À partir du 31 mars 2016, à l’issue d’une manifestation organisée par différents syndicats contre la loi travail – dite « loi El Khomri » –, plusieurs milliers de manifestants ont demeuré une nuit d’abord, un week-end, puis plusieurs semaines sur la place de la République. Le mouvement a attiré l’attention des médias mais sans que sa véritable signification soit pleinement saisie.
Deux mouvements sociaux d’ampleur ont jalonné le quinquennat de François Hollande, élu le 6 mai 2012 président de la République française. Le premier était né au cœur de la France « la plus catholique », celle qui, au confluent des familles du traditionalisme et des communautés postconciliaires charismatiques, s’est bien mieux adaptée au monde présent que l’absence d’analyse de leurs détracteurs ne le laissait penser, celle dont la jeunesse qui s’était formée à l’appel de deux papes – Jean-Paul II et Benoît XVI – et qui, d’une opposition au projet de loi ouvrant droit au mariage entre personnes de même sexe, façonna un mouvement social philosophiquement conservateur. Le second fut celui relatif à la loi El Khomri, une loi modifiant considérablement, dans sa première version au moins, les cadres juridiques du marché du travail. Le 31 mars, Nuit Debout naissait à l’issue d’une manifestation syndicale contre le projet de loi travail.
Ces deux mouvements présentent quelques similitudes dans la forme, comme l’occupation de l’espace public articulée à une utilisation intensive du 2.0. Chacun d’eux nous rappelle aussi que les moments de crise sont souvent des moments de désarticulation et de réarticulation des éléments qui faisaient antérieurement la cohérence d’u…