Les journalistes politiques, et les politologues qui leur emboîtent le pas à l’occasion, déplorent rituellement la piètre qualité de nos campagnes électorales. Ils ne peuvent avoir systématiquement tort. Le cru 2012 de la compétition présidentielle ne restera pas, dans les mémoires, comme l’un des plus fameux. Annoncée de longue date, sondages après sondages et sans la moindre exception, la défaite de Nicolas Sarkozy aura privé la joute élyséenne de l’appréciable piment de l’incertitude.
En dehors du drame de l’affaire Merah (mars 2012), qui a un temps troublé la campagne sans pour autant en modifier l’équation fondamentale, peu d’événements l’auront rythmée, au désespoir d’un système médiatique naturellement avide de rebondissements. La déception aura été aussi vive du côté des observateurs qui gardent la faiblesse d’accorder quelque attention aux enjeux des politiques publiques. Les échanges entre les principaux candidats n’ont guère porté sur la manière concrète de résoudre les profondes crises de tous ordres auxquelles la France est confrontée. On a plus volontiers disserté sur la quête ardue du permis de conduire ou sur le traçage de la viande halal, que débattu des futurs arbitrages budgétaires ou des hypothétiques choix européens.
Il n’est pourtant pas sans intérêt de revenir un instant sur ce maussade printemps électoral 2012. L’expérience prouve que les conditions de la conquête du pouvoir influencent, plus qu’on ne l’imagine, son exercice. François Hollande est devenu le deuxième Président socialiste de la …