Le fait serait établi, la tendance irrévocable : la société française évoluerait inexorablement vers la droite. Alain Duhamel a prévenu : « La France penche à droite et lorgne vers l’extrême droite » ; et, pour justifier la primaire à gauche, ses promoteurs ont proclamé : « Nous refusons la passivité face à l’abstention, au vote fn et à la droitisation de la société. »
Il est vrai que les faits électoraux s’accumulent, qui donnent crédit à cette idée de « droitisation ». Mais sous cette dynamique des rapports de force, quelle est l’adhésion véritable des Français aux valeurs de droite ? Quelle est la nature de cette « tentation droitière » : s’agit-il d’une préférence essentiellement électorale portée par un désir d’alternance ou, plus profondément, d’une conversion réelle et durable aux valeurs de la droite en France ?
L’analyse des données d’opinion révèle que la France connaît surtout une droitisation identitaire ; pour la comprendre, il faudra distinguer plusieurs dynamiques nées de fractures historiques successives depuis la crise de 2008. En revanche, l’idée d’une droitisation libérale (au sens économique) n’est pas établie : la France ne s’est pas convertie aux valeurs du libéralisme économique.
Existe-t-il une « droitisation » ? Le sentiment qui s’impose en ce sens est prioritairement porté par les réalignements politiques vers la droite, à l’œuvre en France depuis les élections présidentielle et législatives de 2012.
Ces réalignements sont d’abord ceux de…