La victoire surprise d’Ahmadi Nejad aux élections présidentielles est un événement de première importance dans le contexte tendu du Moyen-Orient actuel. Frédéric Tellier le replace dans l’évolution complexe de la société iranienne dont il a rendu compte à plusieurs reprises dans Le Débat au cours de ces dernières années.
L’Iran a choisi son cap et, de tous ceux que l’Occident anticipait, c’est probablement le pire. L’élection à la présidence de la République islamique de Mahmoud Ahmadi Nejad en est l’illustration. Coup de tonnerre dans la vie politique iranienne que l’élection de cet ultraconservateur issu des rangs des Gardiens de la révolution à la tête de l’État islamique. Autant l’élection triomphale de Mohammad Khatami en 1997 fut symbole d’espoir, autant le verdict des urnes en juin 2005 engendre le spectre d’une régression aussi surprenante que radicale. Si le peuple iranien s’est massivement saisi de la parole en portant Khatami au pouvoir, a-t-il, huit années plus tard et ce contre toute attente, choisi de se rallier au discours anachronique d’une force politique qui désormais fait peser le risque d’une complète remise en question des timides acquis du réformisme ? À l’opposé, ne faut-il voir dans le retour des conservateurs en Iran que le produit de la désaffection de la vie publique qui ne profite qu’aux extrêmes, le résultat imparable de l’indifférence grandissante du plus grand nombre devant des luttes claniques internes à un système avec lequel la rupture est désormais irréversible …