Revendiquer le mariage pour tous à l’heure du « démariage » peut sembler, de prime abord, paradoxal. D’autant que la revendication émane de milieux qui, d’ordinaire, sont plutôt enclins à se démarquer vis-à-vis de conventions sociales traditionnelles qui apparaissent comme l’expression d’un ordre établi. Ce paradoxe s’éclaire toutefois si l’on prend la mesure de l’importance actuelle de la revendication à une égalité de droits ou de traitement par rapport aux conventions sociales. Soulignons d’emblée que ce n’est pas tant la convention, en tant que telle, qui nous paraît être l’enjeu essentiel dans la revendication au mariage pour tous que l’élargissement de son accès au nom de l’égalité. Le mariage emporte notamment avec lui la question du parent et donc de l’enfant, du « droit à l’enfant ». C’est sans nul doute ce point qui est le plus important pour ceux qui militent pour le droit au mariage pour tous ; il constitue le véritable objectif de cette revendication du mariage pour tous. Derrière cette aspiration se fait jour la question de l’adoption des couples gays ou celle de la procréation artificielle.
La réflexion qui suit s’efforce, de ces points de vue, de dépasser le débat d’opinion de même que le simple jugement moral, en prenant appui sur une analyse anthropologique qui vise d’abord à faire ressortir des processus généraux par-delà la diversité des situations socio-historiques et des positions éthiques.
Les ethnologues rappellent que la famille s’organise à partir de deux registres qui sont ceux de la conjugalité et de la filiation…