Il y a trente ans, l’opéra était mourant. Le genre n’inspirait plus que deux ou trois compositeurs jugés anachroniques, le répertoire s’épuisait à tourner sur lui-même. Quelques commandes étaient bien passées, ici ou là, mais le cœur n’y était plus : aussitôt créé, l’opéra nouveau était enterré à jamais. Aujourd’hui, la situation s’est retournée. On crée, on enregistre et on reprend à grands frais, dans les plus prestigieux théâtres, des ouvrages que vient applaudir un public ravi.
Apparu vers 1600 et fort de plusieurs dizaines de milliers de titres (dont seulement une cinquantaine jouée régulièrement de par le monde), l’opéra est une duchesse qui a vieilli puis mal tourné ; on l’a crue moribonde, on s’est interrogé sur son héritage, en même temps on s’est efforcé de la retenir à la vie par tous les artifices imaginables. Résultat : elle connaît aujourd’hui une étonnante jeunesse. Attention, toutefois, à ne pas confondre image et réalité de l’opéra, ni à prendre une bouffée d’enthousiasme pour un élan vital. Rien ne nous dit que la mode, plus prompte aujourd’hui à recycler qu’à créer du neuf, n’est pas en train de nous aveugler : une fois l’illusion dissipée, le réveil aurait lieu au milieu d’un champ (d’un chant ?) de ruines. Et le genre serait cette fois fossilisé pour toujours.
Feu de paille, sursis, trompe-l’œil ou victoire durable, posons-nous alors la question : quelles étapes ont conduit du mépris à la renaissance ? Car ici le comment peut nous aider à comprendre l…