La revue Le Débat me fit l’honneur d’accueillir, en 2012, un texte qui avait pour titre : « De la souveraineté numérique ». Le sujet ? La maîtrise de notre destin sur les réseaux informatiques. Le thème semblait ésotérique de prime abord. Mais à sa lecture chacun pouvait comprendre qu’Internet ne venait pas s’ajouter au monde que nous connaissons mais il le remplaçait, et que le prix des services qu’il rendait était notre liberté. Et si l’hypothèse de la symbiose entre les entreprises du réseau et le renseignement paraissait alors quelque peu paranoïaque, l’explosion de l’affaire Snowden, l’année suivante, la révéla aux yeux de tous.
L’écho de cet article donna naissance à un livre, La Souveraineté numérique, qui contribua à une prise de conscience collective et en popularisa la problématique, désormais au cœur des enjeux de l’âge des réseaux.
Le réseau, parce qu’il permet et accélère la circulation de l’information, accroît l’efficacité de chacune de ses composantes. Cet effet réseau se calcule comme étant le carré du nombre des parties mises en relation. Dix machines en réseau : chacune vaut 10 2, soit 100 ; 11 machines en réseau, chacune vaut 112, soit 121 – 21 % de croissance pour chaque machine, alors qu’une seule nouvelle machine est ajoutée ! Le nombre de machines et d’appareils connectés au réseau est passé de 200 millions en 2000 à 15 milliards en 2015 et sera de 40 milliards en 2020. C’est vertigineux.
À cela s’ajoute l’accroissement, à prix constant, de la capacité de calcul des machines : multipliée par mille en quinze ans…