Le Débat. – Jean-Marie Messier a soulevé un tollé en s’en prenant à la doctrine officielle et consensuelle de l’« exception française » en matière de culture. Pensez-vous, comme lui, que les données économiques actuelles condamnent les protections à l’abri desquelles les industries culturelles ont pu travailler, en France, jusqu’à présent ?Denis Olivennes. – Le débat était artificiel. La « diversité culturelle » – terme employé par Jean-Marie Messier conformément à la doctrine française depuis le sommet de Seattle – est-elle un concept moins protecteur que l’« exception culturelle » ? Franchement, du moment que tout le monde est d’accord pour considérer que les œuvres de l’esprit ne peuvent être traitées dans le commerce mondial comme les autres marchandises, c’est une querelle assez spécieuse. Personne n’a relevé, en revanche, l’autre ambiguïté de l’expression, qui tient au mot « culturel » lui-même. Car là, nous entrons dans le politiquement très incorrect !
Il y a des œuvres de l’esprit qui relèvent tout simplement du divertissement. Ce sont de purs objets de consommation. Elles participent de la « culture » au sens très large du terme – la culture par opposition à la nature –, mais au même titre que, par exemple, l’art culinaire ou la broderie. Elles ne relèvent nullement de la culture au sens de l’ensemble des œuvres d’art, « faites avec pour but unique d’apparaître » (H. Arendt), échappant par nature au cycle de la consommation et accédant à l’éternité. La Septième Compagnie au clair de lun…