Dans l’après-2000, le réveil de l’Europe continentale a été brutal. La fin de la brève période de croissance, amorcée en 1997, a enclenché la hausse du chômage et le retour des déficits publics. Les démons de la zone euro ont resurgi, rappelant la dure réalité. Mais la vieille Europe n’a pas été la seule victime du ralentissement économique ; le choc a été mondial et a touché le cœur du capitalisme moderne. L’histoire en est assez simple : l’euphorie d’investissements a produit des actifs douteux. Il fallait les repérer, les liquider, se refaire puis les digérer. En Europe, les excès avaient pour nom licence 3G, Vivendi Universal, et, aux États-Unis, ils s’appelaient Worldcom et Enron. Ce surcroît de confiance s’est transformé en défiance généralisée. Investisseurs et entrepreneurs de tous les continents ont dû traverser un long désert. L’investissement privé productif est passé de plus de 15 % de croissance annuelle à presque 0 %. Quand il s’agit d’un sixième du produit intérieur brut, le ralentissement est sévère.
Le capitalisme moderne n’est pas avare en crises et celle-ci ne sera pas la dernière. Mais l’histoire est devenue édifiante lorsque les nations ont dû répondre au défi économique. La vieille Europe n’a pas su retrouver le chemin de la croissance. Les États-Unis, frappés pourtant en plein cœur, et engagés dans deux conflits militaires, ont renoué avec la prospérité. Dès 2003, le retard de croissance accumulé depuis 2000 a été comblé : c’est-à-dire que le niveau de production est celui qui aurait eu lieu si le ralentissement ne s’était pas produit…