Le savoir mobilisé par David Engels dans Le Déclin est impressionnant : on apprend beaucoup en le lisant sur la civilisation de la République romaine tardive, aussi grâce à des perles de Juvénal, Salluste, Sénèque et d’autres auteurs. On peut également se réjouir de l’effort de l’auteur, professeur d’histoire romaine à Bruxelles, pour ressusciter le vénérable genre intellectuel de l’analogie historique, sur un sujet aussi brûlant que l’état de l’Europe aujourd’hui. Mais de quelle Europe parle-t-il ?
Le sous-titre nous promet une analogie entre « la chute de la République romaine » et « la crise de l’Union européenne ». Au fil des pages, on se rend toutefois compte que le vrai sujet de l’ouvrage n’est pas l’Union (que l’auteur connaît mal) mais la civilisation européenne. C’est également intéressant, mais ce n’est pas la même chose. Le ton est le plus engagé quand Engels ausculte des phénomènes de société contemporains comme l’individualisme, l’immigration, les taux de divorce, le consumérisme ou encore la chute d’intérêt pour les libertés individuelles ; de façon convaincante il met en évidence des analogies avec le temps de Cicéron. Jusque-là, c’est passionnant et on peut le suivre. Je suis même prêt à parler d’une situation « troublante de ressemblances » (pour citer la quatrième de couverture), tout comme je considère – manifestement avec la rédaction du Débat – qu’il vaut la peine de réfléchir à ses conséquences à long terme pour les démocraties de notre continent.
Les problèmes commencent lorsque l’auteur d…