Peut-on imaginer la prise de la Bastille sous une pluie « battante » ? Le lundi 10 janvier 1831, Alfred de Musset pose la question : « Si les 27, 28 et 29 juillet dernier, il avait fait à Paris une pluie battante et un verglas terrible, que serait-il arrivé ? » Or, si l’on en croit le journal de Thomas Jefferson qui, au cours de son séjour comme « ministre américain » à Paris, releva scrupuleusement les températures quotidiennes à l’aide de son thermomètre personnel puis en fit le relevé méthodique, le 14 juillet 1789 fut une journée nuageuse et pluvieuse ; son tableau météorologique indique à sept heures du matin 61˚ Fahrenheit et 72˚ Fahrenheit à quatorze heures.
Mais peu de chroniqueurs, peu même d’écrivains s’attardent sur la question : il n’est fait aucune mention du temps météorologique dans l’Histoire de la Révolution française de Michelet, ni dans les Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand, qui relatent pourtant l’un et l’autre, à leur façon mais par le menu, l’orage révolutionnaire. Tout porte à croire que la métaphore l’emporte alors sur l’événement climatique lui-même, perçu « naturellement » comme secondaire ou de peu de poids, à l’aune d’une vie humaine et, plus encore, à l’aune de l’histoire.
Or, deux grands événements climatiques ont marqué la saison 1788-1789 : « l’orage du 13 juillet 1788 » et « le grand hiver » 1788-1789. Ils nous sont connus, pour l’essentiel, par des rapports de l’Académie des sciences.
« Le 12 juillet 1788, le vent violent sous un orage déracine ou casse plus de 1 000 pommiers à Montvilliers, près du Havre…