Quand je suis entré au ministère dans les jours fébriles qui suivirent le 1er mai 1997, j’imaginais une brève période, exaspérante, de lutte avec la bureaucratie avant un retour à la normale. Certains initiés m’avaient conseillé d’attendre deux ans avant d’y aller, sous prétexte qu’un groupe aussi inexpérimenté de ministres ne manquerait pas de commencer par faire un beau gâchis. D’autres observèrent que, parmi ceux qui venaient comme moi de cercles de réflexion, peu avaient trouvé leur bonheur au milieu des compromis et des médisances de Whitehall et de Westminster.
Pour ma part, cependant, j’étais tout prêt à travailler au ministère parce que j’étais déjà au fait des grandes bureaucraties. J’avais commencé ma carrière au Greater London Council avant de travailler pour la Commission européenne. Je connaissais aussi assez bien de nombreux ministres pour avoir dirigé le cabinet de Gordon Brown au début des années 1990 et j’avais pris part à l’élaboration du programme travailliste, que je jugeais raisonnablement limité dans son ambition mais assez concret pour faire la différence. Les leçons de l’hubris sociale-démocrate avaient été tirées et une équipe disciplinée, qui présentait bien, accédait au pouvoir portée par une vague d’enthousiasme public.
J’y suis resté sept ans – beaucoup plus longtemps que je n’en avais l’intention – et j’ai pu observer de près ce qui apparaîtra comme l’une des grandes réussites gouvernementales du passé récent, tout au moins sur le plan intérieur (malgré ses trésors d’énergie, ses politiques internationales n’ont guère donné de résultat jusqu’ici)…