Les États-Unis ne sont plus la grande puissance régionale qui a exercé une influence sans partage sur les nations de l’Amérique du Sud. Celles-ci ont non seulement connu une forte croissance ces dernières années, mais leurs économies se sont ouvertes et la démocratie s’y est répandue. Elles ont en outre renforcé leurs relations les unes avec les autres ainsi qu’avec d’autres pays, tels que la Chine et l’Inde. Dans le même temps, l’économie américaine a connu un ralentissement relatif, et l’attention des États-Unis s’est portée ailleurs : en Afghanistan et au Proche-Orient, où ils ont mené leur « guerre contre le terrorisme » (war against terror). Depuis la doctrine Monroe, en 1823, les États-Unis ont considéré l’Amérique du Sud comme faisant partie de leur « jardin », de leur sphère d’influence. Bien que cette doctrine ait été conçue pour protéger les pays nouvellement indépendants du sud du continent américain d’une intervention des puissances coloniales européennes, son effet pratique a été de les assujettir à la domination américaine.
Durant toute l’ère de la guerre froide, les États-Unis ont renversé bien des gouvernements élus démocratiquement en Amérique centrale et du Sud pour peu qu’ils aient été perçus comme « communistes », trop à gauche ou nuisibles aux intérêts américains. Par exemple, le coup d’État au Guatemala en 1954, contre un gouvernement réformiste et libéral, a été inspiré par la cia, qui considérait que le régime était noyauté par les communistes et représentait donc une menace…