Le Débat. – Vous êtes aujourd’hui professeur certifié de mathématiques au lycée-collège Voltaire à Paris. Quel a été votre parcours ?Marie-Paule Traisnel. – J’ai passé un bac C en 1970 dans le Nord. Ma mère n’avait pas fait d’études et elle aurait voulu être professeur, ayant toujours considéré que c’était le seul moyen pour une femme de se sortir de son milieu tout en ayant des enfants. Comme j’aimais les mathématiques, j’ai été inscrite en MathsSup au lycée Fénelon à Paris. Mais je n’avais pas un niveau suffisant, venant d’une « petite » terminale. J’ai donc fini péniblement mon année de Sup, avant d’aller en faculté à Orsay. Après ma licence en 1973, je me suis présentée au Capes. Mais j’étais très angoissée par les examens et j’ai échoué. Je n’ai pas essayé de le repasser, et je suis donc devenue maître auxiliaire. J’ai été nommée en École normale, à vingt et un ans. J’y ai passé trois ans, puis j’ai été nommée remplaçante dans l’Académie de Versailles. J’ai attendu quatre ans avant de me décider à passer le concours de P.E.G.C. J’ai été nommée P.E.G.C. à Bobigny au début des années 1980. J’avais accepté ce poste parce que je pouvais n’y enseigner que les mathématiques (alors qu’un P.E.G.C. est censé enseigner deux matières). À l’époque, les termes et les statuts « Zep » ou « zone sensible » n’existaient pas, mais déjà personne ne voulait aller enseigner dans ce genre de quartiers.
C’était en effet un collège très difficile. Mais j’ai eu la grande chance de tomber sur un collègue remarquable qui m’a dit : « Tu es en difficulté, si tu veux qu’on travaille ensemble je t’aiderai, mais il faut que tu retrousses tes manches…