Le Débat. – On ne peut pas parler de l’année politique qui vient de s’écouler sans parler des attentats. Elle a commencé par des attentats ciblés en janvier, continué avec les tueries aveugles du 13 novembre et s’est terminée par le carnage du 14 Juillet à Nice. Quel poids ces attentats ont-ils exercé, selon vous, sur la vie politique et l’opinion publique françaises ?Olivier Duhamel. – Ce n’est pas la première fois que la France est touchée par les attentats mais c’est la première fois qu’ils ont pris cette ampleur, particulièrement ceux du 13 novembre et du 14 Juillet. Ces attentats font l’objet d’appréciations et d’interprétations contradictoires. Pour les uns, certains intellectuels et, dans un autre registre, certains spécialistes du renseignement, la France serait en situation de pré-guerre civile et les réactions aux attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher seraient des réactions d’islamophobie. Mais ces réactions-là me semblent très excessives, voire totalement inexactes. Ce qui est frappant, c’est plutôt le caractère raisonnable des réactions de l’opinion publique, des Français, après des actes d’une telle gravité. Du côté des pouvoirs publics, il y a un discours assez rude, peut-être là aussi excessif. Est-il bien fondé ou non de parler de guerre ? Est-il bien fondé ou non de parler de résistance ? On peut affirmer que non. Quand on est en guerre, on est en face de combattants, d’une armée ennemie qui a une certaine légitimité, qu’on l’aime ou non. Et quand on entre en résistance, cela suppose déjà qu’on a perdu la guerre…