En France, les années 1980 furent très particulières pour ce qui est de la réception des problèmes environnementaux. Après l’essor des idées écologiques durant les décennies 1960 et 1970 dans l’Hexagone comme dans le reste du monde occidental, parfois plus largement, le soufflé retombe en France et dans une moindre mesure aux États-unis avec l’arrivée au pouvoir des nouveaux Républicains. Or, il en va tout autrement ailleurs. À l’échelle européenne, la décennie 1980 est au contraire celle de la consécration des problèmes comme des idées écologiques. Elle fut en effet marquée par une série de grandes catastrophes, série ouverte un an auparavant par l’accident intervenu à la centrale nucléaire américaine de Three Mile Island, en mars 1979; suivent le drame de l’union Carbide à Bhopal, en Inde, en décembre 1984, avec ses dizaines de milliers de morts et d’handicapés, puis ceux de Tchernobyl le 26 avril 1986, dont le bilan en termes de mortalité et de morbidité reste incertain, de Sandoz à Bâle en décembre de la même année, et, pour finir, la marée noire de l’Exxon Valdez en mars 1989, qui clôt une décennie inaugurée par une autre marée noire, celle du Tanio, sur les côtes anglaises, en mars 1980. À quoi s’ajoute, bien sûr, l’affaire au long cours des pluies acides, ou Waldsterben, aux effets délétères autant que spectaculaires dans certaines régions forestières européennes. Durant la même décennie, des partis écologistes s’affirment, à l’image des Grünen allemands, dans le paysage politique européen…