En Europe occidentale, les partis de centre gauche sont en crise. Le nombre de pays où ils sont au pouvoir a nettement diminué depuis le milieu des années 1990. Quatre pays scandinaves sur cinq – fiefs de la social-démocratie par excellence – sont actuellement gouvernés par un Premier ministre conservateur. Lors des élections au Danemark, en novembre 2007, le parti social-démocrate danois obtenait son plus mauvais résultat depuis cent ans. En Allemagne, le SPD est à la traîne dans les sondages avec des intentions de vote qui oscillent entre 20 % et 27 %, pendant que le parti travailliste britannique est à son plus bas niveau depuis les années 1930. Il y a des raisons de penser que ces résultats sont non seulement l’expression d’un simple mouvement de balancier, reflétant les aléas d’un électorat versatile, mais qu’il s’agit d’un défi fondamentalement nouveau.
L’auteur de ce texte est convaincu que cette situation marque la fin d’un cycle politique et idéologique : le projet centro-technocratique du type « troisième voie » en Grande-Bretagne, « nouveau centre » en Allemagne et « triangulation » à la Bill Clinton aux États-Unis, qui s’est imposé avec succès pendant les années 1990, a atteint ses limites et se révèle désormais politiquement en partie dépassé. Ce projet se caractérisait par l’adaptation réussie des partis de centre gauche aux nouvelles attentes des électeurs et à un contexte géopolitique et économique qui avait fortement évolué depuis le milieu des années 1980. Il constituait alors une interprétation appropriée d…