En mars dernier, deux quotidiens européens publiaient des articles d’auteurs différents dont le contenu invite à s’interroger à nouveaux frais sur la question de la modestie en architecture. Le contexte de crise mondiale où intervient cette publication quasi simultanée n’est sans doute pas étranger au retour de la question dans l’actualité. C’est dans cet esprit qu’il convient de la revisiter.
« L’architecture privée de son habit d’apparat » est le titre d’une contribution de l’architecte israélien Zvi Hecker parue le 5 mars dans le journal suisse Le Temps. L’auteur y évoque la situation économique actuelle et la rupture radicale qu’elle produit pour les sensibilités esthétiques comme pour les fondations éthiques. Dénonçant nombre de projets réalisés « la plupart du temps en des lieux inappropriés et de manière dommageable pour l’environnement », il souligne la dimension profondément narcissique de ces architectures d’ornementation, obsédées par leur visibilité et relayant une image d’« architecte en tant qu’artiste » et d’« illusionniste mettant en scène des spectacles pseudo-intellectuels ».
Dans The Guardian du 6 mars 2009, sous le titre « The Architecture of Recession », Jonathan Glancey, le critique spécialisé du journal, voit venir une « nouvelle modestie » (new modesty) en réaction à l’architecture des vingt dernières années. Selon lui, celle-ci s’est longtemps déclinée selon le slogan « form follows fashion » (la forme suit la mode), remplacé aujourd’hui par « …