Sa campagne avait commencé il y a plusieurs mois avec le slogan « Feel the Bern ! » (La sensation Bernie) et se déploie aujourd’hui, face à ceux qui l’enjoignent à se rallier à Clinton, autour du cri « Bernie or Bust ! » (Bernie ou rien). Bernie Sanders, étonnant visage buriné par le temps du renouveau de la parole de gauche aux États-Unis, n’a à ce jour remporté que dix-sept des trente-sept États déjà soumis au vote. Mais, dans la plupart des cas, c’est avec plus de 80 % du vote des moins de trente ans et, bien souvent, avec vingt points d’avance sur son adversaire. Dans le Michigan et le Wisconsin, qu’il arracha alors que les sondages l’annonçaient laminé, ce ne sont pas seulement les jeunes mais aussi l’essentiel de la classe ouvrière qui l’a plébiscité. La ferveur qui entoure sa campagne inquiète Clinton, à qui l’on a promis la victoire sans coup férir. La presse réformiste qualifiait en effet Sanders de « populiste idéaliste » et sa « candidature de témoignage » était saluée d’un sourire avant qu’il ne soit pris au sérieux, en particulier depuis sa série continue de victoires de fin mars à début avril. Cette dynamique est depuis confirmée auprès des jeunes par le soutien du réseau associatif MoveOn.org (ses millions d’adhérents en ligne ont joué un rôle décisif dans l’élection de Barack Obama). Même le pape François l’a invité en avril 2016 au Vatican afin qu’il y partage ses appels pour la justice. Après avoir ricané de ses saillies, ignoré son travail de terrain auprès d’une Amérique progressiste que l’on croyait exténuée, les médias et Hillary Clinton ont tardivement consenti à lui prêter attention…