Nous avions interrogé Jean-Pierre Le Goff, Paul Thibaud et Henri Weber sur la situation du socialisme démocratique en France, dans notre numéro 124, en mars de cette année. Il nous a paru intéressant de leur demander d’actualiser leur point de vue, après le Congrès du parti socialiste et les mouvements sociaux du printemps.
La gauche est en morceaux, elle se décrédibilise, mais elle n’en continue pas moins de faire semblant. Le Congrès du parti socialiste a contenu tant bien que mal ses divisions avec une rhétorique de la mobilisation contre la droite et une salutation aux conflits sociaux qui retrouvait des accents de lutte des classes, comme au bon vieux temps. Personne n’est dupe, mais, après la défaite d’avril 2002, les difficultés de la droite et le retour des conflits sociaux ont servi à réconforter les militants. Quant aux propositions, elles ont été remises à un futur qui a du mal à s’ordonner.
On peut se demander si l’orientation prise par le parti socialiste dans la suite immédiate de son congrès n’a pas quelque chose de suicidaire. Elle l’amène en effet à perdre sur les deux plans entre lesquels il ne cesse d’osciller : le soutien au « mouvement social » et la « culture de gouvernement ». Le « mouvement social » en question marqué par le gauchisme ne peut manquer de le rejeter, quant à la « culture de gouvernement », après l’expérience du mitterrandisme et les déconvenues de la « gauche plurielle », elle a, pour le moins, quelques difficultés à se ressourcer…