Le drame du collège ce n’est pas seulement les élèves et leurs professeurs. Ce sont aussi les collègues, les intervenants extérieurs, l’administration, les syndicats, les dames de service, les principaux, les circulaires ministérielles, les propos qu’on y échange, le temps qu’il fait, la cantine, les fêtes qu’on y organise, et ceux qui en parlent... Tout y fait drame. Là réside sa beauté tragique. Là commence sa force comique. Car on rit beaucoup au collège. Cet abécédaire aléatoire d’un collège de Zep voudrait peindre un chaos dont le centre est partout et la circonférence nulle part.ANONYMAT Le jour du brevet, les candidats doivent rabattre le volet de leur copie et le sceller. Pour cela il faut en humecter les bords. Ignorante jeunesse, élevée dans le faste des timbres autocollants, des enveloppes à languette, jeunesse inhibée, révoltée par l’idée même qu’on leur propose en toute honnêteté de lécher quelque chose, fût-ce un bord de copie. S’ensuit ce dialogue : « Il faut coller le rabat en le léchant », dis-je. « Vous pouvez pas le faire vous-même ? », me rétorque l’élève. Je reste perplexe. Une autre collègue a eu moins de chance et s’est vu répondre : « Si vous voulez pas lécher, c’est que vous n’êtes pas une vraie femme. »ASTROLOGIE En salle des professeurs, il est souvent question d’astrologie. Une collègue m’a ainsi mise dans un état de malaise certain en comparant J., prof de maths timide et profond, typiquement aqueux (puisque Cancer) donc doué d’une intelligence secrète et brillante, avec moi, Lion, tout en « facialité » (dois-je prendre cela pour un compliment …