« L’expression “développement durable” est une formule d’essence magique, qui fait appel aux émotions, mais qui est sans contenu concret, ni bien défini. Et c’est précisément pour cela qu’elle bénéficie d’un tel consensus. Son pouvoir d’attraction réside dans les impressions et les émotions qu’elle véhicule, et non dans les apports concrets d’une analyse bien construite. » Cette déclaration récente de l’économiste américain John Baden, président de la Foundation for Research on Economics and the Environment, éclaire assez bien ce que l’on peut observer actuellement dans le monde de l’architecture. Nombre de professionnels ne semblent se saisir du drapeau du développement durable que pour déployer des stratégies destinées à séduire les médias afin de conquérir de nouveaux marchés, désormais « verts ». C’est l’impression que donnait la visite de l’exposition « Architecture = Durable », au pavillon de l’Arsenal, au mois d’octobre dernier. Impression que renforcent les échos que l’on a pu avoir de la Biennale de Venise, où les mêmes tenants de la « French Touch », autopromus représentants de l’élite architecturale française, développaient autour des mêmes thèmes écologiques un discours d’une rare vacuité, sous le slogan ambigu de « généro-cité ». Suffirait-il de quelques mètres carrés de cellules photovoltaïques, d’une toiture végétalisée ou d’une façade en polycarbonate pour qu’une architecture se proclame « généreuse » et « durable » ?
Au-delà de la mise en scène de ces nouveaux signes de modernité, il importe de s’interroger sur les changements profonds que la prise en compte des limites des ressources du monde et le souci de les préserver peuvent apporter à la conception du cadre bâti…