Notes
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[*]
Michel Leymarie est notamment l’auteur de Albert Thibaudet, « l’outsider du dedans » (Villeneuve-d’Ascq, Presses du Septentrion, 2006). Il a préfacé les rééditions de La République des professeurs (Paris, Hachette Littératures, 2006) et de l’Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours (Paris, CNRS Éditions, 2007).
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[1]
Jean Paulhan, « Le Berger de Bellone d’Albert Thibaudet » [1950], in Œuvres complètes, Paris, Cercle du livre précieux, 1969, t. IV, p. 324.
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[2]
François Mauriac, Bloc-notes, éd. de Jean Touzot [1968], Paris, Éd. du Seuil, coll. « Essais », 1993, 6 février 1964, t. III, p. 449 ; Maurice Blanchot, « La critique d’Albert Thibaudet », in Faux-pas [1943], Paris, Gallimard, 1996, p. 53.
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[3]
Marcel Arland, « Le critique au “bâton ferré” », in Le Promeneur, Paris, Éd. du Pavois, 1944, p. 168.
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[4]
Albert Thibaudet, Les Idées politiques de la France, Paris, Librairie Stock, 1932, pp. 17-19.
-
[5]
Robert Brasillach, « Devant les “Ré?exions” d’Albert Thibaudet », L’Action française, 30 avril 1936.
-
[6]
Albert Thibaudet, « Pour la géographie littéraire », NRF, 1er avril 1929.
-
[7]
Auguste Anglès, André Gide et le premier groupe de la NRF, Paris, Gallimard, 1986, t. II, p. 518.
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[8]
Albert Thibaudet, La Revue critique des idées et des livres, 25 mars 1920, p. 679.
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[9]
Paul Valéry, NRF, 1er juillet 1936, p. 5. Ernst-Robert Curtius, ibid., p. 63.
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[10]
M. Blanchot, « La critique d’Albert Thibaudet », art. cité, p. 325.
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[11]
Régis Debray, Le Pouvoir intellectuel en France, Paris, 1979 ; rééd., Gallimard, « Folio essais », 1986, p. 113.
-
[12]
Antoine Compagnon, « Après la littérature », Le Débat, n° 110, mai-août 2000, pp. 136-154. Voir aussi Richard Millet, Lauwe le pur, Paris, POL, 2000.
-
[13]
Ramon Fernandez, « La critique d’Albert Thibaudet », NRF, 1er juillet 1936, pp. 52-54.
-
[14]
Ernst-Robert Curtius, « Albert Thibaudet, “classique” », ibid., p. 65.
-
[15]
Tzvetan Todorov, Critique de la critique, Paris, Éd. du Seuil, 1984, pp. 181 et 185.
-
[16]
Id., La Littérature en péril, Paris, Flammarion, 2007, p. 85.
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[17]
Albert Thibaudet, Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours [1936], Paris, CNRS Éditions, 2007, p. 76. Pour Georges Poulet, « toutes les tentatives d’objectivation de la littérature ont ?nalement abouti à une réinstauration du sujet en littérature », in La Conscience critique, Paris, José Corti, 1971, p. 272.
-
[18]
Lucien Febvre, « Littérature et vie sociale » [1941], in Combats pour l’histoire, Paris, Librairie Armand Colin, 1953, pp. 263-268.
-
[19]
A. Thibaudet, Histoire de la littérature française, op. cit., p. 552.
-
[20]
Gérard Genette, Figures. Essais, Paris, Éd. du Seuil, 1969, p. 142.
-
[21]
Albert Thibaudet, Gustave Flaubert, rééd. de l’édition dé?nitive de 1935, Paris, Gallimard, coll. « Tel », 1992, p. 87.
-
[22]
Id., « L’esthétique du roman », NRF, 1er août 1912, pp. 207-244.
-
[23]
Roger Martin du Gard, Correspondance générale, III, 1919-1925, édition établie et annotée par Jean-Claude Airal et Maurice Rieuneau, Paris, Gallimard, 1986, 12 septembre 1924, p. 328.
-
[24]
Olivier Pot (sous la dir. de), La Critique littéraire suisse. Autour de l’école de Genève. Œuvres et critiques, XXVII, 2, Tübingen, Gunter Narr, 2002, p. 24. En particulier Henryk Chudak, « Thibaudet, un ancêtre de la critique genevoise », pp. 76-90.
-
[25]
Antoine Compagnon, Les Antimodernes, Paris, Gallimard, 2006, p. 259.
-
[26]
G. Poulet, La Conscience critique, op. cit., p. 59.
-
[27]
Marc Bloch, Apologie pour l’histoire ou métier d’historien, Paris, Armand Colin, 1993, p. 184 ; Lucien Febvre, « Générations », Bulletin du Centre international de synthèse, n° 7, juin 1928, pp. 37-43.
-
[28]
Karl Mannheim, Le Problème des générations [1928], éd. de Gérard Mauger, Paris, Nathan, 1990, pp. 58-59.
-
[29]
Voir ainsi Jean-François Sirinelli, Génération intellectuelle. Khâgneux et normaliens dans l’entre-deux-guerres [1988], rééd. PUF, coll. « Quadrige », 1994.
-
[30]
Albert Thibaudet, Le Liseur de romans, Paris, G. Crès et Cie, 1925, p. 200.
-
[31]
Id., La République des professeurs, suivi de Les Princes lorrains, rééd. Paris, Hachette Littératures, 2006, pp. 250-252 et 278.
-
[32]
Ibid., p. 108.
-
[33]
Id., Les Idées politiques de la France, op. cit., p. 232.
-
[34]
Id., La République des professeurs, op. cit., p. 104.
-
[35]
René Rémond, « En relisant Les Idées politiques de la France : Thibaudet, historien des familles de pensée », actes du colloque Albert Thibaudet, Bulletin de la Société des amis des arts et des sciences de Tournus, t. LXXXV, 1986, p. 109.
-
[36]
Albert Thibaudet, La Campagne avec Thucydide, in Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, éd. de Jacqueline de Romilly, Paris, Robert Laffont, 1990, p. 15.
-
[37]
Id., Les Idées politiques de la France, op. cit., p. 7.
-
[38]
Id., La République des professeurs, op. cit., p. 98.
-
[39]
Id., La Campagne avec Thucydide, op. cit., p. 70.
1Albert Thibaudet est de retour. L’auteur de La République des professeurs et des Idées politiques de la France retrouve peu à peu sa place sur les tables des libraires et dans les rayons des bibliothèques. Après plusieurs décennies d’effacement, son œuvre fait l’objet d’une floraison de rééditions, de ses Réflexions sur la littérature ou sur la politique, publiées dans La Nouvelle Revue française, à son Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours. Historiens, littéraires, nous découvrons ou redécouvrons à quel point Thibaudet nous est proche et nous est utile, lui qui est si ancré dans son époque, à la fois par sa matière et par sa manière.
Actualité n’est pas modernité
2La matière même de nombre de ses chroniques littéraires renvoie en effet à des œuvres parfois lointaines pour nous. Ses Réflexions sont souvent des comptes rendus d’ouvrages récemment publiés, analysés à chaud et mis en perspective. Certes, comme l’affirme Jean Paulhan, « Thibaudet est le premier critique français qui ne tienne pas Baudelaire pour un extravagant, Mallarmé pour un fumiste et Lautréamont pour un simple fou [1] ». Toutefois, s’il est souvent aigu dans ses jugements sur les écrivains classés, s’il donne sa mesure sur les auteurs anciens, pas plus que Sainte-Beuve, un de ses maîtres, il ne lui est arrivé de précéder l’opinion. François Mauriac note justement que Thibaudet, comme les critiques de la première Nouvelle Revue française, tels Rivière, Fernandez ou Du Bos, a été couvé par « la vieille mère Sorbonne ». S’il a une liberté surprenante d’appréciation, précise Maurice Blanchot, il conserve des habitudes de pensée conformes à un héritage universitaire [2]. Il demeure un classique, attaché à la tradition, préférant le déjà fait au se faisant.
3De fait, il comprend moins les jeunes écrivains que leurs prédécesseurs et se sent embarrassé devant la production immédiatement contemporaine qu’il quali?ait de « littérature non triée ». Peu sensible à la modernité littéraire, il passe à côté de Colette, du surréalisme, de Malraux, de Céline. Ainsi, dans La Dépêche, en janvier 1933, note-t-il que le Voyage au bout de la nuit « met au jour un monde original […], un monde atroce, ignoble », mais il observe avant tout que le roman, auquel vient d’échapper le prix Goncourt, est un « D.O.P. », un livre dont on parle. Dans les années 1930, Thibaudet peine à saisir le mouvement qui déplace les lignes. « Il remarque peu les nouveaux écrivains tant qu’ils ne sont pas entrés dans la mode et la conversation – dans le paysage », juge Paulhan. « Il craignait de s’engager sur un nom nouveau, con?rme Marcel Arland. Il voulait attendre que le temps eût exercé son action, exhaussant une œuvre, ramenant une renommée à de saines proportions [3]. »
4La matière dont traite l’essayiste est en premier lieu liée à ses propres expériences. La Campagne avec Thucydide est une ré?exion croisée sur la guerre antique et la Grande Guerre qu’il a faite dans l’armée territoriale. Les événements qu’analysent ses deux premiers essais proprement politiques se déroulent dans l’entre-deux-guerres et, plus généralement, sous la IIIe République. Certes, Les Princes lorrains sont riches de suggestions, mais l’ouvrage traite avant tout de la mort de Barrès et de l’occupation de la Ruhr en 1923. De même La République des professeurs est-elle d’abord, pour partie, une ré?exion sur la faillite du Cartel des gauches en 1924-1926 et sur l’épuisement idéologique des radicaux.
5De surcroît, nous sommes à l’évidence aujourd’hui quelque peu éloignés de ce que Thibaudet nomme « la marche à gauche » ou « le mouvement sinistrogyre » qui entraînait le système des forces politiques vers la gauche sous la IIIe République, et qu’il illustrait par la fameuse métaphore des petits pois : « Il n’existe pas plus de “conservateurs” ou de droite of?ciellement inscrite qu’il n’existe dans l’épicerie de petits pois “gros” », notait-il dans Les Idées politiques de la France, soulignant la dif?culté qu’avaient alors les « modérés » de se dire de droite [4]. « Ce sinistrisme immanent de la vie politique française » avait, selon lui, pour corollaire un dextrisme en matière culturelle et esthétique. Autrement dit, alors que le pouvoir politique était à gauche, le magistère intellectuel et culturel était à droite. Un rapide examen du paysage politique et culturel contemporain pourrait conduire à des conclusions sensiblement différentes.
6Quant à la manière même de Thibaudet, elle peut sembler désuète : ses chroniques, comme la plupart de ses œuvres, constituent une sorte de conversation par écrit, nourrie de la langue parlée mais pleine aussi d’alluvions et d’allusions, bien éloignée d’un mode d’exposition universitaire contemporain. Thibaudet, qui a Socrate et Montaigne pour modèles, excelle dans une forme d’essai et de causerie, dans un genre de critique parlée. Ce faisant, il incarne un esprit de la conversation qui, comme l’a montré Marc Fumaroli, est cultivé en France depuis le xviie siècle, et dans lequel, précisément, les aspects politique et littéraire sont indissociables.
7Il n’est pas un auteur toujours facile à lire, d’où l’intérêt des récentes éditions critiques, qui explicitent certains de ses sous-entendus, de ses références ; nombre d’entre eux sont encore moins compris aujourd’hui qu’à son époque, quand Brasillach prédisait que « ses perpétuelles allusions à des faits contemporains ou anciens, qu’il était parfois le seul à connaître, rendront de plus en plus sa lecture dif?cile [5] ». Par ailleurs, cet esprit ré?échi mais primesautier expose rarement de façon linéaire ; il va « à sauts et à gambades », comme aurait dit Montaigne, n’écarte aucune piste, n’épargne aucune glose à son lecteur. Dans un style imagé et allègre, cet homme du dialogue ne répugne pas au paradoxe, au mélange des genres, aux rapprochements inattendus, aux comparaisons familières ou triviales. Ses articles ont, dit-il, une « nature de morceaux successifs ». À cet égard, Les Idées politiques de la France et l’Histoire de la littérature française font ?gure d’exception dans une œuvre souvent profuse, parfois confuse.
8En outre, s’il pratique une critique parlée, Thibaudet, esprit encyclopédique à la culture hybride, ?gure une pointe extrême de la culture française : littéraire, il est aussi familier des auteurs de l’Antiquité que des classiques ou des symbolistes ; disciple de Bergson, bi-admissible à l’agrégation de philosophie, il est aussi agrégé d’histoire. Pour lui, la littérature française constitue un ensemble dynamique, un « mouvement de dialogue vivant jamais terminé, de continuité qui change et de chose qui dure [6] ». En ses meilleurs moments, note Auguste Anglès, il « invente le roman ou l’épopée de la culture [7] » ; placé devant la république des lettres comme sur un belvédère, il voit en elle « un vaste paysage [8] » dont il établit la cartographie, il en donne à comprendre les diverses parties et le rythme profond. « Personne n’était mieux doué que lui pour l’art de créer des perspectives dans l’énorme forêt des Lettres », observe Paul Valéry dans le numéro d’hommage que La NRF lui consacre en juillet 1936. « Interprète de la continuité française », disait Curtius [9], il a le sentiment très fort d’une unité de la littérature, qui « lui est comme une mer à l’intérieur de laquelle il s’est glissé et qui parle par ses profondeurs, ses marées, la mobilité et la résistance de ses eaux, l’étrange ?gure qu’elle compose en sa totalité », juge Maurice Blanchot [10].
Homme de l’écrit avant tout, il appartient pleinement à un espace culturel déterminé qui est daté. Il est d’un temps où la dimension littéraire de la nation ne souffrait pas de discussion et était, au même titre que l’histoire et la langue, constitutive d’une identité. Il est de cette phase que Régis Debray nomme le cycle éditorial et dont le magistère traduisait la suprématie de la littérature dans le champ symbolique [11]. Or la place de la littérature au sein de la culture a bien changé ; nous sommes entrés dans l’ère de l’« après-littérature » et « sur le point de quitter la culture à dominante littéraire sur laquelle l’école de la IIIe République s’était fondée », note Antoine Compagnon [12].
La manière et la matière de Thibaudet, ses références, à certains égards, peuvent donc paraître lointaines. Cependant, les ré?exions de cet « agent de liaison » trouvent un écho actuel et une fécondité dans le présent. Et ce, dans trois domaines : ceux de l’histoire littéraire, de l’Europe et de l’histoire culturelle et politique.
Un agent de liaison
9Thibaudet paraît être, selon le mot de Ramon Fernandez, « le critique de liaison par excellence » qui expose les concomitants d’une œuvre là où Taine en cherche les causes [13]. Incomparable agent de liaison entre littérature, histoire et philosophie, cet homme, disait Brasillach, « qui vivait de plain-pied avec tous les siècles » se révèle être aussi un agent de liaison peu commun entre le passé et le présent, dominant, selon Curtius, « l’étendue entière qui va d’Homère à notre époque [14] ». Ses Ré?exions ou son Histoire de la littérature française convoquent en effet philosophes, historiens ou littérateurs, de l’Antiquité aux années 1930, multipliant les classi?cations, traçant un réseau de relations d’une œuvre à d’autres, antérieures ou contemporaines, relations qui permettent de mieux la dé?nir par ressemblances ou dissemblances. S’il s’attache à établir des séquences et à souligner des concomitances, il prend garde, dès lors qu’il rapproche littérature et politique, à bien marquer l’autonomie de l’un et de l’autre ordre, jugeant que les faits politiques in?uent « impondérablement » sur la matière littéraire.
10Comme Mme de Staël qu’il admire, Thibaudet considère la littérature dans ses rapports avec les institutions sociales et avec la vie politique. Il retrouve en?n une actualité avec la « réhistoricisation » du littéraire, après une phase où, à l’Université et dans l’enseignement secondaire, triompha le structuralisme. Tzvetan Todorov, un de ses théoriciens, écrivait déjà en 1984 dans sa Critique de la critique que « la littérature n’était pas seulement faite de structures mais aussi d’idées et d’histoire » et qu’elle était dialogue, rencontre avec les auteurs [15]. Désormais opposé à une conception réductrice de la littérature, il juge en 2007, dans La Littérature en péril, qu’on étudie mal le sens d’un texte si l’on s’en tient aux seules approches internes et aux catégories de la théorie littéraire. Il en appelle à « libérer la littérature du corset étouffant dans lequel on l’enferme, fait de jeux formels, complaintes nihilistes et nombrilisme solipsiste » et à sortir la critique du « ghetto formaliste qui n’intéresse que d’autres critiques » [16]. Thibaudet, attentif au sens et à l’inscription sociale des œuvres, notait dans son Histoire de la littérature française que « l’histoire de la littérature ne consiste pas seulement dans l’histoire des formes, mais dans l’histoire des idées formulées et agissantes [17] ».
Le projet qu’avait Lanson de rapprocher l’histoire littéraire et l’histoire reprend ainsi des couleurs, et le vœu que formait Febvre, contre Mornet, ne semble plus tout à fait un horizon lointain. Comme l’écrit l’auteur des Combats pour l’histoire, « il faut reprendre la marche. Qui n’est pas le piétinement [18] ».
Le critique littéraire
11À qui s’intéresse aux rapports de la littérature et de l’histoire, de la culture et de la politique, Thibaudet paraît aujourd’hui nécessaire. Il serait vain, cependant, de voir en lui l’alpha et l’oméga de toute critique. Quand bien même il discute les modes de classement opérés par ses prédécesseurs – Sainte-Beuve, Brunetière, Nisard, Lanson… –, il reconnaît les mérites de ceux-ci et, maillon d’une chaîne de critiques, il se sait leur successeur. De même, quand il examine les traits communs aux divers collaborateurs de La Nouvelle Revue française, critiques philosophes et essayistes, il dit représenter lui-même « une forme de critique qui n’a ni les qualités ni les défauts de l’impersonnalité, mais qui paraît plus tournée vers les œuvres que vers les personnes [19] ». Il ne s’agit donc pas ici de faire dire à Thibaudet plus ou autre chose que ce qu’il présente. Sa critique, montre Gérard Genette, n’est pas « la détermination précise de ce qu’est une œuvre prise pour elle-même, dans sa singularité close et irréductible ». En ce sens, cette méthode – ou cette absence de méthode – est à l’évidence dépassée. Mais, ajoute l’auteur de Figures, « si l’on y cherche une intuition totale et omniprésente de ce que Blanchot nomme “l’in?ni littéraire”, alors Thibaudet redevient singulièrement proche, et son œuvre apparaît comme une des créations signi?catives de ce siècle [20] ».
12Nombre de ses ré?exions sont toujours pertinentes. Ainsi celle de son Gustave Flaubert : « L’autobiographie, c’est l’art de ceux qui ne sont pas artistes, le roman de ceux qui ne sont pas romanciers [21] », qui alimente l’étude des spécialistes du genre. Ou bien cette autre qui, tirée de « L’esthétique du roman », dans La NRF d’août 1912, a trait au « romancier authentique » : « Le romancier authentique crée ses personnages avec les directions in?nies de sa vie possible, le romancier factice les crée avec la ligne unique de sa vie réelle. Le vrai roman est comme une autobiographie du possible. […] Le génie du roman fait vivre le possible, il ne fait pas revivre le réel [22]. » Roger Martin du Gard y verra la meilleure réponse « pour défendre le roman objectif (sans paliers, sans intervention d’auteur) [23] ».
13On sait aussi combien demeure opératoire la distinction que Thibaudet effectue entre les trois types de critique : la critique spontanée, parlée, celle des journalistes, attachée au « discernement du présent » ; la critique professionnelle, celle des professeurs, « préposée à l’inventaire du passé » ; la critique des écrivains. Chez lui pointe parfois l’ambition de réaliser une critique créatrice qui constituerait une partie de la littérature : dans les dernières pages de Physiologie de la critique, il parle même d’une « création continuée par la critique ».
14Thibaudet, ancien professeur à l’Université de Genève, ?gure un point de départ, et peut-être même un mythe d’origine à l’école suisse de la critique, illustrée par Albert Béguin ou Jean Rousset, Georges Poulet, Jean-Pierre Richard ou Jean Starobinski. L’« école de Genève » af?che en effet une égale volonté de rapprocher l’acte créateur de l’écrivain ou du poète, sous la forme d’une création continuée que le professeur de l’Université de Genève construisait sur le modèle de l’évolution créatrice de Bergson [24]. Georges Poulet le considérait comme un des prédécesseurs immédiats de la critique de conscience et l’on a pu ainsi montrer une continuité entre la sensibilité aux récurrences, évidente chez Thibaudet, et l’étude interne des œuvres dont se réclame la critique thématique. C’est pourquoi il paraît être « un jalon indispensable entre les maîtres du xixe siècle et la critique de l’après-Seconde Guerre : critique thématique, phénoménologique, école de Genève, etc. [25] ».
15Dans ses Ré?exions comme dans sa posthume Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours, Thibaudet excelle dans l’art d’établir des séquences et des concomitances, de mettre en relation le texte et le contexte social, politique, culturel, religieux, de dégager les ?liations littéraires ou les courants idéologiques. Son œuvre demeure neuve par l’attention qu’elle porte aux techniques matérielles, celles du roman et du style, bien sûr, mais aussi celles de la librairie, de la presse et des périodiques, par l’intérêt qu’elle manifeste, après Sainte-Beuve, à la « littérature industrielle ». En un mot, avec elle, note Georges Poulet, « la critique littéraire passe de l’analyse psychologique à la sociologie [26] », cette approche sociologique venant en quelque sorte contrebalancer son bergsonisme.
16Thibaudet met en rapport les tirages de Madame Bovary et de La Vie de Jésus, dont le succès fut instantané et considérable. Il fait place à des auteurs jugés mineurs ou peu connus, exhume des textes caractéristiques d’une époque, se penche sur des productions alors négligées, comme la littérature enfantine ou comme le roman populaire. Il est sensible à la réception immédiate ou différée de certains auteurs, ou à l’effacement rapide d’autres, comme ce fut le cas pour Anatole France. Il distingue les œuvres dynamiques, qui ont un effet politique et social immédiat, comme les Provinciales ou l’Histoire des Girondins, de celles dont l’importance n’a pas été d’emblée éprouvée mais qui ont exercé une « in?uence à retardement », comme les Lettres de Mme de Sévigné ou les Mémoires de Saint-Simon. En?n, sans élaborer à proprement parler une théorie de la réception des œuvres, Thibaudet est attentif aux publics et appelle l’attention sur les lecteurs ou les spectateurs dont il esquisse une typologie toujours utile.
À son nom est attaché le système de la génération, méthode de classement qui établit des solidarités en fonction d’un événement fondateur. S’il n’en est pas l’inventeur, il la place au cœur de ses Ré?exions et de son Histoire de la littérature française et en fait un usage souvent fructueux dans son activité de critique littéraire ou d’essayiste politique, précisant dans La République des professeurs le décalage qui existe entre génération politique et génération littéraire.
La génération ne saurait toutefois constituer un facteur explicatif unique. C’est une notion tendancielle qui, en établissant des liens synchroniques ou diachroniques, contribue à élaborer une construction du temps social. Alors que Marc Bloch juge que, très souple, elle répond à des réalités que nous sentons concrètes, Lucien Febvre, en revanche, l’estime confuse et mal dé?nie, inutile et parasite [27]. La principale dif?culté réside dans le passage de ce que le sens commun appelle génération, au sens familial du terme, à la génération historique. La simple contemporanéité chronologique, la seule appartenance à une cohorte ne suf?sent pas à déterminer ce que Karl Mannheim nomme une participation au destin commun [28]. Il n’en demeure pas moins que la notion de génération conserve une valeur heuristique certaine et constitue aujourd’hui un outil fréquemment utilisé [29]. Thibaudet lui-même était bien conscient des dif?cultés que suscite l’emploi de ce critère puisqu’il écrivait déjà dans Le Liseur de romans : « Ce qu’on appelle une génération littéraire, c’est peut-être, tout simplement, une certaine manière commune de poser des problèmes, avec des manières très différentes de les résoudre, ou plutôt de ne pas les résoudre [30]. »
La France et l’Europe
17On ne peut évoquer ici que pour mémoire la ré?exion de Thibaudet sur l’Europe qui, elle aussi, trouve un regain d’intérêt pour le contemporain. Cette ré?exion, commencée pendant la Grande Guerre avec La Campagne avec Thucydide, se poursuit les années suivantes, alors que le chroniqueur de La NRF commence à enseigner à l’Université de Genève et que souf?e un esprit nouveau sur les relations internationales.
18Pour cet européiste convaincu, « Européen de nationalité française » selon Curtius, pour cet humaniste qui, ouvert aux littératures étrangères, possède à la fois le sens de la province et celui du cosmopolitisme, l’Europe est une évidence. C’est une évidence physique car il a beaucoup cheminé sur le continent. C’est aussi une évidence culturelle : comme Gide, Halévy ou Du Bos, il est un des liens entre La Nouvelle Revue française et La Revue de Genève et il croit à l’intérêt des échanges culturels fondés sur la base des cultures nationales. L’article qu’il donne en 1925 à La Revue de Genève sous le titre : « Pour une dé?nition de l’Europe », mérite une attention particulière, ne serait-ce que parce qu’elle fait écho à Paul Valéry et à son texte La Crise de l’Esprit : « Qu’est-ce que l’Europe ? », et qu’elle pose notamment la question des frontières et celle de l’identité européenne.
Il ne méconnaît pas l’existence des réalités nationales et, paci?que sans être paci?ste, ce patriote, « civil mal mobilisé » comme il se dé?nit lui-même, a accompli les tâches peu glorieuses qui lui avaient été con?ées pendant la guerre. Mais tandis que Maurras et ses amis du « parti de l’Intelligence » voulaient voir perpétuée la tension qui avait été nécessaire pour tenir lors du con?it, Thibaudet, quant à lui, en appelle avec Jacques Rivière, le directeur de La Nouvelle Revue française, à une démobilisation des esprits. Devant la précarité de la paix et les risques de résurgence des antagonismes destructeurs – « un soldat, c’est toujours deux soldats, celui qu’on lève ici et celui qu’on lui oppose là-bas » –, il est hanté, comme Valéry ou comme Gide, par la crainte d’une régression historique. C’est pourquoi il plaide pour un nouvel esprit européen qui surmonterait les divisions nées des traités. Il est particulièrement attaché au rapprochement franco-allemand. Partisan d’une politique de conciliation dans le cadre de la Société des nations, jugeant qu’il n’y a pas à choisir entre la France et l’Europe, il appelle au contraire à un dépassement des intérêts nationaux immédiats, à « un réajustement de l’Europe ». « Nous ne pouvons pas plus nous passer d’une Europe que d’une France », juge-t-il de façon très moderne dans Les Princes lorrains [31].
L’historien du politique
19Si la légitimité première de Thibaudet est sans conteste d’ordre littéraire, sa pensée et sa démarche restent riches d’enseignement dans le domaine de l’histoire politique. Lui-même se dit « accoutumé aux rythmes littéraires plus qu’aux schèmes politiques [32] » ; comme d’autres penseurs du xixe siècle, il a « mis des rallonges importantes de critique politique à [sa] critique littéraire [33] », faisant preuve d’une même intelligence compréhensive dans l’un et l’autre ordre. Comme en témoigne l’évolution de ses chroniques dans La NRF, le critique littéraire et l’essayiste politique ne font progressivement plus qu’un chez cet esprit encyclopédique.
20On connaît son goût des anecdotes signi?catives et son sens de la formule. Pour n’en citer qu’une : « L’économiste politique de droite est un économiste. L’économiste politique de gauche […] est un politique [34]. » On sait le succès de quelques-unes de ses expressions et de ses analyses. L’expression « la République des professeurs » a fait ?orès de l’entre-deux-guerres aux élections législatives de mai 1981. Sa ré?exion sur les héritiers et les boursiers, fréquemment utilisée, demeure éclairante ; la distinction qu’il établit entre radicalisme de proconsulat et radicalisme de comités s’est ancrée. On retient aussi de lui l’analyse qu’il mène, à la suite d’Augustin Cochin, sur les sociétés de pensée et sur les cadres, « armature de la République », ou celle qu’il développe sur la fonction électorale première qui échoit, en régime démocratique, aux militants politiques ; ces citoyens actifs lui paraissent comparables par leur nombre – environ deux cent mille alors – à ceux des censitaires de 1848.
21Toutefois, l’essentiel n’est sans doute pas là. Thibaudet est en effet, avec André Siegfried, l’un des pionniers de la science politique française. René Rémond considérait que, « à plus d’un titre, Albert Thibaudet peut être tenu pour le fondateur de l’histoire des idées politiques en France. […] Son essai, Les Idées politiques de la France, a d’emblée posé les fondements de l’étude des idées politiques, dé?ni ses principes, énoncé une méthode et donné l’exemple [35] ». La faculté que ce libéral pluraliste a de suivre et de combiner plusieurs séquences – littéraires, philosophiques, historiques, politiques – et de les inscrire dans une perspective synchronique et diachronique fait qu’il demeure aujourd’hui encore un point de passage obligé dans la ré?exion sur les idées, les partis ou les cultures politiques.
22Son sens de la durée lui donne une profondeur de champ qui lui permet, pour ne prendre ici qu’un seul exemple, d’insérer l’affaire Dreyfus dans un continuum. Sans méconnaître que « l’affaire Dreyfus a été non seulement un événement intellectuel, mais l’événement des intellectuels », il l’inscrit dans une séquence longue, qui commence avec Renouvier et ceux qui s’efforcent dès 1848 de créer un « spirituel républicain ». Ainsi le critique place-t-il La Critique philosophique aux origines de ce que Péguy nommait le « parti intellectuel ».
23Son attention aux continuités et aux ruptures, aux clivages politiques passés et à leur évolution, au surgissement de l’événement – le dernier article qu’il donne à La NRF s’intitule « Attention à l’unique » – fait de lui un historien du temps présent, qui sait que « toute histoire est incomplète et inexacte, si l’on veut, par cela seul qu’elle est dans le temps […]. Être historien, c’est découper des systèmes dans cette durée [36] ». Analyste du traditionalisme de Barrès ou de Maurras aussi bien que du radicalisme, il considère les mouvements politiques non de façon isolée ; au contraire, il pense ensemble les différentes familles d’idées qu’il distingue et juge complémentaires, il les voit constituer un système en mouvement. On se souvient notamment de cette af?rmation forte, énoncée dès la première ligne des Idées politiques de la France, son maître ouvrage de 1932 : « La politique, ce sont des idées [37]. » Autrement dit, les idées politiques doivent être considérées comme des données, qui ne coïncident exactement ni avec les intérêts des groupes sociaux, ni avec les partis politiques. Cette af?rmation est inséparable de l’analyse, particulièrement importante, qui est consacrée à l’autonomie du politique, titre et matière d’un des plus beaux chapitres de La République des professeurs : « La politique est un ordre autonome, elle ne sert pas de rallonge ou de supplément à l’économique [38]. »
Bref, Thibaudet, malgré certaines caractéristiques qui le rendent daté, n’est pas seulement utile comme observateur de son temps et comme jalon de l’histoire littéraire. Il est aussi l’éclaireur d’une histoire socio-culturelle et politique rénovée et l’un des tout premiers intérêts de son œuvre de critique littéraire ou d’essayiste politique réside dans le fait qu’il dépasse les cadres disciplinaires et les savoirs aujourd’hui trop souvent compartimentés. Comme elle nous oblige, il faut retenir de lui, pour le présent, cette ré?exion de La Campagne avec Thucydide, un de ses ouvrages majeurs pourtant trop peu connu des historiens, comme, ?nalement, Thibaudet lui-même : « Nous ne vivons pas dans un univers simple, mais probablement dans un pluralistic universe à la William James ; toute poussée logique qui prétend suivre indé?niment une même piste conduit à une impasse, mais une pensée libre se sent à chaque instant à un carrefour [39]. »
Notes
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Michel Leymarie est notamment l’auteur de Albert Thibaudet, « l’outsider du dedans » (Villeneuve-d’Ascq, Presses du Septentrion, 2006). Il a préfacé les rééditions de La République des professeurs (Paris, Hachette Littératures, 2006) et de l’Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours (Paris, CNRS Éditions, 2007).
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[1]
Jean Paulhan, « Le Berger de Bellone d’Albert Thibaudet » [1950], in Œuvres complètes, Paris, Cercle du livre précieux, 1969, t. IV, p. 324.
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[2]
François Mauriac, Bloc-notes, éd. de Jean Touzot [1968], Paris, Éd. du Seuil, coll. « Essais », 1993, 6 février 1964, t. III, p. 449 ; Maurice Blanchot, « La critique d’Albert Thibaudet », in Faux-pas [1943], Paris, Gallimard, 1996, p. 53.
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[3]
Marcel Arland, « Le critique au “bâton ferré” », in Le Promeneur, Paris, Éd. du Pavois, 1944, p. 168.
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[4]
Albert Thibaudet, Les Idées politiques de la France, Paris, Librairie Stock, 1932, pp. 17-19.
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[5]
Robert Brasillach, « Devant les “Ré?exions” d’Albert Thibaudet », L’Action française, 30 avril 1936.
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[6]
Albert Thibaudet, « Pour la géographie littéraire », NRF, 1er avril 1929.
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[7]
Auguste Anglès, André Gide et le premier groupe de la NRF, Paris, Gallimard, 1986, t. II, p. 518.
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[8]
Albert Thibaudet, La Revue critique des idées et des livres, 25 mars 1920, p. 679.
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[9]
Paul Valéry, NRF, 1er juillet 1936, p. 5. Ernst-Robert Curtius, ibid., p. 63.
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[10]
M. Blanchot, « La critique d’Albert Thibaudet », art. cité, p. 325.
-
[11]
Régis Debray, Le Pouvoir intellectuel en France, Paris, 1979 ; rééd., Gallimard, « Folio essais », 1986, p. 113.
-
[12]
Antoine Compagnon, « Après la littérature », Le Débat, n° 110, mai-août 2000, pp. 136-154. Voir aussi Richard Millet, Lauwe le pur, Paris, POL, 2000.
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[13]
Ramon Fernandez, « La critique d’Albert Thibaudet », NRF, 1er juillet 1936, pp. 52-54.
-
[14]
Ernst-Robert Curtius, « Albert Thibaudet, “classique” », ibid., p. 65.
-
[15]
Tzvetan Todorov, Critique de la critique, Paris, Éd. du Seuil, 1984, pp. 181 et 185.
-
[16]
Id., La Littérature en péril, Paris, Flammarion, 2007, p. 85.
-
[17]
Albert Thibaudet, Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours [1936], Paris, CNRS Éditions, 2007, p. 76. Pour Georges Poulet, « toutes les tentatives d’objectivation de la littérature ont ?nalement abouti à une réinstauration du sujet en littérature », in La Conscience critique, Paris, José Corti, 1971, p. 272.
-
[18]
Lucien Febvre, « Littérature et vie sociale » [1941], in Combats pour l’histoire, Paris, Librairie Armand Colin, 1953, pp. 263-268.
-
[19]
A. Thibaudet, Histoire de la littérature française, op. cit., p. 552.
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[20]
Gérard Genette, Figures. Essais, Paris, Éd. du Seuil, 1969, p. 142.
-
[21]
Albert Thibaudet, Gustave Flaubert, rééd. de l’édition dé?nitive de 1935, Paris, Gallimard, coll. « Tel », 1992, p. 87.
-
[22]
Id., « L’esthétique du roman », NRF, 1er août 1912, pp. 207-244.
-
[23]
Roger Martin du Gard, Correspondance générale, III, 1919-1925, édition établie et annotée par Jean-Claude Airal et Maurice Rieuneau, Paris, Gallimard, 1986, 12 septembre 1924, p. 328.
-
[24]
Olivier Pot (sous la dir. de), La Critique littéraire suisse. Autour de l’école de Genève. Œuvres et critiques, XXVII, 2, Tübingen, Gunter Narr, 2002, p. 24. En particulier Henryk Chudak, « Thibaudet, un ancêtre de la critique genevoise », pp. 76-90.
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[25]
Antoine Compagnon, Les Antimodernes, Paris, Gallimard, 2006, p. 259.
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[26]
G. Poulet, La Conscience critique, op. cit., p. 59.
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[27]
Marc Bloch, Apologie pour l’histoire ou métier d’historien, Paris, Armand Colin, 1993, p. 184 ; Lucien Febvre, « Générations », Bulletin du Centre international de synthèse, n° 7, juin 1928, pp. 37-43.
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[28]
Karl Mannheim, Le Problème des générations [1928], éd. de Gérard Mauger, Paris, Nathan, 1990, pp. 58-59.
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[29]
Voir ainsi Jean-François Sirinelli, Génération intellectuelle. Khâgneux et normaliens dans l’entre-deux-guerres [1988], rééd. PUF, coll. « Quadrige », 1994.
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[30]
Albert Thibaudet, Le Liseur de romans, Paris, G. Crès et Cie, 1925, p. 200.
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[31]
Id., La République des professeurs, suivi de Les Princes lorrains, rééd. Paris, Hachette Littératures, 2006, pp. 250-252 et 278.
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[32]
Ibid., p. 108.
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[33]
Id., Les Idées politiques de la France, op. cit., p. 232.
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[34]
Id., La République des professeurs, op. cit., p. 104.
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[35]
René Rémond, « En relisant Les Idées politiques de la France : Thibaudet, historien des familles de pensée », actes du colloque Albert Thibaudet, Bulletin de la Société des amis des arts et des sciences de Tournus, t. LXXXV, 1986, p. 109.
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[36]
Albert Thibaudet, La Campagne avec Thucydide, in Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, éd. de Jacqueline de Romilly, Paris, Robert Laffont, 1990, p. 15.
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[37]
Id., Les Idées politiques de la France, op. cit., p. 7.
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[38]
Id., La République des professeurs, op. cit., p. 98.
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[39]
Id., La Campagne avec Thucydide, op. cit., p. 70.