation du patrimoine, un élargissement impressionnant du champ de la création, la structuration de l’offre et l’établissement de multiples passerelles avec la littérature et l’audiovisuel.
Sur un marché du livre réputé arrivé à maturité depuis au moins un quart de siècle, le marché de la bande dessinée constitue un véritable cas d’école. Certes, du début des années 1990 à nos jours, l’ensemble du marché du livre a connu des transformations profondes. En 1991, le secteur des dictionnaires et encyclopédies, en particulier, y jouait un rôle structurant, représentant à lui seul 18,9 % du chiffre d’affaires de l’édition. Vingt-cinq ans, de multiples concentrations éditoriales et une révolution numérique plus tard, ces ouvrages de référence ne pèsent plus en 2015 que 2,7 % de l’activité du secteur. Avec eux, les sciences humaines et sociales, les stm (sciences, techniques, médecine) et la gestion, les beaux livres et les livres d’art, les cartes et atlas et les ouvrages de religion et d’ésotérisme ont également vu leur poids se réduire fortement, tandis que les positions du scolaire et du parascolaire demeuraient stables. Au contraire, les parts de la littérature, des livres pour la jeunesse, des ouvrages pratiques, de la bande dessinée et, dans une moindre mesure, des essais et documents, c’est-à-dire de l’ensemble des secteurs du livre de loisir ou, pour reprendre le terme américain, de l’…