Paul Valéry annonçait une « ère nouvelle qui enfantera des enfants qui ne tiendront plus au passé par aucune habitude de l’esprit. L’histoire leur offrira des récits étranges, presque incompréhensibles, car rien dans leur époque n’aura eu d’exemple dans le passé, et rien du passé ne survivra dans leur présent ». Ne serait-elle pas advenue ? Au moment même où paraissait le numéro du Débat comprenant la première partie du dossier consacré au « difficile enseignement de l’histoire » étaient rendus publics les résultats des tests commandés par le ministère de l’Éducation nationale, portant sur les connaissances historiques des élèves de troisième. Le verdict était sans appel et jugé suffisamment préoccupant pour être placé en une du Monde : « Histoire-géo : le niveau des élèves est en baisse », titrait le quotidien du soir qui reconnaissait sans détour dans son article que « les collégiens en savent de moins en moins en histoire-géographie ». Cette étude confirmait, si besoin était, l’urgence qu’il y a à se saisir de cette question.
L’enseignement de l’histoire est devenu difficile en raison de son objet même, faisait clairement apparaître Le Débat. Le passé, spécialement le passé national, ne passe plus auprès des élèves. La difficulté de transmettre l’histoire est assurément augmentée dans les établissements où l’hétérogénéité ethnique des élèves transforme la salle de cours en champ de bataille mémorielle, mais elle n’est pas moins réelle et profonde dans les établissements les plus privilégiés de la capitale, ainsi que l’atteste la contribution de Mara Goyet et que le confirme ma propre expérience de professeur de philosophie, amenée à solliciter les références historiques de mes élèves…