« Nous sommes une nation fondée sur des principes chrétiens » : telle est la manière dont John McCain, le candidat républicain à l’élection présidentielle de novembre, et pourtant généralement peu enclin à parler de religion, affirme concevoir l’identité originelle des États-Unis. Cette vision de la nation américaine correspond en fait à celle traditionnellement défendue depuis quelques décennies par la droite chrétienne, selon laquelle l’identité fondamentalement religieuse des États-Unis, affirmée dès la fondation du pays, a été pervertie au xxe siècle par les liberals et les libres penseurs, qui ont mené une vaste entreprise de sécularisation de la société et du gouvernement américain. Les États-Unis se sont alors éloignés de leurs racines, de cette American Christianhood rêvée par les puritains au début du xviie siècle, et reprise un siècle et demi plus tard par les Pères fondateurs, qui ont donné au pays son indépendance et ses institutions. Dans l’imaginaire de la droite religieuse, tel qu’il est repris ici par John McCain, et dans celui d’une majorité d’Américains aujourd’hui, George Washington, John Adams, James Madison et les autres étaient donc des chrétiens dévoués qui, bien que n’ayant pas mentionné Dieu dans la Constitution, considéraient la religion comme un élément fondamental de l’identité américaine. Pour défendre cette image de « bons croyants », les associations proches de la droite religieuse proposent d’ailleurs sur leurs sites Internet certaines des citations les plus « pieuses » des Pères fondateurs…